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Organisation et Méthodes de Maintenance – Chapitre 1 REKLAOUI KAMaL 9

CHAPITRE 1

LE CONTEXTE : L’ENTREPRISE AUJOURD’HUI

Eléments indispensables de l’économie d’un pays, les entreprises induisent un grand


nombre de fonctions et d’activités et traduisent ainsi le dynamisme de leurs régions ou du pays lui-
même :
• production de biens ou de services,
• distribution de revenus favorisant ainsi la consommation,
• paiement de taxes, d’impôts et cotisations sociales au profit du fonctionnement des
collectivités publiques,
• création d’emplois et de métiers nouveaux, etc..
S’il est dans la nature même de l’entreprise de produire, cela ne peut s’effectuer qu’en
fonction d’un environnement toujours plus fluctuant donc incertain. Il faut en avoir conscience car
l’époque de la production de masse est terminée. Nous entrons dans une ère nouvelle, où il est
nécessaire d’anticiper les demandes de clients de plus en plus nombreux, de plus en plus
exigeants dans la qualité des produits qu’ils achètent et très sensibles au service après vente (voir
Introduction, défi n°5). Ajoutons à cela le développement des nouvelles technologies de
l’information qui vont certainement induire d’autres méthodes, d’autres métiers auxquels
l’entreprise d’aujourd’hui devra s’adapter. Il est donc important, pour celui qui va entrer à court
terme dans le monde du travail, de connaître le rôle et la structure des entreprises d’aujourd’hui
afin d’y entrer sans appréhension et d’y trouver la place correspondant à ses compétences et à
son dynamisme.

1 – ROLE DE L’ENTREPRISE

Il est symbolisé par le schéma de la figure 1.1.

Unité de Facteur de
production progrès

Entreprise

Facteur de
Répartition croissance

Figure 1.1 – Rôle d’une entreprise

Sur ce schéma, on constate que l’entreprise a quatre rôles essentiels :


1. produire, c’est à dire associer travail, capital et consommations intermédiaires pour
générer de la valeur ajoutée et alimenter le marché ;
2. répartir des salaires, des revenus de capitaux aux actionnaires, des impôts et cotisations
sociales à l’état, mais garder une partie de ses revenus pour assurer son autofinancement
(nouveaux investissements) ;
3. innover en améliorant la qualité de ses prestations et en développant des produits
nouveaux, exercer un effet d’entraînement sur les autres agents économiques ; c’est ce
qu’on appellera « être un facteur de progrès » ;
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4. participer au développement de la région et du pays en créant des richesses et des


emplois, modifier le style de vie en créant des nouveaux besoins et en participant à la
formation professionnelle ; c’est ce qu’on appellera « être un facteur de croissance
économique »
Il faut toutefois bien noter que sans le rôle de production, les trois autres n’ont plus lieu d’être.

1.1 – Pourquoi produire ?

Sans production, il n’y a ni entreprises, ni activité économique. L’entreprise offre à ses


clients des biens et/ou des services :
• les biens servent à l’équipement ou à la consommation des ménages, mais aussi aux
entreprises (biens intermédiaires),
• les services peuvent être industriels (fourniture d’électricité), financiers (prêts
bancaires) ou « grand public » (transport en bus ou en train).

Travail
Entreprise = Capital technique
Biens intermédiaires

pour

Produire ou Distribuer

des biens ou des services des biens

destinés

aux particuliers aux entreprises

Figure 1.2 – Que produire et pour qui

La production est donc l’ensemble des activités effectuées sur un certain équipement et
réalisant des produits (biens ou services) avec efficacité et qualité.
Attention : ne pas confondre production avec productique qui est l’ensemble des sciences et
techniques ayant pour but d’obtenir le maximum d’efficacité des systèmes de production.

1.2 – Démarche de production

L’objectif d’une entreprise est de prospérer : elle doit donc vendre le maximum de produits
ou de services conformes à la demande, pour un coût le plus faible possible et en respectant les
délais imposés par la clientèle (adéquation besoins, coûts et délais). La figure 1.3 donne la
structure d’une démarche de production. Produire c’est agir sur la matière première. L’évolution de
l’industrie nous montre que ce n’est pas chose facile car les problèmes sont multiples :
• problèmes techniques, car il faut garantir une qualité constante des produits,
• problèmes sociaux, car on cherche toujours à réduire les tâches manuelles en
automatisant, donc on supprime des emplois,
• problèmes économiques, car on cherche à minimiser les coûts salariaux tout en
augmentant la productivité, donc en maximisant les cadences.
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Conception
du produit

Préparer la Acheter les matières


production premières

Fabriquer Gérer la
Financer
les produits production

Vendre les
produits

Figure 1.3 – Démarche de production

1.3 – Notion de compétitivité

La notion de compétitivité est maintenant essentielle : pour assurer la compétitivité d’un


produit, il faut diminuer son coût, augmenter sa qualité, maintenir un certain degré d’innovation et
lui garantir une disponibilité maximale en le revoyant dans sa conception, en réorganisant la
production et en automatisant les activités de conception, de fabrication et de gestion de la
production. L’informatique est nécessairement présente dans ces activités (CFAO, GPAO,
GMAO).

1.4 – Répercussions sur l’économie nationale

La production est la première étape d’un circuit économique ; c’est elle qui déclenche la
répartition des revenus, la consommation et l’épargne. La richesse produite par une entreprise est
appelée valeur ajoutée : c’est la production de l’entreprise, en termes de prix de vente, à laquelle
on soustrait les consommations intermédiaires (matières premières, fournitures, services inclus
dans le processus de fabrication) :

Valeur ajoutée = Production - Consommation

La valeur ajoutée est vue ici sous son aspect financier direct. On verra qu’en production,
elle est vue sous un autre aspect, mais le résultat est bien sûr le même. Cette richesse est répartie
entre les salariés (salaires et avantages sociaux), les actionnaires (dividendes), l’état et les
collectivités territoriales (impôts et taxes), les organismes sociaux (cotisations sociales) et les
organismes financiers (remboursement de prêts). Le solde sera conservé dans l’entreprise pour
qu’elle puisse assurer ensuite son propre financement sur des activités nouvelles, car il est
nécessaire que la production soit un facteur de progrès.

1.5 – L’entreprise facteur de progrès

Une entreprise, si elle veut survivre et se développer, doit savoir aussi innover :
• elle développe des produits nouveaux et se diversifie,
• elle élabore une politique qualité toujours plus performante.
Dans cette optique, elle dynamise d’autres structures de son environnement :
• organismes de recherche et développement (transfert de technologie, brevets, licences
d’exportation, etc..),
• concurrence directe ou indirecte,
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• concessionnaires commerciaux.
Elle développe également son image de marque à travers des structures publicitaires, mais aussi
à travers des actions de relations publiques (sponsoring d’actions sportives et humanitaires,
mécénat, colloques, salons, etc..).

2 – ACTIVITES ET TYPES D’ENTREPRISES

2.1 – Activités

Les activités des entreprises se classent en trois grands secteurs. Un secteur regroupe les
entreprises ayant la même activité principale. On trouve trois grands secteurs :
1. Secteur primaire : il regroupe les activités économiques productrices de matières premières
(agriculture, pêche, extraction des ressources du sous-sol).
2. Secteur secondaire : il regroupe les activités économiques correspondant à la transformation
des matières premières en biens destinés à la consommation finale ou à la production.
3. Secteur tertiaire : il regroupe les activités commerciales (commerce, banques, assurances,
etc..), les fournisseurs de services au public et aux entreprises, l’enseignement, l’armée, etc..
Chaque secteur se décompose lui-même en branches d’activité. L’INSEE donne une
nomenclature de 36 branches (tableau 1).

Numéro Branche Numéro Branche


01 Agriculture, sylviculture, pêche 19 Textiles, habillement
02 Viande et produits laitiers 20 Cuir et chaussures
03 Autres produits agro-alimentaires 21 Bois, meubles, industries diverses
04 Combustibles, minéraux solides, 22 Papier, carton
cokéfaction
05 Pétrole et gaz naturel 23 Presse et édition
06 Electricité, gaz, eau 24 Caoutchouc, matière plastique
07 Minerais et métaux ferreux 25 Bâtiment, génie civil
08 Minerais et métaux non ferreux 26 Commerce
09 Matériaux de construction 27 Réparation, commerce de l’automobile
10 Verre 28 Hôtels, cafés, restaurants
11 Chimie, fibres synthétiques 29 Transports
12 Parachimie, pharmacie 30 Télécommunications et postes
13 Fonderie, travail des métaux 31 Services marchands rendus aux
entreprises
14 Construction mécanique 32 Services marchands rendus aux
particuliers
15 Matériel électrique professionnel 33 Assurances
16 Equipement ménager 34 Services et organismes financiers
17 Automobile, transport terrestre 35 Administration publique
18 Construction navale, aéronautique, 36 Education Minerais et métaux ferreux
armement

Tableau 1.1 – Branches d’activité

On peut aussi classer les activités par filières. On trouvera ci-dessous la classification des
industries du secteur secondaire (tableau 1.2).

Filières Activités
Agriculture et Sylviculture
Agriculture et Elevage
Elevage et Industries de la Viande
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Bureaux d'études et ensembliers industriels


Bâtiment et Travaux Publics Industries de la Construction
Travaux publics
Industrie chimique
Industrie des cosmétiques
Chimie, Pharmacie et Industrie médicale Industrie des plastiques
Industries médicale et pharmaceutique
Industries du caoutchouc
Industries du cuir et du similicuir
Equipement de la Maison et du Bureau Industries du meuble
Industries textiles
Industrie de la chaussure
Industrie de la joaillerie
Habillement et Articles de Loisirs Industries de l'habillement
Industries des articles de loisirs
Industries des articles de sport
Industrie électrique - Basse Tension
Industrie électrique - Haute Tension
Industrie électronique
Industries électrique et électronique Industrie Audio - TV
Industrie de la machine de bureau
Industrie des Télécommunications
Industrie informatique – Matériel
Industrie informatique - Logiciel
Industries alimentaires
Industries alimentaires et des boissons Industries des boissons
Produits alimentaires naturels
Industrie du verre
Industrie pétrolière
Industries des matériaux de construction
Industries du bois
Industries de Base et Production d'Energie Industries du charbon et du gaz
Métaux ferreux - Industries de base
Mines et Industries d'extraction
Métaux non ferreux - Industries de base
Production et distribution d'Electricité
Autres Industries de Précision
Industries de Précision
Industrie optique
Industrie des véhicules à moteur
Industrie mécanique - Autres Machines et équipements
Industries des Métaux et de la Mécanique Industrie mécanique - machines-outils
Industrie métallurgique - Produits finis - Demi-produits
Industrie navale
Industries aéronautiques et aérospatiales
Appareils et équipements de mesure
Industries diverses Artisanat, Fournitures de bureaux
Industries de la récupération et du recyclage
Jeux et Jouets
Industrie de l'imprimerie
Papier, Impression et Edition Industrie du papier et du carton
Industries de l'édition et du multimédia

Tableau 1.2 – Filières du secteur secondaire

2.2 – Types d’entreprises

Plusieurs critères peuvent être utilisés, voire croisés, pour classer les entreprises : chiffre
d’affaire, effectif, bénéfices, valeur ajoutée, statut juridique, etc.. Un classement est souvent donné
selon l’effectif (tableau 1.3).
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Type Nombre de salariés


TPE (Toute Petite Entreprise) de 1 à 9
PE (Petite Entreprise) de 10 à 49

ME (Moyenne Entreprise) de 50 à 499


parfois scindée en 2 groupes : de 50 à 199 et de 200 à 499
GE (Grande Entreprise) Au-delà de 500

Tableau 1.3 – Classification des entreprises

Les PME/PMI regroupent l’ensemble des TPE, PE et ME, tous secteurs confondus. Elles
constituent l’essentiel du tissu économique d’un pays.

3 – STRUCTURE INTERNE D’UNE ENTREPRISE

Encore appelée organigramme, la structure de l’entreprise permet de :


• définir les différentes fonctions internes de l’entreprise,
• déterminer le titre et la position de chacun,
• créer différents services et établir des liaisons entre ceux-ci,
• fixer les responsabilités.
L’organigramme d’entreprise n’est pas unique et répond à une stratégie, une logique, voire
une « culture » d’entreprise. Il est clair que de sa conception dépendra l’efficacité de l’entreprise.

3.1 - Les fonctions dans l’entreprise

C’est FAYOL1 qui, le premier, a développé ces fonctions en commençant par la fonction
administrative. On distingue actuellement sept fonctions.
1 - Fonction administrative
Elle organise l’entreprise, prévoit la politique à suivre et le programme à adopter pour y
arriver, commande ce programme, coordonne l’action des différents organes de travail de
l’entreprise et contrôle les résultats obtenus.
2 - Fonction financière
Elle met en œuvre les capitaux. Pour cela, elle réunit les fonds nécessaires, les emploie et
les gère, les fait rémunérer si possible et bien sûr les rembourse si nécessaire.
3 - Fonction technique
Elle gère les conditions de fabrication des produits ou d’élaboration des services. Elle
prépare le travail, l’exécute en mettant en œuvre le matériel et la main d’œuvre. Elle contrôle le
produit fini.
4 - Fonction commerciale
C’est le lien avec l’extérieur : obtention des matières premières et marchandises diverses,
écoulement des produits finis ou des services.

5 - Fonction comptable
C’est l’instrument de gestion de l’entreprise : salaires, gestion du patrimoine, statistiques,
etc..
6 - Fonction sociale

1 Henri FAYOL (1841-1925) – Ingénieur français


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C’est l’instrument de gestion des ressources humaines de l’entreprise. Le point de vue


humain y prime normalement sur le point de vue économique.
7- Fonction sécurité
Elle assure la protection des biens et des personnes contre les risques pouvant menacer
l’intégrité du personnel et du patrimoine de l’entreprise. Notons que cette fonction est bien plus
récente que les autres, à cause des normes draconiennes réglementant en particulier la sécurité
des personnes.

3.2 – Structure de l’entreprise

Elle est bâtie sur quatre principes :


• répartition des tâches entre les différents acteurs de l’entreprise (division du travail),
• fixation des règles de responsabilité et d’autorité (exercice du pouvoir),
• coordination entre les différentes activités,
• relations hiérarchiques.
On trouve plusieurs sortes de structure.

3.21 - Structure hiérarchique

C’est l’organisation de type « militaire » avec un chef, des sous-chefs, des contremaîtres,
des ouvriers, etc.. (figure 1.4). Elle a été préconisée par FAYOL. Dans une structure hiérarchique,
la communication est verticale : le subordonné n’a qu’un seul chef et exécute ses ordres, les
contacts latéraux n’existent pas.
Directeur
Général

Direction Direction du Direction de


Commerciale Personnel la Production

Figure 1.4 – Structure hiérarchique

3.22 - Structure fonctionnelle

Préconisée par TAYLOR2, elle repose sur la division fonctionnelle de l’autorité ; on peut
donc avoir plusieurs chefs suivant les compétences, chacun n’ayant autorité que dans son propre
domaine : responsable maintenance, responsable qualité, etc.. La figure 1.5 donne la forme de
cette structure. Celle-ci pose quand même le problème de la coordination des activités et peut
provoquer l‘abandon de certaines responsabilités voire provoquer des conflits.

2
Frederick Winslow TAYLOR (1856-1915) – Ingénieur et économiste américain – Promoteur de
l’organisation scientifique du travail, il réalisa la première mesure pratique du temps d’exécution d’un travail.
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Responsable
Atelier

Responsable Responsable Responsable Responsa ble


Maintenance Qualité Méthodes Ordona nnce m e nt

Contre m a itre Contre m a itre Contre m a itre


Equipe 1 Equipe 2 Equipe 3

Figure 1.5 – Structure fonctionnelle

3.23 - Structure hiérarchique avec état-major

Préconisée en 1970 aux Etats-Unis en réaction aux modèles précédents, elle est aussi
appelée line (hiérarchie) et staff (état-major), parce qu’on peut trouver auprès de certains
responsables des conseillers (staff) n’ayant aucune autorité directe sur les agents situés
hiérarchiquement plus bas. Elle est donnée figure 1.6.
Directeur
Conseil en stratégie
Général Contrôle de gestion Staff
Responsaple planification

Direction Direction du Direction de


Commerciale Personnel la Production
Line

Figure 1.6 – Structure hiérarchique avec état-major

3.3 - Fonctionnement

A partir d’une des structures ci-dessus, l’entreprise doit fonctionner. Ce fonctionnement


repose sur cinq types d’intervenants (figure 1.7).
1. Le sommet stratégique : il doit faire en sorte que l’organisation remplisse sa mission
de manière efficace. On y trouve le Conseil d’Administration, le P.D.G. et le Comité
directeur.
2. Le centre opérationnel : il est composé des acteurs dont le travail est directement lié à
la production des biens et des services (opérateurs, assembleurs, monteurs,
expéditeurs, acheteurs, vendeurs).
3. La ligne hiérarchique : elle relie le sommet stratégique au centre opérationnel. Elle
comprend tous les chefs de service (production, commercial, technique, maintenance,
marketing, ventes, etc..).
4. La technostructure : c’est le liant de l’entreprise, c’est à dire son moteur de
standardisation et de contrôle (bureau d’études, bureau des méthodes, contrôle,
service formation, comptabilité et paie).
5. Le support logistique : il est assuré par des équipes spécialisées, travaillant en
parallèle avec les autres lignes pour lesquelles elles ont une fonction de support et de
conseil (conseil juridique, recherche et développement, service social, relations
extérieures).
Ces cinq types d’intervenants ne constituent pas une structure unique, mais le
fonctionnement d’une entreprise s’y appuie de manière plus ou moins forte.
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Sommet stratégique

4 3 5

Ligne
Techno
Hiérarchique Support
structure
logistique

2 Centre Opérationnel

Figure 1.7 – Fonctionnement d’une entreprise

4 – GESTION DE L’ENTREPRISE

Gérer une entreprise ce n’est pas seulement assurer sa pérennité économique, c’est aussi
y intégrer des facteurs humains, sociologiques et psychologiques. Cet axe relationnel, lorsqu’il est
négligé, voire volontairement ignoré, est source systématique de conflit. Il ne se passe pas un jour
sans qu’on en fasse part sur les médias de communication.

4.1 – Le personnel de l’entreprise

C’est la première richesse de l’entreprise. La réussite d’une entreprise est conditionnée par
les idées, le travail, les compétences variées et complémentaires de son personnel. Pour associer
ces compétences, il faut qu’il y ait convergence entre les objectifs des employés et ceux de
l’entreprise.
Pour assurer la coopération de tous ses hommes, l’entreprise doit se donner une identité,
c’est à dire tout ce qui assure sa spécificité, sa logique et sa continuité.

4.2 – Image et culture d’une entreprise

L’image d’une entreprise est la vision que veut donner celle-ci à son environnement. Elle se
construit sur des critères qui ne sont pas obligatoirement objectifs : produit, qualité, prix, utilité,
prestige, etc..
La culture d’une entreprise est l’ensemble des concepts directeurs, des croyances et des
valeurs sociales partagées par tous ses membres. Cette culture permet d’orienter et de canaliser
les comportements et les motivations du personnel de l’entreprise (stimulation et motivation).
L’identité, l’image et la culture d’une entreprise sont des critères interdépendants qui
influencent obligatoirement le fonctionnement interne de l’entreprise et ses choix envers son
environnement. L’entreprise qui sait gérer ces trois critères, sait diriger l’ensemble du personnel
mais aussi l’environnement vers ses objectifs.

4.3 – Le projet d’entreprise

Il représente l’expression écrite de la vocation, de la culture et de l’éthique de ses acteurs


internes. Il montre la volonté de l’entreprise de s’appuyer sur son identité et sur sa culture pour
gérer son fonctionnement. Un projet trop flou, mal écrit, mal compris ou bien trop directif provoque
obligatoirement le désintérêt voire la démotivation du personnel. En revanche, s’il est bien écrit et
bien compris, il canalise les énergies et les potentialités du personnel : la gestion de l’entreprise
s’en trouve donc facilitée.
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5 – GESTION DE LA PRODUCTION

Le rôle d’une entreprise industrielle va donc consister à transformer des matières premières
ou des produits semi-finis en produits prêts à être consommés. Pour passer de l’état initial à l’état
final, le produit va être transformé selon une méthode de production, savoir-faire de l’entreprise.
Les méthodes de production ont évolué au cours des temps, chaque découverte scientifique
amenant sa propre révolution industrielle. L’introduction de l’informatique dans les années 70 a
profondément modifié ces méthodes et la vitesse d’évolution de celles-ci est telle que l’entreprise
moderne se doit d’innover en permanence pour survivre. Ce courant est irréversible.

5.1 – Caractéristique d’un système de production

La finalité d’un système de production est d’apporter une valeur ajoutée à la partie de
l’environnement sur lequel il agit, à savoir la matière d’œuvre. La matière d’œuvre peut être de la
matière première proprement dite (caoutchouc, acier, etc..), mais aussi de l’énergie, voire de
l’information.
L'environnement (ou milieux associés) du système est ce qui lui est extérieur lorsqu'il a
été isolé par sa frontière. Le système agit sur la partie modifiée de son environnement, donc la
matière d’œuvre, en fonction de l'état des autres éléments extérieurs. Les relations entre le
système et son environnement sont donc définies en termes de flux, c'est à dire de quantité de
matière d’œuvre dans le temps.
Influe nce s de l'e nvironne m ent

Frontiè re
Ma tiè re d'oe uvre doté e
de va le ur a jouté e

SYSTEME
Ma tiè re d'oe uvre
à l'é ta t initia l Dé che ts

Figure 1.8 – Définition d’un système de production

La valeur ajoutée est définie comme la modification apportée au flux de matière d’œuvre
entre l'entrée et la sortie du système. Cette modification peut être une action sur la forme, l’espace
ou le temps. Quelques exemples :
• un usinage est une action sur la forme,
• un transfert de matière est une action sur l’espace,
• un stockage est une action sur le temps.
Enfin, rares sont les systèmes qui ne produisent pas de déchets (on emploiera le terme
« pollution » lorsqu'ils ne sont pas traitables); et ne pas les prendre en compte risque de provoquer
l'incapacité du système à assurer sa fonction.
Prenons l’exemple d’une machine à café. Sa finalité est de produire du café chaud à partir de café
moulu et d’eau froide. La valeur ajoutée à ces matières d’œuvre est de les bonifier en les
transformant en un liquide chaud très agréable à boire.
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M/A Consigne Consigne


Ene rgie dosa ge te m pé ra ture
é le ctrique

Etat (marche, arrêt)


Ca fé m oulu

Ca fé cha ud
Faire du café
Ea u froide
Ma rc

Figure 1.9 – Système « faire du café »

5.2 - Types de production

Chaque entreprise adopte une méthode propre au secteur auquel elle appartient, mais
aussi propre au produit qu’elle fabrique et à la demande qu’on en fait. D’une manière générale, la
production peut être discontinue ou continue (ou production à process continu).
La production continue s’applique à des processus industriels lourds : sidérurgie,
aluminium, produits pétroliers, pétrochimie, gaz, ciment, pâtes à papier, etc.. pour lesquels l’arrêt
de production ne peut s’effectuer que dans des conditions très particulières, et en tout cas
programmées.

Production discontinue

Unitaire En série

Sim ple Com ple x e


Artis anat Travaux publics
Sous traitance Machine outil

Unique Multiple
Par lots
Tous les produits s ont Mêm es produits
Petites s éries
identiques (inform atique, m ais divers ifiés
pharm acie) (chaus s ures , vêtem ents )

Figure 1.10 - Méthodes de production discontinue

La production discontinue s’applique à toutes les autres formes d’activité. C’est le


domaine des industries manufacturières (électronique et télécommunications, informatique,
matériels de manutention et de levage, matériels de transport, construction aérospatiale,
équipements mécaniques, industries agroalimentaires, transformation des plastiques, industries
pharmaceutiques, etc..). La production discontinue peut être unitaire ou « en série ».

5.2 – Gestion de la production

La gestion de la production est le cœur de l’entreprise. En effet, pour fabriquer un ou


plusieurs produits, il va falloir combiner de la manière la plus efficace possible :
• le capital (terrains, bâtiments),
• les matières (premières ou non),
• le travail (main d’œuvre).
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Aujourd’hui, la gestion de la production doit s’adapter aux impératifs du marché, ce qui


n’était pas le cas il y a encore quelques années. Pendant les années 1960-80, la demande étant
forte et la publicité aidant, c’est la production qui dominait le marché. Aujourd’hui, la concurrence
impose des contraintes au producteur : c’est la loi du marché qui prédomine. Pour se maintenir,
l’entreprise doit donc être en éveil permanent.
1. Impératifs
• Adaptation au marché (gamme de produits étendue, complexité des produits)
• Adaptation aux technologies (machines spécialisées et puissantes, organisation plus
complexe, technologies pointues)
• Adaptation du personnel (compétence et polyvalence, formation continue)
L’entreprise doit donc trouver des solutions pour se maintenir en fonction de ces impératifs.
2. Solution
• A court terme, on peut mettre en place des moyens palliatifs mais provisoires (heures
supplémentaires, personnel intérimaire, sous-traitance)
• A long terme, une réorganisation complète est nécessaire.

5.21 – Schéma général d’organisation de la production

Il est donné figure 1.11. On constate que deux groupes de service interviennent : les
services opérationnels et les services fonctionnels.

Services Fonctionnels
Donné e s :
Dire ction gé né ra le Eta ts de ge stion
Com m e rcia l Dire ction e t Ge stion de s stocks
de s unité s
Etude s pré vision
physique s
Inform a tique Mé thode s Ordonna nce m e nt
La nce m e nt Pla nning
Approvisionne m e nts Contrôle
Ma nute ntion Ma inte na nce

Services Opérationnels

Fournisseurs Ré ce ption Clients

Ma ga sins Fa brica tion Pré pa ra tion

Ma nute ntion Monta ge Ex pé ditions

Comptabilité

Eta ts de ge stion
Aspe ct va le ur

Flux des informations Flux des produits

Figure 1.11 – Structure et moyens du service production


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A – Les services opérationnels


Ils sont chargés de la réalisation des activités de fabrication. Ils reçoivent les matières
d’œuvre et les transforment en produits finis. Ceux-ci pourront être stockés avant d’être expédiés
et facturés aux clients. Ils correspondent aux éléments 2 et 5 de la figure 1.7.

B – Les services fonctionnels


Leur rôle est de fixer les objectifs, d’assurer la cohérence et la régularisation au sens large
de la production. C’est pour une grande part la technostructure de l’entreprise ainsi que des
éléments logistiques.

5.22 – Les objectifs

Comme nous l’avons dit dès l’introduction, la production doit fabriquer des produits de
qualité dans les délais requis (contractuels) et au meilleur coût.
A – Aspect qualité
Les produits fabriqués doivent être conformes aux spécifications définies par le bureau
d’études et donc aux besoins des clients. La qualité est appréciée par référence à des normes
(internes ou externes). Attention toutefois de ne pas confondre qualité d’un produit et système
qualité de l’entreprise.
B – Les délais
Ils sont liés au cycle de production, à la nature des marchés, à la concurrence et au cycle
administratif.
C – Les coûts
Ils vont s’apprécier par référence à des standards ou à des devis, éléments qui dépendent
eux-mêmes de facteurs techniques et du niveau d’activité des ateliers.

5.23 - Nouvelles formes de gestion de production

L’informatique appliquée à la production a révolutionné les méthodes de travail. On trouve


entre autres :
• la GPAO, gestion de production assistée par ordinateur,
• le Kanban, régulation des flux et réduction ou suppression des stocks,
• le « juste à temps », réponse rapide à la demande (flexibilité à la demande),
• le pilotage par l’aval (la demande du client déclenche le processus de production),
• le SMED, Single Minute Exchange of Die, qui permet la modification des machines pour
s’adapter à un autre produit (changement d’outil, changement de gamme),
• la flexibilité, c’est à dire l’adaptabilité des produits aux variations de la demande en
quantité et en nature (nouveaux produits, personnalisation des commandes) ; elle a
donc des répercussions sur les moyens utilisés : équipements (cellules et ateliers
flexibles), main d’œuvre (polyvalence, horaires, formation, emploi).

5.3 – Les moyens et méthodes

5.31 – Les hommes

Il est évident que pour modifier sans cesse ses méthodes de gestion de production, il est
nécessaire d’impliquer et de motiver le personnel en lui laissant plus d’initiative et de
responsabilité. De nombreuses études ont d’ailleurs mis en lumière la divergence qui existe le plus
souvent entre les objectifs d’une entreprise et ceux de ses membres.
Organisation et Méthodes de Maintenance – Chapitre 1 REKLAOUI KAMaL 22

La relation entre motivation et satisfaction dans le travail d’une part, et productivité d’autre
part n’est pas nette, mais est susceptible de modifier l’action sur la productivité comme le montre
la figure 1.12.

Relations entre
Variables organisationnelles
l'individu et
(taille, structure, etc...)
l'entreprise

Satisfaction de
Productivité des membres l'individu dans
de l'entreprise l'entreprise

Figure 1.12 – Comment générer de la productivité dans l’entreprise

Alors la question fondamentale est : comment motiver les hommes ? Une des réponses possibles
est de modifier les formes d’organisation du travail :
• les spécialiser pour maîtriser certaines technologies, mais ne pas oublier le besoin
d’adaptation permanente à l’évolution de celles-ci (formation continue),
• les rendre polyvalents pour s’adapter aux besoins très rapidement,
• supprimer les tâches répétitives et ennuyeuses (confiées aux machines = robotisation),
• enrichir leurs tâches (les élargir en confiant plusieurs opérations et donc plusieurs
responsabilités à une même personne, les faire tourner sur des postes différents),
• créer des groupes autonomes (pouvoir d’organiser, de décider, de contrôler au sein
d’un même groupe),
• manager par projet, c’est à dire créer une équipe pluridisciplinaire qui gère un projet de
la conception jusqu’à la vente (climat d’équipe et motivation autour d’un objectif),
• appliquer le « Kaisen », c’est à dire ensemble de suggestions de salariés à tous les
niveaux qui permettent d’améliorer le système par petites touches successives et qui
génère des gains de productivité.

5.32 – Le capital technique

Il résulte des investissements effectués (bâtiments, équipements, machines). Ceux-ci


doivent être adaptés à la fabrication des produits dans les meilleures conditions de coût. Cela
signifie encore qu’ils doivent être renouvelés quand ils sont usés ou dépassés (obsolescence
technologique). La Maintenance aura un rôle déterminant dans la politique de renouvellement du
capital technique.

5.33 – Les ressources financières

Elles vont permettre de financer les investissements et l’exploitation. Selon son efficacité3
et son efficience, la production en réclamera plus ou moins, puisqu’elle est à l’origine d’une grande
part des besoins en investissements, en fonds de roulement et en trésorerie (particulièrement pour
les stocks).

5.34 – Les matières d’œuvre

3
L’efficacité est une notion quantitative mesurée entre autres par la productivité. L’efficience (de l’anglais
efficiency) implique des facteurs plus qualitatifs et donc difficilement chiffrables tels que l’organisation, les
conditions de travail, la qualité des produits.
Organisation et Méthodes de Maintenance – Chapitre 1 REKLAOUI KAMaL 23

Elles sont l’objet de transformations effectuées par les machines et les hommes. Elle
doivent être achetées par l‘entreprise dans le respect de conditions requises : qualité, coûts et
délais. Le service des approvisionnements aura donc un rôle important à jouer.

5.35 – La technostructure

Elle agit sur l’élaboration des méthodes qui vont avoir une influence sur le travail et sur son
résultat. Elle implique à la fois l’agencement des postes de travail qui vont influencer les flux de
matières, la mise en place des structures, la conception et l’utilisation des systèmes d’information
et de décision. Elle est à l’origine de ce que l’on appelle la « productivité organisationnelle »
résultant de l’efficacité de l’ensemble de l’entreprise.

5.4 – Adaptation des conditions de travail

Il est évident que ces nouvelles méthodes entraînent des mutations profondes dans le
monde du travail. Il est donc nécessaire d’aider le personnel à s’y adapter.
1. Nouvelles contraintes
• Il faut rentabiliser un outil de production dont le coût est de plus en plus élevé.
• Il faut utiliser au maximum cet outil de production, ce qui implique une réorganisation
autour des moyens matériels (travail posté, 3 fois 8, etc..).
2. Incidences sur les emplois
• Suppression des emplois les moins qualifiés.
• Création d’emplois de surveillance, de contrôle et de maintenance du matériel.
3. Incidences sur le personnel
• Personnel de plus en plus qualifié et polyvalent.
• Nécessité d’être mobile géographiquement et fonctionnellement.
• Nécessité de se former en permanence.
4. Conditions de travail
• Amélioration sur le plan physique, mais stress, isolement face à la machine.
• Durée des travaux aménagée en fonction des contraintes techniques (modulation du
temps de travail).
• Prise en compte des aspirations, des suggestions.
5. Ergonomie
Adaptation des moyens matériels à l’homme : conception des machines, postures, bruits,
éclairages, etc..

6. Sécurité et environnement
Prévention des accidents (protection, formation, information), écologie d’entreprise.

6 - CONCLUSION

Qui dit mutation, dit obligatoirement changement de logique, et c’est bien ce qui caractérise
l’entreprise moderne d’aujourd’hui. Ce changement de logique est résumé par le tableau 1.12.

Entreprise traditionnelle Entreprise nouvelle


Marché captif, protégé ouvert, concurrentiel
Organisation et Méthodes de Maintenance – Chapitre 1 REKLAOUI KAMaL 24

Client banalisé, conditionné individualisé, associé


Produits standardisés diversifiés (plus de services)
Progrès rationalisation innovation

Organisation et taylorienne, bureaucratique, simple (pas simpliste), flexible,


structure centralisée, cloisonnée, réactive, autonomie
hiérarchisée
Réseau isolement maillage, partenariat
Croissance quantitative qualitative
Social consommation - partage participation - développement
Travail en miettes, utilitaire restructuré, impliquant
Salarié anonyme, obéissant professionnel, créatif
Investissement matériel plus immatériel

Management prêt à porter, ordre, règle, ratios participation, expérimentation


Changement par décret par négociation
Relations sociales conflit dialogue
Manager dominateur animateur
Gestion des dernier maillon prioritaire
ressources
humaines

Tableau 1.4 – Evolution de l’entreprise

Quelle évolution par rapport à l’entreprise des années 70 et 80 !

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