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Chapitre 1 : Les caractéristiques de l’économie gabonaise et les stratégies de

développement
Section 1 : Le sous-développement et les rigidités structurelles/Section 2 : Bref aperçu des stratégies
de développement
Chapitre 2 : Les sources de la croissance gabonaise
Section 1 : Le secteur primaire/Section 2 : Le secteur secondaire/Section 3 : Le secteur tertiaire
Chapitre 3 : La diversification et la compétitivité de l’économie gabonaise
Section 1 : Les justifications de la stratégie de diversification de l’économie gabonaise
Section 2 :L’interdiction d’exportation des grumes
Section 3 : Le pari sur la Zone économique spéciale
Chapitre 4 : L’emploi, le chômage et le marché du travail
Section 1 : Le contexte démographique : une population jeune et urbaine
Section 2 : Un chômage très élevé et en augmentation
Section 3 : Une population active occupée majoritairement urbaine et informelle
Section 4 : Un coût du travail relativement élevé
Section 5: Une législation du travail rigide
Chapitre 5 : L’inadéquation entre la structure du système éducatif et les opportunités
d’emploi
Section 1 : L’inadéquation entre éducation et emploi
Section 2 : Une faible efficacité interne du système d’enseignement général de base
Section 3 : Une faible couverture scolaire et un faible rendement externe de l’enseignement technique
et professionnel
Section 4 : Des allocations budgétaires insuffisantes et inefficaces au secteur de l’éducation
Section 5 : Des réformes en cours du système éducatif
Chapitre 6 : Le climat d’investissement insatisfaisant
Section 1 : Un dispositif d’appui au développement du secteur privé inefficace
Section 2 : Un coût élevé et une faible qualité de l’énergie
Section 3 : Une faible qualité des infrastructures et des services de transport et de logistique
Section 4 : Un accès difficile au crédit
Chapitre 7 : Un système de protection sociale structurellement déséquilibré
Section 1 : La pauvreté au Gabon et la nécessité d’un système de protection sociale
Section 2 : Les modalités de financement de la protection et leurs incidences
Section 3 : La protection sociale au Gabon
Section 4 : Perspectives du système de protection social gabonais

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Chapitre 1 : Les caractéristiques de l’économie gabonaise et les
stratégies de développement
Section 1 : Le sous-développement et les rigidités structurelles
Les structures économiques et sociales du Gabon, comme celle des autres des pays en voie de
développement, sont caractérisées par : la domination, l’extraversion, le dualisme (qui
entraîne la désarticulation), l’importance de l’économie informelle, le sous-emploi massif de
la main d’œuvre.
1.1 Une économie dominée
La domination est définie par des relations asymétriques établies entre un pays qui influence un
autre pays sans- contrepartie. La domination est économique, technologique et culturelle. La
domination économique est exercée par le pouvoir de décision des FMN qui suivent une
stratégie mondiale d’investissement, dominent les marchés du type oligopolistique (les
acheteurs étant peu nombreux face à de multiples vendeurs).La domination économique se
manifeste souvent par une influence à peine camouflée sur les pouvoirs publics. La domination
technologique est matérialisée par le choix des méthodes de production les plus favorables aux
FMN.

La domination culturelle s’exerce par le vecteur de l’école et des médias qui imposent les modes
de pensée et les modes de vie occidentaux aux dépens des valeurs traditionnelles. La FMN crée
les besoins avant de les satisfaire, selon le mécanisme de la « filière inversée » étudiée par John
Kenneth Galbraith dans les années 1960. Il s’ensuit que cette domination empêche les pays en
voie développement d’inventer un modèle de développement original comme l’ont fait les pays
industrialisés au début de leur industrialisation.

1.2 : Une économie extravertie


L’extraversion de l’économie est caractérisée par une spécialisation internationale destinée à
satisfaire la demande extérieure plutôt que la demande domestique. Il s’ensuit plusieurs
handicaps.
Dans l’agriculture, les meilleures terres sont affectées à l’économie de plantation et l’industrie
exportatrice mobilise la main-d’œuvre la plus fiable. Dans le cas d’une spécialisation dans la
production des produits primaires de type colonial, les recettes d’exportation sont aléatoires,
car soumises aux caprices des marchés spéculatifs.

Les mono producteurs agricoles alimentent une « économie du petit-déjeuner, Cuba avec le
sucre, la Colombie avec le café, la Côte-d’Ivoire avec la fève de cacao, Panama avec la banane
ont fait l’expérience de plusieurs phases d’expansion qui n’ont pas enclenché de croissance
auto-entretenue. Ces recettes d’exportation bénéficient seulement à un segment de l’économie,
qui reste caractérisée par la désarticulation et par le dualisme.

1.3 : Une économie caractérisée par le dualisme et la désarticulation


Le dualisme est manifeste lorsque « une force de croissance appliquée en un point ne se
propage pas dans l’ensemble de l’économie. L’ensemble est composée d’îlots de croissance

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entourés d’espace vides et stagnants » (F. Perroux). Deux systèmes socio-économiques
différents sont juxtaposés.

La désarticulation se manifeste lorsque des « îlots de croissance » ne répondent pas aux besoins
domestiques et un drainage des richesses (matérielles et humaines) est organisé vers les pays
développés. Les deux systèmes socio-économiques sont autonomes et s’ignorent. La
désarticulation de ces sociétés provient du peu de liens entre les secteurs économiques. Dans
les pays les plus pauvres d’Afrique, des Andes, d’Asie coexistent un secteur traditionnel de type
agraire à forte population peu productive, un secteur moderne qui regroupe des industries, les
banques, les services administratifs et parfois un secteur de grandes plantations industrielles
généralement exploitées par des firmes étrangères et tournées vers l’exportation.

1.4 :Un importance secteur informel


.Selon la définition habituelle, il s'agit des activités : de petite taille, non, ou partiellement,
enregistrées, ne pratiquant pas de comptabilité, échappant pour l'essentiel aux normes officielles
(fiscalité, droit du travail, protection sociale, salaire minimum,...), à faible intensité
capitalistique, sans barrière à l'entrée, faible niveau de formation de la main d'œuvre.

Le BIT considère qu’il s’agit d’un secteur d’attente, de passage, de transition vers le secteur
moderne. Malheureusement ses effectifs ne se réduisent guère puisque le BIT considère que
cette économie informelle regroupait, à la fin des années 2015, 20 à 50% des emplois des
villes d’Amérique Latine et 40 à 80% des villes africaines.
Le débat sur leur rôle est très vif, on en a fait tour à tour :
• Un secteur à combattre : exploitation, insécurité, absence de protection sociale et de
participation aux dépenses collectives ;
• Un secteur dynamique à soutenir pour l'intégrer : politiques de « formalisation » ;
• Un élément des stratégies de survie des populations les plus pauvres.
C'est ce dernier aspect qui a la faveur actuelle ; mais il est aussi réducteur, car il oublie que
la nature même du développement se trouve dans l'imbrication des différents degrés de «
modernité » et d'intégration aux structures officielles. L'informel ne constitue pas vraiment un
secteur car aucune activité n'est totalement formelle, il y a plutôt interpénétration, à divers
degrés selon les domaines, entre les activités essentiellement formelles et des activités
essentiellement informelles. Il existe un continuum du plus formel (filiales des FMN) au plus
informel (activités mobiles de rue) en passant par des intermédiaires comme les PME déclarées,
mais seulement sur certains registres (patente), utilisant pour partie du travail au noir, et une
comptabilité approximative...

1.5: Un Sous-emploi massif de la main d'œuvre


Le sous-emploi c’est l’excès de la main d'œuvre employée au regard des tâches de production
à accomplir. Dans ce cas, réduire la main d'œuvre ne diminue pas la production, elle peut même
l'augmenter. Le sous-emploi caractérise les systèmes sociaux dans lesquels l'emploi n'est pas
ajusté à la production ; il est dû dans les sociétés pauvres au manque de moyens de production,
notamment de terres, au regard de la taille du groupe (famille, clan, village) qui en vit.

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Section 2 : Bref aperçu des stratégies de développement

1.1 La stratégie de développement par l’exportation de produits primaires


De nombreux pays en voir de développement dotés de ressources naturelles abondantes, comme
le pétrole, suivent une stratégie classique de spécialisation dans l’exportation de ces produits
primaires : ressources naturelles, produits agricoles, etc. Les ressources financières tirées de ces
exportations doivent permettre d’importer des biens d’équipement pour favoriser
l’industrialisation du pays.
Cette stratégie s’est avérée ruineuse pour nombre de pays spécialisés dans une monoculture,
du fait de la dégradation des termes de l’échange, dégradation qui touche aussi les pays
exportateurs de pétrole dans les années 1980 à la suite des deux chocs pétroliers des années
1970. De plus, la forte volatilité des cours des produits primaires ainsi que la concurrence et les
pratiques protectionnistes des pays du Nord rendent ce processus de développement instable.
Beaucoup de ces pays, hormis les pays de l’OPEP, font partie des PMA aujourd’hui du fait de
leur spécialisation internationale défaillante.

1.2 : La stratégie d’industrialisation par substitution aux importations


Face aux difficultés d’ajustement des balances de paiements, à l’augmentation du sous-emploi
et la hausse des revenus dans le secteur d’importation, de nombreux pays ont été tentés par une
politique d’industrialisation par substitution aux importations. Fondée sur l’idée que le
développement de la production intérieure contribue à la satisfaction d’une plus grande
proportion de la demande globale d’un pays, cette stratégie se déroule en deux phases :
-la première, relativement facile, consiste à rendre un fournisseur étranger un marché de biens
de consommation bien établi ;
-la seconde, plus problématique, consiste à étendre le mouvement vers l’amont, c’est-à-dire
vers les industries intermédiaires où l’intensité capitalistique et l’échelle de production sont
plus élevées. Mise en œuvre au Maroc et en Egypte à la fin des années 1960 où elle est à
l’origine de progrès sensibles dans l’industrialisation, cette stratégie révèle de nombreuses
limites :
-toutes les productions ne sont pas à la portée technique ou financière des entrepreneurs
nationaux ;
-la politique d’indépendance nationale s’est souvent traduite par une dépendance technologique
et financière accrue vis-à-vis de l’extérieur ;
-il y a des seuils de dimensions industrielles en deçà desquels la rentabilité des unités de
production n’est pas assurée ; or le marché national est souvent trop faible pour assurer des
débouchés à une industrie naissante.
-l’absorption de main-d’œuvre par ces nouvelles industries est insuffisante pour relancer
l’activité économique globale. Il apparaît ainsi qu’une politique de substitution aux
importations est de moins en moins efficace si elle n’est pas complétée par une politique de
valorisation des exportations.

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1.3 : La stratégie d’industrialisation par valorisation des exportations

Alors que la stratégie de substitution des importations tente d’assoir un processus


d’industrialisation sur une dynamique interne en éliminant progressivement la pénétration
étrangère, la stratégie de valorisation des exportations vise à assurer le développement dans une
perspective libérale par les marchés d’exportation. Cette thèse repose sur l’exploitation des
avantages que procure pour certains pays la disposition abondante de facteur de travail ou
encore l’existence d’une fiscalité allégée.
La valorisation des exportations, terme général qui qualifie aussi bien la mise en place de la
promotion des exportations que la substitution entre exportations (c’est-à-dire la substitution de
produits à forte valeur ajoutée à des produits à faible valeur ajoutée) offre plusieurs avantages :
- elle permet d’améliorer la situation de la balance des paiements ; de ce faits, elle
fournit au pays les ressources indispensables à son industrialisation ;
- elle dynamise l’effort de recherche et de développement en poussant les entreprises
à réussir l’intégration dans la division internationale du travail (DIT) ;
- elle étend le marché potentiel au-delà des frontières nationales ; par la même, elle a
des effets favorables sur l’emploi.
Appliqué dans le courant des années 1960 dans certains pays d’Asie du Sud-est (Hong-Kong,
Corée du Sud…) et d’Amérique du Sud où elle a pris le relais de la stratégie précédente (Brésil),
l’industrialisation par valorisation des exportations ne peut cacher plusieurs faiblesses :
- le risque d’une spécialisation dans les secteurs les moins dynamiques au niveau
mondial ;
- le renforcement de la dépendance du fait d’un manque générale de compétitivité ou
d’une récession de la demande mondiale ;
- le danger d’un mouvement mondial de protectionnisme qui annihilerait tous les
efforts entrepris.
L’efficacité de cette stratégie semble d’autre part conditionnée par la conjoncture économique
mondiale : les gains résultant d’une orientation vers l’exportation sont d’autant plus importants
que la croissance mondiale est forte.

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Chapitre 2 : Les sources de la croissance gabonaise

Section 1 : Le secteur primaire


1.1 La stratégie de développement par l’exportation de produits primaires
De nombreux pays en voir de développement dotés de ressources naturelles abondantes, comme
le pétrole, suivent une stratégie classique de spécialisation dans l’exportation de ces produits
primaires : ressources naturelles, produits agricoles, etc. Les ressources financières tirées de ces
exportations doivent permettre d’importer des biens d’équipement pour favoriser
l’industrialisation du pays.
Cette stratégie s’est avérée ruineuse pour nombre de pays spécialisés dans une monoculture,
du fait de la dégradation des termes de l’échange, dégradation qui touche aussi les pays
exportateurs de pétrole dans les années 1980 à la suite des deux chocs pétroliers des années
1970. De plus, la forte volatilité des cours des produits primaires ainsi que la concurrence et les
pratiques protectionnistes des pays du Nord rendent ce processus de développement instable.
Beaucoup de ces pays, hormis les pays de l’OPEP, font partie des PMA aujourd’hui du fait de
leur spécialisation internationale défaillante.

1.2Le secteur pétrolier


1.2.1 Présentation générale du secteur pétrolier
1.2.1.1 Le pétrole
La production pétrolière continue de jouer un rôle clé dans l’évolution de l’économie gabonaise.
La baisse tendancielle de la production pétrolière gabonaise a été compensée ces dernières
années par la hausse des prix. Le secteur pétrolier gabonais vit au rythme du déclin de la
production nationale de brut et de l’absence de découvertes majeures au cours des 2 dernières
décennies. Le pic de production pétrolière fut atteint en 1997 avant de progressivement décliner.
Ainsi le Gabon, qui était encore il y a quelques années 6e producteur de pétrole en Afrique,
occupe désormais le 9e rang continental et le 37e rang mondial.
Il est acquis qu’en l’absence de découverte majeure dans les blocs en exploration, le déclin
pétrolier du Gabon est inexorable. Lorsque le contexte du marché mondial du pétrole est marqué
par une baisse significative des cours du baril cela a un effet négatif sur l’attractivité de
potentiels champs pétroliers offshore ultra-profonds en général et gabonais en particulier. En
effet, l’exploration et l’exploitation pétrolière en haute mer engendre des coûts bien plus
importants qu’une exploitation on-shore. Il en résulte qu’un grand nombre d’exploitations ultra-
profond offshore ne sont économiquement viables que dans un contexte de prix haut. Un niveau
de prix bas du baril de pétrole ayant pour effet de décourager les investisseurs.
1.2.1.2 Le gaz
Le potentiel gazier est sous-exploité. Le Gabon possède plus de 28 milliards de mètres cubes
de réserves prouvées de gaz naturel. Existant principalement sous la forme de gaz associés dans
les gisements, le gaz naturel gabonais est largement sous-exploité en raison notamment du
faible nombre de débouchés au plan national et de l’absence d’infrastructures susceptibles d’en
favoriser le commerce dans les pays de la sous-région. A ce jour plus de 90% de la production
nationale de gaz naturelle est directement réinjectée dans le sol ou torchée.

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Cependant, une mesure gouvernementale datant de 2010 a interdit le torchage du gaz. Les
compagnies pétrolières ont cependant demandé et obtenu un délai pour l’application intégrale
de cette décision. La société Perenco Gabon est actuellement la seule compagnie à exploiter
commercialement le gaz naturel extrait de ses puits. Sa production annuelle d’environ 50
millions de pieds cubes (soit 1.416 millions de mètres cubes) lui permet d’approvisionner la
centrale à gaz d’Alenakiri près de Libreville ainsi que celle de Port-Gentil.
1.2.2 Contribution des compagnies pétrolières dans les recettes de l’état
Les compagnies pétrolières ont contribué en moyenne à hauteur de 34% aux recettes fiscales
du Gabon depuis une dizaine d’années. Le secteur se positionne comme le premier contribuable
du pays. L’économie gabonaise est donc fortement dépendante de son secteur pétrolier qui en
moyenne représente 30% du PIB, 34% des ressources fiscales et 76% des exportations depuis
une décennie.
Une soixantaine de puits et champs pétroliers sont en exploitation au Gabon opérés par une
dizaine de compagnies. Les sociétés Perenco Gabon, Total Gabon, Addax et Maurel & Prom
assurent la majorité de la production nationale de pétrole et l’essentiel des recettes budgétaires
tirées de l’activité pétrolière.

1.3 Le secteur forestier


1.3.1 Présentation générale du secteur forestier
Pays du bassin du Congo, deuxième bassin forestier de la planète après le bassin amazonien, le
Gabon est presque entièrement recouvert de forêt. Le couvert forestier national s’étend sur 22
millions d’hectares (80% du territoire) et la surface exploitable en représente 90%. La forêt
gabonaise regorge de 350 essences de bois potentiellement exploitables, à ce jour seulement 80
essences sont exploitées dans le pays, l’Okoumé et l’Ozigo en étant les plus emblématiques.
1.3.2 Contribution des compagnies forestières dans les recettes de l’état
Second pilier de l’économie gabonaise après le secteur pétrolier, le secteur forestier a représenté
en moyenne 60% du PIB hors pétrole, mais seulement 5,8% des exportations totales en valeur
durant les années 2000. Secteur dynamique de l’économie nationale bien avant l’indépendance,
le secteur forestier a été fortement perturbé par la décision d’interdire l’exportation de grumes
prise par le gouvernement en 2010. Il en a résulté l’arrêt d’activités de plusieurs compagnies
forestières, un vague de licenciements dans le secteur, pourtant second employeur du pays après
l’administration publique, et une baisse des recettes fiscales collectées par l’état.
1.4 Le secteur pêche
1.4.1 Présentation générale du secteur pêche
Le Gabon a un potentiel halieutique et écologique riche, mais peu valorisé. Le Gabon dispose
du troisième territoire marin de la façade Atlantique, avec environ 800 km de côtes, une Zone
Economique Exclusive de 231 300 km² et un plateau continental de 40 600 km², refuge d’une
variété de ressources halieutiques. Le territoire terrestre gabonais constitue également un vaste
bassin continental, irrigué par un large réseau hydrographique intérieur de 10 000 km², abritant
également d’importantes ressources halieutiques et propice à un développement d’activités
lucratives de pêche et d’aquaculture.

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1.4.2 Contribution de ce secteur à l’économie gabonaise
La richesse de ce patrimoine contraste avec le faible niveau de contribution de ce secteur à
l’économie gabonaise, seulement 1,2% du PIB, 21.700 personnes employées dont 20%
seulement de Gabonais. La pêche est artisanale et essentiellement côtière et on ne dénombre
que de rares armateurs, d’origine étrangère.
Le développement du secteur de la pêche a été fortement ralenti par manque de financements
et d’infrastructures
Cette situation est liée à trois problématiques essentielles à savoir :
- La faible et mauvaise gouvernance du secteur qui développe des filières informelles et
parallèles et expose les ressources à des pratiques de pillage;
- La faible implication de l’Etat dans la structuration de la filière, ce qui favorise l’anarchie et
le développement des filières informelles;
- Le non-respect du cadre réglementaire par les armements de pêche industrielle. Ce qui laisse
aux pêcheurs le loisir de se soustraire aux contrôles de l’administration ouvrant ainsi la voie
aux pillages de toutes sortes des ressources.

1.5 Le secteur agricole


1.5.1 Présentation générale du secteur agricole
Avec une réserve importante de terres arables (5,2 millions d’hectares) et un climat propice à
l’activité agricole (pluviométrie annuelle de 1450 à 4 000 mm), le Gabon présente d’importants
atouts naturels pour le développement de la production agricole.

L’activité agricole s’articule autour de quatre types de cultures : maraichères, vivrière, fruitières
et de rente.

Les trois premières catégories sont destinées au marché local. L’activité de maraichage
s’effectue dans de petites structures en périphérie des principales villes et, si les niveaux de
production deviennent intéressants, en particulier grâce aux programmes de coopération mis en
place par les bailleurs (AFD), ils restent faibles, et ne compensent pas la nécessité d’importer
massivement de l’extérieur pour alimenter les marchés.

L’essentiel de la production vivrière est, par ailleurs, autoconsommée ; les exploitations


traditionnelles sur brulis et sur des petites surfaces sont faiblement mécanisées et l’utilisation
d’intrants performants est marginale.

L’élevage est aussi peu professionnalisé, hormis quelques unités industrielles à capitaux
étrangers (volailles – bovins) et est marquée par la prédominance de petits exploitants fermiers,
nationaux ou immigrés, qui travaillent de manière traditionnelle (divagation villageoise).

S’agissant des cultures dites de rentes, l’investissement depuis 2009 dans les cultures de l’hévéa
et du palmier à huile a été important, en particulier à la faveur d’investisseurs étrangers
(asiatiques), et le Gabon poursuit une politique de relance de la filière café et cacao à travers le
renouvellement de petites exploitations familiales. Ces filières sont avant tout exportatrices.

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1.5.2 La contribution à l’économie
Le secteur agricole est peu exploité et contribue très faiblement à l’économie nationale. Sa
contribution représente moins de 4% du PIB et participe à moins de 2% des exportations du
pays. Il emploie très peu de Gabonais actifs. Cette contribution de l’agriculture à la formation
du PIB gabonais a progressivement décliné au cours des dernières décennies, suite à la
découverte et l’exploitation des ressources pétrolières.

Cette différence avec d’autres pays de la région dont la part de l’agriculture dans le PIB est bien
supérieure (Cameroun en particulier) s’explique par des facteurs de production limités induisant
une faible compétitivité des productions locales parmi lesquels : une population rurale peu
nombreuse (14%), un système foncier défavorable à un accès sécurisé à la terre, le cout de la
main d’œuvre (et le manque d’attractivité des jeunes pour la profession), un manque
d’infrastructures de commercialisation et de transformation, et de financements.

La balance commerciale gabonaise de produits agricoles et agroalimentaires est donc


structurellement déficitaire. Les exportations du pays sont marginales et composées
essentiellement de produits de la pêche. Les importations de produits agricoles et
agroalimentaires sont, en revanche, en progression constante Elles ont représenté environ 21%
des importations totales du pays depuis une dizaine d’années. Les viandes, les céréales, les
préparations à base de céréales, de farines, le lait et produits de la laiterie, les boissons et alcools
représentent les 2/3 des importations gabonaises.

1.5.3 Quelques projets de développement du secteur agricole

1.5.3.1 Le Projet GRAINE (Gabonaise des réalisations Agricoles et des


Initiatives des nationaux Engagés)
Le programme est mené par la société SOTRADER, issue d’un partenariat entre le
gouvernement gabonais (51 %) et le groupe singapourien OLAM (49 %). Il a été lancé en
décembre 2014. Il repose essentiellement sur le soutien apporté à la création de coopératives
agricoles industrielles sur le plan national, au travers notamment de la distribution de parcelles
de terre aux agriculteurs et la mise en place de modalités propres de préfinancement pour
faciliter en particulier l’accès à de l’équipement moderne. Plusieurs productions sont
concernées : banane, manioc, piment, tomate et huile de palme.

1.5.3.2 Le Plan National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire


et Nutritionnelle
Pour répondre aux enjeux du développement de la production agricole, le Gabon a adopté en
2014 un « Plan National d’Investissement Agricole et de Sécurité Alimentaire et Nutritionnelle
» (PNIASAN) pour la période 2014-2020.

Le PNIASAN est le cadre de collaboration avec les partenaires au développement pour le


secteur agricole. Géré par le ministère de l’Agriculture et ayant associé tout au long de sa
conception les principaux bailleurs qui ont participé à sa validation (FAO, Banque mondiale,
CEEAC, NEPAD), il fixe différents axes prioritaires faisant l’objet d’actions spécifiques :
faciliter l’accès à la terre et au financement, améliorer le système de gestion des informations
et des innovations, développer durablement la production végétale et animale; améliorer l’état
nutritionnel, développer les secteurs des pêches et de l’aquaculture, renforcer le système de
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collecte et de commercialisation des produits agricoles (infrastructures, transformation,
stockage et commercialisation), développer les capacités institutionnelles et les ressources
humaines, ainsi que la promotion des femmes et des jeunes.

1.5.3.3 Filière pêche et aquaculture


Vis-à-vis d’une filière pêche en souffrance, l’Etat souhaite se donner les moyens de poursuivre
les réformes indispensables pour structurer le secteur dans le cadre d’une gestion durable
(renforcement du cadre juridique et institutionnel). L’accent est mis par ailleurs sur un certain
nombre de projets prioritaires. Ceux-ci concernent la construction d’un port de pêche (le Gabon
ne disposant pas de port aménagé pour accueillir les navires de pêches et leurs prises), le
renforcement de la capacité de débarquement au Centre d’appui à la pêche artisanale de
Libreville (CAPAL), réalisé sur financement japonais il y a quelques années, et la relance de
l’écloserie de Lambaréné pour une aquaculture commerciale.

1.5.3.4 Le PRODIAG
Ce projet est financé à hauteur de 20% par l’Etat gabonais et 80% par l’AFD sous forme de
prêt. Il est mis en œuvre sous couvert de l’IGAD dans les 9 provinces du pays et vise 4 types
de secteur : maraichage, vivrier (banane plantain, manioc), élevage et transformation de
produits alimentaires (manioc principalement).

Les cibles du projet sont des petits et moyens producteurs agricoles qui s’inscrivent dans une
logique entrepreneuriale avec une attention particulière pour les femmes et les jeunes. Entre
2011 et 2016 (1ère phase du projet), près de 1 000 exploitations (maraichères, vivrières,
élevages, ateliers de transformation) ont ainsi été installées permettant une production de 7 000
tonnes.

1.5.4 La Filière de l’hévéa


Dans cette filière, le Gabon enregistre les meilleurs rendements mondiaux avec 2,2 tonnes de
latex par hectare contre une moyenne de 1,2 tonne à l’hectare pour les grands opérateurs
asiatiques. S’appuyant sur ces atouts, l’ambition du Gabon est de s’imposer comme le deuxième
producteur africain avec 128 000 tonnes de caoutchouc sec à l’horizon 2025. SIAT et OLAM
accompagneront également le Gabon dans le développement de cette filière, avec des
productions de caoutchouc sec respectives de 66 000 tonnes et 62 000 tonnes d’ici 2025
1.5.5 La Filière café-cacao
Malgré la faiblesse de la production actuelle (300 tonnes de Robusta), le café et le cacao
gabonais présentent des caractéristiques aromatiques fortement appréciées par de nombreux
torréfacteurs opérant sur des marchés de niche lucratifs. En effet, le pays dispose d’une variété
de Robusta doux qui tranche de l’offre courante de robusta (fort et amer). De même, la fève de
cacao du Gabon est placée au rang des meilleures fèves au monde par les torréfacteurs
produisant des préparations chocolatières haut de gamme.
L’ambition du Gabon est de faire éclore une production de niche lucrative, de 5 000 tonnes de
café et 7 500 tonnes de cacao à l’horizon 2025, réparties dans les quatre provinces que sont le
Woleu Ntem, l’Ogooué Ivindo, l’Ogooué Lolo et le Haut Ogooué.

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1.5 Le secteur minier
1.5.1 Présentation générale du secteur
Le sous-sol gabonais est réputé riche en métaux précieux et matières premières. Le potentiel
national en ressources minières demeure largement sous-exploité. Plusieurs gisements
économiquement viables dont la localisation et le niveau de réserves sont connus demeurent
inexploités. Souvent isolés et enclavés, n’étant desservis par aucune voie de communication,
de nombreux gisements nécessitent un investissement jugé trop important par les investisseurs
pour mettre en marche une activité d’extraction et rendre possible l’évacuation du minerai
extrait.
Malgré ce potentiel reconnu, seules les provinces du Haut-Ogooué, du Moyen-Ogooué et de
l’Ogooué-Ivindo connaissent une activité minière industrielle avec l’exploitation du manganèse
(le Gabon est le 3e producteur mondial) et l’or.
Huit types de matières premières font l’objet de permis miniers : le manganèse, le niobium ;
le fer ; l’or ; l’uranium ; les métaux de base ; la potasse ; la barytine.
Le Gabon dispose d’environ 250 millions de tonnes de réserves connues de manganèse. Ces
réserves sont réparties dans trois principaux gisements, à savoir celui de Moanda (environ 150
millions de tonnes de manganèse), celui de Franceville (60 millions de tonnes) et celui de
Ndjolé (30 millions de tonnes).
Les ressources connues de fer du Gabon s’élèvent à plus de deux (02) milliards de tonnes,
répartis dans une dizaine de gisements, dont le grand gisement de Bélinga (estimé à 1 milliard
de tonnes). Leur exploitation suppose cependant deux préalables majeurs. D’une part, une
connaissance du niveau réel de réserves et de la teneur précise du minerai, indispensable pour
un bon arbitrage sur la stratégie industrielle, d’autre part le développement des infrastructures
de base, notamment un port en eaux profondes, une ligne de chemin de fer et les infrastructures
d’énergie électrique. 200 à 500 MW d’énergie électrique (en fonction du niveau de
transformation du minerai)
Le Gabon dispose, à travers le gisement polymétallique de Mabounié, d’un potentiel de classe
mondiale dans les métaux rares (5% des réserves mondiales, dont 30% des réserves de niobium,
10% des réserves de tantale, des terres rares, de l’uranium et des phosphates).

1.5.2 Contribution du secteur minier à l’économie


Il en résulte que la part du secteur minier dans la richesse nationale demeure encore assez faible
(entre 4 et 7% du PIB selon les années, environ 1500 emplois formels) portée presque
exclusivement par la production de manganèse.
1.5.3 Les principales sociétés minières
Les entreprises minières françaises, pionnières dans le pays, se sont distinguées par la
découverte du minerai de fer de Belinga, l’exploitation du manganèse à Moanda et de l’uranium
à Mounana (dont l’activité est désormais arrêtée). Elles ont contribué à l’élaboration de la carte
minière du Gabon. Cependant, elles sont désormais fortement concurrencées dans la
prospection et l’exploitation minière notamment par des entreprises venant d’Asie.

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1.5.3.1 La COMILOG
Pendant longtemps, l’exploitation du manganèse au Gabon était assurée exclusivement par la
COMILOG, filiale du groupe minier français Eramet. COMILOG A ce jour COMILOG extrait
encore plus de 90% du manganèse gabonais sur son seul site de Moanda. La COMILOG
emploie environ 10% des salariés du secteur privé formel au Gabon.
1.5.3.2 La Compagnie industrielle et commerciale des Mines de Huazhou
La Compagnie industrielle et commerciale des Mines de Huazhou (CICMHZ) est titulaire d’un
permis sur le site de Ndjolé, la CICMHZ produit environ 360 000 tonnes de manganèse par an.
1.5.3.3 La société MANAGEM Gabon
Depuis des siècles et jusqu’à nos jours, l’exploitation aurifère s’est faite de façon artisanale. Le
volume annuel de production artisanale de l’or est évalué à 300 kg. Une part de l’exploitation
artisanale demeure illégale et échappe au contrôle des autorités nationales. Il existe de
nombreux gisements alluvionnaires à haute teneur et peu de gisements primaires ont jusqu’ici
été découverts ou mis en exploitation.
Le principal gisement est celui de Bakoudou dans le sud-est du Gabon, exploité par le groupe
Managem. Managem Gabon Signataire d’une convention d’exploitation minière avec les
autorités gabonaises depuis 2010, la filiale gabonaise du groupe marocain Managem a
commencé l’exploitation commerciale du gisement aurifère de Bakoudou (province du
HautOgooué) en 2012. Les réserves aurifères du gisement sont estimées à 280 000 onces avec
un potentiel important pour les augmenter.
1.5.3.4 La société équatoriale des mines (SEM)
La Société équatoriale des mines (aussi connue sous le nom de Gabon Mining Company) est
chargée d’assurer la détention et de la gestion des titres et participations de la République
gabonaise au sein des compagnies du secteur minier. La SEM est particulièrement active dans
la collecte de l’or via sa filiale Comptoir gabonais de collecte de l’Or (CGCO) qui procède à la
collecte de l’or auprès de producteurs artisanaux.

Section 2 : Le secteur secondaire


2.1 Rapide historique de la politique industrielle au Gabon
C’est après les indépendances que de nombreux pays africains choisissent l’industrialisation
comme élément central de l’agenda de développement.
Elle était sensée faciliter la transformation de la structure de leurs économies en passant d’une
base agricole à un socle industriel moderne. Cet objectif a constitué l’essence du modèle
d’Industrialisation par Substitution d’Importation(ISI) que la plupart des pays africains ont
adopté au cours des années 1960 et 1970. De ce point de vue, le Gabon n’a fait que suivre cette
stratégie de développement et c’est ainsi que sont nées, les premières unités industrielles comme
: SOGARA, CIMENTS DU GABON, SOGAPIL, SOSUHO, SMAG, SAN, SADER,
AGROGABON, SIAEB, SONADECI, SOTEGA, PLASTIQUE INDUSTRIE…...
2.1.1 Fondement du modèle d’industrialisation par Substitution d’Importation
Une industrialisation par substitution aux importations (ISI) est un modèle de développement
économique « autocentré » qui consiste à réduire la part d’importations afin de développer le
potentiel industriel d’un pays. En effet, en limitant les importations, par exemple en augmentant

12
les protections douanières, l’industrie du pays se développe pour répondre à la demande interne.
Cela permet de protéger l’industrie locale et son développement d’entreprises étrangères trop
puissantes.
Historiquement, ce modèle fut celui développé en Allemagne au XIX° siècle, sur les conseils
de Friedrich List, dans le cadre d’un protectionnisme marqué le temps que l’industrie interne
puisse faire face aux productions étrangères. Il fut aussi utilisé au Japon sous l’ère Meiji. De
nombreux pays d’Amérique latine (l’Argentine de Peron et le Brésil de Vargas par exemple)
eurent également recours à ce type de développement, dont le Brésil qui fut le seul à accomplir
le processus jusqu’au bout. En effet, cette forme d’industrialisation est progressive : il s’agit de
réduire les importations, puis de développer un potentiel industriel via de petites productions,
puis une industrie plus lourde, avant de baisser progressivement les barrières tarifaires afin de
confronter peu à peu la productivité des entreprises locales à celles des entreprises étrangères.
Ce modèle permet également de réduire le chômage local via le développement de l’industrie.

Néanmoins, ce modèle pose un certain nombre de problèmes. La consommation intérieure est


susceptible de ne pas absorber la production intérieure. Cette production, souvent moins bon
marché que celle réalisée à l’étranger, pèse également sur le pouvoir d’achat intérieur. Enfin,
les entreprises locales, qui ne connaissent que peu de concurrence et peinent à générer des
économies d’échelle, ont souvent du mal à atteindre le niveau de productivité des entreprises
étrangères et sont de ce fait obsolètes.

2.1.2 Les caractéristiques de la politique de substitution des importations au


Gabon
il ressort qu’au cours des dernières décennies, l’industrie gabonaise, a été marquée par quatre
caractéristiques majeures :
- L’Etat entrepreneur a joué un rôle décisif, sinon exclusif, dans la conception, la réalisation, le
financement et la gestion de la politique des unités industrielles.
- la pratique du moment s’est traduite par la marginalisation du secteur privé dans le processus
d’industrialisation. L’omniprésence de l’Etat dans le secteur productif qui, au départ, visait à
donner l’impulsion nécessaire au processus d’industrialisation s’est transformée en un énorme
gâchis en raison du manque de performance des entreprises parapubliques et la mauvaise
gestion ayant abouti dans les années 90 à la vague des privatisations de ces entreprises dans le
cadre des Programmes d’ajustements structurels. Ce système n’a pas non plus permis de faire
émerger une classe d’entrepreneurs capables de relayer l’Etat.
- L’Industrie gabonaise est restée tournée vers le marché domestique et protégé par une batterie
de mesures institutionnelles visant à faire face à la concurrence extérieure : barrières tarifaires
ou mesures limitées, octroi sélectif des privilèges fiscaux relevant des codes d’investissements
; fixation des prix par l’administration. Cet arsenal de mesures protectionnistes, en créant des
situations de rentes et de monopoles a contribué à la destruction des aptitudes à la compétition
économique et à différents abus : prix élevés, baisse de la qualité et faible innovation.
- L’Industrie gabonaise est aussi marquée par son caractère extraverti pour ses
approvisionnements en différents intrants, ce qui représente une part importante des coûts de
production et pèse négativement sur la balance de paiements du pays.

13
2.2 L’industrie agroalimentaire
L’industrie agroalimentaire est composée d’une sucrerie, d’une usine de production d’huile de
palme, d’une usine d’eau minérale, de cinq brasseries et d’une usine de cigarettes.
2.2.1 L’huile de palme au Gabon
2.2.1.1 L’huile de palme dans les stratégies de développement
Le Gabon ambitionne de combler le retard enregistré jusqu’à présent et de devenir le principal
producteur d’huile de palme rouge en Afrique. Pour relever ce défi, les autorités nationales
semblent avoir opté pour une stratégie similaire, sur certains aspects, à celle de la Malaisie et
de l’Indonésie. Dans ces deux pays, la production d’huile de palme, essentiellement orientée
vers l’exportation, s’est développée grâce à une augmentation plus ou moins régulière des
surfaces plantées. Le Gabon a en effet pris depuis quelques années un certain nombre de
mesures allant dans le sens de l’élargissement des surfaces de plantation des palmiers à huile et
la construction de grandes usines de traitement, en partenariat avec des investisseurs étrangers.
2.2.1.2 Deux sociétés dominent cette activité : SIAT et OLAM
Huile oléagineuse à haut rendement agricole, compétitive et adaptée à la plupart des usages de
l’industrie alimentaire, l’huile de palme jouit d’une forte croissance de la demande mondiale.
L’ambition du Gabon est de devenir le troisième producteur africain d’huile de palme brute.
Depuis 2010, de grands groupes internationaux tels que SIAT et Olam ont signé des accords
avec le Gouvernement pour des investissements cumulés de plus de 380 milliards FCFA
destinés à développer la culture de l’huile de palme dans le pays. L’investissement majeur est
venu d’Olam, pour une coentreprise avec le Gouvernement. Le Gabon s’est engagé dans un
partenariat stratégique avec cette multinationale afin de développer des plantations industrielles
de palmiers à huile à forte valeur ajoutée.
2.2.1.3 Les possibilités de valorisation de l’huile de palme
Le Gabon n’a jamais vraiment exploité tout le potentiel offert par l’huile de palme en termes
non seulement de volumes de production mais aussi de produits dérivés. En effet, jusqu’à
récemment, le pays exploite le palmier à huile de façon marginale et essentiellement dans le
cadre de l’extraction de l’huile de palme brute, la production d’huile de palmistes (stéarine), le
raffinage de l’huile (oléine, acides gras) et la fabrication de savon de ménage.
L’objectif est non seulement d’augmenter le niveau de production d’huile brute, mais aussi
d’augmenter la quantité de produits dérivés, notamment l’oléine et la stéarine pour des usages
non seulement dans l’agro-alimentaire mais aussi dans le secteur des agro-carburants. C’est
ainsi que la société SIAT s’est lancée dans la construction d’une usine de biométhanisation à
Makouké (Moyen-Ogooué) en vue de la transformation de déchets organiques en gaz.
En outre, depuis la fin du mois de janvier 2016, l’éclairage de la ville de Lambaréné, située
dans l’Ouest du Gabon, est assuré par une centrale utilisant la stéarine produite dans l’usine de
transformation de la SIAT. Depuis l’injection de la production issue de biocarburants dans le
réseau de la compagnie nationale d’électricité, le nombre de foyers ayant accès à l’électricité a
augmenté de 20 %, selon cette entreprise agroindustrielle.

14
2.2.2 Les autres sociétés agro-industrielles
De nombreuses entreprises agro-industrielles ont pu se développer au Gabon suite à une vague
de privatisations dans les années 2000. Elles sont toutefois peu nombreuses. Ces entreprises,
filiales de groupes ont investi dans les secteurs de la farine du sucre et des boissons. Parmi ces
sociétés, on peut citer le groupe CASTEL et SOMDIAA (SUCAF – SMAG).. Le groupe
CASTEL compte aujourd’hui plusieurs sites de production (boissons gazeuses, bières et eau en
bouteilles) répartis sur l’ensemble du territoire.

SUCAF Gabon, filiale de SOMDIAA, est spécialisée dans l’exploitation et la plantation de


cannes à sucre (Haut-Ogooué), la production et la commercialisation du sucre (26 400 tonnes
de sucre produites/an).

SMAG (Société Meunière et Avicole du Gabon) est la filiale Farines de SOMDIAA. Les sites
de la SMAG sont situés à Libreville (complexe meunier) et à N’Koltang (élevage de poussins
et oeufs).

La société d’exploitation du parc de la Lekedi (filiale du groupe ERAMET) produit quant à elle
120 tonnes de poissons d’élevage par an.

Parmi les autres sociétés, on relève notamment la Gabonaise de Chimie (GCIAE) qui importe
des engrais pour l’agriculture, et la société SIGALLI qui détient une franchise Yoplait depuis
1991.

2.3 L’industrie du bois


L’industrie du bois (jusque-là axée sur les activités de sciage, découpage, tranchage et
menuiserie) devrait augmenter sa contribution au PIB au cours des prochaines années grâce a
la mesure d’interdiction d’exportation des grumes décidée par l’Etat en 2009 et la création d’une
zone économique spéciale près de Libreville, principalement dédiée à cette branche d’activité.
L’analyse de la production et des échanges de produits du bois souligne la fragilité du secteur
forêt-bois : une filière de transformation extravertie, exportant 82% de sa production, alimentant
marginalement une seconde transformation très limitée et une troisième transformation
embryonnaire.
Les entreprises qui produisent les plus gros volumes de bois transformés sont : le groupe
Rougier, Cora Wood et PWG-CEB.
La stratégie d’industrialisation du secteur doit aboutir à l’horizon 2025 à une filière intégrée
dont la transformation primaire sera en grande partie valorisée localement par une seconde
transformation forte, notamment dans le segment des contreplaqués. Cette deuxième
transformation fournira en matériaux de qualité une troisième transformation compétitive, qui
se positionnera comme un spécialiste de la maison en bois tropical et des éléments de
construction en bois.

15
2.4 Les industries métallurgiques
COMILOG s’est lancée depuis juin 2015 dans la transformation locale d’une partie de sa
production. A terme environ 5% de la production nationale de manganèse sera transformée dans
le sud-est du pays, au complexe métallurgique de Moanda (CMM).
Une fois en vitesse de croisière, le nouveau complexe métallurgique de Moanda (CMM)
devrait produire chaque année 65 000 tonnes de silico-manganèse et 20 000 tonnes de
manganèse métal lesquels seront destinés à la vente sur les marchés internationaux. En l’état
actuel du marché, le prix de la tonne de manganèse métal est 7 fois supérieur à celui de la tonne
de manganèse brut. Le prix du sillico-manganèse est quant à lui 4 fois supérieur à celui du
manganèse non transformé.
De même, le groupe indien Abhijeet, spécialiste de la production de ferroalliages de manganèse,
prévoit de mettre en place des capacités de production de 360 000 tonnes de ferromanganèse et
40 000 tonnes de silicomanganèse dans la Zone Economique Spéciale de Nkok.
D’autres projets de transformation devront voir le jour, de façon à transformer la totalité du
gisement de Franceville, 11% supplémentaires de la production de Moanda et 3% de la
production de Ndjolé, permettant ainsi de transformer localement 2,4 millions de tonnes de
manganèse, soit l’équivalent de la production supplémentaire de minerai de manganèse.

Section 3 : Le secteur tertiaire


Il recouvre un vaste champ d’activités qui s’étend du commerce à l’administration en passant
par les transports, les activités financières et immobilières, les services aux entreprises et
services particuliers, l’éducation, la santé et l’action sociale. Il représente environ 30% du PIB
gabonais.
3.1 Le secteur du commerce
Le secteur tertiaire gabonais est dominé par le commerce. Ce secteur est caractérisé par deux
sous-secteurs : le commerce de gros et le commerce de détail.
Le commerce de gros comporte plusieurs entreprises, notamment CEDICOM Groupe
(entreprise familiale spécialisée dans la grande distribution) et CECA GADIS (prestation de
distribution, gros, demi-gros et détail de produits alimentaires) qui est le premier groupe de
distribution de produits alimentaires au Gabon.
Le commerce de détail est relativement peu développé. Malgré un PIB/habitant relativement
élevé grâce aux ressources pétrolières du pays, seul un petit nombre de grands groupes de
distribution se sont implantés au Gabon, dont Prix import et la marque française Géant Casino
qui détiennent une part de 10% dans le secteur formel du commerce de détail. Cependant, les
droits de douane élevés et une production locale plus que limitée font que les prix pratiqués,
par le secteur commercial formel, est hors de portée pour une grande partie des ménages
gabonais. Ainsi, la plupart de l’activité commerciale de détail a lieu sur des marchés se tenant
de manière informelle. En effet, le secteur informel représente, selon les estimations 80% des
activités commerciales de détail.
3.2 Le secteur bancaire
Le marché bancaire gabonais est dominé par trois banques, BGFI Bank, BICIG et UGB. Elles
concentrent plus de 75% des emplois du secteur. BGFI Bank est le leader du marché suivi par
la BICIG et UGB.

16
3.3 Le secteur du tourisme
La contribution du secteur touristique reste marginale dans l’économie. Le nombre d’arrivées
internationales au Gabon est certes en augmentation. Mais représente en moyenne seulement
6% du PIB.
L’ambition de l’Etat gabonais est de faire du pays une destination de référence mondiale en
matière d’écotourisme et sur plan régional dans le tourisme d’affaires. A cet effet, le Ministère
du Tourisme a finalisé un plan opérationnel sectoriel du tourisme sur la base des orientations
du Plan Stratégique Gabon Emergent. Ledit plan a quatre axes :
- Mettre en place une gouvernance efficace du tourisme;
- - Lever les obstacles au développement du tourisme;
- Constituer une masse critique d’hébergements touristiques;
- Faire de Libreville un hub en Afrique centrale.
L’objectif majeur visé par ce programme est d’attirer 100.000 touristes par an dans les segments
du moyen et du haut de gamme.
3.4 Le secteur des télécommunications
La branche télécommunications a également enregistré une forte croissance au cours des dix
dernières années, dopée par l’expansion de la téléphonie mobile.

17
Chapitre 3 : La diversification et la compétitivité de l’économie
gabonaise
Section 1 : Les justifications de la stratégie de diversification de
l’économie gabonaise
Le Gabon, pays riche en ressources naturelles (terres arables, forêts et ressources minérales), a
l’une des structures d’exportations les plus concentrées au monde. En moyenne, au cours des
cinq dernières années, le pétrole a représenté 81% des exportations, 45% du PIB et 60% des
recettes budgétaires courantes. Les exportations du Gabon apparaissent relativement
concentrées même en comparaison à d’autres pays pétroliers ou miniers de la région à niveau
de développement équivalent.
Alors que la concentration des exportations est plutôt le fait de pays à faible revenu, le Gabon,
au niveau de revenu qui est le sien, devrait déjà avoir une structure des exportations diversifiée.
En outre, aucune tendance vers la diversification ne se dessine en ce moment au Gabon. Outre
les produits pétroliers, le Gabon exporte du manganèse et du bois brut, qui occupait le deuxième
rang des exportations jusqu’à la décision d’interdire son exportation, effective depuis 2010.
Bien que le secteur agricole se soit développé considérablement ces dernières années, une
grande partie des produits alimentaires consommés dans le pays est importée. L’industrie
manufacturière est limitée, reflétant l’étroitesse de l’économie, des coûts de facteurs de
production élevés et une expérience limitée de l’entrepreneuriat.
Une concentration excessive des exportations a plusieurs inconvénients :
- elle peut résulter en une structure duale de l’économie avec un faible effet
d’entraînement du secteur dominant sur les autres ; -
- elle peut être à l’origine d’une volatilité excessive des revenus ;
- dans le cas des ressources du sous-sol, elle rend l’économie vulnérable à leur épuisement
;
- - et elle peut générer des déséquilibres macroéconomiques.
Cependant, aucun de ces inconvénients n’est impossible à gérer. En fait, la politique
économique a une influence sur chacun d’eux.

1.1 Le dualisme de l’économie


Dans une économie ou les mécanismes de redistribution ne sont pas bien développés, la
dépendance vis-à-vis des matières premières peut entraîner un dualisme malsain dans
l’économie, avec une enclave moderne qui produit des matières premières pour l’exportation
tandis que le reste de l’économie demeure essentiellement fermé et traditionnel.
Dans le cas du Gabon, les données sur l’ouverture de l’économie révèlent cette structure duale.
Avec un ratio d’exportations/PIB autour de 50 à 60%, le Gabon est bien une économie ouverte
du point de vue des exportations. Toutefois, ce résultat est largement attribuable aux
exportations de pétrole brut et de minéraux. Du côté des importations, avec un ratio
d’importations/PIB en dessous de 20%, indiquant que la manne pétrolière n’est pas redistribuée
dans l’économie aussi largement qu’elle le devrait.
1.2 La volatilité de l’économie
Il a été démontré que la volatilité du PIB et des taux de croissance est corrélé à la concentration
sectorielle. Des études montrent que le Gabon est parmi les pays producteurs africains de

18
pétrole l’un des plus dépendants au pétrole, avec comme corollaire une grande volatilité des
revenus.
Pour les pays riches en ressources naturelles, la volatilité des revenus peut être « importée » des
marchés internationaux à travers les fluctuations des prix internationaux des matières premières.
Comme pour la plupart des économies dépendantes du pétrole, les fluctuations des cours du
pétrole déterminent l’évolution des recettes des exportations globales du Gabon.
1.3 L’épuisement des ressources naturelles
L’épuisement des ressources pétrolières constitue un défi supplémentaire pour le Gabon. Alors
que les cours élevés du pétrole ont maintenu la valeur des exportations de pétrole brut du Gabon
à peu près constante ces dernières années, les volumes quant à eux sont en baisse.1998 a été
l’année du pic de production pétrolière. Si, comme certains experts le prédisent, le tournant des
États-Unis vers l’autonomie pétrolière entraînait une évolution à la baisse du prix international
du baril de pétrole, les recettes pétrolières du Gabon pourraient s’amenuiser considérablement,
mettant en évidence le besoin de découvrir de nouvelles sources de croissance.

1.4 Les déséquilibres macroéconomiques


Les exportations de ressources naturelles génèrent des devises, qui permettent de réduire les
contraintes chroniques des devises dans les pays en développement. Néanmoins, ces devises
peuvent aussi avoir des effets pervers si elles poussent la valeur de la devise locale au-delà de
son niveau d’équilibre. Par ailleurs, les activités pétrolières et minières créent souvent une
inflation nationale en tirant les coûts des non-échangeables (par ex. les services et l’immobilier),
de la main d’œuvre qualifiée et des produits intermédiaires vers le haut.
L’association d’une inflation locale et un taux de change surévalué peut mettre en difficulté la
compétitivité du secteur non pétrolier au point de se retrouver avec très peu d’activités
rentables. Ce syndrome, connu sous le nom de «syndrome hollandais» (d’après l’expérience
qu’a connu la Hollande avec le gaz naturel dans les années 1970), peut entraîner la
désindustrialisation ou éroder la rentabilité des secteurs hors ressources naturelles.
1.5 La malédiction des ressources naturelles

En dépit de l’existence de ces risques, il n’y a aucune «malédiction des ressources naturelles».
Beaucoup de pays dotés de ressources abondantes ont enregistré des croissances faibles et une
instabilité politique sur le long terme, ce qui a donné lieu à l’émergence du terme «malédiction
des ressources naturelles». Pourtant, d’autres pays sont parvenus à faire des ressources
naturelles, en particulier la forêt et les minéraux, des moteurs de développement économique.
Il s’agit par exemple du Canada, de la Nouvelle-Zélande, de la Norvège et, plus récemment, du
Chili.
Dans le cas des pays riches en ressources naturelles mais avec une faible croissance, la
prédominance du secteur des ressources naturelles est en grande partie le résultat de l’échec des
politiques de promotion de la croissance du secteur non pétrolier, pour bon nombre de raisons
qui, en fin de compte, n’ont pas grand-chose à voir avec les ressources.
En revanche, la manne des ressources naturelles peut générer des «dividendes de la croissance»
lorsqu’elle est associée à une bonne gouvernance qui combine redistribution, investissements
publics, épargne à travers des fonds souverains, une gestion macroéconomique prudente et des
réformes en faveur de la concurrence. En fin de compte, lorsqu’elles sont utilisées de façon
rationnelle, les ressources naturelles fournissent une alternative à l’aide internationale pour le

19
financement d’infrastructures en faveur de la croissance, de l’éducation et de l’accumulation de
capitaux.

Section 2 :L’interdiction d’exportation des grumes


En 2010, l’État gabonais a imposé un embargo sur l’exportation du bois en grumes afin d’inciter
le secteur privé à procéder localement à la transformation du bois, potentiellement génératrice
de plus de valeur ajoutée avant l’exportation
Les justifications microéconomiques d’une intervention politique visant à favoriser la naissance
d’une industrie de transformation locale devrait reposer sur deux hypothèses :
- le Gabon dispose d’un avantage comparatif potentiel dans l’industrie en question,
- sans intervention gouvernementale, les investisseurs privés ne l’exploiteraient pas du fait de
ce que les économistes appellent «défaillance du marché (en anglais market failure)
2.1 L’avantage comparatif potentiel dans l’industrie
S’agissant de l’avantage comparatif, la présence de ressources naturelles ne suffit pas à le créer
dans la mesure où la rentabilité est conditionnée par plusieurs facteurs macro et micro-
économiques. L’exploitation forestière et la transformation du bois sont deux métiers
fondamentalement distincts, et les synergies verticales au sein des entreprises s’avèrent
limitées.
Aussi, la diversification des activités en aval nécessite l’entrée de nouveaux acteurs, et
l’avantage comparatif de la transformation doit découler soit des coûts bas du travail, des
compétences, des avantages compétitifs transversaux en matière d’infrastructures ou de
gouvernance ou d’effet d’ agglomération.
S’agissant des deux premiers, les parties qui vont suivre montrent que le Gabon est plutôt une
économie où les coûts de production sont élevés. De fait, vers la seconde moitié des années
1990, une vague limitée d’investissements étrangers dans la première transformation du bois
en planches et en contreplaqués en provenance, entre autres, du Canada et d’Italie, s’est soldée
par un échec.
L’ingérence politique, l’absence généralisée de gouvernance et d’infrastructures ainsi que
l’effondrement soudain des marchés asiatiques à la fin des années 1990 ont creusé les pertes et
les banques locales ont dû payer une partie de la note. Faire du Gabon une destination attrayante
pour la transformation du bois nécessitera la mise en œuvre de politiques de l’offre visant à
améliorer l’environnement des affaires.
2.2 Les défaillances du marché
Quant à l’existence de défaillances du marché, la nécessité d’une impulsion de la part du
gouvernement pourrait se justifier par la présence d’économies d’agglomération. Une étude
récente sur les exportateurs africains indique que lorsque plusieurs entreprises exportent un
produit donné depuis le même pays, il se crée un effet de «masse critique» qui augmente leurs
chances de survie sur les marchés d’exportation. Toutefois, à part des généralités, il existe peu
de preuves de synergies fortes entre les sociétés de transformation du bois (par exemple, il est
peu probable que les échanges technologiques entre ces sociétés soient importantes, étant donné
la faible teneur technologique de la première étape de transformation). Par conséquent, la
probabilité d’une défaillance du marché est relativement faible

20
2.3 Les interdictions d’exportation de matières premières: ont–elles été
efficaces?
Les interdictions d’exportation ont été utilisées à plusieurs reprises par les pays riches en
ressources pour encourager la transformation locale. Bien que leurs effets redistributifs (du
secteur en amont vers l’aval) soient nettement prouvés, leurs résultats sur la promotion de
l’industrialisation sont mitigés.
L’interdiction d’exportation de grumes est justifié par plusieurs raisons : Obliger les exploitants
forestiers à vendre uniquement aux transformateurs nationaux a pour vocation de favoriser le
développement d’une industrie en aval qui serait compétitive sur le marché mondial grâce à des
intrants peu chers.
Les interdictions d’exportation des grumes ont été mises en place dans de nombreux pays
industriels et en développement, les États-Unis, le Canada, la Nouvelle Zélande, le Brésil, le
Cameroun, le Cambodge, le Costa Rica, le Ghana, l’Indonésie, la Malaisie, les Philippines et la
Thaïlande.
Cependant, la transformation rentable du bois est une activité à forte intensité de capital (en
particulier les segments à forte valeur ajoutée que sont la production de la pâte et de papier) et
crée moins d’emplois que l’exploitation du bois elle-même. L’accès insuffisant au crédit et à
l’investissement tend à favoriser le développement d’unités de transformation inefficaces. Les
unités de transformation inefficaces utilisant plus de grumes que leurs pairs plus efficaces,
l’interdiction d’exportation de grumes entraîne ainsi une déforestation croissante.

Section 3 : Le pari sur la Zone économique spéciale


3.1 Le développement par la promotion des exportations (PE)
3.1.1 Bref historique de la promotion des exportations
Cette stratégie de promotion des exportations, appelée aussi « substitution aux exportations »,
a été initiée dès les années 1950 par deux pays asiatiques, Hong Kong et Singapour, rejoints
dans les années 1960-1970 par la Corée du Sud et Taiwan (ces quatre pays devenant les NPIA
: nouveaux pays industrialisés asiatiques ou les « Dragons asiatiques ») et certains pays
d’Amérique latine comme le Brésil, le Chili ou le Mexique.
Dans les années 1980, d’autres pays asiatiques leur emboîtent le pas : Chine, Malaisie,
Thaïlande. Il s’agit de substituer progressivement aux exportations de produits primaires des
produits de plus en plus élaborés par la remontée de filières : remplacer les exportations
traditionnelles par de nouvelles, plus intensives en capital et à plus forte valeur ajoutée ; passer
de l’industrie légère à l’industrie lourde, en intégrant progressivement du progrès technique et
en assurant la formation de la main-d’œuvre.
Ce développement extraverti n’a donc été un succès que pour les pays qui ont su faire évoluer
leur spécialisation en remontant la filière de leurs exportations. Ainsi plusieurs pays
d’Amérique latine n’ont pas réussi à sortir de leur spécialisation initiale et ont vu leur dette
extérieure s’accroître fortement à la fin des années 1970 et au début des années 1980. La crise
asiatique de 1997, qui a secoué durement la Thaïlande ou la Malaisie, démontre aussi la fragilité
de cette stratégie si la remontée de filière ne se fait pas assez vite : ces pays se retrouvent

21
dépendants des firmes transnationales (phénomène des « pays ateliers ») qui y sont implantées
et qui peuvent démanteler leurs unités de production très rapidement en cas de retournement de
situation politique, économique ou sociale.
3.1.2 Le Gabon et la politique de promotion des exportations
Après une histoire semée d’échecs dans les pays en développement (dû principalement à des
politiques d’accompagnement peu judicieuses telles que la substitution des importations et la
surévaluation de la monnaie), les agences de promotion des exportations (APEX) ont
récemment eu plus de succès dans l’accroissement des exportations, en particulier celles dont
l’équipe de direction comporte des éléments du secteur privé
Cependant, les éléments récents dont on dispose ne devraient pas susciter un optimisme excessif
à propos des APEX. La littérature suggère qu’elles ont tendance à être plus efficaces sur la
performance des exportateurs établis que sur l’incitation des entreprises non exportatrices à
exporter. Du fait de son économie duale, le Gabon a, d’une part, de grands exportateurs de
matières premières (compagnies pétrolières et minières, et gros exploitants forestiers établis)
qui n’ont pas besoin d’assistance en matière de promotion des exportations et, d’autre part, de
très petites entreprises, qui sont loin d’avoir une position bien établie sur le marché local. Ainsi,
la cible idéale des APEX selon l’expérience internationale est un type d’entreprise que l’on
rencontre rarement au Gabon.
Deuxièmement, les APEX ont plus d’impact sur les marges extensives (nouvelles destinations
et, dans une moindre mesure, nouveaux produits) que sur les marges intensives. Ceci est plutôt
normal et même souhaitable, si les obstacles en matière d’information pour pénétrer de
nouveaux marchés (en termes de produits ou destination) sont plus nombreux que le simple fait
d’augmenter les volumes des exportations. Cependant, on sait que la contribution de la marge
extensive (nouveaux produits et nouvelles destinations) à la croissance des exportations totale
est plutôt faible.
En somme, les travaux récents montrent que la promotion des exportations est une bonne chose,
mais aussi qu’il est probable que cela fonctionne mieux dans des pays disposant d’ un tissu
important d’entreprises, grandes et bien établies, qui alimentent le marché intérieur. Le Gabon
ne dispose pas encore d’un tel tissu. Aussi, il est indispensable dans un premier temps de mettre
des politiques en place afin de favoriser la création de petites et moyennes entreprises capables
de reconquérir le marché national.
3.2 La création de la zone économique spéciale
Un des instruments clés de la stratégie de diversification menée par l’État gabonais est la zone
économique spéciale (ZES), créée en 2010 à Nkok, sous la forme d’une joint-venture avec
Olam, la multinationale Singapourienne spécialisée dans l’agroalimentaire. Olam possède 60%
des parts et assure la direction de la joint-venture.
La ZES de Nkok bénéficie d’infrastructures spécifiques, y compris une centrale électrique
alimentée au gaz, d’une capacité prévue de plus de 107 MW.
Une station de chargement avec triage est prévue dans l’enceinte de la ZES. La ZES comprendra
des zones commerciales et résidentielles pour les ouvriers et les cadres. Sous réserve qu’ils
exportent au moins 75% de leur chiffre d’affaires, les établissements situés dans la ZES
bénéficieront d’importantes incitations fiscales, notamment :
-10 ans d’exonération d’impôt sur les sociétés (le texte anglais disait aussi «suivi de 5 ans à un
taux de 10%) ;

22
-L’exemption totale des droits de douane sur les biens d’équipement et pièces détachées
importés ;
-L’exonération totale de la TVA.
Par ailleurs, le rapatriement des bénéfices est illimité et exonéré d’impôt ; et les lois du travail
seront assouplies pour permettre l’emploi d’étrangers, au-delà du quota fixé par le code du
travail pendant sept ans. Enfin, l’électricité sera fournie à la moitié du prix normal appliqué par
la SEEG, c.-à-d. environ 8,00 cents de dollars US/kWh.
Il faut cependant souligner que, en plus des exonérations fiscales et du développement des
infrastructures mentionnés plus haut, il est prévu un certain nombre d’investissements pour
assurer le succès de la ZEZ. Il s’agit notamment de :
-la mise en place d’une plate-forme logistique multimodale comprenant un terminale de
remplissage de conteneurs, un parc à bois, un quai, etc. –
-la mutualisation d’un certain nombre d’installations telles que les unités de séchage de bois, le
parc à bois, le centre de formation, le centre médical, etc. Ceci devrait concourir avec les
exonérations et la réduction de moitié du coût de l’électricité à diminuer significativement les
coûts de production.
3.3 Quelques critiques des exonérations fiscales de la ZES
Le diagnostic du système fiscal gabonais réalisé par la Banque mondiale montre que les
exonérations fiscales et douanières vont trop loin.
Premièrement, dans un pays riche en ressources naturelles, l’accès aux devises ne constitue
nullement un problème. Par conséquent, aucun motif ne justifie à priori un traitement spécial
en faveur des exportateurs (par rapport aux sociétés desservant le marché intérieur).24 Le plus
important est de créer des activités économiques sur le territoire national, qu’elles soient
destinées aux ventes locales ou à l’exportation.
Deuxièmement, l’expérience internationale montre que la mise en place d’infrastructures de
haute qualité semble influer davantage sur les décisions des multinationales que les
exonérations fiscales, qui viennent en dernier dans le processus séquentiel de sélection. Même
si les recettes fiscales indirectes (sur les revenus induits) peuvent, au bout du compte, faire de
la ZES une source de recettes fiscales malgré les exonérations (qui sont une pratique très
répandue dans le monde), des arguments penchent en faveur de leur maintien dans des limites
raisonnables.
3.4 L’emploi dans la ZEZ
Le gouvernement a prévu un mécanisme pragmatique pour garantir la priorité de l’emploi aux
nationaux à travers un Guichet Unique qui délivre les autorisations d’entrée et les permis de
travail aux travailleurs étrangers. Le principe qui prévaut concernant l’emploi des travailleurs
par les sociétés admises au régime des ZES en République gabonaise est qu’à l’embauche, à
compétences égales, priorité est accordée par les investisseurs aux nationaux
Par ailleurs, afin d’atténuer le déficit en main d’œuvre qualifié dont souffre le Gabon, le plan
de développement de la ZES de Nkok prévoit la construction de centres de formation dont l’un
est dédié aux métiers de transformation du bois.

23
3.5 La faiblesse de la présence des PME
Bien que le gouvernement gabonais ait affirmé à maintes reprises son engagement à soutenir
les PME, sa stratégie visant à diversifier l›économie semble, dans les faits, miser sur les grands
investisseurs étrangers. À titre d’exemple, de nombreuses mesures incitatives fiscales
proposées aux investisseurs étrangers sont inaccessibles aux investisseurs locaux . Les
investissements publics sont également orientés vers les grands investisseurs capables de
négocier auprès du gouvernement l’attribution d’infrastructures dédiées, de tarifs spéciaux des
services publics, etc. Les marchés de l›État semblent également dirigés, pour diverses raisons,
vers les grandes entreprises.
Au Gabon, le problème est d’autant plus grave que le tissu des PME est pratiquement inexistant.
Le développement des PME s’apparente au paradoxe de l’œuf et de la poule, dans la mesure où
il est difficile de développer des entreprises dans un marché inter-entreprises étroit. Le peu de
PME que compte le Gabon sont pour la plupart des sociétés commerciales.
En matière de politique, bien que pratiquement tous les gouvernements prétendent soutenir les
PME, très peu de programmes ont eu un effet mesurable sur l’allègement des contraintes de
crédit, le renforcement des capacités de gestion ou le prolongement de la survie de la PME.

24
Chapitre 4 : L’emploi, le chômage et le marché du travail
Section 1 : Le contexte démographique : une population jeune et
urbaine
1.1Le Gabon est un pays faiblement peuplé
Répartie sur une superficie de 267.667 Km2, la population totale du Gabon est estimée 2 160
000 habitants en 2021 soit une densité de 7,75 habitants/km². C’est une des plus faibles densités
de la sous-région CEMAC. Les femmes représentent 51% de la population. L’espérance de vie
est de 62 ans pour les femmes, et de 57 ans pour les hommes. La faiblesse de la population
gabonaise est en grande partie imputable à son climat équatorial humide, favorable au
développement des maladies endémiques. Le niveau de stérilité féminine et masculine a
pendant longtemps été une cause majeure de l’hypo fécondité au Gabon.
La population gabonaise est relativement jeune. Près de 58% de la population a moins de 25
ans, et l’âge moyen des gabonais est de 24 ans. La population de moins de 20 ans représente
47,2% et 36% de la population est âgée de moins de 15 ans. La population scolarisable dans le
primaire (5-14 ans) représente 22,3% et 11,5% de Gabonais ont entre 15 et 19 ans.
1.2 La jeunesse de la population est à la fois un atout et un défi

Elle est un atout du fait qu’elle constitue un réservoir potentiel de main-d’œuvre dont le pays
aura besoin pour mettre en œuvre sa nouvelle vision de développement. Elle est par contre un
défi du fait qu’elle représente une forte demande sociale qui, si elle n’est pas satisfaite, peut
constituer une source de contestation sociale. Elle représente aussi un défi pour l’économie qui
doit absorber cette population active et lui fournir des emplois dans le présent et dans le futur
1.3 Population fortement urbanisée

Les deux grandes agglomérations urbaines que sont Libreville et Port-Gentil concentrent plus
de la moitié de la population (51,2%). L’ensemble de la population urbaine représente 82% de
la population totale. Le reste de la population est concentré le long des axes routiers et fluviaux.
Cette situation, singulière en Afrique, est la conséquence d’un exode rural massif des
populations, essentiellement pour des motifs économiques. La croissance rapide et sans
préparation des populations urbaines, notamment à Libreville et à Port-Gentil, se traduit par
une forte pression sur les équipements socioéconomiques.
A l’inverse, le dépeuplement du monde rural a progressivement entraîné une diminution de la
main d’œuvre agricole et une augmentation de la population rurale dépendante (les moins de
15 ans et les plus de 65 ans). Enfin, l’inégale répartition spatiale de la population pose de
véritables problèmes de développement, notamment d’aménagement du territoire et
d’organisation des services sociaux.

1.4 Une forte population immigrée

La population immigrée était estimée à 200.000 personnes en 2010, soit 12,5% de la population
totale. 68% des immigrés sont originaires de l’Afrique de l’Ouest, 22% des pays de la CEMAC
et 7% des pays d’Afrique centrale hors CEMAC. Les principaux motifs de l’immigration
internationale sont la quête d’un emploi (52,1%), le regroupement familial (21,8%) et le

25
mariage (18,1%). Plus de 50% du total des immigrés sont des actifs occupés et seulement 3%
sont frappés par le chômage. Ayant en moyenne un niveau d’instruction faible, les immigrés
exercent, aussi bien en tant qu’artisans, vendeurs, salariés indépendants, dans les secteurs du
commerce, des services et de l’agriculture.
1.5 Le niveau d’instruction de la population est relativement élevé
Bien que décroissant avec l’âge, la proportion de G scolarisés est relativement élevée. 74% à
un niveau secondaire premier cycle, 18% un niveau secondaire second cycle et 6% un niveau
supérieur. Moins de 1% de la population n’a pas d’instruction. Lorsque l’on combine l’âge et
le cycle d’instruction, l’on observe que le taux de scolarisation est de 99% au primaire pour les
individus âgés de 6-9 ans, de 63% au cours secondaire premier cycle pour les élèves âgés de
15-19 ans, de 34% au secondaire second cycle pour les personnes âgées de 20-24 ans et de 17%
au supérieur pour les 25-29 ans.
Selon le sexe, les résultats montrent que 78% des femmes et 71% d’hommes ont au plus un
niveau secondaire premier cycle. Les écarts de niveau d’instruction en défaveur des femmes
sont observés pour les niveaux secondaires seconds cycle (21% contre 16%) et supérieur (8%
contre 6%). Les populations urbaines ont en majorité un niveau secondaire premier cycle alors
que les populations rurales ont en majorité un niveau primaire.
1.6 Les projections démographiques
Les projections démographiques disponibles indiquent, que la population gabonaise atteindrait
2,1 millions en 2025 puis 3,2 millions en 2050. Bien que la proportion de la population jeune
(moins de 30 ans) doive baisser progressivement pour atteindre 50% de la population totale en
2050 contre 68% en 2000, la population gabonaise demeurera très jeune et fera peser sur le pays
une forte demande en termes d’infrastructures sociales de base (éduction, santé, habitat) et en
termes de demande d’emplois. La population en âge de travailler pourrait représenter 68% de
la population totale en 2025 et 74% en 2050 soit une force de travail de 1,4 million de personnes
en 2025 et de 2,4 millions en 2050

Section 2 : Un chômage très élevé et en augmentation


2.1 Un taux de chômage élevé
Outre la présence d’un niveau de chômage très élevé qui affecte principalement les jeunes et
les diplômés, le marché du travail gabonais se singularise par sa population active occupée
urbaine et l’importance du secteur public. Par contre, comme les autres économies africaines,
le marché gabonais comprend une forte proportion d’emplois informels
Selon les autorités gabonaises, le taux de chômage au Gabon oscille entre 20% et 30%.. Chez
les jeunes, il représente un taux de plus de 30% de cette population. La Banque Mondiale
rapporte que 35,7% des chômeurs au Gabon sont les jeunes de 15-24 ans et 26% des actifs de
25-34 ans
La comparaison avec un ensemble de pays et groupe de pays de différentes régions du monde
pour lesquels on dispose d’un taux national confirme le caractère particulièrement élevé du
chômage au Gabon

26
2.2 Un chômage de longue durée
Le chômage au Gabon est de longue durée (en moyenne 6 ans). La proportion de personnes au
chômage depuis plus d’un an représente 75% des chômeurs. Les femmes mettent en moyenne
plus de temps au chômage (77,9 mois) que les hommes (73,8 mois). Les chômeurs de courte
durée représentent environ 20% des primo-demandeurs d’emploi et environ 30% des anciens
occupés.
Cette durée exceptionnellement longue au chômage s’explique principalement par :
- le manque de formation continue, puisqu’en 6 ans on peut reconvertir entièrement un
chômeur pour qu’il puisse saisir des opportunités d’emplois-
- l’inadéquation du système d’éducation et de formation ;
- la déficience du cadre institutionnel, notamment les organismes de placement,
- la faible création d’emplois. En l’absence d’assurance chômage, ce chômage de longue
durée n’est possible qu’en raison des mécanismes de solidarité traditionnelle.
-
2.3 Un taux de chômage des jeunes préoccupant
Le taux de chômage atteint 35,7% chez les jeunes de 15 à 24 ans quel que soit le milieu de
résidence (ville ou campagne). Les jeunes rencontrent beaucoup de difficultés à s’insérer
professionnellement en sortant du système scolaire. Il décroît ensuite avec l’âge, baissant à 26%
chez les individus de 25-34 ans et 17% pour la tranche d’âge 34-44 ans. Il est naturellement
encore plus bas (presque 5%) pour les séniors (plus de 60 ans). Un taux de chômage aussi
important parmi les jeunes est une source potentielle de problèmes économiques et sociaux, et
révèle l’urgence à mettre en œuvre des mesures énergiques encourageant la création massive
d’emplois.
2.4 L’accès à l’éducation ne protège pas contre le chômage au Gabon
Les individus ayant le niveau secondaire 1er cycle général et technique sont les plus touchés
par le chômage (respectivement 24% et 27%). Parmi ceux ayant un niveau secondaire 2ème
cycle, les diplômés des filières techniques (10%) en sont moins victimes que ceux ayant reçu
une formation générale (20%). Par contre, les individus qui ont suivi des études supérieures
accusent un taux de chômage (12%) supérieur à ceux ayant un niveau d’études secondaire
technique 2ème cycle (10%). Moins de 1% des actifs n’ayant pas été à l’école sont affectés par
le chômage. Le faible taux de chômage chez les personnes n’ayant pas d’instruction devrait
cependant être nuancé. Il s’agit dans la grande majorité des cas des occupations précaires et
pénibles
L’ampleur du chômage chez les actifs diplômés a été aussi observée dans d’autre pays de la
sous-région, notamment au Cameroun et au Congo. Ceci s’explique peut-être, d’une part, par
le niveau d’instruction sans cesse croissant au sein de la population, mais aussi par la rotation
des effectifs et une inadaptation du système éducatif aux besoins réels du marché, que les
employeurs mettent en avant pour justifier leurs difficultés à recruter les jeunes diplômés. Les
entrepreneurs offrent des postes avec des qualifications spécifiques que les chômeurs, aussi
bien les anciens travailleurs que les primo-demandeurs, n’arrivent pas à satisfaire entièrement.
2.5 Des offres d’emploi non satisfaites
Les données sur l’activité de placement de l’Office National de l’Emploi montrent que, en dépit
d’une demande d’emplois supérieure aux offres, plus de deux tiers des offres d’emploi des
entreprises ne sont pas satisfaites faute de profils correspondants. Ce faible taux de satisfaction

27
est relevé pour toutes les catégories de qualifications. Il est cependant plus faible pour les
demandeurs ayant un profil d’ouvriers qualifiés, de techniciens et d’ingénieurs. Ce déséquilibre
structurel du marché n’est pas un phénomène récent au Gabon. Ce déséquilibre s’expliquant
par l’inadéquation entre les offres et les demandes d’emploi, l’opacité du marché du travail et
le manque de qualification professionnelle des demandeurs d’emplois.
Un taux de chômage moins élevé chez les diplômés des filières techniques que chez ceux ayant
une formation générale tend à confirmer la prépondérance de la composante structurelle du
chômage au Gabon et la nécessité de rendre plus professionnelles et techniques les filières de
formation
Le faible taux de chômage des non-scolarisés s’explique en partie par le fait qu’ils ont de faibles
prétentions, aussi bien en salaire qu’en conditions de travail. En outre, cette catégorie d’actifs
doit être plus nombreuse dans le secteur informel, où l’accès à l’emploi est plus aisé. Le taux
relativement bas chez les personnes ayant un niveau d’études supérieures s’explique par le fait
qu’elles visent en grande partie le secteur public.

Section 3 : Une population active occupée majoritairement urbaine


et informelle
3.1 L’importance de l’emploi informel
Près de la moitié des actifs occupés (47%) est employée par les entreprises du secteur informel.
Etant donné que la grande majorité les travailleurs exerçant dans les ménages et dans les
entreprises associatives n’est pas déclarée à la caisse nationale de sécurité sociale, la proportion
de l’emploi informel avoisine en réalité 57% de l’emploi global. Le Gabon n’échappe donc pas
à l’informalisation qui caractérise les économies africaines.
l’emploi informel est largement dominé par les activités de services (transport, restauration,
couture, réparation mécanique…) qui en représentent 38% des effectifs globaux du secteur
contre 29% dans le commerce et 19% dans l’agriculture. Les industries et le BTP
(principalement la construction) représentent respectivement 9% et 5%.
Les activités informelles sont exercées en grande partie par la population active immigrée qui
est présente principalement dans le commerce de détail des marchés et des boutiques, le
transport urbain et interurbain et l’agriculture. Les nationaux sont plus visibles dans la
construction, la menuiserie et les services. Dans l’ensemble, les personnes exerçant dans les
entreprises informelles n’ont pas de niveau d’éducation et de formation de base élevé. En
général, ils acquièrent leur formation sur le tas.
Le secteur informel au Gabon, comme dans beaucoup de pays africains, s’est développé à la
suite de l’effondrement de pans entiers du secteur formel après la chute drastique des prix du
pétrole en 1986 ayant entraîné une forte contraction des effectifs du secteur formel. Le surplus
de main-d’œuvre du secteur formel, principalement en milieu urbain, a trouvé refuge dans
l’économie informelle. L’entrée dans le secteur informel constituant ainsi face à la crise, la
seule solution au chômage pour nombre des travailleurs licenciés du secteur formel et les
nouveaux arrivants sur le marché de l’emploi.
3.2 L’emploi public
Le secteur public, avec 21% du total de la population active occupée, soit deux tiers de l’emploi
formel, est le deuxième employeur du pays. L’emploi public comprend les effectifs permanents
de la fonction publique, le personnel des collectivités locales et la main-d’œuvre non

28
permanente de l’Etat. Les plus importantes composantes sont les effectifs des administrations
sociales qui représentent environ 36% et les forces de sécurité qui constituent près de la moitié
des agents publics.
De 73 345 agents publics en 2009, l’Etat gabonais est passé en 2017 à 105 851 fonctionnaires.
Désormais au Gabon, il y a 55 fonctionnaires pour pour 1000 habitants, contre 12 seulement au
Cameroun voisin. Pour de nombreux observateurs, les recrutements massifs de personnel de
l’Etat n’obéissant à aucune programmation ni à une quelconque expression de besoins réels de
l’administration. L’accès à la fonction publique est perçu comme le seul moyen d’avoir une
situation professionnelle stable
3.3 La répartition de la main-d’œuvre selon la branche d’activité
La répartition de la main-d’œuvre, selon la branche d’activité révèle une prédominance du
secteur tertiaire. Au total, les services marchands et non marchands emploient 66% de la
population active occupée. Le poids des actifs agricoles est de 8% en y incluant aussi bien les
salariés des grandes exploitations agricoles (palmier à huile, hévéa), celles des cultures de rente
(café, cacao) et les petits exploitants des zones rurales et périurbaines. Les industries extractives
(mines et pétrole), principales sources de la valeur ajoutée du pays, emploient à peine 2% de la
population active occupée.
La part du BTP dans l’emploi, évaluée actuellement à 7%,. Le reste de l’emploi est réparti entre
les industries de transformation (5%) et la filière bois (3%).
Globalement, l’administration publique absorbe l’essentiel de la main d’œuvre qualifiée. Deux
tiers des travailleurs ayant un niveau supérieur travaillent dans l’administration publique, en
grande partie dans les secteurs de l’éducation et de la santé. A contrario, deux tiers des
travailleurs sans instruction et la moitié de ceux ayant un niveau primaire exercent dans
l’agriculture. Les actifs ayant un niveau d’instruction intermédiaire se retrouvent en grande
partie dans les secteurs de l’exploitation forestière, la construction, le transport et une partie de
l’industrie de transformation et des services

La forte concentration des cadres dans l’administration, au détriment du secteur privé, est en
réalité la conséquence d’une offre d’éducation dans le supérieur, en grande partie dominée par
les enseignements généraux et de lettres qui prédispose- plus facilement à l’entrée dans la
fonction publique plutôt qu’au secteur productif dont la moitié (48%) des effectifs est constituée
d’ouvriers et d’employés qualifiés.
Dans tous les cas, la structure inversée des effectifs du secteur public révèle une gestion
inefficace des personnels de l’Etat, dont les recrutements correspondent moins à ses réels
besoins qu’au souci de redistribuer la rente pétrolière.

Section 4 : Un coût du travail relativement élevé


4.1 Le coût de travail le plus élevé dans la sous-région
Cependant, deux indicateurs permettent de confirmer l’existence d’un coût du travail
relativement élevé: le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) et le coût moyen par
travailleur. Le SMIG au Gabon est fixé à 150.000 francs CFA depuis 2009. Mesuré à travers
ces deux indicateurs, le coût du travail au Gabon, bien qu’étant comparable aux autres
économies à forte composante pétrolière de la sous-région CEMAC, est très élevé comparé à
l’économie la plus structurée de la sous-région qui est le Cameroun.

29
4.2 De fortes disparités des salaires
Des études du BIT sur les emplois ont cependant révélé des salaires très bas dans certaines
activités du secteur privé formel et informel. Ces bas salaires se retrouvent principalement dans
l’agriculture, la pêche et le commerce, où l’informalité est plus importante. Les industries de
transformation, la construction et le transport ont des salaires qui tendent vers la moyenne alors
que les salaires les plus élevés (plus d’un million de francs CFA) sont observés dans les secteurs
pétrolier, minier et les services (principalement les télécommunications)
Ce sont les revenus versés par le secteur public qui tirent à la hausse le coût du travail au
Gabon. Les actifs occupés du secteur public gagnent en moyenne 308.300 francs CFA par mois
tandis que ceux du secteur privé formel ont un revenu mensuel moyen de 250.500 francs CFA,
le revenu moyen du secteur informel étant en moyenne 158.800 francs CFA.
4.3 L’origine de la dynamique haussière des salaires
Le boom pétrolier de 1973 a été l’élément déclencheur de la dynamique haussière des salaires
dans le secteur public qui, à son tour, l’a propagée au reste de l’économie du fait des rigidités à
la baisse. Avec le secteur pétrolier, le secteur public contribue donc au renchérissement du coût
de la vie et à maintenir une rigidité à la baisse des salaires dans le secteur productif non pétrolier.

Bien que le maintien des revenus très élevés dans le secteur public ne soit pas soutenable à long
terme, en raison de l’épuisement inévitable des ressources pétrolières et du fait que ceux-ci
contribuent à obérer la compétitivité globale de l’économie, il serait socialement et
politiquement très coûteux de s’engager vers une révision à la baisse de la grille des salaires
publics. La multiplication des grèves, principalement dans les secteurs de l’éducation et la santé
dont la principale revendication est l’augmentation des salaires, confirme du reste cette idée.

4.4 L’existence d’un salaire minimum alourdit le coût du travail et induit un


chômage
L’existence d’un salaire minimum induit un chômage structurel selon Milton Friedman et
Edmund Phelps.

De nombreux pays ont institué un salaire minimum. En France c’est le SMIC (Salaire
Minimum Interprofessionnel de Croissance). Au Gabon, le salaire minimum interprofessionnel
garanti (SMIG) est de 150 000 F. Le salaire minimum correspond à un salaire horaire en dessous
duquel, légalement, aucun salarié ne doit être payé.

Pour les néo-classiques, le salaire minimum remet en cause la condition de fluidité du marché
puisqu’il ne permet pas au salaire réel de fluctuer librement. En effet, Il empêche le salaire de
baisser en dessous de ce minimum. Si le salaire minimum se fixe au dessus du salaire réel
d’équilibre, on aboutit à un phénomène de rationnement qui correspond à une situation dans
laquelle les agents économiques ne trouvent pas à acheter ou à vendre autant de travail qu’ils
le souhaitent pour un salaire réel donné. L’ajustement sur le marché se fera par les quantités et
non par les prix.

Ainsi, pour ce salaire minimum, les salariés offrent une plus grande quantité de travail, alors
que les entreprises demandent moins de travail. Si le Smic n’existait pas, le salaire s’établirait

30
à un niveau plus bas pour équilibrer l’offre et la demande de travail. Comme cela n’est pas
possible, un chômage involontaire va apparaître.

L'existence d'un salaire minimum pénaliserait ainsi la partie de la population la moins bien
formée, la moins productive, exclue du marché du travail par l'interdiction d'une faible
rémunération du travail faiblement qualifié. De plus, dans le secteur industriel, l’augmentation
du salaire minimum peut inciter les entreprises d’entrer dans une logique de substitution capital-
travail, limitant ainsi l’emploi d’une main-d’œuvre faiblement qualifiée et payée au salaire
minimal.

Cependant, les effets du salaire minimum sont en réalité très difficiles à quantifier. La plupart
des modèles statistiques ne mettent pas cet effet négatif du salaire minimum sur l’emploi et le
chômage en évidence, et beaucoup d’économistes en déduisent que le salaire minimum ne crée
pas réellement de chômage car il apporte un certain pouvoir d’achat aux travailleurs les moins
qualifiés qui soutient leur consommation et la croissance des emplois.

En effet pour les keynésiens l’existence du salaire minimum et son augmentation deviennent
un outil permettant de soutenir la demande. De plus, c’est un instrument de réduction des
inégalités sociales.

Section 5: Une législation du travail rigide


Selon certains observateurs, en voulant trop protéger le salarié, la législation du travail a fini
par développer beaucoup de rigidités qui étouffent la création d’emplois. Il s’agit
principalement des dispositions relatives à la résiliation du contrat de travail, au licenciement
économique et à celle relative à l’emploi de la main-d’œuvre étrangère.
5.1 La résiliation du contrat de travail
Fortement inspirée du droit français, la législation du travail au Gabon est extrêmement
protectrice, soucieuse des droits des salariés, principalement en ce qui concerne la résiliation
du contrat de travail. Cherchant à équilibrer le rapport inégalitaire entre l’employeur et le
travailleur, le législateur gabonais a organisé la protection du salarié en interdisant en principe
le licenciement d’un salarié qui exerce les droits que lui reconnaît la loi.
5.2 La procédure de licenciement économique
La procédure de rupture du contrat de travail en cas de difficultés économiques est longue et
coûteuse pour l’employeur.
Le code du travail fait obligation à l’employeur de mettre en place un plan social en cas de
licenciement économique de plus de dix salariés. La procédure est particulièrement longue et
compliquée. Elle prend beaucoup de temps et d’énergie au chef d’entreprise et à son staff
technique et administratif à un moment critique où l’entreprise est en difficulté.
Le salarié concerné a le choix entre le plan social et les indemnités de licenciement.
Dans la pratique, compte tenu des précédents du secteur public et de la confusion dans les
interprétations, le salarié opte toujours pour les indemnités de licenciement qui oscillent entre
28 et 52 mois de salaire. Ces difficultés expliquent en partie la réticence des entreprises à
embaucher en contrat à durée indéterminée (CDI).

31
5.3 L’emploi de la main-d’œuvre étrangère
Le principe de priorité d’embauche des travailleurs nationaux a conduit le législateur à encadrer
strictement l’emploi des travailleurs étrangers. Les textes conditionnent l’emploi d’un
travailleur étranger à la délivrance d’une autorisation d’emploi par le ministère du travail.
L’autorité administrative ne délivre en principe l’autorisation que s’il n’existe pas de nationaux
qualifiés dans l’emploi considéré.
Le législateur gabonais précise que la main-d’œuvre étrangère ne doit pas dépasser 10% des
effectifs globaux de l’entreprise.
Cette limitation du recours à la main-d’œuvre étrangère peut être préjudiciable pour les
entreprises qui sont fréquemment confrontées à une carence de main-d’œuvre nationale
qualifiée, dans les secteurs techniques mais aussi dans les métiers de base, où l’on observe une
carence. Il en est ainsi par exemple, des plantations agro-industrielles, où la main-d’œuvre
(planteurs) est rare et où l’on constate que le recours à la main-d’œuvre étrangère est nécessaire
pour avoir la productivité liée au projet d’investissement.
D’ailleurs, il n’est pas rare que les entreprises se dispensent d’appliquer les dispositions légales,
par exemple en ne déclarant pas la main-d’œuvre étrangère. .

Section 6 : Bref survol des explications et des politiques de lutte


contre le chômage

Est considéré comme chômeur un individu qui dit être sans emploi durant une semaine
donnée, qui affirme être disponible pour travailler dans les quinze jours à venir et qui cherche
activement à se faire embaucher. Cette définition, qui est celle de l’organisation internationale
du travail (OIT, ex- Bureau international du travail), est assez floue, et sujette à des variations
dans son interprétation.

Le chômage est un phénomène multiforme, qui ne répond pas à un schéma unique


d’explication. En fait deux grandes familles d’explications apparaissent pertinentes : des
schémas globaux d’une part et des explications plus partielles d’une part.
Le chômage est un phénomène complexe, multidimensionnel, aux causes multiples. Il
peut être combattu par la mobilisation de moyens très divers. Trois grands types de politiques
peuvent être identifiés : les politiques de lutte contre le chômage classique, les politiques de
lutte contre le chômage keynésien et les politiques de lutte contre le chômage lié aux structures
économiques.
6.1 Les explications du chômage
6.1.1 Les grands schémas explicatifs
L’analyse de la situation contemporaine du chômage a donné naissance à trois types
d’explication.

32
A) L’explication classique
Une explication classique, qui impute la responsabilité du chômage à l’insuffisante rentabilité
des entreprises : pour l’analyse classique l’équilibre économique s’accompagne du plein emploi
des facteurs de production, travail et capital. Le chômage durable ne trouve donc pas sa place
dans une telle approche. Lorsqu’il existe, cependant, il est signe d’un déséquilibre
macroéconomique provisoire ; ce chômage est dénommé dans la littérature classique, le
« chômage classique ».

- Deux raisons peuvent expliquer la présence du chômage dans le modèle libéral classique :
l’insuffisante flexibilité des prix- donc salaire prix du travail- à la baisse et d’insuffisantes
capacités de production des entreprises. Ces deux facteurs sont par ailleurs intimement liés :
le niveau trop élevé et rigide de la rémunération insuffisante du capital, c’est-à-dire une
rentabilité trop faible des investissements. Les entreprises sont alors conduites à renoncer à
l’exploitation de certains équipements et à l’extension des capacités de production existantes.
C’est donc l’insuffisance de la rentabilité qui engendre le chômage classique.

B) L’explication keynésienne
Une explication keynésienne pour laquelle le chômage résulte d’une demande solvable
insuffisante : dans l’analyse keynésienne une économie peut être durablement en situation de
sous-emploi si la demande globale est durablement inférieure à l’offre globale. Dans ce cas,
les entreprises sont désireuses de produire plus mais ne le font pas par suite de l’insuffisance
de la demande. L’équilibre ainsi réalisé est régressif et contribue à créer du chômage, que
l’on nomme « chômage keynésien ». Dans la mesure où le chômage keynésien est caractérisé
par l’existence de capacités de production inemployées il peut être diagnostiqué par l’analyse
des taux d’utilisation des équipements : pus les équipements sont utilisés, plus le chômage
keynésien est faible, toutes choses égales par ailleurs ;

C) Une explication plus structurelle


Une explication plus structurelle, qui lie le chômage à des facteurs économiques et sociaux
permanents : la permanence, voir l’extension du chômage, tend à montrer que les explications
du phénomène par l’insuffisance de l’offre productive. ou de la demande solvable sont plus
complémentaires qu’opposées. A côté de celles-ci cependant, se développe depuis d’autres
approches qui visent à faire du chômage une variable liée à la nature des structures
économiques et sociales. Ainsi, l’analyse économique donne naissance à quatre conceptions
différentes du chômage structurel : le chômage naturel, « noyau dur » du chômage selon
Friedman, le chômage frictionnel ou volontaire (chômage qui résulte du temps qu’un
travailleur met à trouver un autre emploi), le chômage technologique, lié à l’inadaptation entre
emplois disponibles et les emplois souhaités, et le chômage de segmentation, lié à l’existence
d’emplois qualitativement hétérogènes.

33
6.1.1 Les explications partielles du chômage
Le chômage peut également s’expliquer par toute une série de causes partielles,
certaines étant de nature économique, d’autres de nature plus sociologique. Les analyses
économiques partielles du chômage sont multiples.

A) Le progrès technique et la recherche de productivité


le progrès technique, c’est-à-dire l’incorporation des innovations dans le processus productif,
conduit à élever la productivité du travail et par là même à remplacer les hommes par du capital
technique, créant de ce fait le chômage. L’impact du progrès technique sur le chômage est
toutefois controversé : en effet, si le progrès technique « détruit » des emplois par la substitution
du capital au travail, à l’inverse, il crée dans des tâches ou des domaines nouveaux d’activité
(maintenance, services commerciaux, de conception…).

B) Le ralentissement de la croissance
le ralentissement de l’activité crée inéluctablement du chômage après un certain délai (souvent
environ trois mois). En phase de récession économique (cas d’une crise par exemple), le
chômage peut s’accroître fortement.

C) Le mauvais fonctionnement du marché du travail


La faible mobilité professionnelle de la part des salariés, la rigidité des salaires (notamment
à la baisse lorsque la conjoncture se détériore), des charges excessives pesant sur le travail et
qui en accroissent le coût….peuvent expliquer l’existence d’un chômage durable.

D) L’existence de contraintes juridiques


Des règlementations juridiques ou administratives peuvent freiner les créations d’emplois et
désinciter les employeurs à embaucher (les législations sur le salaire minimum, les
conventions collectives, le droit du travail, les règles de sécurité et d’hygiène, les cotisations
patronales…).

E) La concurrence internationale
Une économie peu attractive, faiblement compétitive et fortement compétitive peut générer le
chômage.

F) Les causes sociologiques


Les causes sociologiques du chômage sont elles aussi multiples ; on peut principalement
citer :
- L’évolution démographique : l’entrée massive sur le marché travail (de jeunes
principalement), liée à de faibles sorties vers l’inactivité, provoque le chômage ;
- L’inadaptation des offres du taux d’activité (des jeunes, des femmes,) peut contribuer à créer
du chômage.

34
6.2: Les politiques de lutte contre le chômage
Le chômage est un phénomène complexe, multidimensionnel, aux causes multiples.
Ainsi ne peut-il être combattu que par la mobilisation de moyens très divers. Trois grands types
de politiques peuvent être identifiés : les politiques de lutte contre le chômage classique, les
politiques de lutte contre le chômage keynésien et les politiques de lutte contre le chômage lié
aux structures économiques.

6.2.1 Les politiques de lutte contre le chômage classique


Pour lutter contre le chômage de type classique, les autorités publiques sont amenées à
pratiquer une politique économique libérale se référant largement aux mécanismes de
l’économie de marché et préconisant le soutien d’une offre compétitive avec une place
prépondérante accordée à l’entreprise et un rôle limité attribué à l’Etat.
Le chômage classique résulte d’une rentabilité du capital insuffisante pour inciter les
entreprises à se développer et donc à embaucher. La politique de lutte contre le chômage
classique s’appuiera par là même sur une série d’actions relatives aux coûts des différents
facteurs de production.

A) La maitrise du coût du facteur travail


Pour assurer un niveau souhaité de profit, il convient de limiter la progression des coûts
du travail, voire abaisser les salaires réels :
En réduisant les cotisations sociales ;
En mettant en place une politique de flexibilité des salaires ; par cette voie, les entreprises
cherchent à substituer des modes de gestion individualisés aux gestions collectives des
rémunérations (grilles, ancienneté, salaires déterminés par des conventions collectives sans
relation avec les performances réalisées par chaque salarié…).

B) La restauration de la rentabilité du facteur capital


Par la libération des prix, la limitation des charges fiscales et parafiscales, l’accès plus facile
à des sources de financement externes, les pouvoirs public donnent aux entreprises les moyen
d’assainir leurs situation financière ; ils contribuent à rendre possible le processus de
croissance et par là même l’embauche.

C) La promotion de l’investissement
L’insuffisance de l’investissement étant la cause principale du chômage classique, l’Etat doit
en assurer la promotion, par exemple en offrant des facilités de financement à l’occasion des
opérations en capital, ou en rendant le réinvestissement des profits réalisés plus avantageux.
Partisans de la logique du « théorème de Schmidt » selon lequel « les profits d’aujourd’hui
sont les investissements de demain et les emplois d’après demain », les économistes libéraux
exigent de la lutte contre le chômage qu’une plus grande liberté soit accordée aux
entrepreneurs. Pour être efficace sur le plan de l’emploi, cette politique suppose qu’il soit
procédé à des investissements de capacité et non à des investissements de rationalisation.

35
Dans cette voie, l’Etat doit diminuer les dépenses publiques afin, par exemple, d’éviter des
gaspillages par une meilleure allocation des ressources, ou encore d’inciter au travail les
personnes trop assistées (allocations importantes protection contre les licenciements…).

Simultanément, les pouvoirs publics doivent également diminuer les impôts directs, les
économistes de l’offre, notamment Laffer, préconisant pour relancer l’activité économique
une baisse de la pression fiscale afin de diminuer le poids des charges fiscales sur l’offre et de
réduire la pénalisation du travail et de l’épargne.

6.2.2 Les politiques de lutte contre le chômage Keynésien

A l’opposé du courant libéral, pour qui le volume du travail dépend de variables


microéconomiques, le courant Keynésien soutient que le niveau global de l’emploi est
déterminé par des mécanismes macroéconomiques. Améliorer la situation de l’emploi exige
donc une politique en faveur de la demande, c’est-à-dire une politique de relance économique.

Dans le cas où la demande globale est insuffisante pour assurer le plein emploi, il convient
selon les Keynésiens de mettre en place un processus de relance économique fortement
créatrice d’emplois. L’interventionnisme public à des fins sociales ou économiques constitue
un facteur essentiel de soutien de la demande et, par la même, un instrument de lutte contre
le chômage Keynésien.

Dans l’analyse keynésienne, La politique de lutte contre le chômage va consister à mettre en


place une croissance créatrice d’emploi :
- En appuyant le développement privilégié des petites et moyens entreprises jugées, plus
créatrice d’emplois que les grandes unités ;

-En réduisant pour l’entreprise, par le biais de l’assiette des charges fiscales et sociales par
exemple, le coût du travail par rapport au coût du capital afin de freiner la tendance à la
substitution du second au premier ;

La cause essentielle du chômage provenant d’une insuffisance de la demande globale, les


Keynésiens préconisent, pour améliorer la situation de l’emploi, tout un ensemble de mesures
destinées à accroitre la demande en biens de consommation et en bien d’équipement.

L’Etat peut mobiliser les transferts publics tout comme les transferts sociaux (la prestation
versées par la Sécurité sociale telles que les allocations familiales, l’aide à l’enfance ou les
prestations maladie et l’indemnisation du chômage) et les transferts économiques (aide à
l’investissement productif, aide au logement).

La relance de la consommation s’effectue par un accroissement du pouvoir d’achat des agents


économiques et plus particulièrement de ceux dont la propension à consommer est importante
(allocation accordées aux familles, aux catégories sociale défavorisées…). Cette relance est
également facilitée par la mise en place de conditions de crédit permettant aux particuliers de
s’endetter pour l’acquisition de biens.

36
Le soutien des investissements peut s’effectuer par une politique monétaire, les autorités
décident d’augmenter l’offre de monnaie pour provoquer une baisse du taux de l’intérêt,
favorable à la réalisation d’investissements.

Cette politique se heurte cependant à certaines limites (augmentation de l’offre de monnaie


éventuellement absorbée par les encaisses de spéculation si l’économie se trouve à un faible
niveau d’activité, inélasticité de l’investissement au taux de l’intérêt) et les Keynésiens
préfèrent l’efficacité de la politique budgétaire. Rompant totalement avec le principe de
l’équilibre budgétaire comme signe d’une bonne gestion financière, les Keynésiens
considèrent en effet qu’un déficit du budget peut relancer l’activité économique.

Les politiques de gestion de la demande globale se heurtent néanmoins à deux obstacles


principaux :
-l’existence d’une contrainte extérieure : puisqu’une partie de la demande
supplémentaire s’adresse à l’étranger, l’augmentation de la dépense ne se traduit pas
automatiquement en réduction proportionnelle du chômage ;
-l’alourdissement des coûts des entreprises : l’accroissement des revenus induit la
stimulation de la demande dégrade, à productivité constante, la situation financière des
entreprises, ce qui risque de pénaliser à plus long terme l’investissement et la création
d’emplois.

6.2.3 Les politiques de lutte contre le chômage lié aux structures


économiques

La lutte contre le noyau dure du chômage exige que des moyens appropriés soient mis
en œuvre. Trois instruments semblent répondre à cet objectif : l’amélioration du
fonctionnement du marché du travail, la défense de l’emploi et la flexibilité des structures
économique.
L’amélioration du fonctionnement du marché du travail

Corrélativement à la présence d’un chômage important, on constate que dans les économies
contemporaines, des offres d’emploi non satisfaites émanant des entreprises. Ce déséquilibre
provient, principalement, d’un fonctionnement d’effectuer du marché du travail. Le retour au
plein emploi passe par une action visant à redonner au marché national les attributs de tout
marché.
Dans la pratique, plusieurs mesures ont été prises pour améliorer le fonctionnement du
travail :

Assurer la transparence du marché du travail


Offre et demande du travail doivent être révélées, puis collectées avant d’être
confrontées ; des institutions comme Pole Emploi ont ainsi vu leurs missions et leurs
responsabilités se développer.

Facilité la mobilité des acteurs


Le marché du travail doit permettre de repartir les disponibilités en main- d’œuvre en
fonction des besoins de l’appareil productif ; la mobilité s’entend à la fois sous l’angle
géographique et sous l’angle professionnel.
37
Proposer des prix du travail incitatifs
L’offre de travail étant principalement fonction du taux de salaire, des taux insuffisants dans
certaines activités peuvent ainsi apparaitre dissuasifs ; le marché du travail doit, en se sens,
proposer des rémunérations incitatrices.

Développer la formation professionnelle


L’élévation du niveau de qualification constitue à la fois un facteur d’insertion (ou de
réinsertion) professionnelle des chômeurs, mais aussi un facteur de réduction de la
vulnérabilité au chômage tant pour les encore dans le système éducatif que pour les titulaires
d’emplois.

38
Chapitre 5 : L’inadéquation entre la structure du système éducatif
et les opportunités d’emploi
Section 1 : L’inadéquation entre éducation et emploi

Des études montrent que la relation entre l’éducation et l’emploi au Gabon est caractérisée par
les trois grands déséquilibres majeurs suivants :
-Une forte proportion d’actifs n’ayant pas les acquis minimum pour s’insérer dans le marché
du travail : 14% des effectifs de la cohorte observée n’ont pas terminé le cycle primaire dont
1% n’a jamais été à l’école ;
-Une insuffisance de main-d’œuvre ayant des qualifications intermédiaires (ouvriers,
techniciens, techniciens supérieurs) qui représentent plus du quart des opportunités d’emplois
qualifiés.
-Un nombre de diplômés du supérieur au moins deux fois plus élevé que celui des emplois
offerts correspondant à ce niveau d’instruction. Alors que 12% de jeunes sortants du système
éducatif ont accompli des études supérieures, la demande du secteur productif en matière de
cadres n’est que de 5%.
Le déséquilibre entre l’offre du système éducatif et les besoins en main d’œuvre des entreprises
vient également d’être confirmé par l’évaluation des besoins en main-d’œuvre de la société
OLAM Gabon. L’état des besoins de cette entreprise, réalisé dans le cadre de la mise en œuvre
de ses 5 grands projets au Gabon montre que cette entreprise aura besoin de recruter plusieurs
milliers emplois qualifiés (niveau BAC et plus).
La structure de cette demande révèle que 75% des besoins de cette entreprise concernent les
métiers de l’industrie agronomique, de la maintenance industrielle et de la logistique. En face,
la structure des inscrits dans les établissements d’enseignement supérieur montre que 63%
d’entre eux sont inscrits dans des filières littéraires, de sciences humaines et de sciences
économiques. La demande d’OLAM Gabon, comme celle de plusieurs autres entreprises, sera
difficilement satisfaite sans avoir recours à la main-d’œuvre étrangère.
L’entreprise a obtenu de l’Etat la possibilité d’importer de la main-d’œuvre étrangère au-delà
des limites prévues par le code du travail (10% des effectifs de l’entreprise) pendant 7 ans avec,
en contrepartie, l’obligation de former des nationaux pendant la période d’exception.

Les mêmes difficultés sont constatées dans les secteurs des mines et de l’industrie.
La demande d’emplois dans les secteurs des mines et de l’industrie est constituée, pour
l’essentiel, des métiers du bâtiment, du génie civil, de la logistique et du transport, de la
production industrielle, de l’exploitation de sites miniers, de la maintenance industrielle et du
froid. Elle confirme ainsi la nécessité de restructurer l’offre de l’Education nationale.
L’inadéquation entre l’offre d’éducation et les besoins du secteur productif résultent de
plusieurs facteurs, parmi lesquels :
- une faible efficacité interne du système d’enseignement général de base ;
- une faible couverture scolaire et un rendement externe bas de l’enseignement technique
et professionnel ;
39
- des allocations budgétaires limitées et inefficaces en faveur du secteur de l’éducation.
Ces facteurs sont examinés ci-dessous.
-
Section 1 : Une faible efficacité interne du système d’enseignement
général de base
2.1 Un taux de redoublement élevé
Le taux de redoublement très élevé à tous les niveaux d’enseignement est la manifestation la
plus flagrante du faible rendement interne du système éducatif gabonais.
Dans l’enseignement primaire, le taux de redoublement est le plus élevé de tous les pays du
monde pour lesquels cette statistique est connue. Il a atteint 37% en 2008 (dernières statistiques
connues), soit deux fois la moyenne africaine. En outre, moins de 5% des élèves admis en
première année terminent le cycle primaire sans avoir redoublé.
Dans l’enseignement secondaire, le taux de redoublement est de 26% au premier cycle et de
23% au second. Il est encore plus élevé en fin de cycle, où il atteint 30% à la fin de la 3ème
année du premier cycle et 25% à la fin de la dernière année du second cycle (Terminale).
Un taux de redoublement aussi élevé, qui révèle une gestion inefficace des flux d’élèves, est le
résultat de plusieurs facteurs dont la faible performance en matière d’encadrement (quantitatif
et qualitatif) des élèves, la faiblesse des allocations.
2.2 La faible performance en matière d’encadrement
La faible performance en matière d’encadrement quantitatif des élèves est perceptible à travers
deux indicateurs : le ratio enseignant/élève et l’indisponibilité de matériel pédagogique. Le ratio
élève/enseignant au Gabon est très élevé, comparativement aux pays à niveaux de revenus
similaires. Dans le primaire, il est de 45,6 alors que la moyenne pour des pays à revenu similaire
que le Gabon est de 21. Il est encore plus élevé au collège (secondaire premier cycle) où il se
situe à 48,3 au Gabon alors que pour le groupe des pays similaires il est de 20. Un ratio
élève/enseignant très élevé traduit des conditions d’enseignement et d’apprentissage difficiles
qui ont naturellement un impact négatif sur la qualité des enseignements
En outre, une forte proportion d’enseignants des lycées et collèges (62,6%) ne dispose pas du
bagage pédagogique nécessaire. Peu de stages de formation continue sont en effet organisés du
fait du nombre marginal de personnel d’encadrement (inspecteurs et conseillers pédagogiques).
Globalement, la faiblesse de l’encadrement qualitatif est liée à la gestion inefficace du personnel
qui se traduit par l’absentéisme non sanctionné et les postes de travail abandonnés.

Les élèves du primaire sont scolarisés dans un contexte d’indisponibilité de matériels et


d’équipements scolaires. Seulement 1% des classes de 2ème année et 5% de ceux de 5ème
année disposent de la totalité des équipements et matériels. La moitié des salles de classes n’a
pas de bureaux et chaises en nombre suffisant et seulement un quart des classes dispose de
dictionnaires. De même, seulement la moitié des élèves du primaire dispose d’un manuel
scolaire pour travailler en classe. L’autre moitié partage leur manuel avec au moins deux autres
élèves.

40
Section 3 : Une faible couverture scolaire et un faible rendement
externe de l’enseignement technique et professionnel
Le Gabon a accompli des progrès considérables en matière d’accès à l’éducation dans
l’enseignement général de base mais l’accès à l’enseignement technique et professionnel est
très limité.
Avec des taux bruts de scolarisation dans le primaire et secondaire estimés respectivement à
147,3% et 88,8%, le Gabon a quasiment atteint l’objectif d’accès universel à l’éducation de
base.
3.1 Une faible couverture en matière de formation professionnelle
L’on observe cependant une faible couverture en matière de formation professionnelle. Le ratio
nombre d’élèves inscrits dans un établissement technique et professionnel pour 100.000
habitants, estimé à 377 est à peine au-dessus de la moyenne africaine (364) et plus de trois fois
moins élevé qu’au Cameroun et en Tunisie et une fois et demi moins élevé qu’à Maurice. Les
effectifs de l’enseignement technique et professionnel représentent à peine 8% des effectifs
totaux du système éducatif gabonais. Un faible accès à la formation professionnelle et technique
réduit les opportunités d’accès au marché du travail, principalement dans le secteur productif.
Il existe au total, 16 établissements d’enseignement technique et professionnel, 11 centres de
formation professionnelle qui sont réputés être sous-équipés.
3.2 Le rendement du système de formation professionnelle est très faible
Le rendement externe du système de formation professionnelle est très faible. Plus de 80% des
diplômés de l’enseignement technique et professionnel ne sont pas recrutés dans les secteurs
pour lesquels ils ont été formés et seulement un diplômé sur 3 trouve un emploi. Dans
l’ensemble, l’offre de formation actuelle est en inadéquation avec les besoins des entreprises et
ne permet pas aux jeunes Gabonais de trouver des solutions d’insertion, notamment pour les
raisons suivantes :
- inadéquation des formations existantes avec les qualifications demandées par les entreprises,
- déficit d’apprentissage des pratiques professionnelles au profit de formations trop théoriques,
-moyens matériels insuffisants dans les centres de formation, notamment en termes de matière
d’œuvre,
- équipements non conformes avec les réalités de terrain,
- déficit de compétence des formateurs.

3.3 L’insuffisance des formations professionnelles dans l’enseignement


supérieur
Le parcours dans les facultés est conçu comme un tronc commun jusqu’à la fin de la licence 2.
C’est à partir de la licence 3 que l’on observe un début de spécialisation avec la possibilité qui
est offerte de préparer des licences professionnelles. 74% des étudiants inscrits au supérieur
suivent des formations en sciences humaines ou sociales et seulement 25% des études

41
scientifiques et techniques. En 4ème année, les étudiants scientifiques ne représentent que 12%
des inscrits.
De même, les étudiants de 1er cycle (1ère et 2ème année) représentent 67% des effectifs et ceux
de 2ème cycle (3ème et 4ème année) 25% des effectifs. Enfin, l’on peut constater qu’en 1ère
année, les formations technologiques courtes (3 ans) ne rassemblent que 8,7% des effectifs, ce
qui est insuffisant pour les besoins de l’économie. La forte proportion d’étudiants dans les
formations générales limite les opportunités d’emploi dans le secteur public. Ils montrent
également que les disciplines scientifiques et techniques ne sont pas suffisamment prises en
compte dans le cycle secondaire

3.4 La formation continue est très peu développée dans l’enseignement


supérieur gabonais
Il y a une dizaine d’années, les formations continues étaient dispensées seulement dans deux
instituts, l’Institut National de Sciences de Gestion (pour les trois BTS) et à l’IST où le DUT
technique de commercialisation peut être préparé soit en cours du soir soit en alternance. Par
ailleurs, il n’existe pas de licence et de master en sciences, en dehors des mathématiques, ce qui
explique en grande partie l’insuffisance d’enseignants en sciences pour l’enseignement de base.
En outre, les formations accessibles aux salariés (sous forme de formation continue ou de
perfectionnement professionnel) ou aux demandeurs d’emploi en quête d’une formation de base
sont insuffisantes.

Section 4 : Des allocations budgétaires insuffisantes et inefficaces


au secteur de l’éducation
4.1 L’insuffisance des ressources consacrées à l’enseignement
La part du budget allouée à l’éducation qui représente 13,4% des dépenses totales, soit 2.7% du
PIB en moyenne depuis une dizaine d’années, est en dessous de la moyenne d’un ensemble
représentatif de pays d’Afrique subsaharienne et de pays à revenu intermédiaire, dont la part du
budget de l’éducation est en moyenne 19% du budget, soit près de 5% du PIB.
La structure des allocations du secteur éducation révèle une forte proportion des dépenses
allouées au supérieur et au secondaire aux dépens du pré-primaire et de l’enseignement
professionnel d’une part et d’autre part des enveloppes limitées pour les dépenses de biens et
services au profit des salaires du personnel.
4.2 La marginalisation des ressources dirigées vers la formation
professionnelle
L’enseignement supérieur et le second cycle absorbent près de 40% du budget de l’éducation
contre 6% pour la formation professionnelle et 4% pour le pré-primaire. De même, la structure
de la dépense par nature révèle que 72% du budget est affecté aux salaires du personnel contre
16% aux biens et services et 12% aux aides sociales.
4.3 La répartition des dépenses de fonctionnement dans l’enseignement
A l’intérieur des dépenses de fonctionnement, les dépenses de salaires des personnels non
enseignants représentent presqu’autant que ceux des enseignants. Ce qui signifie soit qu’il y a
plus de personnel administratif que d’enseignants, soit les salaires du personnel non enseignant
sont en moyenne plus élevés que ceux des enseignants. Dans les deux cas, ce déséquilibre
constitue une incitation négative pour la fonction enseignante.
42
Section 5 : Des réformes en cours du système éducatif
5.1 La réforme du système éducatif et de recherche
Le gouvernement a entamé une réforme du système éducatif et de recherche qui a abouti à
l’adoption d’une loi d’orientation générale de l’éducation, de la formation et de la recherche.
Celle-ci jette les bases d’une nouvelle école gabonaise. La loi s’appuie sur les conclusions
pertinentes des « Etats Généraux de l’Education, de la Recherche et l’Adéquation Formation-
Emploi » de mai 2010. Elle prévoit un nouveau système éducatif qui comporte plusieurs
innovations, parmi lesquelles :
-le développement de la formation continue et des passerelles à tous les niveaux entre
l’enseignement général (du primaire au supérieur) et l’enseignement technique et la formation
professionnelle ;
-l’instauration de la promotion des partenariats public-privé (PPP) en matière d’enseignement,
de formation et de recherche;

Depuis 2010, tous les lycées professionnels ont été progressivement transformés en lycées
techniques. Ces changements sont soutenus par la Banque Africaine de Développement qui
finance l’acquisition des équipements et du matériel didactique. Il reste cependant à résoudre
l’épineuse et récurrente question du corps professoral spécialisé.
5.2 Quelques exemples de partenariat public-privé
La coopération entre le ministère de l’enseignement technique et les sociétés pétrolières a abouti
à la création de l’Institut du Pétrole et du Gaz (IPG) qui assure une formation de pointe dans les
métiers du pétrole . La première promotion sortie de l’IPG a été formée dans le domaine de la
production. L’institut compte étendre son champ d’intervention aux autres métiers du pétrole
et du gaz.
Le partenariat entre l’Etat et le secteur public privé a aussi permis la création à Port-Gentil d’un
centre de spécialisation avec le concours de la société Total Gabon. Le centre recrute des
candidats titulaires d’un baccalauréat technologique, d’un BEP ou d’un BT qu’il forme dans la
soudure ou la maintenance des équipements utilisés dans le domaine pétrolier.

5.3 L’exemple allemand de la formation en alternance et l’apprentissage


Il faudrait aller plus loin en généralisant la formation en alternance et l’apprentissage, comme
en Allemagne. L’idée principale de la réorganisation de la formation professionnelle et de la
formation continue consisterait alors à revenir aux fondamentaux en redonnant aux formations
dispensées dans les centres de formation professionnelle leur sens initial. Ainsi, qu’il s’agisse
de la formation et du perfectionnement professionnel ou de la formation continue, les centres
dispenseraient des formations à la carte, en fonction des besoins réellement exprimés par les
entreprises. Les formations à la carte permettent de tenir compte de l’évolution des emplois.
Elles obligeraient à instaurer un cadre permanent de concertation et d’échanges entre les centres
de formation et les entreprises. Une telle démarche nécessiterait un éventail suffisamment large
des spécialisations des formateurs pour permettre ces adaptations

43
5.4 La reforme éventuelle des cycles de formation continue de l’insg et de l’ist
Dans le même ordre d’idées, les formations continues dispensées dans les établissements
d’enseignement supérieur publics (Institut National des Sciences de Gestion, Institut Supérieur
de Technologie ou Institut Universitaire des Sciences de l’Organisation) ou privés, seraient
réformées dans la même logique. Leur accès, comme dans la situation actuelle, ne serait plus
ouvert uniquement aux nouveaux bacheliers mais aussi aux salariés ou aux demandeurs
d’emploi en quête de perfectionnement professionnel ou d’une formation professionnelle de
base définie, dans un cas comme dans l’autre, en fonction des besoins réellement exprimés par
les entreprises.
5.5 La réorganisation du système de formation professionnelle
La réorganisation du système de formation professionnelle nécessitera la sécurisation de son
financement. La taxe professionnelle fixée à 1,2% de la masse salariale des entreprises par la
loi de finances de 2000 n’est pas prélevée, officiellement parce que les modalités de versement
et le mode opératoire de sa gestion ne sont pas encore définis.
En réalité, les entreprises résistent à payer cette taxe car certaines d’entre elles financent déjà
la création de centres de formation personnalisée pour les besoins spécifiques de leurs
employés. C’est le cas de BGFI School qui a été créée par la holding BGFI. La réticence des
entreprises s’explique également par le rendement faible des établissements publics de
formation professionnelle.
Une option pour surmonter cette difficulté pourrait être la mise en place d’un fonds pour la
formation professionnelle, qui serait alimenté par la taxe professionnelle, les financements des
bailleurs de fonds et d’autres financements de l’Etat ; et dont la gestion serait assurée à parité
par le gouvernement et le secteur privé.

44
Chapitre 6 : Le climat d’investissement insatisfaisant
En dépit de l’amélioration du cadre macroéconomique et la mise en œuvre de plusieurs réformes
structurelles ces dernières années, le climat d’investissement demeure contraignant au Gabon.
Le pays est classé en moyenne à la 169éme position sur 190 pays dans le rapport Doing Business
du Groupe de la Banque mondiale (2020) sur la facilité à faire des affaires et fait donc partie
des 30 économies du monde où le climat des affaires est le plus difficile.
Dans 6 domaines, le Gabon fait partie du dernier quart (protection des investisseurs, création
d’entreprises, exécution des contrats, transferts de propriété, gestion de l’insolvabilité, paiement
des taxes et impôts). Pour tous les autres, il se place dans la dernière moitié.
Une enquête de la Banque mondiale sur le climat d’investissement auprès d’un échantillon de
l’appareil productif gabonais a permis de révéler que pour l’ensemble des entreprises
l’électricité est de loin le principal obstacle auquel sont confrontées les entreprises, suivie par
le transport et la qualité de la main-d’œuvre. Pour les petites et moyennes entreprises, l’accès
au crédit est le deuxième obstacle après l’électricité. A ces quatre principaux obstacles, l’on
peut ajouter l’absence d’un dispositif institutionnel efficace d’appui au secteur privé.

Section 1 : Un dispositif d’appui au développement du secteur privé


inefficace
Comme la plupart des économies subsahariennes, le tissu économique gabonais est constitué
essentiellement de très petites entreprises et moyennes entreprises. L’essentiel des créations
d’emplois est réalisé par ces structures dont certaines sont dans ou à la périphérie de l’informel.
Du fait de leurs faibles capacités (en ressources humaines et financières), elles sont démunies
devant un cadre institutionnel fragmenté. Une assistance particulière devrait donc leur être
accordée.

1.1 Bref historique des organismes d’appui au secteur privé

Dès 1980, le Gabon a adopté une Loi de promotion et de développement des PME. Les objectifs
de cette loi étaient de (i) créer une classe d’hommes d’affaires gabonais, (ii) augmenter la part
des PME dans le PIB, et (iii) freiner l’exode rural, en créant dans le zones rurales, des activités
génératrices de revenus.
Les dispositifs légaux et institutionnels prévoyaient un ensemble d’incitations, dont le bénéfice
de la priorité d’accès aux marchés publics et des avantages fiscaux et douaniers après
l’obtention d’un agrément octroyé par une commission dirigée par le Ministre des PME. Afin
de mettre en œuvre cette politique, le gouvernement a mis en place deux institutions:
- Promo Gabon, établissement public créé en 1972 et placé sous la tutelle du Ministère
des Petites et Moyennes Entreprises, dont les missions sont d’assister les promoteurs
d’entreprises dans le montage des projets, les études de faisabilité, l’élaboration des
plans de financement et des business plan,
- et le Fonds d’Aide et de Garantie Gabonais (FAGA), créé en 1981, dont la mission
étaient d’accorder aux promoteurs agréés au régime des PME/PMI des avances ou des
garanties auprès des banques.

45
Ce dispositif a été complété en 1993 par le Fonds de Développement et d’Expansion (FODEX),
dont la mission était le financement des études de faisabilité de projets, des prêts participatifs
aux fonds propres nécessaires au lancement des projets et des garanties.
Le FAGA et le Fodex ont été supprimés en 2010 pour n’avoir pas atteint leurs objectifs
respectifs. Leurs ressources ont été transférées à la Banque Gabonaise de Développement
(BGD) dont les missions ont été recentrées sur le financement des PME/PMI. L’action de la
BGD en faveur des PME reste cependant contrainte par le fait qu’elle est soumise aux mêmes
règles prudentielles que les banques commerciales. Ce qui en fait une entité très averse au risque
et, par conséquent, inadaptée au financement de la petite et moyenne entreprise. La BGD a
connu des déboires et est en cessation d’activité.
Les états généraux des PME, organisés en 2011, ont fait le constat de l’échec de la politique en
matière de promotion de la PME au Gabon. Les raisons diffèrent selon l’interlocuteur. Les
autorités reprochent aux promoteurs des PME leur manque de rigueur et de sérieux dans la
gestion des affaires, la faible surface financière des entreprises, la non-exécution de tous ou
partie des marchés obtenus et les détournements des fonds de l’objet à financer. Les PME, quant
à elles, dénoncent l’insuffisance d’incitations et de soutien de l’Etat. Dans tous les cas, un tel
échec est révélateur de deux choses, l’absence d’esprit d’entreprise et de compétence
managériale des promoteurs des PME et l’inefficacité du dispositif institutionnel d’appui à la
PME et à entrepreneuriat.
1.2 Les acteurs d’appui au secteur privé
Le dispositif d’assistance aux petites et moyennes entreprises et de promotion du secteur privé
a été réformé en 2010, il demeure fragmenté et inefficace et manque d’orientation stratégique.
Le cadre actuel est composé de plusieurs acteurs majeurs.
La Chambre de Commerce, d’Agriculture, d’Industrie et des Mines du Gabon est identifiée
comme un pôle possible pour abriter une partie des services de conseil aux entreprises. En effet,
un décret présidentiel de janvier 2011 a réorganisé la structuration et le fonctionnement de la
Chambre de Commerce. Elle est désormais dirigée par une équipe élue par le secteur privé, et
non nommée par le gouvernement. Elle contribue à la mise en œuvre de la politique du
gouvernement en matière de promotion des investissements privés, en plus d’être un organisme
représentatif et consultatif des intérêts de l’ensemble des opérateurs économiques exerçant
légalement sur le territoire national. Avec l’appui de la Banque mondiale, le gouvernement
prévoit d’y développer l’appui au secteur privé à travers le développement des services clés
suivants : (i) un centre d’arbitrage, de médiation et de conciliation pour limiter les recours aux
juridictions (processus long, coûteux, non prévisible) ; (ii) un centre d’affaires ; (iii) un centre
de formation et (iv) le centre de gestion agréé pour aider les PME dans la gestion.
L'Agence Nationale de Promotion des Investissements du Gabon (ANPI-Gabon) est
un établissement public à caractère administratif rattachée à la Présidence du Gabon et placée
sous la tutelle technique du ministère chargé du Développement Durable, de l’Économie, de la
Promotion des Investissements et de la Prospective. Elle impulse et assure le suivi des réformes
visant à améliorer le cadre des affaires au Gabon.

Section 2 : Un coût élevé et une faible qualité de l’énergie


Le coût élevé et la faible qualité de l’énergie freinent la croissance économique et entravent la
création d’emplois. Selon l’enquête de la Banque mondiale sur le climat de l’investissement
réalisé en 2009, deux tiers des entreprises opérant au Gabon considèrent que l’électricité est
une contrainte majeure au développement des affaires. Plus du quart des petites entreprises

46
(moins de 20 employés) et près de 30% des moyennes entreprises (entre 20 et 99 employés)
considèrent que l’électricité est le premier frein à l’exercice de leur activité.

2.1 Le coût élevé de l’électricité


D’une façon générale, les entreprises se plaignent de payer l’électricité la plus chère de la sous-
région. Une étude comparative des tarifs d’électricité réalisée en décembre 2009 par l’union
des producteurs, transporteurs, et distributeurs d’électricité d’Afrique (UPDEA) a démontré que
les tarifs d’électricité à usage commercial sont plus élevés au Gabon que dans les pays de la
région.
A titre d’exemple, le prix du KWh à usage commercial pour une entreprise consommant plus
de 1800 kW par mois est de 2,7 fois plus cher au Gabon qu’en République du Congo, 1,2 fois
plus cher qu’au Cameroun, 1,4 fois plus cher qu’à Maurice, une des meilleures économies en
matière de climat d’investissement du continent.
Le Rapport Doing Business 2013 confirme ces difficultés du secteur puisque pour l’indicateur
« obtention de l’électricité » ou raccordement électrique le Gabon est classé 133ème sur 183
pays. En effet, pour obtenir un raccordement, il faut accomplir 6 procédures, attendre en
moyenne 160 jours, et payer des frais équivalents à plus de 2,5 fois le revenu par habitant du
Gabon.
2.2 La dégradation de la qualité des services d’électricité
La qualité des services d’électricité s’est fortement dégradée au cours des huit dernières années.
Les entreprises enregistrent en moyenne 5,5 coupures d’électricité par mois et une coupure dure
en moyenne 5,3 heures par jour. Le coût de ces coupures pour les entreprises représente en
moyenne 2% du chiffre d’affaires mensuel. De plus, le niveau de tension électrique distribuée
aux abonnés n’est pas partout conforme aux cahiers des charges de la SEEG et que le rendement
du réseau électrique a baissé en moyenne de 4% sur Libreville et Port‐Gentil, les deux
principales villes et pôles économiques du pays.
La dégradation de la qualité des services d’électricité résulte en grande partie de l’insuffisance
d’investissements de renouvellement et d’extension des équipements de production et de
transport, dont une partie significative est vétuste et saturée.

Section 3 : Une faible qualité des infrastructures et des services de


transport et de logistique
Doté de faibles liaisons avec les pays voisins, le Gabon cumule les handicaps pour la logistique
commerciale, avec des coûts élevés pour tous les types de transports et services connexes.
6.3 Un réseau routier peu développé
L’inextricable végétation est le principal facteur limitant en matière de transport des hommes
et des marchandises pour l’accès aux zones de production. Le réseau routier est
comparativement peu développé ; il est estimé à 10 000 Km dont seulement 12% est bitumé
(1200 Km). Parmi ces routes bitumées moins de 20% sont considérées comme en bon état. De
plus, les sols de latérite et les pluies tropicales rendent les routes coûteuses à entretenir.
Une lacune importante illustre ce problème : il n’y a pas de route reliant Libreville à la capitale
économique du pays, Port-Gentil. Les prix très élevés des marchandises dans cette ville sont

47
une autre illustration, puisque l’essentiel du fret est effectué par voie aérienne. D’une façon
générale, les coûts d’accès sont élevés dans le pays, renchérissant les prix des biens fabriqués
ou consommés.
3.2 Un réseau ferroviaire en difficulté
Le chemin de fer est aujourd’hui loin de fournir la qualité de service et les prix bas qui seraient
pourtant possibles pour tous les types de fret. La ligne de 697 kilomètres, reliant Libreville à
Franceville, dont l’état actuel nécessite des travaux d’extension et de réhabilitation, est en
grande partie dédiée à l’acheminement des produits miniers et forestiers de l’Est vers le Port
d’Owendo à Libreville. Les déraillements de wagon sont courants.
3.2 La faiblesse des moyens de communication avec les pays voisins
L’intégration du marché gabonais aux marchés sous-régionaux et mondiaux, par des
infrastructures de communication appropriées, pourrait constituer un facteur majeur de
compétitivité et d’attrait des investissements privés étrangers. Or, les faibles liaisons avec les
pays voisins, limitent sérieusement les possibilités de commerce régional, rendant difficile le
développement de projets d’envergure et limitant l’attractivité du pays.
3.3 Les coûts élevés du transport maritime et des services portuaires
Les coûts du transport maritime et les coûts des services portuaires au Gabon sont très élevés.
Au port d’Owendo, un container de 20 pieds venant d’Europe coûte en moyenne 1,4 fois plus
cher qu’en Guinée équatoriale, un pays qui a la même vocation que le Gabon à être un hub
maritime et 4,5 fois plus cher qu’en Malaisie et à Singapour. Ces frais n’incluent pas le fret
maritime qui, par ailleurs, est très élevé du fait de la faiblesse des volumes traités.
Le coût élevé des transports maritimes et des prestations portuaires est principalement dû à la
situation monopolistique dans les opérations portuaires et la distribution du fret qui passe par
le port. Une plus grande concurrence entre opérateurs portuaires pourrait faire diminuer les prix.
Un plan d’action est en cours d’élaboration avec tous les acteurs du secteur. L’orientation
politique du gouvernement est la modernisation et l’extension des ports d’Owendo et la
construction d’un port multimodal à Port-Gentil et d’un port en eaux profondes à Mayumba qui
sera destiné à l’exportation des minerais et des bois transformés

Section 4 : Un accès difficile au crédit


4.1 L’accès au crédit bancaire pour le secteur privé reste faible
Le volume de crédits accordés par le système bancaire à toute l’économie gabonaise atteint à
peine 10% du PIB et le taux de pénétration bancaire est de 15%. En 2009, seuls 6,3% des
entreprises se sont adressées aux banques pour le financement de leurs investissements et
environ 93% ont utilisé leurs fonds propres pour financer leurs investissements. D’une manière
générale, le problème de financement se pose pour la petite et moyenne entreprise. Les grandes
entreprises, souvent filiales des multinationales européennes ou asiatiques arrivent avec leurs
financements mobilisés sur le marché financier international.
4.2 Les taux d’intérêts élevés
Les taux d’intérêt très élevés dans l’ensemble de la sous-région de la CEMAC est le principal
frein au financement de la PME. Les taux d’intérêt s’élèvent en moyenne à 15% dans la région
et le différentiel entre les taux d’intérêt créditeurs et les taux débiteurs, bien qu’en diminution,
demeure haut, à plus de 10%.
48
Un coût du crédit très élevé représente une contrainte significative pour beaucoup
d’investisseurs, dont plusieurs hésitent à saisir les opportunités d’investissement et de création
d’opportunités d’emploi. Il reflète un certain nombre de contraintes structurelles. Deux facteurs
importants expliquent le maintien des taux d’intérêt élevés par le système bancaire.
Le premier facteur est la perception, souvent inexacte, des informations sur les emprunteurs à
haut risque qui résulte de l’absence de bureaux de crédit public et privé. Dans les pays où ces
bureaux existent, ils disposent presque de toutes les informations sur le crédit : les emprunteurs,
le montant du crédit, les conditions, les remboursements, les défauts, etc. Ainsi, l’organisme
fournisseur de crédit, qu’il soit une banque, un opérateur de téléphonie, un grossiste de biens
de consommation, d’équipements, etc. peut avoir sur simple consultation l’état de solvabilité
de l’emprunteur qui s’adresse à lui. Cette information permet de mieux analyser le risque, de le
personnaliser et de ne pas le reporter à l’ensemble de l’économie.
Le second facteur est relatif à la structure du système bancaire lui-même. Les opérations
bancaires sont extrêmement concentrées, avec quelques grandes banques qui dominent le
secteur. Dans ces conditions, les banques ont un grand pouvoir sur le marché pour élever les
coûts des crédits et abaisser les taux des dépôts. Un des moyens pour lever l’asymétrie
d’information est d’encourager les entreprises à produire des éléments comptables fiables. Des
solutions alternatives au crédit bancaire sont également proposées : il s’agit du développement
du capital-risque pour permettre aux banques de récupérer leurs créances en cas de réalisation
du risque. De même, il faut prévoir l’instauration de fonds de garantie avec le soutien de l’Etat.
4.3 Propositions en vue d’améliorer l’accès au crédit
Pour améliorer l’accès au crédit, les réformes suivantes peuvent être proposées :
- Mettre en place une centrale de risque au niveau de la BEAC, afin de mieux apprécier
les risques, et fournir aux responsables de la politique monétaire tous renseignements,
en matière de crédit, susceptibles d’éclairer leurs décisions ;
- Mettre en place une centrale des bilans consultable par la profession bancaire pour
permettre l’accès aux résultats comptables des entreprises. La Centrale des Risques
(BEAC) devrait élargir les crédits suivis au niveau des entreprises et des personnes
physiques et fixer un seuil des crédits suivis relativement bas (à un million de francs
CFA, par exemple) ;
- Mettre en place un cadre réglementaire instituant et organisant des bureaux privés
d’information sur le crédit ;

49
Chapitre 7 : Un système de protection sociale structurellement
déséquilibré
La protection sociale des travailleurs est principalement assurée par deux organismes sociaux
que sont la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS) et la Caisse Nationale d’Assurance
Maladie et de Garantie Sociale (CNAMGS). En plus de ces deux organismes publics, il existe
des compagnies privées d’assurance maladie auxquelles les entreprises recourent pour
compléter les prestations des organismes publics.

Section 1 : La pauvreté au Gabon et la nécessité d’un système de


protection sociale
1.1 La pauvreté au Gabon
Nombre de Gabonais subissent de sempiternelles insuffisances en matière de nutrition,
éducation et de santé (notamment de santé maternelle et infantile). Malgré l’abondance de
ressources naturelles et un revenu par habitant de 7 005,88 USD (2020) une importante
proportion des ménages gabonais est confrontée aux revenus faibles, au chômage, à la maladie
et peine à se protéger et à protéger leurs familles contre les chocs. Les pauvres sont les plus
vulnérables face à ces fluctuations, d’habitude plus exposés aux risques et moins aptes à avoir
accès aux opportunités.
La firme Mc Kinsey, dans le cadre de la préparation du « Pacte social » a mené une étude sur
la pauvreté au Gabon qui a estimé à environ 30 % de la population Gabonaise vivant avec un
revenu en-dessous du SMIG (80 000FCFA/mois) en 2013.
De même, l’Enquête nationale sur l’Emploi et le chômage (ENEC) réalisée par le ministère de
l’Économie en 2010 a révélé que le taux de chômage national était de 20,4%.
L’enquête Démographique et de santé (EDS) réalisée en 2012 par la Direction Générale de la
Statistiques a évalué à un tiers (32 %) de la population gabonaise vivant dans des habitats
précaires, c’est-à-dire des logements non durables et où l’accès à l’eau potable, l’assainissement
et l’espace de vie sont insalubres. L’EDS 2012 a également révélé que le taux de mortalité
infanto-juvénile (enfants de moins de 5 ans) demeure encore très élevé (65 pour 1 000
naissances vivantes) tout comme le taux de mortalité maternelle qui est estimé à 316 pour 100
000 naissances vivantes.
1.2 La nécessité d’un système de protection sociale
La protection sociale n’est plus l’apanage des pays développés et des systèmes sont conçus à
travers le monde dans presque chaque pays afin d’aider les personnes et les familles à investir
dans la santé, l’éducation et le bien-être de leurs enfants.
La protection sociale offre aux populations des instruments permettant aux individus et aux
sociétés de gérer le risque et la volatilité et les prémunir contre la pauvreté et le dénuement à
travers des instruments qui améliorent la résilience, l’équité et les opportunités.
Ces instruments comprennent les filets de protection sociaux, les pensions de retraites,
l’assurance, les programmes de promotion du travail et l’accès aux services susceptibles d’avoir
chacun un impact sur la croissance économique et la réduction de la pauvreté par le biais de
l’économie nationale et par le biais des ménages directement.
La crise sanitaire liée à l’épidémie du covid, les récentes fluctuations des prix des matières
premières et la vulnérabilité accrue aux crises financières ont engendré la perte d’emploi,
50
l’augmentation des dépenses de santé, la volatilité des prix des aliments et du carburant. Ces
défis accroissent les risques auxquels sont exposés les individus et les familles au moment où
l’urbanisation, la migration et la modernisation modifient les sources traditionnelles de
résilience des individus et des familles contre ces risques.

1.3 Les principaux avantages de la protection sociale


Les systèmes de protection sociale protègent les individus contre les chocs et leur donne les
moyens d’améliorer leurs moyens de subsistance et ceux de leurs familles. Cela est
particulièrement important pour un pays tributaire de ses ressources naturelles.
Bien que les systèmes, politiques et programmes de protection sociale et de promotion du travail
soient conçus pour les individus et les familles, ils peuvent aussi constituer un large socle sur
lequel il est possible de bâtir une croissance solidaire et d’assurer la stabilité sociale. Ces
politiques et programmes permettent de créer des opportunités essentielles à la survie, la
réduction de la pauvreté et la promotion de la croissance inclusive.
Un autre effet moins connu des systèmes de protection sociale est qu’ils contribuent à la
croissance économique inclusive susceptible d’avoir un effet d’amélioration sur la vie des
populations. Les systèmes de protection sociale contribuent à stimuler la croissance de cinq
manières :
- en développant et en protégeant le capital humain ;
- en favorisant une plus grande mobilité sur le marché du travail ;
- en stabilisant la demande globale ;
- en réduisant les inégalités.

Section 2 : Les modalités de financement de la protection et leurs


incidences
2.1 Le financement de la protection sociale
Deux modèles de financement sont usuellement distingués. Dans le modèle beveridgien, qui
concerne des pays comme la Grande Bretagne ou les pays scandinaves, la protection sociale est
surtout financée par les impôts directs ou indirects, comme la tva par exemple. Ces impôts sont
susceptibles d’entraîner des effets indirects sur l’emploi par les conséquences négatives qu’ils
peuvent avoir sur l’activité des ménages ou des entreprises.

Dans le modèle bismarckien, qui concerne l’Europe continentale, la protection sociale est en
majorité financée par les cotisations sociales, indexées sur les salaires des travailleurs. Dans un
contexte bismarckien, l’augmentation du poids de la protection sociale influe cette fois
directement sur le coût du travail.

2.2 : Retraite par répartition et retraite par capitalisation


La différence fondamentale entre le système de répartition et de capitalisation. Dans le système
de retraite par répartition, ce sont les cotisations obligatoires de tous les travailleurs et
employeurs d'aujourd'hui qui payent les retraités actuels. L'argent prélevé n'est pas placé sur les
marchés financiers. Il transite directement d'un individu à un autre, via le système d’assurance
sociale.

51
La retraite par capitalisation fonctionne sur le principe de la constitution par l'assuré d'un
capital propre grâce à ses cotisations. C’est un peu comme un compte sur lequel le travailleur
épargne en fonction de ses moyens et dont il pourra profiter à l’âge de la retraite en fonction
des montants qu’il aura réussi à épargner et des intérêts que lui auront rapporté cette épargne.
Il n’y a donc pas de mécanisme de solidarité.

2.3 Les cotisations sociales augmentent le coût du travail


Les cotisations sociales jouent contre l’emploi et déséquilibre le comportement des acteurs.
Une cotisation sociale est un prélèvement sur le salaire qui est versé à un organisme public par
l’employeur. Elle augmente donc le coût salarial auquel il faut ajouter les coûts supportés par
l’employeur pour recruter, former et éventuellement se séparer du salarié (indemnités de
licenciement, plans sociaux…).

Les salariés vont déterminer leur offre de travail à partir du salaire réel net alors que les
employeurs vont déterminer leur demande de travail à partir du coût du travail.

Le financement de la protection social selon le modèle bismarckien a donc un effet négatif sur
l’emploi et le chômage puisqu’elle aboutit à une hausse du coût du travail qui désincite les
entrepreneurs à embaucher :

D’une part, un coût du travail élevé diminue les profits des entreprises qui vont moins investir
et créer un nombre insuffisant d’emplois pour absorber la hausse de la population active.

D’autre part, le coût du travail des moins qualifiés devient supérieur à leur productivité ce qui
dissuade les chefs d’entreprises d’embaucher ces personnes selon les néoclassiques. Ils vont
donc être tentés de substituer le capital au travail provoquant ainsi un chômage technologique
qui est une composante du chômage structurel.

Section 3 : La protection sociale au Gabon


3.1 Le rôle de la CNSS
Organisme privé chargé de la gestion d’un service public, la C.N.S.S fonde son action sur deux
textes majeurs: le code de la sécurité sociale et son décret d’application, datant respectivement
de 1975 et de 1981. Elle assure les prestations familiales et de maternité, les accidents du travail
et la retraite. La branche maladie (à l’exception des centres médicaux sociaux et des services
de protection maternelle et infantile) est en cours de transfert à la CNAMGS.
3.1.1 Les ressources de la CNSS
Les ressources de la CNSS sont constituées des cotisations des assurés soit 22,6% de la masse
salariale. Les employeurs contribuent à hauteur de 20,1% et les salariés 2,5%. Lorsque le
transfert de la branche maladie à la CNAMGS sera terminé, le taux de cotisation globale
tombera à 18,5% car les cotisations pour cette branche, soit 4,1% (supportées par l’employeur),
seront désormais versées à la CNAMGS.

52
3.1.2 Les charges de la CNSS
En ce qui concerne les charges, la CNSS doit supporter la branche vieillesse structurellement
déficitaire, malgré le relèvement de l’âge de la retraite à 60 ans en versant, sous certaines
conditions (20 ans de cotisation par exemple), une pension de retraite de base de 45% du salaire
net moyen des 5 dernières années et 1% de plus par année supplémentaire au-delà de 20 ans.
Cette pension ne peut être inférieure à 80% du SMIG fixé à 150.000 francs CFA net par mois,
soit 120.000 francs CFA. Les prestations familiales sont de 21.000 francs CFA/enfant/trimestre
et l’allocation scolaire de 20.000 francs CFA/enfant/an.
Les réserves de la CNSS sont actuellement inférieures aux 10% réglementaires fixés par la loi.
3.1.3 La CNSS fait face à un déficit structurel

Depuis plusieurs années, la CNSS est confrontée à un déficit structurel qui résulte
essentiellement de la baisse de l’emploi, de l’accroissement du nombre d’assujettis et du non
versement des cotisations sociales par de nombreuses entreprises privées. Selon une étude
récente de l’UNICEF, le déficit de la branche vieillesse s’accroît au taux moyen de 19,24% par
an, principalement en raison de l’accroissement plus important des dépenses liées aux
prestations techniques (retraites et pensions des survivants), alors que les cotisations
n’augmentent en moyenne que de 6,9% par an.
3.1.4 Les efforts de redressement de la CNSS

Afin de résorber le déficit structurel de la CNSS, sa direction a entamé un plan de redressement


incluant la réorganisation et la redynamisation du recouvrement des cotisations, la redéfinition
de ses activités et la réduction de ses charges. Ses efforts se sont soldés par une nette
amélioration de la situation financière de l’organisme, qui a enregistré certaines années des
résultats excédentaires. La décision gouvernementale de prendre en charge les arriérés de
pension résultant de l’augmentation du SMIG a également contribué à cette embellie.
3.1.5 Les difficultés résultant du paramétrage du système

Ces efforts sont cependant insuffisants pour résorber le déficit structurel de la CNSS car celui-
ci résulte du paramétrage du système qui assure de faibles niveaux de contribution contre des
prestations sociales généreuses. L’on relève par exemple que 20 ans de cotisation d’un cadre
correspondent à deux années et demie de pension de retraite. Le taux de rendement interne de
la CNSS est évalué à 11% alors que la moyenne africaine est de l’ordre de 3% à 4%. Par ailleurs,
ce déficit structurel est aggravé par l’effet de ciseaux engendré par un marché de l’emploi
récessif alors que les départs en retraite s’amplifient.
L’on peut constater que ce système porte les germes de son déséquilibre structurel. Les
ressources permanentes (dont le poids est déjà très lourd pour les entreprises) sont insuffisantes
pour couvrir durablement les charges.
Une étude actuarielle est donc indispensable et urgente. Elle permettrait de paramétrer à
nouveau le système en définissant le niveau optimal de cotisation et de réformer le Code de
Sécurité Sociale dont les dispositions sont aujourd’hui obsolètes car datant de 1962 et en
décalage avec la situation actuelle de la CNSS.

53
3.2 : La CNAMGS
En plus de la CNSS, un système d’assurance maladie obligatoire a été institué avec la création
de la CNAMGS, par l’ordonnance n° 0022/PR/2007 du 21 août 2007.
3.2.1 Les agents assujettis à la CNAMGS
Sont assujettis au régime obligatoire de l’assurance maladie, les agents publics, les travailleurs
salariés du secteur privé et parapublic, les salariés de l’Etat et des administrations publiques,
les travailleurs indépendants, les titulaires d’une rente ou d’une pension, quel que soit leur
régime d’affiliation. Toute personne de nationalité gabonaise ne rentrant pas dans une de ces
catégories et les travailleurs indépendants étrangers peuvent être volontairement assujettis au
régime obligatoire de l’assurance maladie.

3.2.2 Le financement de la CNAMGS


Le financement de la CNAMGS est assuré par trois fonds distincts :
- le fonds d’assurance maladie des agents publics de l’Etat,
- le fonds d’assurance maladie des travailleurs salariés des secteurs privé et parapublic,
des travailleurs indépendants, des professions artisanales, commerciales et libérales,
- et le fonds de garantie sociale des gabonais économiquement faibles, des étudiants, des
élèves et des réfugiés.
Le fonds d’assurance maladie des agents publics de l’Etat est financé par les cotisations des
agents du secteur public. Celui des agents du secteur privé et parapublic est alimenté par un
prélèvement de 6,6% sur le salaire imposable de chaque agent, dont 2,5% payés par l’employé
lui-même et 4,1% par l’employeur. Les retraités cotisent à hauteur de 1,5%.
Le fonds de garantie sociale est alimenté par un prélèvement de 10% sur le chiffre d’affaires
hors taxes des compagnies de téléphonie mobile opérant au Gabon et de 1,5% sur toutes les
transactions internationales conclues à partir du Gabon, à l’exception de celles de l’Etat.

3.2.3 Les prestations de la CNAMGS


Les prestations servies au titre de l’assurance maladie obligatoire sont: les frais de consultation,
d’hospitalisation, de médicaments, des actes médicaux et paramédicaux, les frais d’évacuation
sanitaire, des vaccins obligatoires et d’appareillage, les frais de prestations de santé liés à l’état
de grossesse et à l’accouchement. Toutes ces prestations sont payées selon le principe du tiers
payant, les assujettis participant aux frais selon le principe du ticket modérateur. Malgré
l’ampleur des charges techniques, la couverture des soins est assurée à 80% par le tiers payant
et 20% par le bénéficiaire sous forme de ticket modérateur.
3.2.4 La viabilité à terme du fonds de garantie sociale des GEF
L’on peut cependant s’interroger sur la viabilité à terme du fonds de garantie sociale des
gabonais économiquement faibles, qui repose essentiellement sur le chiffre d’affaires des
entreprises des télécommunications dont on observe un tassement ces dernières années, après
une dizaine d’années de forte croissance. Une étude actuarielle serait nécessaire dès maintenant
afin d’identifier un système de financement plus durable.

54
Section 4 : Perspectives du système de protection social gabonais
En conclusion, la protection sociale au Gabon est très généreuse pour le travailleur et coûteuse
pour l’employeur, ce qui peut constituer un frein à l’enregistrement des travailleurs. Sur 22,5%
de cotisations prélevées sur les salaires, les employeurs en supportent 20,1% et les salariés
seulement 2,5%. Ce système alourdit les charges des entreprises qui, pour éviter une charge
sociale trop lourde, ne déclarent pas une partie de leurs personnels ou préfèrent recourir à des
contrats à durée déterminée même pour des emplois stables et durables.
L’équilibre à long terme du système de sécurité sociale gabonais pourrait nécessiter une
contribution plus importante des travailleurs. Cette question pourrait faire l’objet d’une
concertation tripartite employeurs-Etat-travailleurs. En contrepartie d’une augmentation de leur
contribution, les travailleurs pourraient se voir attribuer des responsabilités dans les organes de
décision des deux caisses. Des études actuarielles solides devraient pouvoir sous-tendre les
réformes indispensables pour assurer cet équilibre.

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