Exposé de : Rôle social et productif de l’informel M1. Gestion des Organisations 1
Plan de l’exposé INTRODUCTION I. Caractéristiques de l’économie informelle A. L’informel au cœur de la société B. Réseaux de commerce informel au niveau régional II. Conditions d’activité du secteur informel A. Main d’œuvre et emplois dans le secteur informel B. Capital, investissement et financement du secteur informel Conclusion Bibliographie
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Introduction Le secteur informel est officiellement défini comme « un ensemble d’unités produisant des biens et des services en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées. Ces unités, ayant un faible niveau d’organisation, opèrent à petite échelle et de manière spécifique, avec peu ou pas de division entre le travail et le capital en tant que facteurs de production. Les relations de travail, lorsqu’elles existent, sont surtout fondées sur l’emploi occasionnel, les relations de parenté ou les relations personnelles et sociales plutôt que sur des accords contractuels comportant des garanties en bonne et due forme ». D'un côté, les petits producteurs appartiennent à des réseaux caractérisés par des relations interpersonnelles de confiance et de coopération et liés aux unités domestiques (non dissociation des budgets domestiques et productifs, utilisation de la main-d'œuvre familiale, dilution du surplus au sein des familles). Mais, de l'autre, ils sont insérés au marché et subissent la concurrence. L’économie informelle traduit les capacités de résilience de sociétés à faible productivité face aux chocs extérieurs. A bien des égards, son développement peut être considéré comme la réponse apportée au défi de la croissance de la population, donc de la demande d’emplois souvent au détriment de l’accumulation du capital. Le secteur informel est devenu depuis 1980 le principal pourvoyeur d'emploi urbain, même si les entreprises modernes assurent encore 80 % de la valeur ajoutée non-agricole, et il devrait le rester à l'avenir. L’informel a été, de fait, le principal moteur de la construction des villes et de l’animation de la vie urbaine. En dehors des quartiers « modernes », la ville ouest-africaine d’aujourd’hui est le fruit du travail de l’économie populaire qui bâtit les maisons, fabrique les meubles, crée et transforme les produits agricoles, répare les automobiles, anime les marchés, organise l’épargne, distrait (restaurants, buvettes, troupes théâtrales et musicales) et même soigne (tradipraticiens). I. Caractéristiques de l’économie informelle Le secteur informel englobe diverses activités de production de biens et services desquelles les individus tirent emploi et revenus. Ces activités sont entreprises en vue principalement de créer des emplois et des revenus pour les personnes concernées, plutôt que de maximiser le profil ou le retour sur investissement comme cela est typiquement le cas dans le secteur formel. Les conditions dans
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lesquelles ces activités apparaissent, et les contraintes sous lesquelles elles sont exercées, leur confèrent certaines caractéristiques. Elles sont informelles en ce sens que pour la plupart elles ne sont ni consignées ni enregistrées dans les statistiques officielles, elles s’opèrent sur une très petite échelle et avec un faible niveau d’organisation. La majorité d’entre elles impliquent un très faible niveau de capital, de productivité et de revenu. Elles tendent à avoir peu ou pas d’accès aux marches organises, institutions de crédit, a la technologie moderne, a l’éducation formelle et aux outils de formation, et a nombre de services et aménagements publics. Un grand nombre d’entre elles sont exercées sans emplacement fixe ou un en des endroits qui ne sont pas visibles par les autorités, tels que petites boutiques, ateliers, stands ou à domicile. Elles ne sont pas reconnues, soutenues ou règlementées par le gouvernement, et souvent placées du fait des circonstances, en dehors du cadre légal. L’existante d’activités du secteur informel en marge de ka loi a parfois conduit les autorités publiques à les confondre avec des activités illégales, et donc à les harceler et à les réprimer. Même quand elles sont déclarées et respectent certaines dispositions légales, elles sont presque invariablement hors-la-loi en ce qui concerne la protection sociale, la législation du travail et les autres mesures de protection sur le lieu de travail. Au-delà de ces généralisations, le secteur informel se manifeste différemment selon le pays, les régions, les localités au sein d’un même pays. En Afrique, les activités informelles se caractérisent essentiellement par l’hétérogénéité, la vulnérabilité, une population principalement jeune, féminine, en chômage, et une solide stratification sociale. A. L’informel au cœur de la société Une ressource au niveau national. Le secteur informel n’est certes pas une spécificité des économies africaines. Il représente entre un quart et un tiers du PIB dans les pays d’Asie ou d’Amérique latine (cf. tableau 1). Cette proportion atteint 16 % du PIB pour les pays de l’OCDE9. Néanmoins, les caractéristiques et l’importance économique et sociale de ce secteur en Afrique lui confèrent un caractère singulier.
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Tableau 1. Place du secteur informel dans le monde Part du secteur informel Part du secteur informel dans le PIB (hors agriculture) dans le PIB Afrique subsaharienne 54,7% 23,7% Afrique du nord 37,7% 26,3% Asie 23,9% 21,5% Amérique latine 30,6% 23,4% Caraïbes 22,2% 19,7% Economies en transition 21,7% 11,8% Source : Charmes, J. (2000) En dépit des efforts croissants déployés en vue d’analyser l’économie informelle, les activités correspondantes demeurent insuffisamment mesurées voire non enregistrées dans les comptes nationaux. Au niveau national, on estime que l’économie informelle représente aujourd’hui entre 40 % et 75 % du PIB. Hors agriculture, cette proportion varie de 20 à 37 % selon les pays (cf. tableau 2). Ce secteur emploie par ailleurs entre 50 % et 80 % de la main-d’œuvre disponible. Tableau 2. Poids de l’économie informelle dans quelques pays d’Afrique de l’Ouest Année la plus récente Part du secteur informel Part du secteur informel total dans le PIB (hors agriculture) dans le PIB (1999/2000) Benin 71,6% 33,6% Burkina Faso 55,8% 21,7% Cote d’Ivoire 43,4% 24% Guinée-Bissau 58,8% 17,5 Mali 61,6% 24,2% Niger 76,6% 37% Sénégal 51,5% 35,1% Togo 72,5% 32,2% Source : Charmes J. (2000) Une ressource au niveau urbain. Également qualifiée d’économie populaire, l’économie informelle constitue un mode de vie, voire de survie, de la population urbaine, pour laquelle elle permet la
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satisfaction de besoins fondamentaux : se nourrir, se loger, se vêtir, se former, se soigner, se déplacer. Elle concerne différentes activités alimentaires (distribution, préparation, restauration), de services personnels, de réparation, récupération et recyclage. Le commerce et la distribution représentent la majeure partie de ces activités. Au niveau des principales villes de l’UEMOA (Cotonou, Ouagadougou, Abidjan, Bamako, Niamey, Dakar et Lomé), trois quarts des unités informelles comptent un seul employé et seules 7 % emploient plus de trois personnes, la taille moyenne d’une unité informelle étant de 1,5 personne. L’informel participe au processus d'urbanisation, en offrant des emplois et de modestes rémunérations à un flux de nouveaux urbains, au prix d'une productivité faible et quasi stagnante. Il est le principal pourvoyeur d’emplois, regroupant entre 65 % et 80 % de l’emploi urbain (cf. tableau 2.10). Au niveau des villes côtières, les unités du secteur informel contribuent à 37 % du Produit Local Brut (PLB). Ce secteur contribue en revanche peu aux dépenses publiques locales liées à l’urbanisation (eau, électricité, voierie...). De nombreuses activités de l’informel ne sont pas ou sont peu assujetties aux impôts et taxes ; la valorisation foncière est très peu taxée, tandis que les impôts locaux ne sont pas payés régulièrement. Il en résulte que les collectivités locales disposent de budgets qui ne reflètent en aucun cas le dynamisme économique des villes. Pourtant, « des expériences menées dans la sous-région montrent que la marge de manœuvre des responsables locaux est importante en matière de mobilisation de ressources locales. Il est ainsi possible de tripler au moins les ressources locales sans changer pour autant le niveau de la fiscalité locale ». B. Réseaux de commerce informel au niveau régional Officiellement, seuls 12,5 % des échanges de la CEDEAO s’effectuent sur une base intrarégionale en 2005. Le commerce régional représente en réalité plus du double. Le poids dans les échanges de la région des exportations de pétrole et la nature informelle d’une bonne partie des échanges entre pays conduisent à sous-estimer l’importance de ce commerce qui est pourtant un véritable moteur de l’intégration économique. Les commerçants exploitent les opportunités liées à la production agricole et industrielle régionale. La libre circulation des marchandises au niveau de la CEDEAO doit faciliter ces échanges et la construction d’un marché régional. Dans la pratique, ils demeurent contraints par un certain nombre d’obstacles liés
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aux contrôles sur les routes ou au niveau des frontières. A cela s’ajoute la difficulté qu’éprouvent les acteurs à opérer des transactions financières entre les pays, soit pour des raisons techniques ou pour des motifs réglementaires (inconvertibilité des monnaies entre la zone francophone et la zone anglophone). Les échanges informels s’appuient aussi sur des réseaux marchands qui ont une activité transnationale et couvrent toute la sous-région. Les plateformes commerciales entre Lagos et Abidjan – les plus grandes de la région – écoulent des biens manufacturés en provenance de l’Europe, de l’Asie et du Moyen-Orient. La réexportation de produits manufacturés touche une large gamme de produits tels que les tissus et fripes, cosmétiques, cigarettes, véhicules d’occasion etc. Ces échanges sont devenus « un facteur de régulation et d’une meilleure distribution des richesses dans la zone ». Les réseaux de commerce transnationaux se sont appuyés sur des appartenances familiales et sociales et sur le développement des nouvelles technologies : « c’est particulièrement vrai pour les réseaux de grands commerçants Peuls qui avaient émigré sous Sékou Touré et dont les relations s’étendent aux pays voisins et même, pour certains, jusqu’en Europe, ou en Asie où ils vont s’approvisionner. Ils s’assurent, par leurs relations politiques, la sécurité de leurs transports et transactions ; ils utilisent à la fois les moyens traditionnels de relations de service entre clients et alliés et les outils modernes comme le téléphone, le fax et le courrier électronique quand il existe 13 ». A contrario, ce commerce parallèle a eu des effets néfastes sur le développement des secteurs agricoles et industriels locaux, en raison de la concurrence déloyale qu’il leur imposait. En outre, il a pu être (et reste) un facteur d’échec dans la mise en œuvre de politiques économiques nationales et régionales au travers du rôle des États-entrepôts qui vivent de ce commerce. II. Conditions d’activité dans le secteur informel Le secteur informel présente une gamme variée d’activités ce qui fait qu’il est difficile de bien en définir les contours. On peut distinguer : - L’informel de production (agriculture périurbaine, menuiserie bois et métal, BTP, etc.) ; - L’informel d’art (bijouterie, sculpture, tissage, couture, broderie, maroquinerie, cordonnerie, peinture, etc.) ; - L’informel de services (restauration populaire, transports urbains, coiffure, couture, réparation mécanique ou électrique, etc.) ; -
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L’informel d’échanges (distribution, commerce, change, etc.). A côté de l’artisanat traditionnel, se développe l’informel de production qui vend des produits comparables aux biens et services modernes mais pour des pouvoirs d'achat plus faibles et avec des moyens plus limités. Les stratégies développées par l’informel de production nécessitent l’adaptation des acteurs, la recherche et mise en œuvre d’innovations technologiques, l’articulation avec le secteur moderne, etc. Trois types d’activités, l’agriculture urbaine et périurbaine, les activités de tissage et la menuiserie de bois, illustrent ci-après à leur manière ces dynamiques dans des contextes bien différents. A. Main d’œuvre et emplois dans le secteur informel Les Unités de Production informelle (UPI) exerçant dans des activités marchandes non agricoles dans la zone UEMOA génèrent plus de 2,3 millions d’emplois, confirmant que le secteur informel est de loin le premier pourvoyeur d'emplois dans cette zone, même s’il s’agit massivement de micro-unités (1,53 personnes par UPI), 74% des UPI étant réduites à une seule personne. La main-d’œuvre des UPI (patrons, indépendants et associés exclus) est composée de 31% de salariés, de 29% d'aides familiaux et de 40% d'apprentis dont le tiers sont rémunérés. Les salariés mensualisés y sont minoritaires (41%), la majorité (56%) étant rémunérée à la tâche. La précarité et l'absence de protection sociale sont les caractéristiques principales des emplois du secteur informel. Seuls 5% bénéficient d’un contrat écrit avec l’employeur. Si près de 60% de la main-d’œuvre touchent une rémunération (salaire, commissions, avantages en nature), la participation aux bénéfices ne concerne que 1,4% de la main d’œuvre, les congés payés 1,3% et les primes de fin d'année 9,3%. En contrepartie, l'importance des relations personnelles entre le chef d'établissement et ses employés constitue un réel facteur d'amortissement face aux "forces brutes du marché". 51% des emplois dans le secteur informel sont occupés par des femmes, mais il s’agit à plus de 60% d’emplois précaires, travailleurs pour compte propre ou aides familiaux. Les jeunes (moins de 26 ans) représentent un peu plus du tiers des actifs informels, et occupent surtout des emplois dépendants (apprentis payés ou non, aides familiaux). Il s’agit en majorité de jeunes, qui n’ont pas réussi leurs études, à la recherche d’une insertion professionnelle. Les normes légales régissant la durée du travail n'ont pas cours dans le secteur informel. Ainsi, si un quart des actifs (27%) travaillent moins de 24 heures, ils sont près de la moitié à effectuer plus de 48 heures de travail par
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semaine. Cette forme de sous-emploi est particulièrement répandue dans les transports et la réparation où les horaires moyens de travail sont les plus élevés. Dans toutes les villes, on note que le revenu moyen du secteur informel est supérieur au salaire minimum. Mais il existe de fortes disparités dans ces rémunérations, la moitié des actifs du secteur informel gagnant moins du tiers du revenu moyen ; il s’agit surtout des apprentis et des aides familiaux. Le revenu moyen des patrons et associés est de 2,5 fois (Abidjan et Dakar) à 5 fois (Ouagadougou et Niamey) supérieur au revenu moyen de l’ensemble des travailleurs. B. Capital, investissement et financement du secteur informel Le secteur informel est caractérisé par la faiblesse ou l’absence de capital dans le processus de production. La proportion d’UPI sans capital varie d’un pays à l’autre, très faible à Abidjan et à Cotonou (0,5% et 1,4% respectivement) et plus élevée à Bamako (28,8%). Elle concerne surtout la branche commerce. Le capital du secteur informel est constitué prioritairement de terrains et locaux et de machines et véhicules. Pour la quasi-totalité des villes étudiées, c’est dans le secteur des services que les machines et véhicules constituent la part la plus importante du capital. Dans l’ensemble, les équipements sont acquis à l’état neuf (la moitié à Ouagadougou, Bamako, Niamey ; près des deux tiers à Cotonou, Abidjan et Lomé). L’utilisation de machines louées est la plus répandue à Cotonou et à Lomé. La valeur totale des machines louées représente 23% de la valeur totale des machines utilisées dans le secteur informel dans ces deux villes. L’épargne, le don ou l’héritage sont, de très loin, les principales sources de financement du capital dans le secteur informel, représentant entre 65% à Dakar et 95% à Ouagadougou du financement total. Les autres modes de financement, micro-crédits ou crédits bancaires, restent rares pour des entreprises individuelles non enregistrées ne disposant pas de garanties suffisantes, à l’exception de Cotonou et de Ouagadougou où respectivement 43 et 50% des valeurs totales proviennent des structures formelles. Conséquence des points ci-dessus, le secteur informel connaît un faible niveau d’investissement induisant la faiblesse de la croissance de la production et des revenus. La répartition des investissements est assez homogène entre secteurs dans presque toutes les villes. Abidjan constitue un cas particulier : les investissements y sont relativement plus importants dans les services (près de 80% de la valeur totale des investissements). Les UPI du commerce investissent
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plus que celles des deux autres secteurs à Ouagadougou, Niamey, Dakar et Lomé tandis qu’à Cotonou ce sont les UPI industrielles et à Bamako, les UPI du secteur des services. Bien que le financement des activités du secteur informel se fasse essentiellement sur fonds propres des UPI, certaines ont recours aux emprunts comme complément. Dans l’ensemble des villes, la proportion des UPI qui empruntent est faible (moins de 10% à Ouagadougou, Abidjan, Bamako, Lomé et un peu plus de 10% à Niamey, Dakar, Cotonou). Ces emprunts servent en majorité au financement des activités commerciales à Cotonou, Bamako et Lomé, avec plus de deux tiers des montants totaux. A Abidjan, les activités de services sont bénéficiaires des deux tiers des emprunts des UPI. Ceux-ci financent à la fois les activités industrielles et commerciales a Ouagadougou, Niamey et Dakar. Conclusion Très longtemps ignoré des littératures, le secteur informel revêt et joue un rôle important dans le social et le productif. Bien qu’il reste beaucoup de défis à relever le secteur informel présente un dynamisme, une capacite d’adoption et une grande importance dans le processus de développement. Il est certainement appelé à rester encore longtemps un moteur de l’économie régionale. Cela suppose qu’un certain nombre de défis soient relevés et que l’économie informelle participe mieux au processus de développement.
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Bibliographie Internet Le secteur informel dans les principales agglomérations de sept Etats membres de l’UEMOA : Performances, Insertion, Perspectives Economie informelle : Rapport Afrique de l’ouest 2007-2008 L’Economie informelle : Figures et Discours de Philippe Adair
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