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URL: https://revues.imist.ma/index.php?journal=rpe&page=article&op=view&path%5B%5D=16827
ISSN : 2509-0399
Date de mise en ligne : 01 juillet 2019
Pagination : 22-38
Référence électronique
Mossaoui, H. et Tlili Hamdi, M. «Structures de production et réduction de la
pauvreté : une vérification empirique pour un échantillon de pays d’Afrique
subsaharienne», Revue "Repères et Perspectives Economiques" [En ligne], Vol.3, N° 2 /
2ème semestre 2019, mis en ligne le 01 juillet 2019.
URL: https://revues.imist.ma/index.php?journal=rpe&page=article&op=view&path%5B%5D=16827
Structures de production et réduction de la pauvreté : une vérification empirique
Résumé
Abstract
The purpose of this work is to examine empirically the relationship between economic
growth and poverty, while taking into account the sectoral composition of growth. It’s
essentially to study the impact of the GDP structure on poverty reduction. The
approach to be followed is to take into account four economic sectors and to exploit
the Generalized Method of Moments (GMM) method for a sample of 18 sub-Saharan
African countries during the period (2000-2015) in order to identify the sectors that
have the strongest impact on poverty reduction.
There are three results obtained: i) the service sector has the greatest potential for
reducing poverty; ii) the agricultural sector has also contributed to the reduction of
poverty, but this contribution is declining, and (iii) the industrial sector does not
contribute to poverty reduction in these sub-Saharan countries.
JEL Classification: O10 - O55
Keywords: GMM, production structure, poverty, sub-Saharan Africa
1. Introduction
1
L’indice de diversification des exportations d’un pays exprime le nombre de produits
exportés et le degré de concentration de la structure des exportations sur quelques produits.
Plus, sa valeur est faible, plus la diversification est forte et inversement.
2
République centrafricaine, Nigéria, Éthiopie, République démocratique du Congo, Malawi,
Ghana, Kenya
3
Il s’agit du Burkina Faso, du Burundi, du Ghana, du Sénégal, du Rwanda, de la Sierra Leone,
et de la Tanzanie.
des secteurs à faible valeur ajoutée. Les exportations de produits de base ne peuvent
pas procurer aux pays africains une croissance économique forte et durable.
L'industrialisation de l'Afrique permettra donc d'accélérer le passage des pays africains
d'une économie axée sur l'agriculture et l'exportation de matières premières à une
économie moderne, créatrice d'emplois, assurant l'autosuffisance et améliorant les
revenus et les niveaux de vie des populations (CNUCED, 2011). En effet, l’économie
moderne basée sur le secteur industriel et les activités manufacturières implique
généralement une croissance économique forte, rapide et durable (Szirmai, 2009).
L’augmentation des prix de matières premières n’a pas été suffisamment exploitée
pour promouvoir la diversification économique. En effet en 2009, 80% des
exportations des pays d’ASS étaient représentées par les produits de base
notamment par l’huile et les minéraux (Berardi et al ; 2015). L’expérience des pays
africains montre que dans un contexte de faible niveau initial de PIB, de faible
capacité institutionnelle et de faible niveau de développement social la spécialisation
dans l’exportation des produits de base n’est pas favorable à la réduction de la
pauvreté.
La croissance réalisée dans les pays ASS est-elle propice à l’amélioration du niveau de
vie de la population et donc à la réduction de la pauvreté ? Quels sont les secteurs qui
ont le potentiel de réduire la pauvreté ?
L’hypothèse fondamentale de ce travail est que la composition structurelle a une
importance capitale dans le processus de la réduction de la pauvreté. Elle constituerait
un facteur déterminant de la relation croissance-pauvreté.
La suite de ce travail consiste à présenter la revue de la littérature dans la section 2.
Alors que la méthodologie et les résultats de l'étude sont discutés dans la section 3.
2. Revue de la littérature
Il est clair que l'effet de la croissance économique sur la réduction de la pauvreté n’est
pas linéaire. En fait, la plupart des études soulignent l'hétérogénéité dans la relation
pauvreté-croissance. La compréhension des sources de cette divergence est un
domaine évolutif (Bourguignon, 2003, Kakwani, Khandker et Son, 2004, Lucas et
Timmer, 2005 ; Ravallion, 2004). Néanmoins, une minorité d’auteurs se sont focalisés
sur les caractéristiques de la croissance elle-même, comme étant une source
d'hétérogénéité dans la relation croissance- pauvreté. Autrement dit, ils ont étudié
comment la structure de l'économie et, en particulier, la composition sectorielle de la
croissance affecte sa capacité à réduire la pauvreté.
4
On considère en général que le secteur industriel comprend les industries manufacturières
(indiqué par manufactures) et les industries non manufacturières : extractives et la
construction (noté industrie)
5
Enquêtes démographiques et de santé (EDS), enquête à indicateurs multiples (MICS)
6
Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, République de Congo, Ethiopie, Guinée, Lesotho,
Malawi, Mozambique, Namibie, Nigéria, Rwanda, Sénégal, Tanzanie, Togo, Ouganda et
Zambie.
Concernant le choix des instruments, il est un acte clef dans l'approche de GMM.
Théoriquement, ce choix est fourni par plusieurs procédures comme celle avancée par
Chatelain (2007). Cependant, puisque notre échantillon est de taille réduite, nous
limiterons le nombre de variables instrumentales. L’introduction d’un nombre
important d'instruments atténue l’efficacité des tests de sur-identification. Tout
d’abord, il nous a semblé utile de tester la validité des variables retardées comme
des services. L’élasticité de la pauvreté par apport à la croissance dans ce secteur est la
plus forte (en valeur absolue). Ce coefficient (-0,002) est significatif à 5%. Ce résultat
soutient l’hypothèse assez logique selon laquelle le secteur de services réduit la
pauvreté. Ainsi, le coefficient de la contribution du secteur agricole est négatif est
statistiquement significatif à 5%. Plusieurs études (Castles ; 2014, Ivanic et Martin ;
2017, etc.) ont trouvé ce type de relation, ils montrent cependant que la seule source de
réduction de la pauvreté, résulte dans l’amélioration de la productivité agricole. En
fait, l’effet de ces deux secteurs sur la réduction de la pauvreté s’effectue via deux
voies, une directe par la création d’emploi et une autre indirecte via le canal de la
croissance économique.
Globalement, en Afrique subsaharienne, la contribution de l’agriculture à la réduction
de la pauvreté est en mouvement baissière au profit du secteur des services qui devient
l’activité primordiale. Ce résultat est attendu puisque les activités d’agriculture en
Afrique subsaharienne sont de faible valeur ajoutée. De plus, ces dernières années, les
facteurs de production se sont détournés de l’agriculture vers les services.
Les signes positifs et significatifs de la contribution du secteur industriel et
manufacturier montrent que l’augmentation de la part de ces secteurs dans le PIB
n’entraine pas la diminution de la pauvreté. En fait, la transformation structurelle7
n’est pas une réalité pour plusieurs pays d’ASS (CNUCED ; 2014). Ces conclusions
sont contradictoires à celle de Tybout (2000), Szirmai (2011) et McMillan et al (2014),
qui ont mis en évidence le rôle crucial du secteur manufacturier dans la croissance
économique et dans la réduction de la pauvreté dans les pays en-développement.
Ce type de relation observée en Afrique subsaharienne peut être dû à l’échec qui a eu
lieu dans la transformation structurelle dont le secteur industriel8 est le principal pilier.
Pour les pays d’ASS ce secteur demeure dans un état naissant avec une contribution
faible à la croissance économique. Ces pays jouent un rôle marginal dans le domaine
manufacturier pour les marchés locaux et internationaux.
7
Définis selon le CNUCED (2014) comme le remplacement des activités à faible productivité
par des activités à forte productivité, ainsi que par une diminution de la part de l’agriculture
dans la production et l’emploi, compensée par un accroissement de la part des industries
manufacturières et des services modernes.
8
Le secteur industriel est composé des industries manufacturières, extractives (les mines, les
hydrocarbures, les entreprises qui produisent des services) et de la construction (Bâtiments et
travaux publics), CNUCED (2008)
Le secteur industriel est inapte à jouer un rôle crucial dans la réduction de la pauvreté
vue leur faible contribution à la création d’emplois. Ainsi, la part du secteur
manufacturier pour l’ensemble des emplois crées, est de l’ordre de 9% (CEA et UA ;
2014).
L'industrialisation des pays d’ASS n’a pas permis d'accélérer le passage d'une
économie fondée sur l'agriculture et l'exportation des matières premières à une
économie moderne, génératrice d'emplois, améliorant les niveaux de vie des
populations (CNUCED, 2011). Il est nécessaire pour les pays africains, de réussir le
changement structurel pour créer les emplois aux jeunes (un nombre important des
nouveaux entrants sur le marché du travail a été estimée entre 7 à 10 millions chaque
année CNUCED ; 2011) et pour réduire de façon significative la pauvreté. Dotée de
plusieurs ressources naturelles, la croissance africaine est basée généralement sur
l’exportation des matières premières ce qui rend volatile cette croissance et plus
sensible à la détérioration des prix mondiaux. Par contre, lorsque elle est basée sur le
secteur secondaire, elle devient moins volatile aux chocs extérieurs d’où la nécessité
d’une transformation économique. L’importance de ce processus réside principalement
dans le fait que les économies transformées, ont généralement une croissance
économique forte, régulière, inclusive et créatrice d’emplois non vulnérables. Ce qui
améliore par conséquent le niveau de vie et réduit la pauvreté.
Concernant la variable retardée, le résultat dégagé confirme l’existence d’une relation
positive et significative à un seuil de 10% entre la variable dépendante et sa valeur
retardée. Le coefficient associé à P̃ retardé est de l’ordre de 0,12. Toute chose restant
égale par ailleurs, une augmentation d’un pourcent de P̃ ̃retardé entraine une
augmentation du taux de croissance de la pauvreté de 12%. Autrement dit, plus le
niveau initial de la pauvreté est élevé, plus sa valeur attendue est élevée.
4. Conclusion
Cette étude consistait somme toute à identifier les secteurs économiques qui ont le
potentiel le plus important de réduire la pauvreté en Afrique subsaharienne. On a
essayé d’expliquer les résultats mitigés en matière du rôle de la croissance économique
dans la réduction de la pauvreté en Afrique subsaharienne. Il va sans dire que ces pays
se caractérisent par une croissance économique vulnérable aux volatilités des prix des
matières premières. Une croissance basée sur des secteurs ayant un potentiel faible de
créer des emplois durables. L’Afrique subsaharienne ne maîtrisait pas bien son
environnement d’industrialisation et de son niveau de la transformation structurelle.
Seulement les secteurs d’agriculture et de services contribuent à la réduction de la
pauvreté. Pour renforcer la capacité du secteur d’industrie dans la diminution de la
pauvreté, ces pays devraient réussir la transformation structurelle.
En tirant profit des avantages comparatifs qu’ils possèdent dans les ressources
naturelles (produits de base), les pays d’Afrique subsaharienne peuvent développer
leur secteur industriel et manufacturier. Cette politique entraine le changement de la
structure des économies basées sur l’exportation des produits de base 9 à des économies
fondées sur des secteurs à fort potentiel. Ce qui entraine la création à grande échelle,
d'emplois durables et décents et réduit par conséquent le chômage et la pauvreté. Par
ailleurs, il est nécessaire de ne pas marginaliser les secteurs à faible productivité dont
les pauvres sont fortement attachés.
9
L’exportation exclusive des matières premières est nuisible à l’économie car elle est à faible
valeur ajoutée et avec une grande sensibilité aux prix mondiaux et leur volatiles sur les
marchés.
Références bibliographiques
BAD, OCDE et PNUD .2014. « Perspectives économiques en Afrique 2014 ».Édition
de poche, NewYork.E.-U.p21-48
Berardi,N. et Marzo,F. 2015. « The Elasticity of Poverty with respect to Sectoral
Growth in Africa », Review of Income and Wealth, Volume.63, Issue.1,pp. 147-
168
Bourguignon, F. 2003. « The Poverty-Growth-Inequality Triangle». Indian Council for
Research on International Economic Relations, New Delhy. on February 4, 2004.
Castles, I. 2014. « Measuring Wealth and Welfare: Why HDI and GPI Fail».
Measuring and Promoting Wellbeing How Important is Econ. Growth?
»Australian national University .p.253-270.
Christiaensen,L. et al. 2011 . « The (evolving) role of agriculture in poverty reduction-
An empirical perspective». Journal of Development Economics.p. 239–254
CEA et UA .2014. « Rapport Economique sur l’Afrique, Politique industrielle
dynamique en Afrique : institutions novatrices, processus efficaces et
mécanismes flexibles». Addis-Ababa,p 1-8.
CNUCED .2014. « Croissance et transformation structurelle : un programme de
développement pour l’après-2015». Nation-Unies, New York et Genève. 187 p
CNUCED et ONUDI .2011. « Le développement économique en
Afrique : promouvoir le développement industriel en Afrique dans le nouvel
environnement mondial». Nations Unies, New York et Genève. 107 p.
Ivanic, M.et Martin,W. 2017 . « Sectoral Productivity Growth and Poverty Reduction:
National and Global Impacts».World Development. p. 429-439.
Kakwani, N.C., Khandker, S. et Son, H.H. 2004. « Pro-Poor Growth: Concepts and
Measurement with Country Case Studies». Working Paper No. 2004-1,
International Poverty Centre, Brazil
Loayza, N.V. et Raddatz,C. 2010 . « The composition of growth matters for poverty
alleviation”, Journal of Development Economics .p. 137–151
Lucas,S. and Timmer,P. 2005 . « Connecting the poor to Economic Growth:Eight Key
Questions».Working Briefs. Center for Global Development, Washington, DC.
McMillan,M et al. 2014 . « Globalization, Structural Change, and Productivity
Growth, with an Update on Africa».World Development. pp. 11–32
Annexes
Annexe 1 : Liste des pays de l’échantillon
Pays de l’échantillon
Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, République de Congo Ethiopie,
Guinée, Lesotho, Malawi, Mozambique, Namibie, Nigéria, Rwanda,
Sénégal, Tanzanie, Togo, Ouganda, Zambie.
Number of parameters = 6
Number of moments = 6
Initial weight matrix: Identity Number of obs = 252
GMM weight matrix: Robust
-------------------------------------------------------------------------------------------
| Coef. Std. Err. z P>|z| [95% Conf. Interval]
-------------------------------------------------------------------------------------------
𝑃̃ |
L1. | .1228286 .0670277 1.83 0.067 -.0085433 .2542005
Yasa | -.0002397 .0001146 -2.09 0.038 -.0004691 -.0001032
yisi | .0021541 .0008129 2.65 0.009 .0005284 .0037798
ysss | -.0006168 .0002804 -2.20 0.029 -.0011775 -.0000561
ymsm | .0033354 .0009781 3.41 0.001 .0013978 .0052731
-------------------------------------------------------------------------------------------
/b01 | -.9291433 1.360621 -0.68 0.495 -3.595911 1.737625
-------------------------------------------------------------------------------------------
Instruments for equation 1: L.𝑃̃ yasa yisi ysss ymsm _cons
chi2(90) = 114.792
Prob > chi2 = 0.0401