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ETABLISSEMENT: MADIBA LEADERSHIP INSTITUTE ANNEE ACADEMIQUE :2022/23

CLASSE : L1 COMMUNICATION ET MEDIAS

ÉXPOSE EN ÉCONOMIE :
THÉME : LA PROBLÉMATIQUE DE L’EMPLOI EN
AFRIQUE

EXPOSANTS
Jeffrey ENGONEH
Djamil BARBOSA
Kemoko KONDE
Rebecca IKOMBO
Kaltouma Hisseine TADJADINE
PROFESSEUR :
Dr Souleymane KEITA
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PLAN
INTRODUCTION

I) ÉTAT DES LIEUX ET PREVISIONS SUR LA PROBLEMATIQUE


1) LE CHÔMAGE
2) LA SITUATION DE L’EMPLOI DES FEMMES
3) LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERES
4) DES PRÉVISIONS INQUIÉTANTES

II) LES PRINCIPALES OBSTACLES À L’ACCÈS À L’EMPLOI


1) LE MANQUE D’EXPÉRIENCE PROFESSIONNELLE
2) L’INADÉQUATION DES PROFILS AUX EMPLOIS
3) LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE
4) LE DÉVELOPPEMENT DE LA TECHNOLOGIE
5) L’ÉTAT ET SES RESPONSABILITÉS

III) LE CAS DE L’EMPLOI DES JEUNES


1) INDICATIONS SUR LE PROBLÈME
2) LES PERSPECTIVES

IV) QUELQUES SOLUTIONS DURABLES


1) FAVORISER L’AGRICULTURE ET LE DÉVELOPPEMENT URBAIN
2) ATTÉNUER LA CRISE GRÂCE AU MULTILATÉRALISME
3)INFORMALITÉ ET TRAVAIL INFORMEL
4) ACCÉLÉRER LA TRANSFORMATION
5) INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS, INTÉGRATION DANS LES
CHAÎNES DE VALEUR ET NUMÉRISATION

CONCLUSION

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INTRODUCTION
L’emploi est l’un des besoins fondamentaux de l’être humain, car c'est un facteur
d’intégration et d’autonomisation. L’Afrique est l’un des continents où on compte le
plus de chômeurs, constituant de facto un enjeu social, politique et économique
pour les gouvernants. De fait, la persistance du chômage peut se traduire par
le développement de la criminalité (cas du Nigéria avec les « scams 419 » ou du
Ghana et de la Côte d’Ivoire avec le phénomène de « broutage », qui pousse même
certains à commettre des crimes dits rituels). Pour résoudre le problème, plusieurs
structures tant nationales qu’internationales ont été instituées. C’est le cas d’ADEI
au Cap-Vert, d’ADPME au Congo Brazzaville, d’ADEPME et du SYNAPSE CENTER au
Sénégal, de l’AGRO-PME Fondation au Cameroun, d’ANPGF et du PASYD au Togo, du
CIPMEN au Niger, du FORSCOT et de l’INIE en Côte d’Ivoire, du ME au Bénin et au
Burkina Faso ou encore du PROMOGABON au Gabon, etc.
Le marché de l’emploi reçoit chaque année des milliers de diplômés sortis des écoles
et établissements de formation professionnelle. A ceux-là, il faut ajouter la
multitude de jeunes filles et garçons en fin d’apprentissage dans les structures
artisanales. En 2013, l'Afrique du Nord comptait 30% de jeunes chômeurs. En
Afrique subsaharienne, près de 60% de jeunes sont sans travail et chaque année
près de 10 à 12 millions arrivent sur le marché de l’emploi. En 2010, le taux de
chômage en Afrique Centrale était de 23,12%. En Juillet 2014, le taux de chômage
en Afrique australe a atteint 25,40%. Bien que les jeunes constituent le plus grand
atout pour l’Afrique, ils rencontrent aujourd’hui de sérieux problèmes pour s’insérer
sur le marché du travail, obérant leur éventuelle contribution au développement du
continent.

I) ÉTAT DES LIEUX ET PRÉVISIONS SUR LA


PROBLEMATIQUE

Au regard de la crise de l’emploi majeure qui sévit en Afrique et des politiques


économiques déployées sur le continent, la seule voie d’action possible aujourd’hui
consiste à interpeler radicalement la classe politique. Le statu quo n’est plus
tenable. La situation des populations africaines se dégrade, et pas seulement depuis
la pandémie, même s’il est indubitable que celle-ci a engendré un déclin

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spectaculaire de la situation des populations africaines. La pauvreté et le chômage


progressent de manière significative dans de nombreuses régions d’Afrique. Ainsi
cela devient urgent de faire un état des lieux.

1) LE CHÔMAGE
La majorité des 456 millions d’Africains (près de 60%) ont un emploi, la plupart sont
indépendants et occupent des emplois précaires. Au total, 33 millions (4%) sont au
chômage et 286 millions (40%) restent en marge du marché du travail. En ASS, seul
un petit pourcentage de travailleurs est salarié (17%) ; la plupart sont indépendants
dans des exploitations agricoles familiales ou des ménages (55%). Seuls 10% de
l’emploi total consistent en emplois salariés permanents dans le secteur privé. De
leur côté, les emplois publics représentent eux aussi une part de 10%
(administration publique et entreprises d’État). Les pays africains où l’emploi salarié
permanent/formel dans le secteur privé est le plus répandu sont l’Afrique du Sud
(46% de l’emploi total) et le Botswana (23%). Les taux de croissance de l’emploi sont
très faibles dans toutes les régions d’Afrique. En Afrique de l’Ouest, en Afrique
centrale et en Afrique de l’Est, ils se situent en moyenne entre 2 et 3 %, soit bien
moins que la croissance démographique. En Afrique australe, les taux de croissance
de l’emploi sont bien en-deçà de 3% depuis 2000, et même 2% au cours des cinq
dernières années
Le taux de chômage varie considérablement d’un pays à l’autre. Les études
montrent que, dans la plupart des pays africains, moins de 20% des personnes
entrant sur le marché du travail trouvent un emploi salarié, bien que des taux plus
élevés soient signalés en Afrique du Sud, au Botswana et au Nigeria. En Afrique
australe – notamment en Afrique du Sud, en Eswatini, au Lesotho et en Namibie – le
nombre de chômeurs est extrêmement élevé. Le taux de chômage en Afrique
australe est de 30%, contre 6 à 8% dans les pays d’Afrique de l’Ouest et de l’Est. Le
taux de croissance du PIB de l’Afrique du Sud a considérablement chuté et est
inférieur à 3% depuis cinq ans
La situation au Sénégal est quelque peu différente : les travailleurs informels sont
principalement employés dans l’agriculture (23%), le commerce de détail (22%) et
l’industrie manufacturière (12,5%). Le secteur tertiaire prédomine. Au total, 45% des
Sénégalais de 15 ans et plus sont en situation d’emploi. Plus de 97% des emplois
sont considérés comme informels. Le fait que 41% des 15-34 ans ne soient ni

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employés ni dans le système éducatif (NEET) est considéré comme particulièrement


critique. C’est le cas de 51% des femmes et de 29% des hommes de cette tranche
d’âge. Le taux de NEET chez les jeunes ruraux qui s’élève à 49% est supérieur.

2) LA SITUATION DE L’EMPLOI DES FEMMES


Le processus de transformation a modifié le marché du travail en Afrique. Toutes les
données indiquent qu’il est plus difficile pour les femmes et les jeunes femmes de
tirer profit de ces transitions. Les inégalités de genre sur le marché du travail se
manifestent sous différentes formes, selon le niveau de développement du pays. La
participation des femmes et des hommes au marché du travail est très similaire
dans les pays à faible revenu et dans les pays à revenu faible à intermédiaire. Quel
que soit le genre, les personnes sont obligées de travailler pour subvenir à leurs
besoins et à ceux de leur famille. Mais il existe aussi des différences considérables,
qui se manifestent surtout dans l’inégalité d’accès au travail salarié. La part de la
main-d’œuvre féminine dans l’agriculture est supérieure à la part de la main-
d’œuvre masculine. Mais les femmes possèdent moins de terres, ont moins accès au
crédit, à la technologie et aux autres moyens de production, ce qui limite leur
productivité et se traduit par un nombre plus élevé de femmes confrontées à
l’extrême pauvreté. Plus de 60% des femmes en milieu rural tirent leurs revenus de
petites exploitations agricoles. Elles sont souvent non rémunérées ou sous-payées.
Elles assument une part disproportionnée des tâches de soins à autrui, notamment
la garde des enfants, des personnes âgées et des malades. Il y a davantage de
femmes que d’hommes analphabètes Les femmes travaillent principalement à leur
compte dans le secteur informel. Il existe peu d’emplois pour les femmes dans
l’industrie moderne. Les hommes ont beaucoup plus de chances que les femmes de
trouver un emploi salarié dans le cadre du processus d’urbanisation.

3) LES INVESTISSEMENTS DIRECTS ETRANGERES


Entre 2003 et 2014, les IDE en Afrique (ASS plus Afrique du Nord) auraient créé plus
de 646 000 emplois dans le secteur manufacturier, 281 000 emplois dans les
services, 159 000 emplois dans les industries de pointe et 220 000 emplois dans
l’industrie extractive, soit une moyenne d’environ 100 000 emplois par an sur cette
période. Avec l’augmentation des apports d’IDE, le nombre d’emplois nouvellement
créés a également augmenté (en moyenne, environ 140 000/an sur 2014-2018).

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Selon l’OIT, « Si l’on prend en compte toutes les entreprises pour lesquelles des
données sont disponible sont disponible, le secteur secondaire crée 2,75 emplois
pour chaque million de dollars d’investissements directs étrangers (IDE). Pendant ce
temps, (...) le secteur primaire (l’extraction) crée seulement 0,6 emploi pour chaque
million de dollars d’IDE. » 31. Au cours de la période 2014-2018, la plupart des
nouveaux emplois créés grâce aux IDE se trouvaient en Éthiopie, en Afrique du Sud,
au Nigeria, au Kenya et en Ouganda, dont la majorité dans l’agriculture, tandis que
les emplois industriels jouaient un rôle moins important au cours de cette période
(voir graphique 14). Si l’on compare les années 2014 et 2000, les IDE ont créé
beaucoup plus d’emplois en Éthiopie et au Kenya, tandis que les chiffres ont eu
tendance à diminuer en Afrique du Sud et au Sénégal.

4) DES PREVISIONS INQUIETANTES


D’ici 2050, l’Afrique abritera 25 pour cent de la main-d’œuvre mondiale. Pourtant,
rien ne garantit que ces travailleurs – en particulier la proportion croissante de
jeunes parmi eux – seront en situation d’emploi, et encore moins dans des emplois
décents. Le chômage, le sous-emploi, l’emploi informel et l’emploi vulnérable
constituent les principaux défis sociaux en Afrique subsaharienne (ASS). Ils éclipsent
tous les autres problèmes. Et il ressort clairement de cette analyse que les défis
sous-jacents sont appelés à s’accentuer, dès lors que la croissance démographique
demeure élevée et que la pauvreté et le chômage augmentent. En 2013, la Banque
mondiale a annoncé l’entrée de dix millions de nouveaux arrivants sur le marché du
travail chaque année. Aujourd’hui, près de dix ans plus tard, d’autres institutions
rapportent qu’au moins 20 millions de jeunes cherchent du travail chaque année.
Face à la croissance démographique, une forte croissance de l’emploi est nécessaire.
Pour illustrer l’écart considérable entre l’offre et la demande en matière d’emploi,
prenons l’exemple de l’Ouganda : 400 000 jeunes Ougandais entrent chaque année
en concurrence sur le marché du travail, tandis qu’à peine près de 52 000 emplois
formels sont à pourvoir. Il y a quelques années, la Banque mondiale, les
gouvernements occidentaux et la société civile ont commencé à concentrer leurs
discussions sur ce qu’ils ont appelé le « dividende démographique », qui équivalait
pour l’essentiel à une stratégie d’évasion. Il s’agissait par exemple de mettre à
disposition, sur le marché du travail des sociétés vieillissantes d’Europe, de Chine,
du Japon, des États-Unis, etc., la main-d’œuvre non employée en Afrique. Depuis,
les responsables politiques évoquent le dividende de main d’œuvre comme la

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panacée aux problèmes d’emploi sur le continent. Il s’agit donc, à travers le présent
document, Il y a quelques années, la Banque mondiale, les gouvernements
occidentaux et la société civile ont commencé à concentrer leurs discussions sur ce
qu’ils ont appelé le « dividende démographique », qui équivalait pour l’essentiel à
une stratégie d’évasion. Il s’agissait par exemple de mettre à disposition, sur le
marché du travail des sociétés vieillissantes d’Europe, de Chine, du Japon, des États-
Unis, etc., la main-d’œuvre non employée en Afrique. Depuis, les responsables
politiques évoquent le dividende de main d’œuvre comme la panacée aux
problèmes d’emploi sur le continent.

II) LES PRINCIPALES OBSTACLES À L’ACCÈS À


L’EMPLOI
Si le chômage s’accentue en Afrique, c’est parce que les obstacles à l’accès à
l’emploi se multiplient et tiennent à plusieurs paramètres.
1) LE MANQUE D’EXPÉRIENCE
PROFESSIONNELLE
Le manque d’expérience professionnelle a toujours constitué le principal obstacle
pour accéder à un emploi, du fait que les entreprises recherchent davantage des
séniors que des juniors qu’elles auraient à former. Dans ce contexte, les contrats à
courte durée (comme les stages) sont rares. Il est estimé que dans 89% des pays
africains, l'offre d’emplois est insuffisante pour absorber la demande. Les seuls
stages existants sont offerts par l’Etat à travers les institutions nationales, dans les
ministères ou par certaines sociétés privées qui disposent des ressources financières
suffisantes pour rémunérer les stagiaires. Seulement ces stages ne sont pas la
garantie d’une embauche et le stage peut être, parfois, reconduit, pour permettre à
l’entreprise de ne pas perdre les compétences mais aussi d’avoir une main d’œuvre
peu onéreuse sans être inquiétée. Ainsi les entreprises peuvent garder un candidat
en situation de stagiaire pour une longue durée et en disposer à leur guise.

2) L’INADÉQUATION DES PROFILS PAR RAPPORT AUX EMPLOIS


L’inadéquation entre les formations et les profils recherchés par les entreprises est
aujourd’hui l’une des principales causes du chômage en Afrique. D’autres n’ont
simplement pas l’information concernant les offres disponibles. L’absence
d’informations sur le marché du travail, l’inadéquation entre formation et profils
recherchés et l’attitude des employeurs sont des obstacles majeurs dans près de

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49% des pays africains. Si les diplômés n’arrivent pas à s’accommoder aux
compétences exigées devant les tâches à exécuter c’est surtout parce que le
système éducatif n'est pas actualisé en fonction des nouvelles méthodes. En effet, la
majorité des formateurs n’actualise pas leur niveau de connaissances. Les centres de
formation poussent comme des champignons dans les pays africains, notamment
dans le domaine des télécoms ou dans la gestion, mais très peu d’entre eux
proposent des formations, avec un syllabus propre au 21ème siècle et en
adéquation avec les besoins du marché. Pour celles qui proposent des formations de
qualité, elles s’inspirent de modèles occidentaux, occultant le plus souvent les
réalités locales. Ainsi les diplômés de ces écoles ont des profils et des prétentions
salariales tels que les futurs employeurs ne peuvent se permettre de les embaucher.

3) LA CROISSANCE DÉMOGRAPHIQUE
La situation des marchés du travail africains se détériore en raison de la forte
croissance démographique persistante. Même dans les villes, la croissance
démographique demeure très forte, et cela s’explique principalement par les taux
de natalité toujours aussi élevés, bien que plus faibles que dans les régions rurales.
La croissance des centres urbains n’a pas pour principale cause l’exode rural. L’afflux
de 15 à 20 millions de personnes sur le marché du travail et le faible capacité
d’absorption des secteurs formels illustrent à quel point la situation se dégrade.
Cinq pour cent à peine des personnes entrant sur le marché du travail seraient en
mesure de trouver un emploi dans les secteurs formels.
La forte croissance économique de ces 15 dernières années s’est dissociée de la
croissance de l’emploi. En conséquence, la croissance sans emploi et une croissance
accompagnée d’une augmentation de l’informalité sont de mise dans la plupart des
pays. Une augmentation d’un pour cent de la croissance du PIB n’entraînait qu’une
croissance de 0,4 pourcent de l’emploi. L’emploi a progressé de moins de 1,8 pour
cent, ce qui est bien inférieur à la croissance de trois pour cent de la population
active.

4) LE DÉVELOPPEMENT DE LA TECHNOLOGIE
La numérisation, la robotisation et l’intelligence artificielle peuvent créer mais aussi
menacer des emplois et entraîner le remplacement de la main-d’œuvre. Les
nouvelles technologies pourraient finir par faire basculer l’ASS dans une situation
critique. C’est plus particulièrement au moment où certains pays veulent
s’industrialiser et s’établir dans les CVM que la pression de la numérisation peut

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détruire tous les espoirs de création d’emplois dans les secteurs modernes de
l’économie. La révolution numérique peut également exacerber les problèmes
territoriaux en raison de la concentration de l’économie numérique dans les grandes
villes, ce qui accroît les différences entre territoires. Les zones rurales et les petites
villes sont déconnectées de la numérisation, alors que des entreprises proposant
des emplois hautement qualifiés apparaissent dans les pôles économiques.

5) LES RESPONSABILITÉS DE L’ÉTAT


Aujourd’hui, des verrous supplémentaires existent et empêchent sérieusement les
jeunes d’accéder à l’emploi. Les gouvernements africains ne privilégient pas la
cession des unités de production prioritairement aux nationaux qui disposent
d’assises financières conséquentes. Ils préfèrent les concéder aux multinationales
appartenant aux non africains. Ces gouvernants africains développent ainsi une
propension à livrer des combats aux unités de production appartenant aux
nationaux qui ne partagent pas la même opinion politique qu’eux. Dès que ces
responsables nationaux résistent à les accompagner dans leurs différentes actions
politiques, ils sont systématiquement pris pour cibles. Alors, ils voient leurs activités
menacées (des redressements fiscaux qui n’en finissent pas) et sont obligés soit de
fermer leurs entreprises, soit de s’expatrier dans un autre pays africain
(éventuellement) pour mener leurs affaires. Parfois l’Etat prend possession des
sociétés appartenant à des personnes privées au nom d’un soi-disant « intérêt
général ». Ces unités de productions nationales ne pouvant plus continuer leurs
activités, mettent en chômage les milliers d’employés qui viennent grossir le
nombre des demandeurs d’emploi sur le marché du travail.

Aussi, la propension des gouvernants africains à maintenir les retraités en fonction


parce que ces derniers constituent des soutiens importants dans leurs localités pour
des intérêts personnels politiques, constitue un trou noir dans l’équation africaine
sur le chômage. Il est courant de voir des dirigeants ou responsables à divers
niveaux des sociétés ou institutions à la fin de leur carrière, continuer à travailler
avec ou sans contrat. Même si à certaines occasions de recrutements, les
gouvernants décident de pourvoir à des postes dans la fonction publique, dans les
institutions ou dans les sociétés d’Etat, les recrutés sont pour la plupart de la même
obédience politique, ethnique ou religieuse que ces gouvernants. Près de 72% des
jeunes africains demandeurs d'emplois estiment que « les emplois ne sont confiés
qu’à ceux qui ont des relations », ceci pour signifier leur déception vis-à-vis d’un
système de gouvernance jugé injuste, parce que les relations dépendent

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essentiellement du milieu d’où l’on vient et d’un accès à des cercles privilégiés que
la plupart des jeunes n’ont pas et qu’ils ne peuvent obtenir.

Pire, les pratiques de certains gouvernants africains consistent à distribuer des


postes à des connaissances. Le favoritisme et le népotisme règnent en maître dans
tous les processus de recrutement dans les structures administratives de l’Etat. Les
listes sont établies avant les jours prévus pour les tests de recrutement. Les tests
sont donc organisés pour la forme. S’il s’agit des chômeurs qui montent leurs
propres projets pour s’auto-employer, ils sont confrontés au phénomène de
chapelle politique. Ainsi leurs projets ne reçoivent pas de financements de la part de
l’Administration Centrale. Il en est de même des cabinets ou organismes privés de
recrutements. Les tests organisés par ces derniers souffrent souvent de
transparence.

Les pouvoirs publics africains doivent en priorité remédier aux obstacles subjectifs
que rencontrent les entreprises et les sociétés (moins nombreuses) et surtout les
PME/PMI qui dominent plus le secteur privé. L’exécution des marchés publics est
pour la plupart faite par des entreprises étrangères, réduisant celles nationales en
sous-traitantes. L’égalité des chances doit être le maître mot des gouvernants
africains. Si ces facteurs subjectifs persistent, la pression démographique
s’accentuant, les demandeurs d’emplois s’augmentant, les espoirs que continuent
de susciter le renouveau démocratique dans les pays africains cèderont la place aux
bouleversements politiques que ne contiendront pas les autorités politiques. En
effet, si l’environnement économique ne permet pas aux PME de se développer
pour créer plus de la richesse (le taux de survivance des PME/PMI sur le marché
étant de plus en plus faible), elles ne peuvent pas absorber la main d’œuvre
importante, constituée en majorité de jeunes dont la frustration peut engendrer
d’importants remous sociaux (on se rappellera de la Tunisie en 2011).

III) LE CAS DE L’EMPLOI DES JEUNES :


UN PROBLÈME MAJEUR
L’Afrique compte 200 millions de jeunes âgés de 15 à 24 ans, soit plus de 20 % de
la population. Le continent connaît une croissance rapide de sa population et est
entré dans une phase de lente transition démographique qui va augmenter la
pression à laquelle les pays sont confrontés en termes de création d’emploi. La
grande majorité des jeunes sont des ruraux qui travaillent principalement dans
l’agriculture où ils représentent 65 % de l’emploi total. La jeunesse africaine ne
forme toutefois pas un groupe homogène et ses perspectives d’emploi varient en
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fonction de plusieurs facteurs (région, niveau d’instruction, etc.), ce qui implique des
interventions différenciées de la part des pouvoirs publics. Néanmoins, le jeune
Africain médian est facilement identifiable : c’est une jeune femme de 18 ans et
demi habitant dans une région rurale, sachant lire et écrire mais ne faisant pas
d’études.

1) QUELQUES INDICATIONS SUR LE PROBLÈME

Certains faits stylisés semblent montrer que :


• Les jeunes représentent 37 % de la population en âge de travailler, mais 60 %
du total des chômeurs.
• Le chômage des jeunes est beaucoup plus répandu dans les zones urbaines.
• Les jeunes ruraux ont des journées de travail plus longues et consacrent
beaucoup plus de temps aux tâches domestiques.
• Les jeunes ruraux travaillant dans l’agriculture sont désavantagés par rapport
à ceux qui exercent une activité non agricole.
• Les jeunes citadins ont plus de possibilités de faire des études et ils les
poursuivent plus longtemps.
• Les jeunes connaissent davantage le chômage et le sous-emploi que les
adultes, et sont beaucoup plus représentés qu’eux dans le secteur informel.
• Les jeunes ont plus de probabilités d’avoir des journées de travail plus longues
et d’occuper des emplois intermittents ou précaires, caractérisés par une
productivité et une rémunération faible.
• Parmi les jeunes, les femmes ont des journées de travail plus longues et ont
plus de probabilités de se trouver en sous-emploi ou de ne pas faire partie de la
population active.
• Les jeunes commencent à travailler tôt (un quart des enfants de 5 à 14 ans
travaillent), en particulier en milieu rural.
• Les jeunes migrants ont davantage de probabilités d’être au chômage ou de
ne pas faire partie de la population active que leurs homologues non migrants.
• Dans la tranche d’âge des jeunes, les femmes et les ruraux sont confrontés à
des difficultés encore plus importantes, particulièrement en raison des
maternités précoces et du manque d’opportunités d’éducation et d’emploi.
Beaucoup de jeunes quittent la campagne pour la ville dans l’espoir d’y trouver
des emplois et de meilleures conditions de travail. Mais parce que la plupart des
pays ne se sont pas encore engagés sur la voie de l’industrialisation, les centres

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urbains ne sont pas en mesure de créer une grande masse d’emplois. Par
conséquent, à court terme, seules les activités rurales, agricoles ou non, peuvent
effectivement créer des emplois pour la plupart des nouveaux arrivants sur le
marché du travail.

2) LES PERSPECTIVES

Compte tenu des difficultés que rencontrent les jeunes sur les marchés de
l’emploi, seul un ensemble d’actions concertées sur le long terme, couvrant un large
éventail de politiques et de programmes, permettra de leur assurer un emploi. Des
interventions fragmentées et isolées ne peuvent en aucun cas déboucher sur un
succès durable. Une stratégie intégrée de développement rural, de croissance et de
création d’emplois représente non seulement une nécessité mais constitue de fait le
fil directeur primordial qui doit guider l’action des pouvoirs publics. Cette stratégie
devra couvrir les deux aspects de l’offre et de la demande du marché du travail, et
tenir compte de la mobilité des jeunes vers les zones urbaines. Elle devra aussi être
associée à des interventions ciblées aidant les jeunes à surmonter les handicaps
qu’ils rencontrent pour entrer sur le marché du travail et s’y maintenir.
D’après un inventaire des actions entreprises pour insérer les jeunes sur le
marché du travail, il semble qu’une approche globale, axée sur la fourniture de
services multiples, donne de meilleurs résultats que des interventions fragmentées.
En Amérique latine, les programmes « Jovenes » par exemple ont fait l’objet de
nombreuses analyses et été salués comme une réussite pour l’aide apportée aux
jeunes travailleurs des pays en développement. Ils utilisent un modèle keynésien,
qui cible les jeunes économiquement défavorisés, encourage la participation du
secteur privé et stimule la concurrence entre les prestataires de services de
formation. Ces programmes ont permis d’améliorer le placement et la rémunération
des jeunes, mais ils sont devenus particulièrement coûteux pour certains pays, qui
les ont remplacés par des interventions plus modestes et plus ciblées.

L’agriculture moderne offre un potentiel très important de création d’emplois et


de richesse, et peut absorber un grand nombre de jeunes candidats à la migration
ou de jeunes qui font actuellement ployer les villes sous le sous-emploi. Un choix
judicieux d’investissements à forte intensité de main-d’œuvre dans l’agriculture et
d’autres activités rurales non agricoles peut créer des opportunités immédiates

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d’emplois à court terme, plus accessibles aux jeunes. Combinée à des stratégies de
développement économique appropriées au niveau local, cette approche peut
permettre de créer des emplois plus nombreux et plus durables. Il faut pour cela
élaborer des stratégies qui rendent l’option agricole suffisamment attractive pour
que les jeunes s’y engagent ; il faut en particulier réduire l’importance de
l’agriculture de subsistance et promouvoir la commercialisation et les gains de
productivité par l’innovation technologique et l’appui des infrastructures. En créant
des emplois et en élargissant leur offre éducative, les régions rurales peuvent
devenir plus attrayantes pour les jeunes travailleurs, ce qui à la longue freinera
l’exode rural. Cette migration représente un problème extrêmement important et
les gouvernants doivent s’efforcer de la ralentir afin d’empêcher la progression du
chômage et du sous-emploi des jeunes dans les centres urbains et d’éviter que les
conditions de vie ne se dégradent davantage dans les villes africaines déjà
surpeuplées. Investir dans l’éducation rurale créera également des opportunités
permettant aux ruraux de migrer dans de meilleures conditions et de contribuer à la
croissance économique des villes.

En dehors de développer les emplois ruraux, il est nécessaire d’améliorer le cadre


de l’investissement et l’environnement macroéconomique, d’encourager et soutenir
l’esprit d’entreprise et le secteur informel, d’améliorer l’accès à l’éducation et à la
formation, de prêter attention aux problèmes démographiques, notamment à la
maternité précoce, de s’attaquer au problème des jeunes aux prises avec la violence
et les conflits, et d’améliorer la situation des marchés de l’emploi. Telles sont les
mesures les plus urgentes que les pouvoirs publics doivent prendre pour remédier
durablement aux problèmes de l’emploi des jeunes en Afrique.

IV) QUELQUES SOLUTIONS DURABLES

1) FAVORISER L’AGRICULTURE ET LE DÉVELOPPEMENT URBAIN


La plupart des personnes pauvres dans les PFR sont des agriculteurs
indépendants qui produisent de la nourriture pour leur propre consommation ou
pour un marché local, généralement dans des régions reculées. Au fur et à
mesure de l’augmentation des revenus de la classe moyenne urbaine et de
l’évolution des habitudes de consommation alimentaire, l’un des défis les plus
importants sera de s’assurer que les plus pauvres puissent diversifier leur travail
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et leurs revenus en se tournant vers des biens et des services de valeur


supérieure. La demande croissante de nourriture en milieu urbain peut avoir une
incidence positive en ajoutant de la valeur aux chaînes de valeur locales et
régionales par le biais d’incitations et d’allégements fiscaux, créant ainsi
davantage d’emplois salariés ruraux.
2) ATTÉNUER LA CRISE GRÂCE AU MULTILATÉRALISME
Un nouveau programme multilatéral s’impose par ailleurs dans la perspective de
soutenir les efforts de l’Afrique au niveau mondial. Depuis une vingtaine d’années,
des appels croissants ont été lancés en faveur d’une réforme du système
multilatéral, tel qu’on le connaît aujourd’hui. Le multilatéralisme du XXIe siècle doit
donner la priorité au bien-être des plus démunis, contribuer à la création d’emplois
décents pour celles et ceux qui évoluent dans les secteurs informels et éliminer le
travail précaire et vulnérable.
3) INFORMALITÉ ET TRAVAIL INFORMEL
Plusieurs experts ont recommandé des stratégies à deux volets qui, outre la
promotion du secteur de l’entreprise moderne, veillent également à accroître la
productivité et les revenus dans les micro-entreprises paysannes et informelles.
L’établissement de liens est un outil particulièrement important afin de niveler
les divergences croissantes. Un soutien ciblé en faveur de certains secteurs
économiques ajouterait de la valeur aux chaînes de valeur locales et pourrait
également profiter aux PME, aux agriculteurs ainsi qu’aux travailleurs. Ce soutien
inclut de renforcer les relations avec les fournisseurs et le transfert de
connaissances entre l’économie moderne et l’économie informelle, ainsi que
d’appuyer les programmes d’emploi dans le secteur public qui peuvent servir à
soutenir les ménages, les microentreprises du SI et aussi l’agriculture. Les
programmes publics d’emploi exercent des effets secondaires positifs en
fournissant des infrastructures locales et autres qui, à leur tour, augmentent les
possibilités d’emploi des travailleurs pauvres et la productivité de l’économie
locale.
4) ACCÉLÉRER LA TRANSFORMATION
L’Afrique subsaharienne nécessite une transformation économique accélérée pour
créer des emplois plus nombreux et de meilleure qualité. Il convient de noter deux
aspects essentiels de cette transformation. La première étape consiste à réaffecter
les ressources sectorielles, ce qui augmente la productivité en déplaçant les
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CLASSE : L1 COMMUNICATION ET MEDIAS

ressources des activités moins efficaces vers des activités plus productives. Les
politiques de réaffectation sectorielle comprennent des mesures visant à
développer le marché et à promouvoir le commerce extérieur et les IDE.
5) INVESTISSEMENTS DIRECTS ÉTRANGERS, INTÉGRATION DANS LES
CHAÎNES DE VALEUR ET NUMÉRISATION
Les IDE et les CVM occupent une place importante dans les discussions et méritent
donc une attention plus soutenue. La participation aux CVM peut générer des
emplois plus nombreux et mieux rémunérés en réattribuant des ressources vers des
activités plus productives et en créant des relations en amont et en aval dans les
CVM. L’intégration des entrepreneurs locaux dans les CVM peut certes créer
davantage d’emplois et d’opportunités d’emplois pour les nombreux travailleurs
non qualifiés, mais une plus grande spécialisation dans les activités hautement
qualifiées dans la chaîne de valeur s’avère également nécessaire aux fins de stimuler
la productivité.

CONCLUSION
En résumé, dans l’Afrique d’aujourd’hui, il semble peu probable que la croissance
économique à elle seule permette de créer les emplois nécessaires. Des
changements fondamentaux s’imposent, tout comme des mesures d’atténuation en
vue de relever les défis de plus en plus complexes de l’emploi. Même une croissance
inclusive ne suffit pas. Des mesures urgentes doivent être prises pour promouvoir la
croissance de l’emploi et des salaires. Il convient de décourager la tendance aux
emplois mal rémunérés et peu qualitatifs. Les gouvernements doivent réaligner
leurs stratégies afin d’établir des dispositifs de protection sociale, protéger les
travailleurs et introduire des réglementations solides qui replacent le travail au cœur
de leurs activités. La crise de l’emploi s’accentue. La stratégie adoptée par les
gouvernements africains et les organisations internationales, qui consiste à proposer
des incitatifs inéquitables aux grandes entreprises et aux investisseurs étrangers, et
les distorsions causées par la focalisation sur la production de produits de base, tout
en plaçant l’agriculture, les petits exploitants agricoles, les travailleurs ruraux et les
PME locales en situation de désavantage, sont un cuisant échec. Il devient de plus en
plus évident, notamment en raison des ramifications de la pandémie, qu’il ne suffit
plus de se contenter de ravauder, ici ou là, face aux défis posés par la grande
transformation de l’Afrique.

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