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All content following this page was uploaded by Armand Fréjuis Akpa on 14 August 2019.
frejuisakpa@gmail.com
Résumé : Ce papier a pour objectif d’analyser les enjeux et défis de la jeunesse africaine face à
l’entreprenariat. L’étude a montré que le chômage des jeunes prend de plus en plus d’emploi en Afrique et
que la solution pour juguler ce problème passe par l’entreprenariat. Sur la question, des avancées
considérables ont été faites pour encourager l’entreprenariat des jeunes en Afrique mais les jeunes restent
encore confrontés à de nombreuses obstables. Parmi ces obstacles, on peur citer : l’attitude de la société à
l’égard de l’entrepreneuriat, le manque de compétences, l’insuffisance de la formation à l’esprit d’entreprise,
le manque d’expérience professionnelle, l’absence de fonds propres, l’absence de contacts et barrières
inhérentes au marché, les formalités sont plus lourdes et plus longues, le coût de démarrage, le capital
minimum obligatoire et le manque d’accès aux informations particulièrement pertinentes pour les activités
entrepreneuriales. Des politiques visant à éduquer la société et notamment les parents qui sont souvent peu
informés des exigences et des perspectives de l’entrepreneuriat à la culture entrepreneuriale ainsi qu’à
informer les jeunes qui ont ou qui désirent créer leur entreprise sur toutes les formalités à remplir et sur
l’existence des programmes publics dédiés à l’amélioration de la productivité de leur entreprise faciliterait la
création d’entreprise par beaucoup de jeunes.
Mots clés : Jeunnesse, Chômage, Entreprenariat, Obstacles, Afrique
1. Introduction
La question de l'emploi occupe une place prépondérante dans les débats politiques de développement de
toutes les nations du monde entier car elle retient l’attention des gouvernements qui cherchent les voies et
moyens les plus appropriés pour pallier aux problèmes de chômage afin de sortir leurs populations de la
précarité. Le souci principal des gouvernements est de permettre à leurs populations non seulement de
subvenir à leurs besoins mais aussi de contribuer au développement socio-économique. Malgré, les efforts
des gouvernements dans la recherche des moyens pour la réduction du chômage, il continue de prendre de
l'ampleur dans le monde (Figure 1) et passera de 172,5 millions de personnes en 2018 à 173,6 millions de
personnes en 2019 (Organisation International du Travail [OIT], 2019).
La jeunesse qui est généralement considérée comme la période de transition comprise entre l’enfance et l’âge
adulte, à des fins pratiques, est définie par référence à des tranches d’âge constitue la couche de la population
la plus vulnérable au chômage. Pour les Nations Unies, la jeunesse est la tranche d’âge comprise entre 15 et
24 ans par contre l’Union Africaine la définit entre 15 et 35 ans. En 2006, 86,3 millions des chômeurs dans
le monde sont des jeunes âgés de 18 à 24 ans ; soit 44% des chômeurs dans le monde (Bureau International
du Travail [BIT], 2006). Par contre, en 2013 le nombre de jeunes au chômage est passé à 73,4 millions ; soit
une diminution de 14,95% (BIT, 2013). En Afrique, le taux de chômage des jeunes au chômage est 12,6%
(Banque mondiale, 2014a)
Ces dernières années, la solution proposée par les gouvernements et les organisations internationales pour
réduire le chômage des jeunes est la promotion de l'entrepreneuriat dont celle agricole (Conférence des
Nations Unies sur le Commerce et le Développement [CNUCED], 2014). Brooks et al., (2012) et Kararach
et al., (2011) révèlent que seule l’agriculture peut être une source stable d’emploi dans les économies
fortement dépendantes de l’agriculture à court et moyen terme. Sur la question de l’entreprenariat, il faut
noter que les pays développés ont une avance considérable par rapport aux pays de l’Afrique. Au Québec
par exemple, une étude menée sur l’entreprenariat a montré que plus de la moitié de la population avait une
vision positive de l'entrepreneuriat et 62,6% pensaient que créer sa propre entreprise était le meilleur choix
de carrière (Centre de Vigie et de Recherche sur la Culture Entrepreneuriale [CVRCE], 2011). Dans l’étude,
les jeunes sont ceux chez qui la culture entrepreneuriale était la plus développée car 38,3% d’entre eux
préfèrent choisir l'entrepreneuriat comme choix de carrière.
Dans certains pays d’Afrique comme la Tunisie, la culture entrepreneuriale est relativement plus développée
chez les jeunes car de plus en plus d’entre eux se lancent dans l'entrepreneuriat. Dans les zones urbaines,
environ 13,1% des jeunes hommes travaillent indépendamment tandis qu’en zone rurale, l'effectif tend à la
baisse avec une proportion de 7,9% (Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement
[BIRD], 2014). Une étude menée en Zambie en 2002 a montré qu’environ un quart des jeunes avaient créé
leur propre entreprise dans le secteur du commerce et des services (Chigunta, 2002). Malgré tout, le chômage
des jeunes constitue un réel défi à relever pour les autorités zambiennes. En 2008, 63% des 15 à 19 ans et
48% des 20 à 24 ans de jeunes des zones urbaines vivaient au chômage. Chaque année, près de 300 000
jeunes intègrent le marché du travail apathique où les perspectives d'emploi se font rares et où le fort taux
de chômage génère des tensions politiques et économiques dans tout le pays (Perspectives Économiques en
Afrique [PEA], 2012).
Ces statistiques mettent en lumière les difficultés liées à la mise en œuvre des politiques de promotion de
l'entrepreneuriat des jeunes. Le dispositif mis en place ne fonctionne certainement pas comme il le faut. Les
initiatives de promotion et de développement des entreprises par les jeunes ne produisent pas le fruit
escompté. Cela amène à se poser la question suivante : qu'est ce qui empêche le passage des jeunes de
l’Afrique à l'acte entrepreneurial ? Pour répondre à cette question, nous allons nous servir des statistiques
descriptives.
Aussi lorsqu’on analyse la situation du chômage des jeunes hommes et des jeunes femmes de 15 à 24 ans en
Afrique en 2018, on remarque que le taux de chômage des jeunes hommes et des jeunes femmes en Afrique
du nord est plus élevé à celui de l’Afrique subsaharienne (Tableau 2). En Afrique du Nord, on remarque que
les jeunes femmes sont les plus vulnérables au chômage (41,18% de jeunes femmes contre 29,28% de jeunes
hommes). Les mêmes tendances sont observées en Afrique subsaharienne avec un taux de chômage des
jeunes hommes de 12,74% contre 14,37% pour les jeunes femmes (Tableau 2).
Afrique du Sud
47,93 50,79 50,00 51,50 51,32 51,27 50,16 53,41 53,57 52,85
Angola 24,00 20,55 16,93 16,95 17,15 17,16 16,93 16,98 16,73 17,06
Bénin 1,94 2,21 5,40 5,55 5,37 5,17 5,11 4,94 4,44 4,23
Botswana 32,50 35,24 35,60 36,03 36,61 37,02 36,83 36,80 36,57 37,14
Burkina Faso 5,54 6,17 6,79 7,55 8,26 8,60 8,93 8,39 7,89 7,95
Burundi 3,13 3,15 3,13 3,06 3,02 2,88 2,98 2,90 2,80 2,86
Cameroun 5,64 6,31 6,30 6,24 6,24 6,05 6,08 5,99 5,81 5,76
Cap-Vert 18,85 18,97 19,62 20,96 22,00 21,98 22,36 22,84 22,92 23,11
République Centrafricaine
12,49 12,56 12,68 12,50 12,69 12,28 12,04 11,86 11,52 11,52
Comores 9,23 9,34 9,41 9,33 9,26 9,18 9,04 8,75 8,46 8,47
République du Congo
33,70 30,08 26,00 22,10 22,17 21,18 21,64 21,59 22,43 22,83
République démocratique du Congo 6,55 7,13 7,92 8,41 8,30 7,79 7,84 8,09 7,71 7,75
Côte-d’Ivoire 9,10 9,52 10,43 10,07 6,37 5,45 4,59 3,79 3,62 3,49
Djibouti 20,86 22,21 22,26 22,33 21,57 21,81 20,86 20,94 21,30 21,33
Erythrée 11,47 11,70 11,76 11,92 12,07 12,01 11,96 11,80 11,49 11,57
Eswatini 50,26 49,68 48,86 47,79 47,04 45,83 44,70 43,32 43,04 44,15
Ethiopie 3,50 3,58 3,45 3,34 3,44 3,21 3,08 2,97 2,77 2,78
Gabon 35,12 35,96 36,16 35,99 35,94 35,76 35,99 35,50 35,14 35,13
Gambie 13,38 13,47 13,64 13,01 13,58 13,40 13,28 13,20 12,35 12,32
Ghana 10,83 11,15 12,17 12,55 13,37 13,51 14,10 14,07 13,70 13,70
Guinée 5,22 5,23 5,16 4,99 5,20 5,23 5,20 4,34 4,23 4,41
Guinée-Bissau
7,56 7,70 7,81 7,94 7,94 7,66 7,72 7,60 7,30 7,38
Guinée équatoriale
16,29 16,67 16,89 16,55 17,41 17,33 18,19 18,83 18,53 18,55
Kenya 19,30 19,41 19,45 19,44 19,60 19,25 19,33 19,18 18,51 18,47
Lesotho 38,59 37,71 36,77 35,33 34,53 34,08 34,16 33,96 33,19 33,22
Liberia 3,25 3,28 3,29 3,27 3,31 3,21 3,17 3,12 2,91 2,92
Madagascar 5,75 6,87 3,35 1,00 1,55 2,19 2,94 2,86 2,73 2,72
Malawi 8,55 8,40 8,47 8,20 7,82 7,74 7,66 7,57 7,21 7,16
Mali 12,04 10,58 9,15 9,20 9,18 8,02 18,09 26,06 25,29 24,83
Maurice 21,15 23,18 21,33 23,29 21,90 24,30 25,02 22,44 23,65 23,49
Mauritanie 16,41 16,13 15,79 15,14 15,36 15,77 16,84 16,13 15,96 15,99
Mozambique 7,86 8,01 7,85 6,98 6,88 6,76 7,20 7,13 6,74 6,76
Namibie 43,06 43,79 39,50 34,18 40,73 38,67 41,27 44,16 43,92 44,40
Niger 1,26 0,71 0,48 0,47 0,48 0,46 0,44 0,45 0,42 0,40
Nigeria 9,49 9,65 9,71 9,75 9,84 12,62 16,30 20,67 19,96 19,68
Ouganda 5,56 5,59 5,39 5,32 2,69 2,68 2,64 2,58 2,41 2,59
Rwanda 1,47 1,65 1,73 1,78 1,90 1,95 1,84 1,74 1,60 1,61
La création d’entreprises à part le fait qu’elle permet aux jeunes au chômage de sortir de la précarité et de
s’insérer dans la société peut également avoir des effets positifs sur la croissance économique car, les jeunes
entrepreneurs sont particulièrement actifs dans les secteurs à forte croissance (Youth Business International
et Global Entrepreneurship Monitor, 2013). Une étude a montré que les jeunes qui travaillent pour leur
propre compte sont plus épanouis socialement que leurs pairs et plus enclins à recruter d’autres jeunes
(Simpson et Christensen, 2009), ce qui crée des conditions propices à une dynamique créatrice d’emplois.
De même, les jeunes travailleurs indépendants ont plus de facilité que les jeunes au chômage d’accéder à un
emploi rémunéré dans un délai de trois ans (Listerri et al., 2006). Dans ces conditions alors, l’Équipe spéciale
sur l’emploi du G-20 (2013) pense qu’il est donc nécessaire d’appuyer l’offre de mesures en faveur de
l’entreprenariat des jeunes car en offrant la possibilité aux jeunes de créer leur propre entreprise et en les
aidant à réussir en tant qu’entrepreneurs, on les retire non seulement du marché du travail mais aussi on leur
offre la possibilité d’en retirer d’autres en les recrutant. Toutefois, il est à noter qu’en raison d’un manque
d’expérience et de compétences, un très fort pourcentage de jeunes entrepreneurs cesse leur activité au bout
de quelques mois (source).
Une étude menée en Amérique latine et caraïbes, au Moyen orient et en Afrique du nord, en Afrique
subsaharienne, en Asie pacifique et en Asie du sud, dans l’Union Européenne, hors Union Européenne et
aux Etats-Unis par Kew et al. (2013) révèle que la capacité de création d’emplois des entreprises dépend de
leur orientation vers la croissance, qui elle-même varie selon que les entrepreneurs le sont « par nécessité »
ou « par choix ». L’Afrique subsaharienne présente le taux le plus élevé de jeunes entrepreneurs ayant de
faibles perspectives de croissance (85,5 %) et le taux le plus bas de jeunes entrepreneurs ayant de fortes
perspectives de croissance (3,9 %). Ce sont les jeunes entrepreneurs de l’Asie-Pacifique et de l’Asie du Sud
qui affichent les perspectives de croissance les plus prometteuses, devant leurs homologues des États-Unis
d’Amérique, de l’Amérique latine et des Caraïbes, de l’Union européenne, du Moyen-Orient et de l’Afrique
du Nord. L’Afrique subsaharienne, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord sont les régions avec le
pourcentage le plus élevé de jeunes entrepreneurs ayant démarré leur activité par nécessité ou à défaut d’autre
choix (Figure 2).
Figure2 : Entrepreneurs par nécessité et entrepreneurs par choix, par âge et par région
En Afrique, la population en âge de travailler est estimée à 736,8 millions de personnes réparties en 160,9
millions pour l’Afrique du nord et 602,9 millions en ce qui concerne l’Afrique subsaharienne (OIT, 2018).
Parmi la population en âge de travailler en Afrique, 36,6% ne participent pas au marché du travail, 59,1%
participent au marché du travail dont 29,4% sont des entrepreneurs (travailleurs indépendants et
employeurs) et le reste (4,3%) sont sans emploi (Figure 3). En analysant la participation ou non au marché
du travail en Afrique du nord et en Afrique subsaharienne, on remarque qu’il y a plus d’inactif en Afrique
du nord (56,6%) qu’en Afrique subsaharienne (32,0%). De même, 64% des personnes en âge de travailler
en Afrique subsaharienne participent au marché du travail contre 4,0% qui sont sans emploi. Parmi ceux
qui participent au marché du travail, 34,4% sont des entrepreneurs (travailleurs indépendants et
employeurs) ; un taux nettement supérieur à celui de l’Afrique du nord qui est estimée à 10,8%. Environ
40,9% des personnes en âge de travailler en Afrique du nord participent au marché du travail contre 5,5%
qui sont des chômeurs (Figure 3).
Figure 3 : Répartition de la population en âge de travailler par statut sur le marché du travail, Afrique, 2018
100% 5,5 4,0 4,3
4,10
7,9 15,3 12,9
Part dans la population active
2,9
75%
26,0 27,6
32,8 Sans emploi
1,8 Travailleurs familiaux
50%
1,6 16,8 Travailleurs indépendants
14,3
Employeurs
25% 53,6 Ouvriers et employés
32,0 36,6
Inactif
0%
Afrique du nord Afrique Afrique (736,8
(160,9 millions) subsaharienne millions)
(602,9 millions)
Le graphique ci-dessous présente la répartition des entrepreneurs par sexe sur le marché du travail en
Afrique. En effet, les entrepreneurs se répartissent en trois sous-catégories : les employeurs, les travailleurs
à leur propre compte et les membres de coopératives de producteurs. On constate en Afrique que les
travailleurs indépendants femmes (83.45%) et hommes (70,68%) en Afrique subsaharienne sont supérieurs
à ceux en Afrique du Nord qui sont respectivement de 29,94% pour les femmes et de 29,58% pour les
hommes (Figure 4). Quant au chef d’entreprise, l’Afrique du nord compte plus de femmes chef d’entreprise
qu’en Afrique subsaharienne. Par contre, pour hommes chef d’entreprise, on observe l’inverse (Figure 4).
Figure 4 : Répartition des entrepreneurs par sexe sur le marché du travail, Afrique, 2018
100%
75% 29,94
83,45 Travailleurs indépendants
femmes
Pourcentage
Travailleurs indépendants
50% hommes
Chef d'entreprise femmes
29,58
25% 70,68 Chef d'entreprise hommes
1,67
5,98
0% 3,42 1,73
Afrique du nord Afrique subsaharienne
La Banque mondiale sur la période de 2004-11 a mené une étude sur les obstacles à l’entrée et à
l’enregistrement des nouvelles entreprises en Afrique et dans le monde (Tableau 3). Les résultats de l’étude
montrent que, même si les formalités sont plus lourdes et plus longues en Afrique (54 jours en moyenne)
que pour la moyenne mondiale (43 jours), l’Afrique reste confrontée à deux principaux obstacles à la création
d’entreprises. Le premier est le coût de démarrage dont la moyenne en Afrique était de 194, contre une
moyenne mondiale de seulement 72. Le second grand obstacle est le dépôt d’un capital minimum obligatoire,
la moyenne correspondante ressort à 202 pour l’Afrique, contre seulement 126 pour le monde. De surcroît,
les femmes entrepreneurs rencontrent encore plus d’obstacles que les hommes. Ainsi, une récente enquête
consacrée par le Groupe de la Banque mondiale aux femmes, à l’entreprise et au droit dans 28 pays d’Afrique
subsaharienne montre que tous ces pays, sauf le Botswana, n’appliquent pas les mêmes règles aux femmes
et aux hommes dans au moins l’un des domaines suivants : accès aux institutions, utilisation des droits de
propriété, obtention d’un emploi ou fiscalité.
Parmi les autres grands obstacles au développement de l’entrepreneuriat en Afrique on trouve notamment
(i) le faible niveau d’études et de formation aux compétences entrepreneuriales et (ii) le manque d’accès aux
informations particulièrement pertinentes pour les activités entrepreneuriales. En Afrique, les propriétaires-
gérants ont besoin d’être davantage formés aux principes de la création et de la conduite d’une entreprise.
Lors d’une expérience de formation au management qui s’est déroulée dans des pôles d’activité industrielle
au Ghana et au Kenya, les responsables de cette formation ont constaté que les propriétaires des entreprises
implantées dans ces zones ne participaient pas à la tenue des comptes, à l’organisation des dossiers de
l’entreprise, au marketing ou à d’autres activités managériales essentielles (Yoshino 2011), ce qui compromet
fortement la croissance des entreprises et, par conséquent, celle du secteur privé en Afrique. De même,
l’accès à l’information constitue aussi un problème pour les propriétaires-gérants d’entreprises en Afrique
et dans d’autres régions en développement (Leibensteign 1968 ; Drine et Grach 2010). Il arrive, par exemple,
que des propriétaires potentiels ne connaissent pas toutes les démarches nécessaires pour créer une
entreprise (Fadahunsi et Rosa 2002), ou ne savent pas quelles sont les autorités compétentes. En Afrique, il
se pourrait également que certains propriétaires-gérants ne sachent pas non plus qu’il existe des programmes
publics qui peuvent les aider à améliorer la productivité de leur entreprise.
Une étude menée par Schoof U (2006) montre que les jeunes chefs d’entreprise en devenir se heurtent aux
mêmes difficultés que tous les autres entrepreneurs. Cette étude révèle également que ces obstacles peuvent
être de nature sociale ou culturelle et concernent notamment i) ne pas être pris au sérieux par ses collègues
ou ses interlocuteurs commerciaux ; ii) faire l’objet de discrimination du fait de son âge de la part de ses
fournisseurs ou de ses clients ; iii) faire l’objet de discrimination du fait de son âge de la part des institutions
ou des pouvoirs publics et iv) ne pas recevoir le soutien de sa famille ou de ses amis. De même, une enquête
menée par (Ernst and Young, 2013) auprès de plus de 1 500 entrepreneurs dans des pays développés et des
pays en développement confirme que les jeunes chefs d’entreprise rencontrent de sérieux obstacles d’ordre
culturel et montre, en particulier, que le statut d’entrepreneur n’est pas suffisamment reconnu et que l’échec
doit être mieux toléré par la société. Cette enquête met aussi en évidence l’ampleur des obstacles financiers,
éducationnels et réglementaires, puisque la majorité des jeunes entrepreneurs interrogés avaient besoin
d’aide pour accéder à un financement (73 %), ne disposaient pas de sources de crédit innovantes (49 %),
souhaitaient des incitations fiscales plus importantes (41 %) et souhaitaient vivement un allégement du
fardeau réglementaire imposé par les pouvoirs publics (29 %).
5. Recommandations
En nous basant sur les obstacles liés à l’activité entrepreneuriale en Afrique, les décideurs peuvent :
1. Mettre en place des politiques visant à renforcer l’entreprenariat des jeunes en Afrique en privilégiant la
création d’école entrepreneuriale au détriment des écoles d’enseignement général qui n’apporte aucune
valeur ajoutée à l’économie.
2. Mettre en place d’un fond pour accompagner les jeunes qui désire entreprendre ainsi que la mise en place
d’un organe de suivi des jeunes entrepreneurs et des formations continues offert à ces jeunes permettrait de
juguler le problème de chômage des jeunes et aussi limiterait le déplacement des jeunes vers un emploi
meilleur hors de leurs pays qui leur coûte parfois leur vie.
3. Eduquer la société et notamment les parents à la culture entrepreneuriale car souvent peu informés des
exigences et des perspectives de l’entrepreneuriat, ces derniers n’encouragent pas les activités
entrepreneuriales des jeunes et t même parfois les perçoivent de manière négative.
4. Réduire les formalités administratives de création d’entreprise qui sont lourdes en Afrique en diminuant
les coûts de démarrage et le capital minimum obligatoire
5. Informer les jeunes qui ont ou qui désirent créer leur entreprise sur toutes les formalités à remplir et sur
l’existence des programmes publics dédiés à l’amélioration de la productivité de leur entreprise car des
propriétaires potentiels ne connaissent pas toutes les démarches nécessaires pour créer une entreprise et
d’autres ne savent pas non plus qu’il existe des programmes publics qui peuvent les aider à améliorer la
productivité de leur entreprise. Par exemple, les gouvernants peuvent par l’entremise des réseaux GSM
envoyé des messages pour informer les populations.
6. Conclusion
Le chômage des jeunes requiert d’une importance capitale pour les gouvernants du monde entier car toute
nation qui veut se développer a besoin de sa jeunesse. L’Afrique dispose d’une forte main d’œuvre jeune qui
si elle n’est intégrée dans la vie économique pourrait à terme constituer une source d’insécurité pour elle. Le
printemps arabe et les activités de terrorisme en sont une illustration. Ainsi, pour tenter de juguler le
problème de chômage des jeunes, la solution proposée par les gouvernements et les organisations
internationales pour réduire le chômage des jeunes est la promotion de l'entrepreneuriat. C’est justement
dans ce cadre que le présent papier s’inscrit en se proposant d’étudier les enjeux et défis de jeunesse africaine
face à l’entreprenariat. L’étude a montré que malgré l’avancée qu’a connu l’entreprenariat en Afrique, les
jeunes qui désirent entreprendre ou qui sont déjà chef d’entreprise rencontrent encore de nombreuses
difficultés. Ces dernières concernent notamment l’attitude de la société à l’égard de l’entrepreneuriat, le
manque de compétences, l’insuffisance de la formation à l’esprit d’entreprise, le manque d’expérience
professionnelle, l’absence de fonds propres, l’absence de contacts et barrières inhérentes au marché, les
formalités sont plus lourdes et plus longues, le coût de démarrage, le capital minimum obligatoire et le
manque d’accès aux informations particulièrement pertinentes pour les activités entrepreneuriales. Dans ces
conditions, il urge que les gouvernants africains mettent en place des politiques pour renforcer davantage
les activités entrepreneuriales des jeunes afin de réduire le chômage.
7. Références bibliographiques
Banque Internationale pour la Reconstruction et le Développement (2014). « Tunisie ? Surmonter les
obstacles à l'inclusion des jeunes ». Banque mondiale.
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Centre de Vigie et de Recherche sur la Culture Entrepreneuriale (2011). « Culture entrepreneuriale au
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