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Synthèse du rapport IGF n° 5918 1

1Une politique de l’emploi défaillante face à des jeunes au cœur duchômage structurel
Azeddine Akesbi
Professeur d’économie au Centre d’Orientation et de Planification de l’Education

Résumé :Cet article développe la thématique de l’emploi et du chômage au Maroc en mettant


l’accent sur leurs dimensions structurelles et leurs implications en particulier pour les jeunes.
Cette analyse est menée en parallèle à l’explorationdu rôledes acteurs dans l’élaboration et la
mise en œuvre de la politique del’emploi. Lestrois premièressections abordent la situation de
l’emploi et les caractéristiques du chômage.La quatrième souligne la capacité limitée et
insuffisante des créations de l’emploi dans une économiedominée par les services et par le
secteur informel. Ceci est aggravé par le recul des créations de l’emploide l’industrie et la
grande variation connaît le secteur agricole. Nous évoquons aussiles conditions de précarité
des emplois et leur caractère en majorité peu ou non qualifié (section 5), ce qui réduit d’autant
les possibilités d’emploi des jeunes et des diplômés. Ensuite la section6 présente la politique
de l’emploi etses résultats modestes, suivie par des développements sur le modèle de
croissance peu créateur d’emploisqualifiés (section 7). La conclusion majeure qui se
dégagedes politiques de l’emploi montreque malgré ladiversité des mesures adoptées, les
résultats demeurent modestes et sans commune mesure avecl’ampleurdu phénomène du
chômage. 63 à 65 milles insertions professionnelles dans le cadre de la politique del’emploi
par an sont très insuffisantes en comparaison avec le la demande additionnelle annuelle etle
stockqui avoisine le million de chômeurs (ce qui correspond entre 6 et % 7 du stock des
chômeurs). Par ailleurs,l’intermédiation publique sur le marché est marginale. Les problèmes
évoqués sont aggravés par des fluximportants de sortants et les abandons précoces del’école
qui alimentent le marché du travail (section 8).Enfin, la section 9 rappelle le contexte du
printemps arabe et les revendications du 20 février au Maroc. Ilsont soulignéque l’emploi,
parmi d’autres réformes structurelles requises,constitue un problème majeur etune priorité
pour les jeunes.Dans la section 10, l’emploi et le chômage sont analysés en référence à
desconsidérations conceptuelles et le rôle des acteurs. En conclusion, nous soulignons la
gravité de la situationdu chômage en particulier des jeunes et lanécessité d’adopter des
réformes structurelles pour le réduire oul’atténuer.

2SommaireIntroduction ...............................................................................................................
............................... 31.La situation de l’emploi et de
l’activité .............................................................................................. 32. Chômage et sous-
emploi ................................................................................................................... 43. Niveaux
élevés et persistants du chômage structurel de longue durée ............................................
54.Incapacité de l’économie marocaine à créer suffisamment
d’emplois ............................................. 6Une forte demande supérieure à
l’offre ................................................................................................ 75. Beaucoup de précarité
et des emplois peu qualifiés ......................................................................... 86.Une politique de
l’emploi modeste et des résultats forts limités .................................................... 87. Un modèle
de croissance inadéquat ...............................................................................................
108.L’école prépare mal et alimente fortement et de manière précoce le marché du
travail ............... 119.L’emploi, un problème et une priorité des
jeunes........................................................................... 1210. Considérations conceptuelles et
rôles des acteurs ...................................................................... 13Implications et
conclusion ....................................................................................................................... 14
3IntroductionLa politiquede l’emploi est le résultat de plusieurs interventions et politiques
publiques ainsi que le produitdes stratégies et comportement de plusieurs acteurs. La
formulation de la politique de l’emploisoulève plusieurs interrogations. Sommes-nous
vraiment face à une politique cohérente ou sommes nousface plutôt à des mesures éparses qui
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tentent simplement d’apaiser des revendications et des catégoriessociales, en particulier les


jeunes et les diplômés qui manifestent régulièrement leur mécontentement ouleur colère ?
Dans ce contexte quelle est la situation du marché du travail et ses caractéristiques et
quellessont ses incidences sur les acteurs sociaux ? Ce sont à ces quelques questions que nous
allons tenter detrouver des éléments de réponses.Cet articledéveloppe la thématique de
l’emploi et du chômage au Maroc en mettant l’accent sur leursdimensions structurelles et
leurs implications en particulier pour les jeunes. Cette analyse est menée en parallèle à
l’exploration des acteurs et leurs rôles dans l’élaboration et la mise en œuvre de la politique
del’emploi. Lestrois premières sections abordent la situation de l’emploi et les caractéristiques
du chômage.Laquatrième souligne la capacité limitée et insuffisante des créations de l’emploi
dans une économiedominée par les services et par le secteur informel. Nous évoquons aussi
les conditions de précarité desemplois et leur caractère en majorité peu ou non qualifié. Ce qui
réduit d’autant les possibilités d’emploides jeunes et des diplômés. Ensuite la section 7
présente la politique de l’emploi et ses résultats modestes,suivie par des développements sur
le modèle de croissance peu créateur d’emplois qualifiés (section 8). Les problèmes évoqués
sont aggravés par des flux importants de sortants et les abandons précoces del’écolequi
alimentent le marché du travail (section 9). Enfin, la section 10 rappelle le contexte du
printemps arabeet les revendications du 20 février au Maroc. Ils ont soulignéque l’emploi,
parmi d’autres réformesstructurelles, constitue un problème majeur et une priorité pour les
jeunes.Dans la section 11, l’emploi et lechômage sont analysés en référence à des
considérations conceptuelles et le rôle des acteurs. Enconclusion (section 11) nous soulignons
la gravité de la situation du chômage en particulier des jeunes et lanécessité d’adopter des
réformesstructurelles pour réduire ou atténuer ce problème.1. La situation de l’emploi et de
l’activité De nombreuses enquêtes réalisées auprès de la population1 placent l’emploi en tête
des priorités etsoulignent que le chômage est un problème majeur pour la population. Ce
constat est confirmé par le HautCommissariat au Plan (HCP) dans le cadre des enquêtes
réalisées auprès des ménages et des jeunes qui placent aussi l’emploi en priorité numéro 1
d'un chef de ménage surcinq2.Selon le recensement national de 2014, la population totale du
Maroc est estimée à 33,8 habitants, en progression de 1,25% par an depuis 2004.3 Celle
concernée par le marché du travail (population âgée de15 ans et plus) a été estimée à 11,53
millions en 2011 et à 11,70millions d’habitantsen 2013. Le tauxd’activité étant de 48,3% pour
la même année. Le taux d’activité selon le recensement 2014 a varié de22,6% pour la tranche
d’âge 15-19 ans, à 47,3% pour les 20-24 ans,à 60,9% pour la tranche d’âge 25-29ans et 61%
pour les 30-34 ans. Nous observons un r ecul significatif du taux d’activité des jeunes de 15 à
19ans (22,6% en 2014 contre 38,6% en 2004) et plus particulièrement chez les femmes
(11,2% en 2014contre 27,7% en 2004).La population urbaine atteint 60,3% de la population
totale en 2014 et progressefortement à un rythme de 2,1% par an. Ce qui alimente les villes
d’un flux régulier d’exode rural et de besoins en emploi.1 Azeddine AkesbiL’enquête de
l’indice de la société civile, 2010. L’Espace Associatif CIVICUS. 2 Situation de l’emploi et
du chômage au Maroc et ses déterminants structurels et politiques dans un contexte
detransition. Conférence d’Ahmed Lahlimi HautCommissaire au Plan., mai 2011.
Casablanca.3La population totale du Maroc était de 29,3 lors du recensement de 2004.

4En 2014, le nombre d’actifs occupés âgés de 15 ans et plus a atteint 10,646 million, la
moitié (50,5%)réside en milieu urbain, plus de 7 sur 10 (73%) sont de sexe masculin et
environ 3 sur 10 (28,9%) sont des jeunes âgés de 15 à 29 ans. Par secteur d’activité, 39,4%
exercent dans l’agriculture, 11,1% dansl’industrie, 9,3% dans les BTP et 40,2% dans les
services.Du côtéde l'offre de travail, entre l’année 2000 et 2014, la population active a connu
un accroissementcontinu ; une progression de 115 mille nouveaux actifs annuellement,
passant de 10,213 à 11,813 millionactifs. La contribution du milieu urbain dans l'offre globale
du travail est passée de 51% en 2000 à 53,4%en 2014.Cet accroissement demeure inférieur à
celui de la population en âge d'activité qui a augmenté de 383 mille personnes durant la même
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période, ce qui s'est traduit par une baisse du taux d'activité de 53,1% en 2000 à48% en 2014,
alors que celui de la tranche d’âge 15-24 a chuté de 45,8% à 32,2%. La baisse du
tauxd’activité d’une partie des jeunes est très importante. 2. Chômage et sous-emploiLa
population active en chômage est passée de 1 millions 38 mille personnes en 2012 à 1 million
81 milleen 2013, ce qui correspond à 43 000 chômeurs de plus. Le chômage affecte très
fortement les jeunes ; ilssont 842 000 de moins de 35 ans, soit 81 % du stock des chômeurs en
2012, et 38 % dans le cas des moinsde 25 ans.Sur la période 2000-2010, le taux du chômage a
baissé. Au niveau national, il est passé de 13,4% à 9,1% ;de 21,4% à 13,7% au niveau urbain
et de 5% à 3,9% au niveau rural 4. Son intensité varie cependant beaucoup selon les
catégories des actifs. Si le taux de chômage des « sans diplômes » est de 4,5 % en
2010,d’autres catégories de diplômés sont exposées à des niveaux préoccupants : 18,1% pour
les diplômés del’enseignement supérieur, 19,7% pour les diplômés de la formation
professionnelle et 22,3 % pour leslauréats des facultés (de l’université).Il est important de
signaler que paradoxalement le recensement 2014livre des taux de chômage plus élevés que
ceux de l’enquête de l’emploi. Le taux de chômage selon lerecensement 2014 se situe à 18,9%
au niveau urbain, 9,9% au niveau rural et 15,7% pour l’ensemble (auniveau national, le taux
de chômage a reculé d’un point entre 2004 et 2014 passant de 16,7% à 15,7%.).5 Malgré sa
tendance baissière, le chômage reste encore élevé parmi les jeunes et les diplômés6.L’analyse
de la situation de la population active en chômage montre qu’en 2014, quatre chômeurs sur
cinq(80,1%) sont citadins, plus de sept sur dix (71,4%) sont de sexe masculin, près de deux
sur trois (62,6%)sont âgés de 15 à 29 ans, près d’un sur deux (45,4%) est primo-demandeur
d’emploi. En outre, environ sixsur dix (59,2%) chôment depuis une année ou plus et plus d’un
sur quatre (27,6%) est diplômé de niveausupérieur.7 4 Les statistiques soulèvent des
problèmes de sous estimation: la comptabilisation d’une partie importante des actifsoccupés
non rémunérés, le sous-emploi et le travail des enfants. La proportion de la population sous-
employée était de14,7% en 2000 et a baissé à 11,7% en 2010.5 Au cours de la période, ce
taux de chômage est passé de 13,4% à 9,9% au niveau national, de 21,4% à 14,8% enmilieu
urbain et de 5% à 4,2% en milieu rural. Cependant, il demeure élevé parmi les jeunes âgés de
15 à 24 ans.Pour cette catégorie, le taux de chômage a atteint 20,1% au niveau national et
38,1% en milieu urbain en 2014. Il estégalement plus élevé parmi les diplômés ; il a atteint
15,5% parmi les diplômés de niveau moyen et 20,9% parmi ceuxayant un diplôme de niveau
supérieur.6 La situation du chômage est, dans les faits, plus préoccupante que ne laissent
apparaître ces chiffres, car un pourcentageimportant de la population est comptabilisé parmi
les actifs occupés alors qu’ils ne sont pas rémunérés. Ilfaut ajouter à cela le travail des enfants
et le sous-emploi. En 2013, 978 000 personnes étaient en situation de sous-emploi (dont 530
000 en milieu rural), ce qui correspond à un taux de sous-emploi de 9,2% de la population
active.Le sous emploi est passé de 1,295 en 2000 à 1,100 million en 2014. Le taux de sous
emploi, quant à lui, est passé,durant la même période, de 14,6% à 10,3%.7 HCP, 2016, Note
sur le marché du travail au Maroc entre 2000 et 2014.

4En 2014, le nombre d’actifs occupés âgés de 15 ans et plus a atteint 10,646 million, la
moitié (50,5%)réside en milieu urbain, plus de 7 sur 10 (73%) sont de sexe masculin et
environ 3 sur 10 (28,9%) sont des jeunes âgés de 15 à 29 ans. Par secteur d’activité, 39,4%
exercent dans l’agriculture, 11,1% dansl’industrie, 9,3% dans les BTP et 40,2% dans les
services.Du côtéde l'offre de travail, entre l’année 2000 et 2014, la population active a connu
un accroissementcontinu ; une progression de 115 mille nouveaux actifs annuellement,
passant de 10,213 à 11,813 millionactifs. La contribution du milieu urbain dans l'offre globale
du travail est passée de 51% en 2000 à 53,4%en 2014.Cet accroissement demeure inférieur à
celui de la population en âge d'activité qui a augmenté de 383 mille personnes durant la même
période, ce qui s'est traduit par une baisse du taux d'activité de 53,1% en 2000 à48% en 2014,
alors que celui de la tranche d’âge 15-24 a chuté de 45,8% à 32,2%. La baisse du
tauxd’activité d’une partie des jeunes est très importante. 2. Chômage et sous-emploiLa
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population active en chômage est passée de 1 millions 38 mille personnes en 2012 à 1 million
81 milleen 2013, ce qui correspond à 43 000 chômeurs de plus. Le chômage affecte très
fortement les jeunes ; ilssont 842 000 de moins de 35 ans, soit 81 % du stock des chômeurs en
2012, et 38 % dans le cas des moinsde 25 ans.Sur la période 2000-2010, le taux du chômage a
baissé. Au niveau national, il est passé de 13,4% à 9,1% ;de 21,4% à 13,7% au niveau urbain
et de 5% à 3,9% au niveau rural 4. Son intensité varie cependant beaucoup selon les
catégories des actifs. Si le taux de chômage des « sans diplômes » est de 4,5 % en
2010,d’autres catégories de diplômés sont exposées à des niveaux préoccupants : 18,1% pour
les diplômés del’enseignement supérieur, 19,7% pour les diplômés de la formation
professionnelle et 22,3 % pour leslauréats des facultés (de l’université).Il est important de
signaler que paradoxalement le recensement 2014livre des taux de chômage plus élevés que
ceux de l’enquête de l’emploi. Le taux de chômage selon lerecensement 2014 se situe à 18,9%
au niveau urbain, 9,9% au niveau rural et 15,7% pour l’ensemble (auniveau national, le taux
de chômage a reculé d’un point entre 2004 et 2014 passant de 16,7% à 15,7%.).5 Malgré sa
tendance baissière, le chômage reste encore élevé parmi les jeunes et les diplômés6.L’analyse
de la situation de la population active en chômage montre qu’en 2014, quatre chômeurs sur
cinq(80,1%) sont citadins, plus de sept sur dix (71,4%) sont de sexe masculin, près de deux
sur trois (62,6%)sont âgés de 15 à 29 ans, près d’un sur deux (45,4%) est primo-demandeur
d’emploi. En outre, environ sixsur dix (59,2%) chôment depuis une année ou plus et plus d’un
sur quatre (27,6%) est diplômé de niveausupérieur.7 4 Les statistiques soulèvent des
problèmes de sous estimation: la comptabilisation d’une partie importante des actifsoccupés
non rémunérés, le sous-emploi et le travail des enfants. La proportion de la population sous-
employée était de14,7% en 2000 et a baissé à 11,7% en 2010.5 Au cours de la période, ce
taux de chômage est passé de 13,4% à 9,9% au niveau national, de 21,4% à 14,8% enmilieu
urbain et de 5% à 4,2% en milieu rural. Cependant, il demeure élevé parmi les jeunes âgés de
15 à 24 ans.Pour cette catégorie, le taux de chômage a atteint 20,1% au niveau national et
38,1% en milieu urbain en 2014. Il estégalement plus élevé parmi les diplômés ; il a atteint
15,5% parmi les diplômés de niveau moyen et 20,9% parmi ceuxayant un diplôme de niveau
supérieur.6 La situation du chômage est, dans les faits, plus préoccupante que ne laissent
apparaître ces chiffres, car un pourcentageimportant de la population est comptabilisé parmi
les actifs occupés alors qu’ils ne sont pas rémunérés. Ilfaut ajouter à cela le travail des enfants
et le sous-emploi. En 2013, 978 000 personnes étaient en situation de sous-emploi (dont 530
000 en milieu rural), ce qui correspond à un taux de sous-emploi de 9,2% de la population
active.Le sous emploi est passé de 1,295 en 2000 à 1,100 million en 2014. Le taux de sous
emploi, quant à lui, est passé,durant la même période, de 14,6% à 10,3%.7 HCP, 2016, Note
sur le marché du travail au Maroc entre 2000 et 2014.

5Si pour les actifs occupés, la part des diplômés n’est que de 38%, elle atteint 72,5% pour
les chômeursSur la période 2000 à 2014, on observe une baisse du phénomène du chômage.
Son volume global aconnu une baisse annuelle moyenne de 14 mille chômeurs, il est passé de
1,37 à 1,17 million (soit 200mille chômeurs en moins). La baisse a concerné en premier lieu
les jeunes (15 à 29 ans) avec 15 millechômeurs en moins annuellement. Cependant, le poids
des jeunes âgés de 15 à 24 ans a reculé de 10,1 points au sein de la population active, passant
de 27,2% en 2000 à 17,1% en 2014. Cette baisse est attribuéeaux efforts de scolarisation au
cours de ces dernières années. La part des jeunes femmes âgées de 15 à 24ans dans la
population active féminine a baissé de 27,5% en 2000 à 17% en 2014 (note 2000-2014).3.
Niveaux élevés et persistants du chômage structurel de longue duréeLe caractère structurel du
chômage au Maroc se manifeste par sa longue durée, son niveau particulièrementélevé pour
certaines catégories de la population active et surtout sa persistance. La notion de
chômagestructurel peut avoir d’autres sens8. Ici nous insistons sur ce qui a un caractère
permanent et constant, unchômage qui trouve ses racines dans lesstructures de l’économie
marocaine (taux de croissance faible etvariable, configuration sectoriellede l’économie…).Le
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chômage de longue durée (plus d’un an)9 se situaità 71,5 % en 1999, à 62,8 % en 2010 et à 66
% en 2011. Dans l’enquête sur l’emploi de 2012, le HCPreconnaît que le chômage de longue
durée (CLD) est devenu un phénomène structurel. Il représente 65,1%du volume global du
chômage et atteint 70,3% en milieu urbain. Les femmes sont les plus exposées auCLD (74,8%
contre 61,1% pour les hommes). Le CLD s’accroit avec le niveau du diplôme puisque
45,4%des non diplômés sont chômeurs, 67,5% pour le niveau moyen et 80,9% pour le niveau
supérieur. Lechômage de longue durée affecte particulièrement les jeunes entre 25 et 34 ans
(70,2%) et ceux qui n’ont jamais travaillé (89,1%).8 Par exemple, des changements des
structures sectorielles et des modifications des modes de production qui setraduisent par un
chômage.9 La part de ceux qui cherchent un emploi depuis cinq ans ou plus a augmenté de
21,1% à 25% au cours de ladécennie 2000-2010.
HCP.0,005,0010,00ChômeurscitadinsMasculinJeunes (15-29ans)Jamais travailléChômage
deplus d'uneannéeChômeur avecdiplôme dusupérieur8,007,406,204,505,902,70Nombre de
chômeurs sur 1053,571,180,970,345,467,580,965,1020406080100Sans diplômeNiveau
moyenNiveausupérieurTotalPart du chômage de longue durée en moisUrbainPart du chômage
de longue durée en moisNational

5Si pour les actifs occupés, la part des diplômés n’est que de 38%, elle atteint 72,5% pour
les chômeursSur la période 2000 à 2014, on observe une baisse du phénomène du chômage.
Son volume global aconnu une baisse annuelle moyenne de 14 mille chômeurs, il est passé de
1,37 à 1,17 million (soit 200mille chômeurs en moins). La baisse a concerné en premier lieu
les jeunes (15 à 29 ans) avec 15 millechômeurs en moins annuellement. Cependant, le poids
des jeunes âgés de 15 à 24 ans a reculé de 10,1 points au sein de la population active, passant
de 27,2% en 2000 à 17,1% en 2014. Cette baisse est attribuéeaux efforts de scolarisation au
cours de ces dernières années. La part des jeunes femmes âgées de 15 à 24ans dans la
population active féminine a baissé de 27,5% en 2000 à 17% en 2014 (note 2000-2014).3.
Niveaux élevés et persistants du chômage structurel de longue duréeLe caractère structurel du
chômage au Maroc se manifeste par sa longue durée, son niveau particulièrementélevé pour
certaines catégories de la population active et surtout sa persistance. La notion de
chômagestructurel peut avoir d’autres sens8. Ici nous insistons sur ce qui a un caractère
permanent et constant, unchômage qui trouve ses racines dans lesstructures de l’économie
marocaine (taux de croissance faible etvariable, configuration sectoriellede l’économie…).Le
chômage de longue durée (plus d’un an)9 se situaità 71,5 % en 1999, à 62,8 % en 2010 et à 66
% en 2011. Dans l’enquête sur l’emploi de 2012, le HCPreconnaît que le chômage de longue
durée (CLD) est devenu un phénomène structurel. Il représente 65,1%du volume global du
chômage et atteint 70,3% en milieu urbain. Les femmes sont les plus exposées auCLD (74,8%
contre 61,1% pour les hommes). Le CLD s’accroit avec le niveau du diplôme puisque
45,4%des non diplômés sont chômeurs, 67,5% pour le niveau moyen et 80,9% pour le niveau
supérieur. Lechômage de longue durée affecte particulièrement les jeunes entre 25 et 34 ans
(70,2%) et ceux qui n’ont jamais travaillé (89,1%).8 Par exemple, des changements des
structures sectorielles et des modifications des modes de production qui setraduisent par un
chômage.9 La part de ceux qui cherchent un emploi depuis cinq ans ou plus a augmenté de
21,1% à 25% au cours de ladécennie 2000-2010.
HCP.0,005,0010,00ChômeurscitadinsMasculinJeunes (15-29ans)Jamais travailléChômage
deplus d'uneannéeChômeur avecdiplôme dusupérieur8,007,406,204,505,902,70Nombre de
chômeurs sur 1053,571,180,970,345,467,580,965,1020406080100Sans diplômeNiveau
moyenNiveausupérieurTotalPart du chômage de longue durée en moisUrbainPart du chômage
de longue durée en moisNational

6Source: Enquête de l’Emploi, résultats détaillés, 2012. Ce chômage est vraiment de très
longue durée. Celle-ci est en moyenne de 40,1 mois. Elle est de 44,3 moisen milieu urbain, de
23,9 mois en milieu rural(Enquête Nationale de l’emploi, 2012). Elle atteint 44,8 mois pour
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les femmes et 38,2 mois pour les hommes. Nous retrouvons dans ce cas également un
accroissementde la durée en fonction du diplôme : 31,7 mois pour les « sans diplômes », 41,9
mois pour les niveauxmoyens et 45,4 mois pour les diplômes du supérieur.10 Ce chômage de
longue durée est souvent aggravé par l’absence de toute expérience de travail. Les primo-
demandeurs d’emploi ou ceux qui n’ont jamais travaillé représentent globalement la moitié du
stock deschômeurs depuis très longtemps11. Ils étaient 542000 en 2012, soit 52,3% de
l’ensemble des chômeurs.Cette situation dure au moins plus de deux décennies (c’était déjà le
cas avec le CNJA en 1991) et soulignela grande difficulté d’insertion professionnelle
qu’éprouve une partie importante de la population active etl’incapacité de l’économie à
répondre à cette demande.Les causes du chômage sont principalement l’insuffisance et le
manque de dynamisme de l’activitééconomique. En 2013, les chômeurs qui ont perdu un
emploi, invoquent principalement trois facteurs :«l’arrêt de l’activité ou le licenciement "
(26,5%) ; «l’arrêt des études après obtention d’un diplôme"(20,7%) et «l’arrêt des études sans
diplôme" (14,8%) (soit 62,2% pour les trois causes réunies). Dans cecontexte, il est également
tout à fait légitime de s’interroger sur l’efficacité et les performances de la politique de
l’emploi. 4. Incapacité de l’économie marocaine à créer suffisamment d’emploisLa faiblesse
de la création de l’emploi, en particulier pour les personnes qualifiées est une
donnéestructurelle majeure du marché du travail au Maroc. Sur l’ensemble de la décennie
2000-2010, il y a eu156 000 nouveaux emplois créés en moyenne par an et les jeunes12 (15 à
29 ans) ont perdu 9 000 emplois par an sur la même période. Il a été mentionné
précédemment également que les emplois crées en 2013 nedépassaient pas 114 000, dont la
plus grande partie en milieu rural et dont seulement 90 000 sontrémunérés13.10 Enquête de
l’emploi 2012, citée, p. 42. 11 En référence au stock des chômeurs, certaines caractéristiques
déjà constatées depuis longtemps persistent. En2013, quatre chômeurs sur cinq (80,6%) sont
citadins ; près de deux sur trois (64%) sont âgés de 15 à 29 ans et un surquatre (26,0%) est
diplômé du supérieur. Nous avons bien affaire à un chômage structurel : 64% des chômeurs le
sontdepuis plus d’une année et la moitié (50,4%) des chômeurs n’ont jamais travaillé. 12 Le
groupe d’âge assimilé au noyau central de la jeunesse – 15-24 ans – a évolué de 2,77
millions à 2,217 millions etun poids respectivement de 27,2 et 19,2% (une baisse de plus de
500 000).13 Selon l’enquête de l’emploi 2012, 22,1% des actifs occupés travaillent sans
rémunération au niveau national. Etc’est le cas de presque troisquart des femmes rurales,
67,7% des ruraux de moins de 25 ans. La population activeoccupée non rémunérée a
représenté 30,8% en 2000 et 23,3% en 2010. Pour les femmes, ces chiffres
étaientrespectivement de 54% et 48,6%.79,780,666,475,752,160,248,464,69,383,6
83,66878,652,964,554,670,47,40102030405060708090100ChômageChereté dela vieMaladie
ouinvaliditéDiminutiondu revenuProblèmesfamilaixcompliquésDélinquencedes
enfantsEchecscolaireInsécuritéAutreEnsembleUrbain

6Source: Enquête de l’Emploi, résultats détaillés, 2012. Ce chômage est vraiment de très
longue durée. Celle-ci est en moyenne de 40,1 mois. Elle est de 44,3 moisen milieu urbain, de
23,9 mois en milieu rural(Enquête Nationale de l’emploi, 2012). Elle atteint 44,8 mois pour
les femmes et 38,2 mois pour les hommes. Nous retrouvons dans ce cas également un
accroissementde la durée en fonction du diplôme : 31,7 mois pour les « sans diplômes », 41,9
mois pour les niveauxmoyens et 45,4 mois pour les diplômes du supérieur.10 Ce chômage de
longue durée est souvent aggravé par l’absence de toute expérience de travail. Les primo-
demandeurs d’emploi ou ceux qui n’ont jamais travaillé représentent globalement la moitié du
stock deschômeurs depuis très longtemps11. Ils étaient 542000 en 2012, soit 52,3% de
l’ensemble des chômeurs.Cette situation dure au moins plus de deux décennies (c’était déjà le
cas avec le CNJA en 1991) et soulignela grande difficulté d’insertion professionnelle
qu’éprouve une partie importante de la population active etl’incapacité de l’économie à
répondre à cette demande.Les causes du chômage sont principalement l’insuffisance et le
manque de dynamisme de l’activitééconomique. En 2013, les chômeurs qui ont perdu un
Synthèse du rapport IGF n° 5918 7

emploi, invoquent principalement trois facteurs :«l’arrêt de l’activité ou le licenciement "


(26,5%) ; «l’arrêt des études après obtention d’un diplôme"(20,7%) et «l’arrêt des études sans
diplôme" (14,8%) (soit 62,2% pour les trois causes réunies). Dans cecontexte, il est également
tout à fait légitime de s’interroger sur l’efficacité et les performances de la politique de
l’emploi. 4. Incapacité de l’économie marocaine à créer suffisamment d’emploisLa faiblesse
de la création de l’emploi, en particulier pour les personnes qualifiées est une
donnéestructurelle majeure du marché du travail au Maroc. Sur l’ensemble de la décennie
2000-2010, il y a eu156 000 nouveaux emplois créés en moyenne par an et les jeunes12 (15 à
29 ans) ont perdu 9 000 emplois par an sur la même période. Il a été mentionné
précédemment également que les emplois crées en 2013 nedépassaient pas 114 000, dont la
plus grande partie en milieu rural et dont seulement 90 000 sontrémunérés13.10 Enquête de
l’emploi 2012, citée, p. 42. 11 En référence au stock des chômeurs, certaines caractéristiques
déjà constatées depuis longtemps persistent. En2013, quatre chômeurs sur cinq (80,6%) sont
citadins ; près de deux sur trois (64%) sont âgés de 15 à 29 ans et un surquatre (26,0%) est
diplômé du supérieur. Nous avons bien affaire à un chômage structurel : 64% des chômeurs le
sontdepuis plus d’une année et la moitié (50,4%) des chômeurs n’ont jamais travaillé. 12 Le
groupe d’âge assimilé au noyau central de la jeunesse – 15-24 ans – a évolué de 2,77
millions à 2,217 millions etun poids respectivement de 27,2 et 19,2% (une baisse de plus de
500 000).13 Selon l’enquête de l’emploi 2012, 22,1% des actifs occupés travaillent sans
rémunération au niveau national. Etc’est le cas de presque troisquart des femmes rurales,
67,7% des ruraux de moins de 25 ans. La population activeoccupée non rémunérée a
représenté 30,8% en 2000 et 23,3% en 2010. Pour les femmes, ces chiffres
étaientrespectivement de 54% et 48,6%.79,780,666,475,752,160,248,464,69,383,6
83,66878,652,964,554,670,47,40102030405060708090100ChômageChereté dela vieMaladie
ouinvaliditéDiminutiondu revenuProblèmesfamilaixcompliquésDélinquencedes
enfantsEchecscolaireInsécuritéAutreEnsembleUrbain

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7Sur une période plus longue (2000-2014), la création annuelle moyenne est encore plus
faible. Il a étéestimé à 129 mille postes d'emploi14. Ce sont les actifs de sexe masculin qui ont
le plus bénéficié de cesnouvelles créations avec 94 mille emplois annuellement (73%) contre
35 mille pour les femmes (27%).Les jeunes de 15 à 29 ans ont perdu annuellement 25 mille
emplois.Le secteur des services se situe en tête des créations d’emploi,avec une moyenne de
87 mille emplois (67%du total), le BTP avec 31 mille emplois (24%), puisl’agriculture forêt
et pêche 10 mille postes (8%).L’industrie (y compris l’artisanat) est le parent pauvre avec 1
millier de création d’emplois par an (1%). Le poids de l’agriculture dans l’emploi global a
beaucoup baissé etàun degré moindre l’industrie. Enrevanche, les secteurs des services et des
BTP ont connu une augmentation de leur part dans l'emploi total.HCP, Note Marché du
travail, 2000-2014.Ces données soulignent une insuffisante création d’emploi et à l’exception
du secteur des services, lesautres secteurs contribuent peu à la création de l’emploi.
L’industrie est en recul et l’agriculture est soumiseà une grande variation selon les variations
climatiques. A ce problème s’ajoute celui de la nature et qualitédes emplois créés qui sont
souvent peu qualifiés.En 2015, la demande de l’emploi a été estimée à 340 000emplois selon
le ministre de l’emploi. Le marché reçoit différentes catégories, les sortants du
systèmeéducatif sont estimés à 296 000 (46000 diplômés de l’enseignement supérieur, 150
000 de la formation professionnelle et 100000 qui abandonnent l’enseignement général selon
le ministre de l’emploi)15.Une forte demande supérieure à l’offre Letaux d’accroissement
annuel moyen de la population en âge d’activité est de 2,4%. Sur cette base, onestime
l’accroissement annuel moyen de la population en âge de travail à 354 000 personnes.
Synthèse du rapport IGF n° 5918 8

Cependant,les estimations varient tout en se situant à des niveaux très élevés. Selon une étude
du HCP16, la pressionsur le marché est forte et se poursuivra au moins jusqu’à 2030. Cela est
expliqué par les flux potentiels desentrées qui sont largement supérieurs à ceux des sortants
du marché du travail. Le prolongement de ceteffet dans le temps est lié à la forte croissance
démographique enregistrée dans le passé. De 1960 à 2007, lenombre annuel des naissances a
dépassé 600 000 enfants. Dans la même étude on avance que la taillemoyenne de la
génération susceptible de se présenter chaque année sur le marché du travail était de 682000
en 200617. Mais au-delà des variations en ce qui concerne les estimations des entrants sur le
marché dutravail, les auteurs de ce travail concluent en disant que « pour une génération ou
deux, il y aura encore tropde monde sur le marché du travail par rapport àce que l’économie
moderne peut absorber… » (HCP, prospective maroc, p.29).14 Le volume de l'emploi au
Maroc est passé de 8,845 à 10,646 million entre les années 2000 et 2014. Sur les 1,801million
d’emplois créés au niveau national, 1,283 million l’ont été en milieu urbain (71% du total des
emplois créés)contre 518 mille (29%) en milieu rural.15 Déclaration du Ministre de l’emploi :
l’emploi, le plus grand trou dans le bateau du gouvernement Benkirane :Akhbar.alyaoum
(5/11/2015)16 Haut Commissariat au Plan (2008), Prospectives Maroc : quelle
démographie.17 Sur la base d’un choix arbitraire de dixième de la population de 15 à 25 ans,
Prospective, Maroc, p. 28. AgricultureIndustrieB.T.PServicesTotal1013187129

7Sur une période plus longue (2000-2014), la création annuelle moyenne est encore plus
faible. Il a étéestimé à 129 mille postes d'emploi14. Ce sont les actifs de sexe masculin qui ont
le plus bénéficié de cesnouvelles créations avec 94 mille emplois annuellement (73%) contre
35 mille pour les femmes (27%).Les jeunes de 15 à 29 ans ont perdu annuellement 25 mille
emplois.Le secteur des services se situe en tête des créations d’emploi,avec une moyenne de
87 mille emplois (67%du total), le BTP avec 31 mille emplois (24%), puisl’agriculture forêt
et pêche 10 mille postes (8%).L’industrie (y compris l’artisanat) est le parent pauvre avec 1
millier de création d’emplois par an (1%). Le poids de l’agriculture dans l’emploi global a
beaucoup baissé etàun degré moindre l’industrie. Enrevanche, les secteurs des services et des
BTP ont connu une augmentation de leur part dans l'emploi total.HCP, Note Marché du
travail, 2000-2014.Ces données soulignent une insuffisante création d’emploi et à l’exception
du secteur des services, lesautres secteurs contribuent peu à la création de l’emploi.
L’industrie est en recul et l’agriculture est soumiseà une grande variation selon les variations
climatiques. A ce problème s’ajoute celui de la nature et qualitédes emplois créés qui sont
souvent peu qualifiés.En 2015, la demande de l’emploi a été estimée à 340 000emplois selon
le ministre de l’emploi. Le marché reçoit différentes catégories, les sortants du
systèmeéducatif sont estimés à 296 000 (46000 diplômés de l’enseignement supérieur, 150
000 de la formation professionnelle et 100000 qui abandonnent l’enseignement général selon
le ministre de l’emploi)15.Une forte demande supérieure à l’offre Letaux d’accroissement
annuel moyen de la population en âge d’activité est de 2,4%. Sur cette base, onestime
l’accroissement annuel moyen de la population en âge de travail à 354 000 personnes.
Cependant,les estimations varient tout en se situant à des niveaux très élevés. Selon une étude
du HCP16, la pressionsur le marché est forte et se poursuivra au moins jusqu’à 2030. Cela est
expliqué par les flux potentiels desentrées qui sont largement supérieurs à ceux des sortants
du marché du travail. Le prolongement de ceteffet dans le temps est lié à la forte croissance
démographique enregistrée dans le passé. De 1960 à 2007, lenombre annuel des naissances a
dépassé 600 000 enfants. Dans la même étude on avance que la taillemoyenne de la
génération susceptible de se présenter chaque année sur le marché du travail était de 682000
en 200617. Mais au-delà des variations en ce qui concerne les estimations des entrants sur le
marché dutravail, les auteurs de ce travail concluent en disant que « pour une génération ou
deux, il y aura encore tropde monde sur le marché du travail par rapport àce que l’économie
moderne peut absorber… » (HCP, prospective maroc, p.29).14 Le volume de l'emploi au
Maroc est passé de 8,845 à 10,646 million entre les années 2000 et 2014. Sur les 1,801million
Synthèse du rapport IGF n° 5918 9

d’emplois créés au niveau national, 1,283 million l’ont été en milieu urbain (71% du total des
emplois créés)contre 518 mille (29%) en milieu rural.15 Déclaration du Ministre de l’emploi :
l’emploi, le plus grand trou dans le bateau du gouvernement Benkirane :Akhbar.alyaoum
(5/11/2015)16 Haut Commissariat au Plan (2008), Prospectives Maroc : quelle
démographie.17 Sur la base d’un choix arbitraire de dixième de la population de 15 à 25 ans,
Prospective, Maroc, p. 28. AgricultureIndustrieB.T.PServicesTotal1013187129

8En outre, l’insertion sur le marché du travail s’avère encore plus difficile vu le caractère
précaire et peuqualifié des emplois créés. En effet, deux emplois créés sur trois sont non
qualifiés. Dans ces conditions, lenombre d’emplois offerts sur le marché du travail
resteglobalementtrès insuffisant, et l’insertion professionnelle des jeunes et des diplômés
difficile et aléatoire.5. Beaucoup de précarité et des emplois peu qualifiésDans son bilan
décennal 2000-201018, le Haut commissariat au Plan a qualifié la grande majorité desemplois
créés peu conformes aux normes de l’emploi décent. En effet, la précarité est une
caractéristiquemajeure de la situation de l’emploi au Maroc. En 2010, 66,7 % des travailleurs
n’avaient pas de contrat detravail et 25,1 % seulement disposaient d’un contrat écrit et
illimité. Dans l'agriculture et le BTP, l’absencede contrat de travail dépasse 90% des effectifs.
Par ailleurs, la très grande majorité des travailleurs nedispose pas de couverture médicale. Ce
constat de grande précarité est souligné également par les résultatsde l’enquête de l’emploi
2012. Plus de neuf employés sur dix des branches de commerce en milieu urbaintravaillent
sans couverture médicale. En milieu rural, seulement 1,4% des trois quart de la population
activeoccupée qui exercent dans «l’agriculture, forêt et pêche » bénéficient d’une couverture
médicale. Les jeunes de moins de 25 ans sont plus exposés au travail sans contrat, leur taux de
contractualisation atteint à peine 11,1%19.Le salariat demeure encore faible, malgré sa
progression. Il est passé de 37,7% en 2000 à 44,9% en 2014,de 61,6% à 65,1% en milieu
urbain et de 17,2% à 24,3% en milieu rural.En 2014, 20,5% des actifs occupés ont bénéficié
de la couverture médicale (35,2% en milieu urbain et5,6% en milieu rural) contre 13,1% en
2000. D’autre part, environ un salarié sur 3 (36,5% contre 31,8% en2000), au niveau national,
travaille avec contrat. Ce pourcentage est de 7,5% et 7,4% respectivement dansl'agriculture et
le BTP. Plus de 5 emplois sur dix créés au cours de la période sont des emplois saisonniersou
occasionnels.De même, le Haut Commissariat au Plan a confirmé le caractère peu qualifié des
emplois : 62% desactifs occupés étaient sans diplôme en 2014 contre 73,7% en 2000. Selon
les secteurs, la part des diplômés passe, en 2014, à 15,8% dans l'agriculture, à 37% dans les
BTP, et à 47,4% dans l''industrie pour atteindre57,3% dans les services.A la forte proportion
de précarité s’ajoute l’insatisfaction. En 2014, 23,6% des actifs occupés et 37% deceux
exerçant dans le secteur des BTP ont exprimé le désir de changer leur emploi. Les raisons
évoquées portent sur la recherche d'une meilleure rémunération (71,2%). En 2014, seuls 3%
des actifs occupés sontaffiliés à une organisation syndicale, 5% en milieu urbain et moins de
1% en milieu rural.Face à cette situation marquée par des déséquilibres structurels, quelle
politique de l’emploi a été mise enœuvre et pour quel résultat ?6. Une politique de l’emploi
modeste et des résultats forts limitésAu début des années 90, il y a eu la mise en place du
Conseil National de la Jeunesse et l’Avenir (CNJA)avec ses promesses d’insérer 100 000
jeunes diplômés, traduites dans le Programme Action Emploi demanière coûteuse et sans
résultats tangibles. Il y a eu ensuite les Assises de l’Emploi de Marrakech (1998)20 avec leurs
7 axes et 40 mesures. Et plus tard, en 2005,il y a eu l’Initiative de l’Emploi qui a introduit le
projet Moukawalati (création de toutes petites entreprises) et de nouvelles mesures de
promotion del’emploi. Mais les objectifs fixés par les pouvoir s publics sont restés
pratiquement les mêmes :18 Conférence du Haut Commissaire au Plan citée.19 Haut
commissariat au Plan, Activité, emploi et chômage 2012. Résultats détaillés. Direction de la
Statistique.20 Royaume du Maroc, Ministère de l'Emploi, de la Formation Professionnelle et
du Développement Social"Propositions pour une stratégie de promotion de l'emploi".
Décembre 1998.
Synthèse du rapport IGF n° 5918 10

8En outre, l’insertion sur le marché du travail s’avère encore plus difficile vu le caractère
précaire et peuqualifié des emplois créés. En effet, deux emplois créés sur trois sont non
qualifiés. Dans ces conditions, lenombre d’emplois offerts sur le marché du travail
resteglobalementtrès insuffisant, et l’insertion professionnelle des jeunes et des diplômés
difficile et aléatoire.5. Beaucoup de précarité et des emplois peu qualifiésDans son bilan
décennal 2000-201018, le Haut commissariat au Plan a qualifié la grande majorité desemplois
créés peu conformes aux normes de l’emploi décent. En effet, la précarité est une
caractéristiquemajeure de la situation de l’emploi au Maroc. En 2010, 66,7 % des travailleurs
n’avaient pas de contrat detravail et 25,1 % seulement disposaient d’un contrat écrit et
illimité. Dans l'agriculture et le BTP, l’absencede contrat de travail dépasse 90% des effectifs.
Par ailleurs, la très grande majorité des travailleurs nedispose pas de couverture médicale. Ce
constat de grande précarité est souligné également par les résultatsde l’enquête de l’emploi
2012. Plus de neuf employés sur dix des branches de commerce en milieu urbaintravaillent
sans couverture médicale. En milieu rural, seulement 1,4% des trois quart de la population
activeoccupée qui exercent dans «l’agriculture, forêt et pêche » bénéficient d’une couverture
médicale. Les jeunes de moins de 25 ans sont plus exposés au travail sans contrat, leur taux de
contractualisation atteint à peine 11,1%19.Le salariat demeure encore faible, malgré sa
progression. Il est passé de 37,7% en 2000 à 44,9% en 2014,de 61,6% à 65,1% en milieu
urbain et de 17,2% à 24,3% en milieu rural.En 2014, 20,5% des actifs occupés ont bénéficié
de la couverture médicale (35,2% en milieu urbain et5,6% en milieu rural) contre 13,1% en
2000. D’autre part, environ un salarié sur 3 (36,5% contre 31,8% en2000), au niveau national,
travaille avec contrat. Ce pourcentage est de 7,5% et 7,4% respectivement dansl'agriculture et
le BTP. Plus de 5 emplois sur dix créés au cours de la période sont des emplois saisonniersou
occasionnels.De même, le Haut Commissariat au Plan a confirmé le caractère peu qualifié des
emplois : 62% desactifs occupés étaient sans diplôme en 2014 contre 73,7% en 2000. Selon
les secteurs, la part des diplômés passe, en 2014, à 15,8% dans l'agriculture, à 37% dans les
BTP, et à 47,4% dans l''industrie pour atteindre57,3% dans les services.A la forte proportion
de précarité s’ajoute l’insatisfaction. En 2014, 23,6% des actifs occupés et 37% deceux
exerçant dans le secteur des BTP ont exprimé le désir de changer leur emploi. Les raisons
évoquées portent sur la recherche d'une meilleure rémunération (71,2%). En 2014, seuls 3%
des actifs occupés sontaffiliés à une organisation syndicale, 5% en milieu urbain et moins de
1% en milieu rural.Face à cette situation marquée par des déséquilibres structurels, quelle
politique de l’emploi a été mise enœuvre et pour quel résultat ?6. Une politique de l’emploi
modeste et des résultats forts limitésAu début des années 90, il y a eu la mise en place du
Conseil National de la Jeunesse et l’Avenir (CNJA)avec ses promesses d’insérer 100 000
jeunes diplômés, traduites dans le Programme Action Emploi demanière coûteuse et sans
résultats tangibles. Il y a eu ensuite les Assises de l’Emploi de Marrakech (1998)20 avec leurs
7 axes et 40 mesures. Et plus tard, en 2005,il y a eu l’Initiative de l’Emploi qui a introduit le
projet Moukawalati (création de toutes petites entreprises) et de nouvelles mesures de
promotion del’emploi. Mais les objectifs fixés par les pouvoir s publics sont restés
pratiquement les mêmes :18 Conférence du Haut Commissaire au Plan citée.19 Haut
commissariat au Plan, Activité, emploi et chômage 2012. Résultats détaillés. Direction de la
Statistique.20 Royaume du Maroc, Ministère de l'Emploi, de la Formation Professionnelle et
du Développement Social"Propositions pour une stratégie de promotion de l'emploi".
Décembre 1998.

9a. L'élargissement de l'offre de l'emploi ; b. Le développement de l’auto-emploi ;c.


L'amélioration de l'insertion professionnelle ;d. Le développement des politiques de gestion
du marché du travail.Le bilan de la politique de l’emploi présenté dans la loi de fiances de
2012 présente la faiblesse desrésultatsdes différents programmes d’emploi :sur la période
2007-2011, le programme Idmaj qui vise àintégrer surtout des jeunes diplômés a pu insérer
Synthèse du rapport IGF n° 5918 11

254.074 personnes, ce qui correspond à une moyenneannuelle de 63500 demandeurs


d’emplois par an. Les bénéficiaires de Taehil (un programmed’amélioration des
compétences,de formations et de qualification surtout des jeunes diplômés chômeurs)sont au
nombre de 68.753, soit l’équivalent de 17 200 bénéficiaires par an.L’intention de promouvoir
l’auto-emploi est fortement présente dans les orientions et les dispositions de la politique de
l’emploi annoncée. Il y a eu les programmes pour jeunes entrepreneurs et promoteurs qui
onteu des résultats peu satisfaisants sur le plan de l’emploi et ont produit des complications
pour un grandnombre de candidat avec les banques et des poursuites par la justice21. En
2006, le programmeMoukawalati a retenu l’objectif de créer 30.000 nouvelles entreprises sur
une courte période (et au moins90 000 emplois). En 2012, les pouvoirs publics ont reconnu
que malgré différentes révisions à la baisse del’objectif initial et les tentatives de
renforcement de l’accompagnement, Moukawalati a du mal à décoller.Dans l’ensemble, dans
le cadre du programme Moukawalati, il y a eu 3.800 projets financés entre 2007 et2011, soit
une moyenne de 950 par an.Les réalisations de 2014 et 2015 ne dérogent pas à ce constat. Le
Programme Idmaj a concrétisérespectivement 63 143 et 38 132 insertion22. Le programme
Taehil a aussi été modeste en bénéficiant à 18390 en 2014 et 6 707 en 2015.Indicateurs 2014
2015Insertion des chercheurs d’emploi – IDMAJ 63143 38132Améliorationl’insertion dans le
cadre de Taehil 18390 6707Accompagnement des porteurs de projetsMoukawalati1408
772Entreprises crées 665 265Source : budget citoyen 2016.Dans l’ensemble les principaux
programmes de l’emploi ont une portée modeste, depuis 2006 Moukawalatia crée à peine une
moyenne de 16 950 emploi et 780 entreprises. En ce qui concerne Idma, il y a en tout500 344
insertions et une moyenne de 51 000 par an. Et Taehil a bénficié à 130 539 sur la période
2007-15et à 15 000 par an.21 Voir des difficultés avec le ministère des finances : des Crédit
jeunes promoteurs - L'économiste www.leconomiste.com, 9 Nov. et également le cas de
médecins qui expriment leurs difficultés de payer et réclamentun rééchelonnement et un
examen de leur dossiers. La vie économique, 9 janvier, 2004 : « Une association demédecins
poursuit l'Etat ».22 Ces insertions ne sont pas toujours des intégrations définitives à
l’entreprise.

9a. L'élargissement de l'offre de l'emploi ; b. Le développement de l’auto-emploi ;c.


L'amélioration de l'insertion professionnelle ;d. Le développement des politiques de gestion
du marché du travail.Le bilan de la politique de l’emploi présenté dans la loi de fiances de
2012 présente la faiblesse desrésultatsdes différents programmes d’emploi :sur la période
2007-2011, le programme Idmaj qui vise àintégrer surtout des jeunes diplômés a pu insérer
254.074 personnes, ce qui correspond à une moyenneannuelle de 63500 demandeurs
d’emplois par an. Les bénéficiaires de Taehil (un programmed’amélioration des
compétences,de formations et de qualification surtout des jeunes diplômés chômeurs)sont au
nombre de 68.753, soit l’équivalent de 17 200 bénéficiaires par an.L’intention de promouvoir
l’auto-emploi est fortement présente dans les orientions et les dispositions de la politique de
l’emploi annoncée. Il y a eu les programmes pour jeunes entrepreneurs et promoteurs qui
onteu des résultats peu satisfaisants sur le plan de l’emploi et ont produit des complications
pour un grandnombre de candidat avec les banques et des poursuites par la justice21. En
2006, le programmeMoukawalati a retenu l’objectif de créer 30.000 nouvelles entreprises sur
une courte période (et au moins90 000 emplois). En 2012, les pouvoirs publics ont reconnu
que malgré différentes révisions à la baisse del’objectif initial et les tentatives de
renforcement de l’accompagnement, Moukawalati a du mal à décoller.Dans l’ensemble, dans
le cadre du programme Moukawalati, il y a eu 3.800 projets financés entre 2007 et2011, soit
une moyenne de 950 par an.Les réalisations de 2014 et 2015 ne dérogent pas à ce constat. Le
Programme Idmaj a concrétisérespectivement 63 143 et 38 132 insertion22. Le programme
Taehil a aussi été modeste en bénéficiant à 18390 en 2014 et 6 707 en 2015.Indicateurs 2014
2015Insertion des chercheurs d’emploi – IDMAJ 63143 38132Améliorationl’insertion dans le
cadre de Taehil 18390 6707Accompagnement des porteurs de projetsMoukawalati1408
Synthèse du rapport IGF n° 5918 12

772Entreprises crées 665 265Source : budget citoyen 2016.Dans l’ensemble les principaux
programmes de l’emploi ont une portée modeste, depuis 2006 Moukawalatia crée à peine une
moyenne de 16 950 emploi et 780 entreprises. En ce qui concerne Idma, il y a en tout500 344
insertions et une moyenne de 51 000 par an. Et Taehil a bénficié à 130 539 sur la période
2007-15et à 15 000 par an.21 Voir des difficultés avec le ministère des finances : des Crédit
jeunes promoteurs - L'économiste www.leconomiste.com, 9 Nov. et également le cas de
médecins qui expriment leurs difficultés de payer et réclamentun rééchelonnement et un
examen de leur dossiers. La vie économique, 9 janvier, 2004 : « Une association demédecins
poursuit l'Etat ».22 Ces insertions ne sont pas toujours des intégrations définitives à
l’entreprise.

10Source: Ministère des finances et de l’économie, Budget Citoyen, p. 20. Au niveau de la


création de l’emploi dans la fonction publique, la réduction drastique opérée au milieu
desannées80 avec le programme d’ajustement structurel se poursuit. Les prévisions en 2014
correspondent à lacréation de 17 975 postes budgétaires dont 7000 dans le secteur scolaire,
300 dans l’enseignement supérieur,2000 dans le secteur de la santé et 1800 dans la Défense
Nationale23.Le nombre de départs à la retraiteatteindrait vers la fin de 2015, 14.632, alors
qu’il se situait à 13.338 en 2014 et à 4.676 en 2007.Cette tendance à la hausse s’accentuerait
davantage au cours des 4 prochaines années. D’autre part,en 2015, le nombre de postes
budgétaires créés a atteint 22.510 postes. Si on devait soustraite lesdéparts à la retraite, le
nombre de créations de postes budgétaire dans la fonction publique se limite juste à 7 87824.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que malgré les efforts déployés pour développer l’offre
publiqued’intermédiation sur le marché du travail particulièrement après la mise en place de
l’ANAPEC, la recherchede l’emploi demeure largement informelle. En effet, les moyens de
recherche de l’emploi les plus utilisés sont"les personnes parentes, entourage" et "le contact
direct des employeurs". Ces deux modalités représentent74,8% desdemandeurs
d’emploi(41,6% pour le premier et 33,2% pour le second). Par contre, le recours auxagences
spécialisées de recrutement (public et privé) est peu utilisé (3,4%).Avec cette brève
présentation des politiques et des services publics de promotion de l’emploi, la
conclusionmajeure qui se dégage souligne que malgré la diversité des mesures adoptées, les
résultats demeurent modesteset sans commune mesure avec l’ampleur du phénomène du
chômage qui affecte en particulier les diplômés etles jeunes citadins. 63 à 65 milles insertions
professionnelles dans le cadre de la politique de l’emploi par ansont très insuffisantes en
comparaison avec le la demande additionnelle annuelle et le stock qui avoisine lemillion de
chômeurs (ce qui correspond entre 6 et % 7 du stock des chômeurs).7. Un modèle de
croissance inadéquatLe modèle de croissance au Maroc qui prévaut actuellement est marqué
par un taux de croissance faible ethératique. Il crée ainsi très peu d’emplois qualifiés et très
insuffisamment par rapport au nombre dedemandeurs d’emploi. Ilesten plus plombé par
l’économie de la rente et le secteur informel. C’est un modèlenon soutenable par rapport aux
exigences, de plus en plus grandes, des citoyens et des jeunes qui réclament unemploi décent
dans une économie qui assure une distribution équitable des revenus selon l’effort et le
méritede chacun. Il s’agit d’une situation structurelle qui nécessitera d’agir sur le rythme de la
croissance et sanature, et ce d’autant plus que l’accroissement annuel moyen de la population
en âge d’activité et la structuredémographique jeune vont encore exercer, pour longtemps, une
forte pression sur le marché du travail25.L’analyse de la relation entre la croissance et
l’emploi, au cours de la période 2000-2014, fait ressortirune variation du contenu en emplois
de la croissance économique. En moyenne sur cette période, uneaugmentation de 1 point de la
croissance économique s’est traduite par une hausse de 23 Depuis longtemps, les réalisations
sont souvent inférieures aux prévisions.24 Rapport sur les ressources humaines, annexe des
documents du projet de loi de finances, 2016.25 Les chômeurs ne disposent d’aucun soutien
financier au Maroc.1695078005000100001500020000Moyenne annelle depuis2006Total
période 2007-15Moukawalati : moyenne emplois et entreprises crées
Synthèse du rapport IGF n° 5918 13

51000500344150001305390100000200000300000400000500000600000Moyenne
annelledepuis 2006Total période2007-15IdmajTaahil

10Source: Ministère des finances et de l’économie, Budget Citoyen, p. 20. Au niveau de la


création de l’emploi dans la fonction publique, la réduction drastique opérée au milieu
desannées80 avec le programme d’ajustement structurel se poursuit. Les prévisions en 2014
correspondent à lacréation de 17 975 postes budgétaires dont 7000 dans le secteur scolaire,
300 dans l’enseignement supérieur,2000 dans le secteur de la santé et 1800 dans la Défense
Nationale23.Le nombre de départs à la retraiteatteindrait vers la fin de 2015, 14.632, alors
qu’il se situait à 13.338 en 2014 et à 4.676 en 2007.Cette tendance à la hausse s’accentuerait
davantage au cours des 4 prochaines années. D’autre part,en 2015, le nombre de postes
budgétaires créés a atteint 22.510 postes. Si on devait soustraite lesdéparts à la retraite, le
nombre de créations de postes budgétaire dans la fonction publique se limite juste à 7 87824.
Par ailleurs, il y a lieu de souligner que malgré les efforts déployés pour développer l’offre
publiqued’intermédiation sur le marché du travail particulièrement après la mise en place de
l’ANAPEC, la recherchede l’emploi demeure largement informelle. En effet, les moyens de
recherche de l’emploi les plus utilisés sont"les personnes parentes, entourage" et "le contact
direct des employeurs". Ces deux modalités représentent74,8% desdemandeurs
d’emploi(41,6% pour le premier et 33,2% pour le second). Par contre, le recours auxagences
spécialisées de recrutement (public et privé) est peu utilisé (3,4%).Avec cette brève
présentation des politiques et des services publics de promotion de l’emploi, la
conclusionmajeure qui se dégage souligne que malgré la diversité des mesures adoptées, les
résultats demeurent modesteset sans commune mesure avec l’ampleur du phénomène du
chômage qui affecte en particulier les diplômés etles jeunes citadins. 63 à 65 milles insertions
professionnelles dans le cadre de la politique de l’emploi par ansont très insuffisantes en
comparaison avec le la demande additionnelle annuelle et le stock qui avoisine lemillion de
chômeurs (ce qui correspond entre 6 et % 7 du stock des chômeurs).7. Un modèle de
croissance inadéquatLe modèle de croissance au Maroc qui prévaut actuellement est marqué
par un taux de croissance faible ethératique. Il crée ainsi très peu d’emplois qualifiés et très
insuffisamment par rapport au nombre dedemandeurs d’emploi. Ilesten plus plombé par
l’économie de la rente et le secteur informel. C’est un modèlenon soutenable par rapport aux
exigences, de plus en plus grandes, des citoyens et des jeunes qui réclament unemploi décent
dans une économie qui assure une distribution équitable des revenus selon l’effort et le
méritede chacun. Il s’agit d’une situation structurelle qui nécessitera d’agir sur le rythme de la
croissance et sanature, et ce d’autant plus que l’accroissement annuel moyen de la population
en âge d’activité et la structuredémographique jeune vont encore exercer, pour longtemps, une
forte pression sur le marché du travail25.L’analyse de la relation entre la croissance et
l’emploi, au cours de la période 2000-2014, fait ressortirune variation du contenu en emplois
de la croissance économique. En moyenne sur cette période, uneaugmentation de 1 point de la
croissance économique s’est traduite par une hausse de 23 Depuis longtemps, les réalisations
sont souvent inférieures aux prévisions.24 Rapport sur les ressources humaines, annexe des
documents du projet de loi de finances, 2016.25 Les chômeurs ne disposent d’aucun soutien
financier au Maroc.1695078005000100001500020000Moyenne annelle depuis2006Total
période 2007-15Moukawalati : moyenne emplois et entreprises crées
51000500344150001305390100000200000300000400000500000600000Moyenne
annelledepuis 2006Total période2007-15IdmajTaahil

110,28 point de l'emploi. Toutefois, la tendance semble s’essouffler sur la période 2006-
2014, en lien avec leseffets de la crise financière et économique internationale. Ce rapport est
passé de 0,32 point entre 2000 et2005 à 0,25 point entre 2006 et 2014.Le contenu en emploi
Synthèse du rapport IGF n° 5918 14

par secteur varie d’une période à l’autre et aussi d’un secteur à l’autre. Lesecteur le
plusfavorable à la création de l’emploi étant celui de services avec 0.53 (2000-2014) et le
secteur primaire étant lemoins favorable avec 0.05. Le secondaire se situe entre les deux avec
0.33.Entre 2007 et 2014, l’emploi a évolué de manière irrégulière. Les créations nettes ont
atteint un maximum en2008 avec 133000 et un minimum en 2014 avec un millier
d’emplois.La moyenne sur toute la période est desimplement 89638. En fait en plus des
grandes fluctuations, il faut ajouter une baisse plus ou moins importantedes emplois non
rémunérés. Une moyenne de – 33975 emplois. Ceci dit, même si on se limite aux
créationsd’emplois rémunérés, la moyenne de la période demeure modeste avec 123 313
emplois.2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 MoyenneEmplois rémunérés 167000
310000 113900 131000 74000 127000 90000 -24000 123 613Emplois nonrémunérés -39000 -
177000 -18800 -11000 31000 -126000 24000 45000 -33975Créations nettes 128000 133000
95100 120000 105000 1000 114000 21000 89638Source : HCPL’intermédiation sur le
marché du travail notamment par le biais de l’Agence National de la Promotion del’Emploi
des Cadres (ANAPEC) et l’école peuvent agir positivement ou négativement sur le
fonctionnementdu marchéde travail, mais l’investissement et la croissance demeurent les
principales sources de création del’emploi. Selon une étude du HCP26, l’investissement
constitue 30% de la demande intérieure du pays. Il est passé de24,8% du PIB en 1999 à
35,1% en 2010 età 32% en 2014. Cependant, malgré l’effort d’accumulation ducapital durant
la décennie 2000, la croissance économique ne semble pas avoir connu le même
rythmed’évolution que celui de l’investissement. Au vu des résultatsde l’étude précédemment
citée27, le HCPrecommande au pays de revisiterl’allocation sectorielle des investissements
afin de valoriser les larges margesde croissance et d’emploi disponibles. En fait, la
recommandation consiste à revoir le modèle de croissance etl’allocation des investissements
dans le sens de la transformation des structures économiques au Maroc, desintensifications
capitalistiques dans l’agriculture et l’industrie, la poursuite de l’accumulation du
capitalhumain et l’amélioration de la gouvernance. Ce qui permettra, selon le HCP, à terme
des gains de croissancede plus de 3 points28.8. L’école prépare mal et alimente fortement et
de manière précoce le marché du travailDepuis très longtemps, d’importants flux de sortants
du système éducatif à un âge précoce alimentent lemarché du travail. En 2008-09, les
abandons à tous les niveaux du système scolaire ont été estimés à 443 50026 Rencontre sur"
Le rendement du capital physique au Maroc ", Rabat, le 13 janvier 2016.Quelques éléments
de l’introduction par Monsieur Ahmed Lahlimi Alami, Haut Commissaire au Plan de l’étude
sur " lerendement du capital physique au Maroc ".27 Les services ont été le principal secteur
qui a contribué à l’intensification des investissements durant les années 2000.Le taux
d’investissement réalisé par ce secteur est passé de 36,8% par an en moyenne entre 1998 et
2007 à 45,6% par anentre 1998 et2014, alors que la situation du secteur de l’industrie est
restée quasi-constante : près de 29,3% par an durantles deux périodes. Le secteur agricole est
passé de 13% par an à 7,3% par an. En même temps, le secteur agricole a perdusur la période
1999-2014, environ 13600 postes en moyenne annuelle et, 23900 emplois par an entre 2008 et
2014. Les pertes d’emploi dans l’industrie sont estimés à 7500 postes d’emploi par an durant
l’ensemble de la période. En revanche,le secteur des services a pu créer desopportunités
d’emploi estimées à 84500 emplois en moyenne par an qui ontlargement compensé les pertes
observées au niveau de l’agriculture et de l’industrie.28 Le HCP juge que cette orientation est
susceptible de promouvoir à terme une croissance économique potentielle entre 7et 8% en
moyenne annuelle.

110,28 point de l'emploi. Toutefois, la tendance semble s’essouffler sur la période 2006-
2014, en lien avec leseffets de la crise financière et économique internationale. Ce rapport est
passé de 0,32 point entre 2000 et2005 à 0,25 point entre 2006 et 2014.Le contenu en emploi
par secteur varie d’une période à l’autre et aussi d’un secteur à l’autre. Lesecteur le
plusfavorable à la création de l’emploi étant celui de services avec 0.53 (2000-2014) et le
Synthèse du rapport IGF n° 5918 15

secteur primaire étant lemoins favorable avec 0.05. Le secondaire se situe entre les deux avec
0.33.Entre 2007 et 2014, l’emploi a évolué de manière irrégulière. Les créations nettes ont
atteint un maximum en2008 avec 133000 et un minimum en 2014 avec un millier
d’emplois.La moyenne sur toute la période est desimplement 89638. En fait en plus des
grandes fluctuations, il faut ajouter une baisse plus ou moins importantedes emplois non
rémunérés. Une moyenne de – 33975 emplois. Ceci dit, même si on se limite aux
créationsd’emplois rémunérés, la moyenne de la période demeure modeste avec 123 313
emplois.2007 2008 2009 2010 2011 2012 2013 2014 MoyenneEmplois rémunérés 167000
310000 113900 131000 74000 127000 90000 -24000 123 613Emplois nonrémunérés -39000 -
177000 -18800 -11000 31000 -126000 24000 45000 -33975Créations nettes 128000 133000
95100 120000 105000 1000 114000 21000 89638Source : HCPL’intermédiation sur le
marché du travail notamment par le biais de l’Agence National de la Promotion del’Emploi
des Cadres (ANAPEC) et l’école peuvent agir positivement ou négativement sur le
fonctionnementdu marchéde travail, mais l’investissement et la croissance demeurent les
principales sources de création del’emploi. Selon une étude du HCP26, l’investissement
constitue 30% de la demande intérieure du pays. Il est passé de24,8% du PIB en 1999 à
35,1% en 2010 età 32% en 2014. Cependant, malgré l’effort d’accumulation ducapital durant
la décennie 2000, la croissance économique ne semble pas avoir connu le même
rythmed’évolution que celui de l’investissement. Au vu des résultatsde l’étude précédemment
citée27, le HCPrecommande au pays de revisiterl’allocation sectorielle des investissements
afin de valoriser les larges margesde croissance et d’emploi disponibles. En fait, la
recommandation consiste à revoir le modèle de croissance etl’allocation des investissements
dans le sens de la transformation des structures économiques au Maroc, desintensifications
capitalistiques dans l’agriculture et l’industrie, la poursuite de l’accumulation du
capitalhumain et l’amélioration de la gouvernance. Ce qui permettra, selon le HCP, à terme
des gains de croissancede plus de 3 points28.8. L’école prépare mal et alimente fortement et
de manière précoce le marché du travailDepuis très longtemps, d’importants flux de sortants
du système éducatif à un âge précoce alimentent lemarché du travail. En 2008-09, les
abandons à tous les niveaux du système scolaire ont été estimés à 443 50026 Rencontre sur"
Le rendement du capital physique au Maroc ", Rabat, le 13 janvier 2016.Quelques éléments
de l’introduction par Monsieur Ahmed Lahlimi Alami, Haut Commissaire au Plan de l’étude
sur " lerendement du capital physique au Maroc ".27 Les services ont été le principal secteur
qui a contribué à l’intensification des investissements durant les années 2000.Le taux
d’investissement réalisé par ce secteur est passé de 36,8% par an en moyenne entre 1998 et
2007 à 45,6% par anentre 1998 et2014, alors que la situation du secteur de l’industrie est
restée quasi-constante : près de 29,3% par an durantles deux périodes. Le secteur agricole est
passé de 13% par an à 7,3% par an. En même temps, le secteur agricole a perdusur la période
1999-2014, environ 13600 postes en moyenne annuelle et, 23900 emplois par an entre 2008 et
2014. Les pertes d’emploi dans l’industrie sont estimés à 7500 postes d’emploi par an durant
l’ensemble de la période. En revanche,le secteur des services a pu créer desopportunités
d’emploi estimées à 84500 emplois en moyenne par an qui ontlargement compensé les pertes
observées au niveau de l’agriculture et de l’industrie.28 Le HCP juge que cette orientation est
susceptible de promouvoir à terme une croissance économique potentielle entre 7et 8% en
moyenne annuelle.

12enfants, dont 160 646 au primaire et 179 700 au collège. En 2012, les abandons scolaires
ont baissé à352 379 enfants ; ce volume reste cependantextrêmement élevé, surtout qu’une
partie importante se situe au primaire et au collégial avec respectivement 112 000 et 143
60029. Sur toute la période du programmed’urgence (un programme de réforme du secteur
éducatif : 2009-2012) environ 1,5 millions d’abandonsscolaires ont été enregistrés dont
presque 500 000 au primaire et 644 000 au collégial. Le nombred’abandons scolaires moyen
est de 378 000 élèves, dont 124 500 au primaire et 160 000 au collège.Parailleurs, le conseil
Synthèse du rapport IGF n° 5918 16

supérieur de l’enseignement (CSEFRS) a indiqué qu’entre 2000 et 2012, il y a eu environ3


millions d’élèves déscolarisés. Ils ont quitté l’école « avant d’atteindre la dernière année du
secondaire collégial, et lamoitié d’entre eux n’a pas atteint la fin du primaire » (p.86). On
estime environ 842000 enfants qui ont quitté l’écolesans qualification. Ce qui a poussé les
rédacteurs du rapport du CSE à s’interroger sur « le sort des 72% de cette population qui
interrompt ses études avec de faibles niveaux de scolarité » (p.87).Ces chiffres soulignent
l'ampleur des effectifs de jeunes peu ou pas préparés à la vie professionnelle, aumoins sur le
plan des acquisitions de base, qui sont appelés à court terme à alimenter le marché du travail.
Lanon insertion professionnelle de ces jeunes est évidemment très coûteuse. En2011,
l’instance nationaled’évaluation du système éducatif et de formation (CSEFRS) a
évaluésimplement le coût financier des déperditionsscalaires à plus de 10% du budget de
fonctionnement total de l’Education Nationale (p.22)30. Les problèmes d’insertion
professionnelle des diplômés persistent et se surajoutent à une situation marquée pardes
niveauxd’acquisitionsscolaireset d’instruction faibles. Pour la tranche d’âge 15-24 ans, 11,5%
sont sansaucun niveau d’instruction, 56% ont un niveau d’éducation du primaire ou collégial.
Le secondaire représenteautour du quart et les lauréats du supérieur sont limités à 6%. Cette
configuration des niveaux d’instructionn’est pas favorable et n’étant pas appelée à contribuer
à une bonne préparation à la vie active et audéveloppement de la productivité dans
l’économie.9. L’emploi, un problème et une priorité des jeunes En 2011, l’année de ce qui été
qualifié le « Printemps Arabe », une enquête effectuée par le HCP sur la population
marocaine jeune (18-24 ans) a souligné l’existence de trois problèmes en tête des
préoccupations decette tranche d’âges : la cherté de la vie (80,6%), le chômage (79,7%) et la
diminution des revenus (75,7%).Ce qui souligne que le chômage et ses effets (absence ou
diminution des revenus) occupent une place centraledans les préoccupations des jeunes. En
écho à ces problèmes, la même enquête a mis en avant leurs priorités, àsavoir l’offre de
l’emploi et l’égalité de chance pour y accéder (95,8%), la réforme de l’enseignement et de
laformation (84,2%) et l’accès à un habitat décent (80,3%)31.Au cours de la révolte arabe,
nous avons vu la jeunesse à la tête du mouvement social exprimer et défendre
desrevendications égalitaires et démocratiques, mais également dénoncer la corruption et le
despotisme, etc. Lasituation de chômage structurel et chronique dont souffrent en particulier
les jeunes, explique en partie cettemobilisation sociale.Dans le monde arabe, le chômage
atteint 13% en moyenne, et double dans le cas des jeunes (2013). Il est parmi les plus élevés
dans le monde. Depuis 2010, le nombre des personnes qui ont perdu un emploi aaugmenté de
1,5 million et chaque année, trois millions additionnels de jeunes personnes sont à la
recherche del’emploi. Le défi majeur de la région est de savoir comment créer des emplois
pour répondre aux aspirationsdes jeunes (IMF, 2013). Les taux de croissance demeurent assez
faibles dans la plupart des pays arabes32 ,alors que le FMI suggère qu’il faut doubler le
niveau de croissance moyen de 3% à 6%, pour être en mesure destabiliser la dégradation de la
situation de l’emploi. 29 En 2012, 43,5% de la population active occupée a déclaré avoir
travaillé avant 15 ans ; 64,1% des ruraux sont dans cecas.30 A ces pertes s’ajoutent les efforts
consentis au financement du dispositif de deuxième chance ou Ecole Non-Formelle, dont le
budget dédié en 2012 s’élevait à plus de 51 millions de dirhams courants.31 Enquête jeune,
HCP, 201232 En Egypte, ce taux ne dépassait pas 2% en 2012 et 2013.

12enfants, dont 160 646 au primaire et 179 700 au collège. En 2012, les abandons scolaires
ont baissé à352 379 enfants ; ce volume reste cependantextrêmement élevé, surtout qu’une
partie importante se situe au primaire et au collégial avec respectivement 112 000 et 143
60029. Sur toute la période du programmed’urgence (un programme de réforme du secteur
éducatif : 2009-2012) environ 1,5 millions d’abandonsscolaires ont été enregistrés dont
presque 500 000 au primaire et 644 000 au collégial. Le nombred’abandons scolaires moyen
est de 378 000 élèves, dont 124 500 au primaire et 160 000 au collège.Parailleurs, le conseil
supérieur de l’enseignement (CSEFRS) a indiqué qu’entre 2000 et 2012, il y a eu environ3
Synthèse du rapport IGF n° 5918 17

millions d’élèves déscolarisés. Ils ont quitté l’école « avant d’atteindre la dernière année du
secondaire collégial, et lamoitié d’entre eux n’a pas atteint la fin du primaire » (p.86). On
estime environ 842000 enfants qui ont quitté l’écolesans qualification. Ce qui a poussé les
rédacteurs du rapport du CSE à s’interroger sur « le sort des 72% de cette population qui
interrompt ses études avec de faibles niveaux de scolarité » (p.87).Ces chiffres soulignent
l'ampleur des effectifs de jeunes peu ou pas préparés à la vie professionnelle, aumoins sur le
plan des acquisitions de base, qui sont appelés à court terme à alimenter le marché du travail.
Lanon insertion professionnelle de ces jeunes est évidemment très coûteuse. En2011,
l’instance nationaled’évaluation du système éducatif et de formation (CSEFRS) a
évaluésimplement le coût financier des déperditionsscalaires à plus de 10% du budget de
fonctionnement total de l’Education Nationale (p.22)30. Les problèmes d’insertion
professionnelle des diplômés persistent et se surajoutent à une situation marquée pardes
niveauxd’acquisitionsscolaireset d’instruction faibles. Pour la tranche d’âge 15-24 ans, 11,5%
sont sansaucun niveau d’instruction, 56% ont un niveau d’éducation du primaire ou collégial.
Le secondaire représenteautour du quart et les lauréats du supérieur sont limités à 6%. Cette
configuration des niveaux d’instructionn’est pas favorable et n’étant pas appelée à contribuer
à une bonne préparation à la vie active et audéveloppement de la productivité dans
l’économie.9. L’emploi, un problème et une priorité des jeunes En 2011, l’année de ce qui été
qualifié le « Printemps Arabe », une enquête effectuée par le HCP sur la population
marocaine jeune (18-24 ans) a souligné l’existence de trois problèmes en tête des
préoccupations decette tranche d’âges : la cherté de la vie (80,6%), le chômage (79,7%) et la
diminution des revenus (75,7%).Ce qui souligne que le chômage et ses effets (absence ou
diminution des revenus) occupent une place centraledans les préoccupations des jeunes. En
écho à ces problèmes, la même enquête a mis en avant leurs priorités, àsavoir l’offre de
l’emploi et l’égalité de chance pour y accéder (95,8%), la réforme de l’enseignement et de
laformation (84,2%) et l’accès à un habitat décent (80,3%)31.Au cours de la révolte arabe,
nous avons vu la jeunesse à la tête du mouvement social exprimer et défendre
desrevendications égalitaires et démocratiques, mais également dénoncer la corruption et le
despotisme, etc. Lasituation de chômage structurel et chronique dont souffrent en particulier
les jeunes, explique en partie cettemobilisation sociale.Dans le monde arabe, le chômage
atteint 13% en moyenne, et double dans le cas des jeunes (2013). Il est parmi les plus élevés
dans le monde. Depuis 2010, le nombre des personnes qui ont perdu un emploi aaugmenté de
1,5 million et chaque année, trois millions additionnels de jeunes personnes sont à la
recherche del’emploi. Le défi majeur de la région est de savoir comment créer des emplois
pour répondre aux aspirationsdes jeunes (IMF, 2013). Les taux de croissance demeurent assez
faibles dans la plupart des pays arabes32 ,alors que le FMI suggère qu’il faut doubler le
niveau de croissance moyen de 3% à 6%, pour être en mesure destabiliser la dégradation de la
situation de l’emploi. 29 En 2012, 43,5% de la population active occupée a déclaré avoir
travaillé avant 15 ans ; 64,1% des ruraux sont dans cecas.30 A ces pertes s’ajoutent les efforts
consentis au financement du dispositif de deuxième chance ou Ecole Non-Formelle, dont le
budget dédié en 2012 s’élevait à plus de 51 millions de dirhams courants.31 Enquête jeune,
HCP, 201232 En Egypte, ce taux ne dépassait pas 2% en 2012 et 2013.

13Dans le cas du Maroc, une situation similaire a été vécue avec le mouvement du 20
février. En effet, cemouvement animé principalement par des jeunes a formulé des
revendications démocratiques et politiquescomme celles relatives à l’adoption d’une
Constitution démocratique, de promouvoir une justiceindépendante, d’assurer la séparation
des pouvoirs et le respect de la dignité et des droits et libertés humaines.La plateforme
revendicative des jeunes du mouvement du 20 Février a également comporté des demandes
pour l’intégration des diplômés chômeurs à tous les niveaux de la fonction publique- par
concours – sur la base de la transparence etl’équité entre les candidats. Le mouvement a
milité également contre la vie chère et pour l’augmentation des salaires et du SMIG; il a
Synthèse du rapport IGF n° 5918 18

réclamé d’assurer aux pauvres l’accès aux services publicsdans la dignité.10. Considérations
conceptuelles et rôles des acteursQuel est le référentiel théorique qui est sous- jacent à la
formulation de mesures de l’emploi ? A priori ellesemble s’inscrire dans un cadre néo-libéral
supposant une intervention de l’Etat,qui cherche principalementun aménagement favorable de
l’environnementdu marché du travail pour que le secteur privé puisse jouer unrôle de relais
dans la création del’emploi. Cette orientation est explicitedans la démarche de l’Etatdepuis
aumoins les Assises de l’Emploi de Marrakech (1989)33. Elle est également présente dans des
dispositions quiencouragent l’auto-emploiet l’aide aux jeunes promoteurs et entrepreneurs
depuis les mesures du CNJAdurant les années 90. Elle a été manifeste depuis 2005,
notamment concrétisée par le dispositif Moukawalati.C’est dans une optique néo-libérale,
qu’il fautégalement saisirl’aide apportéeaux entreprises pour adapterla formation des
chômeurs aux besoins supposés du marché du travail. Celle-ci prenant la forme de mesures
deformation qualifiante dénommée Tahael. Cette orientation a visé également la promotion de
la flexibilité et la prise en charge de certains coûts salariaux (notamment l’exemption
descotisations sociales et del’impôt sur lerevenu).L’approche est également segmentée car
elle vise des catégories spécifique et du même coup défavorised’autres :la cible principale de
la politique de l’emploi étantles diplômés chômeurs. En revanches lescatégories les moins
prises en compte sont les jeunes ruraux et les sans qualifications ou sans instruction34. Cequi
se passe sur le marché de l’emploi est égalementtributaire de ce qui intervient en amont dans
la phase de préparation des ressources humaines et donc en rapport avec la politique éducative
et ses résultats. En effet, la politique de l’emploi sur au moins une vingtaine d’année a abouti
à des constats d’échec quantitatifs etqualitatifs35. Le système éducatif produit des effectifs
considérables de déperditions scolaires et d’abandonsqui alimentent de manière précoce et
sans véritable préparation le marché du travail. Au cours du programmed’urgence, environ 1,5
millions d’enfants ont quitté le système éducatif de manière précoce ; ils sont environ350 000
jeunes par an qui sont potentiellement des « clients » du marché du travail. La politique
éducative a permis une dérive et une dégradation dans unegrande partie de l’enseignement
public et l’orientation del’essentiel de la classe moyenneet supérieure versl’enseignement
privé.Cette configuration pèse lourdementsur le marché du travail et son fonctionnement.Le
travail une marchandise, mais pas comme les autresLe marché du travail fait l’objet de
rapports de pouvoirs et des enjeux. Dans l’ensemble les créationsd’emplois sonttrès
insuffisantes quantitativement et qualitativement pour satisfaire les besoins desdemandeurs
d’emploi, se traduisant par une raretéde l’offre de l’emploi et qui est encore plus grande pour
le personnel qualifié. En conséquence, nous sommes en situation dedéséquilibrée à l’avantage
des entreprises etdu patronat. Dans ce contexte, l’Etat ne joue pas un rôle neutre, il est
plutôtdans une posture favorable àl’entreprise. Il offre des avantages ne se traduisant pas
nécessairement par des créationsde l’emploi. Le33 Royaume du Maroc, Ministère de
l'Emploi, de la Formation Professionnelle et du Développement Social "Propositions pour une
stratégie de promotion de l'emploi". Décembre 199834 Banque Mondiale, Promoting Youth
Opportunities and Participation June 2012. Note du résumé exécutive. Ce rapportaurait
anticipé les demandes socialeset économiques d’inclusion formulées par les jeunes marocains
de 2011. 35 Azeddine Akesbi (2015). « Quelle gouvernance pour une éducation de qualité au
Maroc ? » Mars, Economia(http://www.economia.ma).

13Dans le cas du Maroc, une situation similaire a été vécue avec le mouvement du 20
février. En effet, cemouvement animé principalement par des jeunes a formulé des
revendications démocratiques et politiquescomme celles relatives à l’adoption d’une
Constitution démocratique, de promouvoir une justiceindépendante, d’assurer la séparation
des pouvoirs et le respect de la dignité et des droits et libertés humaines.La plateforme
revendicative des jeunes du mouvement du 20 Février a également comporté des demandes
pour l’intégration des diplômés chômeurs à tous les niveaux de la fonction publique- par
concours – sur la base de la transparence etl’équité entre les candidats. Le mouvement a
Synthèse du rapport IGF n° 5918 19

milité également contre la vie chère et pour l’augmentation des salaires et du SMIG; il a
réclamé d’assurer aux pauvres l’accès aux services publicsdans la dignité.10. Considérations
conceptuelles et rôles des acteursQuel est le référentiel théorique qui est sous- jacent à la
formulation de mesures de l’emploi ? A priori ellesemble s’inscrire dans un cadre néo-libéral
supposant une intervention de l’Etat,qui cherche principalementun aménagement favorable de
l’environnementdu marché du travail pour que le secteur privé puisse jouer unrôle de relais
dans la création del’emploi. Cette orientation est explicitedans la démarche de l’Etatdepuis
aumoins les Assises de l’Emploi de Marrakech (1989)33. Elle est également présente dans des
dispositions quiencouragent l’auto-emploiet l’aide aux jeunes promoteurs et entrepreneurs
depuis les mesures du CNJAdurant les années 90. Elle a été manifeste depuis 2005,
notamment concrétisée par le dispositif Moukawalati.C’est dans une optique néo-libérale,
qu’il fautégalement saisirl’aide apportéeaux entreprises pour adapterla formation des
chômeurs aux besoins supposés du marché du travail. Celle-ci prenant la forme de mesures
deformation qualifiante dénommée Tahael. Cette orientation a visé également la promotion de
la flexibilité et la prise en charge de certains coûts salariaux (notamment l’exemption
descotisations sociales et del’impôt sur lerevenu).L’approche est également segmentée car
elle vise des catégories spécifique et du même coup défavorised’autres :la cible principale de
la politique de l’emploi étantles diplômés chômeurs. En revanches lescatégories les moins
prises en compte sont les jeunes ruraux et les sans qualifications ou sans instruction34. Cequi
se passe sur le marché de l’emploi est égalementtributaire de ce qui intervient en amont dans
la phase de préparation des ressources humaines et donc en rapport avec la politique éducative
et ses résultats. En effet, la politique de l’emploi sur au moins une vingtaine d’année a abouti
à des constats d’échec quantitatifs etqualitatifs35. Le système éducatif produit des effectifs
considérables de déperditions scolaires et d’abandonsqui alimentent de manière précoce et
sans véritable préparation le marché du travail. Au cours du programmed’urgence, environ 1,5
millions d’enfants ont quitté le système éducatif de manière précoce ; ils sont environ350 000
jeunes par an qui sont potentiellement des « clients » du marché du travail. La politique
éducative a permis une dérive et une dégradation dans unegrande partie de l’enseignement
public et l’orientation del’essentiel de la classe moyenneet supérieure versl’enseignement
privé.Cette configuration pèse lourdementsur le marché du travail et son fonctionnement.Le
travail une marchandise, mais pas comme les autresLe marché du travail fait l’objet de
rapports de pouvoirs et des enjeux. Dans l’ensemble les créationsd’emplois sonttrès
insuffisantes quantitativement et qualitativement pour satisfaire les besoins desdemandeurs
d’emploi, se traduisant par une raretéde l’offre de l’emploi et qui est encore plus grande pour
le personnel qualifié. En conséquence, nous sommes en situation dedéséquilibrée à l’avantage
des entreprises etdu patronat. Dans ce contexte, l’Etat ne joue pas un rôle neutre, il est
plutôtdans une posture favorable àl’entreprise. Il offre des avantages ne se traduisant pas
nécessairement par des créationsde l’emploi. Le33 Royaume du Maroc, Ministère de
l'Emploi, de la Formation Professionnelle et du Développement Social "Propositions pour une
stratégie de promotion de l'emploi". Décembre 199834 Banque Mondiale, Promoting Youth
Opportunities and Participation June 2012. Note du résumé exécutive. Ce rapportaurait
anticipé les demandes socialeset économiques d’inclusion formulées par les jeunes marocains
de 2011. 35 Azeddine Akesbi (2015). « Quelle gouvernance pour une éducation de qualité au
Maroc ? » Mars, Economia(http://www.economia.ma).

14volume de création des emplois comme nous l’avons vu demeure faible,au point qu’on
peut se demander sices créationsd’emploisne peuvent-elles pas exister / se manifester
indépendamment des avantages servis parl’Etat. Il est probable que le volume de création des
emplois observé puisse exister sans ces avantages.En fait, avec cette situation de rareté et de
déséquilibre de l’offre et la demande, il faut compter sur lecomportement rentier de l’Etat et
de certains acteurs du marché du travail. Dans un schéma classique etthéorique, le marché du
travail va fonctionner sur la base de la confrontation de l’offre et lademande ; leséléments pris
Synthèse du rapport IGF n° 5918 20

en compte sont le profil, les qualités et les compétences (supposées), les niveaux de salaires,
lesconditions de travail, etc. A la place, il y a un autre schéma qui opère, en particulier dans le
secteur public. Enfait, les mécanismes du marché cohabitent et composent avec une logique
des acteurs. Plusieurs intervenantssur le marché du travailagissent selon un degré d’influence
variableEn premier lieunous trouvons l’Etat etles administrations publiques (employeur et
élaborateurs de politiques et de normes), mais également lesecteur privé sous sa forme «
moderne » organisée et informelle (chaque composante a ses particularités etcaractéristiques).
Les demandeurs d’emploi et les diplômés chômeurs organisés ont également un rôle et
uneforce de pression qui se manifestent selon différentes formes et à différents moments
(revendications,manifestations : cas du décret du 26 avril 2011).Face au schéma classique, il y
a celui qui est déterminé par des acteurs qui épousent un comportement et uneattitude rentière.
Nous avons accessoirement, des chômeurs surtout diplômés qui vont réclamer un emploidans
la fonction publique sans nécessairement accepter une compétition ouverte (concours,
examen….). Maissurtout, l’Etat et ses démembrements vont souvent pratiquer – dans une
situation caractérisée par la rareté – etfavoriser une allocation opaque des emplois, sans
critères et sans procédures transparentes. Même quand cesderniers sont énoncés, ils vont être
appliqués pour favoriser des clients, des proches ou des redevables. Il est bien connu que dans
les segments de la police, du ministère de l’intérieur et de la sécurité, l’allocation desemplois
obéit à d’autres considérations que celles de la méritocratie. La rareté de l’offre de l’emploi
peutégalement stimuler la corruption et la marchandisation de l’offre de l’emploi.Ainsi l’offre
de l’emploi danscertains cas prend la forme d’un avantage susceptible d’être monnayé. En
conséquence apparaissent descomportements clientélistes et des mécanismes de corruption
autour de l’allocation des emplois.Lerecrutement peutsortir de la sphère du marché, de l’offre
et de la demande, du mérite etde la compétence pour rejoindre celle du favoritisme36 et de
l’abus de pouvoirs.La marginalisation des structures d’intermédiation sur le marché du travail
peut-être interprétée dans le sens dela valorisation du marché du travail non structurel et
informel. Dans, ce sens les effectifs de demandeursd’emploi qui s’dressent à l’Agence
Nationale de l’emploi des cadres (ANAPEC) est extrêmement limité. Enoutre, cette dernière
ne semble pas réunir les conditions pour jouer pleinement son rôle d’intermédiation.Parmi les
éléments limitatifs, on peut signaler l’absence d’une indemnité de chômage pouvant inciter
leschômeurs à s’inscrire. A cela, il faut ajouter une couverture spatiale limitée et une offre
d’emplois égalementfaible.37 Implications et conclusionEn résumé les données présentées
dans cet article montrent que les emplois créés au Maroc sontquantitativement très
insuffisants et souvent inadéquats ; ils ne répondent pas aux attentes des jeunes et
del’économie. Il s’agit en grande majorité d’emplois non qualifiés n’offrant pas de conditions
de travail décentes.Ce problème se présente comme une tendance lourde qui s’inscrit dans la
durée. Le plus préoccupant n’estfinalement pas tant le taux de chômage moyen que ses
caractéristiques structurelles (de longue durée,affectant fortement les jeunes et les urbains et
les primo-demandeurs de l’emploi), ce qui a des conséquencessociales, économiques et
politiques importantes notamment une gestion non transparence et efficace du36 Nous
évoquons la corruption, au sens large, qui correspond au détournement d’un mandat public
pour des intérêts privés… Sa traduction en matière d’emploi consisterait à attribuer un emploi
à ceux quine le méritent pas (ou moins) enusant de son pouvoir d’agent public. 37 Yolande
Benarrosh et Omar Benlkheiri (2015), « La Production Institutionnelle du Chômage et du
Salariat au Maroc :transfert d’une technologie de service public « Clef en Main » ». Critique
économique, Hiver-été, pp 53-70.

14volume de création des emplois comme nous l’avons vu demeure faible,au point qu’on
peut se demander sices créationsd’emploisne peuvent-elles pas exister / se manifester
indépendamment des avantages servis parl’Etat. Il est probable que le volume de création des
emplois observé puisse exister sans ces avantages.En fait, avec cette situation de rareté et de
déséquilibre de l’offre et la demande, il faut compter sur lecomportement rentier de l’Etat et
Synthèse du rapport IGF n° 5918 21

de certains acteurs du marché du travail. Dans un schéma classique etthéorique, le marché du


travail va fonctionner sur la base de la confrontation de l’offre et lademande ; leséléments pris
en compte sont le profil, les qualités et les compétences (supposées), les niveaux de salaires,
lesconditions de travail, etc. A la place, il y a un autre schéma qui opère, en particulier dans le
secteur public. Enfait, les mécanismes du marché cohabitent et composent avec une logique
des acteurs. Plusieurs intervenantssur le marché du travailagissent selon un degré d’influence
variableEn premier lieunous trouvons l’Etat etles administrations publiques (employeur et
élaborateurs de politiques et de normes), mais également lesecteur privé sous sa forme «
moderne » organisée et informelle (chaque composante a ses particularités etcaractéristiques).
Les demandeurs d’emploi et les diplômés chômeurs organisés ont également un rôle et
uneforce de pression qui se manifestent selon différentes formes et à différents moments
(revendications,manifestations : cas du décret du 26 avril 2011).Face au schéma classique, il y
a celui qui est déterminé par des acteurs qui épousent un comportement et uneattitude rentière.
Nous avons accessoirement, des chômeurs surtout diplômés qui vont réclamer un emploidans
la fonction publique sans nécessairement accepter une compétition ouverte (concours,
examen….). Maissurtout, l’Etat et ses démembrements vont souvent pratiquer – dans une
situation caractérisée par la rareté – etfavoriser une allocation opaque des emplois, sans
critères et sans procédures transparentes. Même quand cesderniers sont énoncés, ils vont être
appliqués pour favoriser des clients, des proches ou des redevables. Il est bien connu que dans
les segments de la police, du ministère de l’intérieur et de la sécurité, l’allocation desemplois
obéit à d’autres considérations que celles de la méritocratie. La rareté de l’offre de l’emploi
peutégalement stimuler la corruption et la marchandisation de l’offre de l’emploi.Ainsi l’offre
de l’emploi danscertains cas prend la forme d’un avantage susceptible d’être monnayé. En
conséquence apparaissent descomportements clientélistes et des mécanismes de corruption
autour de l’allocation des emplois.Lerecrutement peutsortir de la sphère du marché, de l’offre
et de la demande, du mérite etde la compétence pour rejoindre celle du favoritisme36 et de
l’abus de pouvoirs.La marginalisation des structures d’intermédiation sur le marché du travail
peut-être interprétée dans le sens dela valorisation du marché du travail non structurel et
informel. Dans, ce sens les effectifs de demandeursd’emploi qui s’dressent à l’Agence
Nationale de l’emploi des cadres (ANAPEC) est extrêmement limité. Enoutre, cette dernière
ne semble pas réunir les conditions pour jouer pleinement son rôle d’intermédiation.Parmi les
éléments limitatifs, on peut signaler l’absence d’une indemnité de chômage pouvant inciter
leschômeurs à s’inscrire. A cela, il faut ajouter une couverture spatiale limitée et une offre
d’emplois égalementfaible.37 Implications et conclusionEn résumé les données présentées
dans cet article montrent que les emplois créés au Maroc sontquantitativement très
insuffisants et souvent inadéquats ; ils ne répondent pas aux attentes des jeunes et
del’économie. Il s’agit en grande majorité d’emplois non qualifiés n’offrant pas de conditions
de travail décentes.Ce problème se présente comme une tendance lourde qui s’inscrit dans la
durée. Le plus préoccupant n’estfinalement pas tant le taux de chômage moyen que ses
caractéristiques structurelles (de longue durée,affectant fortement les jeunes et les urbains et
les primo-demandeurs de l’emploi), ce qui a des conséquencessociales, économiques et
politiques importantes notamment une gestion non transparence et efficace du36 Nous
évoquons la corruption, au sens large, qui correspond au détournement d’un mandat public
pour des intérêts privés… Sa traduction en matière d’emploi consisterait à attribuer un emploi
à ceux quine le méritent pas (ou moins) enusant de son pouvoir d’agent public. 37 Yolande
Benarrosh et Omar Benlkheiri (2015), « La Production Institutionnelle du Chômage et du
Salariat au Maroc :transfert d’une technologie de service public « Clef en Main » ». Critique
économique, Hiver-été, pp 53-70.

15marché du travail. Ceci a été exprimé depuis longtemps par la mobilisation des diplômés
chômeurs, et demanière encore plus forte et explicite lors de ce qui a été qualifié le Printemps
Arabe. Cette situation dumarché du travail et des jeunes au Maroc étant partagée avec
Synthèse du rapport IGF n° 5918 22

beaucoup d’autres pays arabes. La réduction etson amélioration progressive passent


obligatoirement par des réformes de structures et une politiquealternative de l’emploi et une
autre attitude plus transparente de l’Etat.Celles-ci devraient entamer unerupture
avecl’économie dominée par la rente et mettre en place les conditions favorables à un
nouveau modèlede croissance plus productif et favorable à l’emploi. Tout autre scénario est
synonyme de fuite en avant ouuneaventure…certainementcoûteuse économiquement et
humainement

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