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Jeunes/personnes en âge de travailler

PROFIL GENERAL DE LA VULNERABILITE AU CAMEROUN EN CONTEXTE COVID (OS1, OS3)

Profil de base des jeunes/personnes en âge de travailler


- emploi
L’emploi est la meilleure assurance contre la pauvreté et la vulnérabilité. Le taux d’emplois de la
population active illustre aussi la proportion des personnes en situation d’employés dans la population
en âge de travailler (15 ans et +). Les niveaux élevés de taux d’emplois au Cameroun traduisent une
certaine vitalité de l’économie camerounaise en dépit du fait que la majorité des employés sont occupés
dans le secteur informel. Les hommes sont relativement plus occupés que les femmes en proportion de
la main-d’œuvre de chaque catégorie (77% pour les hommes seulement 65% pour les femmes en
2018).(NU). L’analyse de la répartition des emplois créés selon les grands groupes de secteurs, nous
révèle une forte prédominance structurelle de l’agriculture (au moins 60% des emplois totaux créés au
cours de la décennie 2009-2018). Le secteur industriel pour sa part intervient de façon relativement
faible dans les emplois créés au Cameroun (moins de 10%) au moment où les services fournissent une
part non négligeable de 28% en moyenne ces dernières années (WBI 2020).

La COVID-19 a eu un impact négatif sur l’ensemble des activités des entreprises au Cameroun (90%).
Elle n’a eu aucun impact sur 9,4% des entreprises et a eu un impact positif sur 0,6% des entreprises.
Depuis l’arrivée de la COVID-19 en mars 2020, un peu moins de la moitié (42,3%) des entreprises du
Cameroun ont changé leur mode de fonctionnement (télétravail, rotation, diminution des heures de
travail, congé technique).
Selon les données du deuxième Recensement Général des Entreprises réalisé par l’Institut National de
la Statistique en 2016, les unités économiques recensées occupent au total 696 2593 personnels dont
434 259 emplois privés et 262 000 agents du secteur public. Selon la nature de l’emploi, 635 969
emplois permanents sont enregistrés contre 60 290 emplois temporaires. Selon le sexe du personnel
employé, on dénombre 396 291 (56%) employés hommes et 299 968 (44%) femmes. Selon sa
typologie, on distingue l’emploi formel de l’emploi informel.
- Education
La variabilité de la croissance de l’économie et des finances publiques de l’Etat a eu des
conséquences négatives sur le financement du secteur de l’éducation et de la formation. Le secteur
demeure sous financé compte tenu de la cible visée de 22,0% en 2020 concernant les ressources
budgétaires de l’Etat, fixées par le DSSEF (2013-2020). La part du budget global accordée au
secteur de l’éducation et de la formation est de 14,6% en 2018 contre 16,1% en 2013. Le
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financement de l’éducation pèse également sur les familles ; respectivement 9% et 10% des
dépenses totales de l’éducation dans le primaire et le secondaire sont couvertes par les familles. A
ce contexte peu favorable, s’ajoute les crises humanitaires et sécuritaires qui impactent
négativement le système éducatif et aggravent le niveau de pauvreté des familles. En effet, la
déperdition des effectifs d’élèves observée du préscolaire au secondaire ces dernières années est
liée entre autres à l’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest et les autres crises
qui affectent le système éducatif.

Au niveau national, les effectifs du primaire, du secondaire général et de l’enseignement secondaire


technique ont baissé de 3,6%, 4,7% et 8,5% entre 2016-2017 et 2017-2018. Les effectifs des
élèves sont passés respectivement de 4 346 000, 1 548 782 et 358 862 en 2016/2017 à 4 191 992,
1 476 216 et 328 382 en 2017/2018. Il est à noter que le dispositif de formation professionnelle
reste faiblement développé et majoritairement dominé par le privé (3 apprenants sur 4 sont
scolarisés dans les centres privés). La majorité des étudiants dans l’enseignement supérieur (81%)
est orientée vers les filières associées aux lettres, sciences humaines et sciences sociales.

Evolution de la vulnérabilité des jeunes/ personnes en âge de travailler

Plus de 7 personnes sur 10 en activité à la première semaine de mars ont perdu leurs situations
professionnelles. Le chômage occasionné par la pandémie a touché un peu plus les hommes : 72,73%
contre 68,63% pour les femmes. Mais plus la crise dure plus les femmes seront affectées par le
chômage, car la probabilité de retrouver un emploi est plus faible chez les femmes : 15,89% contre
27,27% chez les hommes. Cependant, les femmes ont plus changé de secteurs d’activités que les
hommes. La tranche d’âge de 35 ans et plus a davantage perdu ses emplois que les autres.
Parmi les personnes qui ont perdu leur emploi, 44 % ont déclaré que cette perte était due à des raisons
de protection contre la Covid-19, 24 % pour des raisons relatives à la baisse de l’activité, de la clientèle
ou de la production, 9 % pour le licenciement, 6 % ont été mis en congé technique et 3 % pour mieux
suivre leurs enfants. Les personnes ayant perdu leur emploi du fait de la pandémie travaillaient pour la
plupart au sein des entreprises privées agricoles (3 %). Les personnes évoluant dans les entreprises
non agricoles ont faiblement perdu leur emploi ainsi que le personnel ménager et les particuliers. Les
résultats montrent que le personnel des administrations publiques a été protégé sur le plan de
l’embauche.

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48 % de personnes interrogées ont déclaré que leurs revenus ont diminué et qu’elles ont gardé leurs
emplois. Environ 6 % de personnes ont perdu leur emploi à la suite de la propagation du coronavirus au
Cameroun. Par ailleurs ; 41 % de personnes n’ont pas connu de changement de revenu. (IPEC2020)
La crise de la Covid-19 a occasionné le licenciement de 12,7% du personnel permanent des entreprises
au Cameroun et 26,1% ont été envoyés en congé technique. Par ailleurs, l’emploi des femmes n’a pas
été significativement affecté par la crise. En effet, seulement 10,3% des femmes ont été licenciées
contre 13,3% des hommes et 17,2 % des femmes envoyées en congé technique contre 28,3% des
hommes. 17,1% des entreprises ont licencié plus de femmes que d’hommes. Suivant le sexe, la moitié
des entreprises promues par les femmes ont licencié plus de femmes que d’hommes et 50 % contre
13,5% des entreprises promues par les hommes.

Effets des mesures gouvernementales


Moins d’une entreprise sur dix (8,3%) a reçu un appui du Gouvernement. Cette proportion est un peu
plus élevée au sein des entreprises promues par les femmes (13,9%) par rapport à celles promues par
les hommes (7,1%).
La forme d’appui du Gouvernement la plus utilisée durant la pandémie a été le rééchelonnement de la
date de paiement de certaines taxes. Aucune entreprise n’a reçu de subvention pour faire face à cette
pandémie.
Comme mesures barrières appliquées dans les entreprises, Acheter des masques pour tout le
personnel (96,8%), placer un seau devant l’entreprise pour le lavage des mains (86,1%), acheter des
désinfectants pour tout le personnel (78,5%) ; Prendre des dispositions pour éviter des
rassemblements de plus de 50 personnes (63,9%) ; mettre un thermo-flash à l’entrée de l’entreprise
(24,1%) ; Solliciter les services d’une infirmière pour prendre la température à l’entrée (3.8%).

Education
la fermeture des établissements scolaires va largement au-delà du spectre scolaire et expose les
enfants et les adolescents aux multiples risques liés au travail des enfants, le mariage précoce, les
grossesses non désirées, l’exploitation et les abus sexuels, les violences à l’égard des filles, le travail
domestique, l’enrôlement des enfants par les groupes armés, les chocs économiques.
Le Gouvernement du Cameroun a mis en place plusieurs mesures restrictives sur les regroupements et
les déplacements de population incluant entre autres la fermeture de tous les établissements scolaires
et universitaires. L’entrée en vigueur de cette importante décision gouvernementale le 18 Mars 2020 a
affecté la scolarisation de 7,2 millions d’élèves et étudiants inscrits dans les établissements publics et
privés implantés sur le territoire national dont environ 4,5 millions d’enfants du primaire avec 47% de

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filles. Cette mesure touche également 1,8 millions d’élèves de l’enseignement secondaire général et
technique et 40,000 apprenants de la formation professionnelle. L’enseignement supérieur n’échappe
pas à cette crise liée à la COVID-19 qui affecte le cursus universitaire de plus de 347,000 étudiants.

Stratégies de résilience des populations


Après le Covid-19, un peu moins de la moitié (42,3%) des entreprises du Cameroun ont changé leur
mode de fonctionnement. Il s’agit de changements sur le fonctionnement relatif aux nouvelles modalités
de travail : télétravail, rotation, diminution des heures de travail, congé technique. Ce changement est
beaucoup plus perceptible dans les entreprises dont les promoteurs sont les hommes (46%) et moins
chez les femmes (27,6%). Les employés hommes (83,3%) et femmes (70%) ont été impliqués dans la
mise en place du nouveau mode de fonctionnement de l’entreprise. Au sein des entreprises promues
par les hommes, respectivement 86,5% des hommes et 69,2% des femmes ont participé à la mise en
place du nouveau mode de fonctionnement. Lorsqu’on considère les entreprises promues par les
femmes, on note respectivement que 62,5% d’employés hommes et 75% d’employés femmes ont été
impliqués dans la mise en place du nouveau mode de fonctionnement.

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A exploiter en vue de modifier
 Profil de base des populations vulnérables (OS1, OS3)
- Etat de la population vulnérable avant le Covid-19 (janvier 2020) : Effectif total, réparation
par sexe et par région
- Etat des besoins de la population vulnérable avant le Covid-19 (janvier 2020) : effectifs de
la population cible concernée selon chaque besoin (voir Tableau I) et par région
 Evolution de la vulnérabilité des populations dans le contexte du Covid-19 (OS1)
- Evolution de la population vulnérable entre janvier 2020 et 2022 : Effectif total, réparation
par sexe et par région

- Evolution des besoins de la population vulnérable entre janvier 2020 et 2022 : effectifs de
la population cible concernée selon chaque besoin (voir Tableau I) et par région
POLITIQUES ET STRATEGIES DE RESILIENCE DES POPULATIONS VULNERABLES (OS1)
 Effets des mesures gouvernementales de protection et de lutte contre le Covid-19 sur les
populations vulnérables (OS1)
- Les actions menées par le Gouvernement (et partenaires) en faveur de la population
vulnérable concernée entre janvier 2020 et 2022
- Résultats des interventions du Gouvernement (et partenaires) en faveur de la population
vulnérable concernée entre janvier 2020 et 2022
 Stratégies de résilience des populations face à la vulnérables et aux effets du Covid-19 (OS1)
- Stratégies positives d’adaptation de la population vulnérable concernée face aux
différentes crises
- Inconvénients des stratégies d’adaptation de la population vulnérable concernée
ANALYSE DES BESOINS DE PROTECTION SOCIALE DANS LE CONTEXTE DU COVID-19 (OS2,
OS4, OS5)
 Evaluation des besoins des populations vulnérables (OS2, OS4)
- Diagnostic de la situation de vulnérabilité de la population concernée
- Diagnostic des politiques menées en faveur de la vulnérabilité de la population concernée
 Interventions de réponses aux besoins des populations vulnérables (OS5)
- Proposition des interventions de réduction de la vulnérable dans la population concernée
- Interventions prioritaires de réduction de la vulnérable dans la population concernée

L’emploi est la meilleure assurance contre la pauvreté et la vulnérabilité. Il est donc un moyen de satisfaire et de
subvenir aux besoins élémentaires. Selon l’OIT, le but d’un emploi est que chacun puisse accéder à un travail
décent et productif, dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité. De ce fait, avec
L’apparition récente de la pandémie du coronavirus (COVID-19), la situation de sous-emploi s'est
détériorée. Selon le rapport d’enquête de la Fondation la Friedrich-Ebert-Stiftung, 5 mois après la détection

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de son premier cas, le Cameroun a atteint le cap de 16708 cas confirmés, 385 décès dus à la Covid-19 et 14539
personnes guéries, soit un taux de létalité de 2,3%. Le Cameroun entre dans la phase de contamination
communautaire selon les rapports du MINSANTE.
Des mesures de riposte ont été prises par le Gouvernement Camerounais visant à limiter les cas de
contamination. Cependant, malgré la volonté de ce dernier de protéger les emplois formels et ceux des Unités de
Productions Individuelles (UPI), ces mesures, combinées à celles d’autres pays (confinement, fermeture des
frontières, arrêt des activités économiques dans certains secteurs comme le transport et le tourisme) ont un
impact négatif sur l’emploi.

N° Mesures prises par le Gouvernement contre la covid19


1 le 17 mars 2020 le
Gouvernement a édicté treize (13) mesures visant à limiter la propagation de la maladie dont, entre
autres, la
fermeture des frontières.
2 le 09 avril 2020, sept (07) mesures supplémentaires ont été prises
3 le 30 avril 2020 que l’appui aux entreprises a pris la forme concrète des exonérations et du report du
paiement
de certaines taxes
4 augmentation des allocations familiales dans le cadre de l’assurance
sociale de 2 800 FCFA à 4 500 FCFA et l’augmentation de 20% du niveau des anciennes pensions
n’ayant pas bénéficié de la revalorisation automatique survenue du fait de la réforme de 2016

Le chômage occasionné par la pandémie a touché un peu plus les hommes : 72,73% contre 68,63% pour les
femmes. Mais plus la crise dure plus les femmes seront affectées par le chômage, car la probabilité de retrouver
un emploi est plus faible chez les femmes : 15,89% contre 27,27% chez les hommes. Cependant, les femmes ont
plus changé de secteurs d’activités que les hommes. La tranche d’âge de 35 ans et plus a davantage perdu ses
emplois que les autres.
% Homme femme 15- 25- 35-54 55 ou Milieu urbain Milieu rural
24 34 +
Proportion de 72,73 68,63 66,6 61,54 85,19 37,50 79,55 44,83
personnes qui 7
étaient en
activité à la 1ère
semaine de mars
et qui sont
actuellement en
chômage
Proportion de 27,27 31,37 33,3 38,46 14,81 62,50 20,45 55,17
personnes ayant 3
eu un nouvel
emploi
Proportion de 13,04 15,89 25,0 20,08 11,30 10,26 14,92 12,24
personnes dont 0
la situation
professionnelle
a changé

Effets sur la diminution du revenu


Dans l’ensemble, 48 % de personnes interrogées ont déclaré que leurs revenus ont diminué et qu’elles ont gardé
leurs emplois. Environ 6 % de personnes ont perdu leur emploi à la suite de la propagation du coronavirus au
Cameroun. Par ailleurs ; 41 % de personnes n’ont pas connu de changement de revenu.

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La crise de la Covid-19 a occasionné le licenciement de 12,7% du personnel permanent des entreprises au
Cameroun et 26,1% ont été envoyés en congé technique.

L’on note que l’emploi des femmes n’a pas été significativement affecté par la crise. En effet, seulement
10,3%des femmes ont été licenciées contre 13,3% des hommes et 17,2 % des femmes envoyées en congé
technique contre 28,3% des hommes.

L’emploi a également été affecté par les stratégies des entreprises face à la Covid-19 ; la mesure la plus
préconisée par les entreprises a été de réduire les heures de travail des personnels (38,0%). À côté de cette
mesure, les dirigeants des entreprises ont vu leurs avantages diminuer (36,6%) et les salaires du personnel et des
dirigeants diminuer (28,9%).

L’enquête révèle que 17,1% des entreprises ont licencié plus de femmes que d’hommes. Suivant le sexe, la
moitié des entreprises promues par les femmes ont licencié plus de femmes que d’hommes et 50 % contre 13,5%
des entreprises promues par les hommes.

Emploi Secteur formel : Le taux d’emplois de la population active illustre aussi la proportion des
personnes en situation d’employés dans la population en âge de travailler (15 ans et +). Il est estimé à
71% en 2018 en hausse par rapport à 2014, mais en retrait par rapport à 2010. Les niveaux élevés de
taux d’emplois au Cameroun traduisent une certaine vitalité de l’économie camerounaise en dépit du
fait que la majorité des employés sont occupés dans le secteur informel. Les hommes sont relativement
plus occupés que les femmes en proportion de la main-d’oeuvre de chaque catégorie (77% pour les
hommes seulement 65% pour les femmes en 2018).(NU)
L’analyse de la répartition des emplois créés selon les grands groupes de secteurs, nous révèle une
forte prédominance structurelle de l’agriculture (au moins 60% des emplois totaux créés au cours de la
décennie 2009-2018). Le secteur industriel pour sa part intervient de façon relativement faible dans les
emplois créés au Cameroun (moins de 10%) au moment où les services fournissent une part non
négligeable de 28% en moyenne ces dernières années (WBI 2020).
Dans un contexte de propagation de la pandémie dans les villes, le secteur des services risque d’être le
plus exposé à une perte d’emplois dans la mesure où il est celui qui concerne plus les travailleurs du
secteur informel urbain. Le secteur agricole rural par excellence pourrait aussi être négativement
affecté dans un scénario pessimiste d’extension de la crise sanitaire dans les zones rurales. Les
activités agricoles et celles relatives à l’exploitation des plantations pourraient être mises à mal dans
une hypothèse pessimiste de contamination à grande échelle au niveau des communes rurales. En effet
au regard de cet aspect économique, dans un tel scénario, les mesures de confinement risqueraient
d’être plus difficiles à appliquer dans les zones rurales moins pourvues en services publics que les
cités urbaines.
Au total, tous les ménages dont le chef sont plutôt actifs occupés dans ces secteurs d’activités sont
relativement plus exposés à un licenciement partiel ou total dans un contexte défavorable à la
productivité consécutivement à la crise de la COVID19

Situation covid
Déclarée comme pandémie mondiale le 11 mars 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
l’Afrique compte 324 696 cas confirmés de coronavirus, et a déjà coûté la vie à 8 618 personnes sur le
continent. Le Cameroun, 2ieme pays le plus touché d’Afrique Subsaharienne après l’Afrique du sud a
déclaré son premier cas le 06 mars 2020. Depuis cette date, la propagation semble s’accélérer. En date
du 24 juin 2020, le pays compte 12 270 cas de contamination dont 313 décès et 7 774 malades ayant
recouvré la guérison. Le Cameroun entre dans la phase de contamination communautaire selon les
rapports du MINSANTE. De ce fait, le Premier ministre Chef du Gouvernement du Cameroun a
communiqué 13 mesures à mettre en œuvre pour lutter contre la propagation du COVID-19 le 17 mars
2020.

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Effet sur l’emploi
la pandémie de la COVID-19 s’est transformée en choc pour l’économie et les entreprises, affectant
aussi bien l’offre que la demande nationale. les résultats de l’enquête socio-économique conduite par
l’INS durant le mois d’avril-mai 2020 sous la bannière du MINEPAT et du MINFI, sur l’ensemble du
territoire sur un échantillon de plus de 1310 ménages et 770 entreprises, y compris les unités de
production informelles (UPI), montrent que la crise de la COVID-19 a notamment crée un
dysfonctionnement dans la conduite des activités des entreprises. De ce fait, depuis mars 2020, un peu
moins de la moitié (42,3%) des entreprises du Cameroun ont changé leur mode de fonctionnement. Il s’agit de
nouvelles modalités de travail : télétravail, rotation, diminution des heures de travail, congé technique. Ce
changement est beaucoup plus perceptible dans les entreprises où les promoteurs sont les hommes (46%) et
moins chez les femmes (27,6%). Ainsi, près de 80% des chefs d’entreprises dans le secteur formel
estiment connaître un ralentissement moyen ou important de leur activité. Dans le secteur informel, ce
ralentissement se situe à près de 82%. De manière générale, 82,6% des chefs d’entreprises ont déclaré
connaître une baisse de leur production. Toutefois, cette situation est plus prononcée dans les
entreprises du secteur formel que du secteur informel. Le chiffre d’affaires quant à lui s’est inscrit en
baisse pour près de 95,5% des entreprises, parmi lesquelles près de la moitié révèle connaître une
baisse de plus de 50% de leur chiffre d’affaires.
Plusieurs filières concernées par cette baisse d’activité sont en effet pourvoyeuses d’emplois. Selon
l’étude économique et financière des entreprises en 2017, publié par l’INS (2019), le transport et
l’entreposage contribuent pour 8,3% à la création d’emplois, l’hébergement et la restauration (2,2%)
l’agriculture (7,7%), l’industrie du bois sauf fabrication des meubles (1,8%), les industries extractives
(0,5%). Ainsi pour pallier les effets néfastes de cette crise, l’enquête des effets socio-économique du
COVID-19 révèle que dans l’ensemble 64,5% des entreprises ont réduit leurs heures de travail, 50,1%
ont eu recours à la mise en chômage technique de certains employés, 45,3% ont procédé à la réduction
des salaires et 58,2% ont revu leurs effectifs d’employés à la baisse. La réduction des effectifs
d’employés est relativement plus présente dans les PME du secteur moderne avec près de 62,2% des
entreprises concernées. De plus, cette perte d’emploi concerne aussi bien le personnel temporaire que
le personnel permanent. Cela est assez prononcé dans certaines branches d’activités. En effet, on
enregistre une perte d’emploi de plus de 50% dans les branches telles que l’éducation, l’hébergement
et la restauration, la sylviculture et la construction, qui ont déjà fortement souffert des crises
sécuritaires dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et de la lutte contre la secte terroriste
Boko Haram dans les régions septentrionales.

Chômage et sous-emploi

Le secteur informel, qui emploie près de 90 % de la population active, dont 92% des jeunes âgés de
15-34 ans, est négativement affecté par la COVID-19 conduisant à une grave détérioration de la
qualité et de la quantité d’emplois au niveau national. Bien plus, Le chômage occasionné par la COVID-
19 a touché un peu plus les hommes (72,73%) que les femmes (68,63%). Mais plus la crise dure, plus les femmes
seront affectées par le chômage car la probabilité de retrouver un emploi est plus faible chez les femmes
(15,89%) que chez les hommes (27,27%) selon la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung. Ainsi, la CEA (2020)
estime que les pertes d’emplois sont importantes, en particulier dans le secteur informel où la
protection de l’emploi est plus faible.

L’enquête sur les effets socio-économiques du Coronavirus conduite par l’Institut National de la
Statistique (INS) en Avril-Mai 2020 montre qu’une grande proportion des ménages enquêtés, soit 62,7
%, ont connu une dégradation considérable de leur niveau de vie du fait de la COVID-19. En effet,
bien que de la grande majorité des personnes enquêtées n’aient pas perdu leur emploi au moment de
l’enquête, on relève tout de même, qu’elles connaissent dans l’ensemble un fort ralentissement de leur
activité (soit 74%) ; ce qui va
probablement se traduire par une pression supplémentaire sur la durabilité des emplois déjà précaires.
De plus, le ralentissement de l’activité économique pourrait à terme conduire à des licenciements dans
le secteur formel ou alors à la mise au chômage temporaire/partiel de certains employés. Cette
situation pourrait pousser les personnes concernées à se tourner vers des opportunités de revenus de

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subsistance pour pallier le chômage, accroissant ainsi la taille de l’emploi informel dans l’économie.
En guise d’anticipations
des effets négatifs de cette pandémie, certaines mesures d’adaptation et de résilience ont été prises par
une frange non négligeable des ménages enquêtés, parmi lesquelles, le recours au stockage des denrées
alimentaires afin de limiter les sorties et éviter la pénurie (35%), ou stocker des médicaments ou des
produits pour la prévention ou le traitement du coronavirus (16%).

Toutes les activités qui sont globalement exercées dans l’économie informelle furent affectées
négativement par les mesures de couvre-feu appliquées en Avril par le Gouvernement dans le cadre de
la riposte à la propagation du COVID-19, avec des risques de perte de revenus des travailleurs. En
dépit de sa capacité à absorber et à intégrer socialement les travailleurs, le secteur informel compte un
plus grand déficit de travail décent. Le Covid-19 a eu pour effet de dégrader la situation générale de
l’emploi dans le
secteur informel. Selon les résultats préliminaires de l’Enquête sur les effets socio-économiques du
Covid- 19 au Cameroun, 90,5% des unités de production informelles (UPI) enquêtées estiment être
négativement impactées par le Covid-19, du fait principalement de la baisse de la demande intérieure.
Cet impact négatif s’est matérialisé par une baisse de leur production (selon 79,4% d’entre eux), de
leur chiffre d’affaires (95%) ainsi que de leurs prix de production (44%) et une réduction des effectifs
employés (52,1%). Dans
ce contexte difficile, les UPI ont été contraintes de développer de nouvelles stratégies et prendre
certaines mesures en vue non seulement de s’adapter, mais également de faire face à la crise. Mais 2/3
affirment ne pas pouvoir poursuivre leurs opérations au-delà de 3 mois sans les aides de l’Etat. Même
dans l’hypothèse où la pandémie serait globalement maîtrisée au bout de trois mois, 44% des UPI
projettent un arrêt partiel ou total de leurs activités. Ce qui montre l’urgence de soutenir le secteur
informel.

Education
la variabilité de la croissance de l’économie et des finances publiques de l’Etat a eu des conséquences
négatives sur le financement du secteur de l’éducation et de la formation. Le secteur demeure sous
financé compte tenu de la cible visée de 22,0% en 2020 concernant les ressources budgétaires de
l’Etat, fixées par le DSSEF (2013-2020). La part du budget global accordée au secteur de l’éducation
et de la formation est de 14,6% en 2018 contre 16,1% en 2013. Le financement de l’éducation pèse
également sur les familles ; respectivement 9% et 10% des dépenses totales de l’éducation dans le
primaire et le secondaire sont couvertes par les familles. A ce contexte peu favorable, s’ajoute les
crises humanitaires et sécuritaires qui impactent négativement le système éducatif et aggravent le
niveau de pauvreté des familles. En effet, la déperdition des effectifs d’élèves observée du préscolaire
au secondaire ces dernières années est liée entre autres à l’insécurité dans les régions du Nord-Ouest et
du Sud-Ouest et les autres crises qui affectent le système éducatif.

Au niveau national, les effectifs du primaire, du secondaire général et de l’enseignement secondaire


technique ont baissé de 3,6%, 4,7% et 8,5% entre 2016-2017 et 2017-2018. Les effectifs des élèves
sont passés respectivement de 4 346 000, 1 548 782 et 358 862 en 2016/2017 à 4 191 992, 1 476 216
et 328 382 en 2017/2018. Il est à noter que le dispositif de formation professionnelle reste faiblement
développé et majoritairement dominé par le privé (3 apprenants sur 4 sont scolarisés dans les centres
privés). La majorité des étudiants dans l’enseignement supérieur (81%) est orientée vers les filières
associées aux lettres, sciences humaines et sciences sociales.

Le Gouvernement du Cameroun a mis en place plusieurs mesures restrictives sur les regroupements et
les déplacements de population incluant entre autres la fermeture de tous les établissements scolaires
et universitaires. L’entrée en vigueur de cette importante décision gouvernementale le 18 Mars 2020 a
affecté la scolarisation de 7,2 millions d’élèves et étudiants inscrits dans les établissements publics et
privés implantés sur le territoire national dont environ 4,5 millions d’enfants du primaire avec 47% de
filles. Cette mesure touche également 1,8 millions d’élèves de l’enseignement secondaire général et
technique et 40,000 apprenants de la formation professionnelle. L’enseignement supérieur n’échappe
pas à cette crise liée à la COVID-19 qui affecte le cursus universitaire de plus de 347,000 étudiants.

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L’impact de la fermeture des établissements scolaires va largement au-delà du spectre scolaire et
expose les enfants et les adolescents aux multiples risques liés au travail des enfants, le mariage
précoce, les grossesses non désirées, l’exploitation et les abus sexuels, les violences à l’égard des
filles, le travail domestique, l’enrôlement des enfants par les groupes armés, les chocs économiques

Mesures

Toutefois, des observations empiriques suggèrent que certains UPI ont saisi les opportunités de
marché dans le cadre de la riposte contre la COVID-19. Il s’agit de la fabrication et vente des masques
et des gels hydroalcooliques. Les mesures de distanciation sociale ont probablement accru les
paiements et transferts via les opérations de téléphonie mobiles. Il faut aussi reconnaitre que les
mesures de couvre-feu n’ont pas été maintenues durant de longues semaines, ce qui pourrait conduire
à nuancer les perceptions des UPI interrogées dans le cadre du sondage.

En matière de préservation d’emploi, les actions vont dans le sens de la mise en place des projets à
haute intensité de main d’oeuvre, l’appui aux PME pour améliorer l’employabilité (y compris des
actions de « cash for work ») et particulièrement les jeunes et les femmes, l’appui à l’entrepreneuriat.

La Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS) au Cameroun

Selon les projections du dernier recensement général de la population (INS 2001,


RGPH3 2005), les
jeunes représentent environ 7,7 millions de personnes, soit 35% de l’ensemble de la
population
camerounaise. Ce poids démographique important de la jeunesse ne sera pas sans
conséquences notamment sur les politiques de gestion des risques sociaux et autres
vulnérabilités auxquelles le pays est amené à envisager. Dans la perspective de la
protection sociale, le diagnostic du secteur révèle plusieurs problèmes parmi lesquels
l’analphabétisme, le chômage, le sous-emploi. A leur tour, ces problèmes peuvent
engendrer des conséquences graves sur la sécurité du pays, avec les phénomènes
de radicalisation rendus possible du fait de la secte Boko Haram, en particulier dans
les régions septentrionales du Cameroun.
La population des jeunes des régions septentrionales est particulièrement vulnérable
à la délinquance et à l’enrôlement dans les groupes terroristes. Ce phénomène s’est
développé à cause des niveaux de pauvreté élevés et de chômage ainsi que la faible
éducation (accès et qualité). Outre les zones d'opérations de Boko Haram, les
régions du Grand Nord fournissent un terrain d'accouplement pour le recrutement et
la mobilisation des jeunes extrémistes. Les frustrations de nombreux jeunes
(instrumentalisée par l’élite politique et incapables de se réaliser), la mauvaise
interprétation des textes sacrés et les incitations économiques sont de plus en plus
utilisées pour persuader les jeunes chômeurs
de rejoindre leur cause.

Personnes en âge de travailler


Selon les enquêtes nationales sur l’emploi et le secteur informe (INS 2011a and
2011b, EESI 2) Le marché du travail est caractérisé par le recul du taux d’activité
entre 2005 et 2010 où il est passé de 78,2% à 75,6% (une baisse 2,6 points).
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L’analyse du taux d’activité suivant la dimension spatiale montre que la baisse
observée au national est surtout le fait des trois régions septentrionales que sont
l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord avec où le taux d’activité a respectivement
baissé 18,3 points, 7,3 points et 7,5 points respectivement.
La situation des jeunes de 15 ans-34 ans révèle une baisse de 3 points du taux
d’activité qui est passé de 72,3% en 2005 à 69,4% en 2010. La baisse a été plus
importante chez les jeunes filles (-4 points) que chez les jeunes garçons (-1,7 points).
Le taux de chômage des jeunes est de 8,5% chez les jeunes de sexe masculin et de
23,5% chez les jeunes de sexe féminin.
En ce qui concerne le sous-emploi global qui a diminué de 5,2 points entre 2005 et
2010, passant ainsi de 75,8% à 70,6%. Cette baisse s’observe tant chez les hommes
(-4,6 points) que chez les femmes (-5,6 points). Toutefois, on est loin de l’objectif du
DSCE qui est de ramener le taux de sous-emploi à moins de 50% d’ici 2020. De
plus, le marché de travail est dominé par le secteur informel, celui-ci regroupe près
de 89,6% de la population occupée.

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