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>Kallel Kaouthar
Médecin inspecteur du travail DIMST
>Lamloum Ayda
Médecin inspecteur du travail IMRT Tunis1
>Mlaiki Nadia
Médecin inspecteur divisionnaire du travail IMRT Ariana
>Trabelsi Monia
Médecin inspecteur régionale du travail IMRT Bizerte
>Boujaama Anis
Ingénieur général / Directeur des indices de production
et de prix à l’INS
Experts français:
>Nicolas Sandret
Ex-médecin inspecteur du travail-Ile de France-coordination
de l’enquête SUMER
>Elodie Rosankis
Statisticienne à la DARES, coordination de l’enquête SUMER
3
4 Cartographie des Risques Professionnels en Tunisie
SOMMAIRE
Les expositions aux postes de travail CaRiPT............................................................................................6
Les contraintes organisationnelles et relationnelles..........................................................................7
Les contraintes physiques ...........................................................................................................10
Les agents chimiques ..................................................................................................................12
Les agents biologiques ................................................................................................................13
Prévention ...................................................................................................................................14
Jugement sur la qualité du poste de travail...................................................................................15
Focus Le bruit……………………………………………………………………………………………….….16
5
Les expositions
aux postes
de travail CaRiPT
La Cartographie des Risques Professionnel en Tunisie CaRiPT 2016-2017, traduit un besoin national d’une meilleure
connaissance du terrain à travers une objectivation et un repérage des expositions professionnelles susceptibles d’être
néfastes pour la santé. CaRiPT est une enquête transversale coordonnée par la direction de l’inspection médicale et
de sécurité au travail DIMST, et menée par des médecins du travail volontaires (142 MT) auprès des salariés dont ils
assurent la surveillance.
Cette enquête s’appuie sur l’expertise des médecins de travail qui ont une connaissance précise des postes de travail.
Les salariés entrant dans le champ de l’enquête sont ceux vus à l’occasion d’une visite périodique ou d’une visite
d’embauche, ou enfin lors d’une visite spontanée qui sera l’occasion de réaliser une visite périodique.
Les personnes du régime non salarié et les agents de la fonction publique ont été exclus du champ de l’enquête.
Le questionnaire respecte le double anonymat ; salarié et entreprise.
Le salarié tiré au sort avait le choix de ne pas répondre au questionnaire.
A partir des 6000 questionnaires remplis par les médecins du travail et suite au redressement statistique, nous avons
une représentation des expositions pour les salariés suivis par les groupements de médecine du travail et par les
services de médecine du travail propres aux entreprises.
La durée de l’enquête était des 12 mois, et chaque région (gouvernorat) avait choisi la période de l’enquête (4mois) qui
répond le plus à ses spécificités économiques et qui est différente des autres régions pour éviter le biais de saisonnalité,
seuls trois gouvernorats n’ont pas participé pour des raisons diverses (manque de capital humain) ; Kasserine, Kebili
et Tataouine).
L’exploitation statistique porte sur 5885 questionnaires validés, il n’y a eu que 123 questionnaires non répondants soit
2%.
La population enquêtée est composée de 49,6% d’hommes et de 50,4% de femmes avec une moyenne d’âge de 37,4
ans. Ils sont dans 96,4% des cas des salariés, dans 65,1% des cas ayant un CDI et 50% d’entre eux ont plus de 8 ans
d’ancienneté dans la profession versus 7 ans dans l’entreprise. Ils sont à temps plein dans 97,8% des cas et travaillent
dans les locaux de l’entreprise dans 88,6% des cas.
84,4% des salariés questionnés sont suivis par les groupements de médecine du travail et 15,6% sont suivis par les
services médicaux propres aux entreprises*.
25,5% des salariés relèvent de la surveillance médicale spéciale** alors que la moyenne de la durée entre deux
consultations est estimée à 14 mois
43,4% des salariés n’ont aucune qualification, 68,1% appartiennent à des entreprises de l’industrie manufacturière.
50% des salariés travaillent dans des entreprises avec un effectif de 200 et plus (médiane).
54% des salariés travaillent dans des entreprises résidentes et 26,9% dans des non résidentes***.
a) Temps de travail
La moyenne d’heures travaillées est de 44 h et demi par semaine, 50% des salariés questionnés travaillent 48h et
plus par semaine (médiane). Les secteurs pour lesquels la durée de travail est la plus longue sont la production et
la distribution d’électricité (48h/semaine), l’hébergement et restauration (47 h/semaine) et l’industrie manufacturière
(45 heures/semaine).
25,7% des salariés déclarent être en travail posté. 33,5% des hommes sont concernés par le travail posté et les
salariés âgés entre 20 et 39 ans (29,6%). Certains secteurs exposent plus les salariés au travail posté, c’est le cas
de l’industrie extractive (59%), la santé humaine et l’action sociale (42%) et les transports (30%). Si l’ensemble de
l’industrie manufacturière expose 28% de ses salariés, certains secteurs le font plus comme l’industrie automobile
(61%), la fabrication d’équipements électriques (47,4%). l’industrie chimique (43%).Certaines professions exposent
plus, c’est le cas des personnels des services directs aux particuliers, commerçants et vendeurs (42,3%) et des
conducteurs d’installations et de machines et ouvriers d’assemblage (32,6%).
21% des salariés travaillent la nuit avec une moyenne de 6 nuits par mois. 76,8% de ces salariés sont des hommes
ayant entre 20 et 39ans et occupant dans 35,7% des cas un poste de conducteur d’installations et de machine et
ouvriers d’assemblage.
21,28% des salariés de l’industrie manufacturière déclarent travailler la nuit parmi eux 5,39% appartiennent à l’industrie
automobile, 2,43% à l’industrie chimique et 2% à l’industrie alimentaire.
7
2/ Rythme du travail
Ces contraintes de rythme peuvent avoir des répercussions sur la santé en terme de pathologies des articulations (cf
focus sur les contraintes ostéo-articulaires) mais aussi elles peuvent entraîner si les rythmes sont très intenses des
troubles neurologiques à types de problèmes de sommeil, nervosité, surtout si ils sont liés à d’autres contraintes en
particulier organisationnelles ou physiques.
Les secteurs qui exposent le plus leurs salariés à 3 contraintes et plus sont, l’industrie manufacturière (73,5%de
l’effectif) et au sein de ce secteur, l’habillement (83,6%de l’effectif), l’industrie automobile (81,5%de l’effectif), l’industrie
de fabrication équipements électriques (72,5%de l’effectif), l’industrie alimentaire (70%de l’effectif), les services de
soutien à l’industrie (70%de l’effectif) l’activité de service administratif et de soutien (66 ,7%de l’effectif).
Les professions qui exposent le plus à trois contraintes et plus sont les conducteurs d’installation et de machines et
ouvriers d’assemblage (81%), les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat (69,4%) et les professions intermédiaires
(61,1%).
A contrario, les professions qui ont le moins d’autonomie et de marge d’initiative car ils ne répondent qu’à une seule
de ces questions, sont les conducteurs d’installation de machines (73,8%) et les métiers qualifiés de l’industrie et de
l’artisanat (53 ,9%)
25,4% des salariés en contact avec le public déclarent avoir vécu des situations de tension dans leurs rapports avec
le public.
5/ Normes et évaluations
Les normes et évaluations peuvent avoir pour conséquences de rigidifier le travail et diminuer les marges de manœuvres
des salaries puisqu’il n’y a plus qu’une seule voie acceptée pour réaliser le travail mais les procédures certifiées sont
parfois nécessaires pour que le produit fini soit conforme aux normes qualité par exemple.
64% des travailleurs sont contraints par des procédures certifiées dans l’accomplissement de leur travail. 83% des
entreprises non résidentes sont concernées et 64% des entreprises résidentes.
Les secteurs exposant le plus leurs salariés sont l’industrie extractive (55,1%de l’effectif), la santé humaine et sociale
(72,5% de l’effectif) et l’industrie manufacturière (75,5% de l’effectif) en particulier l’industrie de l’habillement (83,2% de
l’effectif), l’industrie automobile (90,2% de l’effectif), la fabrication de produits informatiques et électronique (85% de
l’effectif), l’industrie pharmaceutique (85,7% de l’effectif).
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64% des salariés doivent atteindre des objectifs chiffrés et précis, cela concerne 83,8% des entreprises non résidentes
et 64,1% des entreprises résidentes.
Les secteurs les plus concernés sont les services administratifs et de soutien (75,9%) et l’industrie manufacturière
(75%), parmi elle en particulier l’habillement (88%) et l’industrie pharmaceutique (75,4%).
29% des salariés sont exposés au bruit dont 71,4% exposés à un bruit supérieur à 85dBA et 30,7% exposés à
des chocs ou impulsions. 41,1% des hommes sont exposés à ces nuisances sonores Vs 17,9% des femmes. Les
hommes de plus de 50 ans sont les plus exposés (36,2% des expositions aux nuisances sonores). Le secteur de
l’industrie extractive est le plus pourvoyeur d’exposition au bruit (54,9%), suivent la construction (54,6%) et l’industrie
manufacturière (33,9%).
45,4% des salariés exposés à un bruit de niveau moyen de 85 dBA dans leurs postes déclarent avoir des protections
auditives disponibles et adaptées versus 44,5% de ceux qui sont exposés à un bruit comportant des chocs et des
impulsions.
4/ La contrainte visuelle
48,8% des salariés sont exposés à une contrainte visuelle dont 45,5% travaillent sur écran avec une moyenne de 5,8
h par jour. Ils occupent un poste d’employés de réception, guichetiers et assimilés dans 13,12% des cas. Les secteurs
exposant le plus leurs salariés sont l’information et la communication (100%), les activités financière et assurances
(97,3%), les activités administratives et de soutien (94%).
La manutention manuelle de charge peut avoir comme conséquences des problèmes de lombalgies ou de sciatiques.
44,7% des salariés sont exposés à la manutention manuelle des charges dont 39% la jugent « importante ». Les
secteurs qui exposent le plus leurs salariés sont le commerce et la réparation automobile (58%), l’hébergement et
restauration (57,7%), santé et actions sociales (60,4%) et les industries manufacturières (48%).
Ces salariés occupent surtout des postes de métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat (62,5% d’entre eux) et les
professions élémentaires (69,4% d’entre eux).
6/ Les contraintes posturales et articulaires (cf focus sur les contraintes articulaires
et posturales)
Certaines postures demandant des amplitudes articulaires extrêmes provoquent au bout d’un certain temps des micro-
altérations des muscles, des vaisseaux ou des nerfs. Il en est de même de certains gestes professionnels exigeant la
mise en jeu de forces importantes ou encore de certains gestes répétitifs à cadence élevée.
90,4% des travailleurs déclarent être exposés à au moins une contrainte posturale et articulaire, 38% ont des positions
debout statique au poste de travail, 37,7% répètent les gestes ou une série de gestes à une cadence élevée et 28,6%
ont des positions forcées d’une ou de plusieurs articulations.
49,3% des salariés ont une sollicitation du rachis par une torsion du tronc ou une flexion, 29,9% ont une sollicitation
des membres supérieurs par des mouvements de pronosupination, de surélévation des bras au-dessus des plans des
épaules et 15% ont une sollicitation des membres inférieurs par la position à genoux.
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7/ Machines et outils vibrants
8,5% des salariés utilisent des machines et des outils vibrants dans leurs postes de travail.
6% utilisent des outils transmettant des vibrations aux membres supérieurs (tronçonneuse, meuleuse, clef à choc...)
et 2,5% utilisent des installations fixes (concasseurs, table vibrante, presse…).
8/ Conduite
3,4% des salariés conduisent des machines mobiles (engin de chantier, chariot automoteur..) sur le lieu de travail et
6,4% conduisent sur la voie publique (automobile, camion, autocar…).
L’exposition aux produits chimiques concerne la plupart des secteurs (BTP, agriculture et industrie), Les produits
chimiques peuvent prendre différentes formes physiques : solide (particules et poussières), liquides (dont les
brouillards), gazeuse (dont les vapeurs) et mixtes (fumées). Selon la nature des activités professionnelles et des
comportements d’hygiène au travail, les travailleurs peuvent être exposés aux produits chimiques par plusieurs
voies d’accès :
Les pathologies provoquées éventuellement par l’exposition à ces produits chimiques vont dépendre du produit
exposant mais aussi de la durée et de l’intensité de celle-ci ainsi que de la protection individuelle et collective mise
en place. Le délai d’apparition d’une pathologie peut être très variable elle peut être immédiate par exemple dans
le cas de l’allergie mais elle peut survenir très longtemps après l’exposition comme par exemple pour les produits
cancérigènes pour lesquelles la pathologie peut survenir plus de trente ans après l’exposition.
Le questionnaire recense 65 agents chimiques. Ces 65 items ne prétendent pas recouvrir la totalité des expositions
aux agents chimiques. Il s’agit de la liste des agents repérés dans le cadre des tableaux de maladies professionnelles
tunisiens et certains produits chimiques classés CIRC 1 (substance cancérogène certaine), aux quelles ont été
rajoutées les fibres céramiques réfractaires et les fumées de soudage.
248992 salariés (35,4%) sont exposés aux produits chimiques, parmi eux 65158 (26,16%) ont une multi exposition
(3 produits et plus).
Les trois secteurs qui exposent le plus leurs salariés sont le secteur de la santé humaine et actions sociales (54% de
l’effectif), l’industrie extractive (50,6%de l’effectif) et l’industrie manufacturière (39,8% de l’effectif).Parmi les salariés de
l’industrie manufacturière, 28,76% travaillent dans l’industrie de l’habillement, 8,73% dans l’industrie automobile et
7,66% dans l’industrie alimentaire.
Les professions exposant le plus leurs salariés sont les métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat (52,7%), les
professions intermédiaires (44,5%), les conducteurs d’installations et de machines et ouvriers de l’assemblage (41,6%)
et les professions élémentaires (39,5%).
Une exposition à des produits cancérogènes (groupe 1, 2aet 2b de la classification du CIRC) a été notée chez 19,6%
des salariés. (cf focus sur les cancérogènes)
Dans le cadre professionnel, les situations d’exposition des salariés aux risques biologiques sont classées en deux
catégories: d’une part, les expositions «délibérées» (lorsque le processus de recherche ou de production nécessite
l’utilisation d’agents biologiques le plus souvent identifiés et contrôlés) et, d’autre part, les expositions «potentielles»
(lorsque le salarié est susceptible d’être exposé à un agent biologique au-delà du risque communautaire).
Dans ce cas, les agents biologiques ne font pas partie du procédé du travail, mais ils laccompagnent soit du fait
de l’activité elle-même (métiers de la santé, du service à la personne, du traitement de l’eau ou des déchets…),
soit du fait du caractère de l’activité : chaleur, humidité et présence de nutriments favorisant l’installation et le
développement d’agents biologiques (papeteries, industrie du coton, …).
59 200 salariés couverts par la médecine du travail (8,4%) sont exposés à au moins un agent biologique. Parmi ces
salariés, 95,1% le sont dans un contexte d’exposition potentielle supérieure au risque communautaire. Les agents
biologiques ne sont pas mis en œuvre volontairement, mais peuvent être présents du fait de l’activité.
Les secteurs d’activités concernés sont très variés. Près de la moitié de ces salariés sont au contact d’un réservoir
humain. Ce sont surtout ceux des milieux de soin qui sont concernés.
La Part des salariés exposés à des agents biologiques dans un contexte d'exposition potentielle supérieur au risque
communautaire
En% relatif
Travail au contact d'un réservoir humain 47,1
Dont : Milieu de soin 41,6
Dont : Milieu médico-social et social 22,5
Dont : Service à la personne 9,6
Travail au contact d'un réservoir animal 19,5
Dont : Elevage 29,6
Dont : Abattoir 24,4
Dont : Travail auprès des animaux de compagnie 19,2
Autres conditions d'exposition potentielle 43,7
Dont : Nettoyage, propreté 25,9
Dont : Industrie et laboratoire agro-alimentaire 20,5
Dont : Commerce de bouche restauration 17,9
Dont : Traitement des déchets 14,4
Dont : Station d'épuration, égouts, fosses septiques 9,7
> Exemple de lecture : 47,1% des salariés exposés à un agent biologique dans un contexte d’exposition potentielle le sont au
contact d’un réservoir humain.
Environ un cinquième des salariés au contact d’un réservoir humain (21,2%) font des tâches de type « soins, hygiène,
nursing ou assistance à la personne ».Un peu moins effectuent des soins invasifs (18,1%) et non invasifs (18,1%).
Cadre réglementaire :
L’exposition professionnelle au risque biologique est prévue dans La liste des maladies professionnelles,
(article 3 de la loi susvisée n°94-28 du 21 février 1994) à travers les tableaux des maladies causées par les
agents infectieux (tableaux n°60 à 75)
13
V- Prévention
Ce chapitre comprend trois rubriques différentes : la protection individuelle, la protection collective et l’appréciation
générale de la qualité de la prévention des risques professionnels dans l’entreprise selon le médecin et selon le salarié.
Principes de prévention :
Dans une situation de travail exposant les travailleurs à des nuisances, l’employeur doit au préalable identifier ces
risques (article 152-2 du code du travail).
Cette identification des risques va lui permettre de définir les mesures de prévention prioritaires afin de préserver la
santé et la sécurité de ses salariés. Ces mesures auront pour objectif principal d’éliminer ou de réduire les risques,
dans ce cas la protection collective doit constituer la priorité. Au cas où l’analyse des risques révèle que celle-ci est
insuffisante ou impossible à mettre en œuvre, l’employeur doit mettre à disposition des salariés les EPI appropriés.
Les équipements de protection collective permettent de protéger l’ensemble des salariés et sont dans ce sens à
privilégier.
Le jugement sur la protection collective est plutôt positif dans 58% des cas, néanmoins, il doit être pris avec quelques
réserves car il n’est pas sûr que les salariés connaissent toutes les mesures de prévention collectives qui pourraient
être mises en œuvre au regard des expositions qu’ils subissent.
2/ Protection individuelle
Le graphique ci-dessous, représente le pourcentage de la mise à disposition du salarié d’un équipement de protection
individuelle adapté aux risques auxquels il est soumis. Exemple ; protection respiratoire par rapport à une exposition
aux poussières ou aux vapeurs.
Cette rubrique est remplie par le médecin du travail, et son jugement repose sur les données scientifiques en rapport
avec le risque et non sur les bases réglementaires. Exemple ; pour les nuisances sonores, la base réglementaire de
référence est de 85 dBA, alors que les données scientifiques conseillent le port de protections auditives à partir de 80
dBA.
> Exemple de lecture : le médecin du travail considère que seuls 28,3% des salariés ayant un risque oculaire dans leur travail
disposent d’une protection adaptée (lunettes).
Le niveau de mise à disposition de protection individuelle est très faible par rapport aux risques encourus.
> Exemple de lecture : Le salarié et le médecin considèrent que la qualité de l’organisation du travail est bonne (+20) alors qu’ils
considèrent la qualité de la prévention des expositions aux contraintes physiques est mauvaise (-20).
Ce graphique montre la concordance entre le jugement subjectif du salarié et la connaissance objective du médecin.
Il pointe la mauvaise qualité de la prévention des risques physiques, chimiques et biologiques et met l’accent sur le
besoin de fournir un effort sur l’organisation de la prévention en entreprise.
15
Le bruit, une nuisance qui
touche près
de 3 salariés sur 10
en 2016-2017
RESUME
Environ 203 000 salariés sont exposés à des nuisances sonores, soit 29% de salariés suivis par la médecine du travail.
Ces nuisances sonores sont soumises à une surveillance médicale spéciale.
41,1% des hommes qui travaillent sont exposés aux nuisances sonores.
71,4% de ces salariés sont exposés à un bruit supérieur à 85dBA et 30,7% à un bruit comportant des chocs ou des
impulsions. 15,5% des salariés cumulent ces deux expositions.
Plus de la moitié des salariés du secteur de l’industrie extractive déclarent être exposés à des nuisances sonores
(54,9%) suivis par ceux de la construction (54,6%). Un peu plus du tiers des salariés des industries manufacturières
(33,9%) y sont également exposés.
La protection auditive individuelle est disponible et adaptée chez 45,4% des salariés exposés à des bruits de niveau
moyen d’exposition sonore supérieur à 85 dBA. Chez les salariés exposés à des bruits comportant des chocs et des
impulsions, seuls 44,5% ont une protection auditive individuelle disponible et adaptée.
Si le bruit peut provoquer des surdités chez les travailleuses enceintes, il pourrait représenter un danger pour
les fœtus. Les bruits inférieurs à 250 Hz traversent facilement les barrières naturelles qui protègent le fœtus
(parois abdominales et utérines, placenta et liquide amniotique) et sont donc potentiellement dangereux pour
l’audition des enfants à naître. Les bruits ont aussi des répercussions sur la qualité du travail (erreurs) et les
rendements des opérateurs.
Surtout ils augmentent le risque d’accident de travail. En effet, le bruit masque les signaux d’alerte. Il gêne la
71,4% de ces salariés sont exposés à un bruit supérieur à 85 dBA et 30,7% à un bruit comportant des chocs ou des
impulsions. 15,5% des salariés cumulent ces deux expositions.
Plus d’un tiers (36,2%) des sujets de plus de 50 ans sont exposés aux nuisances sonores.
Or, une oreille vieillissante, est plus vulnérable à une agression sonore qu’une oreille jeune.
> Graphic 8: Les salariés exposés aux nuisances sonores selon le genre et l’âge
17
2/ Bruit et secteurs
d’activités
Plus de la moitié des salariés du secteur de l’industrie extractive déclarent être exposés à des nuisances sonores
(54,9%) suivis par ceux de la construction (54,6%). Un peu plus du tiers des salariés des industries manufacturières
(33,9%) y sont également exposés.
Nombre de salariés exposés aux nuisances sonores en fonction du secteur En% Nb de salariés
> Exemple de lecture : 54,9% des salariés de l’industrie extractive sont exposés au bruit soit 10100 salariés.
3/ Bruit et professions
> Graphic 8: Les salariés exposés aux nuisances sonores selon le genre et l’âge
La part des salariés exposés aux nuisances sonores est plus importante dans les professions « métiers qualifiés de
l’industrie et de l’artisanat » (42,6%) et « les conducteurs d’installations et de machines, et ouvriers de l’assemblage »
(35%). En revanche, les salariés des professions « directeurs, cadres de direction et gérant » (11,6%) et des « professions
intellectuelles et scientifiques » (9,4%) sont les moins exposés.
Part des salariés exposés à des nuisances sonores et à d’autres contraintes En%
Contraintes physiques
66% des salariés exposés au bruit (66%) font de la manutention manuelle de charges.
Le quart (26%) des salariés exposés au bruit utilisent des machines et des outils vibrants.
Si le bruit reste la nuisance la plus nocive pour l’audition, l’exposition à certains composants chimiques professionnels
comme les solvants aromatiques et le trichloréthylène, peuvent altérer l’oreille interne des salariés. Le cumul des deux
expositions, nuisances sonores et produits chimiques ototoxiques est donc beaucoup plus nocif. Ainsi dans notre
enquête, 14,7% des salariés exposés aux nuisances sonores sont exposés aux amines aromatiques , dont benzène,
qui sont des produits otoxiques (toxiques pour « l’oreille »)
5/ Prévention
Il n’y a que 45,4% des salariés exposés au bruit supérieur à 85 dBA qui disposent d’une protection auditive adaptée
(64809).
De même, il n’y a que 44,5% des salariés qui sont exposés aux chocs et impulsions et qui disposent d’un équipement
de protection individuelle adapté (27524).
En absence d’un cadre réglementaire spécifique à la prévention du risque lié aux nuisances sonores
• l’article 152-2 du code de travail peut être utilisé pour inciter l’employeur à mettre en place une prévention
vis-à-vis de ce risque,
• Loi n° 94-28 du 21 février 1994 portant régime de réparation des préjudices résultant des accidents du
travail et des maladies professionnelles
• décret n°68-83 du 23/3/1968 fixant la nature des Travaux nécessitant une SMS
• Arrêté du ministre des Affaires sociales du 13 janvier 1995 fixant le formulaire de la déclaration de procédés
du travail pouvant provoquer des maladies professionnelles ou la cessation de leur utilisation.
• Le guide n° 2 de l’I.S.S.T.
19
PREVENTION :
La prise en compte du risque bruit au moment de la conception des machines et des locaux
de travail est la mesure de prévention la plus efficace. Sinon, la prise en compte après le début
d’activités de l’entreprise est possible mais plus coûteuse. Dans les 2 cas, l’objectif est de réduire
le bruit à la source et d’agir sur la propagation du bruit dans le local de travail
Traitement acoustique des locaux de travail : on peut revêtir le plafond, les murs ou cloisons d’un
matériau ayant la propriété d’absorber le son (par exemple le liège).
La prévention passe aussi par des modifications organisationnelles pour limiter les durées
d’exposition au bruit (roulement, polyvalence, éloignement, déplacement des machines ou DES
outils bruyants…).Il faut essayer d’éloigner les travailleurs des zones les plus bruyantes, du moins
pendant quelques heures. En effet, le niveau de bruit baisse avec l’éloignement.
> mettre à disposition des salariés des protections individuelles (casque antibruit, bouchons
d’oreille) au-delà de certains seuils d’exposition.
> Faire la surveillance médicale spéciale des salariés exposés au bruit, En particulier, il faut
surveiller les femmes enceintes, prévoir leur changement de poste pour éviter l’exposition du
fœtus et surveiller les salariés âgés de plus de 50 ans.
> la surveillance de l’audition par le médecin du travail permet de détecter la sensibilité d’une
personne au bruit (il ne faut pas oublier d’étalonner les appareils).
La surdité peut être reconnue comme une maladie professionnelle selon des critères précisés
dans le tableau n°80 des maladies professionnelles. En 2016, 123 cas de surdité professionnelle
ont été reconnus par la CNAM, (données statistiques des AT MP /2016).
Introduction
Parmi les 90,4% des salariés exposés aux contraintes articulaires et posturales pendant le travail 48.1% sont du genre
masculin et 51.9% du genre féminin.
60.4% de ces salariés appartiennent à la tranche d’âge comprise entre [20-39 ans].
69.8% des expositions aux contraintes articulaires et posturales concernent le secteur de l’industrie manufacturière.
1/ Les contraintes articulaires qui concernent les Membres Supérieurs notamment les gestes répétitifs, les
mouvements forcés des articulations et les autres positions concernant essentiellement l’épaule.
I/ Contraintes articulaires
des membres supérieurs
Les Troubles Musculo-Squelettiques (TMS) occupent la première place des Maladies Professionnelles
(MP) en Tunisie avec 1145 cas en 2016 soit 72.3% de l’ensemble des MP , suivis des maladies de
l’appareil respiratoire (161 cas) et de la surdité professionnelle (123 cas), selon les données de la CNAM [1].
Inscrits dans le tableau 82 des MP Tunisien, ces TMS sont dominés par le syndrome du canal carpien et les
Tendinopathies de l’épaule [1] mais il existe aussi des pathologies qui touchent les coudes .Les principaux
facteurs de risque professionnels responsables de la survenue des
3- Les postures inconfortables ou maintenues durant de longues périodes, telles que le travail
bras au-dessus du niveau des épaules.
Toutefois il existe d’autres facteurs rapportés par la littérature qui interviennent dans l’apparition de ces
troubles telle que la tension au travail.
html.
21
1/ Le profil des travailleurs exposés aux contraintes articulaires
des MS (Tableau N1°)
> Tableau n°1 : Salariés exposés à des contraintes articulaires des MS
> Exemple de lecture : : 41,7% des salariés sont exposés à la répétition d’un même geste ou d’une série de gestes et parmi eux,
46,5% sont des hommes.
Les contraintes articulaires des MS sont dominées par la répétition d’un même geste ou d’une série de geste à
cadence élevé (41,7%), Les travailleurs exposés sont essentiellement du genre féminin (53,5%). Ils appartiennent à
la tanche d’âge comprise entre [20 ; 39 ans] dans 62% des cas. Ils occupent le poste de conducteurs d’installations
et de machines et ouvriers de l’assemblage dans plus de 50% des cas et travaillent dans le secteur de l’industrie
manufacturière dans 85% des cas, notamment le secteur de l’habillement (36%).
Le travail en position forcée d’une ou de plusieurs articulations concerne 31,6% des salariés surtout des hommes
51,5%, qui occupent pour 22% des métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat.
Sur les autres positions concernant l’épaule, qui concernent 33% des salariés, leurs profils sont relativement identiques
aux salariés exposés à la répétition d’un même geste ou d’une série de gestes.
Pour les salariés qui cumulent la position forcée d’une ou de plusieurs articulations et autres positions concernant
l’épaule, on retrouve les mêmes professions ; conducteurs d’installations et de machines et ouvriers de l’assemblage
23,7%, et les manœuvres des mines et des travaux publiques, des industries manufacturières et du transport 9,8%.
> Exemple de lecture : 31,4% des gens qui ont des mouvements répétitifs sont soumis à une cadence automatique des machines.
23
Les salariés qui sont soumis à des mouvements répétitifs semblent être plus exposés à des contraintes machiniques
et ont peu de marge de manœuvre.
Les salariés exposés à des positions forcées des articulations sont plus exposés aux outils vibrants ont un peu plus de
marge de manœuvre et sont moins exposés aux contraintes machiniques.
Dans cette rubrique, nous retrouvons des niveaux d’exposition aux autres contraintes situés entre ceux relevés avec
les mouvements répétitifs et ceux retrouvés avec les positions forcées des articulations.
Les rachialgies et particulièrement les lombosciatiques constituent l’une des principales causes
d’absentéisme en milieu du travail [1]. La lombalgie occupe la tête de liste des troubles liés au
travail rapportées par les travailleurs [2]. La prévalence de la lombalgie dans la population adulte
varie selon les études de 66% à 75%. La lombalgie est le principal problème lié à la manutention
manuelle. C’est donc la première cause d’accident du travail et d’arrêt de travail, y compris
avec incapacité permanente. Elles sont même la troisième cause de handicap chronique pour
la classe d’âge allant de 45 à 64 [3].Cette pathologie est la première cause d’invalidité dans la
population chez les moins de 45 ans, et la première cause d’arrêt de travail [4], de perte de travail
et d’absentéisme ans |5]. Des postures, mouvements, vibrations ou charges soulevées dans le
cadre d’un grand nombre d’activités professionnelles peuvent contribuer à l’apparition ou à la
persistance de lombalgies. Les postures fixes et prolongées sont aussi des facteurs de risque de
lombalgie et peuvent concerner les trois segments de la colonne vertébrale [6].Il n’existe pas de
tableau de maladies professionnelles.
[1]-Op De Beeck, L. R., Hermans, V., and European Agency for Safety and Health at Work. Research on work-relatedlow back disorders. Luxembourg:
Office for Official Publications of the European Communities; 2000 . , [2]- Lombalgies en milieu professionnel: quels facteurs de risqué, quelle prévention:
,[3] - source INRS statistiques 2010, mises à jour en 2011, [4]-Goupille et coll., 2000., [5]-Breinstein et coll., 1991. ,[6]- Krapac et coll., 1992
> Exemple de lecture : 25,9% des salariés exposés aux contraintes du rachis sont des conducteurs de machines et d’installations
fixes.
44,7% des salariés sont exposés à la manutention manuelle des charges jugée « importante » dans 39% des cas.
Les secteurs les plus exposants sont le commerce et la réparation automobile (58% de l’effectif), l’hébergement et la
restauration (57,7% de l’effectif), la santé et les actions sociales (60,4% de l’effectif) et les industries manufacturières
(48% de l’effectif). Ces salariés occupent surtout des postes des métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat
(62,5%) et les professions élémentaires (69,4%).Les contraintes articulaires du rachis sont statistiquement liées à cette
manutention manuelle en effet 59.7% des salariés qui ont déclaré être exposés à une contrainte rachidienne font de la
manutention manuelle Vs 40.3% qui ne l’effectuent pas (p<0.000). Les vibrations créées par les installations fixes se
transmettant à tout le corps ont été rapportées dans 8.2% des cas. Ces vibrations ont été associées à des contraintes
rachidiennes dans 76.4% des cas. Les contraintes sur le rachis sont associées à d’autres types de
contraintes notamment organisationnelles et physiques tels que l’exposition au bruit.
25
> Tableau n°5 : Tableau 5, Rachis et autres contraintes
> Exemple de lecture : 23.4% des salariés exposés aux contraintes rachidiennes sont soumis à des cadences automatiques.
III-Les contraintes
posturales
Les contraintes posturales telles que la position debout statique et la position assise
prolongée constituent des situations fatigantes au travail et sont susceptibles d’engendrer des
pathologies telles que les lombalgies en effet, d’après les données de la littérature les postures fixes
et prolongées sont des facteurs de risque de lombalgie et peuvent concerner les trois segments
de la colonne vertébrale. Elles sont subies surtout par les salariés dans des tâches de saisies de
données sur ordinateur ou encore des salariés travaillant à poste fixe. Par exemple les caissières
de supermarché, des travaux de montage de petits objets, du conditionnement ou les chauffeurs
longue distance. Ces travaux induisent un niveau de contraction musculaire faible pour maintenir
une posture, bloquer l’épaule par exemple afin que la main puisse travailler de façon précise [1] ou,
dans les activités à forte contrainte visuelle, les muscles extenseurs de la tête assurent la stabilité
de celle-ci pour permettre une attention visuelle optimale [2]. Les postures pénibles, en rotation,
en extension ou en flexion du tronc, sont avant tout le fait d’un mauvais dimensionnement du
poste de travail. Elles exigent un travail en endurance des muscles ilio-costaux dont ce n’est pas
la fonction [3] et détériorent la répartition homogène des pressions sur le disque [4].
[1]- Krapac et coll., 1992, [2]- Elias et Cail, 1982 ,|3]- Jorgensen et coll., 1993 , [4]- McGill, 1997
Dans Les « Contraintes Posturales » la position debout a été plus rapportée chez les hommes que les femmes (54%
Vs 46%) , alors que pour la position assise prolongée, les femmes sont plus exposées (63.5%).
La tranche d’âge la plus concernée pour les deux positions est celle de [20-39] ans (61%).
Le secteur le plus touché pour ces deux positions, est celui de l’industrie manufacturière (75,7% de l’effectif de celle-ci
pour la position debout statique et 64,6% pour la position assise prolongée).
Par contre pour les professions, on retrouve des résultats différents, les salariés exposés à des positions debout
statiques sont plus souvent des conducteurs d’installation et de machine et ouvrier d’assemblage avec 27,7%, les
métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat 25,5% et les professions élémentaires 22,6%, alors que les salariés
exposés à une position assise prolongée sont pour 47,4% des conducteurs d’installation et de machine et ouvrier
d’assemblage et des employés administratifs 15%. .
27
2/ Association à d’autres types de contraintes
Ces contraintes posturales sont fréquemment associées à d’autres contraintes.* Concernant les positions assises
prolongées et debout statiques avec autres contraintes (tableau n°7):
Des normes de production ou des délais à respecter en journée au plus 72.8% 71.5%
Les salariés en position debout statique sont plus souvent exposés à des contraintes machiniques, au travail posté et
travail de nuit ainsi à l’exposition aux nuisances sonores.
Les salariés en position assise prolongée sont plus confrontés à des contraintes de type marchandes et sont en plus
dans la possibilité d’interrompre leur travail quand ils le souhaitent.
Certaines postures de travail peuvent dans un premier temps être inconfortables avant de devenir fatigantes
et usantes Telle que, la position à genou, puis générer des TMS. L’appui prolongé sur le genou, peut conduire
à des affections péri articulaires tel que l’hygromas du genou (considéré comme MP dans le tableau 82).
29
Les salariés travaillant dans des « postures pénibles » sont eux aussi plus souvent exposés à des nuisances sonores
: 55.4% contre 44.6% des personnes ne subissant pas ces nuisances. Il en est de même pour les contraintes
organisationnelles :
CONCLUSION
L’exposition aux contraintes articulaires et posturales peut être une source de TMS qui constituent la première MP en
Tunisie et qui engendre un nombre élevé de journées de travail perdues et parfois même des incapacités permanentes
au travail. Les facteurs de risque des TMS des MS sont l’exposition à la répétition d’un même geste ou d’une série
de geste avec une cadence élevée retrouvé dans 38% des cas dans l’enquête CaRiPT ainsi que la position forcée
d’une ou plusieurs articulations retrouvée dans 29% des cas. Le secteur d’activité le plus concerné par ces expositions
étant l’industrie manufacturière, notamment le secteur du textile et de l’habillement, ce qui rejoint les données de la
littérature. Des contraintes de type organisationnel sont souvent associées à l’exposition aux contraintes articulaires.
Quant aux contraintes rachidiennes rapportées dans plus de 49% des cas dans notre série, elles sont pourvoyeuses de
lombalgies dont les facteurs de risque sont la manutention manuelle de charges lourdes rapportée dans environ 45%
des cas mais aussi les contraintes posturales telle que la position assise prolongée 41% des cas ou debout statique
dans 38% des cas. De gros efforts devraient donc être déployés pour protéger les salariés de l’exposition à ce type
decontraintes.
Nous avons décidé de travailler à partir de cette liste élargie par principe de précaution: en sachant
que tous les produits cancérogènes de la liste du CIRC ne sont pas repérés dans CaRiPT, ce qui
peut entraîner une sous-estimation.
D’autre part, dans cette liste des produits purs sont repérés entant que tels alors que l’intitulé
correspond à une famille pour laquelle tous les membres ne sont pas cancérogènes (exemple :
amines aromatiques). Par principe de précaution nous avons préféré les prendre en compte dans
un souci de prévention même si cela peut entraîner une sur estimation. Cependant la liste retenue
permet de considérer que nous repérons la très grande majorité des expositions aux produits
cancérogènes.
Si nous avions pris uniquement les produits chimiques classés catégorie 1 par le CIRC nous
aurions 110300 salariés exposés soit 15,6%.
31
> Tableau n°1 : Les agents chimiques cancérogènes retenus dans l’enquête CaRiPT
Nb de proportion
Tableaux
Cancérogènes CIRC Type de cancer salariés de salariés
des MP
exposés exposés
Caustiques :
85
Acides forts 1-3 Larynx 39869 5.7%
(ac sulfurique)
Fibres et poussières minérales
Amiante 1 Poumon-ORL 18 3005 Inférieur à 1
Fibres céramiques réfractaires 2B poumon - 6219 Inférieur à 1
Silice libre 1 poumon 17 9596 1.4%
Fumées et gaz :
Fumées de soudage d’éléments métalliques 2B poumon - 31303 4.4%
Fumées et gaz diesel 1 poumon - 22452 3.2%
Hydrocarbures, leurs composés et leurs dérivés
Aldéhyde formique et ses polymères (formol, formaldéhyde) 1 rhinopharynx 28 13254 1.9%
Amines aromatiques et leurs dérivés 1 vessie 33 13371 1.9%
Benzène et tous les produits en renfermant 1 hématologique 31 21656 3.1%
Dérivés halogénés des hydrocarbures aromatiques 2B 32* 6000 Inférieur à 1
Goudrons de houille, les huiles de houille, braies de houille et huiles poumon
1 37 2392 Inférieur à 1
anthracéniques vessie- cutané
Huiles et graisses d'origine minérale ou de synthèse 1 Cutané 39 24988 3.6%
Œsophage-col
Perchloréthylène 2A 23* 3334 Inférieur à 1
utérus
Suies de combustion des produits pétroliers 1 Cutané 38 3827 Inférieur à 1
Tétrachloréthane 2B foie 22* 2222 Inférieur à 1
Tétrachlorure de carbone 2B 21* 1484 Inférieur à 1
Rein-héma-
Trichloréthylène 1 23* 5568 Inférieur à 1
to-foie
Matières plastiques :
Chlorure de vinyle monomère 1 Angiosarcome 43 5740 Inférieur à 1
Médicaments :
Cytostatiques 1à3 - - 2123 Inférieur à 1
Poussières végétales :
Poussières de bois et de liège 1 ORL 54 5862 Inférieur à 1
Substances minérales (métaux) :
Poumon -foie -
Arsenic et l’hydrogène arsénié 1 3 200 Inférieur à 1
cutané
broncho-pul-
Cadmium et ses composés 1 11 1057 Inférieur à 1
monaire
broncho-pul-
Chrome et ses composés 1 7 6939 1%
monaire
Cobalt et ses composés minéraux 2B poumon 4* 3491 Inférieur à 1
Nickel et ses composés 2B poumon-ORL 6 5042 Inférieur à 1
Plomb et ses composés 2B poumon 1* 6714 1%
> Tableau de maladie professionnelle pour lequel le caractère cancérogène du produit chimique n’est pas reconnu en tant que tel.
> Tableau n°2 : nombre de salariés exposés à au moins un produit chimique cancérogène
> Exemple de lecture : 13,7% des salariés exposés à au moins un produit cancérogène appartiennent à la catégorie des
professions élémentaires et parmi eux 53% sont des aides ménagers et agents de nettoyage.
Dans 7 cas sur 10 les salariés exposés à au moins un produit chimique cancérogène de la liste élargie des produits
chimiques cancérogènes sont des hommes.
La tranche d’âge la plus exposée est entre 20 et 39 ans, elle représente plus de la moitié des salariés exposés à au
moins un produit chimique cancérogène.
Environ 16% des salariés exposés à au moins un produit chimique cancérogène sont des conducteurs de machines
et d’installations fixes, 15% exercent des métiers qualifiés de la métallurgie, de la construction mécanique et assimilés,
11% exercent dans des professions intermédiaires des sciences et techniques et environ 7% sont des aides ménagers
et agents de nettoyage.
33
> Tableau n°3 : Nombre des salariés exposés à au moins un produit chimique cancérogène par secteur d’activité
*correspond au nombre de salariés exposés dans le secteur sur le nombre total des exposés,
** correspond au nombre de salariés exposés dans le secteur sur le nombre total du secteur.
> Exemple de lecture : 104607 des salariés exposés à au moins un produit cancérogène travaillent dans l’industrie manufacturière
(75,7%) et 50% des salariés de ce secteur sont exposés à au moins un produit cancérogène.
Les autres produits qui exposent le plus les salariés sont les fumées de soudage (4,4%), les huiles et graisses d›origine
minérale ou de synthèse (3,6%) et les fumées gaz diesel (3,2%)qui sont des produits de dégradation pour lesquels la
prévention collective est complexe.
12,4% des salariés exposés aux fumées de soudage travaillent dans l’industrie automobile et 10% travaillent dans
l’industrie de fabrication d’autres produits minéraux non métalliques. Un salarié sur trois exposés exerce des métiers
qualifiés de la métallurgie et de la construction mécanique.
Les salariés exposés aux huiles et graisses d›origine minérale ou de synthèse travaillent dans l’industrie manufacturière
dans 88% des cas. 50% des salariés exposés aux huiles et graisses d’origine minérale ou de synthèse exercent des
métiers qualifiés de l’industrie et de l’artisanat.
Les salariés exposés aux fumées de gaz diesel travaillent dans l’industrie manufacturière dans plus que 50% des cas,
dans l’industrie extractive dans 14%, dans l’industrie de commerce et de réparation d’automobile dans 12% et dans
le secteur de transport et d’entreposage dans 12% des cas.
Les salariés exposés exercent des métiers qualifiés de l›industrie et de l›artisanat (36%), ou conducteurs d›installations,
de machines et ouvriers de l›assemblage (30%).
> Tableau n°4 : Pourcentage des salariés exposés aux produits chimiques cancérogènes par secteur d’activité
Huile de
Fumées de Fumée et gaz
Secteur d’activité Acide fort benzène graisses
soudage diesel
minérales
Industrie automobile 2% 14,7% 12,5% 9% -
Fabrication de produits métalliques, à l’exception
3% 5% 10% 6% 4%
des machines et des équipements
Fabrication d'autres produits minéraux non
3% - 10% 8% 20%
métalliques
Industrie chimique 17% 4,6% 6,5% 8% 5%
Textile et habillement 16% 9% 3% 10% -
Industries alimentaires 8% - 4% 5% -
Fabrication de produits à base de tabac - 14,4% 3% 15% 5%
Industrie du cuir et de la chaussure - 9,6% - - -
Métallurgie 3% - 6% 2% 5%
Industrie extractive 6% 3% 8% 2,5% 14%
construction - 2% 2,5% - 3%
Commerce, réparation d’automobiles et de
- 4% - 3% 12%
motocycles
Transports et entreposage - 9% - 2% 12%
> Exemple de lecture : 2% des salariés exposés aux acides forts travaillent dans l’industrie automobile.
35
3/ La protection individuelle
> Tableau n°5 : Protection individuelle des salariés exposés à au moins un produit chimique cancérogène :
Les équipements de protection individuelle adaptés sont mis à la disposition des salariés lors d’exposition à au moins
un produit chimique cancérogène : dans 57% pour la protection respiratoire et dans 70% pour la protection cutanée.
L’enquête permet aussi de repérer d’autres cancérogènes physiques comme les rayonnements ionisants et
les rayons solaires ou organisationnels comme le travail de nuit.
1/ Rayonnements ionisants :
Ils sont classés catégorie 1 par le CIRC. Ils figurent dans le tableau n° 76 des maladies professionnelle, (le
cancer cutané, les leucémies, le cancer de la thyroïde), et leur utilisation est régie par une réglementation
spécifique(le décret n°86 du 28 mars 1986). Plus de 6000 salariés soit 0,9%de la population sont concernés.
2/ Rayonnements solaires :
Ils sont classés catégorie 2A par le CIRC, ils figurent dans le nouveau tableau n°77 des maladies
professionnelles (Epithélioma spinocellulaire sur kératose sénile du visage).
Ils sont repérés dans CaRiPT grâce à la question « travail à l’extérieur, exposé aux intempéries » (pendant
plus que 50% du temps de travail).Cela concerne 83700 salariés soit 11,9% de la population de l’enquête.
3/ Le travail de nuit :
Il est classé catégorie 2A par le CIRC pour les femmes, il est régi par l’art 68 du code de travail qui
exige une autorisation de l’inspection du travail et il n’est pas reconnu dans les tableaux des maladies
professionnelles. Cela concerne 34056 salariées (9,6 % des femmes).
4/ Les agents biologiques cancérogènes n’ont pas été repérés dans CaRiPT.
La prévention des expositions aux cancérogènes devrait se baser sur la suppression du produit ou sa
substitution par des produits chimiques moins dangereux. En cas d’impossibilité la prévention collective est
primordiale, visant le travail en vase clos, l’encoffrement et l’aspiration à la source.
Les protections individuelles ne peuvent pas être à elles seules suffisantes, elles sont disponibles et adaptées
dans 65%, néanmoins leur mise à la disposition ne signifie pas qu’elles soient toujours utilisées.
La prévention passe aussi par des modifications organisationnelles visant à limiter les durées d’exposition
(roulement, polyvalence).
La prévention médicale doit être renforcée parla surveillance médicale spéciale des salariés exposés
(46% des salariés exposés à au moins un produit chimique cancérogène relève réglementairement d’une
surveillance médicale spéciale).
En absence d’un cadre réglementaire spécifique à la prévention du risque cancérogène, l’article 152-2 du
code de travail, l’article 85 de la loi n° 94-28restent généraux et non spécifiques, et l’article 11 du décret
68-328 est ancien.
Une politique de prévention ciblée aux produits chimiques cancérogènes serait prioritaire, d’autant plus les
pathologies cancéreuses dues aux produits cancérogènes peuvent apparaître plusieurs dizaines d’années
après la retraite (d’où l’intérêt de la surveillance médicale post professionnelle).
- décret 68-328 du 22 octobre 1968 fixant les règles générales d’hygiène applicables dans les entreprises soumises
au code du travail.
- décret n°86-433 du 28 mars 1986 relatif à la protection contre les rayonnements ionisants
-le décret n°68-83 du 23/3/1968 fixant la nature des Travaux nécessitant une SMS
37
www.social.tn
www.expertisefrance.fr
www.ugp3a.gov.tn
http://eeas.europa.eu/delegations/tunisia/index_fr.htm
République Tunisienne
Ministère des Affaires Sociales