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Jeunes/personnes en âge de travailler

L’emploi est la meilleure assurance contre la pauvreté et la vulnérabilité. Il est donc un moyen de satisfaire et de
subvenir aux besoins élémentaires. Selon l’OIT, le but d’un emploi est que chacun puisse accéder à un travail
décent et productif, dans des conditions de liberté, d’équité, de sécurité et de dignité. De ce fait, avec
L’apparition récente de la pandémie du coronavirus (COVID-19), la situation de sous-emploi s'est
détériorée. Selon le rapport d’enquête de la Fondation la Friedrich-Ebert-Stiftung, 5 mois après la détection
de son premier cas, le Cameroun a atteint le cap de 16708 cas confirmés, 385 décès dus à la Covid-19 et 14539
personnes guéries, soit un taux de létalité de 2,3%. Le Cameroun entre dans la phase de contamination
communautaire selon les rapports du MINSANTE.
Des mesures de riposte ont été prises par le Gouvernement Camerounais visant à limiter les cas de
contamination. Cependant, malgré la volonté de ce dernier de protéger les emplois formels et ceux des Unités de
Productions Individuelles (UPI), ces mesures, combinées à celles d’autres pays (confinement, fermeture des
frontières, arrêt des activités économiques dans certains secteurs comme le transport et le tourisme) ont un
impact négatif sur l’emploi.

N° Mesures prises par le Gouvernement contre la covid19


1 le 17 mars 2020 le
Gouvernement a édicté treize (13) mesures visant à limiter la propagation de la maladie dont, entre
autres, la
fermeture des frontières.
2 le 09 avril 2020, sept (07) mesures supplémentaires ont été prises
3 le 30 avril 2020 que l’appui aux entreprises a pris la forme concrète des exonérations et du report du
paiement
de certaines taxes
4 augmentation des allocations familiales dans le cadre de l’assurance
sociale de 2 800 FCFA à 4 500 FCFA et l’augmentation de 20% du niveau des anciennes pensions
n’ayant pas bénéficié de la revalorisation automatique survenue du fait de la réforme de 2016

Le chômage occasionné par la pandémie a touché un peu plus les hommes : 72,73% contre 68,63% pour les
femmes. Mais plus la crise dure plus les femmes seront affectées par le chômage, car la probabilité de retrouver
un emploi est plus faible chez les femmes : 15,89% contre 27,27% chez les hommes. Cependant, les femmes ont
plus changé de secteurs d’activités que les hommes. La tranche d’âge de 35 ans et plus a davantage perdu ses
emplois que les autres.
% Homme femme 15- 25- 35-54 55 ou Milieu urbain Milieu rural
24 34 +
Proportion de 72,73 68,63 66,6 61,54 85,19 37,50 79,55 44,83
personnes qui 7
étaient en
activité à la 1ère
semaine de mars
et qui sont
actuellement en
chômage
Proportion de 27,27 31,37 33,3 38,46 14,81 62,50 20,45 55,17
personnes ayant 3
eu un nouvel
emploi
Proportion de 13,04 15,89 25,0 20,08 11,30 10,26 14,92 12,24
personnes dont 0
la situation
professionnelle

1
a changé

Effets sur la diminution du revenu


Dans l’ensemble, 48 % de personnes interrogées ont déclaré que leurs revenus ont diminué et qu’elles ont gardé
leurs emplois. Environ 6 % de personnes ont perdu leur emploi à la suite de la propagation du coronavirus au
Cameroun. Par ailleurs ; 41 % de personnes n’ont pas connu de changement de revenu.
La crise de la Covid-19 a occasionné le licenciement de 12,7% du personnel permanent des entreprises au
Cameroun et 26,1% ont été envoyés en congé technique.

L’on note que l’emploi des femmes n’a pas été significativement affecté par la crise. En effet, seulement
10,3%des femmes ont été licenciées contre 13,3% des hommes et 17,2 % des femmes envoyées en congé
technique contre 28,3% des hommes.

L’emploi a également été affecté par les stratégies des entreprises face à la Covid-19 ; la mesure la plus
préconisée par les entreprises a été de réduire les heures de travail des personnels (38,0%). À côté de cette
mesure, les dirigeants des entreprises ont vu leurs avantages diminuer (36,6%) et les salaires du personnel et des
dirigeants diminuer (28,9%).

L’enquête révèle que 17,1% des entreprises ont licencié plus de femmes que d’hommes. Suivant le sexe, la
moitié des entreprises promues par les femmes ont licencié plus de femmes que d’hommes et 50 % contre 13,5%
des entreprises promues par les hommes.

Emploi Secteur formel : Le taux d’emplois de la population active illustre aussi la proportion des
personnes en situation d’employés dans la population en âge de travailler (15 ans et +). Il est estimé à
71% en 2018 en hausse par rapport à 2014, mais en retrait par rapport à 2010. Les niveaux élevés de
taux d’emplois au Cameroun traduisent une certaine vitalité de l’économie camerounaise en dépit du
fait que la majorité des employés sont occupés dans le secteur informel. Les hommes sont relativement
plus occupés que les femmes en proportion de la main-d’oeuvre de chaque catégorie (77% pour les
hommes seulement 65% pour les femmes en 2018).(NU)
L’analyse de la répartition des emplois créés selon les grands groupes de secteurs, nous révèle une
forte prédominance structurelle de l’agriculture (au moins 60% des emplois totaux créés au cours de la
décennie 2009-2018). Le secteur industriel pour sa part intervient de façon relativement faible dans les
emplois créés au Cameroun (moins de 10%) au moment où les services fournissent une part non
négligeable de 28% en moyenne ces dernières années (WBI 2020).

Situation covid
Déclarée comme pandémie mondiale le 11 mars 2020 par l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS),
l’Afrique compte 324 696 cas confirmés de coronavirus, et a déjà coûté la vie à 8 618 personnes sur le
continent. Le Cameroun, 2ieme pays le plus touché d’Afrique Subsaharienne après l’Afrique du sud a
déclaré son premier cas le 06 mars 2020. Depuis cette date, la propagation semble s’accélérer. En date
du 24 juin 2020, le pays compte 12 270 cas de contamination dont 313 décès et 7 774 malades ayant
recouvré la guérison. Le Cameroun entre dans la phase de contamination communautaire selon les
rapports du MINSANTE. De ce fait, le Premier ministre Chef du Gouvernement du Cameroun a
communiqué 13 mesures à mettre en œuvre pour lutter contre la propagation du COVID-19 le 17 mars
2020.
Par ailleurs, pour des raisons économiques, le Cameroun revoit la sévérité des mesures afin de
permettre notamment aux bars d’ouvrir après 18 heures et levant les limitations sur le nombre de
passagers dans les transports en commun. Le Cameroun n’ayant pas décidé du confinement total de
ses populations mise sur les mesures ciblant la prévention notamment la distanciation sociale, le port
du masque, l’évitement des grands rassemblements, le lavage régulier des mains, la fermeture des bars
après 18 heure, etc. Malheureusement, la distanciation sociale n’est pas encore totalement observée ce
qui a amené le

2
Gouvernement à renforcer les actions de communications et sensibilisation. La propagation de cette
pandémie pose un défi énorme au système de santé camerounais, comme la plupart des systèmes
africains, dont la capacité reste limitée.

Effet sur l’emploi


les résultats de l’enquête socio-économique conduite par l’INS durant le mois d’avril-mai 2020 sous la
bannière du MINEPAT et du MINFI, sur l’ensemble du territoire sur un échantillon de plus de 1310
ménages et 770 entreprises, y compris les unités de production informelles (UPI), montrent que la
crise de la COVID-19 a notamment crée un dysfonctionnement dans la conduite des activités des
entreprises. De ce fait, depuis mars 2020, un peu moins de la moitié (42,3%) des entreprises du Cameroun ont
changé leur mode de fonctionnement. Il s’agit de nouvelles modalités de travail : télétravail, rotation, diminution
des heures de travail, congé technique. Ce changement est beaucoup plus perceptible dans les entreprises où les
promoteurs sont les hommes (46%) et moins chez les femmes (27,6%). Ainsi, près de 80% des chefs
d’entreprises dans le secteur formel estiment connaître un ralentissement moyen ou important de leur
activité. Dans le secteur informel, ce ralentissement se situe à près de 82%. De manière générale,
82,6% des chefs d’entreprises ont déclaré connaître une baisse de leur production. Toutefois, cette
situation est plus prononcée dans les entreprises du secteur formel que du secteur informel. Le chiffre
d’affaires quant à lui s’est inscrit en baisse pour près de 95,5% des entreprises, parmi lesquelles près
de la moitié révèle connaître une baisse de plus de 50% de leur chiffre d’affaires.
Plusieurs filières concernées par cette baisse d’activité sont en effet pourvoyeuses d’emplois. Selon
l’étude économique et financière des entreprises en 2017, publié par l’INS (2019), le transport et
l’entreposage contribuent pour 8,3% à la création d’emplois, l’hébergement et la restauration (2,2%)
l’agriculture (7,7%), l’industrie du bois sauf fabrication des meubles (1,8%), les industries extractives
(0,5%). Ainsi pour pallier les effets néfastes de cette crise, l’enquête des effets socio-économique du
COVID-19 révèle que dans l’ensemble 64,5% des entreprises ont réduit leurs heures de travail, 50,1%
ont eu recours à la mise en chômage technique de certains employés, 45,3% ont procédé à la réduction
des salaires et 58,2% ont revu leurs effectifs d’employés à la baisse. La réduction des effectifs
d’employés est relativement plus présente dans les PME du secteur moderne avec près de 62,2% des
entreprises concernées. De plus, cette perte d’emploi concerne aussi bien le personnel temporaire que
le personnel permanent. Cela est assez prononcé dans certaines branches d’activités. En effet, on
enregistre une perte d’emploi de plus de 50% dans les branches telles que l’éducation, l’hébergement
et la restauration, la sylviculture et la construction, qui ont déjà fortement souffert des crises
sécuritaires dans les régions du Nord-Ouest et du Sud-Ouest, et de la lutte contre la secte terroriste
Boko Haram dans les régions septentrionales.

Chômage et sous-emploi

Le secteur informel, qui emploie près de 90 % de la population active, dont 92% des jeunes âgés de
15-34 ans, est négativement affecté par la COVID-19 conduisant à une grave détérioration de la
qualité et de la quantité d’emplois au niveau national. Bien plus, Le chômage occasionné par la COVID-
19 a touché un peu plus les hommes (72,73%) que les femmes (68,63%). Mais plus la crise dure, plus les femmes
seront affectées par le chômage car la probabilité de retrouver un emploi est plus faible chez les femmes
(15,89%) que chez les hommes (27,27%) selon la Fondation Friedrich-Ebert-Stiftung. Ainsi, la CEA (2020)
estime que les pertes d’emplois sont importantes, en particulier dans le secteur informel où la
protection de l’emploi est plus faible.

L’enquête sur les effets socio-économiques du Coronavirus conduite par l’Institut National de la
Statistique (INS) en Avril-Mai 2020 montre qu’une grande proportion des ménages enquêtés, soit 62,7
%, ont connu une dégradation considérable de leur niveau de vie du fait de la COVID-19. En effet,
bien que de la grande majorité des personnes enquêtées n’aient pas perdu leur emploi au moment de
l’enquête, on relève tout de même, qu’elles connaissent dans l’ensemble un fort ralentissement de leur
activité (soit 74%) ; ce qui va
probablement se traduire par une pression supplémentaire sur la durabilité des emplois déjà précaires.
De plus, le ralentissement de l’activité économique pourrait à terme conduire à des licenciements dans

3
le secteur formel ou alors à la mise au chômage temporaire/partiel de certains employés. Cette
situation pourrait pousser les personnes concernées à se tourner vers des opportunités de revenus de
subsistance pour pallier le chômage, accroissant ainsi la taille de l’emploi informel dans l’économie.
En guise d’anticipations
des effets négatifs de cette pandémie, certaines mesures d’adaptation et de résilience ont été prises par
une frange non négligeable des ménages enquêtés, parmi lesquelles, le recours au stockage des denrées
alimentaires afin de limiter les sorties et éviter la pénurie (35%), ou stocker des médicaments ou des
produits pour la prévention ou le traitement du coronavirus (16%).

Toutes les activités qui sont globalement exercées dans l’économie informelle furent affectées
négativement par les mesures de couvre-feu appliquées en Avril par le Gouvernement dans le cadre de
la riposte à la propagation du COVID-19, avec des risques de perte de revenus des travailleurs. En
dépit de sa capacité à absorber et à intégrer socialement les travailleurs, le secteur informel compte un
plus grand déficit de travail décent. Le Covid-19 a eu pour effet de dégrader la situation générale de
l’emploi dans le
secteur informel. Selon les résultats préliminaires de l’Enquête sur les effets socio-économiques du
Covid- 19 au Cameroun, 90,5% des unités de production informelles (UPI) enquêtées estiment être
négativement impactées par le Covid-19, du fait principalement de la baisse de la demande intérieure.
Cet impact négatif s’est matérialisé par une baisse de leur production (selon 79,4% d’entre eux), de
leur chiffre d’affaires (95%) ainsi que de leurs prix de production (44%) et une réduction des effectifs
employés (52,1%). Dans
ce contexte difficile, les UPI ont été contraintes de développer de nouvelles stratégies et prendre
certaines mesures en vue non seulement de s’adapter, mais également de faire face à la crise. Mais 2/3
affirment ne pas pouvoir poursuivre leurs opérations au-delà de 3 mois sans les aides de l’Etat. Même
dans l’hypothèse où la pandémie serait globalement maîtrisée au bout de trois mois, 44% des UPI
projettent un arrêt partiel ou total de leurs activités. Ce qui montre l’urgence de soutenir le secteur
informel.

Mesures

Toutefois, des observations empiriques suggèrent que certains UPI ont saisi les opportunités de
marché dans le cadre de la riposte contre la COVID-19. Il s’agit de la fabrication et vente des masques
et des gels hydroalcooliques. Les mesures de distanciation sociale ont probablement accru les
paiements et transferts via les opérations de téléphonie mobiles. Il faut aussi reconnaitre que les
mesures de couvre-feu n’ont pas été maintenues durant de longues semaines, ce qui pourrait conduire
à nuancer les perceptions des UPI interrogées dans le cadre du sondage.

En matière de préservation d’emploi, les actions vont dans le sens de la mise en place des projets à
haute intensité de main d’oeuvre, l’appui aux PME pour améliorer l’employabilité (y compris des
actions de « cash for work ») et particulièrement les jeunes et les femmes, l’appui à l’entrepreneuriat.

4
La Politique Nationale de Protection Sociale (PNPS) au Cameroun
Selon les projections du dernier recensement général de la population (INS 2001,
RGPH3 2005), les
jeunes représentent environ 7,7 millions de personnes, soit 35% de l’ensemble de la
population
camerounaise. Ce poids démographique important de la jeunesse ne sera pas sans
conséquences notamment sur les politiques de gestion des risques sociaux et autres
vulnérabilités auxquelles le pays est amené à envisager. Dans la perspective de la
protection sociale, le diagnostic du secteur révèle plusieurs problèmes parmi lesquels
l’analphabétisme, le chômage, le sous-emploi. A leur tour, ces problèmes peuvent
engendrer des conséquences graves sur la sécurité du pays, avec les phénomènes
de radicalisation rendus possible du fait de la secte Boko Haram, en particulier dans
les régions septentrionales du Cameroun.
La population des jeunes des régions septentrionales est particulièrement vulnérable
à la délinquance et à l’enrôlement dans les groupes terroristes. Ce phénomène s’est
développé à cause des niveaux de pauvreté élevés et de chômage ainsi que la faible
éducation (accès et qualité). Outre les zones d'opérations de Boko Haram, les
régions du Grand Nord fournissent un terrain d'accouplement pour le recrutement et
la mobilisation des jeunes extrémistes. Les frustrations de nombreux jeunes
(instrumentalisée par l’élite politique et incapables de se réaliser), la mauvaise
interprétation des textes sacrés et les incitations économiques sont de plus en plus
utilisées pour persuader les jeunes chômeurs
de rejoindre leur cause.

Personnes en âge de travailler


Selon les enquêtes nationales sur l’emploi et le secteur informe (INS 2011a and
2011b, EESI 2) Le marché du travail est caractérisé par le recul du taux d’activité
entre 2005 et 2010 où il est passé de 78,2% à 75,6% (une baisse 2,6 points).
L’analyse du taux d’activité suivant la dimension spatiale montre que la baisse
observée au national est surtout le fait des trois régions septentrionales que sont
l’Adamaoua, le Nord et l’Extrême-Nord avec où le taux d’activité a respectivement
baissé 18,3 points, 7,3 points et 7,5 points respectivement.

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La situation des jeunes de 15 ans-34 ans révèle une baisse de 3 points du taux
d’activité qui est passé de 72,3% en 2005 à 69,4% en 2010. La baisse a été plus
importante chez les jeunes filles (-4 points) que chez les jeunes garçons (-1,7 points).
Le taux de chômage des jeunes est de 8,5% chez les jeunes de sexe masculin et de
23,5% chez les jeunes de sexe féminin.
En ce qui concerne le sous-emploi global qui a diminué de 5,2 points entre 2005 et
2010, passant ainsi de 75,8% à 70,6%. Cette baisse s’observe tant chez les hommes
(-4,6 points) que chez les femmes (-5,6 points). Toutefois, on est loin de l’objectif du
DSCE qui est de ramener le taux de sous-emploi à moins de 50% d’ici 2020. De
plus, le marché de travail est dominé par le secteur informel, celui-ci regroupe près
de 89,6% de la population occupée.

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