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La pénurie de main-d’œuvre au Québec constitue un défi depuis plusieurs années

avant la pandémie mais celle-ci l’a aggravé.

Avant la pandémie le nombre insuffisant de travailleuses et de travailleurs pour


combler les besoins s’explique d’abord et avant tout par le vieillissement de la
population. Celui-ci tient essentiellement à l’évolution des naissances au Québec,
avec un taux de natalité très élevé en période d’après-guerre, suivi d’une chute
importante à partir des années soixante. La forte population issue du baby-boom a
ainsi été suivie de cohortes moins populeuses, générant un processus de vieillissement
marqué. En 2016, les personnes de 55 ans et plus représentaient 36 % de la
population en âge de travailler, c’est-à-dire la plus forte proportion jamais enregistrée
(depuis le début de la compilation de statistiques comparables en 1976). En 2026,
cette proportion pourrait atteindre 40 %.

La pénurie de main d’œuvre et la pandémie : Deux types de causes peuvent être à


l’origine de la situation actuelle dans le domaine de la main-d’œuvre : les causes de
nature conjoncturelle, c’est-à-dire directement liées à la pandémie de COVID-19, et
les causes de nature structurelle, dont les effets se feront sentir durant plusieurs
années encore. Ces dernières représentent sans aucun doute un des plus grands défis
économiques que le Québec aura à affronter au cours des dix prochaines années.

Une première cause, de nature conjoncturelle, pourrait être liée aux prestations
d’aide mises en place par le gouvernement fédéral durant la pandémie, qui auraient
incité certains travailleurs à rester à la maison plutôt qu’à reprendre un emploi. En
effet, le programme d’aide aux personnes sans emploi, qui portait le nom de «
prestation canadienne d’urgence » (PCU). Les mesures d’aide du gouvernement
fédéral n’ont pas été la source de la pénurie de main-d’œuvre, mais elles ont pu
l’aggraver dans le contexte de la reprise économique post-COVID et d’un marché du
travail dynamique, mais offrant des taux de rémunération horaire peu alléchants. Les
individus, qui se comportent de façon rationnelle, préfèrent, la plupart du temps,
gagner de l’argent sans rien faire au lieu de se tuer à la tâche pour obtenir le même
gain. Comme c’est souvent le cas, certaines politiques publiques, élaborées avec de
bonnes intentions, mènent à de mauvais résultats.

Une deuxième cause c’est la fermeture des frontières : Les perturbations


internationales et la fermeture des frontières ont également entraîné des répercussions
sur le marché du travail. L’accueil d’immigrants a notamment chuté à 25 223, et le
flux de résidents temporaires est passé d’un solde positif de 61 668 à un solde négatif
de 9 445. Au net, le Québec, qui avait enregistré un gain de 93 474 personnes grâce
aux migrations internationales et interprovinciales en 2019, a vu ce surplus fondre à
14 037 en 2020.

Plus inquiétantes sont les causes structurelles qui risquent de perdurer bien au-delà de
la pandémie. Selon les prévisions d’Emploi Québec, 1,4 million d’emplois devraient
être pourvus au Québec au cours de la période 2019-2028. La grande majorité de ces
emplois (81,2%) serviront à remplacer près de 1,2 million de postes laissés vacants en
raison du départ massif des baby-boomers à la retraite.

Pendant ce temps, le bassin de travailleurs potentiels, soit les personnes de 20 à 64


ans, sera en légère décroissance, de telle sorte qu’il y aura près de 100 000 personnes
de moins dans ce groupe d’âge en 2030. Ainsi, les jeunes diplômés ne seront pas
assez nombreux pour occuper les postes laissés vacants par les baby-boomers, de telle
sorte qu’ils n’occuperont que 54% des postes à pourvoir.
Il y a le coté formation aussi, des jeunes de plus en plus formés, très souvent des
diplômés universitaires, se retrouvent sur le marché du travail, tandis qu’un grand
nombre d’entreprises cherchent des travailleurs qui possèdent un diplôme de niveau
secondaire ou moins. Comme les emplois que ces entreprises offrent ne sont pas
toujours de qualité, les jeunes se tournent vers des domaines mieux rémunérés ou
poursuivent leurs études.

Sans oublier que les jeunes d’aujourd’hui n’acceptent pas n’importe quel emploi et ne
voient pas le travail comme un devoir social. La qualité est une dimension essentielle
pour juger l’acceptabilité d’un emploi et les dimensions de cette qualité ne sont pas
forcément pécuniaires. Elles sont liées aux interactions sociales, à l’exercice de
l’autonomie et de l’initiative, et aux possibilités d’apprentissage pour développer ses
compétences.

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