Vous êtes sur la page 1sur 13

IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

SQ 5 : Gestion des Risques de Trésorerie


Pré requis : Mathématiques financières, économie, comptabilité

Objectif de la séquence :

Gérer les risques de trésorerie

Ce qu'il faut savoir :

Les risques financiers


La gestion des risques
Risques & outils de couverture
Couverture du Risque de Taux
Couverture du Risque de change

Savoir-faire :
Démarche pour réduire les risques financiers

Activités :
- Qcm
- Exercices d’application
- Etude des cas

Ressources bibliographiques :

 Jean-Luc Bazet, Pascal Faucher, Finance d’entreprise, 2 éditions NATHAN 2009


 Pascal Barneto , Georges Gregorio, DSCG2 , DUNOD 2009

INTRODUCTION
Si dans la précédente séquence, on a traité la gestion de trésorerie, maintenant on va
parler les risques financiers qu’un trésorier attende dans l’exercice de son métier.
Dans cette séquence, on commence par inventorier d’une manière succincte tous types
de risques et après, on voudrait savoir quelles sont les méthodes ou approches pour les
couvrir

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 1


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

51. Les Risques financiers


Source : DSCG 2 Finance MANUEL ET APPLICATIONS Pascal BARNETO , Georges GREGORIO
2e édition DUNOD 2009
Les risques financiers sont présents partout, que ce soit pour les établissements financiers ou pour les sociétés industrielles
et commerciales. Ils sont encore plus présents lorsque l’entité a une activité internationale. Ils peuvent être représentés dans
le graphique ci-dessous.

Deux grandes familles de risques financiers peuvent être identifiées :


– les risques de marchés ;
– les risques de crédit.
511 Les risques de marchés
Les marchés financiers englobent tous les types d’actifs cotés :
– les produits primaires (actions, change, taux, etc.) qui sont porteurs de risques qu’il convient de couvrir ;
– les produits dérivés, qui sont des instruments de couverture, porteurs eux-mêmes de risques par le jeu de la
mutualisation et de la spéculation – contrepartie naturelle de la couverture – nécessaire au mode de
fonctionnement des marchés dérivés.
512. Les risques de crédit
Lorsqu’une partie manque à l’une de ses obligations, elle amène de ce fait l’autre partie à subir une perte
financière. Cela peut être le risque de non-paiement d’un client, le coût de son propre risque de défaut, etc. Le
risque de crédit est d’autant plus important à gérer que l’entreprise a des activités internationales (cas du risque
pays pour les transferts de fonds, du risque souverain, du risque politique…). La situation résumée peut se
présenter comme suit :

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 2


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

52 Gestion des Risques


Depuis plusieurs années, la montée en puissance des risques dans l’environnement économique
impose d’être gérée par des outils de couverture de plus en plus sophistiqués. Les
principaux instruments de couverture se négocient :
– soit sur des marchés organisés ;
– soit sur des marchés de gré à gré.

521 Risques et outils de couverture


Le risque est représenté par la possibilité qu’un événement préjudiciable se produise. Les
entreprises sont exposées à différents risques commerciaux, financiers, de défaillance, etc. Elles
cherchent à les neutraliser en utilisant des outils de couverture.

A. Les risques en gestion de trésorerie


Les entreprises possèdent des actifs réels physiques ou financiers tels que des
matières premières, des créances, des dettes, des valeurs mobilières, etc., exposés à
un ensemble de risques financiers pouvant affecter la trésorerie.
1. Le risque en capital
Le risque en capital est caractérisé par la possibilité de perdre partiellement ou
totalement un montant investi. L’entreprise y est exposée lorsqu’elle a choisi de

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 3


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

placer une partie de sa trésorerie en actions et que le cours de celles-ci devient infé-
rieur au montant placé. C’est le risque de perdre tout ou partie de la mise de fonds
initiale.
2. Le risque de taux
Le risque de taux concerne les placements et les financements réalisés à taux fixe
ou à taux variable, ainsi que les placements ou les financements futurs. Les diffé-
rents cas de figure peuvent être résumés dans le tableau suivant :

Source : Finance d’entreprise, 2ème édition


Expliquons les trois cas de figure présentés ci-dessus dans le cadre de l’endettement :
– une entreprise actuellement endettée à taux fixe court le risque de ne pas pouvoir
bénéficier d’une baisse des taux. Elle continue à supporter le poids des charges
financières au taux négocié alors que le taux du marché est plus faible ;
– lorsqu’une entreprise est endettée à taux variable, le risque est alors représenté par
une hausse des taux qui renchérirait le coût de son crédit ;
– une entreprise qui prévoit d’emprunter dans 2 mois, pour financer une insuffisance de
trésorerie, risque de supporter un taux plus important à l’issue de ces 2 mois et court
donc un risque de hausse des taux.
3. Le risque de change
Le risque de change est relatif à l’évolution du cours des monnaies étrangères. Il
existe lorsque l’entreprise contracte des dettes ou des créances en devises, ou
lorsqu’elle possède ou compte acquérir des avoirs en devises. Une entreprise ayant
acheté des marchandises facturées en dollars risque une hausse de cette devise entre
la date de facturation et la date de règlement. Réciproquement, une entreprise qui
attend l’encaissement d’une créance en dollars craint une baisse de la devise.

B. Position et techniques de couverture des risques


Les entreprises exposées à un risque sont dites en « position ouverte ». Cette dernière
est « longue » lorsque les actifs possédés sont supérieurs aux passifs, et
« courte » dans le cas contraire, les Anglo-Saxons utilisant les termes respectivement
qu’ils sont long ou short. Face à une position ouverte longue ou courte, les
entreprises ont le choix entre plusieurs attitudes

1. Spéculer ou se couvrir
En position ouverte, une entreprise peut choisir de ne rien faire et décider d’assumer le risque. Cette
attitude est qualifiée de spéculative car les dirigeants pensent que la valeur de l’actif va progresser ou
que la valeur du passif va diminuer.
Une entreprise s’endette à taux variable en anticipant une baisse des taux afin de profiter de cette évolution favorable. Ne pas se protéger
contre le risque de hausse est alors une attitude spéculative.

À l’inverse de l’attitude spéculative, les dirigeants peuvent choisir de se couvrir (opération dite de
hedging chez les Anglo-Saxons). Ils chercheront donc à neutraliser le risque en fermant leur position
par une position inverse à celle d’origine.
Une entreprise ayant une dette en dollars payable dans 1 mois peut acheter à terme des dollars afin de régler cette dette. Elle convient du
cours au moment de la facturation et réglera dans 1 mois. Le montant décaissé sera ainsi identique au montant facturé.

Notons que les entreprises importantes se couvrent partiellement de façon naturelle car une partie des
actifs exposés est couverte par une partie des passifs de même nature.

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 4


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

Dans notre exemple, il suffirait que la dette en dollars soit compensée partiellement ou totalement par
une créance en dollars de même échéance.
Ce type de couverture naturelle ne permet cependant pas de couvrir la totalité du risque, aussi nous
intéresserons-nous aux techniques de base permettant de secouvrir à travers le terme et l’option.

2. Le terme et l’option

Le terme est une décision engageant l’entreprise définitivement dans le futur. Un achat à terme de
devises consiste à fixer aujourd’hui le cours d’une devise dont on prendra livraison ultérieurement
pour payer un fournisseur, par exemple.
Si une entreprise reçoit une facture de 100 k$ payable à 30 jours, elle se couvre à terme en achetant des dollars au moment de la facturation
qu’elle paiera à la date d’échéance pour pouvoir régler sa facture. Le montant payé est ainsi identique au montant facturé.

L’option repose sur le même principe que le terme avec cependant la possibilité de se désister avant
l’échéance ou de se désister à terme. Dans l’exemple ci-dessus, l’achat de dollars ne serait ainsi pas
effectué si son cours venait à baisser d’ici la date d’échéance de la facture. Cette technique est plus
intéressante mais aussi plus onéreuse.
L’entreprise désirant se couvrir met donc en œuvre ces techniques avec des produits réels physiques et
financiers. Pour éviter de manipuler des actifs réels, elle peut aussi utiliser des produits « dérivés »,
c’est-à-dire des produits dont le cours dépend des actifs réels (sous-jacents). Ces produits sont
échangés sur des marchés dérivés organisés comme Euronext. Liffe qui fait partie d’Euronext, ou des
marchés de gré à gré.
522. Couverture du risque de taux
Le risque de taux peut être couvert par des contrats à terme ferme, des contrats conditionnels
(ou contrats d’option) ou des swaps. Ces contrats se négocient sur des marchés de gré à gré ou
sur des marchés organisés.

A. Les contrats de taux à terme ferme


Les entreprises utilisent des contrats à terme ferme de taux d’intérêt permettant de s’assurer un
financement ou un placement futur à un taux d’intérêt fixé préalablement.
Ces contrats figent donc un taux futur et portent sur l’emprunt ou le prêt d’un certain montant d’euros
ou de devises à un taux fixé à l’avance et pour une durée déterminée.

1. Le terme contre terme ou forward-forward


Il s’agit d’un contrat à terme ferme sur un marché de gré à gré entre une entreprise
et une banque qui permet de fixer aujourd’hui les conditions d’un financement ou
d’un placement en termes de volume et de taux.
L’entreprise emprunte et restitue les fonds à l’échéance. Elle bénéficie ainsi d’un
financement et d’une garantie de taux.
Début janvier, une société doit emprunter fin mars (dans 3 mois) 1 M€ pour 6 mois et craint une hausse des taux. Elle
souhaite donc garantir son emprunt futur et le coût de ce dernier. Elle s’adresse à sa banque pour que celle-ci lui garantisse
son emprunt de mars à fin septembre à un taux fixé dès janvier.
La banque va donc emprunter aujourd’hui (de janvier à septembre) pour placer les capitaux entre janvier et mars. Fin mars,
elle prêtera l’argent à son client et en septembre, elle remboursera son emprunt quand le client l’aura remboursée.

2. Les forwards

Le forward ou FRA forward (Forward Rate Agreement) est un contrat irrévocable à terme
ferme de taux d’intérêt qui permet de fixer aujourd’hui le taux d’intérêt d’un emprunt ou
d’un placement futur, en dissociant l’opération de couverture du risque, de celle de prêt ou
d’emprunt.
Cette opération assure à l’acquéreur une garantie de taux et n’entraîne pas d’engagement
sur la liquidité future, contrairement au forward-forward.

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 5


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

Seule la différence entre le taux de référence (du marché) et le taux garanti est payable au
moment où l’entreprise est supposée réaliser son opération à la date d’emprunt, appelée
date de liquidation ou de valeur :
– taux de référence taux garanti : le prêteur (banque) verse à l’emprunteur (entreprise) le
différentiel de taux ;
– taux de référence taux garanti : l’emprunteur (entreprise) verse au prêteur (banque) le
différentiel de taux.
Le différentiel de taux est ensuite actualisé au taux du marché à la date de début
d’emprunt supposé.
L’Euribor sert souvent de taux de référence pour des durées de « 3 mois dans 3 mois », « 3
mois dans 6 mois », « 6 mois dans 12 mois », etc.
Le contrat stipule la date de début, la durée, le montant et le taux garanti.
L’entreprise qui doit emprunter à terme et désire se couvrir contre une hausse des taux
achète un forward qui fixe le taux au moment du contrat :
– si les taux augmentent comme l’entreprise le pressentait, la banque lui verse la
différence ;
– si les taux diminuent, la banque reçoit la différence de l’entreprise.
Dans tous les cas, l’entreprise emprunte au taux garanti.

3. Les futures
a. Définition
Les contrats à terme ferme sur marchés organisés (Euronext, Liffe, Eurex, etc.) sont
appelés futures ou FRA futures (Futures Rate Agreement). Ces marchés proposent :
– des contrats de taux spécifiques aux positions à moyen et long terme (Future
Euro-Bund, Long Gilt Futures, etc.), utilisés pour protéger la valeur en capital d’un
portefeuille d’obligations à taux fixe, par exemple
– et des contrats pour le court terme dont les échéances sont inférieures à 1 an
(3M Euro-Euribor) pour couvrir des risques de trésorerie.
Euronext-Liffe propose un contrat de taux à court terme appelé 3M Euro-Euribor
(3MEE). C’est un contrat à terme ferme de taux d’intérêt négociable, ayant pour
référence un taux moyen interbancaire offert à 3 mois (Euribor 3 mois) entre banques de
premier rang de l’Union économique et monétaire (UEM).
La valeur nominale du 3MEE est de 1 M€ et sa durée est de 90 jours.
La cotation est donnée par un indice calculé comme suit : 100 – Euribor 3 mois.
Le dénouement de la position se fait par une opération de sens inverse ou par échange de cash.
En pratique, la couverture consiste à réaliser une opération dans un sens (achat, par exemple)
et à terme à dénouer sa position par une opération de sens inverse (vente si achat antérieur).
Le mécanisme du future est inverse au forward car le contrat est coté : 100 – x (avec x = taux

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 6


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

du marché en %). Lorsque le taux du marché progresse, le cours du contrat diminue et


réciproquement.
Le taux de l’Euribor 3 mois est de 3,2 %, donc le contrat 3MEE, ayant ce taux pour sousjacent, est coté 100 – 3,20 = 96,80. Si le
taux de l’Euribor 3 mois progresse à 3,3 %, le 3MEE cote 100 – 3,30 = 96,70. L’augmentation du taux fait baisser la valeur du
contrat.
b. Principes de fonctionnement
Rappelons que l’objectif de la couverture est de fermer une position. Le mécanisme
est le suivant :
– une entreprise emprunteur à terme (acheteur à terme) est exposée au risque de
hausse des taux. Elle doit donc vendre à terme des futures de façon à réaliser un gain
en dénouant sa position par le rachat des contrats à un cours inférieur si les taux
augmentent. Le gain ainsi réalisé sur le marché des dérivés compense la perte sur le
marché au comptant engendrée par des taux plus élevés ;
– si les taux baissent, l’entreprise réalise une moins-value en dénouant sa position
car l’achat des contrats est plus onéreux que leur vente. Elle compense cependant cette
perte par un gain sur le marché au comptant car elle bénéficie de taux plus avantageux
au moment d’emprunter ;
– une entreprise prêteuse à terme (donc vendeur) doit acheter à terme des contrats. Si
les taux baissent, le cours des contrats progresse et elle réalise un gain en les vendant
pour dénouer sa position. Ce gain compense le manque à gagner engendré par la
baisse des taux ;
– si les taux progressent, elle enregistre une perte sur ses contrats, compensée par
le gain sur le marché au comptant.
Les différentes possibilités peuvent se résumer comme suit :

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 7


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

B. Les contrats de taux optionnels


L’option est un outil de couverture des risques qui permet de fixer aujourd’hui le prix auquel on
achètera ou on vendra un sous-jacent avec la possibilité de se désister pendant ou à la fin de la durée
du contrat. On dit alors qu’on abandonne l’option. Les options de taux peuvent être négociées sur des
marchés organisés
(elles portent alors le nom de call ou de put) ou sur des marchés de gré à gré (ce sont des cap, floor et
collar).

1. Les call et les put


a. Principes généraux
L’option est un contrat donnant le droit à un acheteur d’acheter ou de vendre un actif sous-jacent à un
prix fixé (prix d’exercice) à l’avance pendant ou à la fin d’une période. Le vendeur subit la décision de
l’acheteur d’exercer ou non l’option. Les sous-jacents sont des matières premières, des actions, des
devises, des taux d’intérêt ou encore des contrats futures.
L’option est un droit payant et l’on appelle « prime » ou premium le prix de l’option.
Ce droit est négociable, c’est-à-dire qu’il peut être revendu et fait donc l’objet d’une cotation afin d’en
définir le prix.
Le droit d’acheter, ou option d’achat, s’appelle call et le droit de vendre, ou option de vente, s’appelle
put.
Selon les anticipations, l’opérateur est acheteur ou vendeur d’une option d’achat (call) ou d’une option
de vente (put). Le vendeur d’une option voit ses gains limités à la prime qu’il encaisse. L’acheteur
peut enregistrer des gains potentiellement illimités alors que ses pertes sont limitées au montant de la
prime versée.
b. Les call
L’achat d’un call donne le droit d’acheter (d’emprunter) à un taux fixé. Le vendeur
d’un call est donc prêteur.
Le coût de l’emprunt correspond au taux garanti plus la prime.
Si l’entreprise renonce à l’emprunt, le coût correspond au montant de la prime versée au départ.
Au jour de réalisation de l’emprunt :
– taux du marché taux garanti : l’acheteur abandonne l’option et réalise son emprunt à moindre coût ;
– taux du marché taux garanti : l’acheteur exerce son option.
c. Les put
L’achat d’un put donne le droit de vendre (de prêter) à un taux fixé. Le vendeur est donc emprunteur.
La rémunération du placement est effectuée à un taux garanti moins la prime.
Au jour de réalisation du placement :
– taux du marché taux garanti : l’acheteur exerce son option ;
– taux du marché taux garanti : l’acheteur n’exerce pas l’option et place ses ressources à un taux plus
avantageux. Il perd le montant de la prime.
La société Tredias va devoir placer des excédents de trésorerie dans 15 jours. Le trésorier craint une baisse de l’Euribor qui est actuellement
de 3,60 %.
Pour se couvrir, il achète des options d’achat sur Euribor au prix d’exercice de 96,40 € et paie une prime de 0,02 € par contrat.
L’Euribor diminue et s’établit à 3,20 % au terme du contrat. Le contrat d’option sur Euribor cote alors : 100 – 3,20 % = 96,80.
Le trésorier exerce son option et achète les contrats au prix d’exercice de 96,40 l’unité. Dans le même temps, il dénoue sa position par la
vente des contrats au prix de 96,80. Il réalise ainsi une plus-value de 96,80 – 96,40 = 0,40 par contrat, qui lui permet de compenser la
hausse des taux de 0,40 point. À cette plus-value, il convient cependant de retrancher le montant de la prime de 0,02 par contrat. Le résultat
net par contrat est de : 0,40 – 0,02 = 0,38.

Le risque de taux peut également être couvert par l’utilisation d’autres types d’options de taux
d’intérêt négociées sur les marchés de gré à gré : les cap, les floor et les collar.

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 8


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

2. Les cap, les floor, collar

a. Principes généraux
Les cap, les floor et les collar sont des options négociables sur des marchés de gré à gré portant sur
une différence de taux. Ces options ne portent que sur la livraison éventuelle d’un montant d’intérêt
correspondant à l’écart constaté entre le taux de l’option et le taux du marché.
Les cap et les floor s’apparentent aux FRA dans le sens où ils fixent définitivement un taux et ne
portent que sur le différentiel de taux, mais ils procurent l’avantage de ne pas obliger à exécuter
l’opération (et donc à ne pas verser le différentiel) si l’évolution du taux se révèle contraire à
l’anticipation. L’acheteur ne perdra que le montant de la prime.
b. Les cap
Le cap fixe un taux plafond pour un emprunt et garantit ainsi un taux maximum tout en laissant la
possibilité de bénéficier d’un taux plus favorable sur le marché.
c. Les floor
Le floor garantit un taux plancher et permet à un investisseur d’obtenir un rendement minimum.
d. Les collar
Le collar combine un cap et un floor et fige un taux dans une fourchette.
L’entreprise réalise ainsi l’achat d’un cap et la vente d’un floor en cas d’anticipation d’une hausse des
taux, alors qu’elle achètera un floor et vendra un cap en cas d’anticipation de baisse des taux.
L’achat et la vente limitent le coût de la prime puisque celle-ci est à la fois versée en tant qu’acheteur
et reçue en tant que vendeur.
Le gain est réduit pour les mêmes raisons car le gain en tant qu’acheteur est en partie compensé par le
versement de la différence de taux en tant que vendeur.
Les cap, floor et collar sont des opérations de couverture sur emprunts ou prêts à moyen et long terme
et sont donc peu utilisés pour les opérations de trésorerie.

C. Le swap de taux
Les swap concernent les taux d’intérêt et les devises. Le swap est un contrat qui consiste à échanger
des dettes ayant des caractéristiques différentes entre deux opérateurs qui y trouvent chacun un
avantage.
Le swap de taux consiste à échanger des taux de natures différentes, par exemple des taux variables
différents, ou un taux fixe contre un taux variable.
Comme les cap, les floor et les collar, les swap sont des contrats portant sur plusieurs années et
concernent des emprunts et placements à moyen et long terme.

523. Couverture du risque de change

Le change est le prix d’une monnaie, ou devise, libellée en une autre devise.
Les entreprises importatrices et exportatrices contractent respectivement des dettes et des créances en
devises. Entre le moment où celles-ci sont constatées et le moment où elles sont décaissées ou
encaissées, ces devises connaissent des fluctuations qui peuvent être préjudiciables à l’entreprise. Il en
est de même entre le moment où l’entreprise s’apprête à avoir une dette ou une créance en devises et le
moment où elle contracte cette dette ou obtient cette créance. On appelle ce préjudice probable le
risque de change.

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 9


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

Illustrons les cas présentés ci-dessus.


Une entreprise ayant importé pour 100 k$ de biens payables à 30 jours risque une hausse du cours
entre le moment de la facturation (dette en devises) et le moment de décaissement des dollars.
Réciproquement, une entreprise exportatrice craint une baisse du cours du dollar.
Une entreprise réalisant des opérations d’import-export doit établir sa position de change de
transactions, devise par devise et par échéance, afin de déterminer le risque de change supporté pour
gérer la trésorerie devises. Elle doit ensuite décider :
– d’éluder le risque en sollicitant des paiements en monnaie nationale ou au comptant ;
– de spéculer en considérant alors que le risque est marginal et qu’une couverture serait trop onéreuse
par rapport au risque ;
– de se couvrir avec des outils à terme ferme ou des produits optionnels.
L’entreprise peut mixer ces différentes possibilités et moduler sa couverture en fonction de son
évaluation du risque
A. Le change à terme

1. Le terme ferme

Le change à terme consiste à fixer aujourd’hui le cours d’une devise à acheter ou à vendre de
manière irrévocable avec un tiers. Ce type de couverture est très couramment réalisé par les
entreprises exportatrices et/ou importatrices :
– l’importateur risquant une hausse du cours de la devise étrangère doit acheter à terme des
devises sur le marché des changes ou à sa banque afin de pouvoir payer sa facture en devises ;
– l’exportateur craignant une baisse de cours de la devise étrangère doit vendre à terme des
devises qu’il livrera à échéance puisqu’il doit en recevoir de son client.
L’opération se déroule généralement entre une entreprise et une banque et a pour avantage de
figer le cours de la devise.
Début février, la société Armen a exporté du matériel aux États-Unis pour 15 000 $ payables à 90 jours. Le cours du dollar
américain (USD) est de 0,7575 € et de 0,7553 € à un terme de 90 jours.
La société craint une baisse de l’USD et vend à terme 15 000 $.
Début mai, le cours de l’USD est à 0,7599 €. Le cours de l’USD a progressé mais la société engagée à terme ferme est obligée
d’honorer son engagement. Elle encaisse le montant de la vente à terme des USD : 15 000 0,7553 = 11 329,50 € et livre à la
banque les USD que son client lui verse.

Le change à terme ferme présenté ci-dessus est réalisé sur un marché de gré à gré.
Des futures portant sur des lots de devises existent sur des marchés organisés aux
États-Unis mais pas en France. L’étude de ces futures dépasse le cadre de cet ouvrage.

3. L’avance en devises
L’avance en devises consiste à emprunter des devises au moment de la vente jusqu’à la date de
règlement, déduction faite des intérêts à verser à l’échéance, et à les vendre au comptant contre la
monnaie nationale. L’entreprise effectue donc un emprunt en devises qu’elle remboursera (plus les
intérêts) au moment où son client paiera sa facture. L’avance en devises est donc une avance de
trésorerie.

La société Armen (voir ci-dessus) emprunte 15 000 $ à sa banque début février (date de facturation) pour une durée de 3 mois. Si la banque
facture des intérêts au taux annuel de 3 %, la société perçoit début février :
15 000 $ – (15 000 $ 3 % 89/360) = 14 888,75 $. Elle les revend immédiatement au cours de 0,7576 € et perçoit ainsi 11 279,72 € début
février.
Début mai, lorsque son client lui règle 15 000 $, elle les reverse à sa banque pour rembourser son emprunt.

L’avance en devises est une forme de financement à court terme en devises étrangères.

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 10


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

B. Les options de change et assimilés

1. L’option de change
L’option de change donne le droit à son acquéreur, moyennant le versement d’une prime,
d’acheter (call) ou de vendre (put) des devises pendant une période, à un cours déterminé
initialement (le prix d’exercice). Ce type d’option est négocié sur un marché organisé. Le
mécanisme des options de change est identique à celui présenté dans le cadre des options sur
contrats de taux d’intérêt.
La stratégie des options peut se résumer à quatre positions de base.
a. L’option d’achat (call)
– L’acheteur d’une option d’achat anticipe une hausse des cours : il exercera l’option au
prix d’exercice (PE) et encaissera la plus-value. Si les cours baissent, il abandonne ou
vend l’option. Il perd alors la prime et encaisse le prix de vente.
– Le vendeur de l’option d’achat doit vendre au prix d’exercice si l’acheteur exerce
l’option. Il encaisse alors la prime. Si le cours diminue et que l’acheteur n’exerce pas
l’option, il ne vend pas le sous-jacent mais encaisse toujours la prime. Le vendeur anticipe
une stabilité du cours en dessous du prix d’exercice

Légende : R : résultat de l’opération PE : prix d’exercice

b. L’option de vente (put)


– L’acheteur d’une option de vente anticipe une baisse des cours : il exercera l’option au
prix d’exercice (PE) et encaissera la plus-value. Si les cours montent, il abandonnera ou
vendra l’option, perdant alors la prime et encaissant le prix de vente.
– Le vendeur de l’option de vente doit acheter au prix d’exercice si l’acheteur exerce
l’option (baisse des cours). Il encaisse alors la prime. Si le cours monte et que l’acheteur
n’exerce pas l’option, il ne vend pas mais encaisse toujours la prime. Le vendeur anticipe
donc une stabilité du cours au-dessus du prix d’exercice.

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 11


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

Légende : R : résultat de l’opération PE : prix d’exercice

4. Le swap de devises
Le swap de devises est une opération de gré à gré par laquelle deux opérateurs conviennent d’échanger
le service de deux dettes (principal et intérêts) libellées dans deux devises différentes. Cette opération,
comme le swap de taux d’intérêt, est contractée pour plusieurs années.
Le swap comporte trois étapes :
– échange de capitaux (ou principal) à la date du contrat ;
– échange des intérêts aux dates convenues ;
– échange des capitaux (ou remboursement du principal) à la fin du contrat.

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 12


IST-D/EGMCS /MEO SQ 5 Gestion des Risques de Trésorerie 2022

Les swaps de devises sont souvent utilisés :


– entre groupes de sociétés qui empruntent dans la devise du pays d’installation (ex. : société mère et
filiales dans deux pays différents) ;
– pour se protéger contre une hausse de la monnaie dans laquelle les entreprises ont emprunté
(exportateurs) car le swap permet d’encaisser le même montant qui est décaissé dans le cadre de
l’emprunt.

Une société A a emprunté 1 000 000 $ au taux de 5 %, remboursable in fine dans 3 ans.
Une société B a réalisé un emprunt de 900 000 € au taux de 6 %, remboursable in fine dans
3 ans.
Les sociétés A et B réalisent un swap de devises. Le cours du dollar est de 0,75 €.
a. À la date de signature du contrat de swap, les sociétés échangent leurs capitaux :
– la société A prête 1 000 000 $ à la société B ;
– la société B prête 900 000 € à la société A
c. Chaque année (fin d’année 1 et fin d’année 2), à la date d’échéance du swap, chaque
société verse à l’autre les intérêts dans chaque devise :
– la société A verse 900 000 € 6 % = 54 000 € à la société B ;
– la société B verse 1 000 000 $ 5 % = 50 000 $ à la société A.
c. À l’échéance du swap (fin de la 3e année), chaque société rembourse le capital emprunté
et paie le dernier montant d’intérêts :
– la société A verse à B : 900 000 € + 54 000 € (capital + intérêt dernière année) ;
– la société B verse à A : 1 000 000 $ + 50 000 $.

3. La garantie Coface

La Coface (Compagnie française d’assurance pour le commerce extérieur) est un organisme qui
garantit les exportateurs du paiement de leurs créances moyennant une prime. La garantie Coface est
une technique de transfert de risque sur une contrepartie dans le cadre d’un contrat d’assurance.
En matière de couverture de change, si le cours de la devise à l’échéance est inférieur au cours de la
créance initiale, la Coface verse la différence à l’entreprise ; par contre si le cours à l’échéance est
supérieur, l’exportateur reverse la différence à la Coface. Dans tous les cas, l’exportateur verse une
prime à la Coface pour rémunérer le service rendu.
Remarque
Les conversions de change présentées dans ce chapitre sont effectuées selon une cotation à «
l’incertain » qui consiste à donner le nombre de devises nationales (d’euros) pour une unité de devise
étrangère (ex : 1 USD = 0,75 EUR). Dans ce mode de cotation, l’appréciation de l’euro entraîne une
baisse du taux de change, ainsi un cours de 0,74 aujourd’hui comparé à un cours de 0,75 hier indique
que l’euro s’est apprécié par rapport au dollar américain car il faut moins d’euros (0,74) aujourd’hui
pour obtenir un dollar qu’il en fallait hier (0,75).
L’autre possibilité pour coter une devise est la cotation au « certain » qui consiste à déterminer le
nombre de devises étrangères pour une unité de devise nationale, ce qui donne par exemple 1 EUR =
1,34 USD. Ce mode de cotation entraîne une hausse de cours lorsque la monnaie nationale (l’euro)
s’apprécie par rapport à la devise étrangère. Ainsi quand la cotation passe de 1,34 à 1,35, on constate
une hausse de l’euro par rapport au dollar américain car pour un euro on obtient plus de dollars (1,35
dollars contre 1,34 dollars).
Le passage d’une cotation au certain à une cotation à l’incertain est effectué en rapportant 1 sur la
cotation.
Lorsque la côte à l’incertain est de 0,75, sa correspondance au certain est : 1 / 0,75 = 1,33.

CONCLUSION
Telle est la séquence qui a développé les risques financiers et ceux de la gestion de tresorerie

Recueilli & préparé par Jean Maurice RAZANAKOLONA Page 13

Vous aimerez peut-être aussi