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LE RISQUE DE CREDIT

REALISE PAR :

▪ BENNARI MOHAMMED
▪ WASSIFI IMANE
▪ HILALI IKRAM
▪ M’HAH ZINEB
▪ ALAOUI HKIM SALMA

ENCADRE PAR :

▪ M. MEGHOUAR HICHAM

GESTION DES RISQUES


Année Universitaire : 2022-2023
Finance 1
PLAN :
INTRODUCTION :
Chapitre 1 :

1. Le risque de crédit au cœur de la crise

2. La notion du risque de crédit

3. Typologie des risques de crédit

4. La mesure du risque de crédit

Chapitre 2 :

I. La couverture du risque de crédit :

1. Credit Default Swaps

2. Total Return Swaps

3. Collateralised debt obligations

II. Gestion du risque par les institutions

1. L’approche par portefeuille du crédit

2. La gestion réglementaire

3. L’outil de pilotage des institutions financières : La Value at Risk Credit

4. Recouvrement

CONCLUSION

BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE

GESTION DES RISQUES 1


INTRODUCTION

Le marché du crédit est l’un des premiers marchés financiers mondiaux bien plus important que

le marché des actions cotées en Bourse. Ce marché comprend l’ensemble des crédits directs et

les expositions au risque de contrepartie générées par les transactions sur les produits dérivés.

Le risque de crédit concerne de multiples acteurs, dans une double dimension micro et

macroéconomique, au premier rang desquels se trouvent les banques et les marchés financiers.

Dès qu’un créancier accorde un prêt à un débiteur, il court le risque que ce dernier n’honore pas

ses engagements. Pour prendre des décisions rationnelles, les prêteurs doivent de mesurer le

risque de crédit des emprunteurs, autant avant de leur accorder un crédit que tout au long de

celui-ci.

L’analyse du risque peut être réalisée par deux grands types d’approches. La première relève

du champ de la finance d’entreprise ; le risque de la société est étudié à partir d’un ensemble de

données historiques significatives en matière de risque. La seconde approche s’inscrit dans le

champ de la finance de marché ; postulant une définition théorique du défaut, elle conduit à une

modélisation sophistiquée du défaut potentiel.

Le présent rapport détaillera en premier la notion de risque de crédit et ses typologies. Ensuite,

il traitera la couverture du risque sur le marché financier et la gestion du risque par les

institutions.

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Chapitre 1 :

1. La notion du risque de crédit :

Le risque est défini comme la possibilité de survenance d’un événement ayant des conséquences
négatives. Il se réfère par nature à un danger, un inconvénient, auquel on est exposé. Il est
considéré comme la cause d’un préjudice.

Le risque de crédit est assimilable aux pertes potentielles qu’une banque endosse dès qu’elle
prête de l’argent à un agent économique. Si le débiteur, qu’il s’agisse d’un particulier ou d’une
entreprise, ne parvient pas à rembourser sa dette à échéance, la banque perdra une partie des
fonds qu’elle prête à tempérament. C’est le risque de défaut de remboursement de l’emprunteur.
Il prend diverses formes ou appellations : risque de contrepartie, risque de faillite ou risque de
crédit au sens propre.

L’importance du risque de crédit dépend de 3 grands paramètres :

• Le montant de la créance,
• La probabilité de défaut,
• La proportion de non-recouvrement en cas de défaut du débiteur.

Ce risque peut avoir plusieurs sources. L’une des sources les plus importantes du risque de
crédit est le risque de contrepartie. Ce dernier se matérialise quand un débiteur connait une
défaillance et ne paie pas son engagement. De même, le risque de crédit peut avoir naissance à
cause d’un risque de marché. Ce dernier englobe l’ensemble des avoirs et des dettes d’une
entreprise quelconque, et il inclut également la trésorerie engagée sur la totalité des produits
qui sont sensibles aux variations des prix de marché. Le risque de liquidité peut également être
la source du risque de crédit. En effet, le risque de liquidité est principalement lié à l’activité de
l’entreprise spécialement quand ses caisses sont vides. Finalement, le risque de crédit peut être
lié au risque opérationnel qui résulte d’une faille opérationnelle attribuable aux procédures
réalisées par l’entreprise, à ses agents ou à des évènements exogènes, comme les fraudes.

2. Les types de risque de crédit :

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Divers types de risques de crédit peuvent ˆêtre distingués selon les instruments financiers
considérés.

❖ Instruments où des mécanismes de remboursement sont prévus dans le contrat :

L’exemple le plus simple est celui des crédits classiques. Le risque se révèle en cas de non-
exécution d’un paiement prévu : non-exécution d’un paiement `à la date d’´échéance, paiement
partiel `a la date d’´échéance, ou report d’un paiement prévu, ou de défaut d’une contrepartie :
incapacité d’une contrepartie à respecter certaines de ses obligations, nécessite d’une
contrepartie de reporter certaines de ses obligations, ou encore incapacité d’une contrepartie de
continuer à émettre des produits de crédit.

❖ Instruments dont les dates de paiement et(ou) les montants ne sont pas connus a priori:

Le risque peut exister pour des instruments `à vue, des crédits à taux variable, des instruments
ne portant que sur l’intérêt, des instruments rache- tables.

❖ Produit dont le paiement est fonction de certaines conditions :

De tels actifs sont par exemple les options, les swaps de crédit relatifs à des entreprises, ou le
crédit-bail. Le risque provient du risque de d´défaut d’une contrepartie, et non du risque de
d´défaut sur l’instrument lui-même.

❖ Devise :

La dévaluation d’une devise peut ˆêtre considérée comme une forme de risque de crédit.
Lorsqu’un émetteur promet de verser à un prêteur des montants précis dans une devise
déterminée à des dates futures prédéfinies, on suppose de façon implicite que la devise
conservera sa valeur (ou au moins ne chutera pas en deçà d’une valeur plancher présumée
raisonnable). Cependant, compte tenu de la période parfois longue d’application de produits du
crédit, on peut assister `a une détérioration soutenue de la valeur de devise dans les pays les
moins d´développés, mais aussi dans des pays industrialisés, ceci au d´détriment des créanciers.
La dévaluation d’une devise constitue une question complexe, qui est habituellement abordée
de façon distincte dans le cadre du risque de taux de change.

❖ Décotes :

Les décotes, bien qu’elles ne constituent pas un d´défaut au plan technique, ont un effet négatif
sur la valeur marchande de l’instrument en rendant le placement moins attrayant au plan
commercial et en laissant supposer une probabilité accrue de d´défaut `a une date ultérieure. Au
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niveau du portefeuille, une décote peut, théoriquement, ˆêtre compensée par une appréciation
simultanée d’un autre instrument. Cependant, il peut exister une forte contagion des décotes
rendant très probable la survenance simultanée de décotes multiples (corrélation de décote). Au
niveau du portefeuille, la diversification peut atténuer, mais non éliminer complétement ces
risques.

3. Mesure de risque de crédit :

Le risque de crédit est le risque le plus important pour les banques, la mesure de ce risque
consiste à étudier la solvabilité présente et future de la contrepartie. Les prêteurs doivent
mesurer avec précision le risque de crédit des emprunteurs avant de leur accorder un crédit et
de fixer les conditions de son octroi (montant, maturité, taux et covenants).

a) Les méthodes positives :

Le principe fondateur de ces méthodes est de traiter et observer un ensemble de données pour
en déduire une appréciation du risque d’une entreprise, issue d’un constat subjectif, plus ou
moins justifié. L’approche est largement descriptive : en considérant un nombre variable de
paramètres, l’analyste doit pouvoir apprécier le risque présenté par une entreprise.
Généralement, ces méthodes imposent la présence d’une personne compétente chargée
d’apprécier le risque. Elles n’aboutissent pas à un indicateur de synthèse pouvant s’interpréter
en termes de risque de défaut ou de faillite.

❖ Approche Traditionnelle : Analyse Financière

Il s’agit probablement de la méthode à la fois la plus ancienne et la plus utilisée en analyse du


risque.

L’établissement de crédit va établir différents ratios et calculs pour vérifier la performance de


l’entreprise à travers son compte de résultat et son bilan. Selon (Ndaynou, 2001), cette analyse
se concentre sur deux éléments :

• Le flux de liquidité futur : est calculé par la différence entre les entrées et les sorties de flux
réalisés par l’activité de l’entreprise. Il permet de constater la capacité du débiteur à
rembourser ses engagements sans mettre en péril son activité durant un emprunt. Le
banquier peut suivre l’évolution des bénéfices et s’assurer qu’elles sont suffisantes par
rapport au besoin en fonds de roulement.

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• Le fonds de roulement : permet d’apprécier l’équilibre financier de l’organisation. Il indique
si l’entreprise est pérenne et si elle pourra assurer ses engagements. Pour le calcul, il existe
deux méthodes : Soit par le haut du bilan avec la différence entre les ressources stables
(capitaux propres et dettes à long terme) moins les emplois stables (actif immobilisé net),
soit par le bas du bilan avec la différence entre l’actif circulant d’exploitation et les dettes à
court terme.
❖ La méthode des « 5 C » :

Cette méthode, invite l’Analyste Crédit à mener des investigations afin d’avoir une opinion
relative à 5 grandes composantes permettant d’apprécier le risque. Autrement dit, l’évaluation
du risque de crédit passe d’abord et avant tout par une bonne maitrise de toutes les dimensions
désignées sous les 5C associées aux critères qui sous-tendent non seulement les aspects
quantitatifs (risque commercial, risque financier) mais aussi les aspects qualitatifs (risque
managérial, risque d’affaires) du risque – crédit.

• Capacity : C’est l’étude de la capacité à respecter l’engagement de crédit au regard de la


situation financière de l’emprunteur. On compare les dettes (et leur service prévu) aux
résultats de la société et on examine l’aptitude de l’emprunteur à assurer le service de la
dette avec les cash flows futurs. Pour la capacité on distingue des critères purement
financiers (revenus et dépenses mensuels)
• Character : Il s’agit de la réputation de l’entreprise, tant sur le marché en général qu’auprès
de ses créanciers, aptes à interpréter l’historique de paiement (track record). On fait
référence à l’intégrité de l’emprunteur et à son intention de rembourser ou non et de faire
d’éventuels efforts en cas de difficultés. C’est un facteur basé sur la fiabilité, l’honnêteté et
la bonne foi de l’emprunteur.
• Capital : On examine à la fois la structure financière de la société et l’importance des fonds
apportés par les actionnaires (Equity), mais aussi l’éventuelle capacité de ces derniers à
réaliser un apport complémentaire pour financer le projet à l’origine de la recherche de
financement ou en cas de crise financière. Dans une logique européenne, on mesure le Fonds
de Roulement.
• Collatéral : Il s’agit de l’étude des actifs sous-jacents pouvant potentiellement sécuriser le
crédit. Cette dimension nous permet de déterminer la nature et la valeur des garanties dont
dispose le client.

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• Conditions : On considère les conditions (de marché et commerciales) applicables à cet
emprunteur. Autrement dit, il s’agit d’apprécier si les conditions (taux, maturité, mode de
remboursement) applicables ou envisageables ne génèrent pas un risque trop élevé et si elles
sont de nature à permettre au créancier de dégager une juste rémunération du risque de crédit
supporté.
❖ La méthode LAPP :

Dans le même esprit, la méthode LAPP invite à étudier quatre grands critères, en examinant en
détail quelques ratios et paramètres organisés autour de 4 grands thèmes. Elle est davantage
centrée sur des données financières et inclut une forme d’analyse financière basique.

• Liquidity : Étude du ratio de liquidité générale (current ratio) ou réduite (acid ratio).
• Activity : Examen des ratios de croissance des ventes, de rotation des actifs et du poids du
• Working Capital.
• Profitability : On étudie la profitabilité, c’est-à-dire les marges dégagées par l’entreprise.
• Potential : Le critère est qualitatif et plus ouvert ; il fait référence à la fois au potentiel de
l’entreprise en termes de marché, stratégie et management et en termes d’actifs pouvant
jouer le rôle de garantie explicite ou implicite à l’opération de crédit.
b) LA NOTATION : LE RATING :

La notation « Rating » c’est un mot d’origine américain qui veut dire évaluation. El karyotis,
1995 définit la notation comme : « un processus d’évaluation de risque attaché à un titre de
créance, synthétisé à une note, permettant un classement en fonction des caractéristiques
particulières du titre proposé et des garanties offertes par l’émetteur. La notation financière est
l'expression de la solvabilité d'un emprunteur, elle mesure la capacité de ce dernier à rembourser
toutes les sommes dues à court ou à long terme. La notation financière se concrétise par
différents types de notation soit attribuée par des sociétés spécialisées de notation, on parle donc
de notation externe, soit établie par les banques elles-mêmes, la notation alors est dites internes.
L’activité de notation est née du besoin de condenser un ensemble de données dans une seule
variable de synthèse, donnant une idée de la probabilité de difficultés en observant les taux de
défaut (et de faillite) à différents horizons (1 ou 3 ans par exemple) selon le rating attribué. La
probabilité est déduite de l’étude statistique.

c) Le scoring :

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Les modèles de scoring utilisent l’indicateur probabiliste du risque de crédit, le scoring, c’est-
à-dire une note de risque ou une probabilité de défaut. Dans leur quasi-totalité, les banques et
organismes financiers utilisent l’analyse statistique pour prédire si un emprunteur serait un bon
ou un mauvais payeur et prendre la décision appropriée : acceptation sans condition, prise de
garanties ou refus.

Les modèles scoring utilisent des données historiques (généralement l’histoire des
performances passées des emprunteurs ou celle des prêts consentis) et des techniques
statistiques qui se calculent à base de logiciels.

L’idée de base est de déterminer à partir des comptes des sociétés, des ratios qui soient des
indicateurs avancés, des difficultés rencontrées par une société. Une fois ces ratios établis, il
suffit de calculer leurs valeurs pour une entreprise donnée et les comparer aux ratios des
entreprises ayant connue des difficultés ou des défaillances. La comparaison ne s’effectue pas
ratio par ratio, mais globalement. La décision finale est établie par l’étude de l’ensemble des
ratios qui constituent la fonction score. Celle-ci permet d’obtenir rapidement une réponse sur
la qualité de l’emprunteur.

Les ratios sont agrégés dans une fonction, appelée Z ou fonction score, qui permet de donner
pour chaque entreprise une note, le score.

Ces techniques sont construites de manière assez conventionnelle sur la base de données
bilancielles. Les premières méthodes de scoring étaient largement issues de l’analyse financière
et reposaient sur des ratios financiers fondamentaux en nombre restreint. Cependant ces
méthodes ont ensuite évolué vers plus de complexité afin de tenter d’obtenir des notes plus
fiables et précises, notamment en tenant compte des spécificités sectorielles.

Conclusion :

Le risque est inhérent à l’activité bancaire. Il est inévitable parce que c’est dans la nature de la
banque de prendre des risques. Pour autant, ces derniers se doivent de demeurer acceptables
dans la mesure où une majorité des ressources est apportée par les déposants et d’autres par les
bailleurs de fonds qu’il conviendra de rembourser à un moment ou un autre. Les banques sont
obligées d’être prudentes. C’est pour cela que les activités des banques sont de plus en plus
encadrées.

Le risque de crédit est aujourd’hui au cœur des préoccupations bancaires. Pour cela, la décision
d’octroi du crédit a beaucoup évolué dans ses méthodes de détermination. Elle permet, si elle

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est rigoureuse, une meilleure sélection qui réduit les risques assumés par les banques ou du
moins conduit à les prendre en toute connaissance de cause.

Accorder un crédit est donc un acte complexe, car le banquier analyse la nature des risques qu’il
encourt, estime leur probabilité d’occurrence, s’efforce d’anticiper la survenance des difficultés
pour les parer ou les transférer et déterminer enfin la couverture du risque.

Chapitre 2 :
I. La couverture du risque sur le marché financier :
1. CDS : Credit Default Swaps :

Le crédit default swap est un produit dérivé qui permet de s'assurer contre le risque de non-
paiement d'une dette émise par un Etat ou une entreprise. Il s'agit d'un contrat qui s'apparente à
une assurance. L'acheteur du credit default swap (CDS) verse une commission annuelle au
vendeur en contrepartie de laquelle le vendeur s'engage à compenser les pertes de l'actif de
référence en cas de survenance d'un événement. Le vendeur s'oblige donc à dédommager
l'acheteur en cas de défaut de paiement sur la dette que détient l'acheteur.

Le CDS constitue un contrat de protection d'un crédit. Le contrat doit indiquer l'actif de
référence qui fait l'objet de la protection, la valeur notionnelle de l'actif, le montant de la prime
à verser par l'acheteur au profit du vendeur, la date d'échéance du contrat et les événements dont
la survenance provoque le règlement du CDS. Si l'un de ces événements se produit, le contrat
prend fin par le dédommagement de l'acheteur par le vendeur.

Le CDS permet de transférer entre deux contreparties un risque de crédit : la contrepartie


acheteuse de protection cherche à se défaire du risque de crédit sur une entité de référence
(l’entité de référence est l’émetteur obligataire ou le débiteur dont la dette fait l’objet de la
protection) ; la contrepartie vendeuse de protection prend le risque de crédit sur l’entité de
référence à des fins d’investissement ou d’arbitrage. Le transfert du risque de crédit entre deux
contreparties s’effectue au moyen d’un swap dans lequel la contrepartie A achète la protection

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et paie une prime périodique à la contrepartie B, vendeuse de protection, qui prend ainsi une
exposition au risque de crédit. Cette prime périodique constitue la partie fixe du swap. La partie
contingente du swap est versée par le vendeur à l’acheteur de la protection si et seulement si un
événement de crédit, défini à l’avance.

❖ Fonctionnement du CDS :
L’acheteur du CDS se voit protégé du risque de défaut de crédit par celui qui lui a vendu. Les
CDS sont couramment utilisés pour se protéger du risque de défaut d’un pays sur sa dette par
exemple. En cas de défaut de paiement d’un pays, les détenteurs de CDS sont remboursés par
le vendeur de la valeur faciale des obligations sous-jacentes au swap.
❖ Les éléments du CDS :

Le contrat doit indiquer :

• L’actif de référence qui fait l’objet de la protection, c’est-à-dire le sous-jacent ;

• La valeur notionnelle de l’actif ;

• Le montant de la prime que le vendeur doit verser à l’acheteur ;

• La date d’échéance du contrat ;

• Les événements qui, s’ils surviennent, provoquent le règlement du CDS.

❖ Un exemple du CDS :

Le 1er mars 2007, deux entreprises signent un CDS sur un montant notionnel de 100 M
d’obligations sur 5 ans, soit un million d’obligations cotées à 100 le jour de la transaction.
L’acheteur s’engage à payer 90 pdb pour être protégé contre le défaut de l’entité de référence.

Si celle-ci ne fait pas défaut, l’acheteur ne reçoit rien mais paye, chaque 1 er mars des années
2008 à 2012, 900 000 (0,9 % du total).

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Si un aléa de crédit survient le 1er septembre 2010, le dénouement du CDS donne lieu soit à un
paiement en cash, soit à la livraison du sous-jacent :

• Dénouement en cash : le vendeur s’engage à payer à l’acheteur (100-Z) % de 100 M où


Z représente la valeur de l’obligation de référence, cotée à une date ultérieure à l’aléa
de crédit. Si après l’aléa de crédit, le cours de l’obligation vaut 35, le vendeur versera
donc 65 M à l’acheteur.
• Dénouement par livraison du sous-jacent : l’acheteur a le droit de livrer les obligations
de référence pour une valeur de 100 M en nominal et reçoit 100 M du vendeur.

2. TRS : Total Return Swaps


❖ Définition

Un dérivé de crédit sur transfert de rendement (Total Return Swap ou Swap de performance)
est un contrat financier par lequel un investisseur reçoit tous les flux financiers inhérents à un
actif ou indice de référence sans acheter ou posséder cet actif ou indice1 . L'opération est
communément intitulée « contrat d'échange sur rendement global ».

Les paiements sont réalisés par l’autre partie au contrat, le plus souvent détentrice des titres,
appelée ici acheteur de protection (Total Return Payer). Par opposition, l’autre partie au contrat
assume le risque de performance des flux financiers objets de l’opération. Cette partie est le
vendeur de protection (Total Return Receiver).

Contrairement à un swap d’actif, qui vise à se protéger contre le risque de crédit de produits à
taux fixe, le Total Return Swap expose le Total Return Receiver à tous les risques frappant un
actif : Risque de crédit, risque de marché, risque de taux, etc. Le Total Return Payer est quant
à lui uniquement exposé au risque de crédit auquel est sujet le Total Return Receiver.

Le TRS permet à un investisseur de bénéficier de tous les cash-flows d’un titre financier sans
en être le propriétaire (il est le receveur dans le schéma ci- après).

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L’investisseur reçoit le rendement total (« Total Return ») et paie en échange un intérêt, basé
sur un taux standard de type LIBOR + « spread » (rémunération additionnelle).

Si le prix de l’actif sous-jacent au contrat voit son prix augmenter,

L’investisseur reçoit la différence entre le prix d’origine du contrat et le prix observé. Il doit en
revanche compenser toute perte de valeur de l’actif sous-jacent au payeur du swap.

L’investisseur n’est pas obligé de dévoiler sa position, puisque c’est la banque contrepartie du
swap qui détient les titres sous-jacents au contrat. En cas de perte, l’investisseur doit régler
directement la banque. S’il ne peut le faire, la banque liquide la position et oblige l’investisseur
à constater une perte.

❖ L’utilité pour le Total return payer :

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Du côté des Total Return Payer : la technique permet à une institution non-bancaire, telle qu’une
assurance, de participer à une opération de financement en assumant le risque de crédit et les
flux financiers futurs d’un actif.

Pour une banque, le Total Return Swap permet de réduire son exposition à un secteur ou un
titre particulier, libérer du capital et mieux gérer ses lignes de crédit. La banque peut aussi
craindre une dépréciation prochaine de ses titres de créances et, en raison notamment de taux
d’escompte défavorables, choisir de les maintenir à son bilan et recourir à un TRS.

La technique peut aussi être utilisée par deux banques dont les coûts de financement sont
largement déséquilibrés. Dans ce cas, il peut être intéressant pour la banque A, plus favorisée
sur le marché monétaire et obligataire car mieux ratée, d’acquérir les créances elle-même puis
de rentrer dans un contrat avec une banque B, dont les conditions de financement sont moins
favorables.

❖ L’utilité pour le total return receiver :

Du côté des Total Return Receiver: le TRS permet à l’investisseur de détenir un actif de manière
synthétique. Dans la mesure où il n’y a pas transfert de propriété, la plupart des règles de
notification sur la détention de titres de capital ne s'appliquent pas, sauf exceptions.

La technique permet aussi au Total Return Receiver de bénéficier d’un important effet de levier
puisqu’il peut investir immédiatement sans financer sa position, bien qu’il soit possible de
prévoir la mise en place d’un collatéral pour limiter le risque de contrepartie supporté par le
Total Return Payer.

3- Collateralised debt obligations (CDO)

Une autre technique, reposant sur le principe de la titrisation, a également connu un fort
développement. Elle consiste à transférer un risque « physique » aux marchés financiers (dont
la capacité d’absorption des chocs est grande) par le biais d’émissions d’actifs financiers,
librement négociables et liquides.

De manière générale, la titrisation on est une opération de bilan par laquelle un créancier
financier se déleste d’un portefeuille de créances qu’il détient. Celles-ci sont cédées à un
véhicule spécialisé qui se finance auprès d’investisseurs financiers.

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L’encaissement des créances par le véhicule lui permet d’assurer le service de sa dette
(paiement des coupons et remboursement du capital). L’intérêt de la titrisation pour un vendeur
est en premier lieu l’accès à une nouvelle source de financement.

Pour un investisseur, l’attrait des opérations de titrisation on réside surtout dans les spreads
proposés qui sont plus attractifs que sur les marchés obligataires classiques. Le véhicule
spécialisé détient, à son actif, les obligations (ou autres prêts : hypothécaires, prêts étudiants,
créances commerciales…). Il est financé par les titres financiers émis (tranche de CDO), qui
seront remboursés par les flux générés par l’amortissement des actifs titrisés. Ces derniers
constituent un couple spread/rating qui sera validé par les agences de notation. L’échéance de
l’opération peut être reconduite par l’inclusion d’une période de revolving pendant laquelle le
cédant s’engage à vendre au véhicule spécialisé de nouvelles créances à intervalles réguliers.

La titrisation permet donc de transformer un risque « physique » et non liquide en risque


financier et liquide. Les CDO sont des produits de titrisation on qui aboutissent à émettre sur
les marchés financiers des titres créés à partir de portefeuilles de crédit.

Le transfert du risque de crédit par les CDO est le suivant. Le créancier qui possède un
portefeuille de crédit va le céder à une entité ad hoc (Special Purpose Vehicle : SPV), qui va
émettre plusieurs tranches de titres sur les marchés financiers pour en financer l’acquisition. Ce
SPV n’a pas d’objectifs, de moyens ou de rentabilité propres, mais n’existe que pour les besoins
de la transaction. Cette coquille sera dissoute à l’issue de l’opération.

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Afin que les titres émis par le SPV soient attractifs, et donc achetés par les investisseurs, ils
doivent offrir des perspectives rentabilité/risque intéressantes et correspondre aux différentes
attentes de tous les types de souscripteurs potentiels. Ainsi, plusieurs tranches de titres sont
émises. Une tranche très risquée, dite Equity, correspondant à 5 % du nominal des obligations,
devrait rapporter 35 % aux investisseurs. Ce taux de rentabilité est très élevé car si le taux de
défaut sur les obligations est de 2,5 %, alors la perte en capital sera de 50 % pour les détenteurs
des actifs de cette tranche. Ce produit très risqué est logiquement rémunéré par une rentabilité
élevée. Désormais, la titrisation est réalisée de manière synthétique avec l’utilisation de dérivés
de crédit. Le SPV, plutôt que d’acheter des obligations, « rentre », par exemple, dans des
contrats de CDS et investit dans du collatéral (des obligations AAA) pour assurer le paiement
du taux de référence variable (Euribor ou autre).

II. Gestion du risque de crédit par les institutions

Les institutions financières détiennent, logiquement, des portefeuilles de crédit (ensemble des
prêts et produits qu’elles ont souscrits les exposant à du risque de crédit), issus de leurs
différents métiers. Elles doivent en conséquence mettre en place une gestion du risque de crédit

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afin d’optimiser leur performance, réduire autant que faire se peut le risque qu’elles portent et,
surtout, se conformer aux réglementations prudentielles qui pèsent sur elles.

1) L’approche par le portefeuille du crédit

Une institution financière détient par construction un ensemble de crédits, explicites ou sous-
jacents à des produits financiers, sur différentes contreparties, à différentes maturités. Leur total
constitue un portefeuille de crédit.

❖ Définition :

Pour décrire un portefeuille de crédit, il importe de distinguer les différentes activités d’une
banque sources de risque de crédit, entre :

• Le banking book, qui comprend les opérations que la banque s’engage à porter jusqu’à
leur échéance ; elles sont comptabilisées au bilan à leur valeur nominale et les
coupons/dividendes au compte de résultat ;

• Le trading book contient les produits et opérations destinés à être cédés avant leur
maturité ; leur valorisation en marked to market figure au bilan et leur variation au compte de
résultat.

On appelle « risque émetteur » le risque de la banque lorsqu’elle avance des fonds à une
contrepartie. Il comprend, entre autres, le risque sur les prêts accordés et sur l’achat de titres.

Le risque de contrepartie est le risque de crédit de toutes les opérations ne relevant pas du
financement au sens strict. Ce sont les opérations inscrites au trading book, destinées à être
revendues avant leur échéance. L’exposition au défaut du risque de contrepartie est évaluée en
marked to market (ou valeur de remplacement).

La constitution du portefeuille revient à regrouper les emprunteurs par classes de risque à un


horizon donné. Mais, le raisonnement sur un portefeuille ne se borne pas à un cumul des risques
de crédit individuels. Il est nécessaire de disposer d’un modèle permettant d’évaluer le risque
de crédit du portefeuille. Ce dernier se définit comme l’incertitude relative aux pertes possibles
de ce portefeuille à un horizon donné. Il correspond, en termes de valeur (marked to market), à
l’incertitude des changements non anticipés de la valeur du portefeuille induits par les variations
de risque des emprunteurs. Il est alors nécessaire d’intégrer les « effets de portefeuille »
classiques, comme la concentration ou la diversification. Les pertes potentielles sur un
portefeuille de crédit dépendent fortement de la corrélation de défaut entre les composantes du

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portefeuille. Plus la dépendance entre les risques est élevée, plus la probabilité de pertes
concomitantes est importante (que les pertes soient élevées ou faibles).

❖ Traitement du risque du portefeuille de crédit :

L’analyse du portefeuille amène à distinguer deux types de pertes :

• Les pertes potentielles (Expected Losses – EL) sont les pertes attendues dans des
conditions normales de marché ; le risque de crédit étant le risque le plus important pour la
banque en termes de sévérité, le modèle de calcul des EL est imposé par le régulateur.

Cette formule est la suivante :

Risque de crédit = montant exposé (Exposure at Default ‒ EAD) × probabilité de défaut (PD)
× (1 ‒ taux de recouvrement) (Loss Given Default).

• Les pertes non attendues (Unexpected Losses – UL) correspondent aux pertes extrêmes,
observables dans des conditions extrêmes de marché. Leur traitement par les institutions
financières est différent.

❖ Traitement des expected losses

Au niveau du portefeuille, les EL correspondent à la somme des pertes attendues sur l’ensemble
des crédits du portefeuille. Pouvant être estimées avec une relative précision et étant issues de
l’activité courante d’une banque, elles peuvent être couvertes par des provisions.

Pour une institution financière il est indispensable de mettre en œuvre une gestion coordonnée
de l’ensemble de ses actifs et de ses passifs, mais également des éléments « hors bilan ». Ceci
est réalisé par la Gestion Actif/Passif (GAP) ou Assets and Liabilities Management (ALM).
Son but est de mesurer et de couvrir les principaux risques auxquels son activité « commerciale
» l’expose : taux, liquidité, change, etc. et risque de crédit. Il s’agit en quelque sorte de « gérer
le bilan de la banque ». La gestion ALM suppose une centralisation de toutes les activités et la
définition de l’horizon d’écoulement (retour à la liquidité) de tous les actifs et les passifs. Elle
concerne en priorité les risques financiers liés à l’obtention de liquidités et au financement des
opérations de la banque.

Dans ce cadre, conformément à la logique du risk management, toute institution financière


engage une stratégie interne de gestion du risque de crédit. Celle-ci comprend plusieurs étapes

• La mesure du risque de crédit individuel et la mesure globale du portefeuille ;

GESTION DES RISQUES 17


• L’analyse du risque du portefeuille : identification des positions ayant un fort impact
sur le risque, étude de la contribution individuelle et marginale de chaque position, etc.
• La réduction et le hedging ;
• Le passage d’une provision pour couvrir les pertes attendues en conditions courantes de
marché (couverture des expected losses).

Ainsi, les EL sont traitées par des provisions en Gestion Actif/Passif.

❖ Traitement des unexpected losses

Les pertes extrêmes, associées à des conditions extrêmes de marché, pourraient entraîner la
défaillance de l’institution financière. Ces pertes exceptionnelles doivent être couvertes par une
dotation en Fonds Propres spécifique : le capital économique.

Il est alors nécessaire d’évaluer les UL à un horizon donné, en modélisant l’incertitude des
pertes futures et en construisant la distribution des probabilités des pertes globales au niveau du
portefeuille. De la sorte, on peut définir le montant de capital économique apte à les couvrir (les
absorber) à un horizon choisi. Une institution financière est alors incitée à détenir des Fonds
Propres suffisants pour couvrir ces UL. En l’occurrence, il s’agit d’un quantile de la distribution
de probabilité des pertes à un horizon retenu, par exemple : 99,9 % à 1 an.

❖ Remarques

La gestion du risque de crédit d’un portefeuille consiste donc à définir un niveau de Fonds
Propres permettant d’absorber les pertes, qu’elles soient attendues ou inattendues.

❖ Traitement du risque de crédit d’un portefeuille

Types de pertes Nature Traitement

Pertes potentielles Pertes associées aux Passage de provisions


conditions normales de
(expected losses)
marché
EL

Pertes non attendues Pertes dans des conditions Fonds propres dédiés :
extrêmes de marché
(unexpected losses) Capital économique

UL

GESTION DES RISQUES 18


On notera que le raisonnement fondé sur le portefeuille de crédit permet d’affiner
considérablement la gestion individuelle du risque de crédit. D’abord, une banque peut
sélectionner ses nouveaux crédits selon leur contribution marginale au risque du portefeuille,
établissant ainsi un critère novateur d’acceptation ou de refus des prêts. Ensuite, la tarification
individuelle des crédits s’avère plus efficiente car en raisonnant sur le portefeuille, la banque
devrait consentir des crédits uniquement si ceux-ci dégagent une rentabilité marginale élevée
du capital économique (ou réglementaire).

2) La gestion réglementaire :

Le premier encadrement réglementaire strict du risque de crédit est les Accords de Bâle en 1988
qui ont évolué : Bâle ll en 2004 et Bâle lll en 2010.

A la suite des crises bancaires et des changements qu’a connu l’économie, il a fallu définir un
jeu de règles de prudence que les banques devraient respecter. La faillite d’une banque expose
l’économie à un risque systémique par le phénomène de contagion qui stipule que les autres
banques et assureurs pourraient rencontrer des difficultés voire une faillite. La faillite de
plusieurs banques va effondrer le système financier et avec lui financement de l’économie, d’où
la naissance de la réglementation prudentielle.

a) La gestion prudentielle :
Dans la réglementation Bâle l, il a été retenu une logique d’adéquation des Fonds Propres des
banques aux risques qu’elles prennent. Le ratio Cooke permet l'établissement d'un cadre
réglementaire uniforme, applicable à toutes les organisations bancaires. Il encourage à renforcer
le niveau de leurs capitaux propres pour les banques internationales et permet de réduire les
distorsions concurrentielles les entre banques de réglementations nationales jusqu'alors très
hétérogènes. Il impose que les Fonds Propres réglementaires d’un établissement de crédit ne
puissent pas être inférieurs à 8% de l’ensemble des engagements de crédit pondérés de cet
établissement :
Fonds Propres
𝑅𝑎𝑡𝑖𝑜 𝐶𝑜𝑜𝑘𝑒 = ≥8
𝐸𝑛𝑐𝑜𝑢𝑟𝑠 𝑝𝑜𝑛𝑑é𝑟é𝑠 𝑑𝑒 𝑐𝑟é𝑑𝑖𝑡

Par exemple, si une banque prête 100 MAD, elle doit disposer au minimum de 8 MAD de Fonds
Propres et utiliser au maximum 92 MAD d’autres ressources (dépôts, emprunts, financement
interbancaire, etc.). Les Fonds Propres réglementaires incluent le capital et les réserves (Fonds
Propres de base), mais aussi les Fonds Propres complémentaires (« quasi-capital », y compris
les dettes subordonnées). Les encours de crédit comprennent les engagements de bilan et hors

GESTION DES RISQUES 19


bilan, selon une pondération spécifique. Le ratio Cooke a souffert de plusieurs limites car il ne
prend pas en considération de nombreux facteurs tels que la taille de l’entreprise, le rating, la
maturité et autres.

La mission de Bâle Il a été d'améliorer le dispositif Bâle 1, par un nouvel accord plus complet,
mais ne s'appliquant pas de façon uniforme à tous les établissements bancaires. Si toutes les
banques de l'Union européenne y sont soumises (y compris les gérants d'actifs et les compagnies
d'assurance), aux États-Unis, seules les banques ayant un total de bilan supérieur à 250 milliards
$ ou de plus de 10 milliards $ d'actifs détenus à l'étranger y sont soumises.

Alors que Bâle 1 ne prenait en compte que le risque de crédit, ce dispositif couvre trois piliers
complémentaires : le risque de marché, le risque de crédit et les risques opérationnels. Il est
fondé sur un ratio prudentiel modifié.

𝐹𝑜𝑛𝑑𝑠 𝑃𝑟𝑜𝑝𝑟𝑒𝑠
𝑅𝑎𝑡𝑖𝑜 𝑀𝑐𝐷𝑜𝑛𝑜𝑢𝑔ℎ = ≥8
Risque de crédit + Risque de marché + Risque opérationnel

D’après ce ratio, les Fonds Propres réglementaires doivent couvrir le minimum de fonds propres
exigé par le ratio Cooke, plus les risques de marché et les risques opérationnels. Bâle Il reste
essentiellement une norme de Fonds Propres minimum et ne prend pas en compte tous les
risques (comme celui de liquidité par exemple).

b) Bâle lll :
La crise financière a, en effet, sévèrement mis en exergue les carences et les insuffisances de
Bâle ll : mauvais fonctionnement des marchés financiers, crise de liquidité, critique des agences
de notation, etc. D’où l’apparition de Bâle lll, qui a été nécessaire pour améliorer le dispositive
précédent.
La finalité de Bâle Ill est relativement simple : plus de Fonds Propres, de meilleure qualité, et
plus de transparence. Cinq mesures principales ont été arrêtées : un renforcement des Fonds
Propres (en améliorant la qualité et en relevant les ratios), l'introduction d'un coussin
contracyclique, l'instauration d'un ratio de liquidité, la mise en place d'un ratio d'effet de levier
et la réduction du risque systémique.
On peut percevoir certaines limites de Bâle lll, parmi elles : La réglementation prudentielle Bâle
Ill aura un poids conséquent sur l'économie. Si les banques doivent augmenter leurs Fonds
Propres, il est probable qu'elles seront amenées à réduire le volume des prêts à l'économie et
d'en accroître le coût.

GESTION DES RISQUES 20


c) Vers Bâle IV :
Les experts ont souligné, dès son élaboration, que l'accord de Bâle Ill n'atteindrait que
partiellement son double objectif d'éviter les crises systémiques et d'instaurer une discipline et
un contrôle efficients des institutions financières. Il paraît logique que le dispositif
réglementaire vive et qu'on puisse à la fois en ajuster le contenu et suivre les modalités et
difficultés de son application dans un univers financier structurellement turbulent. Au terme
d'un bilan, après plusieurs années de mise en œuvre, on entrevoit déjà un probable chantier dans
les années à venir relatif à l'adaptation des normes conduisant probablement vers un Bâle IV !
La régulation suppose à la fois l'adhésion de tous les États et une certaine flexibilité, ouvrant
une forme de chantier permanent.
3) L’outil de pilotage des institutions financières : La Value at Risk Credit :
a) Principes et Définitions :
La Valeur en Risque, plus connue sous le nom anglais Value-at-Risk ou VaR, est une mesure
de la perte potentielle que peut subir un portefeuille d’instruments financiers suite aux
fluctuations des facteurs de marché, avec un niveau de probabilité donné, un horizon de temps
fixé et dans des conditions normales de marché.
Elle permet de répondre à la question suivante : Combien l’établissement financier peut-il
perdre avec une probabilité (1- α) pour un horizon de temps h fixé ?
Statistiquement, la VaR peut être définie comme étant un quantile de la distribution des P&L
théoriques d’un portefeuille, résultants des mouvements possibles des facteurs de risque de
marché, sur un horizon de temps fixé.
Le P&L d’un portefeuille de valeur P, sur un horizon de h jours est donné par :
P&L(t ;h)= ∆hPt =Pt + h –Pt
Un point important est que nous ne connaissons pas avec certitude la variation des facteurs de
risque au-delà de h jours, et pour cette raison, des prévisions seront faites à partir des volatilités
et corrélations historiques. Ces variations sont intégrées dans le P&L ( ∆ hPt ) auquel nous
étudierons la distribution statistique, toujours en liaison avec l’horizon de temps fixé.
Par définition, la VaR sur h jours avec un niveau de confiance de (1-α) est la valeur R telle que
la probabilité de perdre R au plus, au delà de h jours, est égale à (1-α) .
VARα;h=R telle que Prob(∆hPt<−R)=α ou encore Prob( ∆hPt <R)=1−α .
α est appelé niveau de signification ; il est inférieur à 1 et est en général égale à 1%, ou 5%.

Deux éléments sont donc indispensables pour interpréter le chiffre VaR (qui permet de donner
une vision globale du risque de marché d’un portefeuille) :
GESTION DES RISQUES 21
1- la période de détention h ou holding period qui correspond à la période sur laquelle la
variation de la valeur du portefeuille est mesurée ;
2- le seuil de confiance (1-α) du chiffre VaR qui correspond à la probabilité de ne pas dépasser
cette mesure du risque.
Si ces deux paramètres ne sont pas spécifiés, nous ne pouvons pas interpréter le chiffre VaR,
car un risque à 10 jours avec une probabilité de 99% est beaucoup plus important qu’un risque
à 1 jour avec une probabilité de 90%. Dans le premier cas, nous avons une chance sur 100 que
la perte réalisée pour les 10 prochains jours ouvrés soit supérieure à celle estimée par la VaR.
Dans le second cas, nous avons une chance sur 10 que la perte réalisée demain soit plus grande
que la VaR. Avec la mesure VaR, on passe donc d’une mesure de risque comme volatilité à une
mesure de risque comme quantile.
Il faut bien avoir à l’esprit que la mesure VaR ne donne une image du risque que dans le cadre
de conditions normales de marché et pour un niveau de confiance inférieur ou égal à 99%
(Dans le cas de la réglementation). Pour avoir une mesure du risque extrême, d’autres
techniques sont plus adaptées : les méthodes de stress testing et la théorie des valeurs extrêmes
permettent de mieux appréhender les risques extrêmes.
Pour calculer la VaR, nous devons identifier les facteurs de marché qui affectent la valeur du
portefeuille. Le nombre de ces facteurs peut être plus ou moins grand, mais dépend
généralement du type de marché considéré.
Remarques :
• La VaR est croissante avec le niveau de confiance et l’horizon de détention.
• Il est démontré queVARα;h= h.VARα;1 . Ainsi Nous calculerons désormais la VaR sur
un jour et celle sur 10 jours est obtenue en multipliant la première par 10 .
b) Méthodes de calcul de la VaR :

Trois méthodes sont utilisées pour mesurer le risque.

• Variance-covariance (analytique ou paramétrique)

Elle a été introduite en Octobre 1994 par J.P. Morgan, c’est la plus utilisée et est adaptée aux
portefeuilles linéaires (comme les positions sur devises par exemple). Cette méthode nécessite
une matrice de covariance des actifs ainsi que leur composition dans le portefeuille. C’est dire
donc que nous avons besoin des variances et covariances des rendements des actifs du
portefeuille, qui peuvent être estimées soit par les méthodes standard (écart-type ou variance),
soit par un modèle GARCH ou de pondération exponentielle.
GESTION DES RISQUES 22
Dans le modèle de VaR paramétrique, nous supposons que la valeur algébrique d’un
portefeuille est représentée par une combinaison linéaire de K facteurs gaussiens (linéarité).

Notons P(t) la valeur du portefeuille à l’instant t et F(t) le vecteur gaussien des facteurs de loi
N (µ ;Σ). La valeur du portefeuille en t vaut alors P(t) = aT F(t) avec ‘a’ le vecteur de sensibilités.
A la période t, la valeur de P(t + 1) n’est pas connue puisque nous ne disposons que de
l’information jusqu’en t. En t, P(t + 1) est donc une variable aléatoire gaussienne de loi N (aTµ
; aTΣa). La valeur de la VaR pour un seuil de confiance 1-α correspond alors à :

Pr (Pt+1 – Pt > -VARα) = 1-α

Dans cette équation, P(t + 1) - P(t) représente la variation du portefeuille entre l’instant t+1 et
l’instant t. C’est donc une perte si la valeur réalisée du portefeuille dans un jour est inférieure à
la valeur actuelle du portefeuille. Comme la VaR représente la perte potentielle que l’on
s’autorise et que celle-ci est exprimée en valeur absolue, Pr (Pt+1 – Pt > -VaRα) est la
probabilité que la perte ne dépasse pas la VaR (ou perte potentielle). Par définition, cette
probabilité est notre seuil de confiance. Lorsque la période de détention n’est pas 1 jour mais h
jours, la mesure de la VaR se définit à partir de la relation suivante :

Pr (Pt+h – Pt > -VaRα,h) =1- α

Comme nous supposons que P(t + 1) est gaussien, alors nous en déduisons que :

Avec −1 φ la fonction gaussienne inverse. Or nous avons le


quantile à α% de la loi gaussienne. Un rapide calcul montre que :

Lorsque les facteurs F modélisent directement la variation du portefeuille, la mesure VaR

devient

En général, nous supposons que µ = 0, et nous avons finalement :

GESTION DES RISQUES 23


Cette méthode de calcul de la VaR est appelée la méthode de variance–covariance, puisqu’elle
dérive directement de la matrice de covariance Σ des facteurs.

La dernière relation s’interprète très facilement :

aTΣa est en fait l’écart-type de la variation du portefeuille : nous pouvons l’assimiler à un


risque-volatilité ; ) (1 1 φ −α − est un coefficient que nous notons c ; nous avons donc une
relation linéaire entre le risque-volatilité et la perte potentielle :

VaR = c * risque-volatilité

A titre d’illustration, c prend la valeur 2,33 pour un seuil de confiance 1-α = 99%. Dans ce cas,
la VaR correspond au risque-volatilité multiplié par ce facteur 2,33.

Cette méthode repose sur trois hypothèses :

1- l’indépendance temporelle des variations de la valeur du portefeuille ;

2- la normalité des facteurs F(t) ;

3- et la relation linéaire entre les facteurs et la valeur du portefeuille.

Ces trois hypothèses simplifient le calcul de la VaR, puisque les quantiles de aT F(t) sont liés
de façon linéaire au quantile de la loi normale à une dimension. La principale difficulté de cette
méthode est d’estimer la matrice de covariance et de déterminer les sensibilités.

Nous pouvons montrer que l’expression de la VaR obtenue pour une période de détention d’un
jour peut se généraliser à une période de détention de h jours. Dans ce cas, Σ représente la
matrice de covariance des facteurs pour h jours. Nous rappelons que la période de détention
réglementaire est fixée à 10 jours.

Enfin, nous rappelons que cette méthode n’est utilisable que pour les actifs financiers linéaires
car elle ne prend pas en compte le caractère non linéaire des positions. Ainsi, le calcul d’une
VaR paramétrique pour un portefeuille d’options n’est pas adapté.

• Réponses à notre trader grâce à la méthode paramétrique :

Si partant de l’hypothèse de la normalité des rendements sur l’euro et en prenant l’écart type
historique quotidien du rendement sur le change EUR/MAD égal à 0,35%, il s’en suit que dans
99% des cas, le rendement n’excèdera pas 2,33 fois sa volatilité (0,815%=2,33*0,35%,

Dans ces circonstances, la perte potentielle sera de 1M*0,815%=8155 DHS.

GESTION DES RISQUES 24


Le nombre 2,33 correspond au quantile d’ordre 99% d’une distribution normale standard.

Nous avons supposé que le rendement soit une variable aléatoire de la loi normale standard.

Nous pouvons dire donc que dans 99% des cas, l’investisseur ne perdra pas plus de 8155
dirhams au-delà des 24 heures suivantes, en gardant sa position intacte.

Deux questions importantes nous ont permis de répondre à la question de l’investisseur :

Quelle est son exposition au risque ? C’est la position actuelle détenue par l’investisseur ; elle
a une valeur en dirhams de un (1) million ;

Quel est le risque lié à cette exposition ? Le risque est lié à la volatilité des cours de change
EUR/MAD dont le rendement est supposé être distribué suivant une loi normale.

L’identification et l’analyse de ces deux composantes sont indispensables pour tout type de
mesure de risque.

• Simulation historique

Contrairement à la VaR paramétrique, la VaR historique est entièrement basée sur les variations
historiques des facteurs de risque F(t). Supposons que nous disposions d’un historique de
longueur N.

En t0, nous pouvons valoriser le portefeuille avec les facteurs de risque de l’historique. Cela
veut dire que nous calculons pour chaque date t = [t0 – 1,…, t – N] une valeur (potentielle) du
portefeuille.

Nous pouvons alors déterminer N variations potentielles, que nous assimilons à N pertes
potentielles (certaines pertes sont en fait des gains). Ainsi, à partir de l’historique, nous
construisons implicitement une distribution empirique. De celle-ci, nous pouvons extraire le
quantile à α %. Il suffit pour cela de ranger les N pertes potentielles et de prendre la valeur
absolue de la N * (1 - α) ième plus petite valeur.

Voyons un exemple : Nous supposons que les pertes potentielles P sont ordonnées. Nous
obtenons alors un ensemble [P1,…, Pn,…, PN] avec Pn <= Pm quelque soit n < m.

Pour un seuil de confiance de 99%, la VaR correspond à la première perte potentielle valeur
absolue (P1) si N = 100, à la dixième perte potentielle valeur absolue (P10) si N = 1000, etc.

GESTION DES RISQUES 25


Cette méthode est très simple conceptuellement et facile à implémenter. Elle est donc très
utilisée. Cependant, elle présente quelques difficultés. En effet, l’estimation d’un quantile a une
vitesse de convergence beaucoup plus faible que les estimateurs de la moyenne, de la variance,
de la médiane, etc.

Cela tient au fait que l’estimation d’un quantile est une estimation locale qui demande donc
beaucoup d’observations afin d’en avoir suffisamment autour du quantile.

• Simulation Monte Carlo :

La VaR Monte-Carlo est basée sur la simulation des facteurs de marché F(t) dont on se donne
une loi de distribution a priori, de préférence admissible avec l’historique. Nous pouvons alors
valoriser le portefeuille avec les facteurs simulés. Si nous utilisons N simulations, nous pouvons
alors déterminer N variations simulées du portefeuille, que nous assimilons à N pertes ou gains
potentiels. Il suffit ensuite de calculer le quantile correspondant tout comme pour la méthode
de la VaR historique. Les deux méthodes sont donc très semblables. La seule différence est que
l’une des méthodes utilise les facteurs passés, alors que l’autre utilise des facteurs simulés.
Cette méthode est très intéressante est particulièrement adaptée au calcul de la VaR sur des
instruments non linéaires notamment les produits optionnels.
La méthode Monte Carlo demande un effort important de modélisation puisque celle-ci
déterminera entièrement les trajectoires des facteurs de marché que l’on utilise pour le calcul
de la VaR. Une description détaillée des étapes de cette méthode sera donnée dans la partie
consacrée au calcul de la VaR sur le portefeuille optionnel de la banque.
La plupart des grandes institutions financières utilisent les modèles internes VaR pour mesurer
leur risque. Mais un outil aussi répandu et recommandé pour la mesure du risque ne peut être
employé sans connaître ses avantages et ses inconvénients.

c) Avantages et limites de la Value-at-risk :

La Value-At-Risk a plusieurs avantages :


• Elle est un outil de gestion d’un portefeuille d’instruments financiers pour optimiser le couple
risque/rentabilité.
• Elle permet de tenir compte des effets de diversification des portefeuilles.

GESTION DES RISQUES 26


• Elle permet la fixation des limites internes et l’allocation de fonds propres, c'est-à-dire donc
qu’on peut fixer des limites de pertes par trader ou par métiers en appliquant le principe du stop-
loss.
• Elle permet aussi le calcul de l’exigence de fonds propres prudentiels pour les risques de
marché ou de crédit.
Cependant il y a quelques inconvénients qu’il convient de relever :
• La VaR ne fait pas de distinctions entre la liquidité des différentes positions de marché, et
capte seulement les risques à court terme dans des conditions normales de marché ;
• Ensuite les hypothèses nécessaires pour l’utilisation de chaque modèle de VaR, ne sont pas
toutes vérifiées dans la réalité. Ceci aura un impact sur la valeur mesurée du risque.
• Les modèles VaR n’intègrent pas les coûts de détention ou de liquidation des positions de
marché.
Par ordre d’importance et en terme de volume traité dans le monde, vient d’abord le change au
comptant, ensuite le change à terme, suivi des swaps et des options.
Le marché des options au Maroc est toujours en phase de réglementation, à l’heure actuelle
deux banques seulement (Attijariwafa Bank et BMCE Bank) commercialisent effectivement ce
produit. Dans le contexte actuel, l’environnement financier marocain est en attente d’une
nouvelle loi bancaire et d’un nouveau statut de BAM, qui viendront probablement renforcer et
moderniser les activités bancaires et financières.
Il a été vu que les risques bancaires sont divers, chacun a ses propres caractéristiques, ses
propres sources, ses méthodes de gestion et ses impacts. Les fonds propres doivent être capables
de supporter toute cette charge pour un fonctionnement sain de l’établissement financier.
Les autorités de contrôle imposent aux banques le respect d’un certain nombre de ratios, pour
garantir le bon fonctionnement du système financier. Néanmoins, ces ratios restent insuffisants
pour maîtriser totalement le risque. Quantifier le risque est donc une question très importante
dans ce sens. Sur ordre de BAM, d’ici peu, toutes les banques marocaines doivent disposer de
modèles de mesure de risques par la méthode standard, les méthodes internes seront utilisées
volontairement.
La Value-at-Risk reste la méthode la plus utilisée pour la construction d’un modèle interne.

4) Le recouvrement :

La prise en compte des procédures de recouvrement est un aspect important de l’analyse du


risque de crédit. Nous commençons par présenter ces procédures et les diverses façons de
GESTION DES RISQUES 27
valoriser le recouvrement. Nous expliquons ensuite comment traiter les composantes
d’exposition à la date de défaut et de taux de recouvrement dans les calculs de pertes anticipée
et non anticipée.

a) Une approche simplifiée :

La perte résultant d’une défaillance dépend de la date de cette défaillance, du montant de la


dette à cette date ou exposition [Exposure-at-Default,EAD], et de la récupération plus ou moins
importante des sommes dues. La perte potentielle a une influence sur les valeurs des crédits et
des dérivés de crédit. Cette influence diffère selon que l’emprunteur a ou non déja fait défaut.
Avant la défaillance, il y a incertitude à la fois sur la date de défaillance, l’exposition et
l’importance de la récupération possible. Après la défaillance, il y a un changement important
de l’information disponible : il n’y a plus d’incertitude sur la date de défaillance et l’exposition,
et de moins en moins d’incertitude sur le recouvrement au fur et à mesure de celui-ci.
La régulation actuellement mise en place a d’abord mis l’accent sur la connaissance des
probabilités de défaillance. En effet, il existait des méthodologies et des bases de données pour
ce problème, constituées pour construire les systèmes de notation à partir desquels étaient fixées
les autorisations de crédit ou les niveaux des taux contractuels proposés.
En revanche, l’étude des procédures de recouvrement est beaucoup plus récente, une littérature
académique adaptée n’étant apparue que depuis 2002(voir la liste des références). Il y a à cela
des raisons de fonds : i) Les procédures de recouvrement sont de nature très variées selon les
types d’emprunteurs, de prêts, les montants à recouvrer et les législations des pays. Il est de ce
fait difficile de proposer une démarche uniformisée. ii) Pour les grandes entreprises, on observe
assez peu de défaillances et donc les observations de pertes sont peu nombreuses, ce qui
empêche l’utilisation de l’approche statistique standard. iii) Les bases de données sont soit très
imparfaites et en cours de construction pour les grandes entreprises et les financements de
projets, soit parfois pour le crédit à la consommation bien alimentées, mais propriétés privées
et considérées comme très confidentielles.
Devant ces difficultés dont la résolution est nécessairement longue, le régulateur a retenu une
approche simplifiée, où le processus de recouvrement est assimilé à un recouvrement unique se
produisant à la date de défaillance.
GESTION DES RISQUES 28
La difficulté est alors dans la conversion des sommes récupérées en une valeur équivalente date
de défaillance. Dans la terminologie du régulateur, la perte à la date de défaut est écrite sous la
forme : EAD LGD, où EAD désigne l’exposition au moment du défaut et LGD (Loss-
GivenDefault) le taux de perte en équivalent date de défaut . Le montant récupéré est : EAD (1-
LGD), où 1 − LGD désigne le taux de recouvrement équivalent date de défaut.

b) Les procédures de recouvrement :

Il a été rapidement noté, que le taux de perte LGD n’est pas forcément compris entre 0 et 1 (voir
paragraphe 6.4.3). Il peut se révéler supérieur à 1, lorsque par exemple une institution de crédit
récupère sur un crédit particulier les sommes dues avec en plus des intérêts de pénalité. Il peut
se révéler négatif, lorsque des poursuites judiciaires coûteuses sont effectuées sans résultat
tangible. Pour le calcul officiel des réserves, le taux LGD doit impérativement être tronqué à
[0,1]. Pour les modèles internes ou les modèles de prévision, détecter par exemple la proportion
de défaillances ”rentables” est évidemment important.
Ex-post les bases de données sur les recouvrements devraient inclure pour chaque dette
l’échéancier de recouvrement, c’est-à-dire les dates où ont lieu des opérations liées à celui-ci
ainsi que les détails de ces opérations. Celles-ci
peuvent concerner des flux monétaires positifs, lorsqu’il s’agit de remboursement, de paiement
de commission de renégociation de dette ou d’intérêts de retard.., négatifs, pour les coûts de
relance, les coûts internes, les frais judiciaires. Ils peuvent concerner des actifs physiques ou
financiers : immobiliers, actions, obligations reçus pour diminuer la dette.
Dans des processus de recouvrement, il faut distinguer la date de fin de défaillance et la date de
fin de recouvrement. Il y a fin de la défaillance, lorsque les ”poursuites” sur l’emprunteur sont
arrêtées, c’est-à-dire lorsqu’on considère qu’il a remboursé sa dette, ou qu’il n’est pas possible
d’obtenir plus. La date de fin de recouvrement peut être postérieure à la date de fin de
défaillance, en particulier lorsque le créancier a reçu en remboursement des actifs, qu’il lui faut
lui-même revendre. Actuellement, peu est dit par le régulateur sur des définitions précises de
ces deux dates. Celles-ci sont laissées au choix des banques, dans la mesure où elles paraissent
raisonnables.
Il serait aussi souhaitable à terme que les bases de données ne comportent
pas uniquement l’échéancier de recouvrement pour les dettes où le recouvrement est terminé.
Elles devraient aussi comporter des informations sur les recouvrements en cours, incluant le

GESTION DES RISQUES 29


détail des sommes déjà récupérées et des prévisions sur les récupérations futures. Cette
amélioration devrait être effectuée dans un deuxième temps.
Nous allons maintenant décrire des procédures de recouvrement en supposant pour simplifier
que la défaillance est définie comme un non remboursement des mensualités ou coupons durant
90 jours consécutifs
• Problème de trésorerie :
Considérons un crédit permanent, où l’emprunteur ne rembourse pas ses mensualités pendant
trois mois de suite, mais rembourse correctement après, y compris les intérêts de retard sur les
trois mensualités. Il s’agit d’une situation où intuitivement la LGD sera négative.
On peut raisonnablement penser que la définition de la défaillance est dans ce cas trop restrictive
et ne reflète pas un véritable problème structurel.
L’exemple montre le lien entre défaillance et taux de perte. Une définition plus stricte de la
défaillance implique automatiquement des taux de recouvrement plus élevés (et des LGD plus
faibles). Ainsi des liaisons négatives observées entre probabilités de défaillance et taux de pertes
peuvent simplement révéler une définition inadéquate de la notion de défaillance. Ceci montre
qu’il est important de vérifier si PD et LGD sont ou non liées en pratique.
• Renégociation sur un crédit permanent :
Considérons la même situation qu’auparavant, mais un emprunteur, qui aurait avec son contrat
actuel de véritables difficultés à rembourser. Celles-ci peuvent parfois disparaître par une
simple modification du niveau de sa mensualité (obtenue soit en diminuant l’importance de sa
ligne de crédit non entièrement utilisée, soit en prévoyant un remboursement de cette ligne sur
une durée plus longue). Intuitivement, dates de fin de défaillance et de fin de recouvrement sont
confondues. Le prêteur a reçu durant la période de recouvrement des paiements de pénalités,
les mensualités à rembourser, et à la fin de la période un nouveau contrat de crédit permanent
avec des caractéristiques différentes : mensualité plus basse, taux peut être plus élevé,
l’emprunteur ayant révélé un risque plus grand que celui initialement attendu, ligne de crédit
différente...

• Crédit hypothécaire (régime anglo-saxon):


Le crédit pour l’achat d’un logement comporte généralement le logement comme collatéral.
Dans le régime anglo-saxon, une défaillance importante dans les remboursements ne peut
induire qu’une récupération sur le logement lui-même, et non par exemple sur les revenus futurs
de l’emprunteur comme dans le régime français. Il est alors fréquent aux Etats-Unis que

GESTION DES RISQUES 30


l’emprunteur se mette en défaillance volontaire, lorsque le prix de son logement est inférieur
au capital restant dû. Bien que ce prix soit supérieur au CRD au moment de la signature du
contrat, l’extrême variabilité des prix de l’immobilier et les cycles expliquent que ce phénomène
soit significatif 1. Dans le cas d’une défaillance, le prêteur reçoit alors le logement, actif
physique pour lequel le marché est défavorable au moment de la défaillance. La fin de la
défaillance se produit, lorsque le prêteur devient ”propriétaire” du logement. La date de fin de
recouvrement est moins facile à définir. En effet, le prêteur va essayer d’améliorer le logement
et d’attendre un retournement du marché pour le vendre à un meilleur prix. Cette opération peut
prendre 3-10 ans, et on peut se demander si la date de fin de recouvrement est i) la date de
défaillance, ii) la date de revente du logement, iii) une date intermédiaire où le marché de
l’immobilier aurait commencé à sortir de la phase basse du cycle.
Cet exemple montre la difficulté à distinguer risque de crédit et risque de marché sur
l’immobilier.
• Echange de la dette sur un marché secondaire :
Considérons maintenant une défaillance sur la dette obligataire d’une grande entreprise. Malgré
la défaillance, cette dette peut continuer à être échangée sur un marché secondaire. Le prêteur
peut tout simplement vendre sur ce marché les obligations qu’il détient. La date de fin de
recouvrement pour cette dette détenue par le prêteur est la date d’échange et la perte est
directement liée à la différence entre le prix de l’obligation au moment de l’échange et la valeur
faciale (valeur de la dette figurant dans le bilan et définissant l’exposition. La date ”officielle”
de sortie de défaillance de la firme peut alors être postérieure à la date de fin de recouvrement.

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Conclusion

L'analyse et la mesure du risque de crédit constituent un enjeu essentiel de l'économie


contemporaine. Pour leur gestion efficiente, tous les créanciers exposés au risque de crédit sont
d'abord incités à le mesurer, pour chacun de leurs débiteurs. Les réglementations prudentielles
leur imposent par ailleurs cette mesure sur laquelle se fonde la définition d'un montant minimum
de Fonds Propres à détenir pour éviter toutes difficultés et réduire la probabilité d'une crise
systémique.
le risque de crédit peut être mesuré individuellement par plusieurs approches. Leur objectif est
de prévoir, plus ou moins formellement, la probabilité de défaut d'un emprunteur, c'est-à-dire
de la survenance d'un événement - accident - de crédit, ou plus globalement sa probabilité de
faillite.
D'un côté, des méthodes relevant de la finance d'entreprise raisonnent selon une approche
fondamentale. Le risque de crédit est considéré comme l'issue défavorable de potentiel les
difficultés financières, dont la modélisation permet l'anticipation.
De l'autre, des approches s'inscrivant dans le champ de la finance de marché, selon une logique
voisine de l'analyse technique. Ces méthodes théoriques, sous des hypothèses restrictives, en
particulier celle de disposer des données de marché, se proposent de déduire une probabilité de
défaut à partir du traitement de paramètres collectés sur le marché.
Néanmoins, quel que soit le soin apporté à l'élaboration et à l'application d'un modèle d'analyse
du risque de crédit, il convient d'être prudent quant à son efficacité. La modélisation de la
probabilité d'un « accident de crédit » reste en effet un exercice délicat, qui ne saurait
s1assimiler à une science exacte. Le défaut et la défaillance représentent l'issue de processus
complexes et aucune méthodologie ne permet, à ce jour, d'établir avec certitude leur probabilité
de survenance.

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BIBLIOGRAPHIE ET WEBOGRAPHIE
• Dumontier, P., et D., Dupré (2005) : ”Pilotage bancaire : les normes IAS et la

réglementation Bâle II”, Revue Banque ´éditions, annexe : les sigles Bâle II.

• Standard & Poor’s (2005) : ”Structured Finance : Glossaire des termes de titrisation”,

Mc Graw Hill.

• CHRISTOPHE BISIERE : La structure par terme des taux d’intérêt.

• http://docs.finance.free.fr/DOCS/Risque%20de%20cr%E9dit%20%20Une%20approc

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• http://leguidedurentier.free.fr/documents/risquescredit.pdf

• https://www.capital.fr/economie-politique/risque-de-credit-definition-types-et-

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• https://www.risk.net/definition/total-return-swap

• https://www.cairn.info/revue-economie-et-prevision-2009-3-page-133.htm

• Analyse du risque de crédit : Banque et marchés. Philippe THOMAS, Cécile

KHAROUBI.

• Le marché financier : Structures et acteurs Alain CHOINEL, Gérard ROUYER.

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