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I-LES PROBLÈMES ÉCONOMIQUES

1-Un secteur agricole peu productif

Environ 60 % des africains s’adonnent aux activités agricoles qui font près de 35 % du PIB. Face à
l’insuffisance de leurs potentialités industrielles, beaucoup d’États ont misé leur développement sur
l’agriculture. Pourtant l’Afrique est le seul continent à avoir enregistré au cours des 25 dernières
années une baisse de la production agricole par habitant. Ce qui s’est traduit par le manque
d’autosuffisance alimentaire, des famines et la sous- alimentation qui devrait toucher selon la FAO
près de 300 millions d’Africains en 2010. Les faibles productions agricoles s’expliquent par des
facteurs physiques, l’incohérence des choix politiques, l’absence d’un régime foncier adapté, la
persistance des pratiques traditionnelles. En somme l’agriculture Africaine est victime d’un déficit
d’attention, d’où l’insuffisance des capitaux, la baisse des investissements, le retard dans la mise en
place des structures de formation, le mauvais entretien de l’équipement, la non maîtrise de l’eau (1,6
% des terres irriguées en Afrique Subsaharienne).

L’élevage, trop extensif, ne permet pas de disposer d’une production suffisante en viande et en lait.
Il souffre du recul de la biomasse végétale, de la faiblesse de la commercialisation, des maladies
animales, du déficit de modernisation, des politiques hydrauliques inadaptées et d’une
industrialisation en retard. Quant à la pêche, elle profite dans ses aspects les plus rentables aux
étrangers qui ont tendance à piller ses ressources. Malgré ses potentialités, elle demeure artisanale
dans beaucoup de pays, pratiquée par de vielles civilisations selon des techniques traditionnelles.

2-Une industrialisation faible facteur d’échange inégal

Malgré le potentiel minier et énergétique important de certains pays (Afrique du Sud, RDC, Zambie,
…), l’industrialisation de l’Afrique demeure très faible à cause de l’insuffisance des capitaux et de la
non maîtrise des technologies. Le tissu industriel africain est surtout composé d’industries
alimentaires et extractives. Cela entraîne des conséquences négatives sur les échanges. En effet dans
son commerce extérieur, le continent exporte des produits à faible valeur ajoutée constitués pour la
plupart de culture de rente et de matières premières minières non transformées. En revanche, il
importe des produits manufacturés onéreux dont les prix sont fixés par les bourses de valeur des
pays développés (Londres, Chicago). Aujourd’hui, ce déséquilibre est renforcé par les subventions
octroyées à leurs producteurs par les Etats du nord au détriment des paysans africains (exemple du
coton). Ainsi pour la période 1997-2001, on a noté une baisse de 53 % des exportations africaines par
rapport aux biens manufacturés importés. Il en résulte un déficit presque permanent de la balance
des paiements et une raréfaction des devises nécessaires aux investissements, laquelle pousse à
l’endettement.

3-Un endettement chronique et des infrastructures déficientes

Lorsque dans les années 70 l’Afrique intègre les institutions de la communauté internationale, elle
avait axé le financement de son développement sur le binôme Crédit- aide, ce qui a quelquefois
abouti à des “éléphants blancs”. Aujourd’hui ce binôme est en crise. En effet, le crédit a conduit à
l’impasse de la dette dont les africains demandent, d’année en année, le rééchelonnement. Aussi le
service de la dette engloutissant l’essentiel des maigres recettes d’exportation, hypothèque
davantage le développement, entraînant une dépendance accrue des pays Africains vis- à vis de leurs
créanciers (Banque Mondiale, FMI…). Quant à l’aide, elle est considérablement réduite. Par exemple
sur la décennie 1990-2000, l’Aide Publique au Développement (APD) octroyée par les pays de l’OCDE
a chuté de 29 %. Celle reçue par l’Afrique est passée pendant la même période de 32 $/hab. à 19
$/hab. Pour ce qui est des infrastructures routières, portuaires et ferroviaires, elles sont largement
insuffisantes alors qu’elles sont indispensables au commerce et au développement. Il en est de
même pour le réseau des NTIC qui affiche un retard énorme; ce qui amènent certains à parler de
fracture numérique.

II-LES PROBLÈMES POLITIQUES ET SOCIO- DÉMOGRAPHIQUES


1-Les problèmes politiques

Depuis l’indépendance, le continent africain connaît des problèmes politiques récurrents. Les
guerres civiles ou interétatiques réelles ou larvées, les coups d’Etat et les crises politiques y sont
monnaie courante, secouant particulièrement l’Afrique Occidentale et Centrale. Elles traduisent une
transition démocratique ratée résultant de la confiscation du pouvoir par une minorité pendant
plusieurs années, le non correspondance en Afrique de l’État avec la Nation, l’absence de bonne
gouvernance et la corruption des élites politiques. Il en résulte des détournements de deniers
publics, un accaparement des ressources par des groupes politico- ethniques et des déplacements
massifs et forcés de populations (les réfugiés). Ce qui entraîne l’instabilité des pouvoirs et l’existence
d’un environnement économique défavorable qui pousse les investisseurs à prospecter des cieux
plus cléments; d’où le très faible volume des IDE.

2-Les problèmes socio- démographiques

L’Afrique a connu une croissance démographique sans précédent à partir du milieu du XXe siècle.
D’après les projections cette croissance sera de 2,23 % pour la période 2005-2010, ce qui
impliquerait un doublement en une génération (25 ans).Ainsi de 850 millions de nos jours, la
population Africaine devrait passer à 1,2 milliards en 2025. Cette dynamique pose des défis énormes.
En effet l’extrême jeunesse de la population dont les 60 % ont moins de 20 ans est devenue un
fardeau pour les Etats au moment où le secteur moderne de l’économie crée de moins en moins
d’emplois et rejette de plus en plus les citadins dans l’informel ou la marginalisation. Elle entraîne
ainsi une demande sociale insuffisamment satisfaite se traduisant par une accentuation de la
pauvreté avec plus de 340 millions de personnes qui vivent avec moins de 1 $ par jour. Aussi rend-
elle davantage complexe la prise en charge des besoins en santé dans un continent où le paludisme,
les maladies diarrhéiques et le Sida font des ravages. Selon l’ONUSIDA sur les 40 millions de
personnes vivant avec le VIH Sida, 26,6 millions habitent en Afrique Subsaharienne. Le Sida est
devenu la première cause de mortalité en Afrique et menace dangereusement la survie du continent.
Pour beaucoup de pays il existe désormais un lien étroit entre l’infection au VIH et la famine. C’est
le cas des pays de l’Afrique australe comme le Lesotho, le Malawi, le Mozambique, le Swaziland, la
Zambie et le Zimbabwe où le nombre de personnes atteintes varie entre 1/6 et 1/3.

III- LES EFFORTS ET PERSPECTIVES DE DÉVELOPPEMENT DU CONTINENT AFRICAIN


La prise de conscience des problèmes du continent a débouché sur des expériences de
restructuration économique pour booster la croissance. C’est ainsi que plusieurs pays se sont
engagés dans de vastes programmes de redressement en combinant des mesures de rééquilibrage
macro- économique et des réformes sectorielles. Ces programmes d’ajustement structurel ainsi que
les politiques de coopération et d’intégration économique régionale (CEDEA, SADC…) ont permis de
rétablir la croissance réelle et de s’adapter au mieux à la conjoncture internationale. Sur le plan
social, des mesures correctives ont été adoptées pour donner à l’ajustement un visage plus humain.
Il s’agit notamment d’investissements pour le développement de ressources humaines productives et
de qualité. Sur le plan démographique, des politiques de limitations des naissances ont été initiées à
travers la vulgarisation des méthodes contraceptives modernes, les campagnes de sensibilisation
mais aussi une amélioration des infrastructures sanitaires pour lutter contre les grandes endémies.

Sur le plan politique des avancées non moins importantes sont notées dans le processus de
démocratisation. Ce qui s’est traduit par une meilleure conduite des affaires publiques et une
participation plus effective des populations au processus de développement. L’exemple de l’Afrique
du Sud avec la fin de l’Apartheid en est tout à fait révélateur.

Ces efforts ont permis une amélioration de la situation du continent sans toutefois éradiquer
l’ensemble de ses maux. C’est la raison pour laquelle le NEPAD a été mis sur pied dans le cadre de la
recherche d’une Afrique émergente. Il s’agit d’un plan ambitieux fondé sur la création d’un marché
commun Africain ouvertement libéral avec une priorité aux infrastructures. En effet le NEPAD est
une vision nouvelle qui propose pour l’Afrique et la communauté internationale une démarche
innovante: une place prépondérante pour le secteur privé dans les projets de développement, une
priorité aux espaces régionaux et à un certain nombre de secteurs (NTIC, agriculture, bonne
gouvernance, éducation, santé, infrastructures…). L’objectif visé est de trouver des ressources
additionnelles massives pour une croissance continue et un développement durable susceptible de
combler le gap qui sépare l’Afrique des continents développés.

Aujourd’hui, après un début euphorique, le NEPAD semble être au point mort, victime des
divergences entre chefs d’Etat. Il faut donc à l’Afrique plus que les mots d’ordre et les déclarations
d’intention qui cachent mal les égoïsmes nationaux, une réelle volonté politique pour renforcer
l’intégration régionale et continentale, développer l’agriculture irriguée, lutter contre la corruption,
promouvoir de la bonne gouvernance…

CONCLUSION
L’Afrique est confrontée à des difficultés économiques très aigues. Aujourd’hui après des occasions
ratées, l’urgence s’impose de sortir le continent de sa marginalisation dans un monde frappé par une
globalisation croissante. C’est pourquoi des initiatives heureuses doivent être prises dans le cadre
d’un consensus large dépassant les clivages entre états afin de trouver au continent sa vraie place
dans ce monde intégré et ouvert devenu village planétaire.

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