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Résumé
La plupart des recherches consacrée au lien entre la structure de l’actionnariat et la
performance des firmes ignorent l’interaction entre la concentration et la nature de
l’actionnariat. L’objectif de cet article est de déterminer l’effet de l’interaction entre
investisseurs financiers et institutionnels et actionnaires de contrôle sur la performance des
sociétés non-financières cotées sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM). A
partir des régressions dynamiques sur les données de panel, les résultats montrent que la
présence d’investisseurs financiers et institutionnels diminue l’effet positif de la concentration
de l’actionnariat sur la performance des sociétés.
Mots clés : Interaction - Investisseurs financiers et institutionnels - concentration de
l’actionnariat - sociétés non-financières - performance.
Abstract
Most research on the link between shareholding structure and firm performance ignores the
interaction between concentration and the nature of shareholding. The objective of this article
is to determine the effect of the interaction between financial and institutional investors and
controlling shareholders on the performance of non-financial corporations listed on the
Bourse Régionale des Valeurs Mobilières (BRVM). Using dynamic regressions on panel data,
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the results show that the presence of financial and institutional investors reduces the positive
effect of ownership concentration on corporate performance.
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1. Introduction
L’actionnaire, qu’il soit majoritaire ou minoritaire, est porteur d’une vision stratégique
(Martinet, 2002; Martinet & Reynaud, 2015). La réaction des actionnaires face à une situation
au sein des sociétés varie selon la nature de l’actionnariat (Chen et al., 2019). L’actionnaire
majoritaire tend à s’engager dans des activités de surveillance plus étroites en s’appuyant sur
des leviers impliquant une structure de gouvernance plus efficace conduisant à une
performance bénéfique pour tous les actionnaires (Andre & Schiehll, 2004; Biebuyck et al.,
2004).
En outre, la littérature renseigne que dans une situation où l’actionnariat est dispersé,
lorsque les dirigeants sont tentés de poursuivre leur propre intérêt aux dépens de celui des
actionnaires, la société connaît un conflit d’agence classique. La présence d’un actionnaire de
contrôle et des actionnaires financiers et institutionnels dans le capital de la même société
peut déplacer le conflit classique vers un conflit de type actionnaire majoritaire-actionnaires
minoritaires (Fama & Jensen, 1983; Ginglinger, 2002; Jensen & Meckling, 1976).Ainsi, la
concentration de l’actionnariat peut déclencher des problèmes d’agence fondés sur une
relation d’expropriation entre l’actionnaire majoritaire et les actionnaires minoritaires.
Selon Young et al.(2008), les conflits principal-principal entre les actionnaires
majoritaires et les actionnaires minoritaires résultent de la concentration de l’actionnariat, de
la propriété et du contrôle familiaux étendus, des structures des groupes d’entreprises et de la
faible protection des actionnaires minoritaires. L’actionnariat tend à être concentré dans les
pays où la protection des investisseurs est faible (Klapper & Love, 2004).
En effet, les pays de l’Union Economique Ouest-Africaine (UEMOA) représentent un
terrain d’investigation particulier pour deux raisons. En premier lieu, la protection des
investisseurs minoritaires reste faible dans ces pays. Dans un tel contexte, le partage
d’informations sensibles avec des gestionnaires professionnels et des investisseurs extérieurs
requiert la confiance (Zahra & Filatotchev, 2004).
Selon Yartey (2007), la Bourse Régionale des Valeurs mobilières (BRVM) ne présente
pas les titres les plus actifs des marchés boursiers d’Afrique. Par ailleurs, le taux d’épargne se
situe à moins de 15% pour l’Afrique subsaharienne (Kos à Mougnol & Kamajou, 2016).En
2004, la bourse du Ghana était jugée comme ayant le taux de rentabilité le plus élevé du
monde, avec un taux de 144% évalué en dollars US. Dans cette période, la BRVM n’est pas
citée parmi les bourses africaines ayant connu une performance, malgré son caractère
régional. La recherche conduite par Ndong (2007) suggère que les cours des entreprises
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cotées sur la BRVM ne réagissent ni à la publication des bénéfices sur toute la période-
événement considérée, ni à la variation de taux d’intérêt. Ouattara (2017) montre plutôt que la
BRVM réagit aux notations financières, mais dans un sens inverse. L’inefficience du marché
est supposée être responsable de ces constats. Afego (2015) justifie la faible performance des
sociétés cotées sur la BRVM par la faible protection des investisseurs. Toutes les actions
cotées sur la BRVM sont moins rotatives et le volume des actions qui y sont négociées
présente une corrélation positive avec le volume d’action en circulation. La plupart des
actionnaires conservent leurs parts. Cette conservation des actions par les investisseurs a pour
conséquence la réduction de la liquidité et de la profondeur du marché (Bayala & Bama,
2019).De ce fait, la confiance entre les parties inconnues est moins susceptible de se produire
dans de tels pays en raison de l’environnement institutionnel.
Dans un second temps, l’actionnariat reste concentré dans les mains de grands groupes
étrangers en ce qui concerne les sociétés cotées. En outre, les groupes étrangers, selon Khanna
et Palepu (2000), sont réputés être moins transparents que les non-groupes et avoir plus de
possibilités, compte tenu de leurs structures plus complexes, de s’engager dans des pratiques
douteuses au détriment des actionnaires minoritaires. Leurs liens généralement meilleurs avec
l’appareil politique du pays les protègent également des ingérences extérieures et de la
surveillance.
Lorsque les groupes de contrôle poursuivent leurs propres intérêts (Khanna & Palepu,
2000a, 2000b), les investisseurs financiers et institutionnels, reconnus pour leur activisme, ont
une capacité d’influencer les orientations stratégiques des groupes de contrôle (Bughin, Finet,
& Monaco, 2011). L’entreprise devient alors un nœud où les intérêts peuvent diverger ou
converger. D’un point de vue gestionnaire, l’entreprise est un collectif économique qui n’est
pas un équilibre des rapports marchands (Hatchuel, 1999). Pour cet auteur, le système des
relations entre les acteurs de l’entreprise est l’ensemble des actions possibles par lesquelles un
des acteurs croit pouvoir modifier tout ou partie des connaissances et des actions des autres
acteurs. Ce système contient les interactions matérielles perceptibles par les acteurs et les
interdépendances sont pensables entre eux. Ainsi, il existerait une interaction entre les
actionnaires de contrôle et les investisseurs institutionnels.
Par voie de conséquence, l’interaction entre l’actionnaire majoritaire, encore appelé ici
actionnaire de contrôle, et les investisseurs financiers et institutionnels pourrait conduire à une
complémentarité stratégique ou bien à un rapport de force (conflit) ; tous les deux impliquant,
soit une meilleure performance, soit un préjudice pour la performance de la société. A travers
les mécanismes incitatifs et les instruments de surveillance, la chaîne de délégation entre
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investisseurs est contrôlée (Bédu & Granier, 2018). Ces mécanismes stratégiques peuvent
avoir des implications en termes de performance.
Si les études empiriques établissant le lien entre la concentration de l’actionnariat, qui
représente la présence d’actionnaire de contrôle, et la performance d’une part(Altaf & Shah,
2018; Gaur, Bathula, & Singh, 2015; Jumanne & Keong, 2018; Nguyen, Locke, & Reddy,
2015; Wang & Shailer, 2015; Weiss & Hilger, 2012), et le lien entre l’activisme des
investisseurs institutionnels et la performance d’autre part(Albouy et al., 2017; Gompers &
Metrick, 2001; Hervé, 2003; Ming, Foo, Gul, & Majid, 2018; Motta & Uchida, 2017; Sahut &
Othmani Gharbi, 2011)ne sont pas rares, il paraît toutefois judicieux de repositionner le débat
de la gouvernance d’entreprise en déterminant l’influence de la présence simultanée
d’investisseurs financiers et institutionnels et d’actionnaire de contrôle (la concentration de
l’actionnariat dans les mains d’un groupe de contrôle) et la performance des sociétés. Il est
alors intéressant de voir l’effet simultané de deux différents types d’actionnaires puissants,
l’un par le fait de détenir une large part et l’autre par sa capacité à influencer les décisions
stratégiques, sur la performance des firmes.
C’est pourquoi nous avons choisi, dans cet article, d’analyser l’effet de l’interaction
entre les grands groupes de contrôle, considérés, à la fois dans la littérature, comme des
acteurs peu transparents, capables d’avoir la faveur des gouvernants et pouvant agir pour leurs
propres intérêts(Khanna & Palepu, 2000; Khanna & Rivkin, 2001), et les investisseurs
institutionnels, qui sont souvent des activistes (Appel et al., 2019; Black, 1990, 1998; Girard,
2001; Sahut & Gharbi Othmani, 2010), sur la performance des firmes.
De plus, à notre connaissance, en dehors de l’étude de cas menée par Bughin et
al.(2011), aucune étude longitudinale n’a été menée sur l’interaction entre investisseurs
financiers et institutionnels et groupes de contrôle, ainsi que ses conséquences sur la
performance des sociétés. Mard et al. (2014) qui ont pris en compte la nature et la
concentration de l’actionnariat n’ont pas tenu compte de l’interaction entre la concentration de
l’actionnariat et la nature de la structure de propriété. Cette étude de Mard et al. (2014),
comme plusieurs autres, font une analyse séparée de l’effet de chaque composante de la
structure de propriété sur la performance.
Dans un contexte comme celui des pays de l’Union Economique et Monétaire Ouest-
Africaine (UEMOA) où les sociétés non-financières cotées sont caractérisées par un
actionnariat concentré, ce sujet mérite une attention particulière. En moyenne, selon la base de
données financières de la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières, en ce qu’il s’agit des
sociétés non-financières cotées, les premiers actionnaires qui sont des groupes de contrôle
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détiennent en moyenne 65,21346% et les deuxièmes 10,59154%des actions. Ces sociétés sont
par conséquent sous le contrôle de grands groupes et marquées par la présence, quelquefois,
d’investisseurs financiers et institutionnels dans leur capital. La cohabitation de ces deux
types d’actionnaires activistes, c’est-à-dire actionnaires majoritaires et investisseurs financiers
et institutionnels, peut avoir des conséquences sur la performance de la société. La question
de l’interaction entre actionnaire de contrôle et investisseurs financiers et institutionnels, ainsi
que celle de la conséquence de cette interaction sur la performance deviennent en effet dignes
d’intérêt.
L’objectif de cet article est de déterminer l’effet de l’interaction entre actionnaires de
contrôle et investisseurs financiers et institutionnels sur la performance des sociétés non-
financières cotées sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières. Il s’inscrit dans une
logique dynamique en utilisant les données longitudinales de panel. L’interaction, en
statistiques, peut survenir lorsqu’on considère, par exemple, la relation entre trois variables.
Le terme « interaction » est donc utilisé afin de décrire l’influence simultanée de deux
variables sur une troisième (Aguinis et al., 2017). Cette interaction est traduite par le rôle
modérateur d’une variable dans la relation entre deux autres variables.
Après avoir présenté, dans un premier temps, le lien qui peut être établi entre la structure
de l’actionnariat et la stratégie d’entreprise puis décrit, selon des écrits antérieurs, le lien qui
peut être établi ente la structure de propriété et la performance des entreprises, nous
présentons la méthodologie de recherche utilisée. Dans un second temps, les résultats et les
discussions ont permis de conclure cet article.
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pour(1991) supposent qu’il existe une interaction entre coalition interne et coalition externe
pour influencer la conduite stratégique de la société.
A l’opposé, Minetti et al.(2015) constatent que la concentration de l’actionnariat affecte
négativement l’innovation, notamment en réduisant l’effort de R&D. Les conflits entre
actionnaires majoritaires et actionnaires minoritaires semblent, selon ces auteurs, être un
facteur déterminant de cet effet. Amihud et Lev(1999) affirment qu’il existe un lien entre la
structure de contrôle de l’entreprise et la stratégie des dirigeants en matière de fusions non
liées et de diversification des risques. Selon ces auteurs, les entreprises à plus forte
concentration de propriété sont moins diversifiées.
Banerjee et Homroy(2018) suggèrent que la structure de propriété et les incitations de
gestion peuvent s’ajuster pour optimiser les choix stratégiques et les performances des
entreprises. Les investisseurs institutionnels sont, non seulement, des pourvoyeurs de
capitaux, mais également de stratégies pour le monitoring des sociétés (Bughin et al., 2011;
García‐Meca, López-Iturriaga, & Tejerina Gaite, 2015; Kang, Luo, & Na, 2018; Ming et al.,
2018; Motta & Uchida, 2017; Sahut & Gharbi Othmani, 2010). Les investisseurs
institutionnels aussi , par leur monitoring ou leurs apports stratégiques, peuvent servir pour
promouvoir l’innovation dans les entreprises (Rong, Wu, & Boeing, 2017).Ces différentes
forces reconnues aux actionnaires de contrôle et aux investisseurs institutionnels en matière
de stratégies se complètent-elles ou sont-elles divergentes lorsque les deux types
d’actionnaires sont présents dans le capital de la société non-financière cotée ? Quelle
conséquence cette interaction a-t-elle sur la performance des sociétés ? La rubrique suivante
se consacre à la recension des écrits sur ces questions.
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Plusieurs études empiriques, comme nous l’avons mentionné plus haut, se sont intéressées
à la relation entre la concentration de l’actionnariat, considérée comme une réponse à une
protection faible des investisseurs (Klapper & Love, 2004), et la performance des entreprises
d’une part (Altaf & Shah, 2018; Gaur et al., 2015; Jumanne & Keong, 2018; Nguyen et al.,
2015; Omran, Bolbol, & Fatheldin, 2008; K. Wang & Shailer, 2015), et d’autre part,
l’émergence d’un type spécifique d’intervenants, que sont les investisseurs institutionnels, sur
les différentes places financières internationales (Baudru & Lavigne, 2001; Brabet, 2002;
Demarigny, 1994; Sahut & Gharbi Othmani, 2010)ainsi que leur influence sur la performance
des entreprises (Brignall & Modell, 2000; Bughin et al., 2011; Bushee, 1998b; García‐Meca et
al., 2015; Ming et al., 2018).
En effet, Kang et al. (2018) suggèrent que les avantages en matière d’information et
l’expérience en matière de gouvernance tirés de multiples blockholders et investisseurs
institutionnels constituent des canaux importants permettant aux sociétés d’effectuer un
contrôle efficace qui garantit la performance. Ces avantages sont le fruit de l’expérience en
matière d’activisme pour les investisseurs institutionnels et de l’horizon de l’investissement
des blockholders. Que se passe-t-il lorsque ces deux types d’investisseurs sont présents dans
le capital de la société ? Synergie stratégique ou rapport de force ?
La littérature financière considère que la concentration du pouvoir dans les mains d’un
certain nombre d’actionnaires peut constituer un moyen efficace pour contrôler les dirigeants.
Ainsi, la présence d’un actionnaire de contrôle aura tendance à discipliner les dirigeants à
travers les mécanismes de gouvernance (Berle & Means, 1932; Demsetz & Lehn, 1985;
Jensen & Meckling, 1976; Nguyen et al., 2015; Shleifer & Vishny, 1986), et à rendre
performante la société.
Cependant, cette concentration peut déclencher des problèmes d’agence entre les
actionnaires majoritaires et les actionnaires minoritaires. Les actionnaires majoritaires, en
effet, pourraient s’offrir des avantages au détriment des actionnaires minoritaires et
transposer, par conséquent, le conflit d’agence de sa position initiale, actionnaires-dirigeants
vers une nouvelle position actionnaires majoritaires-actionnaires minoritaires (Fama &
Jensen, 1983). Ce conflit pourrait avoir des répercussions sur la performance des sociétés.
Au lieu des conflits traditionnels principal-agent considérés dans la plupart des recherches
sur les économies développées, les conflits principal-principal ont été identifiés comme une
préoccupation majeure de la gouvernance d’entreprise dans les économies émergentes(Young
et al., 2008). Les facteurs institutionnels et la concentration de l’actionnariat sont liés. La
concentration de l’actionnariat est source de conflits entre actionnaires de contrôle et
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Institutions formelles
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« Blue Capital » sur les orientations stratégiques, la gestion et la gouvernance des entreprises,
en l’occurrence celles du « Groupe Carrefour ». En effet, selon les auteurs, dans un premier
temps, on peut noter la complémentarité stratégique entre ces deux actionnaires d’influence
qui a consisté à presser l’équipe dirigeante pour que celle-ci prenne des décisions susceptibles
d’améliorer la valorisation boursière de Carrefour. Ainsi des limogeages et le passage pour ce
qui est du contrôle, de la formule Conseil de Surveillance à un Conseil d’Administration ainsi
que la démission du président du conseil de surveillance. Blue Capital est intervenu dans la
stratégie de Carrefour en proposant la revente de certaines activités du groupe en Amérique
latine et en Asie et a proposé beaucoup d’autres formes de restructurations qui sont
préjudiciables pour la performance de Carrefour.
Thomsen et al. (2006) abordent la question sous l’angle d’interaction entre actionnaire
majoritaire et actionnaires minoritaires. Ces auteurs estiment qu’il pourrait exister un conflit
d’intérêts entre les actionnaires minoritaires et les actionnaires majoritaires. Ce conflit aura
pour conséquence la baisse de la performance de ces sociétés. Mard et al.(2014)montrent que
la présence d’actionnaires financiers est associée négativement avec la performance, jusqu’à
un certain seuil. Mais les études de Mard et al. (2014) n’étaient pas effectuées dans un
contexte où les investisseurs financiers et institutionnels sont nécessairement minoritaires à
côté d’un groupe de contrôle. C’est ce qui justifie d’ailleurs la présente recherche. Les
auteurs, en complément de l’analyse de la concentration de l’actionnariat, ont analysé le lien
entre la nature des actionnaires et la performance de l’entreprise. La problématique de
l’influence simultanée des différents actionnaires sur la performance des sociétés reste
toujours moins abordée.
De cette revue de la littérature, le modèle théorique qui se dégage est le suivant :
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Investisseurs institutionnels
Présence d’investisseurs
financiers et
institutionnels dans le
capital de la firme
Actionnaires de contrôle
Concentration de
l’actionnariat Performance
ROA
Q de Tobin
Variables de contrôle
Taille de l’entreprise
Ratio d’endettement
Secteur d’activité
Source : Auteurs
4. Méthodologie empirique
Dans cette rubrique, sont présentés l’échantillon retenu pour cette étude, les données et la
méthode ainsi que les modèles économétriques et d’analyse utilisés.
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Patrimoine, les Sociétés de Gestion d’OPCVM, les banques et les compagnies d’assurance.
Les données de l’actionnariat qui ont permis de capter le contrôle exercé par les actionnaires
majoritaires sont le pourcentage des actions détenues par les quatre premiers actionnaires afin
de pouvoir calculer l’indice Herfindahl. Les autres données sont relatives aux informations
financières des sociétés étudiées.
variables indépendante et modératrice. Ces variables ont été introduites dans les régressions
en tant que variables de contrôle.
Pour la variable dépendante, deux mesures de performance ont été utilisées dans une
logique ex-ante et ex-post. Pour la performance réalisée ou opérationnelle, la rentabilité des
actifs investis (ROA) a été utilisée. Pour la performance future, Q de Tobin a été utilisé
comme mesure.
Selon Mard et al. (2014), le ROA est le fruit des contraintes professionnelles en matière de
présentation de résultat ; le Q de Tobin intègre la psychologie des investisseurs dans la
valorisation des actions des sociétés. Au sens de ces auteurs, les deux approches sont
complémentaires et permettent des mesures différentes de la performance, avec une
corrélation entre les deux mesures d’environ 0,5.
Même si certaines voix s’élèvent contre le Q de Tobin comme mesure de la performance
(Dybvig & Warachka, 2015; Robertson & Wright, 2005), Q de Tobin est reconnue par Singh
et al. (2018) comme mesure de la performance organisationnelle des firmes dans le contexte
d’un marché financier en développement et émergent. Toe et al. (2017) ont également utilisé
le ROA et le Q de Tobin comme mesure de la performance des firmes. C’est pourquoi les
choix effectués reposent sur ces mesures. Le tableau suivant présente le récapitulatif de la
définition des variables utilisées.
Tableau 1 : Définition des variables
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Pour élaborer les graphiques d’interaction qui confirment l’existence d’effet modérateur,
nous avons procédé aux estimations suivantes :
- La régression du modèle avec la variable modératrice (Tableau 3)
- La régression du modèle avec la variable indépendante (Tableau 4) ;
- Model de régression additive (ADD), c’est-à-dire cette régression qui considère la
variable indépendante et la variable modératrice (Tableau 6) ;
- Modèle de Régression Modérée (MMR), c’est-à-dire celle considérant les variables
indépendante, médiatrice et d’interaction (Tableau 7).
Pour traiter les biais d’endogénéité, nous avons eu recours aux suggestions de Ullah et
al.(2018). En effet, pour ces auteurs, la régression OLS fournit des résultats incohérents en
présence de toute source de biais d’endogénéité et d’échantillon de petite taille. Ils proposent
d’utiliser le GMM incluant les variables retardées sur deux ans (two-step GMM).C’est ce qui
a été fait dans le cadre de ce travail. Les tests post-estimation (AR1) et (AR2) sont effectués
pour valider les modèles.
Tableau 2 : Répartition du capital entre les quatre premiers actionnaires des sociétés de
l’échantillon de l’étude
Variable Obs. Moyenne Ecart-type Minimum Maximum
Premier 390 0,6521346 0,1762161 0,3581 0,9585
Deuxième 390 0,0786385 0,0924745 0 0,2716
Troisième 390 0,0621346 0,0328913 0 0,105
Quatrième 390 0,0072692 0,020532 0 0,0787
Source : Auteurs
Le tableau ci-dessus montre, en moyenne, les proportions détenues par les quatre (4)
premiers actionnaires des 26 sociétés non-financières considérées dans cet article. On note
qu’en moyenne, les premiers actionnaires détiennent 65,21346% du capital. Le groupe qui
détient le moins d’actions dispose 35,81% du capital et le groupe détenant plus d’actions à
95,85% du capital. Les deuxièmes, les troisièmes et les quatrièmes actionnaires détiennent, en
moyenne, respectivement 7,86385% ; 6,21346% et 0, 72692% du capital des sociétés.
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boursière signifie que la présence de ces types d’investisseurs dans le capital de la société ne
constitue pas un signal susceptible d’améliorer la valeur boursière des sociétés concernées aux
yeux de nouveaux investisseurs.
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Source : Auteurs
Le graphique 1 montre l’effet modérateur de la présence d’investisseurs financiers et
institutionnels dans la relation entre la concentration de l’actionnariat et la performance
opérationnelle. La droite bleue représente PRESINST = 0, c’est-à-dire absence d’investisseurs
financiers et institutionnels et la droite jaune représente PRESINST = 1, c’est-à-dire présence
d’investisseurs financiers et intitutionnels. La pente de chacune des deux droites montre que
la présence d’investisseurs financiers et institutionnels modère négativement l’effet positif de
la concentration de l’actionnariat sur la performance opérationnelle mesurée par la rentabilité
des actifs investis. L’interaction indique que les deux pentes sont significativement différentes
les unes des autres. Ceci voudrait dire que, lorsque les investisseurs financiers et
institutionnels sont présents dans le capital de la société non financière cotées sur la Bourse
Régionale des Valeurs Mobilières, contrôlée par un groupe majoritaire, la performance
opérationnelle diminue.
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Source : Auteurs
5.4.Contributions de la recherche
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A travers les résultats obtenus, les contributions de cette recherche sont présentées ainsi
qu’il suit. La recherche permet de confirmer que dans les pays en voie de développement, la
concnetration de l’actionnariat est le moyen de maintenir un niveau de contrôle pour garantir
la performance. La présence d’investisseurs financiers et institutionnels a un lien positif direct
sur le fruit des contraintes professionnelles en matière de présentation de résultat (ROA), mais
n’intègre pas la psychologie d’autres investisseurs dans la valorisation des actions des sociétés
(Q de Tobin). Ainsi, dans les pays en développement, ce n’est pas nécessairement la part
d’action détenue par les investisseurs financiers et institutionnels qui compte. Leur présence
suffit pour influencer la performance de la firme.
Mieux,la recherche illumine les connaissances sur l’effet de l’interaction entre la
concentration de l’actionnariat et la nature de l’actionnariat. Plus précisement, les actionnaires
de contrôle qui sont les grands groupes interagissent avec les investisseurs financiers et
institutionnels minoritaires,plus enclins à critiquer ou remettre en question les décisions de
gestion des dirigeants, pour influencer la performance des firmes. Cette recherche montre
fondamentalement que les groupes de contrôle et les investisseurs financiers et institutionnels
interagissent pour créer, soitdes formes de complémentarité stratégique conduisant à une
restructurtion,soit des oppositions d’intérêts qui, dans les deux cas, réduisent l’effet positif de
la concentration de l’actionnariat sur la performance. Les investisseurs financiers et
institutionnels influencent, par leur présence, le chemin reliant la concentration de
l’actionnariat dans les mains de groupes de contrôle et la performance.
Elle renforce également les résultats des études antérieures qui montrent que dans les pays
en développement le conflit principal – principal est plus prépondérant.Sur le plan
méthodologique, cette recherche tient compte de la relation endogène entre la structure de
l’actionnariat et la performance en utilisant les estimateurs dynamiques GMM incluant les
variables retardées sur deux ans (two-step GMM). L’utilisation de two-step GMM a ainsi
permis d’éviter les pertes inutiles de données.
6. Conclusion et discussion
L’objectif de cet article est de déterminer l’effet de l’interaction entre les actionnaires de
contrôle et les investisseurs financiers et institutionnels sur la performance des sociétés non-
financières cotées sur la Bourse Régionale des Valeurs Mobilières. Les analyses sont
conduites sur la période de 2000 à 2014. Cette période correspond à celle où la majorité des
sociétés considérées ont toutes les données utilisées disponibles.
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Les résultats montrent que la concentration de l’actionnariat dans les sociétés non-
financières cotées affecte positivement la performance. Cest résultats coroborent ceux de
Berle et Means(1932) et Nguyen et al.(2015). On peut considérer alors que la concentration
de l’actionnariat dans le contexte de la BRVMn’excède pas le niveau optimal devant
conduire à faire détériorer la performance. En effet, pour Thomsen et al.(2006), lorsque la
concentration de l’actionnariat excède le niveau optimal requis pour une société, elle pourrait
occasionner une baisse de performance.Les groupes de contrôle arrivent donc à substituer à
l’environnement institutionnel faible dans les pays de l’UEMOA, le capital, la main d’œuvre
qualifiée, le marché des produits (Guillen, 2000; Li et al., 2006; Purkayastha, 2018; Wan,
2005) pour être performants. Comme l’a constaté Santos (2019), l’appartenance à un groupe
permet de booster la performance des firmes lorsque la qualité réglementaire de
l’environnement institutionnel est faible.
Les résultats montrent également un lien positif entre la présence d’investisseurs
financiers et institutionnels dans le capital de la société non-financière et la rentabilité des
actifs investis. Ces resultats sont conformes à ceux de Bushee (1998) et de Ming et al.( 2018).
Cependant la présence d’investisseurs financiers et institutionnels n’a aucun effet sur Q de
Tobin. La présence d’investisseurs financiers et institutionnels ne constituerait pas un signal
de bonne gouvernance pour les autres investisseurs.
Les résultats montrent que l’interaction entre actionnaires de contrôle et investissseurs
financiers et institutionnels réduit la performance des sociétés.Ces résultats peuvent être
discutés dans deux sens.Ils peuvent être compris d’abord dans un sens d’existence de conflits
entre les actionnaires de contrôle et les investisseurs financiers et institutionnels. Par exemple,
les groupes sont des organisations qui supportent des coûts de coordination et
d’administration élevés (Bae et al., 2002; Claessens et al., 2002; Ferris et al., 2003; Joh, 2003;
Pattnaik et al., 2018; Purkayastha, 2018), alors que les investisseurs financiers et
institutionnels, lorsqu’ils sont minoritaires, sont plus susceptibles de voter contre les
propositions liées à la rémunération que contre d’autres transactions avec des parties liées,
même lorsqu’ils n’ont pas le pouvoir d’influencer les résultats du vote.
Ces conflits peuvent également être engendrés par la gestion opaque des groupes de
contrôle et leur capacité à opérer des transactions contraires à l’éthique. Pour Chang(2003), la
faible transparence de ces groupes majoritaires et leur affiliation rendent le contrôle difficile
pour les actionnaires minoritaires. Ils offrent la probabilité d’occurrence de collusion ou
d’autres transactions contraires à l’éthique (Hoskisson et al., 2000; Woodruff, 1999) et
augmentent ainsi la probabilité d’expropriation des actionnaires minoritaires.
21
Finance & Finance Internationale N°20 juillet 2020
Par contre, ces résultats peuvent être également compris dans le sens d’une
complémentarité stratégique entre groupes de contrôle et investisseurs financiers et
institutionnels conduisant à une restructuration qui affecte négativement la performance des
firmes à court, voire moyen terme. Selon, Bughin et al. (2011), les stratégies que proposent
l’investisseur institutionnel est de nature à procéder à une restructuration suivant un horizon
de temps donné. Cela peut avoir des répercussions négatives sur la performance. Ces résultats
réconfortent l’idée de Omri (2003)qui pense que les investisseurs financiers institutionnels
peuvent disposer des informations internes de l’entreprise et demander des explications
concernant les opérations réalisées en vue d’apporter des corrections.
Compte tenu des caractéristiques de l’environnement institutionnel de la Bourse
Régionale des Valeurs Mobilières(Afego, 2015; Bayala & Bama, 2019; Kos à Mougnol &
Kamajou, 2016; Ndong, 2007; Yartey, 2007), l’hypothèse de conflits est plus plausible. Selon
Young et al. (2008), les conflits entre actionnaires de contrôle et actionnaires minoritaires se
caractérisent par une forte concentration de l’actionnariat, une faible protection
institutionnelle des actionnaires minoritaires et des indicateurs de faible gouvernance tels
qu’un nombre limité d’entreprises cotées en bourse, de faible niveau de paiement des
dividendes, moins d’informations contenues dans les cours des actions. Ces caractéristiques
sont présentes dans les sociétés cotées sur la BRVM et de la bourse.
Malgré l’originalité de cette recherche, les données obtenues sur la structure de
propriété ne permettent pas de distinguer l’horizon de la présence des investisseurs financiers
et institutionnels dans le capital des sociétés considérées. De plus, l’effet modérateur négatif
qu’a la présence des investisseurs financiers et institutionnels dans la relation positive entre la
concentration de l’actionnariat et la performance n’a pas pu être caractérisé dans cette étude.
Est-ce une complémentarité stratégique ou un rapport de force entre les deux types
d’actionnaires ? Une étude qualitative basée sur les interviews des différents acteurs pourrait
permettre d’approfondire ces questions. Les résultats interrogent également sur la forme
d’interaction actionnaires decontrôle et investisseurs financiers et institutionnels qui serait
bénéfique pour la société cotée.
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Finance & Finance Internationale N°20 juillet 2020
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Annexes
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(0.00332) (0.0774)
L2. 0.0103*** 0.165***
(0.00349) (0.0407)
Presinst 14.61*** 0.206
(1.300) (0.229)
Sector -10.60*** 0.621***
(1.487) (0.236)
Lnta -0.393 -0.0170
(0.309) (0.0319)
Varca -0.912*** -0.0247
(0.0692) (0.0155)
Dcp 0.00125*** -5.91e-05***
(2.06e-05) (9.32e-06)
Muette Oui Non
individu
Muette année Oui Non
31
Finance & Finance Internationale N°20 juillet 2020
L. 0.00600*** 0.115***
(0.00157) (0.0435)
L2. 0.00327** 0.147***
(0.00152) (0.0294)
Concat 18.28*** 0.856*
(3.067) (0.509)
Lnta -0.184 -0.0345
(0.209) (0.0554)
Sector 1.545 0.705**
(1.357) (0.348)
Varca -0.974*** -0.0183*
(0.0736) (0.0109)
Dcp 0.00130*** -3.59e-05***
(1.30e-05) (6.03e-06)
Muette Oui Non
individu
Muette année Oui Non
32
Finance & Finance Internationale N°20 juillet 2020
L. 0.0158** 0.108***
(0.00717) (0.0332)
L2. 0.0255*** 0.156***
(0.00745) (0.0372)
Presinst 18.56*** 1.157**
(3.323) (0.503)
Concat 7.490** 2.573**
(3.621) (1.273)
Sector -10.89*** 0.782***
(2.292) (0.253)
Lnta -1.728*** -0.185**
(0.500) (0.0783)
Varca -0.910*** -0.0313
(0.0778) (0.0243)
Dcp 0.00125*** -4.39e-05**
(1.85e-05) (1.74e-05)
Id 0.789*** -0.00694
(0.280) (0.0155)
T -0.265** 0.0149***
(0.103) (0.00550)
33
Finance & Finance Internationale N°20 juillet 2020
L. 0.0110* 0.108*
(0.00594) (0.0553)
L2. 0.0211*** 0.168***
(0.00602) (0.0477)
Concat 16.04*** 2.962***
(5.287) (1.010)
Presinst 21.21*** 1.676**
(2.030) (0.786)
Concatpre -11.32*** -2.424*
(3.793) (1.444)
Lnta -1.530*** -0.211***
(0.332) (0.0680)
Sector -6.762*** 0.788***
34
Finance & Finance Internationale N°20 juillet 2020
(1.596) (0.271)
Dcp 0.00107*** -4.50e-05***
(2.52e-05) (4.09e-06)
Id Oui Non
T Oui Oui
Tableau 8 : Liste des sociétés non-financières cotées sur la BRVM et proportion des
actions détenues.
No SOCIETE 1er
Actionnaire %
1 AIR LIQUIDE 0,7208
2 BERNABE CI 0,6045
3 BOLLORE TRANS. & LOG. CI 0,7761
4 CFAO MOTORS CI 0,9585
5 CIE CI 0,5402
6 CROWN 0,8524
7 FILTISAC CI 0,3581
8 MOVIS CI 0,718
9 NEI-CEDA CI 0,4172
10 NESTLE CI 0,7956
11 PALM CI 0,416
12 SAPH CI 0,4337
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Finance & Finance Internationale N°20 juillet 2020
36