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L’importance de l’économie informelle dans


la création d’emplois et la survie des
ménages de la ville de Kananga.
Dieudonné NGALAMULUME Lumbala (U.KA)

Introduction

L’Afrique est et reste victime des handicaps de structures héritées de la


colonisation, ce qui explique en grande partie la persistance de la
pauvreté sur le continent africain. Une telle situation amène la
population à intégrer le secteur informel dans le souci d’échapper à la
règlementation étatique concernant l’exercice du commerce.
L’intégration de ce secteur se justifie selon nombreux observateurs par
l’irresponsabilité de l’Etat, car, ce dernier est tenu d’orienter et encadrer
sa population par la création et la promotion d’emplois. Cela étant, l’Etat
doit ainsi harmoniser l’économie formelle partout afin de maximiser les
recettes fiscales et promouvoir le développement socioéconomique.
La naissance du terme « économie informelle » remonte vers les années
1970, lesquelles sont caractérisées par une rapide urbanisation ; une
faible création d’emplois par le secteur public et les industries mais
aussi, par la quasi inexistence des allocations de chômage. C’est ainsi
que pour la première fois, le Bureau International du Travail (BIT) et la
Banque Mondiale l’utilisèrent dans un rapport en 1972. Il est utilisé
parfois sous les homonymes suivants : économie souterraine, économie
populaire, économie urbaine, économie de débrouillardise, économie
parallèle, etc.1
Déjà NtumbaNgandu la définissait comme : « l’ensemble des activités
économiques qui échappent au contrôle de l’Etat mais aussi toutes les
activités économiques des travailleurs qui ne sont pas couvertes en vertu
de la législation ou de la pratique par les dispositions formelles2. 

1
P. NTUMBA NGANDU, Economie informelle et ses enjeux en RDC, édition de
l’ISP/Kananga, 2016, p.63.
2
Ibid, p.6.
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Il sied de mentionner qu’il existe dans toutes les économies modernes


le secteur informel, mais, il incombe à chaque gouvernement de
déployer les efforts et multiplier les stratégies pour l’organiser, le
promouvoir en vue de mieux le fiscaliser. Cette économie parallèle est
constituée non seulement de l’artisanat, du petit commerce des Petites et
Moyennes Entreprises non formellement identifiées par l’Etat mais aussi
et surtout par des activités génératrices échappant à l’imposition fiscale.
Vers les années 1974, Tom de Herdetet Stefan Marysse constatèrent
que la République Démocratique du Congo aurait subi les effets négatifs
du prix de carburant, le délabrement du tissu économique mais
également la détérioration des infrastructures industrielles et
commerciales avec la fameuse « Zaïrianisation »3.
Hugues Leclercq pour sa part précisait que : « l’émergence de
l’économie populaire urbaine est une force économique et sociale
importante face à l’effondrement de l’économie moderne mais qui
malheureusement est encore faiblement perçue aussi bien par la ville
populaire elle-même que par le secteur public4 ».
La population de la ville de Kananga vit en grande partie de
l’économie informelle car l’incapacité du pouvoir public se ressent sur
tous les plans. Face à une telle léthargie, la population a diversifié les
activités génératrices de revenu dans l’informel afin de survivre et de
répondre aux besoins primaires. Les principales activités informelles sur
la ville sont : les commissionnaires de maisons, les cambistes, les
cabinistes, les vendeurs de carburant le long des routes, les coiffeurs, les
tenants des restaurants, les glaneuses et bonnes, les transporteurs à vélo,
les maraichères, les marchands ambulants, les réparateurs de postes
récepteurs et téléviseurs, etc.
Dans cette étude, il sera question pour nous de se rassurer réellement si
l’économie informelle est une solution adéquate de survie des ménages
de la ville de Kananga face à la faible promotion d’emplois par l’Etat.
Pour ce faire, la présente étude sera subdivisée en quatre principaux
points, le premier tablera sur la revue de littérature relative à l’économie
informelle ; le deuxième présentera la méthodologie de recherche
3
M. TOM DE HERDET et S. MARYSSE cités par LOMBEYA BOSONGO LIKUND’ELIO
et WANDJO OKITANDIEKE, L’économieinformelle et la relance de
l’économiecongolaise, Mediaspaul, Kinshasa, 2007, p.17.
4
H. LECLERCQ cite par M. BUABUA WA KAYEMBE, La fiscalisation de
l’économieinformelle au Zaïre, PUZ, Kinshasa, 1995, p.22.
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utilisée ; le troisième procédera à l’analyse de résultats des enquêtes


menées et enfin le quatrième sera consacré à la discussion des résultats.

1. Revue de littérature

Bon nombre d’auteurs essayent d’étudier la problématique relative à


l’économie informelle et la promotion d’emploi dans les pays en voie de
développement mais ne parviennent pas beaucoup plus à se rapprocher
de tous les acteurs de ce système surtout dans les milieux urbains et péri
urbains desdits pays. Nous essayerons de présenter les différentes
théories et conceptions quant à cette économie souterraine.
Pour Jean-Hugues Déchaux par exemple, L'expression "économie
informelle" recouvre un ensemble d'activités disparates dont les
contours sont très incertains. La diversité des appellations renforce cette
impression de flou. Recouvrent à peu près la même idée les termes
d'économie immergée, cachée, occulte, parallèle, non comptabilisée,
souterraine, etc. Ce simple constat rend toute tentative de définition
précise très périlleuse. La voie la plus commode consiste à procéder par
la négative. Par économie informelle, il faut alors entendre l'ensemble
des activités économiques qui échappent au contrôle légal, fiscal ou
statistique de l'État. Conception que traduit bien l'expression d'économie
non comptabilisée. Mais tous les problèmes ne sont pas levés, car reste à
savoir ce qui doit être qualifié d'activités économiques. Il peut s'agir
d'activités marchandes comme le travail au noir ou non marchandes
comme le troc. Dans ce dernier cas, seront classiquement retenues les
activités non rémunérées qui concourent à la production du quotidien 3
et pour lesquelles on peut établir une contrepartie marchande. A
l'intérieur de ce vaste ensemble de l'économie informelle, il convient
donc de distinguer les activités non marchandes des activités
marchandes, illégales ou frauduleuses. Même ainsi définie, l'économie
informelle est très diversement évaluée.5
Pour Michel Séruzier, Dans les pays en développement, l'économie
informelle peut représenter une part importante du revenu des
ménages. Il n'est toutefois pas suffisant de mesurer l'économie
informelle et les revenus qu'elle génère. Il est également nécessaire d'en

5
J-H. DECHAUX, Les trois composantes de l'économie cachée de la parenté :
l'exemple français dans Recherches sociologiques, 1994/3, p. 38.
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assurer le lien avec les autres données dont on dispose à propos des
ménages. Les matrices de comptabilité sociale proposent un cadre pour
cela, mais sans assurer de lien avec les données provenant des comptes
de production des branches. Plus généralement, il n'y a pas d'intégration
entre les statistiques utilisées pour construire le tableau des ressources et
des emplois et celles utilisées pour l'élaboration des matrices de
comptabilité sociale. Il renchérit par dire que : « Le secteur informel peut
être décrit, d'une façon générale, comme un ensemble d'unités
produisant des biens ou des services en vue principalement de créer des
emplois et des revenus pour les personnes concernées...’ » Les unités de
production du secteur informel présentent les caractéristiques
particulières des entreprises individuelles... Le concept des activités du
secteur informel devrait être différencié de celui des activités de
l'économie dissimulée ou souterraine. « Dans le secteur institutionnel
des ménages, le secteur informel comprend : les entreprises informelles
de personnes travaillant pour leur propre compte ; et ii) la composante
additionnelle des entreprises d'employeurs informels ». « Les entreprises
informelles de personnes travaillant pour leur propre compte peuvent
inclure, selon les circonstances nationales, ou toutes les entreprises de
personnes travaillant pour leur propre compte ou seulement celles qui
ne sont pas enregistrées selon des formes spécifiques de la législation
nationale ». « Les entreprises d'employeurs informels peuvent être
définies, compte tenu des circonstances nationales, selon l'un ou
plusieurs des critères suivants : i) taille des unités inférieures à un
niveau déterminé d'emploi ; ii) non enregistrement de l'entreprise ou de
ses salariés. » « Les entreprises individuelles qui exercent exclusivement
des activités de production non marchandes devraient être exclues du
champ du secteur informel aux fins des statistiques de l'emploi dans le
secteur informel »6
Dans le même ordre d’idées, dans son étude portant sur « l’économie
informelle en Afrique Subsaharienne, Komi Djadé montre que : Les
descriptions des économies africaines subsahariennes insistent sur les
spécificités : la taille importante du secteur informel, la sous-
financiarisation, le manque d’épargne, le sous-investissement chronique,
la pauvreté. De ce constat on déduit que la transformation du secteur

6
M. SERUZIER, La mesure de l'économie informelle et sa contribution aux comptes des
ménages, dans Stateco, n. 98 (2004), p. 39.
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informel en secteur formel permettrait d’accroître les facilités de


financement utilisant les méthodes habituelles de la finance moderne et
de créer des canaux de transmission stables de la politique économique
afin de la rendre plus efficace.7
Le Bureau International du Travail pour sa part, essaye de définir les
concepts économie informelle et secteur informel tout en précisant les
origines et les dates différentes comme suit : Depuis les années 1970,
lorsque l’utilisation du terme «secteur informel» se généralisa, des
efforts ont été faits pour formuler des définitions plus précises
s’accordant mieux avec l’estimation statistique. Le concept d’économie
informelle était insaisissable, non seulement en tant que catégorie, du
fait de ses nombreuses associations possibles, mais également en tant
qu’entité traçable en raison de sa mobilité et du manque de visibilité.
L’élargissement du concept d’informalité, d’abord par la Résolution de
la Conférence internationale du Travail en 2002, puis par la Conférence
Internationale des Statisticiens du Travail en 2003, a permis de faire
avancer les travaux en termes d’élaboration de directives pour une
meilleure disponibilité et une qualité accrue des statistiques, mieux
harmonisées.8
Ainsi, Depuis son invention dans les années 1970, le terme «secteur
informel» a servi à désigner de manière conceptuelle toutes les activités
qui sont exclues du droit ou échappent au cadre de la réglementation et
de la taxation. Une des raisons du manque de précision est que pendant
de nombreuses années, la communauté de développement a dû se
contenter d’une description plutôt que d’une définition du secteur
informel. L’OIT déclara en 1991, par exemple, que le secteur informel
était «constitué d’activités économiques à petite échelle, composé
d’indépendants recourant au travail familial ou à quelques ouvriers».
Elle décrivit des caractéristiques telles que la possession d’un capital
réduit, l’utilisation d’une technologie de faible niveau et le manque
d’accès aux marchés et aux institutions officielles, sans adopter toutefois
une définition officielle. En 1993, le concept statistique d’activités du
secteur informel fut adopté lors de la 15e Conférence Internationale des
Statisticiens du Travail (CIST). Plus de quinze ans plus tard, le concept

7
KOMI DJADE, L’économie informelle en Afrique Subsaharienne, L’Harmattan, Paris,
2013, p.1.
8
BIT, Mesure de l’économie informelle, Genève, 2003, p.1.
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d’informalité a évolué, son cadre passant de l’emploi dans un type


spécifique d’unité de production (ou d’entreprises) à un phénomène
touchant toute l’économie, le centre d’attention actuel étant le
développement et l’harmonisation des indicateurs de l’économie
informelle.5 Le changement conceptuel de secteur informel en économie
informelle (décrit ci-après), s’il offre une image techniquement valable et
exploitable des réalités changeantes du monde du travail, a fait naître
des défis en matière de mesure d’un concept qui présentait déjà de
nombreuses difficultés.9
Dans cette optique, il est impérieux de soulever le mal entendu sur les
concepts : économie informelle, secteur informelle et les
a. Économie informelle Toute activité économique réalisée par des
travailleurs ou des unités économiques qui n’est pas couverte ou
est insuffisamment couverte – selon la loi ou en pratique – par
des dispositions officielles (sur la base de la CIT de 2002) ;
b. Secteur informel Groupe d’unités de production (entreprises
sans personnalité morale détenues par des ménages) incluant les
«entreprises informelles de personnes à leur compte» et les
«entreprises d’employeurs informels» (sur la base de la 15e
CIST) ;
c. Entreprise du secteur informel Entreprises non enregistrées et/ou
petites entreprises privées sans personnalité morale engagées
dans des activités non agricoles avec au moins une partie des
biens ou services produits pour la vente ou le troc (sur la base de
la 15e CIST) ;
d. Emploi dans le secteur informel Tout emploi dans des
entreprises du secteur informel ou toute personne employée
dans au moins une entreprise du secteur informel, quelle que soit
sa situation d’emploi et qu’il s’agisse de son emploi principal ou
secondaire (sur la base de la 15e CIST) ;
e. Emploi informel rémunéré Tout travail d’employé caractérisé par
une relation de travail non soumise au droit national du travail, à
l’imposition sur le revenu, à la protection sociale ou ne donnant
pas droit à certaines prestations d’assurance-emploi (sur la base
de la 17e CIST) ;

9
BIT,op.cit.,p.4.
~7~

f.
Emploi informel Nombre total d’emplois informels, que ce soit
dans des entreprises du secteur formel, des entreprises du
secteur informel ou des ménages; y compris les employés
occupant un emploi informel (e); employeurs et travailleurs à
leur compte employés dans leur propre entreprise du secteur
informel; membres de coopératives informelles de producteurs;
travailleurs familiaux contribuant dans des entreprises du
secteur formel ou informel; et travailleurs à leur compte engagés
dans la production de biens à l’usage exclusif de leur ménage
(sur la base de la 17e CIST) (g) Emploi dans l’économie
informelle Somme de l’emploi dans le secteur informel (d) et de
l’emploi informel (f) hors du secteur informel; le terme n’a pas
été avalisé par la 17e CIST.10
C’est ainsi que Yvon Pesqueux parlant de l’économie informelle pense
qu’elle regroupe des activités qui ne sont pas ou peu observées ou
encore qui échappent à l’observation. C’est à ce titre qu’elle serait
caractérisée par la manière dont elle « échappe » aux institutions tant
d’un point de vue légal que social, un aveu d’ignorance en quelque
sorte, aveu assorti de prescriptions sécuritaires : la structuration d’un
Etat policier devrait permettre la maîtrise et la réduction de l’économie
informelle et sa transformation en économie formelle comme mode
d’institutionnalisation, réduction qui tiendrait lieu de situation normale.
L’économie informelle dans les pays en voie de développement est une
économie de survie et de pauvreté indispensable mêlant réseau social,
famille, faible dimension de l’activité, etc., et qui, malgré la succession
des rapports des institutions internationales, ne peut être
institutionnalisée comme cela. Dans les pays développés, on cantonne
l’économie informelle à des activités économiques et commerciales qui
ne seraient effectuées que par des personnes, donc en dehors du champ
des organisations. Si on leur concède une dimension, c’est au nom d’un
usage extensif de la notion de réseau social et à la lumière de l’illégalité
plus ou moins tolérée. Dans plusieurs pays dits émergents, cette
économie est ignorée malgré son importance majeure. Par exemple,
personne ne peut véritablement parler de l’importance et encore moins
de l’organisation du narco-business. On sait seulement qu’il est
international voire géré par des réseaux d’ampleur multinationale
10
BIT, op.cit., p.6.
~8~

assortis d’une logistique sophistiquée tant d’un point de vue physique


(jusqu’à l’usage d’avions cargos) que d’un point de vue sécuritaire (avec
l’existence d’armées « privées ») ou d’un point de vue financier (quel
rapport de RSE d’une banque internationale aborde la question de ce
type d’origine pour ses flux financiers ?). Dans les pays en
développement, l’importance de l’économie informelle se situe entre 50
et 75% de la production non agricole et même parfois plus, ce qui
conduirait à affirmer que c’est l’économie formelle, entre autres celles
des filiales des entreprises multinationales et des ONG qui est en
quelque sorte l’exception alors même que sont ces activités qui donnent
lieu à normalisation et à reporting. Dans les pays développés, elle « pèse
» entre 15 et 20% de l’activité économique.11
Enfin, dans un rapport du BIT sur l’informel en Afrique de l’Ouest, il a
été retenu que L’économie informelle traduit les capacités de résilience
de sociétés à faible productivité face aux chocs extérieurs8. A bien des
égards, son développement peut être considéré comme la réponse
apportée au défi de la croissance de la population, donc de la demande
d’emplois souvent au détriment de l’accumulation du capital. Le secteur
informel est devenu depuis 1980 le principal pourvoyeur d'emploi
urbain, même si les entreprises modernes assurent encore 80 % de la
valeur ajoutée non-agricole, et il devrait le rester à l'avenir. L’informel a
été, de fait, le principal moteur de la construction des villes et de
l’animation de la vie urbaine. En dehors des quartiers « modernes », la
ville ouest-africaine d’aujourd’hui est le fruit du travail de l’économie
populaire qui bâtit les maisons, fabrique les meubles, crée et transforme
les produits agricoles, répare les automobiles, anime les marchés,
organise l’épargne, distrait (restaurants, buvettes, troupes théâtrales et
musicales) et même soigne (tradi-praticiens).12

11
Y. PESQUEUX, De l’économie informelle, dans le Cenam, p. 1-4.
12
BIT, Rapport Afrique de l’Ouest 2007-2008, Genève, Décembre 2008, p.169.
~9~

2. Méthodologie

2.1. Sources des données

Les données traitées dans cette étude proviennent des enquêtes sur
terrain dans toutes les communes de la ville de Kananga grâce à un
sondage lequel était suivi d’un questionnaire. Comme tout le monde ne
peut pas faire partie des enquêtes, nous avons procédé à la
détermination de l’échantillon.
Sachant que l’objet du sondage est de tenter de décrire le tout par la
partie, pour parvenir à effectuer un sondage dans la population de la
ville de Kananga, nous avons fait recours au type de sondage non
probabiliste. Ce sondage consiste donc à obtenir un échantillon sans
probabilité fixée d’avance. La détermination de notre échantillon s’est
présentée comme suit :
Comme la population sous étude est supérieure à 10.000habitants,
nous allons faire usage de la formule suivante :
Z 2 PQ
n= 2
e
Où :
n : est la taille désirée de l’échantillon
Z : l’écart fixé à 1,96 qui correspond à un degré de confiance de 95% ou
risque d’erreur est de 5% ou encore e=5%
P : proportion de la population cible ayant une caractéristique donnée.
Comme dans le cas de notre recherche, on n’a pas pu trouver une
estimation possible, on va donc utiliser une proportion de 50%. Dans le
cadre de ce travail, nous nous sommes intéressés aux individus exerçant
une activité commerciale du secteur formel ou informel soit-elle, dans le
souci de voir dans quelle mesure
Q : est la probabilité contraire
e : est le degré de précision voulu ou le risque d’erreur qui est en
général de 0,05 soit 5%
Sachant que la ville de Kananga a une population totale (N>10.000)
d’habitants soit 1406991 et Z étant de 1,96 ; p=0,5 et Q=0,5, l’échantillon
sera calculé comme suit :
Dans ce cas présent, nous avons pris z=1,96 et p=proportion de la
population ciblée ayant une caractéristique donnée ou incidence du
~ 10 ~

problème étudié et estimé en pourcentage, s’il n’existe pas d’estimation


disponible, on peut utiliser 50% (0,50).
2
1,96 × 0,5 ×0,5
n= =384,16 soit 384 personnes.
0,052
Ainsi, nous avons fait recours à la technique de sondage non
probabiliste délibéré nous permettant de choisir l’enquêté délibérément
suivant les cas.
A cet échantillon, il a été administré un questionnaire à chacune
d’unité-échantillon dont les détails se trouvent en annexe de ce travail.
Ce questionnaire est un procédé qui nous a permis d’élaborer un
ensemble de questions écrites, donc son contenu marche de pair avec les
variables de nos hypothèses en vue de rester dans l’argument du travail.
Ce questionnaire est constitué des questions fermées et ouvertes qui
permettent à l’enquêté de choisir les réponses parmi celles déjà
proposées en amont et en aval, de donner des réponses en ses propres
termes et s’exprimer ouvertement sur le phénomène sous-étude.

2.2. Présentation du modèle utilisé

Comme dit dans les lignes précédentes, nous allons donc analyser
certains indicateurs afin d’apercevoir l’incidence de l’économie
informelle au bien-être de la population de la ville de Kananga. Pour y
parvenir, en rappel, nous allons faire recours au Logiciel Stata version12.
Ce logiciel a été privilégié ici parce qu’il est souvent préféré par les
personnes souhaitant s’initier et approfondir la pratique de l’analyse des
données. Comme dans toute recherche, nous allons donc procéder
premièrement par une analyse uni-variée et ensuite nous ferons une
analyse bi- ou/et multi-variée afin de voir la relation existant entre la
variable expliquée (variable d’intérêt) et les différentes variables
explicatives (qui nous permettent donc de comprendre le phénomène
expliqué).

2.2.1. Test uni-varié

Dans la présente étude, nous avons à faire aux données quantitatives


seulement. Ainsi, la commande Stata à utiliser dépendra selon qu’il s’agit
de la nature des données que nous avons.
~ 11 ~

2.2.2 Test multi-varié


L’analyse uni-variée permet de préparer les données qui seront
utilisées ultérieurement dans l’analyse bi et multi-variée et elle permet
également d’être fixé sur quel type de test à effectuer sur les données.
L’objectif de cette première application est d’explorer les quelques
variables qui ont été sélectionnées, afin, si nécessaire, de les transformer
et/ou de les corriger.
En d’autres termes, l’analyse uni-variée ou test uni-varié consiste à
étudier statistiquement la tendance d’une variable prise
individuellement.
Chacune des variables sélectionnées est décrite en détail dans un
tableau et les résultats des analyses sont repris tels que le logiciel Stata12
les affiche et la syntaxe de la commande y figure également. Précisons
que pour les données qualitatives, on utilisera la commande « tab var » et
pour les variables quantitatives, on utilisera la commande « sum var ».
En vue de vérifier si les distributions des variables sous études suivent
la loi normale de Gauss, le test de normalité de Skewness-Kurtosis doit
donc être effectué. Pour y parvenir, la commande Stata est « sktest var
list». Il existe plusieurs manières de vérifier la normalité. On peut utiliser
l’histogramme ou la densité Kernel ou le test de Jarque-Bera pour un
petit échantillon.

3. Présentation des résultats

Tableau x10 x1, all


X1
X10 | 1 2 | Total
-----------+----------------------+----------
1 | 175 190 | 365
2| 8 11 | 19
-----------+----------------------+----------
Total | 183 201 | 384
Pearson chi2(1) = 0.2469 Pr = 0.619
likelihood-ratio chi2(1) = 0.2482 Pr = 0.618
Cramér's V = 0.0254
gamma = 0.1176 ASE = 0.235
Kendall's tau-b = 0.0254 ASE = 0.051
~ 12 ~

Ce tableau fait la liaison entre la variable x1 « Sexe de l’enquêté » et la


variable x10 « impact de l’activité exercée ». Il renseigne que sur un total de
384 personnes enquêtées, 175 sont des hommes et pensent que leurs
activités sont rentables et leur permettent d’améliorer leur condition de
vie, 190 femmes pensent que leurs activités ont un impact positif sur leur
condition de vie, 8 hommes et 11 femmes pensent que leurs activités
sont stériles et ne contribuent pas à leur bien-être.

Tableau x10 x2, all


| X2
X10 | 1 2 3 4 5 | Total
-----------+-------------------------------------------------+----------
1| 96 49 56 60 104 | 365
2| 4 7 4 4 0| 19
----------+-------------------------------------------------+----------
Total | 100 56 60 64 104 | 384

Pearson chi2(4) = 13.0034 Pr = 0.011


likelihood-ratio chi2(4) = 16.1757 Pr = 0.003
Cramér's V = 0.1840
gamma = -0.2841 ASE = 0.107
Kendall's tau-b = -0.0814 ASE = 0.031
Ce tableau montre la relation existante entre la variable x1 « commune
de résidence » et x10 « impact de l’activité exercée ». Il renseigne que sur un
total de 384personnes soumises à nos enquêtes, 100 dont 96 pensent que
leurs activités sont rentables et 4 émettent un point de vue négatif
habitent la commune de Kananga soit 26%, 56 personnes dont 49
pensent que leurs activités sont rentables et 7 émettent un point de vue
négatif habitent la commune de Katoka soit 14.58%, 60 personnes dont
56 pensent que leurs activités sont rentables et 4 émettent un point de
vue négatif habitent Ndesha 15.63%, 64 personnes dont 60 pensent que
leurs activités sont rentables et 4 émettent un point de vue négatif sont
habitants de la commune de Lukonga soit 16.67% et enfin, 104 personnes
dont 104 pensent que leurs activités sont rentables et aucun point de vue
négatif n’a été signalé dans la commune de Nganza.
~ 13 ~

Tableau x10 x3, all


| X3
X10 | 1 2 3 4 | Total
-----------+---------------------------------------+----------
1| 140 104 82 39 | 365
2| 7 12 0 0| 19
-----------+--------------------------------------+----------
Total | 147 116 8 39 | 384
Pearson chi2(3) = 13.4934 Pr = 0.004
likelihood-ratio chi2(3) = 17.8333 Pr = 0.000
Cramér's V = 0.1875
gamma = -0.2862 ASE = 0.125
Kendall's tau-b = -0.0709 ASE = 0.031
Le présent tableau montre la relation «niveau d’étude de l’enquêté » et
«impact de l’activité exercée ». Il renseigne que sur un total de
384personnes soumises à nos enquêtes, 147 dont 140 pensent que leurs
activités sont rentables et qui 7 autres émettent un point de vue négatif
sont sans niveau d’instruction considérable, 116 dont 102 pensent que
leurs activités sont rentables et 12 émettent un point de vue négatif sont
diplômés, 82pensent que leurs activités sont rentables sont gradués et
39pensent que leurs activités sont rentables sont licenciés.
Tableau x10 x4, all
| X4
X10 | 1 2 3 4 | Total
-----------+---------------------------------------+----------
1| 69 173 86 37 | 365
2| 15 4 0 0| 19
-----------+---------------------------------------+----------
Total | 84 177 86 37 | 384
Pearson chi2(3) = 38.8863 Pr = 0.000
likelihood-ratio chi2(3) = 34.2230 Pr = 0.000
Cramér's V = 0.3182
gamma = -0.8940 ASE = 0.053
Kendall's tau-b = -0.2497 ASE = 0.036
~ 14 ~

Ce tableau montre la distribution de la variable x4 « l’âge de l’enquêté »


l’ «impact de l’activité exercée ». Ainsi, il s’est constaté que 84 personnes
enquêtées sont dans la tranche d’âge allant de 16 à 20 ans dont 69
pensent que leurs activités ont un impact positif dans leur quotidien
alors que 15 ont un avis contraire soit 21,88% ; 177 personnes se situent
dans la tranche de 21 à 30 ans dont 173 pensent que leurs activités ont
un impact positif dans leur quotidien alors que 4 ont un avis contraire
soit 46.09% ; 86 personnes sont dans la tranche de 31 à 50 ans et pensent
que leurs activités sont rentables et bénéfiques soit 22.40% et enfin 37
personnes se situent dans la tranche de 51 jusqu’à l’infini, soit 9.64% et
pensent que leurs activités sont rentables et bénéfiques.
Tableau x10 x6, all
| X6
X10 | 1 2 3 4 | Total
-----------+---------------------------------------+----------
1| 134 134 66 31 | 365
2| 12 7 0 0| 19
-----------+-------------------------- ------------+----------
Total | 146 141 66 31 | 384

Pearson chi2(3) = 8.3714 Pr = 0.039


likelihood-ratio chi2(3) = 12.6389 Pr = 0.005
Cramér's V = 0.1476
gamma = -0.5726 ASE = 0.134
Kendall's tau-b = -0.1343 ASE = 0.035
Ce tableau présente la distribution de la variable x6 « taille de ménage »
liée à la variable x10 « impact de l’activité exercée. Ainsi, il s’est constaté
que sur 384 personnes enquêtées 146 dont 134 pensent que leurs
activités ont un impact positif dans leur quotidien alors que 12 ont un
avis contraire sont dans la tranche allant de 1 à 2 personnes par ménage ,
soit 38,02% ; 141 personnes dont 134 pensent que leurs activités ont un
impact positif dans leur quotidien alors que 7 ont un avis contraires e
situent dans la tranche de 2 à 4 personnes par ménage, soit 36.19% ; 66
personnes sont dans la tranche de 4 à 5 personnes par ménage et pensent
que leurs activités sont rentables et bénéfiques à leur quotidien soit
~ 15 ~

17.19% et enfin 31 personnes se situent dans la tranche de 5 personnes


jusqu’à l’infini, soit 8% et supposent que leurs activités sont rentables.
Tableau x10 x7, all
| X7
X10 | 1 2 3 4 | Total
-----------+---------------------------------------+----------
1| 96 76 51 142 | 365
2| 0 0 7 12 | 19
-----------+--------------------------------------+----------
Total | 96 76 58 154 | 384
Pearson chi2(3) = 17.8561 Pr = 0.000
likelihood-ratio chi2(3) = 24.2685 Pr = 0.000
Cramér's V = 0.2156
gamma = 0.5921 ASE = 0.112
Kendall's tau-b = 0.1510 ASE = 0.029
Dans ce tableau, il est question de présenter la corrélation entre
l’activité exercée par l’enquêté et l’impact de l’activité.Il montre que sur
384 personnes 96 personnes font une activité ambulante et tous pensent
que leurs activités sont bénéfiques, 76 sont tenanciers de cabines de
chargement et de vente des unités de communication et pensent que
leurs activités sont rentables et bénéfiques, 58 sont motard dont 51
pensent que leurs activités sont rentables et 7 ont un avis contraire et
enfin 154 sont dans autres activités diverses autres que celles citées
précédemment dont 142 pensent que leurs activités sont bénéfices et 12
ont un avis contraire.
Tableau x10 x9, all
X9
X10 | 1 2 3 4 | Total
-----------+---------------------------------------+----------
1| 62 146 85 72 | 365
2| 11 8 0 0| 19
-----------+--------------------------------------------+----------
Total | 73 154 85 72 | 384
~ 16 ~

Pearson chi2(3) = 24.0908 Pr = 0.000


likelihood-ratio chi2(3) = 26.4938 Pr = 0.000
Cramér's V = 0.2505
gamma = -0.8049 ASE = 0.064
Kendall's tau-b = -0.2135 ASE = 0.034
Ce tableau ci-haut montre la distribution de la variable «Capital de
l’enquêté » par rapport à la variable x10 qui est « impact de l’activité exercée ».
Ainsi, il s’est constaté que sur 384, le capital de 73personnes enquêtées se
situent dans la tranche de 10.000 à 20.000fc dont 62 pensent que leurs
activités sont bénéfiques et 11 ont un avis contraire, celui de 154
personnes (dont 146 pensent que leurs activités sont bénéfiques et 8 ont
un avis contraire) se situent dans la tranche de 20.000 à 50000fc, celui de
85 personnes (qui pensent que leurs activités sont rentables) se situe
dans la tranche de 51.000 à 100.000fc et celui de 72 personnes (qui
pensent que leurs activités sont rentables) se situe à plus de 100.000fc.
Tableau x10 x11, all
| X11
X10 | 1 2 3 4 | Total
-----------+---------------------------------------+----------
1| 76 131 107 51 | 365
2| 4 7 4 4| 19
-----------+--------------------------------------+----------
Total | 80 138 111 55 | 384
Pearson chi2(3) = 1.0636 Pr = 0.786
likelihood-ratio chi2(3) = 1.0297 Pr = 0.794
Cramér's V = 0.0526
gamma = 0.0295 ASE = 0.187
Kendall's tau-b = 0.0078 ASE = 0.050
Il est question dans ce tableau d’analyser la corrélation de la variable
x11 « source de provenance du fonds de démarrage » et x10 « impact de
l’activité exercée ». Il renseigne que sur un total de 384personnes soumises
à nos enquêtes, 80 dont 76 pensent que leurs activités sont rentables et 4
émettent un point de vue négatif ont eu leur fonds de démarrage de leur
propre épargne, 138 dont 131 pensent que leurs activités sont rentables
et 12 émettent un point de vue négatif ont tiré leur fonds de l’aide
~ 17 ~

familiale, 111 dont 107 pensent que leurs activités sont rentables et 4
émettent un point de vue négatif ont eu leur fonds de démarrage des
tontines et enfin 55 personnes dont 51 pensent que leurs activités sont
rentables et 4 émettent un point de vue négatif ont eu leur fonds de
démarrage d’autres sources que celles citées précédemment.
Tableau x10 x12, all
X12
X10 | 1 2 3 4 | Total
-----------+---------------------------------------+----------
1| 128 62 64 111 | 365
2| 7 4 8 0| 19
-----------+--------------------------------------+----------
Total 135 66 72 111 | 384
Pearson chi2(3) = 11.7831 Pr = 0.008
likelihood-ratio chi2(3) = 15.8068 Pr = 0.001
Cramér's V = 0.1752
gamma = -0.2302 ASE = 0.130
Kendall's tau-b = -0.0630 ASE = 0.035
Il est question dans ce tableau de démontrer la distribution de la
variable x12 « les difficultés auxquelles l’on fait face de l’exercice de son
activité ». Il montre que sur un total de 384personnes, 135 font face à des
tracasseries policières et administratives dont 128 pensent que leurs
activités sont bénéfiques et 7 ont un avis contraire, 66 font face au
manque d’infrastructures d’appui à l’entrepreneuriat dont 62 pensent
que leurs activités sont bénéfiques et 4 ont un avis contraire, 72
soulignent le manque de financement de l’Etat, dont 64 pensent que
leurs activités sont bénéfiques et 8 ont un avis contraire et enfin 111 font
face à d’autres tracasseries que celles signalées précédemment et pensent
que leurs activités sont bénéfiques.

4. Discussion, Implications et Limites des résultats

Au regard de nos questions d’enquête, nous sommes partis de


l'hypothèse selon laquelle « les activités informelles permettraient à la
population de la ville de Kananga d'assurer effectivement sa survie et de
~ 18 ~

contribuer à l'épanouissement de cette entité politico-administrative par


le paiement du fisc et faciliteraient leur auto prise en charge de leur
famille ».
Au terme de l'application des questionnaires d'enquête et après avoir
dépouillé et analysé les données, nous sommes arrivés aux résultats
suivants :
 Le secteur informel est en grand nombre occupé par les femmes
dans toutes les 5 communes qui composent la ville de Kananga ;
 Une majorité de la population qui est dans le secteur informel
reste dans la commune de Nganza et une minorité dans la
commune de Lukonga ;
 Un grand nombre de personnes œuvrant dans l’informel sont des
mariés et cela nous montre qu’une grande population de cette
ville est soutenue par les revenus provenant des activités
informelles ;
 Les activités de l’économie informelle ne demandent pas une
grande somme pour les entreprendre (21.000-50.000) ;
 À propos de résultats recueillis et des analyses faites, nous avons
constaté que les fonds de démarrage des activités du secteur
informel proviennent surtout de l’aide familiale. Environs35.94%
de personnes ont été aidées par leur famille pour débuter les
activités et peu des personnes (14.32% environs) ont d’autres
sources de fonds de démarrage que celles énumérées dans la
11ème question de notre enquête ;
 Les personnes qui exercent les activités informelles rencontrent
souvent comme difficulté les tracasseries financières et
administratives ;
 Dans la ville de Kananga la majorité de la population (95.05% de
personnes) qui exerce les activités informelles trouve toujours un
avantage socio-économique Cette économie a donc un impact
positif sur la survie de la population Kanangaise.

Conclusion
A travers cette étude, nous avons voulu nous rassurer si
l’économie informelle est une solution adéquate dans l’auto-prise en
charge de la population face à l’impossibilité pour l’Etat de promouvoir
~ 19 ~

les emplois décents à la population de la ville de Kananga. Après


analyse, nous confirmons que la grande partie de la population de la
ville de Kananga évolue dans l’économie souterraine car 95% de
personnes enquêtés ont affirmé que cette économie influence
positivement leur autosuffisance. Toutefois, les femmes sont parmi les
principaux acteurs clés de cette économie populaire. Nous ne mettons
pas en cause son essor mais son encadrement afin qu’il soit fiscalisé pour
éviter l’amoindrissement des recettes fiscales dont l’Etat a
nécessairement besoin.

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