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CHAPITRE 1 : CARACTERISTIQUES DES MENAGES ET

ACCES AU
FINANCEMENT PRESENTATATION GENERALE DE L’ETUDE

L’accès au financement pour les ménages vivant en zone rurale demeure une
préoccupation centrale dans les économies en développement dans lesquelles le
système financier peine à se développer. Ceci étant, avant une analyse approfondie,
il s’avère nécessaire de s’interroger sur les généralités autour des caractéristiques des
ménages ruraux et de l’accès au financement pour ces derniers ainsi que de la
littérature y afférente. Ainsi, il sera question pour nous dans ce chapitre de présenter
d’une part les généralités autour de ces notions et d’autre part, de présenter la
littérature théorique et empirique y afférente ainsi qu’une présentation de nos
variables.

1.1. Généralités
Selon l’INS, un ménage est une unité d’habitation comportant une personne ou
un groupe de personnes, ayant ou pas des liens parentaux qui surviennent aux
dépenses courantes de manière commune. Ainsi donc, l’appellation ménage rural
renvoie au fait que l’unité statistique concernée réside en zone rurale. Dans cette
section, nous présenterons les principales
caractéristiques des ménages ruraux d’une part et de l’accès au financement d’autre part.

1.1.1. Des caractéristiques des ménages du département de la


Lékié…
Cette rubrique donne un aperçu sur le milieu rural ainsi qu’une représentation détaillée du
département de la Lékié.

1.1.1.1. Présentation du milieu rural

Pour l’essentiel, les ménages en milieu rural pratiquent des activités de subsistance
principalement l’agriculture, le commerce ou encore l’élevage. Bien que perçu
péjorativement par bons nombres, le milieu rural présente un certain nombre d’atouts
tels que dressé par le parlement européen à savoir :

• La contribution au développement en général grâce à la production d’aliments et de


matières premières ;
• Les rapports sociaux à dimension humaine ;

• Un plus fort attachement de l’homme son espace de vie naturel ;


• Une position prépondérante des petites et moyennes entreprises ;
• Un coût de la vie moins élevé, une constitution de patrimoine plus aisée ;

• Des coûts de salaire plus bas du point de vue de l’entreprise ;


• Une valeur en tant que lieu de repos et de loisir ;

• Des possibilités d’emplois accessoires dans le domaine des loisirs.

Bien que présentant ces qualités, le milieu rural fait également face à d’importantes
difficultés entre autres :

• La baisse des possibilités d’emploi ;

• L’offre faible des domaines de formations ;

• L’accès difficiles aux technologies modernes ;


• Le taux de scolarisation faible

Selon le Fonds des Nations unies pour l’Agriculture et l’Alimentation, la majorité


des habitants dans le monde vivent en zone rurale. Ceci est d’autant plus vrai que
cette part est plus importante en Afrique que dans toutes les autres régions du monde.
Au Cameroun, l’amélioration des conditions de vie en milieu rural constitue l’un des
objectifs du gouvernement. Cette ambition a été matérialisé entre autres en 2005 par
le document de stratégie de développement du secteur rural (SDSR), auquel s’est
ajouté le plan national d’investissement agricole (SDSR/PNIA 2020-2030) en 2020.
Dans ce document, y est identifié plusieurs contraintes majeures à savoir :

• La faible productivité et production agricole ;


• Les difficultés d’accès aux marchés ;
• La précarité des conditions de vie ;

• L’enclavement des bassins de production


• Un environnement en dégradation ;
• La faible organisation des acteurs et difficultés d’accès au crédit ;
• Un environnement institutionnel insuffisamment adapté aux
exigences de développement efficient et efficace du secteur

1.1.1.2. Présentation du département de la Lékié

S’agissant de la Lékié, c’est un des dix départements de la région du Centre Cameroun


comportant environ 750 000 habitants pour une superficie de 2 989 km2 soit une densité de
251 habitant/km2(Wikipédia). Se situant au Nord de Yaoundé, la Lékié est la principale
ravitailleuse de celui-ci en produits vivriers. Ayant pour chef-lieu Monatélé, elle est
composée de 4 arrondissements : Ebebda, Elig-Mfomo, Evodoula, Obala, Batchenga,
Obala, Okola, Sa’ a et Monatélé. Comme dans bons nombres de département en dehors de
Yaoundé, l’agriculture y est l’activité principale. La culture du cacao (2 ème producteur
national) autre fois dominante dans cette partie du territoire a peu à peu laissé place à celle
d’autres comme le manioc car les cours de la première étant très fluctuantes durant les
années 90 (Kouna, 2023).

Figure 1 : Département de la Lékié

Source : www.semanticscholar.org
1.1.2. … Au problème de l’accès au financement
L’accès au financement renvoie à l’accès à toutes les ressources financières formelles et
informelles pour satisfaire différents besoins de consommation ou d’investissement

1.1.2.1. Accès au financement formel

De façon traditionnelle, il se fait pour les ménages au niveau des banques ou


des microfinances : on parle alors du financement formel. Avoir un compte en banque
présente de nombreux avantage : percevoir son salaire ou une allocation, payer ses
factures, réduit les coûts de transactions, donne plus de souplesse dans la gestion de
la trésorerie, réduit les risques de fraude, renforce l’autonomie financière de son
détenteur et lui donne accès à de nombreux produits financiers permettant de financer
ses activités (Christophe, 2019).

Sauf que, obtenir un financement auprès d’une banque n’est pas toujours
chose facile du fait des conditions à remplir principalement les taux d’intérêt souvent
élevé et des garantis assez conséquentes. Cet état des choses a donc laissé place à la
création de la microfinance par Mohammad Yunus (Prix Nobel 2006) qui elle,
nécessite moins de procédures et destiné aux ménages moins nantis. La microfinance
a ainsi entre autres comme objectif d’accompagner les clients dans leur projet ou leur
activité.

Au Cameroun, la microfinance est régie principalement par le règlement


COBAC n°01/17/CEMAC/UMAC/COBAC du 27 septembre 2017 fixant les règles
relatives aux conditions d’exercice et de contrôle de l’activité de Microfinance dans
la CEMAC. Le nombre de microfinances est sans cesse en augmentation au
Cameroun. En effet, suivant la liste des établissements de microfinances agrées au
Cameroun au 31 décembre 2021, il ressort que le Cameroun compte plus de 418
établissements de microfinance². Ceci étant, celles-ci sont principalement situées en
zone urbaines au détriment des zones rurales. Aux côtés de ces 2 voies de
financement, les ménages font également recours à un mode de financement informel
qui est la tontine.
1.1.2.2. Accès au financement informel

La tontine peut se définir comme étant une association fondée sur le respect
de la parole donnée et des critères homogènes, dont le but est de promouvoir toute
action de solidarité ou de constituer périodiquement un marché financier informel et
fermé, permettant à ses membres de placer leurs épargnes pour les uns, et d’accéder
aux crédits pour les autres (Atangana et Tomo, 2022). Il s’agit donc d’un
rassemblement de personnes qui permet entre autres à ces adhérents d’accroitre leur
pouvoir d’achat. Elle constitue dans un certain ses une sorte de caisse de prévoyance
à laquelle les gens adhèrent en prévision des difficultés qui peuvent survenir au cours
de leur activités ou encore sur le plan familial.

Les différents types de tontines peuvent être résumés dans le graphique ci-dessous :

Figure 2 : Les différents types de tontine


Mutuelle

Commerciale

Aléatoire
Tontine

Financière
Discrétionnaire

Source :Meumeu (2022)

• Les tontines mutuelles : intègrent à la fois la vie sociale et le quotidien des


participants. Ici, il y existe des liens de confiance et de solidarité qui se tissent
entre les membres. Ceux-ci se connaissent mutuellement, les rencontres sont
régulières et obligent la participation de tous les membres sous peine
d’amende. Pour ce qui est des levées de fonds issus des contributions, elles
se font à tour de rôle ou par tirage au sort par une personne non membre de
la tontine.

• Les tontines commerciales : plus récente que la précédente, elles sont


l’initiative d’un tiers appelé tontinier. De façon générale, de par sa bonne
réputation, le tontinier contacte des personnes auprès desquelles il propose
un service d’épargne sous forme de tontine. Il collecte ensuite tour à tour les
contributions auprès des clients, qui sont pour la plupart des commerçants
parfois des salariés. Le tontinier joue un rôle d’intermédiaire entre ses clients
et assure la sécurité des fonds collectés et des transactions financières.
• Les tontines financières : Dans ce type, le lot de cotisation est mis à prix.
L’attribution des fonds cotisés se fait à travers une mise aux enchères, les
fonds sont donc octroyés à celui qui fera la plus grande offre. Telle une
banque, l’enchère est le coût ou l’intérêt à supporter pour disposer du lot de
cotisation. Comme cela se dit couramment, dans cette tontine, « on vend
l’argent », et ce, à des taux concurrentiels.

Au fur et à mesure que le cycle tontinier évolue, ce taux d’enchère diminue car les
membres bénéficiaires sont de moins en moins nombreux.
• Les tontines aléatoires : Ici, on procède soit par tirage au sort en séance
tenante, ou au début de chaque cycle, soit par un classement statique prédéfini
de commun accord
(très souvent à la fondation de la tontine), qui détermine l’ordre et la date de levée
de fonds par membre.

• Les tontines discrétionnaires : Ce sont celles selon lesquelles l’attribution


de la cagnotte se fait dans un ordre suivant un principe hiérarchique, sur base
de critères prédéfinis tels que le statut social et/ou religieux, l’âge, le pouvoir,
voire l’influence du membre.

Au Cameroun, c’est la loi n° 90/050 du 19 décembre 1990 portant sur la liberté


d’association qui favorisera l’éclosion de plusieurs regroupements au sein de la
société civile parmi lesquelles la tontine (Hatcheu Tchawe et Nzomo Tcheunta,
2007). Aujourd’hui, il est quasiment impossible de connaitre le nombre exact de
tontines au Cameroun. En effet, elle est devenue une pratique courante dans toutes
les régions du triangle national.

La définition et les généralités autours de nos notions centrales étant faites, la


section suivante fera l’objet de la présentation de littérature existante sur les
conditions de vie des ménages et leur accès au financement.
1.2. Caractéristiques des ménages et accès au
financement : revue de littérature et présentation
des variables
Cette section passe en révision une série d’études réalisée aussi bien sur la problématique

de l’accès au financement que sur l’aspect intrinsèque des ménages.

1.2.1. Revue de littérature sur les caractéristiques des ménages et


l’accès
au financement

Le problème de l’accès au financement des ménages ruraux n’est pas une


thématique nouvelle. En effet, de nombreux auteurs et organismes nationaux comme
internationaux se sont penchés sur le sujet. Déjà, il existe une inégale répartition des
EMFs au sein même des milieux ruraux au Cameroun. En effet, dans une étude sur
l’offre de financement rural dans certaines régions du Cameroun, Ngoumboute et al.
(2020) faisaient remarquer le fait que les
EMFs y étaient inégalement répartis. Plus encore, les auteurs observent que peu d’EMFs
(8.33%)

prélèvent des taux d’intérêt qui sont eux même assez faibles.

Mala’a et al. (2017) étudient l’impact des types de crédit sur le revenu des
ménages rizicoles dans la région du Nord-Ouest Cameroun. Les résultats sur un
échantillon de 183 riziculteurs montrent que le crédit en nature impacte plus
significativement que le crédit en espèce sur le revenu des agriculteurs. Pour leur
part, s’interrogeant sur les déterminants d’accès au financement dans des
exploitations agroforestières de 3 villages de l’Est Cameroun,
Ngoumboute et Moumoum (2020) arrivent à la conclusion selon laquelle l’âge, la
situation matrimoniale ainsi que l’effectif du ménage sont les principaux
déterminants l’accès au financement dans ces trois villages. A variables, peut être
ajouter le sexe (Atangana et
Tomo, 2022). Ainsi, on peut noter une forte prépondérance des femmes d’un certain âge à
adhérer aux tontines comparativement aux hommes.
Le tour d’horizon de la littérature sur les caractéristiques des ménages et leur
accès au financement étant fait, l’objet de la sous-section suivante consistera à
présenter les variables que nous utiliserons dans notre travail.

1.2.2. Présentation des variables

Les variables sur lesquelles portent la présente étude sont issues de l’Enquête sur le
financement informel des populations du département de la Lékié, région du Centre
Cameroun (FINFOLE 2023) réalisée de juillet à août 2023. Ainsi, nous aurons à
analyser tout au long de ce travail les variables concernant d’une part les
caractéristiques des ménages ruraux et d’autre part les variables concernant le
financement.

1.2.2.1. Les variables concernant les caractéristiques


démographiques et socioéconomiques des ménages ruraux

• La variable âge qui renseigne sur l’âge du chef de ménage ou de son conjoint ;
• La variable situation matrimoniale qui renseigne sur la situation matrimoniale de
l’enquêté ;

• La variable niveau d’instruction qui renseigne sur le niveau d’étude de l’enquêté ;


• La variable taille du ménage qui renseigne sur le nombre de personnes vivant dans
le ménage
;
• La variable type de logement qui renseigne sur le standing du logement dans lequel
vit le ménage ;
• La variable dépense du ménage qui renseigne sur montant total des dépenses
annuelles du ménage en FCFA ;

• La variable bien-être subjectif du ménage qui renvoie à l’appréciation que


l’enquêté se fait de son niveau de vie.

1.2.2.2. Les variables concernant le financement

• La variable obtention d’un crédit formel qui mesure l’accès au financement formel

• La variable Obtention d’un crédit informel qui mesure l’accès au financement


informel
• La variable membre d’une organisation communautaire

• La variable possession d’un compte bancaire

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