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Colloque international « Développement durable, projets et engagements »

Université de Béjaïa, les 8 et 9 novembre 2010

La micro-finance, pauvreté et développement durable en Algérie

BEZTOUH Djabar : Maître assistant, Doctorant en sciences économiques, Université de Béjaïa.


djaberbeztouh@yahoo.fr

TOUATI Karima : Maître assistante, Laboratoire économie de développement. Université de Béjaïa,


karitouati@yahoo.fr

Résumé :

L’un des enjeux du développement durable est de favoriser le transfert équitable de moyens qui
permettent d’accéder au développement, de préserver les ressources naturelles et de lutter contre la pauvreté.
Depuis quelques années, la Micro-finance fait parler d’elle comme d’un nouvel outil efficace de lutte contre
la pauvreté et comme un important facteur de lutte contre l’exclusion sociale et le développement durable.
Les institutions de micro-finance visent à fournir aux exclus du système bancaire commercial des services
financiers adaptés et l’instauration de l’économie solidaire. Aujourd’hui ces institutions se structurent pour
s’inscrire durablement dans le paysage financier et bancaire des différents pays.
En Algérie l’expérience dans la micro-finance est relativement récente, elle s’est introduite en 1999 en
réponse aux conséquences sociales difficiles du plan d’ajustement structurel. Le présent travail tente
d’évaluer l’efficacité de la micro-finance dans sa contribution au développement économique en Algérie. Il
est montré que ce secteur est peu développé, réprimé et accuse des retards par rapport aux autres pays du
Maghreb. La prédominance de l’Etat, l’absence du cadre réglementaire adapté à l’activité de ce métier et
l’inexistence d’institutions de micro-finance privées en Algérie sont autant de facteurs explicatifs de ce
retard.

Mots clés : développement durable, économie solidaire, exclusion sociale, microcrédit, redistribution des
revenus.

1
Introduction
L'atténuation de la pauvreté continue d'être une préoccupation à l'échelle planétaire. Cette préoccupation
mondiale est étroitement liée à une inquiétude croissante devant l'accroissement des inégalités et l'exclusion.
Les stratégies de lutte contre la pauvreté fondent un grand espoir sur la micro-finance comme facteur de
réduction de la pauvreté. L’hypothèse sous jacente est qu’en permettant l’accès des pauvres au financement,
on leur donne la possibilité d’entreprendre des activités génératrices de revenus et d’accéder aux services
sociaux de base, toutes choses concourant à réduire leur niveau de pauvreté.
Par le développement des activités génératrices de revenus et d’épargne, la stratégie de lutte contre la
pauvreté à travers la micro-finance, cherche à diminuer les risques et les incertitudes auxquels les
populations les plus pauvres sont confrontées.
Dans un contexte de libéralisation du marché, la lutte contre la pauvreté revêt une importance capitale en
Algérie, les conséquences de la crise politico-économique et du plan d’ajustement structurel ont été trop
dures pour certaines franges de la société. C’est surtout le cas des populations rurales dont la majorité a vu
ses conditions de vie se dégrader peu à peu et son système basé sur l’entraide et la solidarité se disloquer.
Il n’existe pas de solution unique permettant de satisfaire tous ces besoins financiers des personnes les plus
pauvres et les plus vulnérables. Il semble cependant essentiel de leur offrir des produits financiers
spécifiques, selon leur demande. Les institutions de micro-finance doivent relever le défi de répondre à cette
demande sans toutefois gager leur pérennité financière.
Après dix ans d’expérimentation et de développement de la micro-finance en Algérie, l’espoir qu’elle suscite
comme outil de lutte contre la pauvreté, mais aussi l’ampleur des ressources investies, on est conduit à
s’interroger sur son impact : La micro-finance est-elle une solution qui sort les populations de la pauvreté ?
Est-elle efficace en Algérie ?
L'objet de cet article consiste à souligner la portée de la micro-finance, en particulier le microcrédit, en tant
qu'une démarche cohérente et socialement bénéfique du développement durable.
Ainsi, le travail est structuré en deux sections. La première synthétise les éléments théoriques qui sont à la
base de la micro-finance et présente les champs d'actions des intermédiaires. Cette politique repose sur trois
notions théoriques: la prépondérance des pratiques financières informelles dans les pays en développement,
l'exclusion financière et sociale des personnes démunies et l'émergence de nouveaux concepts du
développement ayant trait aux conditions de vie décente.
La deuxième section expose l'expérience algérienne en matière de micro-finance. Nous décrirons les
institutions qui pratiquent la micro-finance, ainsi que leurs produits au profit des personnes à faible revenu.
Ce travail se termine par des conclusions et recommandations. La rédaction des recommandations qui
doivent conduire à une amélioration du système algérien de micro-finance.

1. Définition de la micro-finance

Les définitions attribuées à la micro-finance se différencient selon que l'on désire mettre l'accent sur son
aspect économique, financier ou social. D'une manière plus générale, la micro-finance se rapporte à toute
activité liée aux services financiers et sociaux « de petite taille » dans le domaine de l’épargne, du crédit, des
transferts et des assurances aux micro-entrepreneurs et aux personnes exclues financièrement (ou bénéficiant
de faibles revenus). Ces services permettent à leurs bénéficiaires de protéger leur famille contre les risques
financiers et d’investir dans des initiatives économiques nouvelles ou déjà existantes. Ils sont proposés par
des institutions spécialisées pouvant être classées en institutions bancaires (banques coopératives,
commerciales, de micro-finance ou d’épargne) et en établissements non bancaires (coopératives financières,
organisations sans but lucratif et ONG).

Il s’agit donc d’un moyen de développement économique permettant aux personnes à faibles revenus exclues
du système bancaire formel, d'améliorer leur mode de vie, d'augmenter leurs revenus, en leur offrant un
ensemble de services financiers tels que : l'épargne, le crédit, l'assurance, le transfert d'argent, etc.

Pour beaucoup de personnes et pour le grand public en particulier, la micro-finance se confond avec le
microcrédit. Elle désigne les dispositifs permettant d'offrir de très petits crédits «microcrédit » à des familles
pauvres pour les aider à mener des activités productives ou génératrices de revenus leur permettant ainsi de
développer leurs très petites entreprises. Avec le temps et le développement de ce secteur particulier partout
dans le monde, la micro-finance s'est élargie pour inclure désormais une gamme de services plus large
2
(crédit, épargne, assurance, transfert d'argent etc.) et aussi une clientèle plus étendue. La micro-finance ne se
limite donc plus aujourd'hui à l'octroi de microcrédit aux pauvres mais bien à la fourniture d'un ensemble de
produits financiers à tous ceux qui sont exclus du système financier classique ou formel.

En plus des services financiers, la micro-finance offre des services non financiers tels que : les séances de
formation et de sensibilisation, le montage des dossiers des clients incluant par exemple un mode de
remboursement tenant compte des aléas de l’activité financée, des garanties demandées en fonction des
ressources du client et finalement le suivi, étape essentielle de l’échange de la négociation avec le client.

2. Les fondements théoriques de la micro-finance

La généralisation de l'expérience de micro-finance s'inspire principalement de trois axes théoriques: la


prédominance des pratiques financières informelles dans les pays en développement, l'exclusion financière et
le nouveau cadre pour la notion de pauvreté.

A. la finance informelle

Le concept de finance informelle met l’accent sur l’absence de forme : ce sont de pratiques d’épargne et de
crédit qui ne sont pas obligés de respecter un cadre ou un schéma fixé. Les relations entre le débiteur et le
créancier reposent sur la confiance, elles sont personnelles, non seulement parce que les partenaires se
connaissent, mais parce qu’ils font affaire comme ils s’entendent1.

La finance informelle repose sur des rapports de proximité favorable à une offre financière différenciée et
individualisée. De plus, elle est commode et à la portée de personnes souvent sans instruction. Par ailleurs,
les bailleurs de fonds informels exigent moins de garantie; la parole et l'appartenance à un groupe suffisent.
Les coûts de transaction faibles représentent aussi un avantage comparatif en faveur de la finance informelle.

Les besoins accrus en matière de « financiarisation des rapports sociaux » ont permis aux pratiques
informelles de se développer en marge des institutions bancaires, celles-ci se sont focalisées sur le
financement des entreprises au détriment d'une forte demande des ménages à faible revenu. Ces derniers
s'orientent alors vers le secteur informel à défaut de concours de la part des systèmes institutionnels, souvent
exigeants en matière de garantie et de profil socio-économique des demandeurs.

B. L'exclusion financière

Une personne se trouve dans une situation d'exclusion financière lorsqu'elle subit un degré d’handicap tel
qu'elle ne peut plus vivre normalement dans la société qui est la sienne en raison des difficultés qu'elle
rencontre à accéder à l'usage de certains moyens de paiement ou règlements, à certaines formes de prêts ou
financement, à préserver son épargne ou à s'assurer contre le risque de l'existence2.

L'exclusion financière se traduit alors par des difficultés d'accès aux services financiers pour des raisons
socio-économiques. Elle est alors une entrave à l'intégration sociale au point d'être considérée comme un
indicateur de précarité. Bien que, pour des raisons méthodologiques, les termes « exclusion financière » et
« exclusion bancaire » soient souvent utilisés indifféremment, il convient toutefois de préciser que
l'exclusion bancaire, au sens notamment d’handicaps et d’accès limité aux produits et services bancaires
permettant de disposer de ressources immédiates tels que l'ouverture d'un compte ou l'utilisation de moyens
et dans l’emploi de certains types de moyens modernes de paiement ou de règlement par exemple, n’est
qu’un élément d’un ensemble plus vaste au sein duquel les processus d’exclusion et de marginalisation
d’ordre financier peuvent être cumulatif 3. En effet, l’exclusion financière est un concept plus large qui
résulte de l'association de trois éléments: l'exclusion bancaire, l'incompréhension des phénomènes financiers
et la précarité économique.

1 Michel LELART, De la finance informelle à la micro-finance, Editions des archives contemporaines, Paris, 2005, p.13.
2 Latifa ZIADI, La micro-finance en Tunisie: une dynamique du développement durable, Revue internationale de sociologie et de
sciences sociales, Volume 7, N1, Tunisie, Hiver 2005.
3 Jean-Michel SERVET, Banquiers aux pieds nus : micro-finance, Ed. Odile Jacob, Paris, 2006, p.63.

3
Ces situations de marginalisation et d’exclusion sont dans certains pays des obstacles au décollage, et dans
d’autres des facteurs de régression. Par ailleurs, un lien de causalité a été établi entre l'exclusion sociale et
l'exclusion financière. L'exclusion sociale, souvent associée à la précarité, ne génère pas forcément
l'exclusion bancaire, de par l'existence de l'Etat Providence mais elle rend les rapports avec le système
institutionnel plus difficiles. En effet, les exclus sociaux, comme l'ensemble des pauvres, montrent une
aversion à la finance institutionnelle fondée sur une incompréhension des systèmes bancaires. Cette
incompréhension est mutuelle et à l'origine d'un manque de confiance: d'une part, les banquiers accusent les
pauvres d'imprévoyance et de mauvaise gestion de leurs budgets; d'autre part, les exclus accusent le système
bancaire d'injustice.

Outre la sélectivité des institutions financières, l'incompréhension des procédures financières comme la
pauvreté conduisent à l'auto-exclusion. Pour des raisons morales, religieuses, à cause d'expériences négatives
dans le passé ou tout simplement de jugements à priori, les agents peuvent s'auto-exclure de la vie financière
(Gloukoviezoff, 2004).

Face à ce phénomène d'exclusion financière, la micro-finance apparaît alors comme une solution adéquate
pour une meilleure insertion des exclus. En effet, souvent inactifs depuis de longues périodes, la
reconnaissance sociale des exclus passe par le travail et l'amélioration de leurs conditions de vie. Le
financement de micro-projets individuels, grâce aux mécanismes de micro-finance, permet de générer de
l'auto-emploi et de garantir la réinsertion économique et sociale des personnes à faible revenu.

C. Nouveau cadre pour la notion de pauvreté

Les travaux récents en matière de développement ont souligné un nouveau cadre pour la notion de pauvreté.
Au-delà des traits monétaires (faible revenu), la pauvreté se définit aussi par "la négation de possibilités de
choix plus essentiels au développement humain, longévité, santé, créativité, moins aussi de conditions de vie
décentes, dignité, respect de soi-même et des autres, accès à tout ce qui donne sa valeur à la vie" (PNUD,
1998).

Ainsi, la pauvreté ne se limite plus au manque de moyens monétaires et englobe aussi les handicaps au
maintien d'une vie décente, à la préservation des droits fondamentaux et à l'insertion sociale. Cette
conceptualisation plus élargie de la pauvreté a surtout mis l'accent sur l'importance du développement
humain et la place des femmes dans les économies en développement.

D'une part, le développement durable ne peut s'obtenir sans garantir à chacun les conditions nécessaires à son
évolution individuelle grâce à l'éducation, la santé et l'accès à tous les services de sa société. La lutte contre
la pauvreté n'est plus une simple affaire de croissance économique. Elle implique des changements socio-
économiques que les institutions financières traditionnelles peuvent exclure de leurs champs d'intervention. Il
a fallu alors imaginer des institutions qui se chargent à la fois du social et de l'économique.

D'autre part, les femmes ont un rôle indéniable dans leurs sociétés. Or, elles ont longtemps été exclues des
programmes de développement. Cette marginalisation a donné lieu à l'émergence de l'approche "genre" qui
soutient que des relations inégales de pouvoir constituent un facteur essentiel du sous-développement
(Hofmann et Marius-Gnanou, 2001). Cette approche a alimenté de nombreux écrits en matière de
financement de l'autonomie féminine grâce à la microfinance. La micro-finance s'impose alors comme l'outil
privilégié du financement du développement humain en général et de l'autonomie féminine en particulier.

3. Origine mondiale de la micro-finance

C'est au Docteur Muhammad Yunus que nous devons l'acceptation actuelle de la micro-finance qui tient
d'outil de développement économique et social des couches défavorisées. A l'aide des travaux pratiques
réalisés avec ses étudiants sur les théories de l'investissement, ce brillant économiste bangladais découvre
l'extrême indigence financière de ses concitoyens fabricants de tabourets en bambou qui n'ont aucun moyen
de constituer des stocks de matières premières. Leur besoin en crédit est pourtant infime : 27 dollars en tout

4
pour 42 paysans qui ne peuvent avoir accès aux banques. Leur ayant prêté cette somme de sa poche, il peut
découvrir combien leur activité augmente, lorsqu'ils peuvent acheter d'avance la matière première, échappant
ainsi aux fluctuations importantes des prix. Il va formaliser cette expérience en créant en 1976 la Grameen
Bank qui propose des prêts aux populations pauvres du Bangladesh et dont le succès va inspirer de
nombreuses autres expériences à travers le monde.

Depuis la création de sa banque, la micro-finance est devenue un instrument essentiel de la lutte contre la
pauvreté. D'ailleurs, lors du sommet mondial du microcrédit qui a été tenu du 12 au 15 novembre 2006 à
Halifax au Canada, le prix Nobel de la paix 2006 Muhammad Yunus avait lancé la cérémonie d'ouverture
par : « Faisons de ce sommet une occasion historique pour créer un monde sans pauvreté. J'espère que
ceux qui doutaient de nous seront désormais de notre côté». L'idée est de faire bénéficier de petits prêts à
plus de personnes afin qu'ils créent leur propre activité. Avec un objectif chiffré de175 millions de
bénéficiaires d'ici 2015.

4. Services de la micro-finance

Pour beaucoup de personne, le microcrédit se confond avec la micro-finance, cette dernière ne se


limite pas à l’octroi de crédit aux pauvres qui sont exclus du système bancaire classique ou formel, mais à la
fourniture d’une grande variété de services à savoir le crédit, les services de dépôt ou d’épargne, les produits
d’assurance (santé, vie, pension, etc.) le transfert d’argent et le mobile banking, services de développement
des affaires.

4.1. Le Microcrédit

Le microcrédit est une des déclinaisons particulières de la micro-finance en ce qu’il ne porte que sur le crédit
et son environnement (garantie, fiscalité du crédit, préparation, suivi…).Il désigne un dispositif qui consiste à
offrir des micro-prêts (des prêts à montants réduits) à des personnes très pauvres, qui ne remplissent pas les
conditions qui leur permettent de se financer auprès du circuit bancaire traditionnel, afin de pouvoir leur
permettre de conduire des activités productives ou génératrices de revenus et les sortir de la misère.

4.2. Les services d’épargne

La micro épargne est le service de dépôt qui permet aux micros épargnants d’épargner des faibles montants
d’argent pour des utilisations ultérieures tels que les maladies, accidents, frais de scolarité ou pour préparer
le lancement d’un projet.
Les services de dépôt fournissent un lieu sûr aux particuliers pour épargner et bénéficier d’intérêts.
L’épargne est importante à cause du caractère saisonnier de nombreuses activités des micro-entreprises et
des situations inattendues d’urgence que les personnes doivent affronter. Des hypothèses sont souvent
formulées sur la gestion de l’argent de la part des « pauvres » mais on oublie dans le même temps que ces
derniers se protègent eux-mêmes contre les risques et les urgences.
De nombreuses organisations de microcrédit inscrivent dans leur système un élément d’épargne obligatoire.
D’autres préfèrent encourager l’épargne volontaire. Comme la plupart des IMF ne sont pas autorisées à
attirer l’épargne pour des raisons réglementaires, elles demandent aux emprunteurs de déposer leur argent à
la banque, dans la majorité des cas au nom d’un groupe de solidarité, ou elles laissent le groupe conserver
l’épargne1.
Les pauvres ont besoins dune épargne qui soit à la fois :
 Sure : grâce à l’épargne offerte par les IMF, les pauvres peuvent mettre leur argent à l’arbi du vol.

1 Guide de la micro-finance, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Service de la parité hommes-
femmes et du développement, 2003.
5
 Liquide : contrairement aux autres formes d’épargne, tel que les animaux domestiques, et les bijoux,
l’épargne offerte par les IMF permet aux micros épargnants d’avoir leur agent au moment où ils en auront
besoin.
4.3. Produits d’assurance (micro-assurance)
La micro-assurance est un système qui utilise (entre autres) le mécanisme de l’assurance et dont les
bénéficiaires sont au moins en partie des personnes exclues des systèmes formels de protection sociale, en
particulier les travailleurs de l’économie informelle et leurs familles. Il se distingue des systèmes créés pour
assurer la protection sociale légale des travailleurs de l’économie formelle. L’adhésion n’est pas obligatoire
(mais elle peut être automatique) et les adhérents contribuent, au moins partiellement, au financement des
prestations.
La micro-assurance couvre une clientèle variée et large, elle peut appartenir au monde rural ou
urbain. Elle assure aussi les populations excrément pauvre jusqu’aux classes moyennes en leur donnant accès
au service de la micro assurance.
La micro-assurance a démarré traditionnellement sous la forme d’assurance sur les emprunts, mais elle est
actuellement en expansion pour répondre aux besoins d’une demande au revenu faible et pour couvrir un
éventail de produits tels que1 :
- l’assurance maladie, couvrant les frais médicaux en cas de maladie et de blessure ;
- l’assurance sur les annuités, l’assurance sur les dotations et l’assurance-vie qui prévoient l’accumulation
d’épargne pour la retraite et en cas de décès ;
- l’assurance récolte, contre les rendements faibles, dus à des circonstances particulières telles que les
catastrophes naturelles ;
- l’assurance sur les immobilisations, contre les dommages, la destruction ou le vol de biens ;
- le fonds d’assurance en cas de décès, qui prévoit des indemnisations pour les membres et les personnes à
leur charge, ainsi qu’un amortissement du prêt pour les membres emprunteurs
La micro-assurance est donc un mécanisme de sécurité permettant de se prémunir contre les événements
négatifs : il est donc particulièrement utile pour les familles rurales et pauvres.

4.4. Le Transfert d’argent


Les transferts des revenus des migrants sont une importante source de revenu pour les ménages. le
transfert d’argent de la part des migrants, saisonniers et de longue durée, vers leur pays d’origine représente
un service financier très précieux et peut atteindre des volumes et nombres de transactions élevés. En 2003,
les transferts des revenus des travailleurs migrants vers les pays en développement ont été estimés à plus de
90 milliards de dollars. Si les voies informelles, non comptabilisés, auxquelles de nombreux immigrants ont
recours pour transférer leur argent, étaient prises en compte, on estime que la valeur totale serait
considérablement supérieure2.
Les transferts de fonds dans l’enceinte des pays sont également importants, notamment pour les
familles rurales vivant dans les régions les plus pauvres, souvent soutenues par un membre qui travail en
ville.
4.5. Les autres services
En plus du service de crédit, de dépôt, de micro assurance, et de transfert d’argent, les IMF, offrent
également d’autres services il s’agit essentiellement :
 Le mobile banking
Le mobile banking consiste à utiliser les téléphones portables pour faciliter les opérations de transfert
avec le client et en conséquence pour réduire les coûts de l’activité.
Le mobile banking permet aux populations rurales et isolées d’accéder aux services financiers, de
payer leurs factures ou encore d’obtenir un micro crédit sur place, sans avoir à se déplacer.

1 Micro-finance et petites entreprises forestières, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture, Rome, 2007,
p.30.
2 Micro-finance et petites entreprises forestières, Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture, Rome, 2007,

p.31.
6
Ce nouveau service est apparu suite à l’importance du nombre d’utilisateurs des téléphones (3
milliards de personnes utilisent un téléphone portable en 2008)1.
 Location-vente pour les plus pauvres
La location-vente est un système selon lequel une personne peut acquérir et utiliser un objet grâce à
des paiements réguliers. Il s’agit généralement d’un service fourni pour combattre la crainte que peuvent
éprouver certains à contracter un prêt.
 Services de développement des affaires (SDA)
Les services non-financiers ou services de développement des affaires (SDA) peuvent comprendre le
développement de l’esprit d’entreprise, la formation à la gestion, la formation professionnelle, l’expansion, la
consultance et le conseil, le développement technologique et la diffusion de l’information, l’information sur
les marchés, les normes, les technologies, le développement de liens à travers des franchises, la sous-
traitance, la création de groupes de commerce, etc. Ces services font partie d’une « structure de soutien du
marché » qui aide les micro-entreprises à devenir et à rester compétitives.
5. Les objectifs de la micro-finance pour le développement durable
La micro-finance, cet instrument qui est destiné essentiellement aux pauvres pour les aider à faire
face à leurs problèmes, envisage la réalisation d’un ensemble d’objectifs qui contribueront au développement
économique et social. Parmi ces objectifs on peut citer :
a. La création d’emploi
Dès sa création, la micro-finance vise à lutter contre le chômage en octroyant des microcrédits à toute
personne qui a décidé d’entreprendre et de créer son propre emploi, permettant non seulement de générer des
revenus mais aussi de créer des postes d’emploi à d’autres personnes réduisant ainsi le chômage.
b. La réintégration des exclus du système bancaire classique
La micro-finance permet aux pauvres qui ne manquant pas de volonté et d’aptitude de créer leurs activités
indépendantes en leur prêtant une petite somme d’argent, en les accompagnants dans leur démarche
d’entrepreneurs et en faisant confiance en leur solvabilité et leur énergie.
Donc micro-finance permet de remédier aux problèmes d’inaccessibilité aux systèmes bancaires classiques.
c. La micro-finance favorise l’éradication de la pauvreté extrême et de la faim
La micro-finance joue un rôle important dans la lutte contre la pauvreté. Dans la plupart des pays, les
pauvres n’ont pratiquement pas accès aux services financiers formels. Un prêt de faible montant peut aider à
briser le cycle de la pauvreté si ce montant est investi au sein d’une activité économique générant une
augmentation de revenu. De la même façon, la possibilité de placer ses économies en lieu sûr permet aux
pauvres de se prémunir à l’endroit des crises imprévues, telles qu’une maladie ou une mauvaise récolte, qui
pourraient facilement les faire basculer dans la misère. Les enquêtes effectuées auprès de clients de la micro-
finance ont montré les impacts suivants 2:
- En Inde, la moitié des clients de SHARE ont pu émerger de la pauvreté.
- Au Salvador, le revenu hebdomadaire des clients de FINCA a augmenté en moyenne de 145%.
- Au Vietnam, les clients d’une organisation partenaire de Save the Children ont ramené leurs déficits
alimentaires de trois mois à un mois.
d. L’accès aux services de la micro-finance favorise l’émancipation de la femme
La micro-finance est largement reconnue pour son rôle dans le renforcement de l’autonomie des
femmes. Elle contribue à l’insertion des femmes dans la vie active et l’économie marchande en leur donnant
la possibilité d’emprunter, d’épargner et de gagner un revenu, d’accroître la valeur de leurs actifs et de
prendre en connaissance de cause les décisions qui affectent leur vie.
Les études effectuées indiquent que cette émancipation prend différents aspects3 :

1 BELGITH Meriam «La gestion des risques de crédit en micro-finance par le crédit scoring » Université du 07 Novembre à
CARTHAGE, 2008-2009, p.11.
2 Ousa SANANIKONE, La micro-finance et les objectifs de développement pour le millénaire, CGAP, Décembre 2002.
3 Idem,

7
Les clients de la micro-finance sont, dans leur immense majorité, des femmes. La micro-finance est
largement reconnue pour son rôle dans le renforcement de l’autonomie des femmes. En effet, elle leur
permet d’augmenter leur contribution aux revenus du ménage,
- En Indonésie, les femmes clientes de BRI étaient plus susceptibles que les non clientes de prendre des
décisions en commun avec leur mari au sujet de l’affectation des ressources financières du ménage, de
l’éducation des enfants, de l’utilisation de moyens contraceptifs et de la taille de leur famille.
- En Inde, les clientes du SEWA ont fait pression pour obtenir des augmentations de salaires, faire valoir les
droits des femmes à l’intérieur du secteur informel et résoudre les problèmes de leur quartier.
- Au Bangladesh, en Bolivie, au Népal, aux Philippines et en Russie, des clientes des programmes de micro-
finance se sont présentées aux élections locales et ont été élues.
e. L’accès aux services financiers de la micro-finance améliore l’éducation
Les familles qui ont accès à la micro-finance consacrent plus d’argent à la scolarité de leurs enfants que les
foyers non clients. Chez les ménages bénéficiant de services de microcrédit, l’on constate généralement que
les enfants fréquentent davantage l’école et qu’ils disposent de matériel scolaire. Grâce à leur participation à
des programmes de crédit et d’épargne, de nombreuses familles peuvent désormais scolariser plusieurs
enfants en même temps, et le taux d’abandon scolaire a baissé dans les dernières années du cycle primaire1.
Les enquêtes effectuées au sujet de l’impact de la micro-finance sur la scolarisation des enfants ont montré
que:
- Au Bangladesh, pratiquement toutes les filles vivant dans des foyers clients de la Grameen Bank étaient
scolarisées, alors que la proportion des filles scolarisées n’atteignait que 60% pour les foyers non clients. Le
niveau de connaissances en matière d’instruction élémentaire (lecture, écriture et arithmétique) pour les
enfants âgés de 11 à 14 ans au sein des foyers clients du BRAC a doublé en 3 ans (passant de 12% en 1992 à
24% en 1995), et dépasse celui des enfants vivant dans des foyers non clients.
- En Ouganda, le montant consacré par les clients de Foccas à l’éducation de leurs enfants était supérieur
d’un tiers à celui dépensé par les non clients.
f. L’accès aux services financiers améliore la santé des enfants et des femmes
La perte de revenus consécutive à une maladie et aux dépenses médicales associées peut faire fondre
rapidement revenus et épargne, et force souvent les pauvres à se défaire de leurs actifs et à s’endetter.
L’accès aux services financiers permet aux clients d’avoir recours aux soins médicaux dont ils ont besoin,
sans attendre que leur état de santé se soit détérioré de façon catastrophique. Certains programmes de micro-
finance incorporent explicitement les questions de scolarisation et de soins de santé élémentaires au sein de
leur méthodologie de crédit et d’épargne. Des enquêtes ont montré que des services financiers ont eu un fort
impact positif sur la santé des enfants et des femmes:
- Au Bangladesh, les clients du BRAC étaient moins souvent victimes de malnutrition sévère que les non
clients.
- En Bolivie, les clients de CRECER avaient adopté de meilleures pratiques en matière d’allaitement et de
fluidothérapie pour les enfants souffrant de diarrhée et leurs enfants affichaient un taux d’immunisation du
vaccin DCT3 plus important.
- En Ouganda, 95% des clients de Foccas participaient à un programme de microcrédit associant services
financiers et initiatives éducatives visant à améliorer la santé et la nutrition de leurs enfants, ce taux de
participation n’étant que de 72% pour les non clients. En outre, 32% d’entre avaient essayé l’une des
pratiques de prévention du Sida, soit deux fois plus que les non clients.

6. Paysage de la micro-finance en Algérie


L’Algérie a montré de l'intérêt à cette approche du développement durable visant l'insertion économique et
l'intégration sociale des personnes défavorisées.
6.1. Cadre juridique et réglementaire
Il n'existe pas aujourd'hui en Algérie de cadre légal et réglementaire, spécifique et adapté à la micro-finance.
Il est difficilement envisageable de l'insérer dans le cadre réglementaire bancaire devenu plus restrictif en
terme de montant de capital et de conditions générales (limite du taux d'intérêt) (OMC 03-11, Ordonnance
relative à la Monnaie et au Crédit d'août 2003). En revanche, il peut être envisagé dans le nouveau cadre des
coopératives d'épargne et de crédits tel que disposé dans la loi 07-01 du 27 février 2007 relative aux

1 Banque Européenne d’Investissement, La micro-finance : l’accès aux services financiers, un facteur fondamental pour la protection
et l’autonomisation des pauvres, 2008.
8
coopératives d'épargne et de crédit, élaborée par le ministère des Finances et adoptée par le parlement
(Institutions mutualistes).

La micro-finance en Algérie n’a bénéficié d’un cadre réglementaire adapté et spécialement conçu pour ses
activités. Le cadre réglementaire de l'exercice d'activités bancaires relève essentiellement de l'Ordonnance
sur la monnaie et le crédit OMC 03-11 traitant notamment de la réglementation bancaire. La bancarisation de
masse relève également de cette loi et se voit aussi assujettie, notamment le secteur financier mutualiste, à
l'article 81 de la loi de finances pour 2006 relatif aux coopératives d’épargne et de crédit.
L'Ordonnance sur la monnaie et le crédit 03-11 dans son article 77 qui tout en excluant des établissements
de crédit les "organismes sans but lucratif qui, dans le cadre de leur mission et pour des motifs d’ordre social,
accordent sur leurs ressources propres, des prêts à des conditions préférentielles à certains de leurs
adhérents", permet aux associations algériennes de développer l'activité de micro- finance. Cependant un
certain nombre d'éléments légaux et réglementaires pourraient freiner ce développement. Deux domaines
sont particulièrement visés :
• La réglementation relative au crédit. Les dispositions relatives à l'enregistrement des contrats, à l'apposition
de timbres fiscaux, les modalités de cession partielle de rémunération, les frais de justice lies au
recouvrement des créances voire l'incertitude sur les privilèges des établissements de crédit … sont autant
d'éléments peu adaptés à des opérations de micro-finance, susceptibles d'entraîner des frais importants pour
le prêteur et d'engorger les administrations fiscales et judiciaires.
• La législation anti blanchiment. Certaines dispositions anti blanchiment pour les transactions de petits
montants, notamment en matière d'identification des clients, de durée et de volume d'informations à
conserver et enfin de déclaration de soupçon peuvent entraîner des coûts très importants, tant pour les
établissements s'engageant dans la bancarisation de masse, que pour le client lui-même, et bloquer certaines
initiatives intéressantes.
Selon l'article 83 de L'OMC, Le Conseil de la Monnaie et du Crédit (CMC) peut autoriser la constitution
d'une banque ou d'un établissement financier sous forme mutualiste. L'établissement agréé serait assujetti à la
réglementation bancaire au même titre que les banques et établissements financiers constitués sous forme de
SPA. Toutefois aucune dérogation n'a pour l'instant été accordée par le CMC et cette dérogation reste
virtuelle, voire techniquement difficile à mettre en œuvre.
L'article 81 de la loi de finances pour 2006 a introduit en droit algérien la notion de Caisses d'Economie,
comme suit : « Il peut être institué, sous forme mutualiste, un établissement à statut particulier, dénommé
"Caisse d’économie", ayant pour objet la réception et la mobilisation de fonds et l’octroi de crédits par la
caisse et ce, au seul bénéfice de ses adhérents. Les modalités de constitution, ainsi que les règles de
fonctionnement et de contrôle de cet établissement sont fixées par un texte de l’autorité monétaire. ».
Toutefois ce texte n'a jamais vu le jour

6.2. Les principaux acteurs


Le secteur de la micro-finance en Algérie est prédominé par l’Etat à travers les trois dispositifs
gouvernementaux de lutte contre le chômage ANSEJ, ANGEM et CNAC et se limite à la seule ONG
TOUIZA.
L’ANSEJ et l'ANGEM visent directement la création d'entreprises et la promotion de l'entreprenariat et la
CNAC cherche à réinsérer dans le monde du travail des chômeurs ayant déjà une certaine expérience.
6.2.1. L’Agence Nationale de Soutien à l’Emploi des Jeunes (ANSEJ)
Créée en 1996, l’ANSEJ est une institution publique chargée de l’encouragement, du soutien et de
l’accompagnement des jeunes chômeurs âgés de 18 à 35 ans porteurs de projets de création d'entreprise. La
mise en place de l’ANSEJ est venue comme alternative au deux dispositifs qui ont connu un échec et qui
sont le dispositif d’insertion professionnelle ( DIP) créé en 1990 et le programme d’emploi de jeunes (PEJ)
mis en application en 1988. Cet organisme avait pour but d’aider à la création d’entreprises rentables
créatrices d’emplois. Les ressources de l’ANSEJ se composent des dotations du budget de l’Etat, le produits
des taxes spécifiques instituées par les lois de finances, une partie de solde du compte d’affectation spéciale
n° 302.049 intitulé Fonds National pour la Promotion de l’Emploi, le produit des remboursements de prêts
non rémunérés consentis aux jeunes promoteurs et enfin toutes les autres ressources ou contributions.
Quant aux emplois, il s’agit du financement des actions de soutien à l’emploi des jeunes, l’octroi de prêts
rémunérés consentis aux jeunes promoteurs en vue de compléter le niveau de fonds propres pour qu’il soit
éligible au prêt bancaire, les garanties à délivrer aux banques et aux établissements financiers et enfin les

9
frais de gestion liés à la mise en œuvre des programmes et actions susvisés, notamment ceux liés au
fonctionnement de l’organisme national.
Deux types de crédits sont accordés :
 Formule de financement triangulaire
Le montage financier dans la formule de financement triangulaire est constitué de :
1- L’apport personnel des jeunes promoteurs qui varie selon le niveau de l’investissement et la localisation
de l’activité.
2- Le crédit sans intérêt de l’ANSEJ, qui varie selon le niveau de l’investissement.
3- Le crédit bancaire dont une partie des intérêts est bonifiée par l’ANSEJ. Il est garanti par le Fonds de
Caution Mutuelle de Garantie Risques/ Crédits Jeunes Promoteurs.

Structure financière du financement triangulaire


Niveau 1
Montant de Crédit sans Apport personnel Crédit bancaire
l’investissement intérêt (ANSEJ)
Jusqu’à 25% Autres Zones Zones Autres
2.000.000 DA zones spécifiques spécifiques zones
5% 5% 70% 70%
Source : Document ANSEJ

Niveau 2
Montant de Crédit sans Apport personnel Crédit bancaire
l’investissement intérêt (ANSEJ)
De 2.000.001 20% Autres Zones Zones Autres
DA à zones spécifiques spécifiques zones
10.000.000 DA 10% 8% 70% 72%
Source : Document ANSEJ

 Formule de financement mixte


Le montage financier dans la formule de financement mixte est constitué de :
1- L’apport personnel des jeunes promoteurs qui varie selon le niveau de l’investissement.
2- Le crédit sans intérêt de l’ANSEJ, qui varie selon le niveau de l’investissement.

Structure financière du financement mixte


Niveau 1
Montant de Crédit sans Apport personnel
l’investissement intérêt (ANSEJ)
Jusqu’à 25% 75%
2.000.000 DA
Source : Document ANSEJ

Niveau 2
Montant de Crédit sans Apport personnel
l’investissement intérêt (ANSEJ)
De 2.000.001 DA à 20% 80%
10.000.000 DA
Source : Document ANSEJ

Pour la période allant de 1997 à 2007, le bilan de l’ANSEJ se présente comme suit :

Projets financés 85000


Création d’emplois permanents 238967
Coût d’investissement 172 M
Par secteur :
Transport 28%
10
Artisanat 15%
Agriculture et pêche 13%
Industrie 6%
Bâtiment et travaux publiques 4%
Services 34%
Par âge :
Moins de 20 ans 2%
Entre 20 et 25 ans 36%
Entre 25 et 30 ans 37%
Entre 30 et 35 ans 20%
Plus de 35 ans 5%
Par sexe :
Homme 86%
Femme 14%

Source : données de l’ANSEJ


6.2.2. La Caisse Nationale d’Allocation Chômage (CNAC)
La Caisse Nationale d’Allocations Chômage (CNAC) a été créée en 1994, lors de la période de
réajustement structurel en Algérie. C’est un organisme étatique créé pour aider les sans-emplois issus d’une
compression d’effectif pour raison économique, placé sous l'autorité du Ministère du travail, de l’emploi et
de la sécurité sociale. Elle met en œuvre un dispositif de financement des chômeurs de 35 à 50 ans inscrits à
l’ANEM (agence nationale pour l’emploi), pour des montants d’investissement pouvant atteindre 5 millions
de dinars. 1.

Dans le cadre du programme de lutte contre le chômage et la précarité, la Caisse Nationale d’Assurance
Chômage- CNAC a pris en charge en 2004 le dispositif de soutien à la création d'activités, en fin juin 2010
les pouvoirs publics, suite à une évaluation de son parcours, ont pris de nouvelles dispositions pour mieux
répondre aux attentes et aspirations de la population concernée.
Le régime d’assurance chômage ne se limite pas au versement d’une indemnité. Des mesures actives
destinées à augmenter les chances du travailleur ayant perdu son emploi de façon involontaire à reprendre sa
place sur le marché du travail ont été développées par la CNAC. Il s’agit de :
a. La formation reconversion
La formation reconversion est une mesure active pour le retour à l'emploi. En plus de l'indemnisation de ses
allocataires, la CNAC veut améliorer leurs « chances d'employabilité » pour leur permettre de se réinsérer
rapidement dans le marché du travail à travers :

- l'amélioration de leurs qualifications professionnelles ;


- le développement de formations bien ciblées et porteuses avec un contenu et une pédagogie adaptée à
leurs pré-requis professionnels ;
- la mise en place des instruments de gestion des actions de formation-reconversion en vue d'aboutir à
l'acquisition et à la maîtrise de techniques de sélection et d'orientations fiables et précises.
b. L’aide à la recherche d’emploi
Il s’agit Une méthode de soutien et de recherche d'emploi de groupe qui a pour but de rendre le chercheur
d'emploi autonome dans sa démarche de réinsertion professionnelle au marché du travail. Le concept de
Centre de Recherche d'Emploi a été développé au début de l'année 1998 par la CNAC à Alger comme
opération pilote.
Le concept d’origine canadienne fut adapté à l’environnement algérien et connut du succès sur un groupe de
12 personnes pour ensuite s'étendre dans plusieurs autres centres à travers le pays. Le concept a fait ses
preuves et est maintenant mis en pratique dans 21 wilayas.

c. L’aide au travail indépendant

1Quatre textes régissent ce dispositif : décret présidentiel n° 03-514 du 30/12/2003, décret exécutif n° 04-01 du 3/01/2004, décret
exécutif n° 04-02 du 3/01/2004 et le décret exécutif n° 04-03 du 3/01/2004.
11
Le Centre d'Aide au Travail Indépendant est un espace réservé aux porteurs de projets désireux de bénéficier
d'un accompagnement dans leur démarche de création d'entreprises. Cet accompagnement est dispensé au
candidat créateur par une équipe de conseillers chargé de :

 Informer le candidat - créateur sur des différentes étapes de la création d'entreprise.


 Orienter le candidat - créateur pour permettre une prise de décisions éclairée sur des options
fondamentales relatives à son projet.
 Former le candidat - créateur pour acquérir des connaissances fondamentales relatives à son projet.
 Suivre le candidat - créateur pour éviter les déviations qui pourraient interrompre son processus de
création.
L'unique mode de financement proposé par la CNAC est de type triangulaire. Il recouvre en grande partie
l'acquisition du matériel et équipement et matériel neuf.
- Le seuil maximum des investissements est fixé à dix (10) millions de dinars.
- La contribution du promoteur :

Le seuil minimum de fonds propres (apport personnel) dépend du montant de l’investissement. Il est fixé
selon les niveaux suivants :
- Niveau 1 : 5% du montant global de l’investissement lorsque celui-ci est égal ou inférieur à cinq (05)
millions de dinars ;
- Niveau 2 : 10% du montant global de l’investissement lorsque celui-ci est supérieur à cinq (05) millions de
dinars et inférieur ou égal à dix (10) millions de dinars.
Le seuil minimum du niveau 2 est fixé à 8% lorsque les investissements sont réalisés en zones spécifiques et
dans les wilayas du sud et des hauts plateaux.
Les fonds propres sont apportés en numéraire ou en nature.

Quant au montant du crédit bancaire, il ne doit pas dépasser 70% du coût global de l’investissement et
72% dans les zones spécifiques. Ces prêts sont éligibles à une bonification des taux d’intérêts sur les crédits
d’investissements avec 75% dans les secteurs de la pèche, de l’agriculture et de l’hydraulique (90% dans les
zones spécifiques) et 70% dans les autres secteurs d’activités (75 % dans les zones spécifiques). Pour la
garantie des crédits, le promoteur est tenu d’adhérer au fond de garantie contre le risque qui est domicilié
auprès de la CNAC. Ce fonds a pour objet de garantir les crédits consentis par les banques et établissements
financiers aux promoteurs. Elle a signé des conventions avec 5 banques publiques.
Environ 5 050 crédits décaissés par les banques dans le cadre du dispositif CNAC, pour plus de 14 133
emplois créés. 10% des bénéficiaires sont des femmes et 90% des hommes.

6.2.3. L’Agence Nationale de Gestion du Microcrédit (ANGEM).


Le microcrédit a été introduit par l'Etat à la fin des années 90 parallèlement à d’autres actions socio-
économiques d’accompagnement de l’économie en transition. Mis en œuvre à l'origine par l'Agence de
Développement Social (ADS), il était considéré comme un outil de traitement social de la pauvreté et de
soutien aux petites activités économiques (auto-emploi, travail à domicile, activités artisanales et de
services, …). Ce volet crédit ayant connu quelques difficultés dans sa phase de démarrage dans le cadre du
dispositif ADS, des modifications dans les méthodes d'intervention ont été opérées avec un transfert du
portefeuille de l'ADS vers l'ANGEM.
L’ANGEM est créée par décret exécutif n° 04-14 du 22 janvier 2004. Il est l’un des instruments de
réalisation de la politique de l’Etat en matière de lutte contre le chômage. Afin de soutenir l’action sociale de
ce dispositif, l’Etat a créé, par décrets exécutifs n° 04-16 et n° 05-02 respectivement du 22/01/2004 et du
03/01/2005, le fonds de garantie mutuelle des micro crédits chargé de garantir à hauteur de 85% les crédits
accordés par les banques aux promoteurs initiant des projets dont le coût varie entre 100 000 DA et 400 000
DA.
Trois types de financements existent au sein de l’ANGEM : le premier type fait intervenir seulement
l’ANGEM et le promoteur (l’ANGEM intervient par le prêt non rémunéré PNR), le second fait intervenir la
banque et le promoteur, quant au troisième il fait intervenir l’ANGEM, le promoteur et la banque.
Les montants de crédit sont très variables et parfois à la limite de la micro finance: les prêts de
l'ANGEM démarrent à moins de 30 000 DA jusqu'à 400 000 DA.

12
Au 30-10-2009, l’ANGEM a financé 131 365 projets, dont 90% selon la formule PNR ET 9,6%
selon la formule mixte. 53% de ces crédits ont étés accordés à des femmes (dont 70% sous la forme PNR) et
47% à des hommes. Les secteurs d’activités financés sont principalement l’artisanat et les services. Le taux
de remboursement est de 38%.

On peut apprécier ce manque d’implication des banques à travers le décalage entre le nombre de projets
avalisés par les agences en charge des dispositifs d’aide à la micro-entreprise et ceux qui ont obtenu un
financement. Sur un total de 342 957 dossiers retenus par l’ANSEJ pour une création de 954 000 emplois,
seuls 90 219 projets, soit moins d’un tiers, a bénéficié d’un crédit bancaire (tableau 2). Les chiffres sont
encore plus bas lorsqu’on s’intéresse aux entreprises réellement créées. Sur la période 2000/2003, 20 000
projets sont présentés pour financement à la Banque Nationale d’Algérie qui en a accepté 9 000, pour
finalement ne financer que 2 450 projets, soit
12,25% des dossiers qu’elle a reçus. De la même façon, le bilan de la CNAC au 31 décembre 2008, indique
que 61 414 dossiers ont été réceptionnés depuis avril 2004. Le nombre de dossiers déposés auprès des
banques est de 25 679, dont
14 064 ont reçu des notifications d’accord bancaires. Cependant, seules 10 261 entreprises ont été créées
(soit 39,9% de l’ensemble des dossiers qui ont abouti à la Banque), ce qui a permis l’offre de 26 590
emplois. En 2009, avec la signature de l'accord "éligibilité vaut financement" entre les banques et l'ANSEJ
a résolu ce problème.
Les organismes responsables des différents dispositifs n’évaluent pas les projets qui leur sont présentés avec
l’intérêt qui leur est dû. En général, ils ne procèdent pas à des études technico-économiques sérieuses et se
contentent d’assurer l’opération de routine de l’identification du demandeur et de son projet. L’appréciation
de la rentabilité de l’investissement, qui doit être l’élément essentiel du dossier dans la mesure où c’est elle
qui est censée motiver la décision de l’accord d’un crédit, est réduite à sa plus simple expression. Une
présentation de l’activité projetée par le candidat promoteur suffit pour obtenir une attestation d’éligibilité au
crédit. L’étude du dossier par l’agence se résume ainsi à une simple vérification des pièces d’état civil, ce qui
réduit la délivrance de l’attestation de conformité à une formalité. Ce manquement grave entache également
les autres dispositifs, en particulier, celui de l’ANGEM. Il n’est pas étonnant dans ces conditions que les
banques rejettent la majorité des projets qui leur sont présentés pour financement.

6.2.4. ONG Touiza


L’association Touiza a été créée en 1989 en s’inspirant d’une pratique ancestrale d’entraide et de solidarité
qui consiste à mettre en commun les efforts des membres d’une même communauté pour des travaux
d’intérêt général 1.
L’association Touiza compte 10 permanents, 20 experts bénévoles, 6 000 adhérents, elle est constituée de 3
pôles d’activités : Touiza animation jeunesse, Touiza développement et Touiza formation et étude Touiza,
développe depuis 10 ans des micros projets en faveur des personnes qui possèdent un potentiel professionnel
tout en étant dépourvu de moyen financiers.
a. Objectifs de la Touiza en matière de développement durable par l’insertion
Touiza vise l’insertion par la création d'activités économiques qui permettront l’autonomie des personnes
marginalisées par le travail et le salariat, puis la lutte contre la pauvreté est clairement identifiée comme étant
l’ultime objectif.
Celui-ci peut être atteint par différentes voies, selon les principes adoptés et les moyens disponibles. Pour la
Touiza, la société civile est partie prenante dans ce domaine et ceci grâce à ses organisations.

Pour atteindre l’objectif de l’insertion économique, trois principes de la micro-finance sont adoptés par la
Touiza : le principe de solidarité et de participation, le principe de l’accès des exclus aux services bancaires
et le principe de proximité géographique avec les bénéficiaires.
- Le principe de solidarité et de participation : la Touiza déploie beaucoup d’efforts pour toucher les
populations les plus marginalisées, son public cible est constitué de femmes et d’hommes issus aussi bien du
milieu rural que du milieu urbain.

1
Karima BOUDEDJA, Micro-finance et ONG : bilan et analyse du fonctionnement du dispositif de micro crédit à
l’ONG algérienne TOUIZA en vue de création d’une IMF, Thèse de Master of Science du CIHEAM - n° 92.
13
- Services pour les exclus : la Touiza offre vraiment des services destinés aux exclus, ce sont des services
financiers, tenant compte de l’absence de revenus voir de la présence de revenus très faibles. Il s’agit de la
possibilité d’emprunter de petites sommes (jusqu’à 20000 DA : 200 €), d’effectuer des remboursements
réguliers (mensuels), de bénéficier de différé de remboursement (de trois mois à un an), d’accéder au contact
direct avec des cadres de la Touiza qui effectuent
eux-mêmes les déplacements vers les bénéficiaires.
- Proximité géographique avec les bénéficiaires : C’est l’un des principes essentiels de la Touiza dans la
mesure où l’accompagnement est un service phare dans la gestion du microcrédit. Pour cela, la Touiza
dispose d’une pépinière d’entreprises à Boghni et d’un bureau permanent à Chéraga, dont les rayons
d’intervention sont très vastes, et envisage d’en créer deux autres (Sidi Abdellah et Boumerdes).

Un programme se propose de permettre à des jeunes et des femmes défavorisées de démarrer un métier et
d’aller vert une micro activité voir une micro entreprise dans les domaines de production de biens et services.
Depuis 1996, Touiza s’appuyait sur les crédits solidaires pour atteindre les objectifs suivants :
 Promouvoir l’action volontaire ;
 Susciter chez les jeunes un esprit pionnier dans tout les domaines notamment ceux relatifs à
l’éducation, la formation, et la création ;
 Développer chez les jeunes un esprit d’entre aide et de solidarité ;
 Encourager la création des petites entreprises de coopératives afin de promouvoir l’économie
sociale ;
 Développer les activités d’animation socioculturelles dans les établissements spécialisés de prise en
charge des personnes âgées, des handicapés et des inadaptés sociaux ;
 Elaborer des projets socio économiques visant à réduire le déséquilibre entre les régions notamment
entre le Nord et les régions des hauts plateaux et du Sud par la mise en valeur des potentialités
économiques à travers la création d’activité de production agricole et d’élevage ;
 Participer aux actions de protection de l’environnement, de lutter contre les maux sociaux par des
activités éducatives.

b. Les modes de financements de l’association Touiza

Modalités de Montant du La participation financière Les garanties Les intérêts


financement prêt du bénéficiaire
Prêt  Les L’association
solidaire bénéficiaires sont TOUIZA
garantis par un tiers n’accorde pas
d’intérêts sur les
350 000 Apport crédits qu’elle
personnel du bénéficiaire de accorde (prêts non
micro crédit varie de rémunérés.)
Prêt 5 à 20 %  Aucun autre
individuel type de garantie n’est
demandé

Source : Karima BOUDEDJA, Micro-finance et ONG : bilan et analyse du fonctionnement du dispositif de micro
crédit à l’ONG algérienne TOUIZA en vue de création d’une IMF, Thèse de Master of Science du CIHEAM - n° 92.

L’idée d’accorder des prêts a surgi à la Touiza, en 1996, suite à un don en équipements (machines à coudre,
micros ordinateurs, mallettes d’outils etc.) du comité catholique contre la faim et pour le développement. Ce
matériel destiné à être offert gratuitement a été cédé, après autorisation de l’ONG, sous forme de prêt à des
jeunes hommes et des jeunes femmes au chômage. A partir de là et suite à un don important du PNUD, le
fonds revolving a été créé ce qui fait de la Touiza la première organisation à introduire le microcrédit en
Algérie et elle a fait de cette activité sa principale méthode d’insertion économique des chômeurs pour la

14
lutte contre la pauvreté et pour le développement. Seulement, après une croissance fulgurante (création des
pépinières d’entreprises de Chéraga et Boghni, diversification des bailleurs de fonds, formation du personnel,
montage du projet de création d’une institution de micro-finance), plusieurs raisons, citées ci-dessous, ont
provoqué peu à peu la stagnation, puis le déclin de cette activité. Le fonds revolving a été bloqué en 2005, le
microcrédit est accordé seulement grâce aux budgets des projets. Théoriquement, l’évolution de la pratique
de la micro-finance doit aboutir à l’intégration dans le système bancaire formel.

Tableau n° 4 : le nombre bénéficiaires du microcrédit de la Touiza durant la période 1996-2005.

Nature de l’activité Nombre de crédit octroyé Nombre de crédit remboursé


et localisation

Rurale 273 158


Apiculture 166 116
Ovin/caprin 107 42

Urbaine 173 173

Total 445 245


Source: Touiza, 2006
Le bilan établi par la Touiza concernant la période 1996-2005, sur les bénéficiaires du microcrédit
fait part de 445 bénéficiaires, dont 38% de femmes et 273, soit une majorité de 61%, dans le milieu rural ceci
s’explique par le projet financé par le PNUD entre 1997 et 2002 qui a consisté à octroyer des microcrédits
pour le développement d’activités d’élevage notamment l’apiculture, l’élevage ovin et l’élevage caprin. Ces
activités ont continué à être financées après l’année 2002 sur fonds de la Touiza, surtout dans la région centre
du pays, principale zone d’intervention de l’association, notamment les wilayas de Tizi-Ouzou, d’Alger, de
Béjaïa, de Tipaza et de Blida.

Malgré ses insuffisances, la Touiza incarne la possibilité pour la société civile d’investir le domaine
de la micro-finance. Même si elle doit faire face à une réglementation contraignante, celle-ci doit répondre
aux différents besoins des populations en leur offrant des services aussi bien financiers que non financiers
adaptés
7. Observations, opportunités et perspectives de développement
7.1. Observations
Malgré les efforts déployés par les pouvoirs publics en matière de lutte contre le chômage à travers les
différents dispositifs d’insertion sociale des populations défavorisées, la micro-finance en Algérie présente
des limites qui entravent la réalisation des objectifs de lutte contre l’exclusion sociale et le développement
durable.
- La micro-finance en Algérie se limite au microcrédit
Les pauvres ont besoin de toute une gamme de services financiers et non pas seulement de prêts. Selon la
situation dans laquelle ils se trouvent, les pauvres peuvent avoir besoin non seulement de crédit, mais aussi
d’instruments d’épargne, de services de transfert de fonds et d’assurances.
- Le manque de capacités institutionnelles et humaines constitue le principal obstacle
La micro-finance est un domaine spécialisé qui conjugue les services bancaires à des objectifs sociaux, et un
renforcement des capacités est nécessaire à tous les niveaux, des institutions financières aux instances de
réglementation et de contrôle et aux systèmes d’information, jusqu’aux organismes de développement de
l’État et aux bailleurs de fonds.
- Les bénéficiaires ont des difficultés à remplir les conditions d’accès au microcrédit
Le bénéficiaire d’un microcrédit dans le cadre du dispositif ANGEM doit constituer 10 % d’apport
personnel, 1% de droit d’adhésion et 1% de prime annuelle de risque au fonds de garantie. Les catégories de
populations pauvres ne disposent généralement pas d’une épargne pour libérer les 10 % d’apport personnel et
15
sont obligées de recourir à des parents et amis, ce qui génère ainsi un endettement informel. Cela entraîne
sans doute l’exclusion des plus pauvres. En plus de L’absence de garanties de la part des catégories sociales
pauvres de la population.
- Le microcrédit en Algérie présente des particularités
Les candidats aux dispositifs d’insertion économique sont obligés de contribuer au financement du projet, ce
qui exclut les plus démunis. Autre particularité du microcrédit en Algérie, le montant est très souvent
supérieur à 500 €.
- La lenteur dans la mise en œuvre des procédures du microcrédit par les banques
L’expérience avec certaines banques montre des délais importants entre le dépôt d’une demande et la
décision allant de 3 mois à plus d’un an. Les dossiers de demande de microcrédit instruits par les agences
sont transmis à la succursale souvent éloignée, avant de redescendre à l’agence pour notification de la
décision1.
- manque d’implication des banques dans le financement de micro-entreprises, en 2008, par exemple,
sur un total de 342 957 dossiers retenus par l’ANSEJ, seulement un tiers a bénéficié d’un crédit
bancaire.
- Le faible taux de recouvrements des montants alloués
Les banques et les différents organismes chargés du microcrédit rencontrent des difficultés qui affectent leur
taux de recouvrement. Au 30 /10 /2009, le taux de remboursement affiché est de 60 % des crédits ANSEJ et
ne dépasse pas 38 % dans le cas de l’ANGEM.

- Absence de vision d’une gestion privée du microcrédit


Le microcrédit est aujourd’hui l’affaire des institutions publiques, les initiatives privées n’existent pas. En
dehors des banques, dont on voit bien les limites de l’intervention telles que notamment leur incapacité à
gérer une grande masse de microcrédit non rentable pour elles, il n’y a pas d’expérience d’approche privée
du microcrédit. L’Algérie paraît isolée dans la sous-région par rapport aux évolutions du microcrédit et de la
micro-finance dans les pays voisins. L’acquisition d’une connaissance des expériences des pays voisins en
matière de micro-finance est un obstacle à lever.
- Forte centralisation des lieux de décision
Il existe une forte centralisation des lieux de décision au niveau public national et aux niveaux des instances
publiques des Wilayas. Les actions menées à la base ont relativement peu d’autonomie. De ce fait, la société
civile, et en particulier au niveau rural, est peu organisée : les groupements et associations, sont peu
nombreux et ne semblent pas faire partie des habitudes des ruraux.
- Le microcrédit n’est pas toujours la solution
L’octroi de microcrédits n’est pas nécessairement une solution adéquate pour tout le monde ou dans
toutes les situations. Les indigents et ceux qui souffrent de la faim, qui n’ont ni revenus ni moyens de
rembourser un emprunt doivent recevoir d’autres formes de soutien avant de pouvoir emprunter.
Souvent, il vaut mieux faire de petits dons, améliorer les infrastructures, mettre en place des
programmes d’emploi et de formation et fournir d’autres services non financiers pour lutter contre la
pauvreté. Dans toute la mesure du possible, ces services non financiers doivent aller de pair avec la
constitution d’une épargne.
- Résultats non satisfaisants réalisés par l’association Touiza
Seulement 445 bénéficiaires pendant 10 ans et une zone d’intervention limitée à quelques localités de la
région centre du pays. L’activité de l’association a atteint des limites qui ne lui permettent pas de répondre à
la demande des candidats au microcrédit. Ces limitent s’expliquent par :
- l’utilisation du fonds revolving pour financer d’autres activités, notamment d’animation,
- le départ récurent des cadres crée une perte considérable de la capitalisation de l’expérience et de
l’information,
- l’absence d’une réelle stratégie de communication et d’information,
- la difficulté à organiser des formations pour les bénéficiaires en dehors des projets.

- Un secteur évolutif mais demeure en retards par rapport au pays du Maghreb

1
Yves FOURNIER, Algérie : passer du Microcrédit à la micro-finance pérenne, Institut de Recherches et
d’Applications de Méthodes de développement IRAM, Paris, 2002.
16
Les pays Maghrébin ont montré de l'intérêt à cette approche du développement durable. De nombreuses
institutions de micro-finance ont émergé.
→ Au Maroc
La micro - finance s'est introduite au milieu des années 1990 au Maroc comme instrument essentiel de la
lutte contre la pauvreté. Elle a connu un essor rapide, grâce à l’appui du gouvernement marocain qui a
fourni un cadre clair à son développement à travers la Loi 18/87 relative à la micro-finance de 1999. Selon
les estimations de la Banque du Maroc au 31 décembre 2009, 12 associations de microcrédit aident 924
966 de personnes défavorisées à développer des activités génératrices de revenus grâce au microcrédit.
Parmi elles, 64% sont des femmes.
→ En Tunisie
La Tunisie compte 282 associations dédiées au microcrédit, mais elles ne sont pas autonomes et dépendent
toutes de la Banque tunisienne de solidarité (BTS) a accordé 11 234 crédits pour des microprojets en 2009.
Depuis sa création jusqu'à 2009, son bilan se chiffre à 870 millions de DT pour 466 000 prêts subventionnés
par l’État et répartis sur tout le territoire national.
7.2. Opportunités et perspectives de développement
Au regard des faiblesses de la micro-finance en Algérie, et Pour que la micro-finance joue convenablement
son rôle dans la lutte contre la pauvreté, les pouvoirs publics et les partenaires qui les soutiennent doivent :
Principales recommandations destinées aux décideurs politiques :
1. L'intervention publique est indispensable au bon fonctionnement de la micro-finance. Dans ce contexte,
l'intervention publique doit jouer un rôle primordial dans l'essor de la micro-finance en se positionnant
comme le garant d'une certaine équité dans la lutte contre l'exclusion financière. Les décideurs doivent
admettre que la micro-finance est un outil clé de réduction du chômage, de lutte contre la pauvreté et de lutte
contre l’exclusion sociale et financière.
2. Admettre que la micro-finance est une notion plus vaste que le simple octroi de crédit. Elle inclut
également toute une série d’autres services financiers tels que l’épargne, l’assurance et le crédit-bail.
Cependant, d’autres actions telles que l’offre de services de développement économique et l’éducation
financière sont nécessaires pour combattre tous les aspects de l’exclusion sociale et financière. Ces actions
vont permettre de renforcer les opérations engagées par les institutions de micro-finance (IMF), permettant
d’en augmenter l’impact, ce qui va accélérer le processus d’inclusion.
3. L’adoption dans les meilleurs délais d’une politique et d’une stratégie nationale pour la micro-finance et la
mise en place d’un organe de pilotage de la stratégie nationale pour assurer une meilleure coordination des
actions au sein du secteur et donner l’impulsion pour créer l’environnement favorable au développement des
activités de micro-finance.

4. Promouvoir la participation des banques commerciales dans l’offre des services financiers directs à la
population démunie, et/ou en partenariat avec les IMF spécialisées.
5. Encourager la participation du secteur privé dans la construction d’un secteur viable et sain,
6. Appuyer la recherche sur l’impact de la micro-finance et sur les stratégies efficace du développement des
petites entreprises

7. Appuyer les programmes de recherche sur les produits financiers qui répondent aux besoins de la
population à faible revenu
Principales recommandations destinées aux opérateurs :
1. Développer une gamme de services et de produits répondant aux besoins des micro-entrepreneurs et des
individus bénéficiant de faibles revenus.
2. Améliorer leur capacité à maîtriser et à utiliser les indicateurs en vigueur dans les cadres d’évaluation
émergents ou déjà existants.
3. Créer une culture de l’innovation capable de répondre aux besoins d’un marché en constante évolution.
Principales recommandations destinées aux réseaux

1. Encourager la création d’un environnement favorable à la micro-finance


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2. Développer des partenariats avec les différents pays du monde, les ONG et les organismes privés afin de
soutenir les efforts communs en vue d’une meilleure inclusion sociale et financière.
3. Promouvoir le concept de micro-finance et en assurer une meilleure compréhension auprès de tous les
acteurs concernés et d’un plus vaste public.
Recommandations pour les bailleurs de fonds et les organisations d’appui :
1. Susciter et promouvoir des politiques, appuyer la mise en œuvre effective et efficace de la réglementation,
des structures légales pour la micro-finance, de la stratégie nationale et le fonctionnement effectif d’un
organe chargé de sa mise en œuvre efficace;
2. Pourvoir au financement d’organisations prometteuses et faciliter leur émergence en mettant fortement
l’accent sur la performance ; fournir des services techniques en matière financière, de formation et de
développement de capacité pour des institutions à divers stades ;
3. Soutenir le développement d’indicateurs de performances et procédures de notation au sein des institutions
de micro-finance ;
4. promouvoir les transferts de compétences et l'acquisition de connaissances entre les IMF, les banques et
les instances de régulation dans le but de diffuser les innovations et les bonnes pratiques ;
5. apporter un soutien aux instruments d’atténuation du risque de change afin de permettre la conversion des
fonds en devise forte en prêts en devise locale pour les IMF, à des prix raisonnables.

Conclusion

Pour autant, la légitimité de services financiers destinés aux pauvres et adaptés à leurs nécessités ne fait
aucun doute. Dans des contextes d'exclusion financière touchant non seulement les franges les plus pauvres
mais aussi les classes moyennes des pays en voie de développement, la micro-finance a permis de repousser
les barrières de l'accès à ces services.
Quand bien même la pauvreté ne serait liée qu'à l'accès aux services financiers, les potentialités de ces
derniers à impulser un cercle vertueux s'avèrent limitées. La micro-finance n'est en effet pas un remède
miracle qui, à lui seul, peut faire disparaître la pauvreté dans le monde mais les efforts sur le plan du micro-
financement à coté de plusieurs autres outils de développement économique et social, permettront quand
même de faire reculer ce phénomène.
Elle constitue également un puissant instrument de paix sociale. En effet, lorsque les pauvres peuvent
compter sur ces institutions pour lancer et développer des activités génératrices de revenu, ils s’éloignent de
plus en plus des vices qui naissent généralement de l’oisiveté tels que le vol et la criminalité.
Mais comme tout outil, elle peut avoir des effets pervers si elle est mal utilisée.

Bibliographie

1. BOUDEDJA Karima, Micro-finance et ONG : bilan et analyse diagnostic du fonctionnement du dispositif de


microcrédit à l'ONG algérienne Touiza en vue de la création d'une institution de micro-finance, Master of Science de
l’Institut Agronomique Méditerranéen de Montpellier, juillet 2007.
2. FOURNIER Yves, Algérie : passer du Microcrédit à la micro-finance pérenne, Institut de Recherches et
d’Applications de Méthodes de développement IRAM, Paris, 2002.
3. LELART Michel, De la finance informelle à la micro-finance, Editions des archives contemporaines, Paris, 2005.
4. SANANIKONE Ousa, La micro-finance et les objectifs de développement pour le millénaire, CGAP, Décembre
2002.
5. SERVET Jean-Michel, Banquiers aux pieds nus : micro-finance, Ed. Odile Jacob, Paris, 2006.
6. ZIADI Latifa, La micro-finance en Tunisie: une dynamique du développement durable, Revue internationale de
sociologie et de sciences sociales, Volume 7, N1, Tunisie, Hiver 2005.
7. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture, Service de la parité hommes-femmes et du
développement, Guide de la micro-finance, 2003.
8. Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’Agriculture, Micro-finance et petites entreprises forestières,
Rome, 2007.
9. Banque Européenne d’Investissement, La micro-finance : l’accès aux services financiers, un facteur fondamental
pour la protection et l’autonomisation des pauvres, 2008.

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