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Séance 4

Les caractéristiques des pays en développement


• lorsque l’on traite d’une économie sous-développée,
on a l’habitude d’énumérer un certain nombre de
caractéristiques communes soit quantitatives
(critères) ou/et qualitatives (typologie structurelle
historique) ; toutefois, une énumération même
exhaustive ne suffit pas à produire une définition
cohérente. Or c’est d’une définition dont la théorie a
besoin comme outil d’analyse. René GENDARME a
réuni 21 définitions du sous-développement, ce qui
est une bonne indication de la complexité du
phénomène mais également de sa diversité.
• Il est impossible de lister toutes ces définitions, mais
au moins trois semblent assez caractéristiques.
• La première est celle des Nations-Unies qui
comprennent le sous-développement comme « la non
exploitation optimale de toutes les ressources
économiques et humaines disponibles sur un
territoire ». La limite saute aux yeux car l’optimum de
mise en valeur se retrouve sur tous les espaces
territoriaux si tant est que ce concept ait un sens
scientifique
La deuxième compréhension, la plus usuelle,
assimile le sous-développement à un retard en
comparaison avec des pays qui ont atteint un
niveau avancé de production, de consommation
et d’échange. Cette vision est à la fois simpliste
et artificielle, ce que nous avons souligné dans le
découpage grossier des étapes de la croissance
de W.ROSTOW
• Une troisième tentative de définition provient des
structuralistes, F. PERROUX, C.FURTADO qui voient
dans le sous-développement un processus historique
autonome et non pas une étape par laquelle serait
passées les économies ayant déjà atteint un certain
stade supérieur de développement. Il est un
phénomène contemporain du développement,
conséquence de la façon dont la révolution
industrielle s’est déroulée jusqu’à nos jours ». Cette
définition n’est pas très éloignée de celle des
marxistes qui considèrent le sous développement
comme le produit du développement capitaliste, une
déstructuration sectorielle issue de la domination
impérialiste.
I/ La première caractéristique est la structure primaire
et dualiste

1) L’économie sous-développée est une économie dominée par des


activités productives primaires d’origine agricole et minière
Toutes les statistiques établissent qu’une
économie sous-développée se caractérise
par la prédominance des activités
économiques primaires d’origine agricole et
minière correspondant à la valorisation des
ressources du sol et du sous-sol. Ces activités
occupent la plus grande partie de la
population active et fournissent l’essentiel
de la production intérieure et des
En ce qui concerne la population active, plus
de 60%, sont concentrés dans le secteur
agricole et les exploitations minières. Le
secteur des industries de transformation
n’emploie qu’une très faible partie de cette
force de travail, tandis que l’on enregistre
dans beaucoup de pays à une hypertrophie du
secteur tertiaire composé essentiellement de
l’économie informelle qui a connu une
expansion extraordinaire dans la quasi-totalité
des PSD.
La conséquence de cette répartition de la population
active est une utilisation improductive de la force de travail
et, plus particulièrement, le chômage déguisé dans
l’agriculture qui se traduit par une productivité marginale
du travail nulle et une baisse du rendement par actif rural.
La situation de sous-développement est aussi révélée par
la structure primaire de la Production Intérieure du pays.
Celle-ci se compose principalement de produits agricoles
et miniers à savoir:

 Les produits agricoles servant à la subsistance de la


population ;
 Les matières premières agricoles affectées à
l’exportation;
 Les matières premières minières destinées à
l’exportation.

Quant à la production industrielle, sa part dans le PIB est


faible. Cette donne sectorielle sera approfondie dans
l’analyse des politiques économiques dans les deux
Enfin les exportations sont révélatrices de la
situation de sous-développement. Celles-ci se
concentrent sur un ou deux grands produits de base
(d'origine agricole ou minière). L’étude de la
structure de la production intérieure et des
exportations fait apparaître le caractère paradoxal de
la spécialisation dans les pays sous-développés : la
spécialisation est très forte par rapport au commerce
extérieur, mais elle est très faible par rapport au
marché intérieur, de sorte que ces pays doivent
importer de l’étranger certains produits de
consommation qu’ils ne réussissent pas à produire
eux-mêmes.
2°) Le sous-développement est marqué par un dualisme sectoriel
de l’économie

L’économie sous-développée est dualiste en ce sens


qu’elle comprend deux secteurs économiques
juxtaposés ayant de très faibles relations
interindustrielles : un secteur précapitaliste et un
secteur moderne d’essence capitaliste qui se subdivise
en un sous-secteur constitué d’un capitalisme étranger
et un sous-secteur capitaliste autochtone très
faiblement industriel, mais surtout commercial et
immobilier.
L’économie dualiste est une économie « désarticulée
» selon l’expression de M. François Perroux, c’est-à-
dire qu’il n’existe entre les deux secteurs que de très
faibles relations. Le premier secteur développé est
articulé au système mondial dont il est le
prolongement alors que le secteur autochtone stagne
et ne reçoit pas de l’extérieur les impulsions
nécessaires. L’étude du caractère dualiste et
désarticulé des économies sous-développées apparaît
mieux encore quand on discute du rôle joué par les
firmes étrangères dans le pays sous-développé : pour
apprécier ce rôle, on peut se placer à divers points de
vue de l’orientation des activités, de la distribution
des revenus, des investissements et au point de vue
social.
II/ La deuxième caractéristique est relative au
fonctionnement d’une économie sous-développée.
1°) le fonctionnement de l’économie sous-développée est instable.

C’est le premier trait caractéristique du fonctionnement d’une


économie sous-développée. Il se manifeste à un triple niveau celui
de la production, des exportations et des termes de l’échange.

D’abord concernant la production, son instabilité provient de la


forte corrélation de la production agricole aux aléas de la nature :
de bonnes récoltes peuvent alterner avec de mauvaises. Pour ce qui
est de la production minière, son volume est fonction du volume
des exportations, qui elle-même dépend de la demande extérieure
des acheteurs étrangers et des firmes étrangères qui dressent des
plans de production pour l’ensemble de leur espace mondial
d’implantation, sans tenir compte des intérêts particuliers des pays
producteurs où elles exercent une partie de leurs activités.
Ensuite pour ce qui est des exportations : les débouchés sont
soumis à de fortes fluctuations liées à plusieurs facteurs qui
échappent complètement aux pays producteurs : fluctuations du
volume des exportations ainsi que celles des prix. Les
conséquences de cette instabilité dans les exportations sont
graves pour l’économie sous-développée : évolution erratique
des recettes d’exportation qui provoquent d’une part des
fluctuations décalées dans les importations et aggravent d’autre
part la situation générale de l’économie sous-développée en ce
sens que les phases d’expansion favorisent le développement de
productions marginales ou additionnelles qui provoquent en fin
de compte une surproduction. De plus, l’instabilité des prix des
produits exportés incite les acheteurs étrangers à développer les
produits de substitution (produits synthétiques) qui ont des prix
prévisibles et facilitent ainsi le calcul des coûts de production.
Enfin, dans le domaine des termes de l’échange sur
lesquels nous reviendrons plus en détail, dans le cas
des PSD, les prix à l’exportation sont, en première
analyse, les prix des produits primaires ; les prix à
l’importation sont les prix des produits manufacturés
importés. Dans ce contexte, l’instabilité des prix à
l’exportation des produits primaires explique
l’instabilité des termes de l’échange de ces PSD. Le
phénomène le plus important en ce qui concerne les
termes de l’échange est leur évolution de longue
période qui peut être caractérisée par deux
mouvements opposés : la détérioration et
l’amélioration.
2°) le fonctionnement dépendant de l’économie.
L’économie des PSD est triplement dépendante de
l’extérieur. Globalement ce sont des économies qui
fonctionnent par et pour l’économie mondiale.
La première dépendance se manifeste vis-à-vis des
grandes firmes multinationales qui exploitent les matières
premières agricoles et minières et qui en assurent les
exportations. Cette dépendance est la conséquence de la
spécialisation.
La seconde dépendance concerne les importations de
biens manufacturés et de services. En analysant les
importations des PSD, on constate trois postes importants:
les biens d’équipement et de consommation intermédiaire
destinés aux industries locales ; les importations de
produits alimentaires destinées à couvrir le déficit
alimentaire ; les biens de consommation finale de luxe de
Cette dernière catégorie de biens de consommation a
fait l’objet de plusieurs réflexions à cause de son
incidence négative sur l’équilibre extérieur. À l’heure de
la mondialisation, beaucoup de moyens permettent le
jeu de l’effet de démonstration et un mimétisme de
consommation se traduit dans les pays sous développés
par une aspiration à des niveaux de vie de type
américain ou européen. Cet effet entraîne un
accroissement des importations de biens de
consommation, souvent non essentiels, ce qui provoque
des déséquilibres de la balance des paiements et une
utilisation improductive des devises obtenues par les
exportations ou par l’aide extérieure.
La troisième dépendance est relative aux importations
de capital en provenance de l’étranger. Le déficit
d’épargne contraint les PSD à recourir aux
Investissements Directs Étrangers pour financer les
investissements, à l’Aide Publique au Développement et
aux divers prêts des Institutions Financières
Internationales
III/ La troisième caractéristique : le sous-développement comme
incapacité à briser le « Cercle Vicieux de la Pauvreté »
Le cercle vicieux de la pauvreté se définit comme une
sorte de causation circulaire selon laquelle la pauvreté
engendre la pauvreté à travers des revenus très faibles et
en conséquence une épargne faible pour permettre un
investissement substantiel générateur de croissance,
donc d’accroissement des revenus. Tout se passe comme
s’il existait des mécanismes qui empêcheraient le pays
sous-développé de connaître un accroissement d’activité.
Cette notion peut revêtir deux aspects : un aspect
stationnaire qui induit ce que R. NURKSE appelle un
équilibre de sous-développement et un aspect
dynamique à partir de processus cumulatif renforçant la
constellation circulaire de forces maintenant l’économie
sous développée en état de pauvreté.

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