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Deuxième Année
Année scolaire : 2002-2003
Cours d’Economie Politique
Professeur : Moubarack LO
Eléments de cours
Introduction :
Il n’y a plus, s’il y en avait d’ailleurs, une seule économie dans le monde où il existe
un laissez-faire total ou un dirigisme absolu.
Il est néanmoins admis, par la quasi-totalité des pays du monde, surtout depuis la chute
du Mur de Berlin en 1989, que les mécanismes du marché sont plus appropriés pour accélérer
la croissance et le développement. Même si l’Etat conserve une place importante, en tant que
complément du marché et correcteur de ses imperfections et insuffisances.
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I.2. Les imperfections du marché
Toutes ces insuffisances appellent peu ou prou une intervention de l’Etat pour les
corriger. Mais, les pouvoirs publics doivent veiller à utiliser des modalités adaptées pour
éviter d’empirer la situation plutôt que de l’améliorer.
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Mais il ne faut pas tomber dans la tentation de diaboliser l’Etat, en remplaçant
l’imperfection du marché par l’inévitable imperfection de l’Etat, et en suivant les
néoclassiques qui vont jusqu’à demander à l’Etat de se mettre carrément à l’écart de la
conduite de la croissance et du développement.
En vérité, l’Etat peut et doit conserver des missions qu’il est le seul à pouvoir remplir.
Nous les passerons en revue tout à l’heure.
Comme l’ont prouvé les pays asiatiques, il y a derrière tout succès économique, une
intervention efficace de l’Etat-stratège. L’enjeu est donc moins le poids de l’Etat dans
l’économie (la quantité) que la qualité, la pertinence et l’efficacité des actions qu’il mène. Les
questions à se poser donc sont : quel type d’intervention ? Que peut faire l’Etat de mieux ?
Nous allons y répondre dans les points qui suivent.
Les pouvoirs publics ont la responsabilité de bâtir une vision et un projet de société,
dessinant le futur souhaitable et capable de mobiliser l’énergie des citoyens. Pour un pays en
développement comme le Sénégal, l’urgence première, c’est de sortir de la pauvreté et
d’accélérer la croissance et le développement.
Certains pays ont réussi à bâtir avec succès une telle vision. Exemples (Malaisie :
Vision 2020 : être un pays pleinement développé à l’horizon 2020)
Le Sénégal doit faire de même. Par exemple, viser à atteindre le stade de pays
émergent en 2010, c’est à dire un pays à croissance forte (à deux chiffres), attractif pour les
investissements internationaux, pleinement intégré dans l’économie mondiale par ses
capacités d’exportations.
A plus long terme, définir des objectifs plus ambitieux dans le cadre de l’étude
prospective Sénégal 2025 en cours de préparation.
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2. Inflation maîtrisée : viser moins de 3 %. Agir par
l’instrument monétaire (politique prudente de crédit de la
Banque Centrale) et la maîtrise des coûts dans l’économie
3. Taux de change réaliste (préserver compétitivité) : la
dévaluation a été menée pour cause de perte de
compétitivité.
4. Balances extérieures soutenables.
Note : Les économistes divergent sur le comportement que l’Etat (et les autorités monétaires)
doivent adopter dans la gestion du cadre macro-économique.
2ième divergence : Faut-il mettre en place des règles ou mener une politique discrétionnaire ?
Les tenants des politiques discrétionnaires insistent sur la souplesse de réaction que celles-ci
offrent aux responsables politiques face à une série de situations imprévues.
Les tenants des politiques régies par la règle se méfient du processus politique. Ils sont
convaincus que les hommes politiques commettent de fréquentes erreurs dans la conduite des
politiques économiques et que de surcroît, ils utilisent souvent celles-ci pour poursuivre leurs propres
fins politiques (phénomène du « cycle électoral ») . Selon eux, la règle annoncée de politique
économique est seule capable de résoudre le problème de l’incohérence dans le temps (non respect des
engagements annoncés : ce qui pose le problème de la crédibilité des autorités politiques et
monétaires).
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2. Le cadre juridique et judiciaire :
- viser la célérité, la sécurité (applications décisions, respect
contrats et propriété privée) ainsi que la transparence : un
ambitieux programme de réforme juridique est en cours de
préparation à cet égard. D’ores et déjà, une loi sur l’arbitrage
a été adoptée en 1998 et un centre d’arbitrage mis en place à
la Chambre de Commerce de Dakar
- réduire les coûts des transactions : c’est ainsi qu’une loi
portant réduction des coûts de constitution des sociétés
(notamment des PME) a été adoptée en 1994.
3. La politique de déréglementation
Les modèles économiques empiriques ont montré qu’il existe une forte corrélation
entre la croissance économique et le niveau de développement du capital humain. Ceci
explique l’importance accordée par les pouvoirs publics à la politique de développement des
ressources humaines.
Pour le Sénégal, les orientations stratégiques et les actions suivantes sont mises en
œuvre:
- Education : scolarisation universelle, alphabétisation des adultes, enseignement
technique et professionnel. Voir efforts chiffrés et indicateurs de progrès.
- - santé : priorité aux soins de santé primaires. Voir efforts chiffrés et indicateurs de
progrès.
- Nutrition : programme de nutrition communautaire destiné aux enfants en bas âge ;
programme « food for Work » du PAM.
2. La technologie
- développer la recherche nationale et le développement des
technologies appropriées
- organiser le transfert de technologie
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3. Les infrastructures
- eau, électricité, téléphone, routes, ports et aéroports: responsabilité
première de l’Etat, mais nouveaux modes de réalisation par le
secteur privé (BOT)
- en termes de méthode, noter que l’Etat fait une analyse coûts-
bénéfices sociaux, avant d’engager des investissements publics
- relever que les efforts importants effectués ces dernières années,
grâce à l’augmentation du Budget Consolidé d’Investissement et à
la signature d’importants programmes sectoriels avec la coopération
internationale (exemple transports : PST II)
En réalité, il faut un peu des deux. Les pouvoirs publics doivent par
exemple :
- mettre sur pied des institutions d’appui aux secteurs productifs, pour
faciliter leur développement technique et leurs exportations (en leur
donnant notamment des informations stratégiques sur les marchés
extérieurs)
- veiller à l’existence de mécanismes adaptés de financement de leurs
activités
- réaliser les infrastructures d’attrait et d’accompagnement.
La question qui reste pendante est de savoir si l’Etat doit réserver une
discrimination positive à certaines grappes particulièrement porteuses
(par exemple les nouvelles technologies de l’information). A condition
que ces faveurs concernent toute la grappe, et non une entreprise
particulière (comme cela était le cas avec les conventions spéciales), la
réponse peut être positive.
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- la privatisation permet de promouvoir l’initiative individuelle et l’éclosion de
PME-PMI, de développer de nouvelles technologies et de nouveaux marchés,
grâce à l’arrivée dans le capital des entreprises de partenaires de référence.
Conclusion :
En définitive, pour un pays pauvre comme le Sénégal où tout reste à mettre à niveau,
le bon Policy-mix doit forcément faire converger marché et Etat-stratège, liberté et
régulation, incitation et volontarisme
Ce qui est important, c’est de créer une synergie entre l’Etat et le secteur privé, avec
des pouvoirs publics qui mettent en place des règles et qui influencent positivement les
décisions du secteur privé dans le sens des intérêts stratégiques nationaux, en termes de
croissance et de développement.