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Chap 1: Pourquoi l’éco de marché s’est-elle imposée?


➔ Les rôles des prix : rôle informationnel, rôle autorégulateur, rôle incitatif

➔ L’intervention de l’Etat sur les prix


Partir de la notion de l’Etat-providence ensuite aux trois fonctions de
l'interventionnisme et analyser comment toutes réglementations sur l’offre et la
demande pourraient avoir une influence sur le prix. A titre d’illustration on se servira
des politiques sur l’économie européenne et américaine.

➔ Les principes du capitalisme


Le capitalisme est un système économique caractérisé par la propriété privée des
moyens de production et la liberté de concurrence.

Le capitalisme repose sur les piliers suivants :


• la propriété privée, qui permet aux individus de posséder des biens matériels
(terres, maisons) et immatériels (actions, obligations);
• l’intérêt personnel, qui pousse les individus à agir selon leur propre avantage,
insensibles à la pression sociopolitique. Ces individus non coordonnés finissent
néanmoins par profiter à la société comme s’ils étaient guidés par une main invisible,
comme le dit Adam Smith dans La Richesse des nations (1776);
• la concurrence, qui, en laissant les entreprises libres de pénétrer et de quitter le
marché, maximise la prospérité sociale, c’est-à-dire la prospérité commune des
producteurs et des consommateurs;
• un mécanisme de marché qui détermine les prix d’une façon décentralisée par les
interactions entre acheteurs et vendeurs : les prix déterminent ensuite l’affectation
des ressources, naturellement en vue d’atteindre la plus grande satisfaction, non
seulement pour les biens et les services, mais aussi pour les salaires;
• la liberté de choix en matière de consommation, de production et
d’investissement : un client mécontent peut acheter d’autres produits, un
investisseur placer son argent dans un projet plus lucratif, et un travailleur quitter son
emploi pour un autre mieux rémunéré;
• le rôle limité des pouvoirs publics, qui doivent protéger les droits des citoyens
et maintenir un environnement propre à favoriser le bon fonctionnement des
marchés. En fonction du degré de force de ces piliers, on distingue différentes
formes de capitalisme.

➔ Le libéralisme et l’interventionnisme

1) La vision libérale : le marché est roi

Cette théorie se base sur la notion de « Main invisible » qu’Adam Smith en 1776
dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. A savoir
l’idée que le marché est le plus souvent le moyen de régulation le plus efficace qui
existe. La recherche par chacun de son propre intérêt conduit à l’intérêt général.
Pour les néoclassiques, un dérèglement durable et généralisé de l’économie est
alors impossible car le mécanisme de marché revient toujours à son équilibre qui
optimise le bien être des agents.
Selon Adam Smith, la régulation par le marché doit se faire seule, la relation entre
l’Etat et le marché doit être limitée au maximum. L’Etat doit être minimal et s’en tenir
aux fonctions régaliennes (police, justice, administratif etc). Mais l’Etat ne doit
surtout pas intervenir dans l’économie pour réglementer le marché. Les mécanismes
de marchés (Offre et demande) assurent alors la conciliation entre intérêts de
chacun et intérêt général.

2) La vision keynésienne : l’intervention de l’Etat sur le marché est nécessaire


Pour John Maynard Keynes, en admettant que les comportements individuels soient
rationnels, cela ne conduit pas toujours à une situation optimale. En période de
ralentissement économique, et surtout de ralentissement de la demande, la baisse
de certains prix à la consommation encourage les ménages à différer leurs achats
pour profiter de la réduction des prix qu’ils anticipent et qui résulte de la loi de
marché. Ainsi, ils participent à l’entretien de la spirale récessionniste.
Alors que la théorie néoclassique enseigne que le marché est parfait et que les
déséquilibres ne peuvent qu’être temporaires et partiels. Keynes, au contraire,
pense que la crise est due à l’inefficacité de la régulation par le marché. L’exemple
le plus connu de l’époque restera celui de la crise de 1929 où il faudra une
intervention Étatique de grande ampleur (sous Roosevelt) après un déni total du
gouvernement précédent.
Ainsi, Keynes préconise une intervention de l’Etat et une intensification de la relation
entre le marché et l’Etat. Ce dernier doit se substituer au marché lorsqu’il est
déficient et mettre en œuvre des politiques économiques conjoncturelles.

II – La triple crise de l’Etat providence depuis les années 1970

L’intervention de l’Etat dans l’économie a pris beaucoup d’ampleur après 1945,


notamment avec la généralisation des systèmes de Sécurité sociale et la mise en
place des politiques de redistribution des revenus. Mais le ralentissement de la
croissance dans les 1970s suscite des remises en question de cette relation entre le
marché et l’Etat. C’est à cette époque que P. Rosanvallon publie La crise de l'État-
providence (1981). Cette crise est de 3 ordres : solvabilité, efficacité, légitimité.

1) Une crise de solvabilité

Le financement de la protection sociale est rendu de plus en plus difficile.


Premièrement, les besoins sociaux sont croissants. Deuxièmement, les dépenses
d’allocation chômage et d’assistance aux chômeurs de longue durée augmentent en
raison de la hausse du chômage et de sa durée. Enfin, les dépenses de retraite
augmentent du fait de l’évolution démographique, de l’allongement de l’espérance
de vie et du développement des préretraites.

2) Une crise d’efficacité

Malgré l’effet redistributif de la protection sociale et la prétendue garantie de l’égalité


des chances scolaires grâce aux services collectifs, les inégalités se creusent, ce qui
pose la question de l’efficacité du système de lutte contre les inégalités
(prélèvements et prestations).
« L’équation keynésienne s'essouffle : les politiques de relance, à l’instar de la
relance Mauroy (1981), aggravent les déficits publics. De plus, l’Etat social peine de
plus en plus à couvrir certains risques sociaux ; ce faisant, « l’insécurité sociale » (R.
Castel) s’accroît.
Enfin, en économie ouverte, l’Etat fait face à un dilemme : soit sa fiscalité est lourde,
auquel cas certes il assure une protection sociale élevée à ses citoyens et peut
également attirer de la main-d’œuvre étrangère en contrepartie de quoi il risque de
faire fuir les capitaux (évasion fiscale, délocalisation des entreprises), soit la fiscalité
est plutôt faible, dans ce cas les entreprises étrangères ainsi que les hauts revenus
peuvent être attirées, mais la protection sociale et les infrastructures sont alors
moins importantes.

3) Une crise de légitimité (crise philosophique)

Les mécanismes impersonnels de prélèvements et de prestations sociales,


caractéristiques de l'État-providence, ne satisfont plus des citoyens à la recherche
de relations moins anonymes et d’une solidarité davantage basée sur des relations
interindividuelles, cad une solidarité pointée, individuelle, et non plus collective. De
plus, les aides sociales telles que le revenu minimum ou les allocations sociales,
conformément aux intuitions néoclassiques, maintiennent rationnellement le
travailleur dans des « trappes à inactivité » (particulièrement pendant les 1990s), il
s’agit là d’une évolution paradoxale des politiques sociales : partant d’une situation
où elles devaient soutenir le plein emploi, elles ont peu à peu été utilisées pour
retirer les individus du marché du travail.

➔ L’économie de marché(s)
Les avantages et inconvénients d’une économie de marché
Selon ses défenseurs, l’économie de marché est la forme d’organisation
économique la plus efficace qui soit. Les individus et organisations sont incités à
l’effort et à l’innovation pour maximiser leur bénéfices personnels. Il en résulte des
gains de productivité bénéfiques à l’ensemble de l’économie.
Les défenseurs de l’économie de marché pointent aussi le fait que les formes
d’organisation alternatives, plus encadrées et pilotées par la puissance publique se
sont effondrées sous le poids de leur inefficacité (URSS) ou ne parviennent pas
améliorer sensiblement le niveau de vie de la population (Cuba).
De plus, l’économie de marché renforce la liberté des individus en leur laissant le
choix du travail qu’ils veulent occuper et de la manière dont ils souhaitent dépenser
l’argent gagné.

Cependant, une économie de marché pose certains problèmes. La concurrence


exacerbée rejette les individus les plus vulnérables, les contraignant à la pauvreté ou
à occuper des emplois très faiblement rémunérés. Ainsi, les pays tendant vers la
forme d’économie de marché la plus aboutie, comme les États-Unis, cumulent une
immense prospérité avec des poches de pauvreté et de larges inégalités.
Les entreprises recherchant leur seul profit, elles ne sont pas non plus incitées à se
préoccuper des conséquences négatives de leurs actes (on parle en économie
d’externalités négatives). Ainsi, sans régulation appropriée, une économie de
marché risque de générer de la pollution ou le gaspillage des ressources naturelles.

Autre exemple de gaspillage possible directement lié à l’économie de marché : la


publicité qui certes fait vivre une petite partie de l’économie (le secteur publicitaire au
sens large) mais représente des dépenses improductives qui pourraient être mieux
utilisées ailleurs. L’économie de marché ne permet pas toujours la meilleure
allocation des ressources.

Chap 2: Quelles sont les dynamiques contemporaines de la concurrence et de la


compétition entre les firmes sur les marchés ?

★ Les structures de marché et l’intensité concurrentielle /La concurrence


parfaite et imparfaite
★ La contestabilité d’un marché

Le marché contestable est un marché sur lequel la concurrence potentielle (la «


menace » d’entrée d’une entreprise concurrente) garantit les prix concurrentiels,
même si le marché est en réalité dominé par une seule ou par plusieurs entreprises.
Ce modèle théorique a été énoncé par les économistes William Baumol, John
Panzar et Robert Willig en 1982.

La théorie

Les conditions pour que le marché soit contestable

1. L'entrée sur le marché est libre, gratuite, et absolue : pas de barrières


juridiques, technologiques, ni financières ; l’entrée est immédiate
(l’entreprise monopoleur n’a pas de temps pour réagir) et l’entreprise
entrante est en position d’égalité avec l’entreprise ancienne (l’accès
égal aux moyens de production, au savoir-faire, les consommateurs
peuvent choisir librement).
2. La sortie du marché est libre et sans coût : pas de barrières juridiques ;
coût fixes parfaitement recouvrables (peut être récupéré à la sortie du
marché, moins l’usure), donc pas de coût irrécupérable (sunk costs).
3. L'existence d’une entreprise désirant entrer sur le même marché

Ces conditions encouragent le comportement de l’ « entrée fugitive » (Hit and Run


behaviour) : l’entreprise entre sur le marché pour une courte période pour récupérer
le profit et se retire après.

● Le fonctionnement d’un marché parfaitement contestable


1. La simple pression exercée par la possibilité d’entrée (concurrence
potentielle) maintient les prix et les profits à un niveau efficient même
en l'absence de concurrence au sens classique (grand nombre
d’entreprises)
2. Si le monopole fait un profit important sur un marché contestable, une
entreprise concurrentielle entre sur le marché, propose un prix plus
bas, du coup l’entreprise originelle subit des pertes, doit baisser les
prix, et le concurrent se retire (hit and run).
3. Donc le monopole va maintenir les prix au niveau du coût marginal –
son profit est théoriquement nul.

Le marché est parfaitement concurrentiel sans un grand nombre de concurrents.

Limites

● L’existence des barrières à la sortie : en réalité, les coûts irrécupérables


existent toujours, ne serait-ce que la publicité. La présence de coûts fixes
importants sur un marché est de surcroît une source d'apparition de
situations de monopoles
● Impossibilité pratique d’une entrée libre et absolue sur le marché : le
monopoleur est toujours avantagé. Par la taille (il fait des économies
d’échelle ; si l’entrée est marginale, alors elle n’oblige pas les autres
firmes à baisser les prix). L’entreprise ancienne a un avantage
d’expérience (l’information technique) et de notoriété.
● Les stratégies de défense :
○ la guerre des prix : l’entreprise fait baisser le prix jusqu’au coût
marginal (elle continue à faire des profits sur les dernières unités
vendues), donc prix inférieur au coût moyen.
○ le cumul de stock : l’entreprise et les concurrents produisent plus
qu’ils ne vendent afin de pouvoir lancer des quantités
importantes de biens sur le marché au moment de l’entrée d’un
nouveau concurrent ;cela détruirait les prix, cela ne permettrait
pas à l’entrant de récupérer ses coûts d’entrée/sortie.
○ L’utilisation des prix limites : les concurrents sur le marché
pratiquent « le prix le plus élevé qui décourage l’entrée » ; il
correspond au coût pour l’entrant qui entraîne un profit nul par
l’entrée.
Il y a donc très peu de marchés parfaitement contestables. De plus, selon Robert
Boyer, cette théorie a été développée à la demande d'entreprises elles-mêmes en
situation de monopole.

Implications

● L’intérêt théorique
1. Le modèle néoclassique du marché concurrentiel suppose l’atomicité
du marché (grand nombre d’entreprises dont aucune n’est
suffisamment grande pour influer sur les prix toute seule), et
l’entrée/sortie sans coût. L’atomicité du marché n’est pas un critère
déterminant. Elle ne permet pas de vérifier la situation de concurrence,
ni ne fait partie des conditions nécessaires à celle-ci. L’entreprise se
comporte comme si un nouvel arrivant allait les contester. La
concurrence parfaite existe même en l’absence de concurrents ; une
compétition potentielle seule suffit à pousser à l’efficacité.
2. Dans la théorie des marchés contestables, les profits sont nuls même
s’il n’y a qu’une entreprise sur le marché. En effet, la seule menace
d’entrée sur le marché de nouvelles entreprises, dissuade l’unique
entrepreneur d’augmenter les prix.
Une généralisation de la théorie néoclassique.
● L’intérêt pratique
1. Nouveaux critères d’évaluation d’un monopole dans la législation :
distinction monopole dommageable x non dommageable.
2. Prise de conscience de l’importance des coûts irréversibles dans
l’évaluation de l’imperfection du marché : lutte contre les barrières
naturelles et artificielles par les autorités publiques ; prise en charge
des coûts irréversibles par les collectivités pour améliorer la
concurrence.

★ Les effets de la concurrence sur les consommateurs et sur les


producteurs
La politique de concurrence contribue à stimuler l'esprit d'entreprise et la
productivité, à élargir l'offre pour les consommateurs, à faire baisser les prix et à
améliorer la qualité des biens et services. Des prix bas pour tous: La façon la plus
simple de conquérir des parts de marché est d'offrir un meilleur prix.
Plus de choix: Sur un marché concurrentiel, les entreprises cherchent à distinguer
leurs produits des autres. Pour le consommateur, cela signifie plus de choix, et la
possibilité d'opter pour le rapport qualité-prix qui lui convient le mieux.

Le monopoleur peut alors augmenter les prix pour augmenter son profit. Le
monopole est donc généralement défavorable au consommateur car le monopoleur
peut augmenter le prix pour augmenter son profit. Avec des prix élevés, les
consommateurs à faible pouvoir d'achat se trouvent exclus du marché du
monopoleur.

Innovation: Pour offrir ce choix aux consommateurs, et produire mieux, les


entreprises doivent être innovantes – depuis la conception des produits jusqu'aux
services offerts, en passant par les techniques de production.

Plus solides face à la concurrence mondiale: La concurrence au sein de l'UE aide


les entreprises européennes à être plus compétitives dans le reste du monde et à
résister à la concurrence internationale.

La politique de la concurrence, en régulant les fusions-acquisitions et en luttant


contre les ententes illicites et les abus de position dominante, permet donc
d'augmenter le surplus du consommateur.

Article sur le sujet


Ce billet est le deuxième d’une série que je consacre au livre de Jim Stanford,
Petit cours d’autodéfense en économie : L’abc du capitalisme. Après avoir
retenu la section où il décrivait ce que serait une économie adéquate selon lui,
je saute une centaine de pages pour présenter son analyse de la concurrence.
J’omets aussi la section où il démontre, comme je l’ai déjà fait, que la
concurrence parfaite est une notion théorique non observable pour m’attarder
ici à son analyse des avantages et désavantages de la concurrence. J’ai déjà
parlé de ce sujet, mais dans des billets qui portaient sur autre chose, comme
lorsque je mentionnais que la concurrence nuit à la coopération et peut mener
quelqu’un à devenir dissocié.
D’entrée de jeu, il dénonce la vision sans nuance des économistes néo-
classiques qui ne voyaient que du positif à la concurrence, mais ne nie tout de
même pas, et moi non plus d’ailleurs, que la concurrence puisse apporter
certains bienfaits… là où elle existe!

Avantages
La concurrence porte en effet les entreprises à «imaginer de meilleurs
produits et méthodes de productions» et permet d’augmenter le choix des
consommateurs. On verra plus loin que ces «bienfaits» entraînent aussi leur
lot de méfaits, mais cette affirmation demeure vraie. Par exemple, le
Blackberry n’est pas resté longtemps la référence en matière de téléphones-
ordinateurs (je déteste l’expression «téléphone intelligent», même si l’Office
de la langue française l’accepte…), ce produit ayant été relativement
rapidement surclassé par les produits de ses concurrents.
Toute proportion gardée, la concurrence permet aussi de faire baisser les prix
et faire augmenter la qualité des produits. Finalement, la recherche de produits
qui se distinguent des autres incite les entreprises à investir davantage.

Désavantages
Nous payons toutefois bien cher (pas seulement dans le sens monétaire…)
ces quelques avantages. Ainsi, les actions prises pour diminuer les coûts de
production n’entraînent pas qu’une baisse des prix, mais aussi bien souvent
des diminutions de salaires, quand ce n’est pas la délocalisation des emplois,
qui, elle, ajoute à la pression à la baisse des salaires sur les emplois non
délocalisés. La concurrence porte aussi l’employeur à augmenter l’intensité du
travail, donc le risque d’accidents de travail, et à externaliser les coûts :
pollution, utilisation de produits dangereux, etc.
S’il est vrai que la concurrence incite les entreprises à améliorer la qualité de
leurs produits, trop souvent l’appât du gain peut mener à retarder l’apparition
du meilleur produit pour écouler de vieux produits ou encore des produits
intermédiaires. Pensons aux versions rapprochées de téléphones interactifs et
de produits informatiques. On lance aussi parfois de «nouveaux» produits
dont la valeur ajoutée par rapport au produit existant est pour le moins
discutable, comme l’ajout d’une cinquième lame à un rasoir… Mais, bien
souvent, ces trucs de marketing sont justement dus à une absence de
concurrence réelle. D’autres entreprises tricheront pour faire diminuer les
coûts au détriment de la qualité des produits. Pensons aux distributeurs
d’huile d’olive qui mélangent d’autres types d’huiles végétales pour faire
baisser les coûts de production et les prix, concernant ainsi malhonnêtement
les distributeurs honnêtes.

Si la concurrence permet d’augmenter le choix des consommateurs, la


diversité des choix est parfois bien factice et découle plutôt de la
différenciation artificielle qui permet de donner la perception au
consommateur qu’une marque est meilleure qu’une autre, même si le produit
est identique (pensons à l’eau de javel qui est le même produit chimique quelle
que soit la marque, en concentration parfois différente, toutefois). Cette
stratégie «efficace» entraîne à son tour :
● une hausse des dépenses de publicité, dépenses qui n’apportent rien
de plus aux produits mais fait augmenter les prix;
● le suremballage des produits pour attirer le consommateur;
● l’obsolescence planifiée («ensemble des techniques visant à réduire la
durée de vie ou d’utilisation d’un produit afin d’en augmenter le taux
de remplacement.»), par exemple en concevant des biens fragiles qui
coûtent moins cher à produire ou en mettant sur le marché des
produits qu’on améliorera peu de temps après, comme mentionné
auparavant.

De façon plus générale, la concurrence, qu’elle soit locale ou internationale,


entraîne d’autres effets négatifs :
● le gaspillage d’équipements encore utiles lorsqu’une entreprise ferme
ses portes en raison de la concurrence;
● la pauvreté des personnes qui perdent leur emploi en raison de la
concurrence et ne peuvent trouver d’autres emplois en raison de la
non transférabilité de leurs compétences;
● l’hésitation de certains employeurs à investir dans la formation de
leurs employés de peur que ces employés les quittent et que ce soit un
concurrent qui en bénéficie;
● l’espionnage industriel et son pendant, les mesures de sécurité pour
empêcher les concurrents de faire de même.

Comme le dit Stanford, «ces dépenses sont foncièrement improductives», car


elles n’ajoutent rien au bien-être de la population.
Il conclut en disant qu’il ne faut jamais oublier que la concurrence «entraîne
des coûts qu’il faudrait toujours mettre en contraste avec ses bienfaits, sans
cesse vantés.».

Et alors…
Comme avec toute chose, on doit chercher à maximiser les avantages de la
concurrence et à minimiser ses désavantages. Et c’est le rôle de l’État de le
faire. Une meilleure réglementation sur la qualité des produits (avec des
inspections au besoin), sur la publicité et pour réduire, voire éliminer, les
externalités négatives comme la pollution et les émissions de gaz à effet de
serre peut par exemple limiter les désavantages.
Par ailleurs, certains domaines se prêtent mal à la concurrence, comme la
production et la distribution d’électricité. On parle alors de monopoles
naturels. Plutôt que de rechercher une concurrence qui ne peut guère apporter
de bienfaits (construire des infrastructures pour chaque société d’électricité
serait un gaspillage de ressources monumental), il est alors préférable de
nationaliser ces entreprises pour s’assurer que leurs activités visent vraiment
le bien-être public, comme on l’a fait avec Hydro-Québec, ou alors les
réglementer fortement, comme on l’a fait avec les entreprises de
télécommunications comme Bell.
Bref, oui, la concurrence peut apporter des bienfaits, mais surtout pas en la
laissant à elle-même comme le prônent les économistes néo-classiques et
autres adorateurs des marchés!

★ La concurrence et le bien-être : le surplus collectif

Le surplus du producteur c'est son profit, le surplus total est donc mesuré par
le profit total et le surplus marginal du producteur par le profit marginal (écart
entre le prix et le coût marginal). Le surplus marginal du consommateur
mesure l'écart entre le prix qu'il était prêt à payer pour avoir cette unité du bien
et le prix qu'il doit payer pour l'avoir. Le surplus total du consommateur c'est
la somme de tous les surplus marginaux qu'il peut calculer compte tenu du
prix du marché. Le surplus collectif est obtenu en ajoutant le surplus des
consommateurs à celui des producteurs. Ce surplus collectif est maximum
lorsque le marché (en concurrence pure et parfaite) est à l'équilibre :
C'est Jules Dupuit (1804-1866) qui a introduit l'utilisation du surplus du
consommateur pour traiter la question des décisions en matière
d'infrastructures publiques. Son analyse sera prolongée par Alfred Marshall et
elle est devenue un élément important de l'analyse des choix collectifs dans
lesquels il faut mesurer les effets sur le bien être d'une taxation ou d'un prix
administré (par l'État ou un monopole).
Qu'est-ce que le surplus collectif ?
Le surplus du producteur, quant à lui, est la différence entre son prix de
réserve (coût marginal) et le prix de vente effectif. Ainsi, le surplus collectif
représente la valeur totale des échanges sur le marché.
★ Le paradoxe de la concurrence et la dynamique de concentration de
marchés

★ Les stratégies de différenciation

Une stratégie de différenciation est une stratégie centrée sur le produit et/ ou
sa communication. Elle vise, pour une entreprise, à différencier son produit
pour s’affranchir des contraintes de la concurrence et de la substitution.
C'est le caractère distinctif de l'offre de l'entreprise qui constitue son avantage
concurrentiel. Les éléments clés sur lesquels une stratégie de différenciation
peuvent se baser sont, entre autres, la technologie, l'image de marque, les
canaux de distribution, voire les services associés.

❖ Différents types de stratégies de différenciation

Pour obtenir un avantage concurrentiel, la différenciation doit être significative, nette


et légitime afin de convaincre ses client.e.s de la justification d'une valeur supérieure
de ses produits et donc d'un prix supérieurs (différenciation par le haut), d'une valeur
et d'un prix inférieurs (différenciation par le bas) ou du prix relatif à la singularité
d'une offre (la focalisation).

Enfin, la différenciation retardée ou encore la différenciation artificielle, basée sur les


outils de communication, sont d'autres stratégies de différenciation possibles.

➔ Différenciation par le haut. Cette différenciation est établie sur une qualité
supérieure de l'offre proposée. Elle s'exprime par une marque forte, de
nombreux services associés et un prix plus élevé. Nous retrouvons cette
forme de différenciation avec les produits de luxe notamment.
➔ Différenciation par le bas ou "low-cost". Cette différenciation repose sur la
suppression de prestations moins valorisées par la clientèle visée, permettant
à l'entreprise de proposer un prix très bas. Nous pouvons prendre l'exemple
des prestations offertes par certains transports aériens.
➔ La focalisation ou stratégie de niche. Cette stratégie particulière repose sur
une offre adaptée à une cible très spécifique, voire une niche. Que ce soit par
le haut ou par le bas, le prix correspond à la singularité de la cible. C'est le
cas des prestataires de déplacements en jet privé par exemple.
➔ Différenciation retardée. La différenciation retardée propose de concilier des
impératifs en termes de production (économies d’échelles) avec les
contraintes commerciales (demandes de produits personnalisés, délais de
livraison courts). C'est un mode d'organisation du processus de production
dans lequel la personnalisation de l'offre se fait de manière déconnectée.
➔ Différenciation artificielle. La différenciation artificielle est une stratégie de
différenciation qui ne repose pas sur une optimisation de la valeur intrinsèque
du produit mais qui vise à augmenter le volume des ventes et de la marge
grâce à une stratégie de communication habile.

★ Les effets de réseau

Définition :
Un effet de réseau est le phénomène par lequel l’utilisation d’un bien ou service par
de nouveaux utilisateurs augmente la valeur de ce même bien ou service pour les
utilisateurs déjà existants. Un exemple classique est celui du réseau de
communication dans lequel l’utilisateur déjà existant bénéficie directement de
l’utilisation de ce réseau par un nouvel utilisateur.

L’effet de réseau est aussi appelé « externalité de réseau » ou encore « économies


d’échelle du côté de la demande ». L’effet de réseau peut procurer un bénéfice
direct ou indirect à l’utilisateur du bien ou service : ce bénéfice dépend positivement
du nombre de personnes qui ont acheté le même bien ou service, ou alors un bien
ou service compatible.

Les différents types d’effets de réseau :

Katz et Shapiro (1985) en identifient deux types : les effets de réseau direct et
indirect.

- L’effet de réseau direct est l’effet de réseau de base et a été défini dans le
tout premier paragraphe.

- L’effet de réseau indirect est l’effet de réseau par lequel l’utilisation d’un bien
ou service engendre la production de biens complémentaires, ce qui va alors
augmenter la valeur initiale de ce bien ou service. Katz et Shapiro (1985)
illustrent l’effet de réseau indirect en se référant au paradigme « matériel-
logiciel ». Un produit générateur d’effets de réseau indirects est le système
d’exploitation, par exemple, Windows (Microsoft), ou encore Android
(Alphabet). Si l’usage du système d’exploitation était limité à un nombre
restreint d’individus, les développeurs de logiciels seraient incités à en
produire un nombre limité. Au contraire, si l’usage est étendu à un nombre
croissant d’individus, les développeurs auront intérêt à produire davantage de
logiciels. Ainsi, la valeur du système d’exploitation va augmenter car
davantage de logiciels pourront y être utilisés.

Rochet et Tirole (2003) identifient un autre type d’effet de réseau, l’effet de réseau
biface.
- L’effet de réseau biface est un effet de réseau par lequel l’augmentation du
nombre d’utilisateurs d’un bien ou service par un groupe d’utilisateurs
augmente la valeur d’un produit complémentaire pour un autre groupe distinct
d’utilisateurs, et vice versa. Cet effet de réseau se trouve par exemple sur les
plateformes numériques se présentant sous forme de marchés bifaces, etc.,
les places de marché en ligne (Amazon), les services d’association (Airbnb).

Chap 3: Quelles sont les réponses de l’Etat aux défaillances de marché et aux
imperfections de la concurrence?

★ Les monopoles naturels


Dans la théorie économique, une situation de monopole naturel existe lorsque
la production d’un bien donné par plusieurs entreprises est plus coûteuse que
la production de ce bien par une seule entreprise. Une condition nécessaire à
cette situation est l'existence d’économies d’échelle.
Une telle situation peut se présenter notamment dans les industries de
réseaux (e.g., Télécommunication, électricité, transports) et peut justifier des
interventions des pouvoirs publics pour réguler le pouvoir de marché qui
résulte de la monopolisation du marché, par le biais du service public, de
régulation du secteur, de nationalisation d'entreprises suivi parfois par une
libéralisation.
D'autres raisons peuvent expliquer la présence de monopole sur le marché
comme l'existence de barrières à l'entrée ou des restrictions légales à l'entrée.
Une entreprise est dite en situation de monopole lorsqu’elle se trouve être la seule à
offrir un produit ou un service donné. Elle détient alors ce que l’on appelle un pouvoir
de marché : elle peut, du fait du manque de concurrence, plus librement fixer ses
prix et augmenter ses marges, ce qui lui permet d’acquérir une rente de monopole.
Les prix étant plus hauts que ceux pratiqués dans une situation concurrentielle, une
partie des consommateurs sont évincés du marché (car le prix pratiqué par
l’entreprise est plus élevé que leur disposition à payer) tandis que d’autres réduisent
les quantités qu’ils demandent, ce qui entraîne une réduction du bien-être total (que
l’on mesure en économie à l’aide du concept de surplus total).

Parmi les monopoles, on distingue

➔ les monopoles réglementaires. ont pour origine l’État (qui peut parfois
réserver arbitrairement le droit de produire à une seule entreprise),
➔ Les monopoles naturels résultent du jeu du marché.

Parmi les causes aboutissant à la formation d’un monopole naturel, on trouve:

➔ d’une part la répartition des ressources naturelles. En effet et dans le cas des
terres rares par exemple, celui qui possède le terrain où les mines se situent
se trouve de facto en situation de monopole.
➔ D’autre part, la présence de rendements d’échelle croissants entraîne
également la formation d’un monopole naturel puisqu’une entreprise qui
grandit en taille peut évincer la concurrence en pratiquant des prix inférieurs.
On observe par exemple des rendements d’échelle croissants lorsque la
production présente des coûts fixes élevés. En effet, la production doit alors
être suffisamment grande pour que l’entreprise soit rentable. Si une deuxième
entreprise souhaitait se lancer sur le marché, les clients se répartissent entre
les deux entreprises et aucune d’entre elles ne ferait suffisamment de ventes
pour couvrir son coût de production. Ainsi, et de manière paradoxale, c’est le
libre jeu du marché qui conduit ici mécaniquement à l’émergence d’un
monopole.
Le cas des monopoles naturels constitue un exemple de défaillance de marché
c’est-à-dire une situation où l’équilibre de marché est sous-optimal.

➔ . Dans ce cas, l’Etat peut intervenir pour corriger ces défaillances via la
nationalisation ou la création d’autorités de régulation. Dans un premier
temps, la nationalisation peut permettre d’éliminer la rente de monopole en
contrôlant les prix fixés par l’entreprise.

Deux politiques sont alors possibles : fixer le prix de sorte


à avoir un profit nul ou de sorte à maximiser le surplus total.

➔ Dans le second cas, le prix est trop faible pour que l’activité de l’entreprise
soit rentable, elle implique donc une perte pour l’entreprise qui doit alors être
compensée par des transferts.
➔ Dans un second temps, les autorités de régulation peuvent également
intervenir via des politiques visant à encadrer les prix que l’entreprise
pratique. Cependant le régulateur fait face à un dilemme : il doit pouvoir
mettre en place des mécanismes permettant la rentabilité de la production
tout en empêchant la formation de marges excessives. Cela requiert toutefois
que le régulateur ait des connaissances suffisamment précises sur les
caractéristiques de l’entreprise (sa fonction de coût, la technologie utilisée ou
encore la demande à laquelle elle fait face). De plus, celle-ci peut être
amenée à mentir (par exemple, en surestimant ses coûts) afin de ne pas subir
une réglementation trop importante et de réaliser des marges[iv].

NB: Dans les années 1980, émerge un mouvement de redéfinition du concept de


monopole naturel ainsi que des secteurs qui en relèvent. C’est par exemple à ce
moment-là que des théories comme celle des marchés contestables[v] de Baumol,
Panzar et Willig, ou encore celle des trois couches,, sont développées, ce qui remet
en cause l’existence d’une nécessité d’intervention de la part de l’État. De même, et
sous l’impulsion de la Commission européenne, est lancé un vaste processus de
privatisation dans des secteurs associés aux monopoles naturels (transports,
télécommunications, gaz et électricité, etc.). Cependant, les privations n’ont pas
toujours eu les effets escomptés. Dans certains cas, les privatisations ont même eu
des effets complètement contraires puisqu’elles se sont accompagnées d’une
hausse des prix et d’une baisse de la qualité du service de sorte que l’on assiste
parfois à une renationalisation. Ainsi, le débat sur la solution à apporter aux
monopoles naturels est loin d’être tranché comme l’illustre récemment le débat
portant sur la privatisation.

★ La réglementation : interdictions, normes, obligations

Définition:
La réglementation est l'ensemble des règlements, c'est-à-dire des mesures
légales, des règles, des prescriptions, des indications et autres textes
juridiques qui régissent une activité sociale ou qui concernent un domaine
particulier. Elle est rédigée par les administrations compétentes ou les
personnes mandatées.

Les objectifs de la réglementation peuvent être, par exemple de :

● protéger le consommateur du vendeur, le salarié de l'employeur, le


faible du fort,
● protéger, dans un marché en dérégulation, les nouveaux entrants des
entreprises ayant une position dominante,
● garantir le domaine public par la clarification de la séparation du public
et du privé (ex : mitoyenneté, alimentation en eau, entretien de la voirie,
expropriation...).

➔ En France, la réglementation ne se limite pas aux seuls textes


réglementaires, mais inclut les textes de loi. Elle se distingue de la
régulation qui a pour objectif d'assurer la stabilité d'un système.

➔ Economie: théories

Pour certains économistes non-orthodoxes, les réglementations sur la


fabrication des produits ou celles cherchant à garantir la concurrence sont
une entrave à la circulation des marchandises et à l'entrée dans le marché de
nouveaux acteurs.
Ainsi, selon Israel Kirzner en 1978 : « L'orthodoxie aujourd'hui chancelante sur
laquelle l'approche interventionniste reposait jusqu'à une période très récente
reflète certaines incompréhensions quant au fonctionnement des marchés ; et
ce sont des malentendus qui présentent une similitude remarquable avec ceux
qu'avait identifiés Mises et, après lui, Hayek. Ces erreurs, dont les racines sont
profondes, semblent responsables de le l'étonnement et du désarroi ressentis
en comprenant que l'intervention de l'Etat pourrait bien être elle-même le
problème, et non la solution qu'elle avait si évidemment paru constituer. »

★ Les solutions incitatives : fiscalité, subventions, distribution de droits


de propriété

Pour corriger les défaillances issues du marché et mener ainsi au bien-être collectif,
à la croissance, l’État intervient.

Défaillances Interventions de l’État


Les asymétries Pour permettre une meilleure diffusion de l’information, les pouvoirs publics
d’information essayent d’améliorer la qualité de l’information sur les marchés, grâce à :

● Des institutions : Autorité des marchés financiers, Institut national


de la consommation, etc.bu
● Des certifications : labels, guides, concours agricoles attribuant
des médailles, etc.
● La contrainte des pouvoirs publics : affichage de la composition
des produits alimentaires, traçabilité de la viande bovine, bilan
énergétique des biens immobiliers, etc.

La concurrence Pour éviter que les structures de concurrence imparfaite n’entravent la loi de
imparfaite l’offre et de la demande, les pouvoirs publics européens ont mis en place une
politique de la concurrence.

Deux volets sont concernés :

● Les pratiques entre entreprises : interdiction de s’entendre sur des


prix artificiellement élevés, interdiction d’abuser de sa position
dominante, suppression des barrières à l’entrée, etc.
● L’intervention de l’État sur le marché : interdiction de
subventionner, d’aider ses entreprises nationales, retrait de la
participation de l’État dans certaines entreprises.

En France, l'État s’appuie sur une autorité administrative indépendante,


l’Autorité de la concurrence, à qui il confie le contrôle des pratiques
anticoncurrentielles. Cette autorité peut rendre des avis, prononcer des
injonctions et même infliger des sanctions pécuniaires dès qu’elle constate des
comportements anticoncurrentiels dommageables pour les agents économiques
(cartel des yaourts, entente sur le prix des compotes).

Les biens publics Puisqu’aucune entreprise ne veut produire les biens publics, les pouvoirs
et les biens publics doivent le faire. L’Etat est alors producteur.
communs.
Les biens communs doivent être protégés par la loi, par des quotas
d’exploitation…

Les externalités Mise en place de mesures destinées à

● Réduire les externalités négatives : normes, sanctions


économiques comme le « principe du pollueur-payeur », droits à
polluer, taxes, etc.
● Encourager les externalités positives, les actions d’intérêt général
par le biais d’aides financières à la recherche, de défiscalisation, de
subventions publiques, etc.

L’intervention de l’État n’est pas toujours la meilleure solution

Pour faire face aux défaillances, les adeptes de l’interventionnisme considèrent que
l’État est la réponse optimale. Or, tel n’est pas le cas, car comme tout acteur, l’État
aussi peut faillir. On appelle défaillance de l’État une allocation non optimale (ou non
conforme au but affiché) des ressources, induite par une intervention de l'État.

Exemples de défaillances de l’action étatique :


- L’intervention de l’État implique des dépenses publiques, qui pèsent sur
le pouvoir d‘achat des ménages.
- l’État peut être influencé dans ses décisions par l’action des lobbies
- L’intervention de l’État doit reposer sur une véritable stratégie réfléchie
sous peine de ne pas fonctionner.
- La lourdeur de l’administration française peut ralentir la mise en place
des décisions.
- les détournements de fonds par des élus de la République.
★ La politique de la concurrence

Politique de la concurrence :

Ensemble de mesures visant à contrôler les fusions et acquisitions, à empêcher les


ententes illégales et à interdire les abus de position dominante. Ces politiques ont
pour objectif de permettre une concurrence élevée, favorable aux consommateurs.

Instruments :

La réglementation de l’UE en matière de concurrence et la commission chargée du


contrôle de l’application des lois.

★ Les stratégies d’ouverture à la concurrence et de déréglementation des


marchés

➔ Déréglementation, stratégie et éthique : le cas européen

La déréglementation brutale qui sévit depuis quelques années dans une région du
monde jusque là fortement réglementée, l’Europe, n’est pas sans créer de nombreux
problèmes pour les entreprises et leurs clients. Le double phénomène de la création
du marché unique européen puis de la libéralisation accélérée des échanges
mondiaux a fortement mis à mal l’édifice complexe des réglementations nationales
et communautaires sans que l’on puisse affirmer que les clients ou l’éthique des
affaires y aient beaucoup gagné. L’étude fournit de nombreux exemples relatifs aux
télécommunications, au gaz naturel, à l’électricité, la poste, les assurances, la
grande distribution, la gestion de l’eau et des déchets ou les chemins de fer. Elle
souligne les difficultés nouvelles qui apparaissent dans ces différents transferts de
pouvoirs et de responsabilités.

Plan

Déréglementation et déstabilisation de l’environnement des entreprises


L’entreprise et son environnement
La composante légale de l’environnement
Quelques exemples de déréglementation en Europe
Les réseaux téléphoniques
Le gaz naturel
La poste
L’électricité
Gestion de l’eau et des déchets
Les assurances
La grande distribution et le réseau bancaire français
Bilan et proposition d’un cadre d’action
Les formes de déréglementation
Les réactions des entreprises à la déréglementation
Déréglementation, stratégies et problèmes éthiques

★ Ouverture à la concurrence et service universel : avancées ou reculs du


service public ?

Après une phase de construction et d’apogée des services publics, en Europe et en


particulier dans la France des Trente Glorieuses, de nombreux éléments ont
profondément remis en cause le caractère naturel des monopoles publics et la
logique qui prévalait jusque là dans les services publics nationaux de type «
industriels et commerciaux ». Les évolutions techniques et économiques, les
critiques sur l’efficacité des entreprises publiques et sur leur capacité à s’adapter aux
besoins des usagers, de même que l’intégration européenne au sein d’un marché
unique ont ainsi été avancées pour justifier cette vision, celle d’un État
n’apparaissant plus comme bienveillant, omniscient et infaillible en la matière
(Chevallier, 2006).

Cette remise en cause soulève trois types d’enjeux : 1) des enjeux concernant les
fondements de ce qui est parfois appelé, sans jamais être précisément défini, le «
modèle social » français ou européen et reposant sur un service public fort et
étendu, vecteur de cohésion social et d’aménagement du territoire ; 2) des enjeux
portant sur les attributs du service public (possibilité de discriminations tarifaires ou
qualitatives, opportunité d’instaurer un service minimum, place des usagers dans
l’évolution du service public) et, enfin, 3) des enjeux concernant sa mise en œuvre.
C’est pour affronter ces enjeux que l’Europe a reconnu, en 1996 (dans une
Communication) et en 1997 (dans le Traité d’Amsterdam) le rôle central des
Services d'intérêt général (SIG) sans pour autant parvenir à régler les conflits
juridiques entre libre concurrence et obligations de service public. Aussi la
Commission européenne a-t-elle insisté, notamment pour les services « industriels
et commerciaux », sur une nécessaire clarification, concernant non seulement les
services qui composent les SIG, mais encore leurs coûts ou leurs modes de
tarification, leur financement (impôt et/ou recettes perçues auprès des usagers), leur
fonctionnement, leur évaluation et le partage des responsabilités entre les acteurs.
Clef de leur « modernisation », cette clarification s’accompagne souvent du
renforcement de l’intervention privée et de la concurrence effective dans les secteurs
concernés.
Pourtant, la qualité du service, l’élargissement de l’offre et la baisse des prix ne se
concrétisent pas forcément mieux en concurrence ou au travers d’entreprises
privées. Inversement, considérée comme garante de l’intérêt général, la propriété
publique, longtemps associée à la fourniture du service public (cf. la constitution de
1946) est-elle toujours légitime ? De manière générale, il convient donc de
s’interroger sur la légitimité et, le cas échéant, sur les formes d’intervention publique
et sur les structures pertinentes de marché pour garantir le plus efficacement
possible le service public. C’est dans ce contexte qu’est née la notion de service
universel.

Après avoir défini ces notions et discuté des motivations économiques au


développement de la concurrence dans les SIG, nous envisageons les atouts et
limites du service universel dans ce nouveau contexte. L’article se concentrera sur
l’ouverture à la concurrence des activités nationales de réseau.

Service public et service universel : définitions et enjeux Origines et définition Ancrée


dans la tradition française, la notion de service public se définit par la nature des
activités qui le constituent (en relève toute activité d’intérêt général – notion sans
fondement juridique précis – que l’initiative privée n’est pas à même d’assurer
complètement ; Duguit, 1928) et par des principes-attributs (égalité de traitement des
usagers, continuité du service, adaptabilité du service à l’évolution des besoins et
des techniques)

Régaliens, car usant des prérogatives spécifiques à la puissance publique (police,


justice, armée), ou non régaliens, les services publics peuvent se rapporter à un
service au public, au rôle particulier attribué à un service d’intérêt général, au régime
de propriété ou au statut de l’organisme (public ou privé) qui fournit le service. Le
caractère juridique (lié au droit administratif), économique (liée aux défaillances de
marché), politique et social (puisque constitutif d’un modèle de société)(1) ont
conduit la Commission européenne (2004) à préférer la notion moins polysémique
de « service (économique) d’intérêt général », c’est-à-dire de services soumis à des
« obligations spécifiques imposées par les autorités publiques à un fournisseur de
service afin de garantir la réalisation de certains objectifs d’intérêt public ». Cette
notion juridique, peu opératoire (notamment concernant le statut des aides publiques
et du secteur public), est néanmoins indépendante de la nature publique ou privée
du fournisseur ; elle justifie, uniquement si nécessaire, la restriction de la
concurrence et autorise les États à aller au-delà des obligations communautaires de
service universel.

En 1987, dans le livre vert sur la libéralisation des télécommunications, la


Commission a en effet introduit la notion de « service universel » qui permet de
définir un principe et des obligations communs aux pays de l’UE en instaurant, dans
plusieurs secteurs, un service de base accessible à tous à un prix abordable. Elle
comporte à la fois un volet géographique (desserte des zones non rentables) et un
volet social (prix abordables). Son apparition est donc censée résoudre une partie
au moins des problèmes de la coexistence du service public et des forces du
marché. Le service public est-il compatible avec l’efficience économique ? Si les
politiques de libéralisation sont conçues comme des moyens de rendre les marchés
plus efficients d’un point de vue productif (production au moindre coût), allocatif
(meilleure allocation possible des ressources) ou dynamique (en tenant compte des
problématiques d’innovation et d’investissement à long terme), les travaux
théoriques comme empiriques ne confirment pas toujours la suprématie de ces
politiques (Flacher & Jennequin, 2007). Qu’advient-il, notamment dans les secteurs
libéralisés à partir des années 1980, des « services publics » non régaliens et plus
particulièrement des services publics industriels et commerciaux ? Du point de vue
de la concurrence, la réponse est ambigüe : le marché parfait permet une allocation
optimale des ressources (efficience allocative) tout en autorisant une redistribution
optimale selon des critères de bien-être collectif que l’on aura arbitrairement choisis
(efficience distributive). En pratique pourtant, les moyens de redistribution
disponibles faussent la concurrence au point que certains économistes préfèrent
renoncer à toute intervention pour profiter « pleinement » des effets de la
concurrence, y compris pour favoriser un accès universel au service (Valletti, 2000).
Aussi, la théorie « standard » de l’économie, si elle peut consentir à l’existence d’un
service public, tend à en limiter l’extension en même temps qu’elle débat sur
l’opportunité et les méthodes d’une intervention publique pour remédier aux
défaillances de marché (présence d’externalités, d’un monopole naturel, de biens
publics ou semipublics) (Lévêque, 2004). C’est probablement la nouvelle économie
publique (Laffont & Tirole, 2001) qui fournit la synthèse la plus aboutie de ces débats
en développant une théorie des contrats et des incitations en asymétrie d’information

Cette théorie intègre les comportements stratégiques des agents et cherche à tirer le
meilleur parti, en concurrence imparfaite, des mécanismes d’intervention et de
concurrence. Elle constitue un fondement essentiel des politiques de libéralisation
dont il convient de considérer si elles constituent des avancées ou des reculs pour
les modèles de services publics français et européens. Libéralisation et service
universel : progrès ou remise en cause du service public ? Le service universel :
corollaire indispensable de l’ouverture à la concurrence Longtemps fondés sur des
monopoles publics, les services publics pouvaient s’accommoder d’une définition
imprécise de leurs contours : ces monopoles avaient pour principal objectif de servir
les usagers, indépendamment des questions de profitabilité, et bénéficiaient d’un
statut protecteur. Pour jouer leur rôle de réduction des inégalités sociales ou
territoriales, les services publics dans les industries de réseau se sont
historiquement financés par des subventions croisées entre segments d’activités
(Curien, 2005). C’est ainsi que les monopoles pouvaient s’accommoder de missions
de service public, même imprécises, et étaient en mesure de les financer en
sur/sous-tarifant les marchés les plus/moins captifs. La marge sur les services (dont
le coût de fourniture est faible) a longtemps subventionné l’accès aux infrastructures
(représentant un coût fixe élevé). Cette pratique se justifie d’autant plus que la valeur
d’usage du service croît avec le nombre d’abonnés (externalités de réseau). De
même, d’autres subventions croisées se sont légitimement développées, par
exemple entre les zones denses des villes, relativement moins coûteuses à
raccorder, et les zones moins denses des campagnes. Or, si de telles pratiques sont
possibles et souhaitables dans les secteurs en monopole, ce n’est plus le cas
lorsque la concurrence se développe : si une telle tarification s’appliquait, les
concurrents de l’entreprise « écrémeraient » les segments les plus rentables,
annulant toutes possibilités de subventions croisées, « bonnes » (car finançant le
service universel) ou « mauvaises » (lorsqu’elles permettent d’abuser des segments
captifs).

Pour conserver un service public à la suite d’une libéralisation, l’État doit donc établir
des mécanismes de subvention du (ou des) opérateur(s) en charge des obligations
de service universel, ce qui pose trois problèmes : celui de la définition des missions
de service universel ; celui de l’estimation précise de coûts correspondants ; et celui
du mode de financement (fonds ad hoc, prélèvement sur charges d’accès…) et de
sélection des opérateurs (appels d’offres) chargés du service universel.

Le service universel : moyen de clarifier les missions de service public et le rôle des
acteurs ? L’ouverture à la concurrence impose une remise à plat (salutaire pour les
uns et dangereuse pour les autres) du service public qui s’accompagne d’une
clarification de ce qui relève des services d’intérêt général et notamment du service
universel. Cette clarification implique de hiérarchiser les priorités politiques en
termes de services à offrir et de contraintes associées. Ce sont en effet ces services
(et uniquement eux) qui pourront bénéficier de financements spécifiques au sein de
secteurs (désormais) concurrentiels, afin de « fausser » le moins possible les
mécanismes de marché. C’est ainsi que le service universel des télécommunications
inclut la téléphonie fixe, l’annuaire et les services de renseignement, les cabines
téléphoniques ainsi que des conditions spécifiques pour certains services ou
certaines populations (tarifs sociaux). Il constitue une partie, et une partie seulement,
du service public français des télécommunications, qui comprend, outre le service
universel, les services obligatoires dont les prix sont librement fixés par l’opérateur et
les missions d’intérêt général en matière de défense et de sécurité, de recherche
publique et d’enseignement supérieur qui relèvent de logiques autres que tarifaires.
Dans le domaine de l’électricité, le service public intègre, au plan communautaire, le
service universel (approvisionnement à des tarifs abordables aisément et clairement
comparables et transparents, de tous les clients résidentiels), la protection des
consommateurs vulnérables ou géographiquement isolés, des mesures de
protection de l’environnement et la sécurité de l’approvisionnement. La définition du
service universel s’accompagne également d’une clarification concernant ses coûts
et si possible leur réduction par le développement de mécanismes de marché. Trois
types non exclusifs de financement sont alors envisageables : 1) l’autofinancement
(ne permettant pas forcément la révélation des coûts et avantages associés à la
mise en œuvre de ces missions) ; 2) l’octroi d’une position protégée sur un marché
par des mécanismes concurrentiels (enchères ou soumissions comparatives),
permettant la révélation des coûts et, finalement, l’attribution des marchés aux
opérateurs réclamant la plus faible subvention (ou proposant le service de meilleure
qualité) ; 3) la répartition, plus ou moins complexe, des coûts sur l’état et/ou sur
l’ensemble des opérateurs. Un fonds spécial abondé par les opérateurs ou une
majoration des tarifs d’interconnexion peut être mis en place à cet effet. Enfin,
corollaire de cette réorganisation, les États, en tant que promoteurs et souvent
producteurs de services publics, doivent clarifier leur position, soit en se
désengageant de la production (privatisation des entreprises publiques), soit en
instaurant des mécanismes d’aide et d’attribution des marchés de service public
compatibles avec le fonctionnement des marchés. La libéralisation des marchés et
l’introduction de la notion de service universel clarifierait donc les missions de
service public et le rôle des acteurs. En revanche, si le « service universel est une
notion dynamique et flexible […] [pouvant] être redéfinie périodiquement pour
s’adapter au contexte social, économique et technologique » (Commission
européenne, 2004, p.8), il n’en reste pas moins que cette redéfinition, de même que
le statu quo, posent des problèmes qui peuvent être à l’origine d’un affaiblissement
du service public.

Le service universel : remise en cause du service public ?

Si le concept peut apparaître, sous certains aspects, comme une avancée, il n’en
constitue pas moins, sous d’autres, un recul de la notion de service public. Ce recul
est lié aux effets des processus de libéralisation qui rejaillissent sur le service public,
à la différence de nature entre service universel et service public et à la précarité des
services publics qui peut résulter de l’instauration d’un service universel. La
concurrence est considérée, dans les processus de libéralisation, comme un double
ressort du service universel : d’une part, elle permettrait, indépendamment de toute
intervention, d’abaisser les prix, de développer l’offre et de stimuler l’innovation en
même temps qu’elle doit pouvoir, d’autre part, être utilisée pour attribuer aux
entreprises les plus performantes les obligations du service universel. En pratique
comme en théorie, le modèle concurrentiel se heurte aux persistantes défaillances
de marché : la solution historique d’un monopole régulé, finançant le service
universel par subventions croisées, peut demeurer pertinente (Gasmi et al., 2000).
De même, le développement d’une concurrence effective (par une régulation
asymétrique imposant des obligations spécifiques aux opérateurs historiques) n’a
souvent pas empêché, à terme, une reconcentration des marchés. Rien ne garantit
alors que les effets escomptés de la concurrence seront à la hauteur des attentes et
donc que les processus de libéralisation (et de privatisation) contribueront à fournir
tout ou partie du service universel sans intervention spécifique. C’est ainsi que, dans
le secteur des télécommunications, des indicateurs de qualité de service (tels que le
nombre de plaintes), l’extension géographique des nouveaux services (comme
l’ADSL ou la fibre optique) ou l’investissement, relativisent les succès de la
libéralisation du secteur (Flacher & Jennequin, 2007). Dans le secteur de l’électricité,
la situation apparaît encore plus contestable dans la mesure où les services
réglementés aux usagers sont amenés à disparaître (Rapport 2005 de la CRE, p.66)
et à laisser place à des prix de marché qui seront vraisemblablement plus élevés. À
tel point que Boiteux (2007) affirme, non sans nuancer son propos, qu’« avec la
suppression des tarifs régulés que demande Bruxelles, il ne s’agit donc plus, comme
on pouvait le croire initialement, d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix,
mais d’élever les prix pour permettre la concurrence ». Cette affirmation
s’appuied’une part sur l’écart de coûts entre EDF et ses homologues de la plaque
NordEuropéenne et d’autre part sur l’évolution d’EDF d’une logique de vente au coût
marginal (de long terme) à une logique d’accroissement de la rentabilité. Au-delà
des problématiques de monopole naturel ou des difficultés de planification privée
d’investissements lourds sur de très longues périodes, il semble fort probable que la
libéralisation du secteur de l’énergie soit une mauvaise nouvelle pour le
consommateur et le service public [ « Qu’attendre de l’ouverture à la concurrence du
secteur de l’électricité ? », p.127]. Cela est d’autant plus vrai que la mise en
concurrence des acteurs pour la fourniture du service universel ne garantit pas que
les effets théorisés par Demsetz (1968), puis d’autres après lui, se réaliseront
(Saussier & Yvrande-Billon, 2006). Les coûts de transaction liés aux procédures de
mise en concurrence et d’organisation sectorielle sont en effet nombreux (choix de
procédures, incomplétude des contrats, complexité des critères d’attribution,
barrières à l’entrée ou à la sortie…) et parfois importants. Inversement, d’autres
approches, visant par exemple à développer, par des politiques industrielles, des
champions nationaux, peuvent se révéler aussi. efficaces que la recherche d’une
concurrence effective si ces champions nationaux sont sources d’innovations et/ou
de réduction des coûts. Cette logique a souvent été celle de l’Europe pendant les
Trente Glorieuses. Dans ce cas, la notion de service universel apparaît moins
fondamentale car le service public se construit de manière plus « extensive », en
incluant les problématiques de recherche, d’investissement, de qualité de service,
alimentant un service public qui se confond avec un service au public, le premier
justifiant le second et réciproquement. En même temps que la notion de service
universel permet de circonscrire le service public de manière précise, elle risque
aussi, en tronçonnant le marché, de limiter les ambitions du service public en
l’empêchant de traiter plus globalement les problématiques qui le concernent. Enfin,
l’émergence du concept de service universel, en sortant le service public du flou qui
l’entourait, offre peut-être aussi moins de garanties de voir ce service s’étendre «
naturellement ». Lévêque (2004), souligne en effet que le contour de ces missions,
sous l’influence libérale, tend à se réduire afin d’interférer le moins possible, au
niveau du secteur, sur la libre fixation des prix par le marché. Elles seraient alors
remplacées par une redistribution plus directe, via l’impôt et les aides sociales. Ce
qui n’est pas sans présenter certains risques en termes d’équité… L’objectif de
rentabilité qui caractérise les secteurs libéralisés donne de facto une responsabilité
accrue au pouvoir politique dans les choix d’extension du périmètre du service
universel dont on peut regretter qu’il ait peu évolué dans des secteurs aussi
dynamiques que celui des télécommunications (la téléphonie mobile ou Internet à
haut débit en étant exclus). De surcroît, sur ce terrain, en Europe, une large part
reste à la discrétion des États ou des collectivités locales, au risque de voir ces
services se développer trop lentement ou de manière inégale sur les territoires. On
peut, de ce point de vue, s’interroger sur la plainte de la Commission contre la
France en 2006, pour absence de régionalisation des appels d’offres concernant la
gestion du service universel.

Conclusion

Dans les marchés libéralisés des industries de réseau, le maintien du service public
ne pouvait se passer d’une remise à plat des compétences et de l’organisation des
différents acteurs (publics et privés), d’une évaluation des coûts et de la qualité du
service rendu, d’une réflexion sur leur financement et, avant tout, d’une définition
précise des missions d’intérêt général. Le service universel, dans ses composantes
géographique et sociale, constitue un élément essentiel des SIG. Défini au niveau
communautaire et susceptible d’être complété par les États, il constitue une avancée
à bien des égards (transparence des missions, des coûts, des financements, des
compétences…) mais appelle aussi la vigilance des défenseurs du service public qui
fonde les modèles sociaux français et européen. Une vigilance, d’abord, parce que
le service public accorde à l’intervention publique davantage de place que le service
universel et que le service universel, aujourd’hui cantonné aux industries de réseau,
pourrait s’étendre demain à des secteurs plus sensibles encore (éducation, services
sociaux, santé…). Une vigilance, ensuite, parce que les défaillances de marché
restent fortes et que le développement d’une « concurrence effective » peut se
révéler décevante voire contre productive. Une vigilance, enfin, parce que le service
universel doit être une notion effectivement dynamique et intégrer dans son
périmètre les évolutions techniques et sociétales sans quoi il perdrait, de fait, tout
son sens.

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