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➔ Le libéralisme et l’interventionnisme
Cette théorie se base sur la notion de « Main invisible » qu’Adam Smith en 1776
dans Recherches sur la nature et les causes de la richesse des nations. A savoir
l’idée que le marché est le plus souvent le moyen de régulation le plus efficace qui
existe. La recherche par chacun de son propre intérêt conduit à l’intérêt général.
Pour les néoclassiques, un dérèglement durable et généralisé de l’économie est
alors impossible car le mécanisme de marché revient toujours à son équilibre qui
optimise le bien être des agents.
Selon Adam Smith, la régulation par le marché doit se faire seule, la relation entre
l’Etat et le marché doit être limitée au maximum. L’Etat doit être minimal et s’en tenir
aux fonctions régaliennes (police, justice, administratif etc). Mais l’Etat ne doit
surtout pas intervenir dans l’économie pour réglementer le marché. Les mécanismes
de marchés (Offre et demande) assurent alors la conciliation entre intérêts de
chacun et intérêt général.
➔ L’économie de marché(s)
Les avantages et inconvénients d’une économie de marché
Selon ses défenseurs, l’économie de marché est la forme d’organisation
économique la plus efficace qui soit. Les individus et organisations sont incités à
l’effort et à l’innovation pour maximiser leur bénéfices personnels. Il en résulte des
gains de productivité bénéfiques à l’ensemble de l’économie.
Les défenseurs de l’économie de marché pointent aussi le fait que les formes
d’organisation alternatives, plus encadrées et pilotées par la puissance publique se
sont effondrées sous le poids de leur inefficacité (URSS) ou ne parviennent pas
améliorer sensiblement le niveau de vie de la population (Cuba).
De plus, l’économie de marché renforce la liberté des individus en leur laissant le
choix du travail qu’ils veulent occuper et de la manière dont ils souhaitent dépenser
l’argent gagné.
La théorie
Limites
Implications
● L’intérêt théorique
1. Le modèle néoclassique du marché concurrentiel suppose l’atomicité
du marché (grand nombre d’entreprises dont aucune n’est
suffisamment grande pour influer sur les prix toute seule), et
l’entrée/sortie sans coût. L’atomicité du marché n’est pas un critère
déterminant. Elle ne permet pas de vérifier la situation de concurrence,
ni ne fait partie des conditions nécessaires à celle-ci. L’entreprise se
comporte comme si un nouvel arrivant allait les contester. La
concurrence parfaite existe même en l’absence de concurrents ; une
compétition potentielle seule suffit à pousser à l’efficacité.
2. Dans la théorie des marchés contestables, les profits sont nuls même
s’il n’y a qu’une entreprise sur le marché. En effet, la seule menace
d’entrée sur le marché de nouvelles entreprises, dissuade l’unique
entrepreneur d’augmenter les prix.
Une généralisation de la théorie néoclassique.
● L’intérêt pratique
1. Nouveaux critères d’évaluation d’un monopole dans la législation :
distinction monopole dommageable x non dommageable.
2. Prise de conscience de l’importance des coûts irréversibles dans
l’évaluation de l’imperfection du marché : lutte contre les barrières
naturelles et artificielles par les autorités publiques ; prise en charge
des coûts irréversibles par les collectivités pour améliorer la
concurrence.
Le monopoleur peut alors augmenter les prix pour augmenter son profit. Le
monopole est donc généralement défavorable au consommateur car le monopoleur
peut augmenter le prix pour augmenter son profit. Avec des prix élevés, les
consommateurs à faible pouvoir d'achat se trouvent exclus du marché du
monopoleur.
Avantages
La concurrence porte en effet les entreprises à «imaginer de meilleurs
produits et méthodes de productions» et permet d’augmenter le choix des
consommateurs. On verra plus loin que ces «bienfaits» entraînent aussi leur
lot de méfaits, mais cette affirmation demeure vraie. Par exemple, le
Blackberry n’est pas resté longtemps la référence en matière de téléphones-
ordinateurs (je déteste l’expression «téléphone intelligent», même si l’Office
de la langue française l’accepte…), ce produit ayant été relativement
rapidement surclassé par les produits de ses concurrents.
Toute proportion gardée, la concurrence permet aussi de faire baisser les prix
et faire augmenter la qualité des produits. Finalement, la recherche de produits
qui se distinguent des autres incite les entreprises à investir davantage.
Désavantages
Nous payons toutefois bien cher (pas seulement dans le sens monétaire…)
ces quelques avantages. Ainsi, les actions prises pour diminuer les coûts de
production n’entraînent pas qu’une baisse des prix, mais aussi bien souvent
des diminutions de salaires, quand ce n’est pas la délocalisation des emplois,
qui, elle, ajoute à la pression à la baisse des salaires sur les emplois non
délocalisés. La concurrence porte aussi l’employeur à augmenter l’intensité du
travail, donc le risque d’accidents de travail, et à externaliser les coûts :
pollution, utilisation de produits dangereux, etc.
S’il est vrai que la concurrence incite les entreprises à améliorer la qualité de
leurs produits, trop souvent l’appât du gain peut mener à retarder l’apparition
du meilleur produit pour écouler de vieux produits ou encore des produits
intermédiaires. Pensons aux versions rapprochées de téléphones interactifs et
de produits informatiques. On lance aussi parfois de «nouveaux» produits
dont la valeur ajoutée par rapport au produit existant est pour le moins
discutable, comme l’ajout d’une cinquième lame à un rasoir… Mais, bien
souvent, ces trucs de marketing sont justement dus à une absence de
concurrence réelle. D’autres entreprises tricheront pour faire diminuer les
coûts au détriment de la qualité des produits. Pensons aux distributeurs
d’huile d’olive qui mélangent d’autres types d’huiles végétales pour faire
baisser les coûts de production et les prix, concernant ainsi malhonnêtement
les distributeurs honnêtes.
Et alors…
Comme avec toute chose, on doit chercher à maximiser les avantages de la
concurrence et à minimiser ses désavantages. Et c’est le rôle de l’État de le
faire. Une meilleure réglementation sur la qualité des produits (avec des
inspections au besoin), sur la publicité et pour réduire, voire éliminer, les
externalités négatives comme la pollution et les émissions de gaz à effet de
serre peut par exemple limiter les désavantages.
Par ailleurs, certains domaines se prêtent mal à la concurrence, comme la
production et la distribution d’électricité. On parle alors de monopoles
naturels. Plutôt que de rechercher une concurrence qui ne peut guère apporter
de bienfaits (construire des infrastructures pour chaque société d’électricité
serait un gaspillage de ressources monumental), il est alors préférable de
nationaliser ces entreprises pour s’assurer que leurs activités visent vraiment
le bien-être public, comme on l’a fait avec Hydro-Québec, ou alors les
réglementer fortement, comme on l’a fait avec les entreprises de
télécommunications comme Bell.
Bref, oui, la concurrence peut apporter des bienfaits, mais surtout pas en la
laissant à elle-même comme le prônent les économistes néo-classiques et
autres adorateurs des marchés!
Le surplus du producteur c'est son profit, le surplus total est donc mesuré par
le profit total et le surplus marginal du producteur par le profit marginal (écart
entre le prix et le coût marginal). Le surplus marginal du consommateur
mesure l'écart entre le prix qu'il était prêt à payer pour avoir cette unité du bien
et le prix qu'il doit payer pour l'avoir. Le surplus total du consommateur c'est
la somme de tous les surplus marginaux qu'il peut calculer compte tenu du
prix du marché. Le surplus collectif est obtenu en ajoutant le surplus des
consommateurs à celui des producteurs. Ce surplus collectif est maximum
lorsque le marché (en concurrence pure et parfaite) est à l'équilibre :
C'est Jules Dupuit (1804-1866) qui a introduit l'utilisation du surplus du
consommateur pour traiter la question des décisions en matière
d'infrastructures publiques. Son analyse sera prolongée par Alfred Marshall et
elle est devenue un élément important de l'analyse des choix collectifs dans
lesquels il faut mesurer les effets sur le bien être d'une taxation ou d'un prix
administré (par l'État ou un monopole).
Qu'est-ce que le surplus collectif ?
Le surplus du producteur, quant à lui, est la différence entre son prix de
réserve (coût marginal) et le prix de vente effectif. Ainsi, le surplus collectif
représente la valeur totale des échanges sur le marché.
★ Le paradoxe de la concurrence et la dynamique de concentration de
marchés
Une stratégie de différenciation est une stratégie centrée sur le produit et/ ou
sa communication. Elle vise, pour une entreprise, à différencier son produit
pour s’affranchir des contraintes de la concurrence et de la substitution.
C'est le caractère distinctif de l'offre de l'entreprise qui constitue son avantage
concurrentiel. Les éléments clés sur lesquels une stratégie de différenciation
peuvent se baser sont, entre autres, la technologie, l'image de marque, les
canaux de distribution, voire les services associés.
➔ Différenciation par le haut. Cette différenciation est établie sur une qualité
supérieure de l'offre proposée. Elle s'exprime par une marque forte, de
nombreux services associés et un prix plus élevé. Nous retrouvons cette
forme de différenciation avec les produits de luxe notamment.
➔ Différenciation par le bas ou "low-cost". Cette différenciation repose sur la
suppression de prestations moins valorisées par la clientèle visée, permettant
à l'entreprise de proposer un prix très bas. Nous pouvons prendre l'exemple
des prestations offertes par certains transports aériens.
➔ La focalisation ou stratégie de niche. Cette stratégie particulière repose sur
une offre adaptée à une cible très spécifique, voire une niche. Que ce soit par
le haut ou par le bas, le prix correspond à la singularité de la cible. C'est le
cas des prestataires de déplacements en jet privé par exemple.
➔ Différenciation retardée. La différenciation retardée propose de concilier des
impératifs en termes de production (économies d’échelles) avec les
contraintes commerciales (demandes de produits personnalisés, délais de
livraison courts). C'est un mode d'organisation du processus de production
dans lequel la personnalisation de l'offre se fait de manière déconnectée.
➔ Différenciation artificielle. La différenciation artificielle est une stratégie de
différenciation qui ne repose pas sur une optimisation de la valeur intrinsèque
du produit mais qui vise à augmenter le volume des ventes et de la marge
grâce à une stratégie de communication habile.
Définition :
Un effet de réseau est le phénomène par lequel l’utilisation d’un bien ou service par
de nouveaux utilisateurs augmente la valeur de ce même bien ou service pour les
utilisateurs déjà existants. Un exemple classique est celui du réseau de
communication dans lequel l’utilisateur déjà existant bénéficie directement de
l’utilisation de ce réseau par un nouvel utilisateur.
Katz et Shapiro (1985) en identifient deux types : les effets de réseau direct et
indirect.
- L’effet de réseau direct est l’effet de réseau de base et a été défini dans le
tout premier paragraphe.
- L’effet de réseau indirect est l’effet de réseau par lequel l’utilisation d’un bien
ou service engendre la production de biens complémentaires, ce qui va alors
augmenter la valeur initiale de ce bien ou service. Katz et Shapiro (1985)
illustrent l’effet de réseau indirect en se référant au paradigme « matériel-
logiciel ». Un produit générateur d’effets de réseau indirects est le système
d’exploitation, par exemple, Windows (Microsoft), ou encore Android
(Alphabet). Si l’usage du système d’exploitation était limité à un nombre
restreint d’individus, les développeurs de logiciels seraient incités à en
produire un nombre limité. Au contraire, si l’usage est étendu à un nombre
croissant d’individus, les développeurs auront intérêt à produire davantage de
logiciels. Ainsi, la valeur du système d’exploitation va augmenter car
davantage de logiciels pourront y être utilisés.
Rochet et Tirole (2003) identifient un autre type d’effet de réseau, l’effet de réseau
biface.
- L’effet de réseau biface est un effet de réseau par lequel l’augmentation du
nombre d’utilisateurs d’un bien ou service par un groupe d’utilisateurs
augmente la valeur d’un produit complémentaire pour un autre groupe distinct
d’utilisateurs, et vice versa. Cet effet de réseau se trouve par exemple sur les
plateformes numériques se présentant sous forme de marchés bifaces, etc.,
les places de marché en ligne (Amazon), les services d’association (Airbnb).
Chap 3: Quelles sont les réponses de l’Etat aux défaillances de marché et aux
imperfections de la concurrence?
➔ les monopoles réglementaires. ont pour origine l’État (qui peut parfois
réserver arbitrairement le droit de produire à une seule entreprise),
➔ Les monopoles naturels résultent du jeu du marché.
➔ d’une part la répartition des ressources naturelles. En effet et dans le cas des
terres rares par exemple, celui qui possède le terrain où les mines se situent
se trouve de facto en situation de monopole.
➔ D’autre part, la présence de rendements d’échelle croissants entraîne
également la formation d’un monopole naturel puisqu’une entreprise qui
grandit en taille peut évincer la concurrence en pratiquant des prix inférieurs.
On observe par exemple des rendements d’échelle croissants lorsque la
production présente des coûts fixes élevés. En effet, la production doit alors
être suffisamment grande pour que l’entreprise soit rentable. Si une deuxième
entreprise souhaitait se lancer sur le marché, les clients se répartissent entre
les deux entreprises et aucune d’entre elles ne ferait suffisamment de ventes
pour couvrir son coût de production. Ainsi, et de manière paradoxale, c’est le
libre jeu du marché qui conduit ici mécaniquement à l’émergence d’un
monopole.
Le cas des monopoles naturels constitue un exemple de défaillance de marché
c’est-à-dire une situation où l’équilibre de marché est sous-optimal.
➔ . Dans ce cas, l’Etat peut intervenir pour corriger ces défaillances via la
nationalisation ou la création d’autorités de régulation. Dans un premier
temps, la nationalisation peut permettre d’éliminer la rente de monopole en
contrôlant les prix fixés par l’entreprise.
➔ Dans le second cas, le prix est trop faible pour que l’activité de l’entreprise
soit rentable, elle implique donc une perte pour l’entreprise qui doit alors être
compensée par des transferts.
➔ Dans un second temps, les autorités de régulation peuvent également
intervenir via des politiques visant à encadrer les prix que l’entreprise
pratique. Cependant le régulateur fait face à un dilemme : il doit pouvoir
mettre en place des mécanismes permettant la rentabilité de la production
tout en empêchant la formation de marges excessives. Cela requiert toutefois
que le régulateur ait des connaissances suffisamment précises sur les
caractéristiques de l’entreprise (sa fonction de coût, la technologie utilisée ou
encore la demande à laquelle elle fait face). De plus, celle-ci peut être
amenée à mentir (par exemple, en surestimant ses coûts) afin de ne pas subir
une réglementation trop importante et de réaliser des marges[iv].
Définition:
La réglementation est l'ensemble des règlements, c'est-à-dire des mesures
légales, des règles, des prescriptions, des indications et autres textes
juridiques qui régissent une activité sociale ou qui concernent un domaine
particulier. Elle est rédigée par les administrations compétentes ou les
personnes mandatées.
➔ Economie: théories
Pour corriger les défaillances issues du marché et mener ainsi au bien-être collectif,
à la croissance, l’État intervient.
La concurrence Pour éviter que les structures de concurrence imparfaite n’entravent la loi de
imparfaite l’offre et de la demande, les pouvoirs publics européens ont mis en place une
politique de la concurrence.
Les biens publics Puisqu’aucune entreprise ne veut produire les biens publics, les pouvoirs
et les biens publics doivent le faire. L’Etat est alors producteur.
communs.
Les biens communs doivent être protégés par la loi, par des quotas
d’exploitation…
Pour faire face aux défaillances, les adeptes de l’interventionnisme considèrent que
l’État est la réponse optimale. Or, tel n’est pas le cas, car comme tout acteur, l’État
aussi peut faillir. On appelle défaillance de l’État une allocation non optimale (ou non
conforme au but affiché) des ressources, induite par une intervention de l'État.
Politique de la concurrence :
Instruments :
La déréglementation brutale qui sévit depuis quelques années dans une région du
monde jusque là fortement réglementée, l’Europe, n’est pas sans créer de nombreux
problèmes pour les entreprises et leurs clients. Le double phénomène de la création
du marché unique européen puis de la libéralisation accélérée des échanges
mondiaux a fortement mis à mal l’édifice complexe des réglementations nationales
et communautaires sans que l’on puisse affirmer que les clients ou l’éthique des
affaires y aient beaucoup gagné. L’étude fournit de nombreux exemples relatifs aux
télécommunications, au gaz naturel, à l’électricité, la poste, les assurances, la
grande distribution, la gestion de l’eau et des déchets ou les chemins de fer. Elle
souligne les difficultés nouvelles qui apparaissent dans ces différents transferts de
pouvoirs et de responsabilités.
Plan
Cette remise en cause soulève trois types d’enjeux : 1) des enjeux concernant les
fondements de ce qui est parfois appelé, sans jamais être précisément défini, le «
modèle social » français ou européen et reposant sur un service public fort et
étendu, vecteur de cohésion social et d’aménagement du territoire ; 2) des enjeux
portant sur les attributs du service public (possibilité de discriminations tarifaires ou
qualitatives, opportunité d’instaurer un service minimum, place des usagers dans
l’évolution du service public) et, enfin, 3) des enjeux concernant sa mise en œuvre.
C’est pour affronter ces enjeux que l’Europe a reconnu, en 1996 (dans une
Communication) et en 1997 (dans le Traité d’Amsterdam) le rôle central des
Services d'intérêt général (SIG) sans pour autant parvenir à régler les conflits
juridiques entre libre concurrence et obligations de service public. Aussi la
Commission européenne a-t-elle insisté, notamment pour les services « industriels
et commerciaux », sur une nécessaire clarification, concernant non seulement les
services qui composent les SIG, mais encore leurs coûts ou leurs modes de
tarification, leur financement (impôt et/ou recettes perçues auprès des usagers), leur
fonctionnement, leur évaluation et le partage des responsabilités entre les acteurs.
Clef de leur « modernisation », cette clarification s’accompagne souvent du
renforcement de l’intervention privée et de la concurrence effective dans les secteurs
concernés.
Pourtant, la qualité du service, l’élargissement de l’offre et la baisse des prix ne se
concrétisent pas forcément mieux en concurrence ou au travers d’entreprises
privées. Inversement, considérée comme garante de l’intérêt général, la propriété
publique, longtemps associée à la fourniture du service public (cf. la constitution de
1946) est-elle toujours légitime ? De manière générale, il convient donc de
s’interroger sur la légitimité et, le cas échéant, sur les formes d’intervention publique
et sur les structures pertinentes de marché pour garantir le plus efficacement
possible le service public. C’est dans ce contexte qu’est née la notion de service
universel.
Cette théorie intègre les comportements stratégiques des agents et cherche à tirer le
meilleur parti, en concurrence imparfaite, des mécanismes d’intervention et de
concurrence. Elle constitue un fondement essentiel des politiques de libéralisation
dont il convient de considérer si elles constituent des avancées ou des reculs pour
les modèles de services publics français et européens. Libéralisation et service
universel : progrès ou remise en cause du service public ? Le service universel :
corollaire indispensable de l’ouverture à la concurrence Longtemps fondés sur des
monopoles publics, les services publics pouvaient s’accommoder d’une définition
imprécise de leurs contours : ces monopoles avaient pour principal objectif de servir
les usagers, indépendamment des questions de profitabilité, et bénéficiaient d’un
statut protecteur. Pour jouer leur rôle de réduction des inégalités sociales ou
territoriales, les services publics dans les industries de réseau se sont
historiquement financés par des subventions croisées entre segments d’activités
(Curien, 2005). C’est ainsi que les monopoles pouvaient s’accommoder de missions
de service public, même imprécises, et étaient en mesure de les financer en
sur/sous-tarifant les marchés les plus/moins captifs. La marge sur les services (dont
le coût de fourniture est faible) a longtemps subventionné l’accès aux infrastructures
(représentant un coût fixe élevé). Cette pratique se justifie d’autant plus que la valeur
d’usage du service croît avec le nombre d’abonnés (externalités de réseau). De
même, d’autres subventions croisées se sont légitimement développées, par
exemple entre les zones denses des villes, relativement moins coûteuses à
raccorder, et les zones moins denses des campagnes. Or, si de telles pratiques sont
possibles et souhaitables dans les secteurs en monopole, ce n’est plus le cas
lorsque la concurrence se développe : si une telle tarification s’appliquait, les
concurrents de l’entreprise « écrémeraient » les segments les plus rentables,
annulant toutes possibilités de subventions croisées, « bonnes » (car finançant le
service universel) ou « mauvaises » (lorsqu’elles permettent d’abuser des segments
captifs).
Pour conserver un service public à la suite d’une libéralisation, l’État doit donc établir
des mécanismes de subvention du (ou des) opérateur(s) en charge des obligations
de service universel, ce qui pose trois problèmes : celui de la définition des missions
de service universel ; celui de l’estimation précise de coûts correspondants ; et celui
du mode de financement (fonds ad hoc, prélèvement sur charges d’accès…) et de
sélection des opérateurs (appels d’offres) chargés du service universel.
Le service universel : moyen de clarifier les missions de service public et le rôle des
acteurs ? L’ouverture à la concurrence impose une remise à plat (salutaire pour les
uns et dangereuse pour les autres) du service public qui s’accompagne d’une
clarification de ce qui relève des services d’intérêt général et notamment du service
universel. Cette clarification implique de hiérarchiser les priorités politiques en
termes de services à offrir et de contraintes associées. Ce sont en effet ces services
(et uniquement eux) qui pourront bénéficier de financements spécifiques au sein de
secteurs (désormais) concurrentiels, afin de « fausser » le moins possible les
mécanismes de marché. C’est ainsi que le service universel des télécommunications
inclut la téléphonie fixe, l’annuaire et les services de renseignement, les cabines
téléphoniques ainsi que des conditions spécifiques pour certains services ou
certaines populations (tarifs sociaux). Il constitue une partie, et une partie seulement,
du service public français des télécommunications, qui comprend, outre le service
universel, les services obligatoires dont les prix sont librement fixés par l’opérateur et
les missions d’intérêt général en matière de défense et de sécurité, de recherche
publique et d’enseignement supérieur qui relèvent de logiques autres que tarifaires.
Dans le domaine de l’électricité, le service public intègre, au plan communautaire, le
service universel (approvisionnement à des tarifs abordables aisément et clairement
comparables et transparents, de tous les clients résidentiels), la protection des
consommateurs vulnérables ou géographiquement isolés, des mesures de
protection de l’environnement et la sécurité de l’approvisionnement. La définition du
service universel s’accompagne également d’une clarification concernant ses coûts
et si possible leur réduction par le développement de mécanismes de marché. Trois
types non exclusifs de financement sont alors envisageables : 1) l’autofinancement
(ne permettant pas forcément la révélation des coûts et avantages associés à la
mise en œuvre de ces missions) ; 2) l’octroi d’une position protégée sur un marché
par des mécanismes concurrentiels (enchères ou soumissions comparatives),
permettant la révélation des coûts et, finalement, l’attribution des marchés aux
opérateurs réclamant la plus faible subvention (ou proposant le service de meilleure
qualité) ; 3) la répartition, plus ou moins complexe, des coûts sur l’état et/ou sur
l’ensemble des opérateurs. Un fonds spécial abondé par les opérateurs ou une
majoration des tarifs d’interconnexion peut être mis en place à cet effet. Enfin,
corollaire de cette réorganisation, les États, en tant que promoteurs et souvent
producteurs de services publics, doivent clarifier leur position, soit en se
désengageant de la production (privatisation des entreprises publiques), soit en
instaurant des mécanismes d’aide et d’attribution des marchés de service public
compatibles avec le fonctionnement des marchés. La libéralisation des marchés et
l’introduction de la notion de service universel clarifierait donc les missions de
service public et le rôle des acteurs. En revanche, si le « service universel est une
notion dynamique et flexible […] [pouvant] être redéfinie périodiquement pour
s’adapter au contexte social, économique et technologique » (Commission
européenne, 2004, p.8), il n’en reste pas moins que cette redéfinition, de même que
le statu quo, posent des problèmes qui peuvent être à l’origine d’un affaiblissement
du service public.
Si le concept peut apparaître, sous certains aspects, comme une avancée, il n’en
constitue pas moins, sous d’autres, un recul de la notion de service public. Ce recul
est lié aux effets des processus de libéralisation qui rejaillissent sur le service public,
à la différence de nature entre service universel et service public et à la précarité des
services publics qui peut résulter de l’instauration d’un service universel. La
concurrence est considérée, dans les processus de libéralisation, comme un double
ressort du service universel : d’une part, elle permettrait, indépendamment de toute
intervention, d’abaisser les prix, de développer l’offre et de stimuler l’innovation en
même temps qu’elle doit pouvoir, d’autre part, être utilisée pour attribuer aux
entreprises les plus performantes les obligations du service universel. En pratique
comme en théorie, le modèle concurrentiel se heurte aux persistantes défaillances
de marché : la solution historique d’un monopole régulé, finançant le service
universel par subventions croisées, peut demeurer pertinente (Gasmi et al., 2000).
De même, le développement d’une concurrence effective (par une régulation
asymétrique imposant des obligations spécifiques aux opérateurs historiques) n’a
souvent pas empêché, à terme, une reconcentration des marchés. Rien ne garantit
alors que les effets escomptés de la concurrence seront à la hauteur des attentes et
donc que les processus de libéralisation (et de privatisation) contribueront à fournir
tout ou partie du service universel sans intervention spécifique. C’est ainsi que, dans
le secteur des télécommunications, des indicateurs de qualité de service (tels que le
nombre de plaintes), l’extension géographique des nouveaux services (comme
l’ADSL ou la fibre optique) ou l’investissement, relativisent les succès de la
libéralisation du secteur (Flacher & Jennequin, 2007). Dans le secteur de l’électricité,
la situation apparaît encore plus contestable dans la mesure où les services
réglementés aux usagers sont amenés à disparaître (Rapport 2005 de la CRE, p.66)
et à laisser place à des prix de marché qui seront vraisemblablement plus élevés. À
tel point que Boiteux (2007) affirme, non sans nuancer son propos, qu’« avec la
suppression des tarifs régulés que demande Bruxelles, il ne s’agit donc plus, comme
on pouvait le croire initialement, d’ouvrir la concurrence pour faire baisser les prix,
mais d’élever les prix pour permettre la concurrence ». Cette affirmation
s’appuied’une part sur l’écart de coûts entre EDF et ses homologues de la plaque
NordEuropéenne et d’autre part sur l’évolution d’EDF d’une logique de vente au coût
marginal (de long terme) à une logique d’accroissement de la rentabilité. Au-delà
des problématiques de monopole naturel ou des difficultés de planification privée
d’investissements lourds sur de très longues périodes, il semble fort probable que la
libéralisation du secteur de l’énergie soit une mauvaise nouvelle pour le
consommateur et le service public [ « Qu’attendre de l’ouverture à la concurrence du
secteur de l’électricité ? », p.127]. Cela est d’autant plus vrai que la mise en
concurrence des acteurs pour la fourniture du service universel ne garantit pas que
les effets théorisés par Demsetz (1968), puis d’autres après lui, se réaliseront
(Saussier & Yvrande-Billon, 2006). Les coûts de transaction liés aux procédures de
mise en concurrence et d’organisation sectorielle sont en effet nombreux (choix de
procédures, incomplétude des contrats, complexité des critères d’attribution,
barrières à l’entrée ou à la sortie…) et parfois importants. Inversement, d’autres
approches, visant par exemple à développer, par des politiques industrielles, des
champions nationaux, peuvent se révéler aussi. efficaces que la recherche d’une
concurrence effective si ces champions nationaux sont sources d’innovations et/ou
de réduction des coûts. Cette logique a souvent été celle de l’Europe pendant les
Trente Glorieuses. Dans ce cas, la notion de service universel apparaît moins
fondamentale car le service public se construit de manière plus « extensive », en
incluant les problématiques de recherche, d’investissement, de qualité de service,
alimentant un service public qui se confond avec un service au public, le premier
justifiant le second et réciproquement. En même temps que la notion de service
universel permet de circonscrire le service public de manière précise, elle risque
aussi, en tronçonnant le marché, de limiter les ambitions du service public en
l’empêchant de traiter plus globalement les problématiques qui le concernent. Enfin,
l’émergence du concept de service universel, en sortant le service public du flou qui
l’entourait, offre peut-être aussi moins de garanties de voir ce service s’étendre «
naturellement ». Lévêque (2004), souligne en effet que le contour de ces missions,
sous l’influence libérale, tend à se réduire afin d’interférer le moins possible, au
niveau du secteur, sur la libre fixation des prix par le marché. Elles seraient alors
remplacées par une redistribution plus directe, via l’impôt et les aides sociales. Ce
qui n’est pas sans présenter certains risques en termes d’équité… L’objectif de
rentabilité qui caractérise les secteurs libéralisés donne de facto une responsabilité
accrue au pouvoir politique dans les choix d’extension du périmètre du service
universel dont on peut regretter qu’il ait peu évolué dans des secteurs aussi
dynamiques que celui des télécommunications (la téléphonie mobile ou Internet à
haut débit en étant exclus). De surcroît, sur ce terrain, en Europe, une large part
reste à la discrétion des États ou des collectivités locales, au risque de voir ces
services se développer trop lentement ou de manière inégale sur les territoires. On
peut, de ce point de vue, s’interroger sur la plainte de la Commission contre la
France en 2006, pour absence de régionalisation des appels d’offres concernant la
gestion du service universel.
Conclusion
Dans les marchés libéralisés des industries de réseau, le maintien du service public
ne pouvait se passer d’une remise à plat des compétences et de l’organisation des
différents acteurs (publics et privés), d’une évaluation des coûts et de la qualité du
service rendu, d’une réflexion sur leur financement et, avant tout, d’une définition
précise des missions d’intérêt général. Le service universel, dans ses composantes
géographique et sociale, constitue un élément essentiel des SIG. Défini au niveau
communautaire et susceptible d’être complété par les États, il constitue une avancée
à bien des égards (transparence des missions, des coûts, des financements, des
compétences…) mais appelle aussi la vigilance des défenseurs du service public qui
fonde les modèles sociaux français et européen. Une vigilance, d’abord, parce que
le service public accorde à l’intervention publique davantage de place que le service
universel et que le service universel, aujourd’hui cantonné aux industries de réseau,
pourrait s’étendre demain à des secteurs plus sensibles encore (éducation, services
sociaux, santé…). Une vigilance, ensuite, parce que les défaillances de marché
restent fortes et que le développement d’une « concurrence effective » peut se
révéler décevante voire contre productive. Une vigilance, enfin, parce que le service
universel doit être une notion effectivement dynamique et intégrer dans son
périmètre les évolutions techniques et sociétales sans quoi il perdrait, de fait, tout
son sens.