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CHAPITRE V : LE RÔLE
DE L’ÉTAT DANS LA VIE
ECONOMIQUE ET
SOCIALE
Christelle ZENG
ANALYSE ECONOMIQUE ET
HISTORIQUE DES SOCIETES
CONTEMPORAINES
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CPGE ECE 1
INTRODUCTION
∎ Interventionnisme contre libéralisme : une opposition établie bien avant Adam Smith
Le thème de l’intervention de l’État est un thème qui n’est pas nouveau. Il est présent dans le
courant classique, qui justifie le libéralisme. Même avant, les mercantilistes justifient certaines
formes de l’intervention de l’État dans sa capacité à défendre le pays et les entreprises nationales
dans la compétition internationale. Le libéralisme prend une forme directement accès sur la politique
industrielle à travers le colbertisme, qui donne naissance à cette tradition française de la forte
présence de l’État au niveau industriel. Les physiocrates au XVIIIème siècle vont au contraire défendre
des thèses libérales. Ce son des partisans du libéralisme à l’intérieur du pays, et également des
partisans du libre échange au niveau international, l’expression du laisser-faire, laissez-passer
apparaissant à cette époque.
L’État est une personne morale de droit publique qui, sur le plan juridique, représente une
collectivité, à l’intérieur ou l’extérieur d’un territoire déterminé sur lequel elle exerce le
pouvoir suprême, la souveraineté. Associé à l’exercice de ce pouvoir suprême, l’État dispose
d’un certain nombre de monopole comme l’utilisation de contrainte physiques pour faire
respecter la loi, la collecte des impôts…
Weber, « Le savant et le politique » (1919) : « S’il n’existait que des structures où toute
violence serait absente, le concept d’État aurait alors disparu et il ne subsisterait que ce qu’on
appelle au sens propre du terme l’anarchie… il faut concevoir l’État contemporain comme une
communauté humaine qui dans les limites d’un territoire donné revendique avec succès pour
son propre compte le monopole de la violence physique légitime.» Sa définition montre la
difficulté à pouvoir spécifier et reconnaître quand on a affaire à un État ou non, il pose la
question de la légitimité de son monopole.
L’expression d’État nation signifie que l’État coïncide avec la nation, définie en fonction d’une
identité commune qui lui confère sa légitimité. Elle renvoie à une notion de science politique
qui amène à réfléchir sur le problème de cette identité commune.
La notion d’État-Providence : C’est une forme particulière de l’État, qui a eu tendance à se
développer après la 2nde GM. C’est une conception de l’État qui met l’accent sur le rôle
particulièrement important de celui-ci en matière de redistribution des richesses, de
régulation de l’économie, d’assistance aux plus défavorisés, et de fourniture de biens
collectifs. Il est caractérisé par un interventionnisme assez fort sur le plan économique et sur
le plan social (lutte contre la pauvreté, recherche d’atténuation des inégalités…). Ne pas
confondre avec la notion de l’État Providence au sens étroit (système de protection social).
La question de délimitation se pose aussi à l’intérieur de l’État-Nation, puisqu’il y a plusieurs
niveaux de décisions. Les administrations publiques regroupent l’État central, la collectivité
territoriale, les organismes de sécurité sociale. Problème de répartition des compétences qui
fait que la question du monopole de l’État à l’égard des prises de décisions est attaquée par
le haut et par le bas. Le monopole qu’il détient est celui concernant la violence physique
légitime.
La notion de fédération ou confédération : Le fédéralisme est un mode d’organisation dans
lequel chacun des membres dispose d’une large autonomie et délègue certains de ses
La fonction d’allocation des ressources : elle répond à la question de savoir comment l'État
doit intervenir pour permettre à l'économie d'être efficace (optimale au sens de Pareto). On
a à la fois la fixation de règles et de droits qui permettent au marché de fonctionner de
manière efficace (telles que des lois anti-trust), mais également l’intervention de l'État dans
les domaines de défaillance du marché. Selon Musgrave, il y a une intervention de l’État dans
le cas des biens tutélaires, bien que le marché ne soit pas défaillant. L’autorité publique doit
interférer avec la souveraineté du consommateur pour inciter les consommateurs à
consommer plus ou moins de certains biens. Cela peut également passer par une contrainte
ou une incitation comme l’interdiction de consommer certains biens.
La fonction de répartition des revenus et richesses : c’est une fonction de redistribution des
revenus, l'État aspire à l’égalité d’accès des citoyens à certaines richesses matérielles. L'État
ne se contente pas d’adhérer au principe de la justice commutative (i.e. « à chacun selon son
apport »), il introduit également un principe de justice redistributive (« à chacun selon ses
besoins »). L'État cherche également à atteindre une certaine équité.
La régulation ou stabilisation conjoncturelle : l'État a pour mission de réguler l'activité
économique, en relançant l'activité dans les périodes de dépression et en restreignant les
dépenses publiques en période d'inflation. Il s'agit du principe de la régulation
conjoncturelle, telle qu’elle a été mise en place durant les années 60 au travers des
politiques de Stop & Go.
A qui va profiter cette mesure ? Une explication qu’on peut donner à la réponse assez surprenante
de Musgrave : il est dans une démarche normative, il cherche quelles doivent être les bonnes
interventions de l’État, et comment elles doivent s’organiser. Il justifie sa réponse en disant que les
questions de répartition, et plus généralement les arbitrages auxquelles l’État est nécessairement
confronté, ont été résolus en amont, c'est à dire qu’on n’est plus dans le domaine de la prise de
décision collective qui va devoir passer par le vote…, on est dans la domaine des décisions concrètes
de l’État sachant que les objectifs ont été bien définis auparavant.
Ils sont optimisateurs, ils maximisent une fonction objective d’utilité profit sous une
contrainte budgétaire. Ces individus rationnels sont sensés se coordonner au sein d’un
marché par les prix, qui est un marché de concurrence parfaite.
L’atomicité : individuellement, l’acheteur ou le vendeur ne peut influencer les conditions du
marché, donc les prix et la quantité échangées sur le marché. Cela peut se traduire par le fait
qu'il y ait beaucoup d'offreurs ou de demandeurs. Quoiqu'il en soit, les offreurs et les
demandeurs sont « price taker ».
Transparence ou information parfaite : toutes les caractéristiques du bien échangé sont
connues, en particulier la qualité. Il y a un prix qui prévaut et il est unique, le prix du marché
s’impose aux acheteurs et aux vendeurs.
La libre entrée et libre sortie : elle est rarement obtenue de manière instantanée sur le
marché. Il y a peu de place pour les coûts de production pour les entreprises. Une entreprise
concurrentielle qui a des coûts de production plus faible que les autres n’est pas possible
dans ce modèle.
b) La boite d’Edgeworth.
c) Les allocations optimales au sens de Pareto
d) Contraintes budgétaires et équilibre général
On recherche les conditions techniques grâce auxquelles un marché concurrentiel peut à la fois être
efficace et en équilibre. Ces conditions vont prendre une formation mathématisée. On n’est plus
dans l’argumentation mais dans la démonstration. On suppose qu’il y a atomicité, le prix du marché
s’impose à 2 agents économiques. La boite d’Edgeworth permet d’abord de s’intéresser à la question
de l’efficacité. On présente les choses dans un cadre simplifié : il n’y a pas de monnaie, ils n’ont pas
de revenu en terme d’unité monétaire, mais ils ont des dotations initiales en biens.
𝑖 = 1, 2𝑏𝑖𝑒𝑛𝑠
𝑗 = 𝐴, 𝐵 é𝑐ℎ𝑎𝑛𝑔𝑖𝑠𝑚𝑒𝑠
𝑗
𝑥𝑖 =𝑞𝑢𝑎𝑛𝑡𝑖𝑡é 𝑑𝑒𝑚𝑎𝑛𝑑é𝑒 𝑑𝑒 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑖 𝑝𝑎𝑟 𝑗
𝑗
𝑎𝑖 = 𝑑𝑜𝑡𝑎𝑡𝑖𝑜𝑛 𝑖𝑛𝑖𝑡𝑖𝑎𝑙𝑒 𝑒𝑛 𝑏𝑖𝑒𝑛 𝑖 𝑝𝑜𝑢𝑟 𝑗
NE = non échange
𝑥2𝐴 9 8 7 6 5 4 3 2 1 0B
𝑥1𝐵 1 𝑎2𝐵
5 NE 2
4 3
𝑎2𝐴 3 4
2 5
1 6
0A
1 2 3 4 5 6 7 8 9 𝑥2𝐵 𝑥1𝐴
𝑎 2𝐴 = 5 oranges 9 bananes
𝑎2𝐵 = 2 oranges
Courbe des contrats : courbe qui relie dans la boite d’Edgeworth tous les optima de Pareto
𝑃1
On introduit le prix du bien 1 et du bien 2 : ⁄𝑃
2
𝑥2𝐴 9 6 𝑎1𝐵 OB
7 𝑎2𝐵
NE
5 2
𝑎2𝐴
OA 3 9 𝑥1𝐴
𝑎1𝐴
Pour A :
𝑃1 𝑃 𝐴𝐴 +𝑃 𝑎𝐴
𝑃1 𝑥1𝐴 + 𝑃2 𝑥2𝐴 = 𝑃1 𝐴1𝐴 + 𝑃2 𝑎1𝐴 ⇔ 𝑥2𝐴 = − ⁄𝑃 𝑥1𝐴 + 1 1𝑃 2 1
2 2
𝑥2𝐴 9 6 𝑥1𝐴 OB
7 𝑥2𝐵
NE
5 2
𝑥2𝐴
OA 3 9 𝑥1𝐴
𝑃1
𝑀𝑎𝑥 𝑈 𝐴 ⇒ 𝑇𝑚𝑆2𝐴𝑎 1 = ⁄𝑃
2
Sous la contrainte
𝐷2 (𝑃1 , 𝑃2 ) > 0
𝑃2 𝑃
⇒↗ ⁄𝑃 ⇔↘ 1⁄𝑃
1 2
D1 = D2 = 0
𝑃1
Les 2 échangistes sont à l’optimum : 𝑇𝑚𝑆2𝐴𝑎 1 = ⁄𝑃 = 𝑇𝑚𝑆2𝐵𝑎 1
2
∎ Loi de Walras : équilibre général et neutralité de la monnaie : quelque soit le système de prix, la
somme de valeurs des demandes nettes est nulle.
Conséquence : Il n’y a que n-1 marchés qui sont indépendants. S’il y a équilibre sur n-1 marchés,
alors il y a forcément équilibre sur le nème marché. Cela signifie que l'on peut choisir arbitrairement le
prix d'un bien sur un des n marchés du moment que le prix relatif du bien 1 par rapport au bien 2 est
respecté. Dire que l'on peut choisir arbitrairement un bien signifie que l'on peut choisir un bien qui
va servir de numéraire (d’unité de compte) et donc qui va servir de monnaie. On est dans une
conception standard classique néo-classique du rôle de la monnaie, c'est à dire qui n'est qu'un
instrument que l'on introduit dans une économie de troc pour rendre les échanges plus aisés. On
l'introduit comme une unité de compte, et comme intermédiaire des échanges. Dans le cadre strict
de la théorie de l'équilibre général, c'est le commissaire priseur qui détermine le prix relatif des biens,
les échanges peuvent avoir lieu directement sans monnaie. On parle de neutralité de la monnaie.
Premier théorème : il nous dit que si on a un équilibre général (obtenu sur des marchés
concurrentiels) alors cet équilibre général est également un optimum de Pareto
Deuxième théorème : sous certaines conditions (en particulier pas d’externalités), tout
optimum de Pareto peut-être obtenu grâce à des marchés concurrentiels menant à un
équilibre général. Cette problématique a souvent été interprétée comme un point de départ
théorique pour analyser les questions liées à la justice sociale, économique, c'est à dire tout
ce qui est lié à la question de répartition. Si la société se fixe comme objectif une distribution
plutôt égalitaire plutôt qu’inégalitaire (c'est à dire dans la boite d’Edgeworth, au milieu de la
boite), on sait qu’il existe un optimum de Pareto qui correspond à cette distribution, on sait
donc qu’il est possible d’atteindre cet optimum de Pareto grâce au marché concurrentiel. Il
f) Le résultat de Sonnenschein-Mantel-Debreu
Harrod & Debreu (1954) ont démontré l’existence d’un équilibre général de l’économie, mais ne
montrent pas l’unicité et la stabilité de cet équilibre dans le cadre d’un marché concurrentiel qui
fonctionne librement.
La question de la stabilité donne lieu à un grand nombre de travaux. On cherche à savoir ce qu’il se
passe sans commissaire priseur, lors d’un choc exogène, lorsque l’économie s’écarte de l’équilibre. A-
t-elle elle-même tendance à revenir à l’équilibre ou pas ?
Les résultats les plus importants gardent une certaines pertinence empirique, ce sont les résultats
qu’on appelle le résultat de Sonnenschein Mantel Debreu, obtenue dans les années 70.
Interprétation du résultat : même lorsque les consommateurs sont normaux au sens économique, et
même lorsque le marché est parfait, on ne peut obtenir aucune information claire sur le
comportement de la demande agrégée sur le marché. Ainsi, on sait que la demande individuelle est
décroissante en fonction du prix mais on ne sait pas avec certitude comment elle se comporte au
niveau agrégée. Ils remettent alors en cause la loi classique de l’offre et de la demande, c'est à dire
l’idée selon laquelle les marchés concurrentiels convergent naturellement vers un équilibre. Celle loi
n’est pas une loi démontrable car la demande peut en fait avoir n’importe qu’elle forme : elle n’est
pas nécessairement toujours décroissante.
Mantel (1977) : « Il n’y a pas si longtemps que pouvait être trouvé le point de vue optimiste selon
lequel le processus d’ajustement des prix habituels pour des économies concurrentielles est de façon
semblable à une règle stable. Les contre-exemples avec un équilibre unique instable donné par Scarf
(1960) et Gale (1963) avaient un effet modérateur sur ce point de vue optimiste sans remettre en
cause l’impression que les processus de prix sur les marchés concurrentiels exhibent une sorte de
stabilité inhérente. »
Avant les résultats de Sonnenschein Mantel Debreu, même s’il existait certains résultats qui
montraient qu’un marché concurrentiel instable pouvait exister, ils tempéraient un peu l’optimisme
sans remettre en cause la conviction générale selon laquelle l'ajustement normal des prix sur un
marché concurrentiel était une convergence vers l'équilibre.
Il faut savoir que même la théorie générale ne décrit pas une économie stable. Un équilibre existe,
mais on ne sait pas s’il est unique et on ne sait pas s’il est stable. Néanmoins, elle reste la théorie de
référence de la plupart des économistes, et pour certains, elle reste la meilleure des théories
descriptives. C’est plutôt une théorie positive que normative.
Une autre façon de questionner la capacité d’individus à se coordonner par les prix est aussi
d’étudier les marchés d’enchères et expérimentaux. Nous ne sommes pas dans le contexte de
l’équilibre général : il n’y a pas d’atomicité, pas de commissaire priseur walrasien.
∎ L’homo sapiens sur les marchés expérimentaux : efficacité des marchés de biens et bulles sur les
marchés financiers :
Ce sont des vrais individus qui échangent sur des marchés, sachant qu’on est dans des laboratoires,
on n’observe pas des marchés grandeur nature et en situation. On est un dans un environnement
contrôlé. Ces marchés sont des marchés concrets, malgré le contexte du laboratoire, car il n’y a pas
de commissaire priseur, les prix des échanges évoluent en fonction des échanges qui ont réellement
lieu, il y a des échanges qui ont lieu en dehors de l’équilibre. Les résultats obtenus : le marché est
efficace lorsqu’il s’agit de marchés de biens, mais pour les marchés financiers, les bulles ont tendance
à apparaitre, c'est à dire que ni l’équilibre ni l’efficacité prédit par la théorie sont des caractéristiques
exhibées par ces marchés là.
⇒ Pour les marchés de biens : Les premiers travaux reconnus comme étant des travaux effectués
dans un contexte expérimental relativement rigoureux sont ceux de Smith (1966), pour lequel il a
reçu le prix Nobel en 2002.
- Coté demande : le prix de réservation des acheteurs sont fixés, c'est à dire le prix maximal
que les acheteurs sont prêts à payer pour chaque unité du bien. Il n’y a qu’un seul bien, c’est
un bien homogène. Il n’y a certes pas atomicité mais on admet qu’on est dans un cadre
institutionnel dans lequel les caractéristiques importantes du marché parfait sont respectées,
notamment la transparence et l’homogénéité. Le gain de l’acheteur est la différence entre le
prix qu’il est prêt à payer et le prix qu’il va réussir à obtenir de la part des offreurs au cours
de la négociation.
- Côté offre, on a une situation symétrique : les offreurs connaissent leur coût de production
pour chaque unité du bien, la décision à prendre est simple, ils doivent essayer de vendre au
prix le plus élevé, et à un prix supérieur au coût de production pour l’unité qu’ils cherchent à
vendre au moment considéré. Cela correspond au profit unitaire (différence entre le prix de
vente et le cout unitaire de production).
Les résultats : l’expérience de Smith montre qu’un tel marché expérimental converge vers l’équilibre
en prix en quantité théorique.
4 ***********
3 ***
1 2 3 4 5 Qté
***** Les prix auxquels les échanges (des homos sapiens) ont eu lieu.
40
Surplus du
36
consommateur
31
P*=27
25
0 1 2 3 4 𝑄𝑡é
O(p)
P*=27
D(p)
Q* q
Surplus des
producteurs
Surplus collectif = 12
On observe une tendance à la convergence vers la situation où le marché est efficace, sur ce marché
on obtient des degrés d’efficacité de marché supérieurs à 95%. La convergence s’observe au cours de
l’expérience. Les individus échangent de plus en plus vite au prix d’équilibre.
Ces expériences, depuis Smith 1962, ont été répliquées dans des contextes institutionnels assez
variés. On observe la tendance à la convergence vers le prix lorsque :
⇒ Pour les marchés financiers : les résultats vont être moins favorables à la théorie standard. On
parle ici d’échanges de titres qui ressemblent à des actions.
Un marché est efficient lorsqu’il révèle la valeur fondamentale des titres. La valeur fondamentale
d’un titre est la valeur actualisée des flux de dividendes espérés. C’est la caractéristique d’un marché
efficient, car si le prix auquel les titres sont échangés est égal à cette valeur fondamentale, il n’y a pas
pour les individus d’arbitrage fournissant à l’un deux une plus-value espérée positive. Toute
l’information pertinente relative à la valeur réelle de l’actif est véhiculée par le prix.
Les caractéristiques sont les mêmes, il y a transparence totale, elles sont connues de tous les
individus. Ils savent qu’à la fin de la 15ème période, un titre ne vaut plus rien. La théorie nous dit que
sous les hypothèses de neutralité vis-à-vis du risque d’anticipations rationnelles et de connaissance
commune des anticipations rationnelles, aucun échange ne doit avoir lieu sur un tel marché.
S’il y a des individus qui sont adverses au risque et d’autre non, des échanges vont avoir lieu mais
seulement à la première période. Certains vont céder leurs titres au début de la première période
contre des liquidités à ceux qui préfèrent le risque. On observe une bulle : le prix du marché passe de
1,30 à 5,65 à la 4ème période, c'est à dire 2 fois la valeur fondamentale. Puis le prix chute ensuite,
c’est le krach après la bulle plus ou moins rapidement selon les expériences. Plus on se rapproche de
la 15ème période, plus le prix va tendre vers 0. Le fait qu’il y ait un effondrement du prix au cours des
dernières périodes n’est pas surprenant, le plus surprenant est le fait qu’il y ait eu bulle.
Là encore, pour Smith 62, les résultats s’observent dans des contextes différents, on observe des
bulles même lorsque les sujets sont des professionnels de la finance. Les bulles apparaissent même
lorsque les dividendes sont certains. On observe également des bulles même quand on introduit une
taxe sur les transactions, cela signifie que lorsqu’on multiplie les transactions, l’espérance
mathématique est plus faible. La conclusion qui semble émerger ici est que l’homo sapiens semble
avoir tendance à spéculer, même sur des marchés financiers simplifiés.
Il faut trouver d’autres façons pour savoir dans quelle mesure des marchés concurrentiels puissent
fonctionner de manière satisfaisante. On s’intéresse à des marchés particuliers.
Une enchère : c’est un mécanisme par lequel un agent unique met en concurrence d’autres agents
(un nombre indéterminé mais toujours supérieur à 1) en vue de leur vendre ou de leur acheter un
bien, un service ou un ensemble de bien et/ou de services.
Les travaux de Vickrey (1961) consistent à appliquer la théorie des jeux à la théorie des enchères,
cela a permit un développement conséquent de la théorie des enchères. Généralement, les
enchères sont simples, il y a un individu d’un côté et plusieurs de l’autres.
On distingue :
L’enchère anglaise : c’est la plus classique, c’est l’enchère montante. Les prix proposés
par les acheteurs augmentent jusqu'à ce que plus personne ne renchérisse.
L’enchère hollandaise : elle est descendante. Le vendeur propose un prix et il diminue
son prix jusqu’à ce qu’un acheteur se manifeste. On la trouve sur les marchés au cadran,
dans les marchés de gros (poissons, fleurs), biens immobiliers avec un prix qui descend
de manière fixée par jour.
Les doubles enchères sont un mélange de l’enchère anglais et de l’enchère hollandaise. Il
y a plusieurs offreurs et plusieurs demandeurs.
L’enchère scellée : s’il s’agit d’une enchère d’acheteurs, c’est celui qui propose le prix le
plus élevé qui l’emporte, s’il s’agit d’une enchère d’offreurs, c’est celui qui propose le
prix le plus bas.
L’enchère scellée au second prix : s’il s’agit d’une enchère d’acheteurs, c’est celui qui
propose le prix le plus élevé qui l’emporte et il paye le prix que l’avant dernier à proposé.
Souvent, les enchères concernent la vente d’un bien unique. Quand il concerne la vente de plusieurs
unités d’un même bien, on parle dans ce cas la d’adjudication. Il y a 2 types d’adjudications :
Dans quelle mesure cet agencement institutionnel du marché a une place importante dans
l’économie ?
Le champ d’application reste relativement étroit mais ce n’est pas non plus un mode de coordination
par les prix exceptionnel, il y a de multiples domaines dans lesquels ces enchères existent (œuvres
d’art, immeubles, fleurs, poissons, concessions pétrolières, émissions d’actions, obligations).
Les propos de Smith sur l’intervention de l’État concernent en partie les mêmes domaines de
défaillances du marché.
Smith, (Richesse des Nations) : « Le souverain n’a que trois devoirs à remplir : premièrement le devoir
de défendre la société de tout acte de violence ou d’invasion. Deuxièmement, le devoir de protéger
chaque membre de la société contre l’injustice ou l’oppression de tout autre membre. Troisièmement,
le devoir d’ériger et d’entretenir certains ouvrages publics et certaines institutions que l’intérêt privé
d’un particulier ou de quelques particuliers ne pourrait jamais les porter à ériger ou entretenir parce
que jamais le profit n’en rembourserait la dépense à un particulier ou quelques particuliers. »
Le souverain n’intervient que lorsque le marché connait des défaillances. C’est une logique qui
cantonne l’intervention de l’État à des domaines restreints, mais on n’a pas affaire à une analyse
ultra libérale où l’intervention de l’État est rejetée systématiquement. Smith est moins libéral que
Hayek par exemple.
∎ Les externalités
En général, l’action sur les prix est privilégiée car c’est la plus simple à mettre en application.
Le problème de l’action sur les quantités est que si l’on suppose qu’on ne veut pas dépasser
le volume d’émission d’externalités, cela impose un arrêt brutal de la production une fois le
quota atteint. Pour les externalités positives, cela est a priori impossible à mettre en œuvre,
on ne peut pas imposer que les entreprises produisent plus que ce qu’elles ne produisent
déjà.
𝑂 𝑆𝑂𝐶
F 𝑂𝐶𝑃𝑃
𝐸 𝑆𝑂𝐶
t
𝐸 𝐶𝑃𝑃
𝐷 𝐶𝑃𝑃
𝑄 𝑆𝑂𝐶 𝑄 𝐶𝑃𝑃
Ici, l’État apparait comme un gagnant. Les conséquences en termes de répartition dépendent de la
manière dont l’État va utiliser ces recettes supplémentaires. Si on a affaire à un État qui a plutôt
tendance à faire des politiques redistributrives, elles vont être utilisées pour financer des dépenses à
caractère distributif. Au contraire, si c’est un État qui mène des politiques favorables aux entreprises,
il va redistribuer ces recettes sous formes de subventions pour les entreprises.
Même lorsque le marché est défaillant, il est possible de trouver une solution efficace au problème
de coordination posé par les externalités, qui soit non pas centralisée mais privée et décentralisée.
C’est une autre manière de dire que l’État ne s’impose pas nécessairement dès que le marché est
défaillant.
Théorème de Coase (1960), exposé par Stigler en 1966 « Le problème du coût social » : Si les droits
de propriété sont définis et si les agents économiques peuvent négocier un arrangement à coût nul
quant à l’allocation des ressources, alors ces agents économiques sauront résoudre le problème des
externalités de manière décentralisée et allouer les ressources de manière efficace.
Deux conditions :
La spécification des droits de propriété : l’État n’est pas totalement absent, il peut être la
pour trancher lorsque les droits de propriété ne sont pas clairement définis. Ce théorème a
déjà une portée limitée puisque dans la réalité les externalités concernent des biens tels que
l’air, l’eau, la pollution sonore…
L’arrangement se passe à coût nul : on suppose que la négociation que Coase envisage pour
résoudre les problèmes d’externalités, sans que l’État n’intervienne, se fait sans coût de
transaction (ce qui dans la réalité est rarement le cas)
Illustration : L’entreprise A fabrique du cuir et pollue la rivière, et l’entreprise B un peu plus bas
fabrique de la bière, et a besoin d’eau pour nettoyer ses cuves, l’eau doit donc être la plus claire
possible, donc l’entreprise A pollue l’eau dont l’entreprise B a besoin. La quantité de pollution varie
selon la quantité de cuir produite. Pour que l’entreprise B puisse produire sa bière, elle a besoin de
dépolluer l’eau, donc plus l’entreprise A produit, plus l’entreprise B supporte un coût élevé.
P Z
𝑄 ∗𝑆𝑂𝐶 𝑄′ 𝑄 ∗𝑎 Q
Lorsque : 𝑄 ∗𝑎 → 𝑄 ′ :
La solution qui va s’avérer la plus efficace est celle qui engendre le moins de coût de transaction
possible. Dans la solution Coasienne, on suppose que la question des droits de propriété est réglée.
(On sait qui est propriétaire de la rivière), et il n’y a pas de coûts de transaction (les coûts qui sont liés
à tout contrat qui sous tende l’échange, qu’il soit sous forme marchand ou autre, ce sont les couts
d’information, de la négociation elle-même, de l’accord entre les partis, les coûts de conclusion du
contrat, ainsi que les couts liés à la mise en place d’un système de contrôle du respect du contrat par
les deux parties). Les coûts ici sont liés à la conclusion du contrat. Il y a possibilité que la négociation
n’aboutisse pas, ce qui est d’autant plus probable qu’on n’est pas dans une situation de transparence
parfaite. L’État va devoir contrôler les entreprises, mais le coût de contrôle est énorme. Comme
toute réglementation, cela suppose des ressources en hommes (contrôleurs) qui ne sont pas
négligeables.
Ce théorème montre que l'intervention de l'État ne pas toujours nécessaire mains constitue une
alternative en cas de défaillance du marché.
Si on a affaire à un bien collectif pur, il y a à la fois non-exclusion et non rivalité, mais on peut
distinguer les conséquences de la non exclusion et la non rivalité.
Exemple d’un pont : L’exclusion à l’entrée est possible car on peut mettre en place un péage. On
suppose que la demande est décroissante en fonction du prix. Coté offre, on suppose qu’il y a des
coûts fixes. Puisqu’il y a non-rivalité, le coût marginal associé au fait de servir un consommateur en
plus est nul. Il y a des coûts fixes comme le coût d’entretien du pont.
𝑝0 𝐵
𝑝1
𝑞0 𝑞1 𝑞
Pour les biens collectifs purs : l’économie publique recommande de financer ces biens par les
fonds publics.
Pour les biens privés : laisser faire le marché
Pour les biens de clubs : les biens non-rivaux doivent être gratuitement mis à disposition de
tous les utilisateurs potentiels. La possibilité d’exclure ne doit pas être exploitée. La non-
rivalité est rarement absolue, problème de taille à gérer pour ces clubs.
Pour les biens communs : il y a un risque de surexploitation, de surconsommation. Cela est
lié à la question du passager clandestin puisque les individus rationnels peuvent accéder
librement à ce bien. Ils vont avoir tendance à consommer de ce bien sans prendre en compte
la rivalité qui existe (en surconsommant ce bien, ils vont entrainer une diminution de la
possibilité que les autres puissent consommer de ce bien). Il y a typiquement un risque de
gaspillage. La théorie économique préconise dans ce cas là soit une privatisation (lorsqu’elle
est possible) aboutissant à la propriété individuelle, soit l’exploitation publique, c'est à dire la
mise en place d’une contrainte publique qui va déterminer les conditions d’usage collectif de
la ressource (réglementation d’accès). Néanmoins, E. Ostrom a montré qu’une gestion
efficace de ces biens communs pouvait exister lorsqu’on laissait les individus autogérer ce
bien commun. Ce n’est ni le marché, ni l’État, c’est une gestion décentralisée et coopérative
des biens communs qui s’avère parfois efficace. C’est un mode de coordination efficace dans
la mesure où les individus qui exploitent ce bien s’avèrent être capables de mettre en place
des règles pour éviter la surexploitation.
Mais il y a une restriction : il faut que le nombre d’individus qui consomment ce bien soit
relativement limité car repose essentiellement sur la capacité du groupe de pouvoir mettre
en place des règles communes, des règles qui ne sont pas inscrites dans les règlements
imposés à l’État, c’est un accord entre les partis. Plus le nombre de participants à la
coopération augmente, plus le risque de voir se développer des comportements de passager
clandestin augmente. C’est un phénomène qu’on retrouve de manière systématique dès qu’il
est question de coopération. Les travaux d’Ostrom sont appuyés par des travaux d’économie
expérimentale (dans un contexte de laboratoire) qui viennent eux à l’origine des biens
collectifs purs. Ces travaux montrent également que la coopération apparait possible alors
qu’elle n’est pas prévue par la théorie économique. Il y a plusieurs critères qui vont faire que
la coopération va l’emporter, ou que le free-riding va l’emporter.
Parmi ces critères, il y a :
Monopole naturel : Le coût moyen est décroissant quelque soit la quantité produite.
Naturellement, une seule entreprise va être amenée à produire le bien. Le monopole naturel peut
s’appréhender avec la notion de surplus collectif : le monopoleur va avoir tendance à vendre à un
prix plus élevé que si on était en situation de concurrence parfaite. Cela signifie que les quantités
échangées vont être plus faibles qu’en situation de concurrence parfaite. Seulement, le surplus
collectif est maximisé lorsque l’on est à l’optimum, c'est à dire à l’équilibre de concurrence parfaite.
Par conséquent, dès que l’échange conduit à un échange de quantité plus faible, il y a une perte du
surplus collectif, le fait que le monopole soit inefficace est lié au fait que le surplus collectif n’est pas
maximisé. C’est un problème d’efficacité et pas seulement de répartition. Dans la théorie
économique, le monopole est néfaste à cause du problème d’efficacité.
Il ne pas confondre avec un monopole qui ne serait pas naturel (lié a des pratiques
anticoncurrentielles), il est naturel car ce sont dans les caractéristiques de la production que se
trouve le monopole. Le monopole naturel est donc une défaillance du marché.
Elles vont contribuer à justifier l’intervention de l’État. Ce sont des domaines plus appliqués qui vont
élargir le champ d’intervention de l’État par rapport à l’approche traditionnel reposant sur les 3
défaillances du marché (biens, externalités et monopoles naturels).
Concernant l’intervention de l’État : Elle peut prendre en charge une partie de la recherche,
ou alors mettre en place des subventions pour la recherche. La question de la recherche est
difficilement dissociable de la question en capital humain (éducation et recherche) et là
encore, c’est une source supplémentaire de l’intervention de l’État. L’accent est mis sur les
externalités positives de l’accumulation en capital humain, et à partir du moment où la
recherche n’utilise que du capital humain, il y a un effet combiné. L’interaction entre ces
deux secteurs, qui bénéficient réciproquement d’externalités positives, justifie l’intervention
de l’État pour inciter et organiser les deux secteurs de façon à ce que les synergies qui
peuvent exister entre ces deux puissent être les plus importantes possibles.
L’État et l’innovation : le cas de la France aujourd’hui : On ne parle que de 3 exemples de
structures que sont les pôles de compétitivité, l’agence pour l’innovation industrielle et Oséo.
L’agence pour l’innovation industrielle a été lancée également en 2005, elle subventionne
des programmes d’innovation. Au départ, elle était plutôt spécialisée dans le financement de
grands projets, donc s’adressait aux grandes entreprises, ou du moins à des très grandes
PME.
Oséo est un organisme qui découle directement d’un organisme plus ancien (l’ANVAR). Son
développement a plutôt eu pour objectif de s’adresser au financement de petits projets,
donc à des PME. Dans le contexte de la crise actuelle, les objectifs d’Oséo ont tourné vers le
sauvetage des PME de la faillite. Au niveau de la politique structurelle, l’accent mis sur ces
structures traduit un changement d’orientation de la politique structurelle : on est de moins
en moins dans une politique de financement public globaux (notamment de moins en moins
dans des politiques qui favorisent la recherche publique) et de plus en plus dans des
politiques de la recherche qui cherche à favoriser l’initiative privée. Nous ne sommes plus
dans la politique de la recherche telle qu’elle se concevait dans les Trente Glorieuses en
France, où on avait essentiellement pour stratégie le développement d’une recherche
publique.
Sur le plan théorique, le point de départ est la question des asymétries d’information, c'est-à-dire la
sélection adverse et l’aléa moral qui vont poser la question de l'intervention de l'État dans le
domaine de la réglementation. Quel cadre institutionnel est adéquat pour permettre d’accroître
l’efficacité économique ?
Les domaines d’incitations sont assez nombreux puisque cela concerne tous les marchés : de biens &
services (réglementation de la concurrence), du travail, des capitaux. On part du principe que le
marché a besoin de règles pour fonctionner. Par exemple, il faut une réglementation de la
concurrence pour que la concurrence puisse être respectée (cadre néo-classique assez standard).
L’État ne prend pas la place du marché mais est complémentaire, et son intervention est par ailleurs
assez minimale : elle encadre par les règles, il n’y a pas d’interventionnisme au niveau structurel très
marqué. Néanmoins, on reconnaît la nécessité de ces règles. Le problème posé est : en situation
d’asymétrie d’informations, comment l’État va devoir agir pour garantir un respect, par les
réglementés (c'est-à-dire les entreprises), de la révélation de l’information exacte dont l’État a besoin
et pour qu’ils se comportent dans le sens de l’intérêt général définit par l’État.
Les théories de l’agence sont les théories qui étudient les relations entre le principal et un agent.
L’agent est celui qui est dans une situation d’asymétrie favorable. Le principal est celui qui délègue
une partie de son pouvoir de décision à l’agent et donc le problème posé par le principal est de faire
Exemples :
L’État doit mettre en place des incitations pour que la probabilité que les entreprises respectent les
règles augmente. Ces théories montrent la difficulté auquel l’État est confronté dans la mise en
œuvre des règles et dans les mesures à prendre pour que ces règles soient respectées le plus
possible. Cela peut être vu parfois comme des arguments qui montrent les limites de l’intervention
de l’État. Le simple respect de règles relève d’une politique difficile à mettre en œuvre, pour certains
cela justifie le fait qu’il serait préférable de ne pas chercher à faire respecter ces règles puisque l’État
peut être inefficace, et de plus il y a un coût de la réglementation, il se peut que les inconvénients
l’emportent sur les effets positifs potentiels.
Ces théories sont de nouveau des analyses qui partent de la théorie classique. Dans la théorie du
commerce international, la théorie classique est HOS. Néanmoins, on a affaire à des théories qui, en
s’écartant un peu du modèle de la théorie néo-classique (concurrence parfaite), aboutissent à la
mise en évidence de certaines inefficacités de l’économie de laisser-faire. En particulier, P. Krugman
raisonne dans un cadre où, sur de nombreux marchés, on constate des rendements croissants (donc
défaillance de marché). On a donc un avantage de « first mover », le premier arrivé sur le marché va
absorber la totalité des parts de marché au fur et a mesure que le marché s’étend (que le nombre de
clients augmente) avec toutes les conséquences que cela a : il y a un monopole naturel, on va tendre
vers des structures monopolistiques, et donc va apparaitre une rente de monopole. Cela abouti à des
structures de marché inefficaces, sous optimales et par rapport à la problématique du commerce
international, cela signifie que le libre échange n’est plus un jeu à somme positive, et surtout ce n’est
plus un jeu dans lequel il n’y a que des gagnants. Le commerce international n’est plus appréhendé
de manière aussi optimiste que dans la théorie néo-classique. Ici, le commerce international devient
une compétition pour le partage des rentes. L’analyse de Krugman ne débouche pas sur une
justification du protectionnisme car l’hypothèse de rendement croissant n’est pas la seule hypothèse
prise en compte par Krugman. S’il n’y avait que cette hypothèse, il y aurait peu d’espoir pour le libre
échange. L’intervention de l’État peut être justifiée pour faire en sorte que les inégalités qui naissent
de rendements croissants diminuent, c'est à dire via des subventions aux entreprises, qui entrent
plus tardivement que d’autres sur un marché (ex : Airbus et Boeing). C’est une analyse qui montre en
quoi l’intervention de l’État peut permettre à terme que le marché soit plus efficace, car si on laisse
faire les choses, il y a des situations de monopole, alors qu’avec son intervention, on a par exemple la
Krugman introduit d’autres hypothèses qui expliquent pourquoi on trouve un certain équilibre entre
les parts de marché des différentes entreprises, donc parmi les pays. Parmi les hypothèses : on
introduit la diversification de la demande. Par exemple, certains consommateurs désirent faire face à
des marchés qui offrent une certaine diversité pour un même produit (comme l’automobile), on peut
comprendre pourquoi on a une économie des marchés internationaux qui ne vont pas déboucher sur
un monopole unique. Même s’il y a des rendements croissants pour des raisons techniques, il va y
avoir de la place pour plusieurs producteurs, cela permet d’expliquer le commerce intra-branche
(que ne permet pas d’expliquer HOS).
Texte « Le paradoxe de Condorcet » Arrow : il y a une partie des décisions qui sont laissées au marché,
et une partie des décisions qui relèvent des prérogatives de l’État. Comment s’effectue la
coordination par le marché lorsque que cette coordination s’est révélée insuffisante ? De quelle
manière va devoir s’effectuer cette coordination lorsque celle-ci relève de l’État ? On s’intéresse
précisément à la procédure qui va permettre de partir des préférences individuelles (objectifs, désirs
des individus) pour atteindre une décision collective, sachant que la coordination ne va pas se faire
par les prix, donc que la procédure passe par l’État. On essaye de trouver comment va se construire
l’intérêt général, c'est à dire comment vont se construire les objectifs que l’État va devoir poursuivre,
l’État n’est que l’institution qui va mettre en œuvre les décisions collectives. Il y a eu plusieurs façons
de procéder dans l’histoire de la pensée économique. Celle qu’on vient d’évoquer est la plus
conforme aux procédures qu’on utilise concrètement dans la réalité. S’intéresser aux procédures de
vote les plus optimales est un thème de recherche apparu assez tard avec les travaux d’Arrow (à
partir de 1951).
𝑈 = ∑ 𝑈𝑖
𝑖
Deux limites :
Toutefois, progressivement au XXème siècle, certains économistes vont essayer de définir des
procédures de décisions collectives qui à la fois rejettent la cardinalité et n’acceptent pas les
comparaisons interpersonnelles d’utilité. L’aboutissement de ce cheminement va se faire avec la
théorie du choix social d’Arrow.
Avec le travail d’Arrow (1951), on est dans un cadre ordinal où on refuse toute comparaison
interpersonnelle d’utilité. On cherche à agréger des préférences individuelles pour réaliser un profit
de préférence collectif.
Chez Bentham :
≳𝑖 →𝑈
Chez Arrow :
?
≳ 𝑈𝑖 → ≳
Soient A, B, C les trois situations possibles : (A = Statut Quo, B = Pression diplomatique, C = Guerre)
B>C
C>A
On est dans une approche normative : comment définir la procédure de décision collective la
meilleure possible ? On peut adopter une approche différente, en essayant de trouver la moins
mauvaise.
Il y a une remise en cause de cette dernière condition : elle est associé au vote utile. Cela renvoie à
un résultat qui fait suite au théorème d’Arrow. Comme c’est un théorème d’impossibilité, il a
engendré plein de théorème pour y résoudre. S’il n’y a pas cette condition d’indépendance, il y a la
possibilité de votes stratégiques, c'est à dire ne pas révéler ses vraies préférences, et donc le profil ne
correspondra pas au vrai profil de préférence collectif. Les choix qui seront engendré par cette
Absence de dictateur : il n’existe pas un individu qui, lorsqu’il préfère pour toute
paire d’options A à B, alors la collectivité préfère A à B.
Théorème : S’il y a plus de 2 individus dans la société, et s’il y a au moins 3 options dans l’ensemble
de choix, (c'est à dire si on doit choisir parmi au moins 3 états sociaux possibles) alors il n’existe pas
de règles de décisions collectives satisfaisant ces 5 conditions.
Ce théorème a en même temps ouvert la théorie du choix social : c’est à partir de ce théorème là que
va se constituer la théorie du choix social. La théorie du choix social consiste essentiellement à
essayer de résoudre le problème posé par Arrow. Les travaux qui vont suivre le théorème d’Arrow
vont chercher à lever l’impossibilité posée par celui ci, en affaiblissant certaines des conditions de ce
théorème (sauf la 5ème en général). En les affaiblissant, les travaux qui vont suivre Arrow 51 vont
aboutir à des théorèmes de possibilité respectant des conditions un peu moins exigeantes. Tous les
théorèmes reposant sur des conditions acceptables seront de nouveau des théorèmes d’impossibilité.
Parmi les travaux importants, on a ceux de Sen (1970), résultat important car il montre que même
lorsque on rejette l’action de l’indépendance à l’égard des alternatives non pertinentes, cela ne suffit
pas pour résoudre totalement le problème posé par Arrow. Il montre en effet qu’une des difficultés
posées par le théorème d’Arrow est le caractère difficilement compatible d’absence de restriction de
préférence et du principe de Pareto qui existe. Il illustre cela en prenant des exemples simples : la
couleur de notre chambre. La restriction impose que si tous les individus préfèrent que notre
chambre ait une couleur plutôt qu’une autre, alors la préférence collective impose que notre
chambre soit de telle ou telle couleur. Cela signifie qu’il y a une incompatibilité entre la liberté
individuelle et le poids de la collectivité sur nos préférences individuelles imposées par le principe de
Pareto. Cela va déboucher sur des problèmes du type dictature de la majorité. Sen le démontre dans
la même optique d’Arrow, sous forme d’un théorème qui repose sur des axiomes, mais traduit des
limites de la démocratie.
C’est la seule question sur laquelle il y a une opposition assez nette, sur le plan théorique, entre les
keynésiens et les néo-classiques. Se pose la question de l’équilibre, c'est-à-dire savoir si la loi de Say
est vérifiée ou non.
La contrainte de débouché existe c'est pour cela que les producteurs cherchent à anticiper la
demande pour pouvoir y répondre de manière adéquate. Une faible demande effective due
notamment à l'existence de la thésaurisation se traduit par une production et un niveau d'emploi
faibles. La sous-consommation qui en résulte conforte l'anticipation de demande. On est alors dans
une situation d'équilibre global de sous-emploie aucun mécanisme de marché ne permet den sortir.
Le laisser-faire justifie l’intervention de l’État car la loi de Say n’est pas vérifié, ni la loi de l’offre et la
demande, ainsi la marché a plus de chance de déboucher vers un équilibre de sous emploi que de
plein emploi. C’est pourquoi l’intervention de l’État dans le domaine conjoncturel est justifiée.
Les salaires réel sont considérés comme stable dans la mesure où les salariés (et leurs syndicats) ne
sauraient accepter une diminution de leur pouvoir d'achat. De ce fait, l’ajustement par les prix n'est
pas permise sur le marché du travail, d’où le fait que les entreprises ajustent leur masse salariale non
pas en baisant les salaires mais en licenciant.
En cas de dépression, les ménages, inquiets de l'avenir, ont tendance à épargner davantage en
baissant leur propension à consommer. Du coté des entreprises, les recettes anticipées revues à la
baisse, incitent (en faisant chuter EmC) à délaisser des investissements qui en d'autre temps
semblaient rentables. Ce phénomène se trouvera renforcé par une hausse probable du taux
d'intérêt. En effet, à offre inchangée, un accroissement de la demande de monnaie, sous l'effet d'une
préférence pour la liquidité plus grande des ménages (motif de précaution) conduit à une
augmentation du loyer de l'argent.
Seul l'État dispose de moyens pour lutter contre la sous-consommation et les déséquilibres
persistants. Le niveau de son budget en fait un agent à part dans l'économie ; par le déficit
budgétaire il peut influencer le niveau de la demande. Le jeu du multiplicateur fait qu'une hausse des
dépenses (ou une diminution des recettes fiscales) a un effet plus que proportionnel sur l'activité. Le
principe de multiplication constitue l'un des fondements d'une politique de relance. Par la politique
monétaire, en faisant baisser le taux d'intérêt, l'État peut agir sur l'investissement des entreprises. En
outre, une distribution des revenus vers les catégories à forte propension à consommer, est
également un moyen de soutien de la demande.
Cette conception d'État régulateur de l'activité économique est renforcée par la mise en place des
systèmes de protection sociale. L'État-Providence, parce qu'il permet de protéger les populations aux
revenus les plus faibles et de prévenir les conséquences de risques économiques et sociaux (maladie,
chômage…), favorise la consommation, au détriment de l'épargne.
C'est au cours des Trente Glorieuses que la politique économique keynésienne a connu son âge d'or.
La combinaison des politiques budgétaires et monétaires, l'effet stabilisateur des mécanismes de
protection sociale ont participé à la régulation de l'activité.
Cette thèse remet en cause l’efficacité des politiques de relance de Barro (1974). Dans le modèle de
Barro, une politique fiscale de relance sera inefficace car la hausse de la consommation attendue
n’aura pas lieu.
La question du pro-cyclisme
C’est une critique de l’omniscience de l’État et la lourdeur de l’institution. Même si l’économie était
keynésienne, il n’est pas sur pour autant que l’intervention de l’État soit souhaitable, car l’État n’est
généralement pas apte à déterminer quelle est la position exacte de l’économie dans le cycle.
Ensuite, même si l’État avait cette connaissance, les délais de réalisation des politiques
conjoncturelles sont tels que les effets de cette politique peuvent apparaitre à un moment
inopportun dans le cycle. Ces deux phénomènes sont des facteurs importants qui augmentent le
risque de pro-cyclisme, c'est à dire le risque d’amplification du cycle en voulant contrer le cycle.
L’effet d’éviction
C’est une critique néo-classique à l’égard de la représentation de marché que propose les keynésiens.
Il faut qu’on soit dans une économie où la loi de Say est vérifiée (pas de contraintes de débouchés)
donc l’économie est en équilibre.
Critique de cette théorie : lorsque l’État prélève des capitaux sur le marché (c'est-à-dire qu’il
emprunte), cela ne se traduit pas par des contraintes de financement supplémentaires pour les
investisseurs privés. Il faut que l’emprunt public ne pousse pas à la hausse les taux d’intérêts pour
De nouveau, il faut qu’il y ait au départ une erreur de diagnostic de la part de l’État, une croyance
erronée que l’économie subit une contrainte de débouchés.
Cela concerne en particulier les politiques de relance sur l’arbitrage consommation-épargne : dans la
théorie keynésienne, il y a l’hypothèse de passivité des agents économiques face aux politiques
économiques monétaires. Cela renvoie à une critique plus générale sur l’absence de prise en
considération. La critique de Lucas (1975) dit qu’à partir du moment où les politiques économique ne
prennent pas en compte la manière dont les agents économiques vont réagir face à cette politique,
cette politique n’est pas efficace, elle ne risque pas d’aboutir aux effets recherchés. Cela signifie que
tout modèle économique sur lequel va s’appuyer des politiques économiques doit prendre en
compte la manière dont les agents économiques vont réagir, c'est à dire la manière dont ils vont
anticiper les effets de ces politiques économiques. Pour les néo-classiques, on met l’accent sur le fait
que la réaction des agents économiques fait que la politique n’atteint pas son but car ils réagissent
dans le sens contraire.
La contrainte extérieure
Elle peut conduire à un effet « boule de neige » de la dette publique. Comme tout A.E., lorsque l'État
emprunte à l'année t pour financer son déficit budgétaire, il faut ensuite payer les intérêts ; s'il ne
dispose pas en t+1 d'excédents primaires, il doit de nouveau emprunter pour payer les intérêts de la
dette. Un mécanisme cumulatif (d’où limage de boule de neige) d'augmentation de la charge de la
dette pet s’enclencher, qui n'est pas soutenable sur le LT.
Cela pèse négativement sur les effets positifs attendus des politiques d'inspiration keynésiennes.
Elles seraient inefficaces dans la mesure où elles ne seraient pas crédibles auprès des A.E. En effet
elles reposent sur des principes discrétionnaires et non réglementaires. Cette thèse de crédibilité a
été développée par Kydland et Prescott en 1977.
Faible inflation :
Faible inflation : chômage Forte inflation : chômage Forte inflation : chômage
chômage supérieur au
au taux naturel inférieur au taux naturel au taux naturel
taux naturel
D'après R. Lucas, les politiques économiques ne prennent pas en compte la manière dont les agents
vont réagir, et donc ces politiques ne vont pas nécessairement atteindre les effets escomptés. Les
politiques deviennent futiles. La critique de Lucas a renouvelé la controverse sur l'inefficacité des
politiques économiques et a posé par la suite la question de la cohérence inter temporelle des
décisions publiques. Lucas montre que, si le monde réel est conforme à son modèle, les
recommandations keynésiennes et les modèles économétriques se révèlent totalement inefficaces.
En effet, dans les modèles keynésiens, les comportements des agents sont considérés comme
donnés alors qu'ils dépendent, selon lui, étroitement du type de politique économique mise en
œuvre (du fait des changements d'anticipation). Les agents modifient leurs comportements lorsque
le gouvernement change de politique ; ainsi la politique monétaire ne peut avoir d'effet sur
l'économie réelle que si elle n'a pas été anticipée par les agents. Par conséquent, une simulation à
partir d'un modèle économétrique ne peut être utilisée pour étudier les effets d'une politique
économique. L'analyse de Lucas débouche sur une critique des possibilités d'action de l'État en
matière de régulation : pour lui la politique économique est neutre. Les actions discrétionnaire de
l'État seraient vouées à l'échec, parce que déjouées par les anticipations rationnelles des autres
agents économiques.
Elles découlent des critiques néo-classiques à l’égard des politiques keynésiennes. Il n’y a pas de
place pour des politiques conjoncturelles. Les politiques monétaires et budgétaires n’ont pas pour
objectif de réguler la conjoncture (un horizon de CT).
𝑅𝑒𝑛𝑑𝑒𝑚𝑒𝑛𝑡 𝑑𝑒 𝑙′𝑖𝑚𝑝ô𝑡
𝑇𝑎𝑢𝑥 𝑑′𝑖𝑚𝑝𝑜𝑠𝑖𝑡𝑖𝑜𝑛
∎ La redistribution horizontale
Elle concerne la protection contre les risques économiques et sociaux : chômage, vieillesse, risque de
perdre son emploi. Les différents risques sont : le chômage involontaire, la retraite (mourir plus tard
que prévu, c'est à dire le risque de se retrouver sans ressources), la santé (tomber malade), avoir des
enfants de manière involontaire (ce risque diminue au fil du temps).
On voit que les différentes branches de la protection sociale ne sont pas totalement indépendantes
les unes des autres, et particulièrement famille/retraite. L’intervention de l’État n’a pas lieu d’être.
Pour la santé, le marché de l’assurance peut répondre à cette question là. Un individu est face à la
question de savoir s’il veut assumer lui-même le risque d’être malade (prend le risque d’assurer lui-
même la maladie si elle survient) ou sont plus adverses au risque, et vont contracter des assurances.
Ils vont verser des montants compensatoires des pertes occasionnés par la maladie et/ou des
dépenses supplémentaires occasionnés par la maladie. Pour la retraite, les assurances vont pouvoir
jouer un rôle, mais l’essentiel va être réglé au travers de l’arbitrage présent/futur (degré de
préférence pour le présent et le degré d’aversion au risque). L’analyse devient plus compliquée ici car
les 2 critères se chevauchent.
L’investissement en capital humain : il y a une incitation à faire des enfants, donc une
justification de la politique familiale nataliste. Elle dépend des rendements en capital humain,
donc dépend des besoins de l’économie dans les facteurs de production qu’est le capital
humain. Il y a une justification de l’intervention de l’État à partir du moment où le fait de
faire un enfant n’a pas de conséquences positives pour le couple, mais aussi pour la
collectivité qui échappe à ce couple. Les incitations peuvent être les allocations familiales, ou
participer au coût de l’entretien de l’enfant.
La santé et la question des externalités :
La santé fait partie du capital humain. Un individu en bonne santé est un individu qui
va être plus productif individuellement, mais cette meilleure santé a aussi des effets
bénéfiques pour la collectivité qui échappe à l’individu lui-même. La santé est un
objectif économique en incluant la santé dans le capital humain, ce qui entraîne plus
de croissance.
Les externalités négatives de la santé : lorsqu’un individu est malade et contagieux,
cela crée des externalités négatives. Le fait qu’un individu ne se protège pas contre
certaines maladies a des conséquences sur lui, mais également pour les autres s’il est
contagieux. Ces conséquences négatives sur les autres individus n’a pas de
conséquence sur l’individu malade, il n’y a pas de compensation monétaire. L’État va
faire en sorte que tous les individus soient vaccinés et ne soient pas free rider. S’il n’y
a pas de vaccin, cela devient plus compliqué. Même en prenant en compte certaines
défaillances du marché, l’intervention de l’État est très limitée.
Dans la nouvelle théorie standard, de nouvelles interventions sont justifiées lorsque l’on prend en
compte non seulement les défaillances mais aussi les imperfections du marché. Souvent, on pense
aux asymétries d’information. Le domaine de la santé, de l’assurance maladie est un des domaines
au sein desquels la mobilisation de ce problème théorique a été la plus large, donc s’il y a asymétrie
d’information, il y a un risque de sélection adverse, d’aléa moral.
Cela est appliqué au cas des assurances maladies privées : au départ, l’assuré est mieux
informé que l’assureur à propos du risque d’être malade, la conséquence est que s’il n y a
aucun moyen de réduire cette asymétrie, le marché ne va assurer que les risques les plus
forts (cf. Akerlof). Tous ceux qui sont en bonne santé, bien qu’ils souhaitent se protéger
contre les risques faibles, ne trouvent pas de contrat d’assurance. Il y a un problème
d’efficacité : si on trouvait un autre moyen de coordonner les offreurs et demandeurs que le
marché de laisser faire total, on pourrait améliorer la situation de certains individus
simultanément : il y a des offreurs qui souhaiteraient offrir des contrats d’assurance à des
gens de bonne santé, et des gens de bonne santé qui souhaitent un contrat ; il y a de l’offre
et de la demande, mais il y a un problème d’asymétrie.
L’aléa moral : il y a le risque que l’individu, qui a signé un contrat d’assurance maladie,
diminue son autoprotection contre le risque car il est assuré. Les conséquences sont les
mêmes : la prise en compte que l’individu change son comportement après avoir conclut le
contrat fait que le marché ne sélectionne que les mauvais comportements. Les bons
comportements ne vont pas trouver de contrats correspondant à leurs préférences. On
∎ Equité horizontale
On parle de solidarité entre différentes classes de risques : la solidarité entre les biens portants et les
malades, la solidarité entre les actifs et les retraités, la solidarité entre les individus sans enfants et
avec enfants. Quels sont les justifications associées à cette solidarité horizontale ?
Le risque si on laisse faire le marché est un risque de sélection, c'est à dire que l’assureur ne va
sélectionner que les bons risques, les risques faibles, et refuse d’assurer les risques élevés. Au départ,
c’est un problème d’équité horizontale (solidarité entre les bien portants et mal portants, seuls les
biens portants vont trouver des contrats d’assurance, les mal portants n’en trouveront pas). Ici, ce
n’est pas un problème d’efficacité puisque les offreurs ne veulent pas des mauvais portants, le
marché est efficace dans ce sens la, mais inéquitables dans le sens ou tous les mal portants sont
exclus des contrats.
Par rapport à nos 3 critères (équilibre, efficacité et équité) peut-on trouver des justifications de
l’intervention de l’État, c'est-à-dire qui consisterait à redistribuer des plus aisés vers les moins aisés ?
Concernant la question de l’équilibre, elle ne peut se situer que dans un cadre théorique keynésien
car elle ne se pose que dans ce cadre là.
Dans certains cas, le fait de réduire les inégalités peut permettre, dans une économie contrainte par
les débouchés, de limiter cette contrainte en soutenant la demande. Il faut que les moins aisés
consomment plus que les plus aisés. Il y a des différences de propension à consommer selon les
catégories de revenus. Une redistribution verticale peut augmenter la consommation et donc limiter
les contraintes de débouchés (horizon CT). On peut mobiliser les modèles de croissance néo-
cambridgien, pour lesquels cette question de différence de propension à épargner est vue selon les
catégories de revenus : ceux qui le tirent d’un capital opposé à ceux qui le tirent de leur travail. Ces
différences de taux d’épargne peuvent jouer un rôle. Sur le plan empirique, la question des inégalités
de revenus comme facteur explicatif des crises est quelque chose qui est souvent mobilisé par
rapport aux grandes crises généralement (crise de 29, crise actuelle).
∎ Equité et croissance
Il y a un dilemme équité-efficacité : un État qui cherche à réduire les inégalités va-t-il faire un
arbitrage entre équité et efficacité ? La réduction des inégalités va-t-elle se traduire par une perte
d’efficacité économique ou peut-il y avoir complémentarité entre les deux ?
Les arguments en faveur de la perte d’efficacité économique : ils vont se trouver chez les
auteurs libéraux, ils rejettent de l’intervention de l’État dans ce domaine là. Les arguments
sont :
La redistribution verticale consiste à prendre aux plus aisés pour donner aux plus
pauvres, or cela désincite les plus riches d’une part à offrir du travail, du capital, et
puisqu’on raisonne dans le domaine d’une économie guidée par l’offre, se traduit par
une croissance économique plus faible. D’autre part, il y a également désincitation
de l’offre car on donne aux plus pauvres des primes à l’oisiveté. Au contraire, plus il y
a d’inégalités, plus cela peut-être vu pour les plus pauvres comme l’existence
d’opportunités. Le fait que l’État les réduise peut constituer une désincitation à offrir
(disparition de l’opportunité à devenir riche). Toute cette argumentation s’inscrit
dans la même conception de la société et la position de l’individu : il est responsable
de sa situation personnelle, il n’y a pas de déterminisme économique et sociaux qui
font que les inégalités de départs expliquent les inégalités d’arrivée. Chacun est libre
d’exploiter ses capacités, les inégalités vont être le fruit des choix des individus et
des capacités personnelles, qui n’ont rien d’hérité.
Ex : Anderson & Hill (1980) « La naissance d’une société de transferts » Leur
raisonnement se fait sur une conception libérale. Ils distinguent une intervention de
l’État au XIXème siècle qui était facteur d’efficacité car elle se cantonnait à des
objectifs en termes d’efficacité (essentiellement la mise en place de règles qui
permettent d’avoir une meilleure spécification des droits de propriété).
L’utilitarisme : terme issu de Bentham, Mill & Harsanyi, ils cherchent à déterminer la société
idéale du point de vue idéal selon la justice, quels sont les critères de justice qui devraient
s’imposer dans la société. On est dans la recherche de dispositifs sociaux parfaitement justes.
Il y a l’idée de définir les critères idéaux de justice. La particularité d’Harsanyi est, pour
proposer une solution, de partir de la théorie de la décision individuelle en situation de
risque ou d’incertitude. Harsanyi imagine la procédure idéale qui devrait aboutir à la
définition des critères de justice : il considère que les individus qui sont chargés de définir ces
critères de justice définissent ces critères sachant qu’ils ne connaissent pas leur propre
opposition dans la société pour laquelle ils sont en train de concevoir ce qui est juste. C’est
État A :
U1(A) = 10
U2(A) = 10
État B :
U1(B) = 0
U2(B) = 50
Si l’utilité marginale de 1000 euros supplémentaires pour les très riches et très faible, cela va justifier
qu’on prenne les 1000 euros aux riches pour les donner aux pauvres. Malgré cette caractéristique
gênante sur le plan morale (compensation des peines des uns par le bonheur des autres),
l’utilitarisme reste une justification de nombreuses politiques. C’est une politique qui limite
fortement la liberté individuelle. Peut-on justifier ou non une politique de redistribution ? Cette idée
de compensation des peines des un par le plaisir des autres est dans toute politique, puisque toute
politique a des conséquences en termes de répartition. Les pertes des uns sont plus que compensés
par les gains des autres.
Les libertariens : (ou également appelés anarchistes de droite). Ce sont des ultralibéraux. La
principale référence théorique au sein de ce courant est Nozick « Anarchie, État et Utopie »
(1974), ainsi que Hayek. Selon les libertariens, la valeur fondamentale parmi toutes les
valeurs de la société est la liberté (comme autonomie), et les droits de propriété est
consubstantielle à la liberté (on ne peut pas dissocier le respect du droit de propriété privée
de la liberté). On retrouve les principes de bases de l’économie de marché, étendue en
dehors de la sphère marchande et économique. La 2ème catégorie est que le marché est vu
comme le seul ordre économique et social compatible avec la liberté. Chez Hayek « La route
de la servitude » (1944), le marché crée un ordre spontané (c’est l’auto-institutionnalisation
du marché), qui découle d’une multitude d’actions individuelles qui caractérisent les
relations marchandes, des règles générales et abstraites, dont le droit de propriété. Pour lui,
la transmission de ces droits (l’héritage) fait aussi parti de ces règles qui émergent des
relations marchandes. On trouve aussi l’idée selon laquelle l’État n’a pas à intervenir sur
l’héritage que les individus laissent aux personnes auxquels ils ont décidé de léguer les droits
de propriété (leurs biens). L’argumentation est cohérente, c'est-à-dire que s’il n’y a pas de
respect de l’individu de transmettre ces biens, il n’y a pas de respect du droit de propriété
car il n’est pas maitre des propriétés de ces biens, remettre en cause l’héritage, c’est
La théorie de la justice de Rawls : (1971) C’est une critique de l’utilitarisme, qu’on trouvait
aussi chez les libertariens. Selon Rawls, la justice renvoie à la façon dont les institutions
sociales les plus importantes répartissent les droits et devoirs fondamentaux et déterminent
la distribution des avantages tirés de la coopération. Autrement dit, la justice consiste en un
ensemble de règles qui vont déterminer la répartition de ce que Rawls appelle des biens
primaires sociaux, c'est-à-dire les biens premiers (les choses fondamentales dont les
individus ont besoin dans une société) : les libertés civiles et politiques (droit d’expression),
les possibilités d’accès aux différentes fonctions et positions dans la société. Les biens
premiers qu’il s’agit de répartir ne comprennent pas les biens naturels que possède l’individu
(la santé, les talents divers du à l’intelligence ou autre).
Comment choisir ces règles ? Chez Rawls, on retrouve une méthode similaire de celle d’Harsanyi
(principe d’impartialité), on va avoir recours au « voile d’ignorance ». Il implique que les règles, qui
vont être établies par ceux qui sont chargés de définir la justice, sont celles auxquelles pourrait
adhérer tout individu rationnel et bien intentionné, qui ferait abstraction totale de sa propre
situation. Entre les deux auteurs, la différence tient au fait que chez Harsanyi, les individus sont des
individus qui définissent ce qui est juste au travers d’une prise de décision risquée, alors que chez
Rawls, on se place d’emblée dans le cadre d’individus qui ont à prendre une décision d’un ordre
supérieur, c'est-à-dire à prendre une décision qui relève d’un choix collectif, social qui implique plus
de raison que de rationalité, alors que chez Harsanyi, c’est plutôt l’inverse. C’est plus un principe
Le premier principe est un principe d’égalité des libertés de base. Le meilleur système
politique est celui qui offre à chacun le maximum de libertés fondamentales conformément
aux analyses des théoriciens libéraux. Chacun a droit a égalité avec tous au maximum de
libertés de base permit par contrainte de cohabitation. C’est un principe de respect de la
liberté individuelle, mais concerne uniquement certaines libertés de bases, pas de principe
de libertés individuelles absolues.
Le deuxième principe considère que les inégalités ne sont permises que si elles sont
attachées à des positions ouvertes à tous. C’est un principe d’égalité des chances.
Le troisième principe considère que les inégalités ne sont permises que si elles sont au plus
grand bénéfice des membres les plus désavantagés de la société. C’est le principe de
différence de Rawls.
Dans une approche utilitariste, les gains des uns l’emportent sur le gain des autres alors qu'ici une
société sera jugée juste si les inégalités même les plus fortes permettent d'améliorer le sort des plus
défavorisés en terme absolu. Ici on cherche à maximiser le minimum, c'est la maximine.
Critiques :
Doit-on sacrifier le bien-être de 5 milliards d’individus pour augmenter celui d’un seul (c'est-
à-dire celui du plus pauvre ?)
État C
U1(C) = 1
U2 (C) = 1
Critique de Sen et des libertariens : choisir dans la position originelle de privilégier la
situation du plus défavorisé suppose que celui n’est pas responsable de sa situation, c'est-à-
dire que sa situation est totalement indépendante de ses libres choix. Si le pauvre a choisi
d’être pauvre, pourquoi chercher à changer sa situation ?
Critique du principe de différence et du voile d’ignorance : selon certains, il faut briser le
voile pour avoir une conception plus juste de la justice. Il y a l’idée qu’on ne peut pas
considérer ce qui est juste ou pas dans un contexte d’impartialité qui suppose une distance
mise entre ce qui est juste ou non. En déchirant le voile, on observe la situation concrète des
individus et donc on peut avoir une appréciation réelle de la situation dans laquelle se
trouvent les individus.
Risque d’avoir une justice abstraite et dépersonnalisée. Définir ce qui est juste suppose
l’existence ou le déchirement du voile d’ignorance.
D’un point de vue théorique, l’analyse de Sen est d’abord une critique de l’utilitarisme, et même plus
largement de l’économie du bien être. L’analyse de Sen se démarque de celle de Rawls.
Sen (2002) Ethique, économie et autres essais : « La conception utilitariste est étroite et inadéquate
et la théorie moderne du bien être l’a appauvri davantage, imposant d’autres restrictions, en
particulier le rejet des comparaisons interpersonnelles d’utilité. ». Sen reproche essentiellement de
n’avoir conservé comme critère de jugement le critère de Pareto, avec lequel on ne peut pas traiter
des problèmes de justice. On ne peut pas dire ce qui est juste ou injuste sans utiliser les
comparaisons interpersonnelles d’utilité. Quant à Rawls, pour Sen raisonner en termes d’égalité de
biens premiers écarte la question de la liberté. Pour critiquer l’analyse de Rawls, l’exemple typique
est l’exemple de l’handicapé riche, dans un pays qui respecte les libertés de base, cette injustice du
point de vue de Sen ne peut pas être appréhendé à partir de la théorie de justice de Rawls, car
l’handicapé ne peut pas faire grand-chose d’abord des libertés de bases, et aussi de tous ces biens
premiers dont il dispose, et en particulier la richesse matérielle dont il peut disposer.
Sen (2002) « Ni les biens premiers, ni les ressources définies plus largement ne peuvent prendre en
compte la capabilité dont jouit effectivement une personne »
Selon Sen, les principes d’égalité ne doivent ni reposer sur une égalité des utilités, ni reposer sur une
égalité des biens premiers, mais sur une égalité des capabilities. Ici, on raisonne en termes
d’opportunité, ainsi on s’intéresse à l’égalité des opportunités qu’ont les individus, liberté de choisir
son mode de vie, être dans une situation où les opportunités des individus sont semblables. C’est
aussi une conception de la justice qui met l’accent sur l’autonomie de l’individu, c'est-à-dire la liberté,
mais pas la liberté comme elle est appréhendée chez les libertariens, mais pouvoir choisir sa vie, et
pour cela il faut disposer de certaines choses au départ. Hayek admet que le pauvre aura moins de
chance d’aboutir à un niveau de vie aussi élevé qu’un riche peut aboutir. Pour Hayek, le pauvre en
question, dans une économie de marché concurrentielle, avait le plus grand avantage d’être libre.
Sen « L’idée de justice » (2010) : on trouve dans cet ouvrage une tentative de synthèse, un
aboutissement de sa conception de justice telle qu’elle a commencé à émerger dans les années 70,
et parmi les choses nouvelles, le caractère assez peu opérationnel de sa conception de la justice. La
notion de capabilites étant beaucoup plus floue chez Sen, le caractère opérationnel de sa théorie de
la justice apparait beaucoup moins accessible. Une des réponses qu’il fournit dans cet ouvrage sur la
justice est de rejeter les théories de la justice telles qu’on les trouve chez Rawls, c'est-à-dire des
Pour mesurer correctement l'importance de l'État dans une économie, il faut d'abord en définir
précisément les contours. La comptabilité nationale définit des administrations publiques dont le
rôle est de produire des services non marchands ou d'opérer des opérations de redistribution. Elles
peuvent aussi bien appartenir à l'État central qu'aux collectivités locales. Leurs ressources principales
proviennent des prélèvements obligatoires, c'est-à-dire tous les prélèvements opérés par l'État
central, les collectivités locales, les administrations de Sécurité Sociale… seuls les prélèvements
« volontaires », opérés en faveur des mutuelles et relevant du choix individuels ne sont pas
comptabilisés.
Fonction publique d'État qui comprend, au sens strict, les agents employés dans les
ministères, auxquels on ajoute les employés des établissements publics, de la Poste et les
enseignants des établissements privés sous contrat.
Fonction publique hospitalière qui regroupe les personnels des hôpitaux publics.
Fonction publique territoriale qui concerne tous les salariés des collectivités locales.
L'action de l'État peut également passer par le réseau des entreprises publiques qui représentent,
dans certains pays ou à certaines époques, une partie non négligeable de l'appareil productif.
Ici la démarche est différente, on va s’efforcer de donner des explications portant sur la montée de
l’intervention de l'État, puis on s’intéressera aux aspects plus qualitatifs. On exprime les dépenses en
termes de PIB.
1) La montée des dépenses publiques et des prélèvements obligatoires sur le long terme
En moyenne, par rapport aux pays de l’OCDE, la France se situe au dessus. L’État apparait plus
présent en France qu’ailleurs déjà fin XIXème, 10,5% pour l’OCDE contre 12,6% pour la France.
Aujourd'hui, on est environ à 55% en France, dans l’ensemble des pays de l’OCDE on est aux
alentours de 45%. Les pays qui ont les dépenses publiques les plus faibles au sein de l’OCDE sont le
Japon (10 points en dessous de la moyenne), les États-Unis, le Royaume-Uni. Parmi les pays qui ont
les dépenses publiques les plus élevées, on retrouve la Suède, 20 points au dessus de la moyenne (lié
à une évolution relativement récente, accélération à partir des années 80).
Les travaux de Delorme, André (1983) & Fontvieille (1976). Si on essaye de découper ces évolutions
sur le LT depuis le XIXème siècle, on peut faire apparaitre une première période :
1815-1872 : Croissance très faible des dépenses publiques. On est typiquement dans la
représentation qu’on se fait du XIXème siècle, un État peu présent dont les interventions
ne se multiplient que très peu au cours de cette période.
1872-1912 : Assez faible interventionnisme de l’État, mais une croissance lente et
régulière des dépenses publiques, qui tout en augmentant à un rythme assez faible,
augmente plus vite que la croissance économique (1,6% par an au cours de cette période
pour les dépenses publiques contre 1,3% par an pour le PIB)
Pour ces deux premières périodes, l’équilibre budgétaire est respecté, le dogme de l’équilibre
budgétaire n’est pas contesté au cours de cette période.
Certaines politiques visent à résorber les déficits publics avec, pour les pays souhaitant adopter l’€ ,le
critère de 3% du PIB pour le déficit à partir de 1992 et traité de Maastricht. Mais cette volonté de
résorber le déficit est toujours au niveau des discours, celle volonté devrait passer par une limitation
de l’accroissement des dépenses, or on ne parvient pas à la limiter. On a, au mieux, un
ralentissement de la croissance des dépenses publiques mais sans qu’il y ait véritablement une
diminution du poids des dépenses publiques dans le PIB (sauf exception comme le Royaume Uni en
1980 43% du PIB, par contre en 1990, on est à 40%, alors que la France et les autres pays ont vu ses
dépenses publiques continuer à augmenter, à voir leur poids dans le PIB s’accroitre). Si on compare
l’évolution observée au RU et l’évolution observée aux EU, bien que les politiques menées soient de
la même inspiration, le RU parvient à faire diminuer le poids dans le PIB des dépenses publiques,
alors que les EU eux, même si la croissance est ralentie, les dépenses publiques continuent à
augmenter (31,4 à 32,8). De manière générale, on observe qu’il n’y a certes pas réduction des
dépenses publiques dans le PIB, mais à partir des années 80, relative stabilisation qui ne semble pas
toucher la France et la Suède.
Autre typologie : les dépenses de Sécurité Sociale et les dépenses des collectivités locales. Depuis le
XIXème siècle, il y a une tendance à la diminution de la part des dépenses publiques centrales dans
l’ensemble des dépenses. Le facteur de cette diminution est que les organismes au XIXème siècle
n’existaient pas, alors qu’au XIXème ils vont augmenter assez fortement pour atteindre 40% des
dépenses publiques aujourd'hui.
Concernant les collectivités locales, l’évolution est contrastée : au XIXème siècle, les collectivités
locales avaient un poids relativement important dans le poids des dépenses publiques totales. A la fin
du XIXème s, on est encore aux alentours de 30%. On a un État minimal au XIXème siècle en partie lié au
fait que, notamment au niveau de l’aide sociale au sens large, l’aide sociale est prise en charge à un
niveau communal. La diminution va se poursuivre au XXème siècle jusqu’au moment où les politiques
de décentralisation vont amener à nouveau à accorder plus de poids aux départements, régions… et
depuis le début des années 80, les lois sur la décentralisation. Depuis le début des années 80, il y a
une tendance assez faible du poids des collectivités locales.
La défense a vu sa place dans les dépenses publiques diminuer sur le LT même si cette diminution
n’est pas régulière, car au cours des périodes de guerres ou précédent les guerres, on a vu la défense
prendre une place important dans les déficits. Depuis le début des années 80, la diminution est
régulière et très important (10% environ aujourd'hui alors qu’au 19ème siècle, 30%, encore en 1975,
on était à 27%).
19%
Le Travail
17%
La Solidarité
L’évolution des recettes de l’État se mesure en rapportant les prélèvements obligatoires au PIB,
même si les recettes de l’État ne se réduisent pas aux prélèvements obligatoires. Les prélèvements
obligatoires émanent d’une décision collective et non d’une décision individuelle. Ils sont sans
contrepartie directe pour l’individu. Ils regroupent les impôts, les taxes et les cotisations sociales.
Il est important de différencier les cotisations sociales et l'impôt. En effet les cotisations sociales sont
les versements aux organismes de Sécurité Sociale effectués par les ayants droits et leurs employeurs.
Ils résultent le plus souvent d'obligations légales et éventuellement d'un choix volontaire (adhésion à
une mutuelle). Les cotisations sociales correspondent à une logique d'assurance, alors qu'un
financement de la protection sociale par l'impôt consacrerait une logique d'assistance. Ce
financement tel qu'il est pratiqué en France accroit fortement les charges des employeurs et il peut
créer des distorsions de concurrence entre les entreprises domestiques et étrangères. Ce sont les
employeurs qui versent à l’organisme collecteur (URSAFF) les cotisations sociales correspondant à la
part patronale et celles qui sont prélevées à la source sur les salaires (part salariée). Les impôts sont
des prélèvements pécuniaires effectués d’autorité sur les ressources des agents économiques, à titre
définitif sans contrepartie immédiate, pour couvrir les dépenses générales de l'État.
Concernant l’évolution, sur le LT, l’évolution des recettes suit l’évolution des dépenses. Elle peut être
divergente seulement à CT ou MT, sauf pour les EU, où elle peut durer un peu plus longtemps
lorsqu’ils acceptent de financer leurs déficits.
50%
40%
En % du PIB
30%
20%
10%
0%
1960 1975 1980 2000 2004
∆ des prélèvements obligatoires de
35% 40% 45% 50% 49.80%
1960 à 2004
L'évolution du taux de prélèvements obligatoires suit la même que celle des dépenses publiques bien
que le taux de prélèvements obligatoires reste en dessous du taux des dépenses publiques en part
du PIB. Cette différence explique pourquoi l'État est toujours en déficit.
Si l'on s'intéresse à la structure des prélèvements obligatoires, on peut remarquer que la France
occupe une place à part. Sa structure est atypique par rapport au autres pays. En effet, il est
important de noter la faible place de l'impôt sur le revenu et le poids important des cotisations
sociales. La raison tient essentiellement au mode de financement de la protection sociale, même si
ce n’est pas la seule cause. Son financement repose essentiellement sur la masse salariale en France.
Dans d’autres pays, la protection sociale est financée par l’impôt (différence entre système
beveridgien et système bismarckien). La création de la Contribution Sociales Généralisées en 1990 en
France, étendue en 98, tend à corriger cette spécificité française sans la remettre jusqu'à maintenant
en cause. En effet les CSG est un à mi-chemin entre l'impôt et la cotisation. C'est une cotisation dans
la mesure où c'est un prélèvement obligatoire sur l'ensemble des revenus des personnes domiciliées
en France (revenus d'activité, de remplacement, du patrimoine…). Mais c'est aussi un impôt dans la
mesure où elles répondent à une logique d'assistance car la CSG contribue largement au financement
de la Sécurité Sociale.
Concernant le poids des cotisations sociales dans le PIB, en France, on est à 17% environ, en
Allemagne 15% (taux proche car système plutôt bismarckien), 6% au Royaume-Uni.
Il y a également des débats sur les effets en termes de redistribution de la TVA. La TVA peut être
appréhendée comme un impôt qui concerne la propension à consommer. Il a déjà été prouvé que la
propension à consommer des pauvres est supérieure aux riches, or la TVA est une taxe sur la
consommation, donc elle touche plus les pauvres que les riches. Finalement certains pensent que la
TVA a des effets anti-redistributifs.
TVA-127,4
8%
5%
l’impôt sur le revenu
7%
l'impôt sur les sociétés
45%
15% TIPP
Comment expliquer que dans tous les pays, historiquement, le poids de l’État a tendance à
augmenter sur le LT ?
a) « La loi de l’extension croissante de l’activité publique ou d’État chez les peuples civilisés qui
progressent » (Wagner)
Explication de Wagner au 19ème siècle (1867) « Les fondements de l’économie politique ». On est
proche d’un constat qui s’appuie sur des jugements de valeurs. La montée du poids de l’État est
inhérente au développement économique compte tenu du fait que l’industrialisation et ses
conséquences conduisent à multiplier des dépenses de l’État (dépenses d’infrastructure, éducation,
action sociale). Il ne s’agit pas d’une analyse économique traditionnelle où on essaye d’expliquer les
Wagner « Par expérience, on peut déduire de l’histoire des peuples civilisés en progrès donc de
comparaison par époque aussi bien que de comparaison d’État et d’économie nationale à divers
degrés de civilisation, par conséquent de comparaison dans l’espace, une certaine tendance évolutive,
ou « une loi » pour ainsi dire, d’évolution de l’activité de l’État chez les peuples civilisés : la loi de
l’extension croissante de l’activité publique ou d’État chez les peuples civilisés qui progressent . »
Il n’y a pas véritablement d’explication car cette tendance apparait comme un fait de civilisation.
Implicitement, cela renvoie à l’idée que dans les populations, il y a une demande latente pour des
biens collectifs et des actions qui relèvent des interventions de l’État. Quand le progrès économique
et social permet d’accéder à ces actions publiques et bien collectifs, naturellement, l’État offre ces
biens et prend un poids plus grand au sein de l’économie.
Dans « The Growth of public expenditure in the United Kingdom » (1957) de Peacok et Wiseman, on a
une analyse plus approfondie. On va retrouver en partie cette hypothèse de la demande (de la
population) qui est demandeuse de biens ou services qui ne peuvent être fourni que par l’État, mais
qui ici prend en compte la question de la demande, c'est-à-dire des besoins, préférences de la
population, mais on prend également en compte le côté offre, c'est-à-dire la question de l’attitude
de l’État et de l’analyse des circonstances et conditions dans lesquelles l’État va être amené à offrir
ces biens publics, actions sociales et économiques…
Les auteurs mettent en évidence une augmentation qui s'effectue par pallier. La montée de
l'intervention de l'État semble s’accélérer au cours de circonstances particulière notamment au cours
des guerres comme la 1ère et 2nde. Cela va amener les auteurs à partir de l'idée qu'il y a bien une
demande latente d'intervention publique. Il y a bien une volonté d’accéder à des biens ou services
collectifs qui ne peuvent être fourni que par l’État (autrement dit des biens supérieurs, de luxe tels
que l’éducation), mais parallèlement à cette demande latente, il y a une résistance de la part de la
population à la hausse des prélèvements obligatoires (ils veulent les services publics sans les payer).
Idée selon laquelle il faut qu’on soit dans des circonstances exceptionnelles (guerres, crise
économique grave comme la crise de 29) pour que cette résistance s’affaiblisse. Il y a une
modification de la structure des dépenses de l'État qui vont s’orienter vers l'armement. Après la
guerre, les dépenses publiques vont être réorientées tout en conservant un haut niveau, plus ou
moins celui que l'État avait réussi à imposer durant la guerre. Les auteurs s’appuient essentiellement
sur l’exemple des guerres où on va être dans une situation où l’intervention de l’État va justifier la
recherche de nouveaux financement (même si ca doit être par emprunt). Une fois qu’un pallier est
franchi, il y a un effet cliquet. On est dans une analyse qui empiriquement n’est pas remise en cause
(domaine de la description des faits).
C’est une analyse marxiste positive. Elle renvoie à la conception qu’ont les marxistes de l’État c'est-à-
dire au service des intérêts de la classe capitaliste.
Ils mettent en place une explication de la tendance à la montée de l’État : c’est une analyse en
termes de capitalisme monopoliste d’État, Boccara, Le Pors « Les béquilles du capital ». Le fait que
l’État a tendance à prendre de plus en plus de place dans l’analyse économique est lié à la loi de la
baisse tendancielle du taux de profit, le système capitaliste est, sur le LT, de moins en moins efficace
et l’État va intervenir de plus en plus. Le secteur public va prendre de plus en plus de place pour
prendre en charge les domaines de l’économie les moins rentables, et donc essayer de redonner par
ce biais au secteur capitaliste marchand (privé) une certaine rentabilité, essayant de maintenir à bout
de bras un système qui s’effrite progressivement.
Lorsque l'on finance publiquement les services publics, on met tout le monde à contribution. Pour les
infrastructures on va donner gratuitement aux entreprises privées le moyen de déplacer leur
production ou d'avoir des salariés bien formés (via l'éducation). L'État est au service des entreprises
privées, c'est un moyen de renforcer l'exploitation puisque c’est de nouveau une manière de faire en
sorte que la valeur crée par le travail revienne encore moins au travailleur, car une partie va financer
les dépenses de l’État, qui ne profite qu’aux capitalistes.
L’analyse de Fontvieille repose sur la même idée, sauf que la sienne inscrit la montée de
l’intervention de l’État dans le rythme des cycles longs, elle se fait par poussée et coïncide avec les
phases A des Kondratieff. C'est la reprise en main par l'État des entreprises boiteuses qui finissent
par assainir l'économie, et donc re-permettre une phase B sans pour autant résoudre les
contradictions inhérentes au système capitaliste.
C’est une analyse ultralibérale positive. Selon l'École du Public Choice, l'État serait le lieu d’expression
des intérêts particuliers. Ils doutent que l’État ait pour objectif de maximiser l’intérêt général. La
théorie des choix publics est une discipline de l'économie qui décrit le rôle de l'État et le
comportement des électeurs, hommes politiques et fonctionnaires. Elle entend ainsi appliquer la
théorie économique à la science politique. La politique y est expliquée à l'aide des outils développés
par la microéconomie. Les hommes politiques et fonctionnaires se conduisent comme le feraient les
consommateurs et producteurs de la théorie économique, dans un contexte institutionnel différent.
La motivation du personnel politique est de maximiser son propre intérêt, ce qui inclut l'intérêt
collectif (du moins, tel qu'ils peuvent le concevoir), mais pas seulement. Ainsi, les hommes politiques
souhaitent maximiser leurs chances d'être élus ou réélus, et les fonctionnaires souhaitent maximiser
leur utilité (revenu, pouvoir, etc.), c'est parce que ces agents économiques sont à des postes clé de la
société et que les décisions (forcement égoïstes) qu'ils prendront influenceront l’ensemble de la
société que l’École du Public Choice remet en cause la lutte pour l’intérêt général que s’est fixée
l’État.
L'analyse de l’école du Choix Publique va beaucoup plus loin que la critique néo-classique
traditionnelle de la politique économique, dans la mesure où elle s’attaque à l'existence même de
l'institution étatique et pas seulement à l'efficacité de son action. Que ce soit dans l'optique néo-
À l’image de la pensée marxiste, les partisans du Public Choice remettent en cause le rôle de l'État,
mais contrairement aux marxistes, cette critique ne débouche pas sur une remise en cause du
capitalisme, mais plutôt sur une réaffirmation des forces du marché et de l'initiative privée. Cette
école s'organise autour de quatre domaines d'étude : la théorie du cycle politico-économique, la
théorie de la bureaucratie, la théorie du marché politique et la théorie de la recherche de rente. (Cf.
Précis p. 242)
L’analyse en termes de marché politique revient à considérer les décisions publiques comme une
rencontre entre une offre et une demande. J. Buchanan et G. Tullock « The Calculus of consent : the
logical foundations of constitutional democracy »
La particularité de ce marché est de ne pas être un marché de concurrence pure et parfaite. C'est
impossible car s'il l'était, la démocratie se heurterait au paradoxe de l'électeur rationnel mis en
évidence par M. Olsen en 1965. En effet l'électeur effectue une analyse coût/avantage, et se rend
compte que les coûts l'emportent systématiquement sur les avantages. Dans le cadre de l'action
collective, c'est le problème du free-rider : que l'on participe ou non, si les revendications
aboutissent, tout le monde profitera des bénéfices de l'action. Dans le cadre du vote, il y a une
multitude de demandeurs qui font face à une multitude d'hommes politique, la probabilité que votre
demande soit satisfaite est nulle. Le bénéfice du vote est négligeable, le coût est faible mais toujours
supérieur aux avantages qui sont nuls. Donc personne n'irait voter.
Soit on n'a pas affaire à des homo-oeconomicus. Le fait que les individus aillent voter tient au fait
qu’ils ne sont pas rationnels au sens de la théorie standard. Les individus ont d'autres sources de
motivation qui les pousseraient à voter. Un ensemble de valeurs (démocratiques) peut les amener à
voter. Les offreurs et les demandeurs ont tendance à se regrouper en groupe de demandeurs (lobby,
association de consommation, syndicats…) ou groupe d'offreurs (parti politique).
Soit la structure du marché peut expliquer le fait que parfois la demande dominante et l'offre
dominante coïncident. On est dans une situation d’oligopole et d’oligopsone. La manière dont
fonctionne la démocratie conduit à voir l'État prendre de plus en plus de place dans l'économie et la
société parce que cette structure de marché pousse les offreurs à multiplier les mesures politiques
lorsqu'ils sont au pouvoir pour maintenir une offre qui garantisse sa rencontre avec une demande
majoritaire. Cela pour assurer leur réélection. Les groupes de pression vont pousser l'État à intervenir
sans que cela ait forcement un intérêt pour l'intérêt général (Stigler, 1971, thèse de la capture).
Les discours sont de plus en plus libéraux mais cela n'a pas empêché l'État de se développer et de
prendre de plus en plus de place dans l'économie selon Galbraith. L'État prédateur n'est pas pour
autant minimal, sa puissance est confondue avec les entreprises qui la manipulent.
Il y a aussi un phénomène bureaucratique car on est dans un système dans lequel il existe des
intérêts individuels qui s'opposent les uns aux autres, mais finalement tout les individus ont le même
objectif qui est d'augmenter leur pouvoir. Le seul moyen d'y parvenir est d’augmenter leur taille donc
on aboutit à un phénomène d'accroissement de l'État continuel, d’où une poussée du phénomène
démocratique.
∎ Introduction
Il s'agit de rappeler que l'État au XIXème siècle, par rapport à son état antérieur et postérieur, apparaît
comme minimal, plus libéral. C'est en tout cas la constatation faite par Polanyi. Selon lui, parmi les
trois modes d'allocation de ressources existants, le marché a eu tendance durant tout le XIXème à être
uniquement le plus usité ; la redistribution organisée par l'État apparaît comme dominée par le
marché. Des éléments ont favorisé l'émergence de ce mode d'allocation comme les discours hostiles
à l'intervention étatique. L'analyse classique domine : Ricardo et son héritage a influencé les
politiques du Royaume-Uni. Smith a défini avec précision les contours de l’intervention de l'État qui
doit se cantonner à ses fonctions régaliennes, monétaires, de production d'infrastructures, monopole
naturel… L’État a également un rôle réglementateur pour institutionnaliser le marché. Par ailleurs, il
a aussi un rôle social qui rentre en contradiction avec les thèses libérales.
État réglementateur renvoie au fait que même lorsqu’on a affaire a une économie dont la
coordination repose sur le marché, ce marché ne peut se passer de certaines règles.
État qui intervient dans les domaines de défaillances du marché : on pense aux
infrastructures.
État qui va intervenir dans le domaine social, en contradiction avec les thèses libérales.
Au delà de la montée très lente de l’intervention de l’État, elle ne se fait pas de manière continue, on
observe certaines poussées de l’État, même si elles ne coïncident pas toujours avec des circonstances
économique et sociales particulières (avec des guerres ou crises).
Texte Bairoch : politique qui vise à perfectionner, développer les structures permettant à l’économie
de marché d’être plus efficace. Ne vise pas à adopter une vision non libérale de l’économie, bien au
contraire.
Période du début de la IIIème République qui coïncide avec le début de la Grande Dépression
de la fin du XIXème siècle : on retient de cette période le plan Freycinet qui est engagé à partir
de la fin des années 70 (1879), Freycinet était le ministre des travaux publiques de l’époque.
Le domaine privilégié est un des domaines classiques de l’intervention de l’État : le domaine
des infrastructures, et en particulier des chemins de fer. C’est dans l’ampleur des dépenses
engagés que le plan Freycinet va apparaitre comme un plan qui sort de l’ordinaire, qui va
impliquer l’État dans l’économie plus qu’à l’habitude. Dans le domaine des chemins de fer, ce
sont plus de 10 000km de chemin de fer qui vont être construits entre le début des 70’ et la
fin des 80’, et l’ampleur de l’intervention de l’État en termes de dépenses engagées est telle
que pour certains (comme Asselain), on sort du cadre strict de la politique structurelle
(auquel l’État est cantonné) puisque Asselain nous dit « Le plan Freycinet constitue une
préfiguration des politiques de soutien de la demande qui seront appliquées un demi siècle
plus tard pour lutter contre la dépression des années 30 ». Les politiques de demande de
relance n’existent pas à cette époque, mais certaines politiques peuvent être considérées
comme des exceptions à la règle. Dans les faits, la manière dont l’État intervient peut être
interprétée comme des politiques de relance de la demande de manière involontaire. On
commence déjà à prendre en compte le fait que dans des situations de crise exceptionnel,
l’État soit légitime à intervenir pour contrer la crise.
Période de l’extrême fin du XIXème siècle : c’est dans le domaine de la politique commerciale
extérieure que l’intervention de l’État va changer de nature. On voit progressivement
apparaitre une tendance protectionniste dans les discours et les faits dans les années 90’. On
voit se fermer progressivement la période de libre échange qui s’était ouverte avec le traité
franco-britannique de 1860. La fin du XIXème étant connue comme un période de
mondialisation qui passe par des IDE, prise de participation, filiales étrangères…, il y a pas
mal de tendances contradictoires à l’égard du thème sur l’extérieur. Dans le cas de la France,
on a dans la politique commerciale des manifestations de ces tendances protectionnistes
(tarif Méline 1892: imposition de tarifs douaniers plus contraignants qu’auparavant, loi du
cadenas 97 qui permet au gouvernement en cas d’urgence de relever les taxes sur les
produits agricoles sans attendre l’approbation du Parlement). Même si ces mesures là
restent assez limitées dans les faits quant à leurs conséquences sur le commerce
international lui-même, elles marquent tout de même une rupture dans l’attitude à l’égard
du commerce international, attitude qui s’était orienté vers un libre échangisme.
∎ La question sociale
La question est vague par la diversité des champs qu’elle englobe. On pense à la question de la
protection sociale, de la lutte de la pauvreté, mais c’est aussi du droit du travail (et non au travail), la
La période qui couvre les années 1930 jusqu’aux années 1880 : des questions nouvelles vont
véritablement se manifester. Au fur et à mesure de l’industrialisation, les solidarités d’ancien
régime vont disparaitre. Il y a la manifestation de mauvaises conditions de vie (usines qui
commencent à employer une catégorie ouvrière relativement nombreuse et en expansion).
Le mouvement ouvrier accompagné par le développement des pensées socialistes va se saisir
de cette question. Néanmoins l’action de l’État reste dominée par des influences libérales. Il
laisse largement faire dans le domaine social même s’il peut faciliter certaines initiatives (ex :
société de secours mutuel en 1835 qui va jouer un grand rôle dans ce domaine social, elles
sont soit fortement influencées par l’Eglise, fait parti des actions du catholicisme social, soit
La période de la fin du XIXème siècle : c’est une rupture dans la mesure où on voit apparaitre
une intervention de l’État dans lequel il était totalement absent, en particulier dans le
domaine de la protection sociale (la famille, santé et retraite). L’État intervient également de
manière plus marquée dans la réglementation du travail. On retient essentiellement :
Entre le moment où la loi est votée et qu’elle soit appliquée, il y a un laps de temps très long.
En Angleterre :
Loi sur les fabriques (1833) : c’est dans le pays où le libéralisme économique est le plus
présent au début du XIXème siècle qu’en même temps on a des avancées sociales importantes,
c’est une loi qui a une portée assez générale.
1910 : Instauration de la dole, assurance chômage pour les ouvriers agricoles percevant un
salaire inférieur à un certain montant.
Plus on a affaire à une industrialisation tardive, plus il semble que l’intervention de l’État semble
importante, voire décisive, dans l’industrialisation de ces pays.
∎ L’Allemagne
Sur le plan de la protection sociale : c’est un système cohérent et assez général d’assurance
sociale. Ce sont les lois Bismarck (1883 : assurance maladie obligatoire pour les ouvriers à bas
salaires, 1884 : indemnisation des accidents du travail à la charge des employeurs, 1889 :
mise en place d’un système d’assurance vieillesse et invalidité à charge partagée entre
employeurs et employés). Ce système va devenir un modèle de protection sociale (modèle
de l’assurance reposant sur une contribution préalable par le travail, qui s’opposera au
modèle Beveridgien qui ne relève plus de la logique d’assurance mais d’assistance). Ces lois
ont souvent été associées aux génies politiques qui ont su, grâce à ces lois, limiter la montée
des idées socialistes (des idées marxistes)
∎ Le Japon
Il y a une place importante de l’État dans cette industrialisation rapide. L’ère Meji va permettre cette
centralisation politique. Une fois cette condition remplie, l’État au Japon va être décisif dans
l’industrialisation de ce pays. Cela concerne exclusivement l’intervention économique de l’État. Les
domaines particuliers dans lequel l’État intervient sont :
La formation : c’est une optique différente du cas de la France, où c’est plus un objectif social
qu’économique dans le cas de la France. Là, l’objectif est l’accumulation en termes de capital
humain, c'est-à-dire rattraper le retard technologique par rapport aux pays en avance, grâce
à la formation, l’envoi d’étudiants à l’étranger ou d’instructeurs dans les campagnes. Il ya un
rôle de formation dans l’agriculture, l’objectif est de favoriser la modernisation de
l’agriculture pour pouvoir développer l’industrie.
L’industrie : l’État va être très présent en constituant un secteur public assez important.
L’État va fonder ou acquérir un assez grand nombre d’entreprises publiques dans ces divers
secteurs industriels moteurs à cette époque (le textile notamment, les télécommunications).
Là encore, cela s’accompagne d’une volonté d’acquérir des technologies étrangères, soit en
ayant recours à des techniciens étrangers, soit en essayant de favoriser l’importation de
machines étrangères. Même si une fois constitué et développées, l’État va de nouveau les
∎ La Russie
Comme dans le cas du Japon, et dans une moindre mesure de l’Allemagne, l’intervention de l’État est
justifiée relativement à cette prise de conscience du retard par rapport aux autres pays, et du danger
que représente ce retard, danger non seulement économique mais qui peut aussi se manifester au
travers de la puissance militaire que compte ces pays en avance, soit la souveraineté même de ces
pays en retard. Cette attitude est essentielle à bien comprendre pour ensuite appréhender comment
l’État intervient dans cette économie, et pourquoi elle peut apparaitre comme massive, précipitée.
En Russie, une des spécificités est d’avoir une action plus macro économique que dans d’autres pays,
en essayant de mobiliser au niveau national une épargne importante pour permettre de financer des
investissements massifs dans l’industrie, et en particulier dans la sidérurgie, fabrication de machines-
outils. Cette incitation à l’épargne va s’orienter d’abord vers l’agriculture, et notamment au travers la
pression fiscale qui va peser fortement sur le monde paysan, qui va constituer en une épargne forcée,
ainsi qu’une politique qui vise à compresser la consommation intérieure. L’épargne intérieure ainsi
mobilisée s’avère insuffisante, ce qui va pousser la Russie à essayer d’attirer les capitaux étrangers.
En ce qui concerne la mobilisation de l’épargne étrangère, cela fait référence aux fameux emprunts
russes (car passe par l’émission de titres). Parallèlement à cela, les actions de l’État habituels en
matière de recherche de transfert de technologie, il y a aussi la volonté d’acquérir et d’attirer ces
compétences et techniques étrangères. Il n’y a pas de différence avec le Japon, sauf que l’attitude de
la Russie à l’égard du commerce extérieur est plus offensive que défensive : on cherche à faire passer
le développement économique aussi par le développement des exportations, ce qui suppose d’avoir
une attitude à l’égard de la protection douanière relativement souple. Ce qui fait la véritable
spécificité, c’est cette volonté d’inciter à l’épargne pour ensuite financer des investissements. Une
des raisons à cela est une raison invoquée par le modèle de Gerschentvon (1962), c’est la volonté de
substituer du capital au travail, c'est-à-dire favoriser une économie beaucoup plus capitalistique dans
ses structures de production. Cela s’explique chez Gerschentvon du fait qu’en Russie, la qualité de la
main d’œuvre est faible, donc la productivité du travail est faible, notamment parce que la main
d’œuvre est indisciplinée.
La seconde rupture apparaît avec la crise de 1929 et la dépression des années 30 : on sait
que c’est véritablement avec cette crise que l’intervention de l’État va être légitimée
définitivement, on n’aura plus cette domination exclusive des idées libérales, et malgré
toutes les hésitations qui vont avoir lieu dans les différents pays au tout début de la crise, on
s’aperçoit que les politiques interventionnistes vont avoir tendance à dominer assez
largement. Dans le cas de la France, il y a une politique économique du Front Populaire. Les
mesures anticrises ne débutent pas en 1936, il y en a eu avant. Ex : plan Marquet (1934), qui
est un plan de grands travaux. Par ailleurs, les idées qui sous-tendent la politique du Front
Populaire ne sont pas des idées, contrairement au New Deal, de type keynésienne, ce sont
des idées sociales, et donc l’intervention de l’État va s’effectuer à un échelon supérieur. On a
une forte tentation de mettre en place une économie très centralisée, et parallèlement à
cela, on a une action de l’État qui se situe autant dans le domaine social que dans le domaine
économique. (Ex : 1936, la constitution de l’ONIB, prend en charge pour l’État totalement la
production du blé)
L’intervention de l’État dans le domaine social : même si cet interventionnisme est soumis au
même déséquilibre dans son évolution que dans le domaine économique (soumis à la
dépression des années 30), on peut tout de même essayer de défendre l’idée selon laquelle il
est caractérisé par une plus grande continuité puisque les différentes mesures vont s’inscrire
dans la continuité de l’émergence progressive de l’État Providence. Ex : le cas de la France,
mise en place d’un système d’assurance social, certes les lois sociales en question vont être
votées en 1930 et 1932, mais elles s’inscrivent dans une volonté politique qui débute à la fin
des années 20 (1928 : tentative d’une loi sur les assurances sociales qui échoue),
l’aboutissement va se faire par les lois de 1930 (loi instituant l’assurance vieillesse et
l’assurance maladie pour tous les salariés de l’industrie et du commerce en dessous d’un
certain plafond) et 1932 (loi étendant le bénéfice des allocations familiales à tous les salariés
de l’industrie et du commerce). L’assurance vieillesse s’inscrit très nettement dans la
continuité (plus dans un mouvement de LT de développement de la protection sociale que
des poussées de l’intervention de l’État). Le volet social du Front Populaire est plus
discutable. Il touche l’amélioration des conditions de vie des travailleurs. Ce volet est marqué
par les accords de Matignon en 1936, symbolisé par l’instauration des congés payés, la
semaine de 40H, revalorisation salariales importantes (16 à 40% selon les branches), il y a un
progrès dans le développement des conventions collectives. Cette idée de continuité peut
État-Providence : Action de l’État sur les structures économiques et sociales, en particulier par la
protection sociale, la prise en charge publique des dépenses d’éducation et l’encadrement du
marché, afin d’assurer une croissance régulière, et dans une logique keynésienne, le plein-emploi.
L’État Providence a autant des objectifs économiques que sociaux (en termes d’équité). L’État
providence est entendu ici dans un sens très large, aussi bien dans les objectifs poursuivi que les
modalités utilisés par l’État pour atteindre ses objectifs. La notion d’État-Providence regroupe les
politiques économiques et sociales, et structurelles et conjoncturelles.
La redistribution verticale : elle est plus hétérogène, les instruments de lutte contre les
inégalités et pauvreté sont assez divers. Ces instruments sont d’abord la fiscalité (impôt
progressif, instauration en France de l’IRRP) et la politique de revenu et des prix (objectif
social de réduction des inégalités tel que l’instauration du SMIG en 1950 et lutte contre la
pauvreté). Un autre instrument : les prestations sociales versées par l’État lorsqu’elles sont
sous conditions de ressources, ainsi que les services collectifs, offerts gratuitement par l’État,
sachant qu’ils sont financés par tous.
La redistribution horizontale : elle est plus ciblée. elle marque le plus les Trente Glorieuses. Si
en Allemagne, elle est assez développée, c’est moins le cas en France, en Angleterre et aux
EU.
Au Royaume-Uni, il y a la mise en place en 1942 d'un système de couverture universelle suite
au rapport Beveridge.
En France, l’instauration de la Sécurité Sociale en France se passe en 1945, qui se veut
universelle, uniforme et unique. La CMU prolonge le principe d'universalité. La Sécurité
Sociale est aussi un outil de lutte contre les inégalités. Elle vise une plus grande justice
sociale. Elle concerne principalement les 3 grandes branches que sont la famille, la vieillesse
et la santé.
- Concernant la branche famille, la généralisation de la protection contre ce risque est
obtenue dès 1946, une loi étend les allocations familiales à toute la population. La
généralisation posera problème pour les 2 autres branches.
- Pour la vieillesse, problème de l’unité et de l’uniformité (multitude de caisses de
retraite). On peut ajouter que la même année, il y a intégration de la réparation des
accidents du travail à la Sécurité Sociale (ce n’est plus une question de rapport entre
employeurs et employés).
- Pour la branche emploi : loi sur l’assurance chômage en 1958, création de l’ASSEDIC
et l’UNEDIC (aujourd'hui Pôle Emploi). Là encore, l’arrivée tardive est assez
représentative de l’esprit des Trente Glorieuses, c'est-à-dire la croyance en une
phase de croissance de plein emploi ininterrompu, le chômage n’était pas
appréhendé au départ comme un risque important, donc d’une certaine manière ne
nécessitait pas la mise en place d’une protection contre ce risque.
La loi de 1975 généralise à l’ensemble de la population active l’assurance vieillesse
obligatoire. C’est un caractère hybride car c’est à la fois un système bismarkien et il y
a un objectif de généralisation à l’ensemble de la population, cela constitue une
difficulté du système lors de la période de crise et de chômage croissant et durable,
système qui devient nécessairement déséquilibré lorsque l’on n’est plus dans une
période de croissance forte et de plein emploi. De ce point de vue là, le système
britannique est moins ambigu puisque c’est le système beveridgien qui va être mis
en place, la généralisation est garantie de fait, puisque tout citoyen (pas seulement
le salarié) y a droit. En conséquence, c’est un financement par impôt. Ce système
Les États Unis sont un peu à part dans cette montée de l’intervention de l’État dans le domaine social
car chronologiquement, il faut attendre les années 60 pour que des progrès notables aient lieu dans
le domaine de l’intervention social de l’État. Une autre particularité des EU : contrairement aux pays
européens, seront poursuivi 2 objectifs : en termes de redistribution horizontale, et en termes de
redistribution verticale. Aux EU, les traditions sont plus libérales sur le plan social, les interventions
de l’État ne sont justifiées que pour lutter contre certaines formes de pauvreté. Il y a une vision assez
restrictive de l’intervention de l’État sur le plan social. Néanmoins, dans les années 60, il y a
l’instauration de Medicaid et Medicare (assurance maladie pour les personnes âgées de plus de 65
ans, conditions de ressources qui font que cela reste un système d’assurance maladies réservé aux
plus défavorisés). En ce qui concerne la protection contre les risques, c’est l’assurance privée qui va
dominer, on laisse faire les choses dans une certaines mesure : le système d’assurance maladie et
vieillesse va être réglementé par l’État, mais la gestion de ce domaine relève du domaine privé, la
plupart du temps par les entreprises. Les EU restent un cas à part par rapport au cas européen.
La politique monétaire va s’orienter vers un objectif unique qui est la lutte contre l’inflation (objectif
de stabilité des prix).
Sur le plan de la politique budgétaire, on cherche à mener un politique monétaire orthodoxe visant à
la fois l’équilibre budgétaire et un retrait de l’État (diminution des dépenses et diminution parallèle
des retraites).
Exemple : Pour la politique monétaire, le changement d’orientation été assez radical. La rupture a
lieu lors de l’arrivée de Paul Walker à la tête de la FED en 1979, il y a une action monétariste axée
uniquement vers la lutte contre l’inflation. Le changement est radical dès la fin des années 70 aux EU,
en Angleterre, un peu plus tardif en France. En Allemagne, la situation est un peu différente car la
lutte contre l‘inflation était déjà un objectif prioritaire avant la crise (depuis l’hyperinflation).
C’est un changement qui marque d’une certaine manière le retrait de l’État, son action va devenir
passive et une action de règle quelque soit la conjoncture. Ce n’est plus la politique monétaire
keynésienne qui agit de manière active. La politique monétaire monétariste ne fait pas jouer un rôle
à l’État dans la régulation de la conjoncture. Cette crise de l’interventionnisme étatique à partir de la
fin des années 70 va impliquer des politiques de retrait de l’État dans tous les domaines, mais il ne
faut pas voir cette période comme une période homogène puisque le retrait ne concerne pas tous les
domaines, mais dans certains, le retrait radical de l’action de l’État va progressivement être remis en
cause. On l’observe notamment concernant la politique monétaire.
En ce qui concerne la politique budgétaire, les choses vont être plus ambigües puisque dans les
discours et dans les inspirations théoriques mobilisées par les gouvernements, c’est de nouveau
l’orthodoxie budgétaire qui va dominer et cette orthodoxie budgétaire s’accompagne d’une volonté
de réduire les dépenses de l’État pour pouvoir réduire les prélèvements et donc redonner une
rentabilité à l’offre. On est dans une logique de l’offre. C’est le retour de la loi de Say (l’offre crée sa
propre demande, il ne faut pas entraver l’offre et désinciter l’offre par des prélèvements obligatoires
importants). Il y a un décalage important entre les discours et la mise en œuvre réelle de la politique
budgétaire puisque on est d’abord confronté à la situation de crise qui mécaniquement pousse les
déficits budgétaires à la hausse (notamment dans le cas de l’Europe de manière relativement
continue). Cette situation de crise a tendance à créer des déficits budgétaires de l’État et rend
difficile la réduction des dépenses publiques notamment en matière sociale (ex : allocation chômage).
Par ailleurs, cette politique visant à réduire les dépenses publiques se heurte à la tendance de LT qui
est plutôt à la hausse des dépenses publiques. Cette volonté de réduire les dépenses publiques va
avoir du mal à se traduire dans les faits. A part quelques exceptions comme en Grande Bretagne, le
rapport dépenses publiques/PIB continue sa progression même si elle est ralentie. Aujourd'hui la
réduction de la dette est un objectif prioritaire des gouvernements pourtant les déficits publics ne
cessent d’augmenter.
La politique monétaire radicale n’est pas sans conséquence sur la conjoncture (admis par les
monétaristes et Friedman), elle se paye par plus de chômage et une croissance ralentie, c’est le prix à
payer à CT pour permettre de réduire l’inflation à LT, et donc de parvenir à LT à une croissance
économique plus saine et plus forte. Bien souvent, on s’aperçoit que les Banques Centrales vont
devenir indépendantes, la politique budgétaire va alors être souvent amenée à jouer un rôle
d’amortisseur face aux conséquences récessionnistes des politiques restrictives. C’est aussi un des
arguments qui explique pourquoi la politique budgétaire ne va pas être menée conformément à
l’idéologie dominante. On s’aperçoit que depuis la fin des années 70, l’Europe est soumis à cette
même ambigüité : il y a à la fois un discours qui vise à réduire les déficits budgétaires et en même
temps, dans les faits, il y a toujours cette tendance à l’augmentation des dépenses publiques et
l’apparition récurrente des déficits budgétaires.
Les faits
Le retrait de l’État va se faire en deux temps par le biais de privatisation et de réglementation. Une
fois se retrait effectué, il va falloir s'attacher à préserver la concurrence. Lorsque l'État n'est plus
présent en tant qu'acteur au sein d'une économie, l'État doit alors garantir un cadre propice à la
concurrence.
Exemple de fusion : Schneider Electric & Legrand. Cette fusion à lieu en 2001 et Bruxelles oppose son
véto à cette fusion car ils en concluent que cette fusion va déboucher sur un affaiblissement de la
En France a été crée la Haute Autorité de la Préservation de la Concurrence. Les institutions visant à
préserver la concurrence ont de plus en plus de pouvoir et de moyen d’actions importants. Pour citer
le cas de la France, on peut citer la loi NRE sur les nouvelles régulations économique de 2001 qui
notamment est une loi qui va permettre de relever le plafond des sanctions de 5% du chiffre d’affaire
national à 10% du chiffre d’affaire mondial. Quand un manquement aux règles de la concurrence ont
été mise en évidence par le conseil national de la concurrence, les sanctions qui peuvent être
imposées aux entreprises avant 2001 étaient 5% du CA national depuis 2001 10% du CA mondial du
groupe. De fait, on voit les montants des sanctions augmenter progressivement depuis les années 90,
et de manière accélérée en France depuis les années 2000. En France, les amendes ont représenté en
moyenne entre 2001 et 2004 64millions d’€, et ensuite systématiquement, on va être au dessus. En
2006, 128millions d’€.
Là où l’État était très présent dans les années 80 étaient essentiellement des secteurs qui n’avaient
rien de secteurs naturellement très concurrentiels. Il s’agissait de secteurs largement touchés par des
défaillances de marché. Forcément, une fois privatisés, déréglementés, rendus au laisser faire, ces
secteurs vont révéler leurs défaillances. Exemples :
Les aéroports : l’État reste majoritaire en France, pas en GB. On cite cet exemple car il
correspond à un quasi monopole. Cf. Stiglitz (privatisation des aéroports de Londres)
L’électricité : on s’appuie sur le commentaire de M. Boiteux, président d’EDF de 1967 à 1987,
dans « Futuribles » (2007). L’électricité est un cas extrême, pour ne pas dire un cas d’école,
des exceptions à la théorie libérale. S’il peut y avoir plusieurs producteurs d’électricité, il est
difficile qu’il y ait plus d’un réseau de transport de l’électricité. On retrouve la même
impossibilité de la concurrence que celle qu’on évoque en s’appuyant sur l’exemple des
chemins de fer. On retrouve la même difficulté dans la télécommunication. On ne peut avoir
qu’un seul réseau, donc la concurrence ne peut concerner que la production d’électricité.
Dans les études d’économie appliquée qui ont accompagné le processus de privatisation et
déréglementation, dans les années 80, on pensait qu’il était possible de séparer les activités
en branches, en distinguant celles qui relevaient d’un monopole naturel et celles qui au
contraire pouvaient être mises en concurrence. Cela pose un problème de répartition des
coûts liés à l’entretien des infrastructures de transports : qui paye ? Il y a concurrence mais
aucune garantie que ces quelques concurrents pratiquent des prix proches des prix
théoriques de la concurrence parfaite.
A partir des années 90, on va avoir certaines actions de l’État qui ne vont plus aller de manière aussi
claire dans le sens du libéralisme. Il y va avoir un retour de l’interventionnisme économique de l’État.
Le sujet qui serait plus intéressant serait de savoir dans quelle mesure la crise économique s’est-elle
traduite par un changement de l’orientation de la politique conjoncturelle ? Dans quelle mesure on
ne va pas retrouver, une fois sortie de la crise, la domination des politiques libérales dans le domaine
conjoncturel ?
Concernant les politiques de relance elles-mêmes, les réponses données selon les différents
pays sont différentes. Aux EU, l’ampleur de la relance a été plus important sans doute que la
moyenne. Aussi bien la politique monétaire a été une politique monétaire très active face à
la crise, que la politique budgétaire. Les taux d’intérêts de la FED ont baissé assez rapidement
après la crise de 2007. (5% en 2007, près de 0% aujourd'hui). Concernant la politique
budgétaire, la aussi on a d’abord un premier plan de relance, c’est le plan Bush (février 2008),
c’est un plan dont l’ampleur est relativement limitée. Le plan Obama (1 an plus tard), prévoit
787 milliards de dollars (6% du PIB). Il y a aussi des dépenses potentielles lorsqu’il s’agit de
Dans quelle mesure ces politiques de relance massives, qu’on qualifie de politiques d’inspiration
keynésienne, marquent-elle un tournant dans l’attitude à l’égard de l’intervention de l’État ?
Concernant l’inflation, Blanchard & alii dans un article du FMI, suggèrent que la cible de 2%
d’inflation retenu depuis de nombreuses années par les principales banques centrales devrait être
relevée à 4%. Si une telle proposition venait à se concrétiser, on pourra dire que la crise aura marqué
un tournant dans les théories qui justifient les politiques monétaires. L’orthodoxie monétaire qui
s’est imposée dans les années 80 reste malgré la crise très dominante dans les esprits. Des
propositions telles que celle de Blanchard qui retournerait a une conception de l’inflation vue comme
un « mal nécessaire » n’est tout de même pas une conception qui semble de nouveau s’impose
aujourd'hui. La conception qui domine est que l’inflation est un « mal absolu » (monétariste).
Plusieurs facteurs peuvent faire que le rapport dépenses publics/PIB peut diminuer :
Cependant, certains propos des économistes tels que Krugman soulignent le danger de réduire trop
rapidement le déficit public : les déficits publics ne constituent pas un problème dans une situation
de crise, c’est au contraire la solution. Ils ont été creusés au début de la crise, et selon ces auteurs, le
danger viendrait d’une volonté dans le contexte de l’influence de l’orthodoxie budgétaire, de réduire
trop rapidement les déficits.
Krugman (2010) « Il y a de grandes chances que les nouvelles économiques que vous allez entendre
dans un futur proche soient un pic et non une indication que nous sommes en route vers une reprise
durable. Mais les politiques interpréteront-il ces nouvelles de travers et répéteront-ils les erreurs de
1937 ? En fait, c’est déjà le cas. » Renvoie au débat sur les manières de sortir de la crise. Ce à quoi on
fait référence est le scénario du W (double plongeon). La politique en elle-même n’a des effets que si
elle est capable d’orienter les anticipations des ménages, entreprises, salariés…dans un sens
bénéfique. La mise en œuvre de la politique économique est délicate car par exemple, une politique
de relance n’a d’effets que si les agents économiques n’augmentent pas parallèlement leur effort
d’épargne.
A la fin des années 80 la crise de l'État-Providence désignait avant tout la crise de la protection
sociale, mais la crise de l'État-Providence au sens large émerge vers les années 90.
Rosenvallon « La crise de l’État-Providence », idéologie qui est à la fois une crise d’efficacité et une
crise de légitimité. Dans un ouvrage plus récent, « La nouvelle question sociale », Rosenvallon ajoute
un 3ème aspect de l’état providence, c’est ce qu’il appelle la crise philosophique de l’État-Providence.
En 2000, Andersen montre que cette crise de l’État-Providence ne va pas toucher de la même façon
tous les pays, on peut repérer 3 modèles de l’État Providence, et les réponses ne vont pas non plus
être les mêmes au sein de ces 3 mondes.
Le modèle continental (ou corporatiste) : correspond aux pays qui ont développés assez
précocement un système d’assurance sociale dans lequel le statut professionnel est
déterminant. Ex : Allemagne, l’Italie, la France (dans une large mesure). Système financé par
des cotisations sociales prélevées sur les salaires.
Le modèle social démocrate : les prestations sociales sont versées de manière universelle,
sans distinction quant au statut face à l’emploi. Les allocations sont élevées, progressives et
financées par l’impôt. Ex : pays scandinaves, Pays-Bas et pays du nord de l’Europe.
Le modèle libéral : Dans ce modèle, les transferts sociaux sont financés par l’impôt comme
dans le modèle social démocrate, mais les transferts en question sont modestes. Les
prestations sociales sont en effets réservées aux personnes ayant des revenus faibles, voire
très faibles, les autres sont incités à souscrire des assurances privées dans le domaine de la
santé, à contribuer à des fonds de pension pour les fonds de retraite… On est dans le
domaine des marchés de la protection sociale. Ex : Grande-Bretagne, Chili, Singapour.
Côté recette, en situation de crise, les recettes augmentent moins vite car, que la protection sociale
soit financée par impôt ou cotisation sociale, dans les deux cas la crise ralentie la progression des
revenus sur lesquels sont prélevés les impôts ou les cotisations sociales. Ici, le modèle continental est
plus touché dans un contexte de crise durable que les deux autres modèles car, à partir du moment
où le financement repose sur les cotisations sociales, la crise réduit l’assiette sur laquelle repose les
prélèvements. L’effet de ciseau en France va apparaitre assez rapidement puisqu’à partir du milieu
des années 70, les recettes des cotisations sociales progressent à un rythme ralenti (oscillent entre 1
et 3% par an), alors que les dépenses continuent à progresser au même rythme qu’avant la crise
(c'est-à-dire environ 7 et 8%). Assez rapidement, c’est un effet de ciseau qui va déboucher sur une
impasse financière et va nécessiter des réformes rapides pour éviter la crise financière.
Pour Rosenvallon, la crise idéologique se manifeste dans les années 80 : c’est à la fois une crise
d’efficacité, dans le sens d’efficacité du système de protection sociale, on a affaire à un système qui a
de plus en plus de mal à atteindre ces objectifs, à protéger les individus contre les risques ; et une
crise de légitimité car l’opinion qui va l’emporter va plutôt mettre l’accent sur les effets pervers de
l’interventionnisme social de l’État, et en particulier du système de protection sociale. Les effets
pervers renvoyant toujours à la question de la désincitation au travail. L’étude des incitations en
général va devenir souvent tantôt un élément qui va justifier certaines réformes, tantôt un élément
pour justifier une réduction.
Ces deux crises sont sans doute les deux aspects essentiels de la crise de l’État-Providence. Le poids
du tournant idéologique est important néanmoins, qui va s’opérer fin des années 70-début des
années 80, pour comprendre la nature de ces réformes qui vont être mises en place, même si là
encore il faut bien distinguer les différents mondes au sein desquels les réformes vont être assez
différentes malgré tout. Ces 3 mondes s’influencent les uns les autres, notamment en période de
crise, la tentation d’entamer des réformes qui vont faire évoluer ces pays vers un autre monde
(notamment vouloir se rapprocher du modèle libéral). C’est toujours assez difficile au sein des
réformes de faire la distinction entre le poids des contraintes financières et le poids de l’idéologie.
Exemples de ces réformes : les réformes apparaissent assez tôt car le poids de cette contrainte
financière pèse fortement. Elles apparaissent d’abord au sein de la branche santé de la branche
sociale. Dès les années 80, se mettent en place des mesures visant à réduire la progression des
dépenses de protection sociale, financées par la collectivité en France. Dès 1980, on a une
convention médicale qui instaure les deux secteurs (réglementé et libre). Concerne la médecine de
ville. On voit aussi l’introduction des premières franchises : forfait hospitalier (1983), ticket
𝑅𝑒𝑐𝑒𝑡𝑡𝑒𝑠 = 𝐷é𝑝𝑒𝑛𝑠𝑒𝑠
On est plutôt dans une logique de diminution des taux de cotisations sociales dans les années 90.
L’essentiel des réformes va toucher du côté des dépenses. Pour diminuer le nombre de bénéficiaires,
on peut rendre l’accès plus difficile en reculant l’âge de la retraite. Dans certaines réformes, en
particulier en Suède, le montant de la pension dépend de l’espérance de vie au moment où l’on
prend sa retraite. L’avantage est, contrairement au système qu’on a en France, d’instaurer des
mécanismes d’ajustement automatique de l’équilibre financier.
Il faut une certaine confiance dans les institutions pour accepter de financer un système dont on ne
connait pas au départ quels seront les avantages pour chacun.
En France, la particularité jusqu'à maintenant est de ne pas avoir touché à l’âge légal de la retraite.
Aujourd'hui, l’âge légal est toujours de 60 ans, c'est-à-dire l’âge qui avait été fixé en 1982 au moment
de la parenthèse enchantée.
On connait la même évolution dans la branche emploi : des conditions de plus en plus restrictives
pour pouvoir bénéficier des allocations chômage. L’évolution s’est faite principalement à partir des
années 90. Même si la branche emploi représente un poids relativement faible dans l’ensemble des
prestations sociales, l’évolution qu’a connu cette branche, et donc toutes les réformes qui ont
accompagné la politique de l’emploi, sont tout de même des réformes importantes dans la mesure
où elles sont associées à ce que Rosenvallon appelle la crise philosophique de l’État Providence, en
particulier dans son ouvrage « La nouvelle question sociale », autrement dit associé à la montée de
l’exclusion. La question du chômage ne va plus pouvoir être dissocié de la question de l’exclusion et
de la pauvreté, et cela est relativement nouveau car la question de l’exclusion est une question
relativement nouvelle. Rosenvallon parle de question sociale car ce qui est en jeu est la question de
la cohésion sociale. Cela rappelle la question sociale au XIXème siècle, c'est-à-dire le problème posé
par une société fragmentée que certains représentent comme scindée en 2 au travers des 2 classes.
Ici, ce n’est pas nécessairement ça qui est en jeu, mais plutôt l’apparition d’une frange importante de
la société qui va être exclue. Le chômage est un facteur important d’exclusion, mais n’est pas le seul,
puisque ce qui accompagne la montée du chômage est la montée de la précarisation sur le marché
du travail, ainsi que le phénomène des travailleurs pauvres (phénomène qu’on connaissait aux EU,
qui représente aujourd'hui 2 millions de personnes en France). Le chômage n’est plus la seule cause
de la pauvreté. Certes, on considère ces travailleurs pauvres comme travailleurs statistiquement,
mais la plupart du temps, ils sont en temps partiel ou ont connu au cours de cette période du
chômage. C’est la question de la précarisation du travail. Plus généralement, c’est l’incapacité de cet
État Social à garantir la cohésion sociale et l’intégration de tous dans la société. On voit que la
question n’est vraiment plus du tout la même que la fin des années 70, ce n’est plus seulement un
problème de protection sociale au sens strict, c’est un problème social de société beaucoup plus
général.
Anne & L’Horty (2007) ont mené une étude qui montre que même un SMIC à temps complet n’était
pas toujours « rentable » pour les bénéficiaires du RMI ou même de l’API. Autrement dit, pour des
bénéficiaires du RMI, ce n’était pas toujours rentable financièrement en termes de revenu de
prendre un emploi au SMIC à temps complet. Quand on fait la différence entre RMI et SMIC, le SMIC
est plus payant, mais quand on quitte le statut de RMIste, on perd également un ensemble de droits
connexes, c'est-à-dire un ensemble de droits qu’on a que quand on est RMIste (réduction de
transports…). Il y a plusieurs objectifs du RSA, mais parmi ces objectifs, le principal est de faire en
sorte qu’il n’y ait pas ces phénomènes de décrochage entre la situation de RMIste et la situation de
salarié.
RSA Chapeau
460
RSA socle
Du point de vue de l’esprit, on est bien dans cette logique qui consiste à renforcer les incitations au
travail.
Pour certains, cette évolution de l’interventionnisme social de l’État caractérise le passage d’un État-
Providence passif à un État-Providence actif, on renforce les incitations au travail, mais d’une
manière qui apparait ici « coercitive » c'est-à-dire qu’il y a certes un volet incitation dans le RSA
chapeau, mais il y a aussi un volet sanction, la probabilité de perdre des allocations va augmenter
lorsqu’on va déceler chez l’individu une certaine réticence à vouloir retourner sur le marché du
travail. Une autre façon d’appréhender ce que serait un État-Providence actif est la nécessité
d’abandonner l’État-Providence passif. Un État-Providence répare uniquement, il n’est pas dans une
logique préventive, c’est l’État des Trente Glorieuses, on est dans un environnement économique
dans lequel les accidents de la vie économique et sociale sont exceptionnels. On est dans une
période de plein emploi. Si par hasard, on perd son emploi, l’État Providence est là pour réparer.
Lorsqu’on a par hasard des revenus insuffisants, là aussi l’État-Providence intervient de manière
passive pour faire face à la situation dégradée de l’individu tout en considérant que cette situation
est exceptionnelle car la croissance est forte.
L’État-Providence actif est un État qui veut agir en amont, et on trouve 2 interprétations possibles :
Mettre en place un système de protection sociale qui diminue la probabilité pour les
individus de se retrouver dans des situations économique et sociale dégradées
Augmenter la probabilité de sortie rapide des systèmes d’assistance.
Quand on fait référence à la flexi-sécurité des pays scandinaves, on a évidemment une conception de
l’État actif qui n’est pas la même que dans les pays anglo-saxons. L’action préventive qui va être