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CHAPITRE I :
L’Etat en crise : Mutations, Contournements et allégeances
parallèles
résolument inter-sociale par la force des choses. Avec surtout une grande capacité à se
mobiliser de manière autonome et à s’émanciper des médiations étatiques (Section 1).
2ème dimension : Cet élan de remise en cause et du contournement de l’Etat
s’accompagne d’une entrée en scène d’acteurs à part : d’un côté, les firmes
multinationales (FMN/FTN), de l’autre les seigneurs du crime transnational. Les uns
choisissent d’exister sur la scène internationale en remettant en question l’universalité de
l’Etat ; les autres préfèrent le contourner par des activités illégales et universellement
répréhensibles. Dans les deux cas, le power politics perd de plus en plus son sens à
cause de ces nouveaux maîtres du monde (Section 2).
3ème dimension : la désoccidentalisation des pratiques internationales : il s’agit de
légitimer les aspirations néo-hégémoniques des pays émergents en tenant compte
dorénavant, des rôles que les « Suds » peuvent jouer. Ainsi, en intégrant les
organisations internationales les pays émergents contestent les pratiques qui prévalaient
dans les OI, notamment leur hiérarchie institutionnelle. En faisaint prévaloir leur poids
démographiques (Chine), leur succès économique (les émergents), en ayant une
participation active au multilatéralisme, ils s’inventent et promeuvent un nouvel ordre
mondial qu’ils assument pleinement (Section 3).
Que d’illusions qui suggèrent d’analyser trois (3) faits innovants majeurs provoqués
par la crise de l’Etat et l’émergence d’autres acteurs, et de reconsidérer certaines
réalités qui jusque-là paraissaient immuables. Avec l’émergence des acteurs, il faut
reconsidérer d’abord, l’espace et le territoire des Etats, reconsidérer ensuite les identités
des acteurs, enfin leur « action ».
Une telle reconsidération amène au constat que l’Etat n’est qu’un acteur parmi tant
d’autres (Paragraphe 1).
Egalement, les Relations internationales étaient la science de l’Etat, donc la science
de la puissance. Aujourd’hui, non seulement l’Etat est menacé dans ses attributs, mais il
est contesté par d’autres qu’on considéraient jusqu’alors comme moins pourvus que lui.
En réalité, étant habitué à faire cavalier seul, l’Etat se voit contesté par plus « petit » que
lui. À coup sûr, David ne craint plus Goliath (Paragraphe 2).
Les acteurs sont multiples. Cela relève même d’une certaine banalité. La question
qu’on doit légitimement se poser étant de savoir : ces acteurs contribuent-ils à
stabiliser ou à perturber le système international ?
D’une part, nous avons les Etats, de l’autre, les autres acteurs qui ont des
caractéristiques communes et sont à la fois :
- Individuels ou collectifs ;
- Non-étatiques ;
- Hétérogènes ;
- Echappent au contrôle et à la vigilance des Etats ;
- Ont des activités d’une dimension transfrontière.
Du point de vue de leur particularité liée aux statuts et aux domaines d’activité, on
peut également retenir :
- Des acteurs légaux – du moins dans leurs objectifs : les firmes et entreprises
multinationales, les ONGs, les diasporas, les individus… ;
- Des acteurs illégaux : les mafias, les cartels, les terroristes, les trafiquants
d’êtres et d’organes humains… ;
- Des acteurs-collaborateurs : OI, ONG, FMN, Diaspora
Cours de Sociologie des Relations Internationales, Master 2 Science Politique 2019/2020 S. M. CISSE
- Des acteurs qui combattent les Etats et leurs autorités : mafias, crimes
organisés… ;
- Certains qui mènent des activités d’aide, de soutien aux Etats et en
conformité avec les Conventions juridiques internationales et avec les règles
de civilité et de bienséance en vigueur ;
- D’autres qui mènent des activités violentes à l’encontre des Etats et de leurs
populations. En violation des totales règles de droit nationale et
internationales ;
- D’autres sont dans les activités de régulation et de gestion (ONGs
environnementales et climatiques ; celles qui s’activent dans l’éradication des
mines anti-personnel…
Elles sont certes des acteurs dérivés et secondaires, car créées par les Etats et
composées d’Etats, mais elles peuvent acquérir une vie propre après leur création,
pouvant même s’opposer à un Etat membre (ONU/CIJ).
Dans une lecture réaliste, on peut les considérer comme le reflet des intérêts
particuliers et des jeux de puissance (leur instrumentalisation par les Etats
puissants).
Dans une perspective sociologique, elles peuvent être analysées comme suit :
- elles sont animées davantage par la solidarité que par la recherche de
l’utilité ;
- elles doivent être analysées comme un processus d’élaboration collective
plutôt que dans leur accomplissement hégémonique ;
- elles peuvent être comprises dans leur réalité de pression morale, plutôt
- les Etats éprouvent le besoin de gérer leur interdépendance malgré leur
égoïsme ;
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2) Les individus :
Dans les années 1990, Georges SOROS (Soros Fund Management et Open
Society Foundations) qui est un américain d’origine hongroise, devient le symbole du
rôle que peuvent jouer certains individus à l’échelle mondiale. Il devient même
l’incarnation physique du marché financier mondial après avoir spéculé sur le Livre
Sterling en 1992 contribuant à obliger le gouvernement britannique à la dévaluation.
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Par rapport aux différentes dynamiques qu’elles portent, on peut que les ONG :
- Sont capables (avec leur facile réceptivité aux TIC) de susciter des
mobilisations civiques comme les techniques de pétitions virales et de
collectes de fonds appelées crowfunding) ;
- Elles sont d’une facile interpénétration avec les milieux de l’économie sociale
et solidaire ;
- Elles sont à la base d’un foisonnement d’initiatives sur la scène internationale.
Elles ne se limitent plus aux rôles d’opératrices et d’activistes, mais pèsent
réellement sur l’agenda international. En contribuant à y inscrire des sujets
qu’elles défendent comme la faim, la dette, le soutien aux agriculteurs,
l’accaparement des terres, la question des minorités, des violences, de la
santé, etc.