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TD 3 Néoréalisme

Texte 1
Laudrain, Arthur. « Prolifération nucléaire et néoréalisme : les tentations du Japon face à la Chine
et à la Corée du Nord », Revue Défense Nationale, vol. 801, no. 6, 2017, pp. 190-194.

Le point de départ du néoréalisme est le caractère anarchique du système international, expliqué par
l’absence d’autorité centrale détenant le monopole de la violence légitime (cf. K. N. Waltz, 1959). Au
centre de ce système se trouvent les États. Il s’agit d’acteurs souverains (donc légitimement capables
d’user de la force) et rationnels, qui cherchent à défendre leurs intérêts (i.e. l’intérêt national) et
augmenter leur puissance (économique, militaire, diplomatique) dans un objectif de survie. Sous ce
prisme, le droit international existe surtout car il sert les intérêts des grandes puissances, notamment
au travers du droit de veto au Conseil de sécurité. De même, les institutions internationales sont
considérées comme ayant peu de pouvoir et d’influence. Ainsi, les États doivent avant tout compter
sur eux-mêmes (self-help) dans un contexte d’état de guerre permanent (cf. D. Battistella)

Texte 2
Éthier, Diane. “Chapitre 1. L’analyse des relations internationales”. Introduction aux relations
internationales. By Éthier. Montréal : Presses de l’Université de Montréal, 2010. (pp. 15-74)

Selon Viotti et Kauppi, la reformulation de la pensée réaliste par les néoréalistes s’articule
principalement autour des thèmes suivants : la définition de la puissance des États ; l’équilibre des
puissances ; les relations entre interdépendance, hégémonie et paix ; la place du changement dans
les relations internationales46. Cependant, tous les auteurs néoréalistes ne se démarquent pas
nécessairement de la pensée réaliste sur chacun de ces thèmes.

 47 Voir notamment Kennedy,  The Rise and Fall of the Great Powers; Charles
Kindleberger,  The Declining  (...)

51La définition néoréaliste de la puissance de l’État est plus large que celle des réalistes et plus
proche de celle des libéraux et des marxistes. Elle associe cette dernière, non seulement aux
capacités militaires et politiques, mais aussi à l’importance des ressources économiques et
technologiques de l’État. Certains auteurs, dont Paul Kennedy et Charles Kindleberger, affirment
même que la puissance politique et militaire d’un État découle de ses capacités économiques et
technologiques47.

52Selon plusieurs néoréalistes  state centrist, tels Kissinger et Gilpin, la constitution d’alliances de


sécurité destinées à faire contrepoids à une ou à des superspuissances dépend entièrement de la
volonté des États. Kenneth Waltz, dont l’ouvrage  Theory of International Politics (1979)48 est
considéré comme la première formulation du néoréalisme  systemcentric49, soutient à l’inverse que
l’équilibre de la puissance au sein du système international est automatique. Les États plus faibles se
coalisent spontanément contre les plus forts afin d’assurer leur survie. Leur comportement est
comparable à celui des petites et moyenne entreprises qui se regroupent ou fusionnent pour ne pas
être éliminées du marché par les firmes oligopolistiques. Contrairement aux libéraux, Waltz affirme
que tous les États, et non seulement ceux qui sont démocratiques et capitalistes, agissent de manière
rationnelle conformément à leurs intérêts. L’équilibre des puissances peut donc, à l’inverse de ce que
prétend Kissinger, se réaliser entre États dont les systèmes économiques et politiques sont
différents. Cette conception déterministe de l’équilibre au sein du système international est bien
illustrée par la métaphore du jeu de billard de Arnold Wolfers50. Selon ce dernier, les États sont
comme des boules de billard qui se cognent. Les boules les plus grosses et les plus rapides (les
grandes puissances) frappent et éliminent de leur chemin les plus petites boules (les puissances
faibles), bien que leur trajectoire puisse être légèrement déviée par ces collisions. Lorsque le
mouvement des boules ralentit, on se retrouve dans une situation d’équilibre ou de stabilité
internationale temporaire, toute nouvelle impulsion des boules entraînant un nouveau déséquilibre
des forces51.

53Plusieurs auteurs néoréalistes, comme Waltz, David Singer et Karl Deutsch se sont interrogés sur
le potentiel de stabilité des divers systèmes – unipolaire, bipolaire et multipolaire – d’équilibre de la
puissance52. Tous les auteurs s’entendent sur une chose : la stabilité d’un système d’équilibre de la
puissance dépend de la quantité et de la fiabilité des informations dont disposent les acteurs les uns
sur les autres. Plus les États connaissent leurs adversaires, plus ils sont capables de saisir leurs
véritables intentions et de réagir à leurs comportements d’une manière rationnelle et appropriée, ce
qui diminue les risques de conflits. À l’inverse, lorsque les États disposent d’informations incomplètes
ou erronées sur leurs rivaux, ils sont beaucoup plus susceptibles de se méprendre sur leurs intentions
et de faire des choix irrationnels qui augmentent les possibilités d’affrontements. Selon Singer et
Deutsch, un système multipolaire est plus instable qu’un système bipolaire, car plus le nombre
d’acteurs est élevé, plus il est difficile d’obtenir une information complète sur chacun d’entre eux.
Waltz partage cette opinion, tout en considérant qu’un système multipolaire évolue nécessairement
vers un système bipolaire à court ou moyen terme. Bruce Bueno de Mesquita, par contre, croit
qu’un système multipolaire n’est pas plus instable qu’un système bipolaire. Tout système – peu
importe sa nature – est caractérisé par une faible incertitude lorsque ses structures ne changent pas,
car les acteurs politiques sont alors en mesure d’anticiper ce que feront leurs partenaires en se
référant aux comportements qu’ils ont adoptés dans le passé dans des circonstances similaires53. On
pourrait croire, sur la base de cette logique, que le système le plus porteur de certitude et de stabilité
est unipolaire. Or ce n’est pas l’avis de la majorité des réalistes et néoréalistes pour lesquels
l’équilibre de la puissance, donc l’existence d’au moins deux pôles dominants au sein du système
international est essentiel à la paix.

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