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Fin de l’histoire – Fukuyama = fin des conflits insolubles

Nous sommes dans un processus de globalisation économique, mais celui-ci n’a pas entraîné les
effets que l’on pouvait espérer. Au contraire on assiste à une consolidation des Etats, à l’affirmation
de puissances. L’une des caractéristiques est que le monde n’est plus organisé et régenté par les
puissances occidentales : un certain nombre d’autres puissances contestent l’ordre international mis
en place au sortir de la 2GM. On assiste alors à un certain nombre de revendications que l’on pensait
appartenir au passé (religieuse, territoriale – ex : Chine qui conteste la situation actuelle en mer de
Chine).

Les relations internationales est un domaine extrêmement complexe ; il n’y a pas d’explication simple
aux phénomènes internationaux.

L’objectif de ce cours est de distinguer l’approche scientifique des relations internationales par
rapport à la connaissance médiatique.
Introduction

PAC = intégration des syndicats agricoles sur la scène internationale.

A la chute du mur de Berlin, la création du Mercosur est apparu comme la nouvelle façon d’organiser
le monde : l’intégration du monde à travers la constitution de blocs régionaux. L’UE a vu là un signal
fort, et a voulu donner son appui politique à cette conception.

Cette intégration portait d’une part sur le domaine industriel et d’autre part le domaine agricole. Le
problème c’est que ces quatre pays sont des produits d’élevage, et le coût de production y est bien
moins élevé. Ainsi si on signait des accords sur le modèle néolibéral, l’agriculture française aurait
complètement coulé. C’est un problème politique, en ce que c’est un modèle de société, une
composante de l’identité nationale.

En ce sens, les syndicats agricoles sont devenus des acteurs des relations internationales, parce qu’ils
ont empêché la signature de cet accord avec le Mercosur.

Ainsi, si certains acteurs sont par définition acteurs des relations internationales (ex : Etats et
personnalité juridique), d’autres n’ont pas ce statut a priori. Autre exemple, médecin sans frontière :
un médecin n’est pas a priori acteur des relations internationales, mais par le biais de l’action
collective de l’asso il le devient.

Les questions de défense ne sont pas au centre – ex : débat Macron-LP : les questions de politique
étrangère ont été ramenées au second plan. Depuis 30ans, des questions de politique étrangère, de
défense sont toujours reléguées dans le dernier volet des débats.

Pour bien cerner le cadre de notre analyse, il faut mettre en perspective historique la réflexion sur les
relations internationales. C’est une réflexion très ancienne (ex : Thucydide, Confusus…). Mais le
monde a considérablement changé, donc on a des cadres d’analyse anciens qui montrent que
certaines choses sont intangibles (violence), mais d’autres qui sont liés à des phénomènes en
mutation constantes (globalisation et rapidité).

Si l’on part de la fin du XIXe, il y a sur la planète 1milliards 500milles personnes – ajd on est à
7milliards – 2050 on prévoit 10 milliards.

Cette évolution n’est pas sans conséquence : depuis le mois d’août on a dépassé le seuil de
consommation des biens régénérés par la planète. Il s’agit d’un problème majeur, pour lequel on n’a
pas de réponses même si des initiatives ont été prises pour essayer de limiter les individus sur terre –
ex : planning familial des NU  échec, politique enfant unique Chine…

Le deuxième élément c’est le progrès technologique : les progrès dans le domaine de la santé ont eu
des conséquences très fortes sur cette explosion démographique, en particulier la mortalité infantile
a globalement bcp chuté ; l’espérance de vie s’est considérablement accrue. Bien évidemment cela
est très variable entre les pays, donc cela exprime les inégalités qui peuvent exister dans le monde.

Il y a de très forts décalages, de très fortes différences même à l’intérieur des pays – ex : Mexique.

Cela crée une pression sur le plan démographique, et les réponses que l’on peut donner à cette
pression vont exprimer les inégalités entre les pays dans le monde.
Le rapport que l’on a au monde et au temps est différent – ex : dans le domaine des armements,
aujourd’hui l’une des grandes questions est l’hypothèse de développer des « robots tueurs » cad des
armes qui agiraient indépendamment de toute décision humaine. Il y a ici une question
philosophique qui se pose : celle de la relation à la vie et à la mort, et donc on peut se demander si
on ne touche pas une limite car le droit de vie ou de mort serait en quelques sortes indépendant de
toute décision. Ce qui est en cause est la rapidité d’exécution de ce type d’arme.

Au-delà des dimensions technologiques, il faut évoquer la question des transformations politiques.
Cette question appelle des réponses moins tranchées, puisqu’il faut prendre en compte deux
éléments : la constante des comportements humains au fil des siècles (qui renvoie à des visions des
relations internationales qui ont à la base une certaine conception anthropologique – théorie réaliste
(= l’homme est un loup pour l’homme, Hobbes) et la conception idéaliste (vision de Rousseau)) et
l’organisation politique des sociétés humaines (il faut prendre en compte un phénomène majeur = la
chute du mur de Berlin et la dislocation de l’URSS, car c’est à partir de là qu’on a eu tendance à
considérer que nous entrions dans une ère nouvelle de l’humanité, que désormais il n’y avait plus de
conflit irréductible au sujet des modalités d’organisation de la société – le communisme et le
capitalisme étaient inconciliables – la seule voie qui s’offrait à l’humanité dans un contexte de
mondialisation, c’était l’économie de marché devenant le moteur des sociétés, les Etats n’ayant
qu’un rôle assez périphérique, qui allait amener un essor des sociétés civiles et des libertés
publiques). On a vu se développer une querelle dans les années 90 entre les tenants de cette vision
du monde, et les « grincheux » qui disaient que rien ne changerait, que le monde deviendrait même
plus dangereux que le précédent car il y avait un certain équilibre entre les deux visions.

Aujourd’hui il y a une autre question qui se pose, celle de la démocratie : on a pensé que ct la seule
voie possible d’évolution des régimes politiques. Mais de fait, la démocratie est un terme que ce sont
appropriés l’ensemble des acteurs politiques de la planète. Là encore certains ont montré que la
démocratie s’arrêtait à la démocratie procédurale (élections trafiquées en amont). On a pendant
longtemps conservé l’idée qu’on ne pouvait pas avoir une crédibilité politique si on ne se
revendiquait pas de la démocratie. Or depuis quelques années on voit bien que cette revendication
tend à perdre de sa force : il y a des régimes politiques qui ne se cachent pas de leur aversion contre
la démocratie, les valeurs démocratiques occidentales.

Dans les années 90 et 2000 les discours vont tous dans le sens de l’inéluctabilité de la consolidation
démocratique. Cela suppose donc que les digressions ne sont que des crises passagères, or
aujourd’hui on se rend compte que nous n’en sommes pas là – ex : Turquie. On a eu du mal à
admettre que finalement la démocratie n’était pas universelle.

Les régimes ont considérablement changé aussi : tous les régimes monarchiques ont globalement été
balayés ; ceux qui subsistent sont ceux qui ont évolué vers des monarchies constitutionnelles, qui
sont des démocraties – ex : Espagne, GB… Par contre il y a des régimes autoritaires qui ne sont pas
sans rappeler des modèles d’organisation politique qui sont considérés comme archaïques, par le fait
notamment de l’appropriation patrimoniale du pouvoir. Aujourd’hui le subterfuge de l’élection laisse
croire que le peuple prend part à l’élection de ses dirigeants. Une fois de plus, on constate que si la
démocratie est installée de manière relativement solide, elle se porte bien uniquement dans les pays
qui ont connu une histoire d’évolution démocratique (occident). Dans le reste du monde on constate
que la démocratie est loin d’être assurée.

La question des régimes politiques, il faut l’analyser avec bcp de prudence parce que le présupposé
selon lequel on a soutenu que les évolutions s’inscrivait dans un sens de démocratisation, on voit
bien qu’il n’est pas très avéré aujourd’hui.
La démarche du politologue par rapport à ce phénomène

Un premier niveau d’analyse et l’analyse journalistique : il a pour vocation de donner de l’information


sur des faits, et est élaboré dans un temps très court. Ainsi on va souvent trouver des analyses très
schématiques, qui ne sont que des suites chronologiques d’évènements qui n’ont pas beaucoup
d’intérêt.

La deuxième approche que l’on va trouver est l’approche normative : elle consiste à dire ce qu’il
faudrait faire. Elle joue un très grand rôle au tournant du XXe, à une époque où imprégné par le
positivisme on a bcp cru aux vertus du droit international. Elle est importante, parce qu’elle constitue
une partie de la réalité internationale. Mais l’approche de l’analyse des relations internationales ne
peut pas s’en tenir là : on doit analyser les phénomènes tels qu’ils sont, et non pas tels qu’on
voudrait qu’ils soient. Pour rendre compréhensible un élément déterminé, le politologue va regarder
au-delà de l’évènement, du simple phénomène. Les personnalités politiques jouent un rôle
important, dans un système particulier. En dehors du fait de leur action, elles agissent dans le cadre
d’un système décisionnel très complexe. Pour autant que le décideur suprême ait bcp de pouvoir, la
décision qu’il va prendre émane du système.

Le politologue va essayer d’expliquer pourquoi les phénomènes se produisent, et donc il va se livrer à


des élaborations conceptuelles qui prennent la forme soit de théorie, soit de modèle.

Les théories sont des généralisations qui visent à expliquer pourquoi et quand les évènements et les
phénomènes se produisent. Les modèles quant à eux tendent à créer une représentation d’une
structure de fonctionnement ou d’un système. Par exemple, quand on étudie le système
international on va envisager différents modèles qui constituent différentes conceptions possibles
dans lesquelles une réalité donnée va venir correspondre ; on a parlé de système bipolaire durant
l’affrontement Est/Ouest, les deux étant détenteurs d’un arsenal nucléaire considérable. L’ensemble
des relations a été expliqué par cette variable fondamentale. On a pu la considérer trop simpliste, et
s’est posé la question de savoir s’il n’y avait pas d’autres variables, et si en fait cette dimension
bipolaire n’était pas un simple alliage. Les questions demeurent – ex : l’Amérique latine : les
politiques régressives mises en place par un certain nombre de pays se sont tous légitimée au nom
de la lutte contre la menace communiste. Aujourd’hui il existe une importante littérature qui montre
qu’il y a bien d’autres facteurs qui méritent d’être pris en compte, et que justement trop souvent les
régimes en place ont abusé de l’argument de la lutte contre le communisme pour finalement mener
des politiques de répression sociale. Autre exemple, celui du conflit du Sahara occidental : du temps
du système bipolaire (années 80), on s’est bcp interrogé sur la nature de ce conflit – régional ?
revendication d’une population déterminée du fait des frontières peu définies ? ou compte tenu de
la différence de nature politique des pays Algérie/Maroc, un affrontement est/ouest ?

On constate qu’après la chute du mur le conflit perdure. Cela montre qu’on ne peut jamais expliquer
une situation par une seule variable. Ainsi, dans ce conflit du Sahara occidental, il y a et de l’un et de
l’autre.

Après la disparition de ce modèle, on s’est posé la question de savoir vers quoi on allait. On
s’interroge sur la configuration à venir du système international. Certains ont dit qu’on allait vers un
monde unipolaire, sous-entendant la dénonciation de la puissance américaine. Inversement, d’autres
ont considéré qu’on allait assister à un retour vers « un nouveau moyen-âge », cad on entrait dans un
monde très anarchique, où il n’y avait pas du tout d’unipolarité mais qu’au contraire les centres de
pouvoir allaient se multiplier ; un système dans lequel les Etats, en tenant compte du phénomène de
la mondialisation libérale, perdaient leur puissance et allait se voir remis en cause – modèle dans
lequel les unités politiques seraient d’une taille inférieure aux Etats actuels, compte tenu des
revendications nationalistes qui avaient été mises dans la logique de rivalité Est/ouest, mais qui se
retrouvaient voix au chapitre.

Enfin le modèle multipolaire : il signifie qu’il y a plusieurs pôles de puissance. Dans ce modèle, on a
des exemples historiques qui nous permettent d’illustrer cette hypothèse. L’Europe du XIXe
(Allemagne, GB, Autriche-Hongrie, France, Italie) : on bénéficie de cette expérience pour voir
comment ont été organisées les régulations, de manière à assurer avec plus ou moins de succès la
paix. En la matière on peut citer Kissinger, qui a été secrétaire d’Etat des EU dans les années 70.

Après la chute du mur, cela sous-entendait que les Etats contrairement à ce que disaient les
mondialistes, conservaient un rôle majeur sur la scène internationale malgré la mondialisation
libérale.

Les modèles sont importants, parce qu’ils nous permettent d’essayer de comprendre et de mettre de
l’ordre dans une succession d’évènements qui sont compliqués. Dans la littérature des années 90, il y
a bcp d’interrogations, parce qu’on est pris à la fois par le rêve d’un monde meilleur, où les Etats
joueraient un rôle secondaire, et la prise en compte d’un certain nombre de réalité qui restent
l’expression des rapports de force, de la violence – ex : conflits Rwanda, ex-Yougoslavie…

Avec l’attentat de 2001, on se rend compte qu’il y a encore une grande complexité parce qu’on va
avoir du mal à admettre que la réalité du monde n’est pas celle que l’on a voulu voir dans les années
90, et on assiste à une réaffirmation de clivages qui sont liés à des rivalités de puissance. Or pendant
longtemps on a voulu faire croire que le danger ne venait pas des Etats, mais d’acteurs non-identifiés
notamment les mouvements terroristes ; mais on s’est gardé d’insister sur le rôle que pouvaient
jouer les Etats. Il y a alors une certaine contradiction entre la réalité et ce que l’on prétendait voir :
dans le monde il n’y a pas de territoire sans maître, donc on a inventé la théorie de l’Etat faillible. De
fait, on s’est aperçu depuis que les liens entre l’Etat pakistanais et Ben Laden étaient plus que
troubles.

Le politologue est obligé de poser des hypothèses : il y a une démarche spéculative, suivie d’une
démarche d’enquête.

Quels sont les objectifs recherchés par le politologue dans l’étude des relations internationales :

- Être en mesure de décrire et d’analyser ce qui s’est passé, et ce qui est en train de se produire.

- Prédiction / prévision : débat de la capacité prédictive des sciences sociales.

- La prescription, qui conduit à donner des conseils, des orientations, des lignes directrices pour la
conduite de la politique à venir.

Trois objectifs complémentaires, et très liés entre eux ; il y a une certaine hiérarchisation. Il ne peut
pas y avoir de prescription sans analyse préalable.

1er : cette description n’est pas purement descriptive, c’est l’étape préalable ; l’objectif premier,
fondamental de toute analyse politique. Sans description vigoureuse on ne peut pas envisager d’aller
plus loin. Décrire n’est pas si simple que ça, parce que l’objet-même de la science politique rend cet
objectif souvent difficile et ce pour diverses raisons : tout d’abord, les évènements sont toujours
complexes, donc les analyses par une seule variable ne sont pas pertinentes + il faut savoir quel est le
pouvoir respectif de ces différentes variables, et quelles sont leurs interactions ; l’information est
souvent difficile à obtenir, en particulier dans le domaine des relations internationales parce que par
définition il y a une dimension confidentielle (négociations diplomatiques) ; on ne doit pas se buter à
être purement dans une description événementielle, mais on doit dégager un cadre d’analyse.

Ce cadre d’analyse se bâtit à partir de l’état de la littérature sur le sujet.

2ème : les sciences sociales ont suscité beaucoup d’espoir au sortir de la 2GM, parce qu’on espérait
que grâce au progrès, au développement de ces sciences, dans le contexte d’une société de plus en
plus complexe, on allait pouvoir se doter d’une capacité de prédiction qui allait donc devenir un outil
de pilotage extrêmement intéressant : prévoir c’est essentiel. Sur ce plan, les sciences sociales n’ont
pas apporté réellement ce qu’on attendait, et même si le corpus de connaissance qui a été forgé au
cours des 60 dernières années est tout à fait important, on a quand même souvent de la difficulté à
établir un lien direct entre cette prédiction et la conduite des politiques.

Cette situation pose le problème de la reconnaissance de notre légitimité, de nos compétences, qui
se traduit par des difficultés que l’on peut rencontrer sur le marché de l’emploi.

A la charge des sciences sociales, et de la science politique en particulier, on n’a pas été très bons :
échec de la soviétologie. A une époque en France les relations internationales étaient assimilées à
l’étude des relations avec l’URSS ; il était difficile de trouver des espaces qui s’intéressaient à autre
chose. Puis à la chute du mur de Berlin, la dislocation de l’URSS excite la soviétologie : on constate
que sa valeur prédictive a été carrément nulle, parce que personne n’a imaginé ce qui allait se passer
en URSS, et personne n’a pu prévoir que le mur de Berlin allait tomber aussi rapidement.

La prévision peut aussi parfois s’avérer complètement hasardeuse, donc il faut se méfier aussi de
prévisions qui apparaissent trop ambitieuses, qui prétendent donner une lecture générale de
l’évolution de la situation, parce que dans ce cas on est plus dans le cadre d’un travail de polémiste
que dans celui d’un travail scientifique : les évènements sont tellement complexe qu’il est difficile de
saisir toute la complexité d’une situation, donc on va mettre l’accent sur un aspect particulier – ex :
Fukuyama la fin de l’histoire ; Kenichi Ohmae la fin de l’Etat ; Samuel Hundington le choc des
civilisations… on voit qu’il y a un enjeu, ces gens se lancent dans la publication grand public. Du fait
de l’analyse simplificatrice, les prédictions se révèlent fausses.

3ème : cet objectif est extrêmement contesté – on peut tenter de cerner au mieux les phénomènes
politiques dans une approche scientifique, mais il n’y a pas de science de la politique. De ce fait cet
objectif de prescription est beaucoup remis en question, parce que si les politologues à partir de
leurs études pouvaient faire une prescription, nous serions des médecins de la société. Au cœur des
phénomènes politiques on trouve la notion de choix, donc s’il y avait une science de la politique il n’y
aurait plus de choix parce que les solutions d’imposeraient, il n’y aurait pas d’alternative. La science
politique peut aider à faire des choix, elle apporte une aide à la décision qui peut être importante.
D’autant plus que le politologue n’a pas la légitimité démocratique ; ce n’est pas son rôle de faire des
prescriptions.

Pour atteindre ces objectifs, le politologue va produire une recherche en mobilisant des méthodes
scientifiques rigoureuses ; il doit s’attacher à faire une démonstration au cours de laquelle il va
s’attacher à démontrer et à justifier le bien fondé de ses conclusions en apportant les preuves de son
raisonnement.

On peut distinguer trois grandes méthodes d’investigation, qui s’utilisent de manière


complémentaire :
- le raisonnement logico-déductif : dans toute démonstration scientifique on met en œuvre un tel
modèle de raisonnement. Bémol dans les relations internationales : on constate que certaines
analyses se fondent sur l’utilisation d’un raisonnement que l’on qualifie de rationalité pure. Donc à
priori le propre des sciences sociales, c’est le recours à la méthode empirique, qui conduit à la mise
en œuvre d’un raisonnement logico-déductif. Mais on va trouver aussi dans le champ des relations
internationales des raisonnements qui sont fondés sur la rationalité pure, que l’on peut définir
comme étant un discours d’abstraction logique qui ne repose sur aucune méthode empirique
d’observation.

Exemple 1 – les auteurs classiques (Aristote, Kant, Hobbes, Rousseau) qui ont réfléchi aux questions
internationales : ils écrivent à une époque où la méthode empirique n’a pas encore été reconnue.
Ainsi nous sommes en présence d’un raisonnement fondé sur la rationalité pure. Ces auteurs ont
encadré des catégories qui ont aujourd’hui encore une grande pertinence – elles fournissent un
cadre d’analyse toujours pertinent.

Exemple 2 – l’arme nucléaire : elle a supposé le développement d’analyses stratégiques particulières,


en raison de sa capacité d’étale. Elles reposent sur des arguments qui sont purement spéculatifs : si
on prétendait fonder l’analyse de la dissuasion nucléaire à partir de la méthode empirique, nous ne
serions pas là pour en parler. Ce sont des doctrines stratégiques purement spéculatives. La seule
validation de la pertinence de ces stratégies de dissuasion, on peut la trouver dans le fait que, alors
que le contexte des relations entre les deux blocs était extrêmement tendu, on a finalement connu
une période de paix de 40ans. Donc l’arme nucléaire a gelé les théâtres potentiels d’affrontement
direct entre les superpuissances.

Par la suite, les EU ont développé une doctrine de dissuasion nucléaire reposant sur le risque de
destruction mutuelle assuré. Cela signifie que cette dissuasion fonctionne, non pas parce que l’une
des deux superpuissances dispose d’un avantage qui lui confère une supériorité, mais simplement
parce que si l’un appuie sur le bouton nucléaire il va certes détruire son rival, mais son rival en retour
le détruira – doctrine MAD – c’est une logique qui présentait des risques (c’est beaucoup compter
sur la rationalité des acteurs impliqués), mais qui a fonctionné.

Si on prend le cas de la France, la question s’est posée dans les années 50 de savoir s’il fallait se doter
d’un armement nucléaire ou non. En effet les évènements ont montré que l’un des critères majeurs
de la puissance dans le contexte d’un monde bipolaire, c’était la possession de l’arme nucléaire –
affaire de Suez en 1956 : suite à la nationalisation par Nasser, les français et les britanniques décident
d’engager une opération militaire pour récupérer le contrôle du canal ; ils envoient des troupes
aéroportées qui reconquièrent le canal de Suez. La GB et la France vont se rendre compte qu’il leur
manque un attribut fondamental de la puissance, les critères ayant changé depuis 1945. A partir de
là, ils vont décider de se doter de l’armement nucléaire. Donc il importait de définir une doctrine
d’emploi : la France a développé une doctrine dite du faible au fort, avec pour argument que « nous
avons des armes puissantes susceptibles de détruire des centres d’intérêts vitaux pour les
soviétiques » - des arguments spéculatifs. La GB a été fournie en sous-marins nucléaires par les EU ;
la question s’est posée de l’autonomie dont elle pourrait disposer en cas de conflit majeur.

Il faut bien distinguer le nucléaire en tant que facteur de puissance qui confère un statut sur la scène
internationale (seuls les Etats avec une technologie assez développée peuvent les avoir), donc sur le
plan du prestige et sur le plan militaire.

La conséquence, c’est que ce regain de puissance se traduit par le fait qu’au moment des
négociations du traité de pacification du nucléaire dans les années 70, avec deux idées : la non-
prolifération du nucléaire, car elle limitait les risques d’un affrontement nucléaire et en contrepartie
les Etats signataires du traité qui s’engage donc à ne pas avoir ces armes, bénéficieraient le soutien
des grandes puissances pour accéder à la technologie du nucléaire à usage civil. Ce traité a toujours
eu du mal à être appliqué, parce que la question s’est posée des moyens que l’on pourrait utiliser
pour contraindre dans le cas où un pays déciderait malgré tout de se doter de l’arme nucléaire. On le
voit dans la situation actuelle avec la Corée du nord, parce que finalement la contrainte est soumise à
la bonne volonté des grande puissances : les grands acteurs concernés (EU, Chine, Russie) – on n’est
plus dans le domaine du raisonnement logico-déductif, mais dans le rapport de force. La résolution
qui a été prise ne peut se comprendre que si on prend en compte que l’objectif visé était d’obtenir
un consensus entre ces trois pays.

En ce qui concerne l’Iran, il était signataire au traité de prolifération. Mais si en droit le principe est
clairement posé, que l’Etat assume les traités internationaux signés par les gouvernements
antérieurs, il y a derrière des rapports de force et en l’occurrence dans une région du monde qui est
particulièrement problématique.

Si à partir de 1990 on n’a pas trop su à quoi aller servir l’arme nucléaire, aujourd’hui elle a repris du
sens, et surtout les doctrines de dissuasion nucléaire dans un contexte d’exacerbation des tensions.
En parallèle, on a beaucoup développé les armes « de théâtre », de terrain.

- l’observation : derrière cette appellation, on va trouver un grand nombre de techniques qui


permettent d’étudier les phénomènes politiques – ex : étude des archives – analyse historique ;
l’interview ; l’observation participante, qui permet de prendre bien plus la mesure de la réalité des
choses en s’immergeant dans un milieu déterminé, et comprendre ainsi des choses qui ne sont pas
toujours très rationnelles.

Il y a des exemples historiques qui montrent que cette technique existe depuis longtemps –
Machiavel (le prince nait de l’expérience et de la pratique du secrétaire florentin, car Machiavel est
en quelque sorte le ministre des affaires étrangères de Médicis – dédicace dans laquelle il explique
qu’il lui libre ses préceptes qui sont le fruit de son expérience – son œuvre s’appuie dans
l’observation participante), Thucydide (dans la guerre du Péloponnèse, il s’appuie également sur
l’observation participante – il a été élu général donc c’est un acteur important – il s’interroge sur les
causes de la guerre, et il a écrit quelques pages sur le jeu des alliances)…

- l’analyse quantitative : c’est la méthode la plus récente – elle a eu beaucoup de succès aux EU
notamment, et elle a conduit à une approche de la science politique qui est relativement différente
de celle qui prévaut encore en France où on s’en tient à une approche plus traditionnelle. Elle
présente une vertu par le fait qu’elle offrirait un maximum d’objectivité ; on peut penser qu’elle offre
alors une grande crédibilité scientifique. Mais ce postulat est très critiquable, par le fait que le
problème qui se pose est que les phénomènes politiques ne se prêtent pas facilement à la
quantification. Elle peut être utile parce qu’elle peut permettre d’étayer le terrain, mais elle n’est pas
forcément à même de répondre de manière certifiée à des interrogations fondamentales.

Il importe surtout de savoir utiliser ces différentes méthodes, cad d’être capable de mobiliser tous les
outils.
Quels sont les grands thèmes qui sont traités par le politologue dans le domaine des relations
internationales ?

Il existe une littérature très importante, donc il n’est pas inutile d’établir une typologie simple pour
mieux se repérer dans ce maquis de productions.

Le premier grand thème qui a nourri la réflexion dans le domaine est la réflexion sur le pouvoir et la
puissance.

Le deuxième : les relations entre individus et groupes d’individus.

Troisième : le système économique international – question de l’internationalisation de l’économie.


Raymond Aron à la fin de sa vie dans une interview disait qu’il avait certainement trop négligé la
dimension économique des relations internationales dans ses travaux.

1. La réflexion autour du pouvoir et de la puissance

Aron a consacré l’essentiel de son œuvre dans cette dimension, et pendant longtemps on a même vu
que cette relation dans le domaine des relations internationales. Les travaux qui sont centrés sur ces
concepts se rattachent au courant réaliste, qui a des racines très anciennes – ex : Thucydide – la
théorie des alliances qu’il dégage du dialogue garde toute sa pertinence dans le contexte d’un
système bipolaire – elle est l’expression même de la problématique du pouvoir et de la puissance.

Pour les réalistes, les relations internationales sont perçues comme un processus dans lequel chaque
Etat cherche à assurer sa sécurité, par ses propres moyens. Il va donc regarder avec inquiétude la
puissance de ses voisins. Si dans les années 90 ce courant s’était dilué, aujourd’hui avec le retour des
tensions il connait un renouveau – on trouve cette préoccupation partout.

Il faut retenir un auteur essentiel : Hans Morgenthau – il va publier un ouvrage en 1947 dans lequel il
systématise le paradigme réaliste. Il fonde son analyse sur des considérations anthropologiques : il
considère que les caractéristiques mêmes de la nature humaine, et en particulier ses défauts, de
même que le caractère imparfait de nos sociétés, rendent le conflit inévitable. Ainsi les réalistes
tirent de leur recherche un certain nombre d’enseignements qui les amènent à formuler des lois sur
les comportements des Etats sur la scène internationale :

- les Etats ont souvent des conflits d’intérêt

- les conflits d’intérêt peuvent mener à la guerre ou à d’autres formes de conflits

- la puissance d’un Etat est déterminante dans la probabilité qu’éclate un conflit, ainsi que pour
mesurer son influence sur les autres Etats – les situations de revendication d’un contrôle plus fort
peuvent déboucher sur un conflit

En matière de nucléaire, certains avaient parlé du pouvoir niveleur de l’atome, cad qu’un petit pays
n’a pas les moyens de se doter d’un système d’arme extrêmement onéreux, mais en se dotant de
l’arme nucléaire il peut traiter d’égal à égal avec les grandes puissances.

- les politiques que mènent les Etats tendent soit à accroître leur puissance, soit la préserver, soit la
montrer : loin de rester discrets, les Etats font de leur puissance le cœur de leurs préoccupations

2. La réflexion autour de l’étude des relations entre individus et groupe d’individus


C’est la deuxième grande approche théorique, qui été développée à partir de 1919 par la création
des premières chairs des relations internationales, qui avaient pour missions d’essayer d’aborder les
relations internationales autrement. En raison du traumatisme de la 1GM, on voulait se détacher de
l’approche classique en considérant que les excès de rationalisme avaient conduit à penser que les
Etats, en particulier les Etats démocratiques, avaient des comportements rationnels sur la scène
internationale. Or on s’est aperçu que la somme des logiques de rationalité des Etats n’aboutissait
pas à une rationalité globale. Donc on a voulu aborder l’étude des relations internationales en
s’intéressant au jeu des relations entre les individus et les groupes d’individus.

L’objectif de tous les paradigmes qui vont chercher à dépasser l’approche réaliste est de se dégager
de l’a priori anthropologique selon lequel l’homme est naturellement méchant – Hobbes « l’homme
est un loup pour l’homme ». L’hypothèse est alors de dire que si l’être humain a ce type de
comportement c’est que les institutions ne sont pas adaptées. Ces idéalistes disent qu’il faut
s’interroger sur le moteur des relations internationales, et que contrairement à ce que pensent les
réalistes le moteur n’est pas la recherche, la préservation ou l’utilisation de la puissance. Ils
considèrent que la façon dont ils organisent la société détermine leur nature, c’est pourquoi certains
Etats considèrent qu’il faut réformer le Conseil de Sécurité parce que le système de gouvernance
internationale ne fonctionne pas – de bonnes institutions internationales permettent de réguler les
relations entre les Etats. C’est pour cela qu’il faut bien décrypter les présupposés sur lesquels se
fondent ces demandes.

Les idéalistes prétendent introduire la morale dans les relations internationales. On voit bien que
nous sommes depuis la chute du mur de Berlin constamment dans ce dilemme : toutes les crises
produites depuis la chute du mur sont nourries par ce débat ; on intervient au nom de ses intérêts,
au nom de la morale (les Etats ce sont cachés derrière des arguments moraux pour affirmer leur
puissance – ex : intervention EU en Irak) – le cursus bouge entre les intérêts très concrets et la
morale.

On peut y rattacher la théorie dite féministe des relations internationales : elle part de l’a priori selon
lequel que la différence entre les sexes entraîne des comportements différents. Donc si on laissait
plus faire la politique par les femmes, elles auront moins besoin de montrer leur force donc elles
envisageraient les relations internationales de manière différente.

3. La dimension économique des relations internationales

Avec le processus de mondialisation on a tendance à mettre en exergue le fait que le mode


opératoire des forces économiques sur la scène internationale joue un rôle déterminant pour
comprendre les relations internationales. La question n’est pas nouvelle, maus pendant longtemps
on est resté sur une approche classique des relations internationales où on voyait que les Etats, et on
n’a pas mis l’accent sur cette dimension économique.

L’Ecole libérale consiste à dire que l’économie jouit de sa propre autonomie – c’est la loi du marché
qui guide les dynamiques économiques. Or sans influence politique, la puissance économique n’est
pas forcément top.

Les analyses marxistes


Il faut savoir qu’on a essayé de développer dans les années 80 toute une réflexion autour de
l’économie politique internationale – José Falaroche.

Macleod et O’Meara : théorie des relations internationales et résistances

On part du constat que l’existence parallèle et l’interaction entre l’Etat et le marché dans le monde
moderne créent l’économie politique. Donc en l’absence de l’Etat, le mécanisme de l’offre et de la
dde et les forces du marché déterminent le résultat de l’activité économique, et l’absence du marché
l’Etat distribuerait les ressources économiques. Donc l’économie politique internationale est l’étude
des rapports entre le marché et les différentes structures politiques tels l’Etat ou les OI.

[rattraper cours 3 et 4 octobre]

On a pensé que les Etats qui accédaient à l’indépendance arriveraient à se consolider, à


s’institutionnaliser, et que donc l’écart serait comblé entre des Etats anciens et les Etats récents. Il
apparaît que l’Etat, dans bien des régions du monde, présentent des caractéristiques qui trahissent la
faiblesse des structures.

Marcel Merle « les Etats sont tout d’abord différents dans leur âge, et cette observation est
importante dans le mesure où l’ancienneté et la pérennité sont des garanties de stabilités dont ne
peuvent bénéficier au même titre les pays les plus récemment installés dans leurs frontières, et
n’ayant pas de tradition politique ».

J. Huntzinger : « les Etats tirent souvent parti de leur ancienneté pour exercer une influence
internationale, que de jeunes Etats acquerront beaucoup plus difficilement, au prix d’un immense
effort d’énergie car il faudra remettre en cause l’ordre international établi » - ex : les membres
permanents du Conseil de sécurité ont été mis en place au sortir de la 2GM, donc dans un contexte
international où incontestablement il y avait réellement cinq puissances qui sortaient du lot, et qui
avaient des responsabilités internationales – des Etats anciens et des Etats qui jouent un rôle
important.

Autre exemple qui montre que l’ancienneté de l’Etat lui confère une importance sur la scène
internationale - l’Espagne : aux XVIe et XVIIe elle est la première puissance mondiale ; les aléas de
l’histoire ont fait qu’elle est depuis longtemps une puissance de second plan. L’influence de l’Espagne
est aujourd’hui bien supérieure à sa puissance matérielle, parce qu’il y a un continent entier
(Amérique latine) qui parle espagnol. Sa position occupée auparavant lui confère donc un rôle
international.

Par contre ce rayonnement qui tient à la culture, à la langue, favorise aussi la défense d’un certain
nombre de positions notamment dans le domaine économique, et dans le domaine diplomatique.
Dans le premier, on a vu dans les années 90 avec le processus de démocratisation en Amérique latine
que les entreprises espagnoles ont été amenées à jouer un rôle extrêmement important. L’Etat
ancien dispose de réseaux du fait de la culture commune. La communauté de culture joue
énormément au sein des OI.

Il faut aussi ajouter que l’ancienneté de l’Etat lui confère une expérience en matière de diplomatie,
en lien avec les réseaux évoqués plus haut, mais aussi un Etat ancien a généralement une politique
étrangère qui a pris de l’assise au fil du temps – ex : dans la politique étrangère de la France on
trouve deux constantes : ayant toujours eu des responsabilités internationales importantes, elle a
une approche très pragmatique de la politique étrangère et à partir de l’acte fondateur qu’est la
révolution française, la France considère qu’elle a une responsabilité globale pour défendre des
valeurs qu’elle considère universelles – on observe la même chose aux EU, puisque-là aussi une
révolution démocratique a éclaté. Très récemment il y a eu un référendum au Kurdistan irakien, les
kurdes demandant l’indépendance – la France s’est proposée la semaine dernière pour mener une
opération de médiation entre le gouvernement irakien et les indépendantistes kurdes. Donc l’histoire
et l’ancienneté de l’Etat façonnent sa politique étrangère.

Les vieux Etats connaissent aussi un certain nombre de faiblesses liées à cette ancienneté – ex : le
vieillissement de la population, l’obsolescence du système économique, l’enfermement sur des
traditions nationales… Si on reprend l’exemple espagnol : l’Espagne a subi les processus de
décolonisation…

Il y a un autre gros avantage d’un Etat ancien : il a en général formé une nation – c’est l’argument
qu’on fait valoir pour dire que l’Etat est géographiquement constitué. A contrario dans les Etats
nouveaux cette nation souvent on la cherche, et dans beaucoup d’Etats les manifestations
ostentatoires des symboles de la patrie par les gouvernements en place servent à cacher l’indigence
de l’intégration nationale. Le corollaire de cette appropriation par une minorité, c’est que l’on a
souvent une énorme faiblesse dans l’intégration nationale, avec des processus de marginalisation
sociale très conséquents – ex : Irak de Saddam Hussain ; la paix sociale est maintenue à Chine grâce
des taux de croissances très hauts.

Le poids de la géopolitique

Il y a encore 20ans on se méfiait bcp de la géopolitique.

On va la définir comme la prise en compte de l’élément géographique dans la définition des


politiques. A la fin du XIXe, on a vu se développer les écoles de géopolitiques dans les différents pays
européens. Elles s’inscrivent dans la croyance en la rationalité de l’Etat (= le pouvoir est là pour
défendre les intérêts du peuple). Donc on a pensé qu’à travers la géopolitique, à partir du moment
où le facteur géographique jouait un grand rôle, on allait connaître le comportement d’un Etat sur la
scène internationale.

A la fin de la 2GM, la géopolitique est tombée complètement en désuétude, pour deux raisons :

- on a pensé qu’à l’ère du nucléaire, la géographie n’avait pas bcp d’importance compte tenu des
effets dévastateurs de la puissance des Etats, qui pouvait s’affranchir des barrières géographiques

- on a considéré qu’elle pouvait être dangereuse lorsqu’elle était utilisée par les pyromanes en
politique

De fait, les écoles de géopolitiques ont servi d’alibi dans des politiques de conquête territoriale –
thèses expansionnistes et théorie de l’espace vital.

Aujourd’hui, on s’est aperçu qu’avec la chute du mur de Berlin, la dimension idéologique de


l’affrontement bipolaire ayant disparu, on voyait resurgir un certain nombre de logiques que l’on
avait cru oubliées, et qui finalement se réaffirmaient avec force.

Chaque Etat est placé dans un environnement donné – on peut dire qu’il y a des Etats qui sont
maritimes, alors que d’autres sont continentaux ; un pays peut-être enclavé, ou disposer d’immenses
façades maritimes ; un pays peut-être massif ou étiré, voire morcelé ; un pays peut être largement
ouvert vers l’extérieur, ou fermé par des chaînes montagneuses… tous ces éléments façonnent un
pays. Il y a des éléments géographiques qui constituent le milieu de l’Etat, et qui posent la question
de savoir quelle importance leur accorder – il faut rejeter tout déterminisme géographique, en
particulier la théorie des climats de Montesquieu est pas géniale. Aron en revanche dit que « le
destin de Sparte, ni celui d’Athènes n’était inscrit dans leur sol ». Il n’en reste pas moins que certains
éléments géographiques peuvent être soit des atouts, soit des handicaps – il y a un certain nombre
de phénomènes troublants : Huntziner montre que tous les grands centres actuels de puissance se
trouvent dans des zones climatiques où la sécheresse est bannie ; de même il fait valoir que la taille
d’un Etat conduit à établir une relation relative entre la force de l’Etat et sa taille. En effet on
constate que les grands Etats par la taille sont aussi des grandes puissances. Donc il semble bien qu’il
y ait une relation entre la taille et la force aujourd’hui.

Si l’Europe ne veut pas se voir marginalisée sur la scène internationale, il faudrait avoir une politique
extérieure et une politique de défense forte. D’autres au contraire estiment qu’il ne fait pas faire de
l’Europe une superpuissance.

Selon le registre dans lequel on se place, la question de la taille peut dans certains cas paraître moins
importante – elle n’a pas un caractère absolu.

La grande étendue présente des avantages, même à l’ère nucléaire : même si elle ne garantit pas
l’invulnérabilité, elle confère à chaque Etat des capacités de survie plus ou moins réduites.

Plus on a de l’étendue, plus on va avoir de ressources naturelles. A contrario on peut dire que la
multiplication des Etats de taille exiguë – il existe malgré tout une taille en deçà de laquelle l’Etat
aura du mal à exercer ses prérogatives de souveraineté.

France : pays de taille modeste, si on prend le critère de la taille est en 47 e position et elle représente
0,37% des terres émergées.

Au-delà de la taille, l’emplacement et la configuration de l’Etat ont un rôle important.

L’exemple de la catalogne : la richesse et la puissance, l’essor industriel de la catalogne à la fin du


XIXe naît de l’ouverture européenne – contrairement à bcp de pays où le développement éco va de
pair avec le développement des structures centrales de l’Etat, en Espagne c’est l’inverse qui se
produit : la catalogne et le pays basque, donc les périphéries, développent les échanges
internationaux (la première se tournant vers l’Amérique latine, et le second vers la GB). Donc la
configuration du territoire façonne dont les peuples se projettent sur le monde.

La France dispose d’un territoire maritime extrêmement important qui n’est pas toujours perçu – 2 nd
territoire maritime.

Quand on prend en compte ces éléments géographiques et qu’on resitue cette question dans le
champ des relations internationales, cela nous amène à considérer l’espace géo comme un théâtre –
Aron : « considéré comme un théâtre, l’espace n’est plus concret mais pour ainsi dire abstrait – il est
simplifié, stylisé, schématisé par le regard de l’observateur. Le champ de bataille que le stratège doit
embrasser d’un seul coup d’œil n’est plus le milieu climatique ou biologique dont le géographe n’a
jamais utilisé de singularité, mais le cadre d’une activité spécifique. C’est dans la mesure où l’espace
planétaire peut être conçu comme le cadre schématique de la politique internationale que la
géopolitique offre une perspective originale et fascinante sur l’histoire diplomatique. » Il fait bien la
différence entre la démarche du géographe, qui va prendre en compte les particularismes liés au
milieu, et l’analyste des relations internationales qui va essayer de tirer des renseignements en allant
vers des généralisations.

L’exemple de deux géopoliticiens, qui ont eu du succès dans leur temps – ils publient à la fin XIXe /
début XXe, et vont être repris après 1945 pour essayer de comprendre le monde dans lequel on se
trouve. Ces considérations géopolitiques, par le fait que ce sont des cadres très généraux,
permettent d’expliquer dans une certaine mesure la politique qui est suivie par certains Etats
aujourd’hui – il y a des constantes tirées de Mackinder et de Mahan.

Mackinder est un britannique, qui va écrire sur les questions géopolitiques entre 1904 (« pivots
géographiques de l’histoire ») et 1943.

Mahan publie « le rôle de la puissance navale dans l’histoire » en 1898.

Dans la pensée de Mackinder il y a deux concepts clés : le concept d’île mondial (world island) et le
concept terre centrale (earth land). Il cherche à démontrer que la maîtrise de certains espaces
conduit à la puissance internationale, ce qui lui permet, selon une méthode qu’il considère
rigoureuse, de faire des prédictions et des projections ; il prétend avoir identifié un certain nombre
de paramètres qui lui permettent de considérer que la maîtrise de certains espaces confère la
puissance internationale.

Pour lui, l’île mondiale est l’assemblage de trois continents – Asie, Europe et Afrique. Il ne prend pas
du tout en compte le continent américain : c’est un britannique, et la GB est au sommet de sa
puissance à son époque, et par ailleurs les EU pratiquent une politique isolationniste ; nous sommes
avant la 1GM, donc les EU ne se mêlent pas des affaires du monde. Dans cette vision très
britannique, les EU ne jouent donc pas dans le même monde.

Il oppose à l’île mondiale ce qu’il appelle la terre centrale, constituée par la grande plaine qui s’étend
de l’océan Arctique jusqu’aux steppes asiatiques, et débouche sur l’Allemagne et l’Europe du nord.
Pour lui cette terre a son cœur en Russie et en Asie centrale. Mackinder tire un certain nombre
conclusions, notamment il considère qu’il y a une opposition naturelle entre la terre centrale et l’île
mondiale, « comme il peut y avoir une opposition naturelle entre la terre et la mer ». Il reprend l’idée
selon laquelle les terriens sont attachés à leur position, alors que les marins sont des commerçants. A
partir de là il tire des caractéristiques psychologiques : les terriens sont plutôt fermés, alors que les
insulaires sont plutôt ouverts.

Quelle est la finalité de cette réflexion ? Mackinder réfléchit aux conditions dans lesquelles la
puissance britannique peut se pérenniser. En réfléchissant sur les conditions qui ont permis à la GB
de prendre son essor, il pense qu’il va trouver les clés pour pérenniser cette puissance. La première
constatation qu’il fait, c’est que la force de l’Angleterre a tenu à la division de l’Europe continentale.
D’où son angoisse : est-ce que l’unité de l’Europe continentale n’est pas concevable ? Pendant
longtemps, l’ennemi séculaire a été la France, car c’était le seul pays d’Europe qui avait une unité. Au
XIXe, avec l’unité italienne et l’unité allemande, le paysage est en train de changer. Donc la politique
qui a toujours réussi à la GB, politique dite d’équilibre qui faisait que la GB cherchait constamment à
équilibrer ses relations avec les pays d’Europe de façon à ce qu’aucun pays hégémonique ne puisse
émerger, et imposer sa vision de la construction européenne (Napoléon). Si on observe les
phénomènes politiques, on assiste effectivement à une tendance à l’unification de l’Europe. Il nous
dit que si on trace des projections, à terme on va se trouver face à une grande vulnérabilité de la
puissance insulaire = la GB, simplement parce qu’elle va se trouver face à la puissance du nombre qui
peut donner à cette Europe continentale une volonté, un désir d’hégémonie qui sera d’autant plus
crédible que la puissance militaire sera au rendez-vous. Il insiste sur un facteur technologique :
jusqu’à une époque très récente les moyens de transport n’avaient pas tellement évolué, donc le
déplacement des armées se faisaient à pied. De ce fait la puissance maritime était intéressante parce
qu’elle permettait de déplacer bcp plus facilement des corps de troupe d’un point à un autre, alors
que du fait de l’apparition du chemin de fer la configuration change.

A partir de là, il précise que : qui règne sur l’Europe orientale règne sur la terre centrale, et qui règne
sur la terre centrale règne sur l’île mondiale ; qui règne sur l’île mondiale règne sur le monde.

Ses théories, bien qu’appuyées sur une méthode rigoureuse, sont extrêmement marquées par ses
déterminismes culturels : il pense en britannique, depuis la GB. On constatera d’ailleurs qu’il s’est
magistralement planté, parce qu’il ne soupçonnait pas le développement qu’allait connaître
l’aviation. Finalement le facteur majeur n’était pas tant le train que l’avion. Il s’est également planté
en montrant du doigt le risque que représentait l’Allemagne : il ne pouvait pas imaginer ce qui allait
se passer en Russie – révolution de 1917. On revient finalement au problème de capacité
extrêmement faible de prédiction dans les sciences sociales. Troisième grande erreur : il ne parle pas
du tout des Etats-Unis, or à cette époque-là les EU jettent les bases de leur future hégémonie en
virant les espagnols de Cuba.

Pourquoi parle-t-on de lui alors ? Parce qu’au sortir de la 2GM, un problème majeur tant pour les EU
que pour les européens se pose : que faire maintenant ? Tout le monde a conscience que le
repliement des EU au sortir de la 1GM sur le continent américain, donc le retour à la vieille politique
isolationniste, a conduit à un désordre majeur : les vieilles démocraties n’ont pas pu résister à la
montée des totalitarismes en Europe, ce qui a conduit au 2 nd conflit mondial. On a conscience que le
multilatéralisme de l’ONU ne fait pas tout, et que les intérêts des soviétiques ne sont pas
nécessairement les mêmes une fois l’ennemi nazi vaincu. On se rend compte que Staline ne se laisse
pas faire, et qu’il pratique finalement une politique de puissance. La question est de savoir si dans un
tel contexte les EU peuvent se permettre le luxe de se retirer sur leurs terres.

L’école de la géopolitique américaine va reprendre les thèses de Mackinder. En 1943, il attire


l’attention sur un fait : le risque en Europe orientale ce n’est pas tant l’Allemagne que l’URSS – c’est
un précurseur. Certains pays ne vont pas bien le comprendre, et certains traités signés notamment
par la France et le Benelux désignent encore l’Allemagne comme l’ennemi.

Cet héritage est donc repris par les américains, et ces géopoliticiens vont transposer ce que
Mackinder a mis en évidence, cad la lutte entre la puissance maritime et la puissance continentale, à
l’affrontement américano-soviétique. Le plus connu de ces géopoliticiens est Nicolas Spykman : il va
introduire une notion nouvelle = rimland. Il s’agit d’un arc de cercle territorial, qui est intermédiaire
entre le earthland soviétique et l’île mondiale. Cet arc de cercle part de la Baltique, aboutit à l’Asie
centrale et du Sud-Est, en passant par l’Europe occidentale, la méditerranée et le Moyen-Orient. Il
essaye de mettre du concret dans des théories générales : « cette périphérie de la terre centrale doit
devenir la plateforme de résistance et de limitation de l’expansion soviétique ». Dès 1942 il avait
affirmé que la véritable menace n’était pas l’alliance germano-japonaise mais la montée en puissance
de l’URSS et la Chine.

Il utilise les théories de Mackinder pour essayer de rendre compréhensible son propos : les grandes
schématisations rendent accessible au plus grand nombre la compréhension des rapports de force
internationaux. Cette école de géopolitique a convaincu la diplomatie américaine que l’après-guerre
ferait entrer dans un monde complètement différent, et que la doctrine de l’isolationnisme ne
pouvait plus tenir lieu de fondement à la politique étrangère des Etats-Unis.
C’est finalement les thèses de Spykman, qui contredisent l’isolationnisme, qui l’emportent après la
guerre. Elles vont avoir une forte influence dans la stratégie américaine, notamment en ce qui
concerne la théorie du containment. Elle va être principalement développée par George Kennan, et
elle reprend exactement les analyses géopolitiques de l’école américaine : on va bloquer les
soviétiques sur le rimland. A partir de là, la création de l’OTAN – tout un dispositif militaire destiné à
verrouiller – verrouillage d’autant plus crédible qu’apparaît la dissuasion nucléaire.

La théorie de Spykman va aussi avoir des conséquences un peu plus perverses : elle va servir à
développer une doctrine dite de la sécurité internationale, qui va connaître un succès extraordinaire
chez les militaires latino-américains. Elle part du constat que la théorie du containment pour arrêter
la menace soviétique ne s’applique pas à des théâtres trop éloignés ; donc l’école va développer la
doctrine de sécurité nationale = ce n’est pas parce que le continent américain est éloigné qu’il est à
l’abri de la submersion communiste. Mais dans ce cas, cette submersion ne vient pas de l’extérieur
mais de l’intérieur. Le problème c’est qu’une telle conception va conduire à une interprétation
simpliste, qui va viser à conserver les catégories sociales au pouvoir - tout mouvement de
contestation sociale va être considérée comme un signe de submersion communiste. Ainsi des
politiques de répression très violentes ont été menées.

[manque cours 17/10]

Parfois ces ressources naturelles peuvent devenir source de tension, de conflit ; il y a toujours la
tentation de les utiliser comme une arme – ex : Russie gaz pour contraindre l’Ukraine ; pétrole…
l’arme de dissuasion du pauvre.

Ce qui est plus à craindre ajd c’est la compétition entre les grandes puissances du fait de la
raréfaction d’un certain nombre de ressources, donc il existe une compétition trop forte entre la
Chine en particulier (avidité de pétrole).

Egalement une ressource construite : la qualité de l’appareil diplomatico-stratégique cad que selon la
qualité de la politique étrangère que mènera un pays, celui-ci sera plus ou moins capable d’avoir des
capacités d’agir au plan international – ex : depuis l’arrivée au pouvoir de Trump on constate que la
première puissance mondiale a une politique étrangère quelque peu chaotique, car il a introduit de
l’incertitude et de la versatilité là où il faudrait une continuité dans l’action politique de l’Etat –
récente position prise à l’égard de l’Iran qui fragilise la communauté internationale, mais également
la position des EU sur la scène internationale avec des risques non-négligeables : en ouvrant une
brèche sur un accord qui avait été difficile à négocier, c’est ouvrir une porte à l’Iran pour justifier des
positions peu coopératives parce que le décideur en matière de politique étrangère n’a pas les mains
libres pour faire ce qu’il veut sur la scène internationale. La Chine et la Russie sont prêtes à proposer
des alternatives à cet accord. Tout cela montre que la qualité de politique étrangère est
fondamentale, c’est ce qui donne de la force à l’Etat.

Autre exemple, en 2003 lorsque les EU décident d’intervenir en Irak – jusque-là l’Espagne avait une
politique étrangère pro-européenne. En 2003 le président fait volte-face et décide de s’aligner sur les
EU en envoyant des troupes en Irak. Cette opération a été très fortement contestée en interne, donc
elle a fragilisé le socle consensuel sur lequel était construite la politique étrangère du pays depuis la
transition démocratique, et sur le plan international elle a profondément surpris des pays qui
voyaient jusque-là dans la tradition politique espagnole un modèle exemplaire. Depuis la politique
étrangère de l’Espagne n’a jamais retrouvé le rayonnement qu’elle avait eu, parce qu’il y a eu une
perte de confiance, un manque de crédibilité. Les évènements qui se passent aujourd’hui en
Catalogne – il est évident que l’affaiblissement du gouvernement espagnol n’est pas étranger à cette
vague séparatiste.
Donc la politique étrangère est un atout pour l’Etat, mais il faut être très prudent ; ce n’est pas une
politique qui supporte des allers retours parce qu’il en va de la crédibilité de l’Etat sur la scène
internationale. En ce sens, aujourd’hui les EU ont perdu bcp de crédibilité.

Pour comprendre cet appareil, il faut partir de l’hypothèse que la politique étrangère est le produit
d’un processus complexe. Il faut donc s’affranchir de l’idée que celui qui porte la parole d’un pays sur
la scène internationale dispose d’un éventail illimité d’options en matière de politique étrangère.
Cela montre que même dans un régime démocratique, le décideur suprême ne contrôle pas
nécessairement la politique extérieure, donc il doit composer avec des groupes rivaux avec des
positions en matière politique étrangère très contrastées – ex : Gorbatchev qui a séduit les dirigeants
politiques occidentaux, mais on a aussi fait valoir qu’il fallait se méfier parce que derrière le
personnage la question se posait de savoir qui réellement tirait les ficelles de la politique en URSS et
notamment de la politique étrangère. Même dans un régime autoritaire, le décideur suprême n’a pas
nécessairement tous les pouvoirs.

EN France la pratique constitutionnelle montre qu’il y a concentration en la matière au profit du chef


d’Etat, dans le cadre du domaine réservé. Mais même s’il joue un rôle prépondérant, il est soumis à
un certain nombre de groupes qui vont défendre des options de politique étrangère sur lesquelles il
n’a pas forcément tout le contrôle.

Charillon – aux EU Roosevelt a joué un rôle clé (New Deal et victoire de la 2GM) donc c’est une
personnalité emblématique. Pourtant il suffit de prendre ses mémoires pour être sidéré par un
certain nombre de ses déclarations, qui éclairent sur les difficultés qu’il a rencontré dans l’exercice
du pouvoir en matière de politique étrangère, et donc sur le poids d’un certain nombre d’institutions,
de groupes qui ne lui laissaient pas vraiment l’initiative de la décision – ex : la marine « vouloir
changer qqch dans la marine c’est comme taper dans un édredon » ; le sénat, il s’est bcp plaint qu’il
contrariait ses actions du fait de son isolationnisme « de fait l’unique moyen de faire qqch pour
l’exécutif aux EU c’est de court-circuiter le sénat » ;l’opinion publique doit être prise en compte, et
dans les rapports avec elle il n’est pas du tout évident de parvenir à formuler une politique étrangère
claire. Dans le contexte de nos sociétés où les médias jouent un rôle important, le dirigeant suprême
ne peut pas mener des politiques qui seraient contraires à ce que pense l’opinion publique.

On va analyser les variables principales qui affectent les décisions en matière de politique étrangère :

- les variables liées à l’environnement (la politique étrangère ayant vocation à s’appliquer sur un
environnement externe – si c’est le produit d’un processus de décision interne, elle est très
largement déterminée par des paramètres qui échappent à l’Etat) : les Etats doivent s’adapter aux
réalités du système international. L’environnement international pèsera d’autant plus lourd sur la
politique étrangère d’un Etat que cet Etat sera faible.

On peut distinguer trois grandes variables qui vont jouer un rôle majeur : la nature des systèmes ; le
type de situation face à laquelle un système politique se trouve confronté ; la nature des objectifs
poursuivis.

 La nature des systèmes politiques : c’est la question de savoir si véritablement, selon que l’on
se trouve dans un contexte de régime démocratique ou autoritaire, la politique étrangère
menée sera différente – est-ce que la nature du système induit un comportement différent
sur la scène internationale ? Tout un courant de science politique américaine s’attache à
montrer que la démocratie est le meilleur des systèmes, parce qu’il y a un contrôle de
l’opinion publique sur les agissements du gouvernement. Les détracteurs de cette thèse font
valoir que, si les démocraties ne se font pas la guerre, c’est parce qu’elles ont affaire face à
une menace majeure = URSS, donc elles mettent de côté leurs petits conflits – ex : les
relations entre la Grèce et la Turquie, contentieux territoriaux portant sur des îles ; le fait
qu’ils appartiennent à l’OTAN a contenu les tensions.

James Rosenau propose une distinction entre systèmes ouverts et systèmes fermés. Cette position a
été affinée par d’autres auteurs qui vont apporter deux éléments : d’abord le nombre d’individus qui
participent réellement à la prise de décision – si on retient ce critère on se rend compte que la France
est incontestablement une démocratie, par contre si on prend la terminologie de Rosenau on se rend
compte que le système n’est pas si ouvert que ça, parce que la politique étrangère va être l’apanage
de groupes réduits – ex : le parlement ne joue qu’un rôle très faible en la matière ; Foccart et le
France-Afrique. Deuxième élément : le nombre de formes de participation envisagées - cela renvoie
au degré d’opposition dans le régime. Domaine réservé (putsch Algérie, colonies d’Afrique noire…).

Dans un régime démocratique l’opinion publique n’est pas sensible aux politiques étrangères.

Il ne faut pas donner à une variable l’importance qu’elle n’a pas. Un système démocratique a plus de
chance d’être pacifique, d’abord parce que le décideur suprême est démocratiquement élu donc il
doit rendre des comptes à ses électeurs parce qu’il se soumet régulièrement au processus de
l’élection – les dirigeants sont amenés à temporiser, parce que ceux qui dépassent les limites sont
généralement sanctionnés. De plus les groupes d’intérêts sont bcp plus organisés, structurés, de ce
fait les groupes de pression sont bcp plus nombreux et vont faire valoir des intérêts divergents –
cette sommes amène le décideur à temporiser sur un certain nombre d’option de manière à prendre
en compte l’ensemble des intérêts. Aussi, la culture politique conduit à intégrer le débat donc cela
habitue à des comportements moins agressifs – recours à la négociation sur la scène internationale,
plus qu’à la force.

Une fois que les démocraties entrent dans la guerre, elles sont bcp plus fortes que les régimes
autoritaires parce que la décision, si elle est plus lente à prendre, elle a l’assentiment de la
population – il y a une adhésion de la population au but de guerre. Elle n’est pas facile à gagner, mais
si la cause est considérée comme juste la population va la soutenir.

Si les démocraties ne se font pas la guerre entre elles, c’est pour des raisons conjoncturelles : s’il y a
une menace plus grande, les conflits entre démocraties sont laissés de côté. En revanche, dans une
configuration autre on peut douter de cette affirmation parce que les démocraties peuvent avoir des
intérêts nationaux divergents, qui peuvent éventuellement les amener à s’affronter.

Dans les années 90 on a pensé que la généralisation de la démocratie de par le monde allait
contribuer à créer un monde en paix, mais aujourd’hui on voit bien que cette démocratie connait un
reflux dans bcp de régions de la planète, et un certain nombre de puissances défendent des postures
qui mettent la démocratie de côté – ex : la Chine.

 La nature de la décision prise : on opère une distinction entre le temps normal et les temps
de crise. La politique internationale n’est pas un long fleuve tranquille, et les responsables
politiques sont constamment sous la pression d’évènements extérieurs qui peuvent donner
l’impression que les situations sont plus subies que souhaitées.

Souvent la décision va être prise dans un contexte de crise (= situation dans laquelle les responsables
politiques sont surpris par les évènements, se sentent menacés et sont persuadés qu’ils ne disposent
que de très peu de temps pour prendre leur décision). En matière de politique étrangère, l’une des
caractéristique de la situation de crise est que la décision va être prise par un nombre restreint
d’individus (souvent des proches du décideur), parce qu’il faut agir rapidement. Dans ces conditions,
le décideur se trouve pris dans un dilemme : il va être soumis à l’exigence de prendre des décisions
cohérentes et rationnelles alors qu’il ne dispose pas de tous les moyens d’information souhaités, il
est soumis à une contrainte psychologique qui réduit d’autant sa capacité à prendre une décision
calculée. C’est là qu’intervient une variable importante : celle des perceptions, cad que les
conceptions a priori, préétablies, qui ne correspondent pas nécessairement à la réalité font que la
décision prise dans l’urgence sera largement conditionnée par ces perceptions. Dans la politique
étrangère ces perceptions jouent un rôle très important, et elles sont souvent en décalage.

Au tournant des années 90 il y a eu un débat quant aux services de renseignement : ils ont été
organisés face à la menace soviétique. Celle-ci ayant disparu, vers quelle menace tourner ces
renseignements ? Si les enjeux aujourd’hui sont économiques, il faudrait les tourner vers les EU.

Selon le type de décision à prendre, le processus de décision va fonctionner de manière différente


parce que la décision ne va pas mobiliser les mêmes acteurs – ex : polémique en France sur les
décisions prises dans le domaine de la défense (tendance à sous-évaluer l’avis des militaires, qui se
sont vu restreindre la participation à la prise de décision).

Selon le régime politique la décision sera entre les mains de tel acteur ou de tel autre, et parfois il est
difficile de savoir réellement qui va prendre les décisions. S’agissant des politiques de la France, il y a
une tradition qui remonte au contexte fin années 50 – compte tenu de l’aura de De Gaulle il
paraissait logique de lui confier des pouvoirs extraordinaires pour régler le problème des
indépendances. Par contre par la suite, la tradition s’est enkystée alors qu’il n’y avait plus de
situation d’urgence.

Destremeau dans « Quai d’Orsay » analyse la progressive marginalisation du ministère des affaires
étrangères dans le processus en matière de politique étrangère. Cette marginalisation tient à
plusieurs raisons : du fait des rapports de forces, mais également de l’évolution des technologies –
l’ambassadeur auparavant était vraiment celui qui faisait la politique de la France à l’égard du pays
dans lequel il était ; aujourd’hui il ne définit plus la politique, c’est le 1 er ministre ou le président qui
se déplace  la structure gouvernementale garde la main sur la décision. Finalement le ministère
des affaires étrangères est largement devenu une structure bureaucratique de gestionnaires.

Dès lors que l’on sort de la sphère diplomatico-stratégique, on se rend compte qu’un certain nombre
d’acteurs vont intervenir alors qu’ils n’ont pas vocation à être des acteurs de la politique étrangère –
ex : les accords du GATT, les négociations ont conduit le gouvernement français à adopter une
attitude rigide et maximaliste dans ses fonctions face à des accords qui mettaient en place un
système de concurrence dans le domaine agricole. Sous la pression des agriculteurs français, le
gouvernement français a adopté une position très rigide dans ces négociations. Cas inverse : la
politique africaine – l’Elysée a eu carte blanche en la matière parce qu’il n’y avait pas de contestation.

- les variables internes : elles peuvent être d’ordre général, mais elles peuvent également concerner
les acteurs du processus.

Deux déterminants globaux :

Le poids de la culture politique – quelle définition ? Ce sont des constantes de comportement,


d’attitude, sur une période relativement longue. La culture politique n’est pas créatrice d’un modèle,
donc il n’y a pas de déterminisme en la matière qui voudrait que parce qu’on identifie une
caractéristiques donnée, la politique étrangère sera comme ceci ou comme cela. Par contre, la
culture politique va façonner, influencer la prise de décision dans un certain sens. Dans les années 90
par exemple, l’Europe s’est trouvée face à un scénario imprévu : la dislocation de la Yougoslavie. Elle
se trouve face à un conflit qui se déroule en Europe. Quel instrument ? L’OTAN n’a pas de
compétence pour intervenir, mais il faut agir militairement. L’Espagne, à partir des années 75, va
fortement remettre en cause les accords bilatéraux avec les EU et va dénoncer l’OTAN comme étant
une organisation entre les mains des EU, et se prononce très favorablement en faveur d’une défense
européenne. Dans le même temps, face à la pression de la réalité, le président a dû convaincre les
espagnols que la normalisation européenne devait passer par l’OTAN. Dans les années 90, ils veulent
montrer qu’au nom de leurs convictions européennes fortes, et du fait qu’ils sont un pays qui peut
jouer un rôle sur la scène internationale, ils souhaitent participer à l’intervention visant à régler le
conflit en ex-Yougoslavie. La décision prise est celle de réactiver l’UEO. Cela signifie qu’en la matière
la culture politique des espagnols limitait considérablement le choix d’options disponibles pour le
gouvernement. Décision de circonstance – la clé de compréhension est la culture politique.

La culture politique n’est pas figée, elle peut s’adapter au temps. Elle va évoluer très lentement, mais
à la suite d’un cataclysme politique une politique étrangère peut muter brutalement ; c’est le cas du
Japon et de l’Allemagne : traumatisés par la défaite ils sont soumis à la volonté des vainqueurs. Le
Japon adopte une constitution dans laquelle il renonce à la guerre (aujourd’hui on le revoit).

Dans une société pluriethnique il y aura une politique dominante. Aujourd’hui on prend davantage
en compte la réalité des choses, donc on considère que la plupart des sociétés sont des sociétés
pluriethniques dans lesquelles un groupe s’approprie le pouvoir, et va imposer une culture politique
dominante – ex : la Russie. Dans tout pays, il est important d’identifier le groupe dominant qui
impose sa pensée politique.

La culture politique est forgée par deux sources principales : l’histoire nationale et les croyances.

L’histoire nationale : le vécu d’une nation va façonner sa manière d’agir, et il va définir un certain
nombre de caractéristiques principales de la politique étrangère – ex : EU – la doctrine Monroe
conditionne la politique étrangère du pays (le courant isolationniste est très fort, et aujourd’hui il
reprend beaucoup d’importance).

Les croyances nationales : il existe dans tout Etat un crédo qui permet de définir ce qui est bien et ce
qui est mal – ces croyances contribuent pour une bonne part à la définition de la réalité, parce que
toute histoire est construite, donc à l’histoire nationale s’ajoute la geste nationale qui va donner du
contenu.

Les acteurs internes de la politique étrangère : la structure politique de tout Etat est complexe – ce
n’est pas un homme qui fait la politique étrangère. Typologie :

- le décideur suprême : en général c’est le chef de l’exécutif. Pendant longtemps on a privilégié des
analyses simplistes ; il faut attendre les années 60 pour que l’on s’intéresse au processus de prise de
décision (decision making) – cf. Grahan Allison  il a mis en avant que le décideur suprême ne
dispose pas d’une palette illimitée d’options cad qu’il ne peut prendre une option qu’en fonction des
moyens dont il dispose. De ce fait, la palette d’options dont il dispose est largement définie dans le
cadre de décisions qui lui échappent.

Pour l’identifier il faut prendre en compte un certain nombre de choses : même si la constitution le
désigne, il faut faire attention parce que parfois celui qui est désigné de manière formelle n’est pas le
véritable décideur – ex : en France, aux termes de la constitution le président est arbitre, mais dans la
pratique il occupe une place prépondérante en matière de politique étrangère.

Dans une démocratie en général les différents acteurs jouent le jeu, et de ce fait le monopole du
décideur suprême sur les décisions de politique étrangère est assumé. Il l’est d’autant plus que la
politique étrangère intéresse beaucoup moins l’opinion publique, donc ce ne sont pas des débats qui
sont étalés ce qui favorise la concentration. La dissuasion nucléaire a accru cette concentration,
parce que l’incertitude fait partie de l’attitude de dissuasion – conception jupitérienne du pouvoir.

- les administrations (bureaucraties) = structure d’Etat

Elles ne sont pas désignées comme des acteurs qui jouent un rôle dans le processus décisionnel, pour
autant elles en jouent un très important – ex : aux EU, elles jouent un rôle de régulateur. Autre
exemple l’UE : souvent on a dénoncé le rôle excessif que joue la Commission européenne dans les
institutions. En France : l’Enarchie cad l’accaparement par les élites administratives du pouvoir
politique – les décisions obéissent à des logiques rationnelles mais bureaucratiques.

On observe souvent des critiques à cet égard, et souvent le pouvoir politique en joue pour dégager
leur responsabilité.

On peut s’interroger sur la manière dont elles pèsent sur les décisions politiques. Cf. Graham Alison
et la crise des missiles de Cuba (1969). Dans cette étude, il explique le rôle des bureaucraties par le
souci de préserver leurs privilèges corporatistes. En effet elles ont une résistance au changement
dans la mesure où elles sont en compétition entre elles. S’agissant des forces armées, on a l’armée
de terre, l’armée maritime, l’armée de l’air, et selon les moyens mobilisés à un moment donné, dans
un contexte où les budgets de son arme si c’est cette arme qui est en première ligne pour faire face
aux problématiques du moment.

Les bureaucraties disposent de plusieurs moyens pour exercer cette influence : elles sont en situation
pour dispenser une information sélective – présenter de manière partiale les différentes options, de
manière à ce que le décideur aille dans leur sens ; elles peuvent développer des politiques qui
limitent ou atténuent les options prises au niveau politique.

Le filtrage de l’information : il peut se faire de manière consciente (= manipulation de la décision) ou


inconsciente (il faut prendre en compte des éléments comme la culture de l’organisation – il y a une
sorte de force n’inertie qui fait que l’on va agir par routine, par conformisme par rapport à un sujet
donné, parce que prendre des options différentes serait trop brutal – souvent par souci de
préservation de la carrière). Souvent la décision prise va se trouver en total décalage par rapport à la
réalité du terrain.

Les administrations constituent un laboratoire d’expertise très important donc les bureaucraties
pèsent aussi par leur tôle de conseil et de recommandation. Les excès de la politisation de
l‘administration : l’activité de conseil constitue toujours un biais. Kissinger : « La pratique habituelle
des administrations est de ne laisser parmi les options possibles qu’un seul choix réel, et les
administrations s’arrangent pour que cet unique choix soit positionné dans une position médiane
parmi toutes les propositions qui sont faites ».

Troisième voie : la façon dont elles vont mettre en œuvre les politiques qui ont été décidées. On peut
constater qu’il existe une très forte force d’inertie dans les administrations, qui s’explique souvent
par un manque de compréhension. Il est également possible que les administrations essayent de
contourner la décision qui a été prise sur la base de préférence. La mise en œuvre d’une décision
politique peut aller à l’encontre des objectifs recherchés initialement.

- le législatif : en matière de politique étrangère, il joue un rôle bien moindre que celui de l’exécutif.
Aujourd’hui il n’y a aucun pouvoir politique, à l’exception de la Chine et de la Corée du Nord, qui ne
se réclame du procédé de l’élection. Mais de fait, il y a une grosse différence entre les démocraties et
les régimes autoritaires dans lesquels le parlement n’est qu’une chambre d’enregistrement. Pour
autant dans les démocraties, le rôle des parlements n’est pas si important que cela ; en général le
parlement voit son rôle limité et cela pour de nombreuses raisons.

Dans la C58, on voit bien que le parlement joue un rôle limité – parlementarisme rationnalisé. Il vote
tout de même la déclaration de guerre. Pour autant en pratique c’est un instrument qui est tombé en
désuétude – ex : la décision du feu nucléaire relève du président de la république.

Une étude faite par Hamilton en 1982 recense les raisons de la faiblesse de l’institution
parlementaire en matière de politique étrangère. La diplomatie a besoin de rapidité, alors que le
travail parlementaire est lent. De plus, la diplomatie fait appel à la négociation, à la recherche d’un
consensus, donc les prises de position sont toujours tactiques en ce qu’elles laissent la porte ouverte
à une nouvelle négociation – complètement antinomique par rapport à la pratique parlementaire.
Troisièmement, la diplomatie requiert la discrétion, et par définition le parlement a pour vocation de
mettre le débat sur la place publique. Par ailleurs la diplomatie exige un haut niveau d’expertise, or le
parlement ne dispose pas suffisamment de ces moyens. Ainsi la capacité du parlement est faible pour
argumenter sur des dossiers qui sont parfaitement maîtrisés par l’exécutif. Enfin, la diplomatie exige
des personnalités fortes alors qu’au parlement, par la nature de l’institution, il n’y a pas de leadership
en matière de politique étrangère. Finalement les caractéristiques tenant à la nature du parlement
font que celui-ci n’est pas très adapté pour traiter de la politique étrangère, en tout cas pour la
conduire. C’est ce qui l’amène à dire qu’en fait, là où le parlement fonctionne vraiment, il a surtout
une fonction de contrôle plus que d’initiative. C’est un magistère d’influence dans le sens où le
parlement peut dans certains cas exercer une influence forte qui viendra en soutien des décisions
prises par l’exécutif, et cette influence sera d’autant plus forte que les répercussions des décisions
prises sont sensibles sur les politiques internes.

- l’opposition : par définition les partis d’opposition sont en situation d’affrontement avec le ou les
partis au pouvoir, et leur objectif est d’accéder au pouvoir. De ce fait, on peut penser que
l’opposition va développer des positions en matière de politique extérieure qui vont l’amener à
expliquer celles-ci à leur électorat potentiel, à saisir les citoyens de ces questions de politique
étrangère, et produire une réflexion technique sur les engagements de politique étrangère du parti
au pouvoir.

Dans les régimes où l’opposition n’a pas de statut légal qui lui garantisse des droits, l’opposition sur
ces questions on ne va pas la trouver dans des partis organisés en tant que tel, mais dans certains
secteurs soit plus ou moins clandestins (dans ce cas les positions seront amicales) soit dans les
cercles du gouvernement, parce que s’il n’y a pas de débat démocratique il y a bien peu de chance
que la population soit informée des questions du champ de la politique étrangère – elle restera dans
des cercles confidentiels. Il faut bien prendre en compte que l’opposition existe toujours, mais il faut
aller la chercher dans les cercles du gouvernement.

Dans les régimes où l’opposition a un statut légal, nous sommes dans une configuration différente. Le
large éventail des partis fera que les débats sur la politique étrangère se caractérisent moins par des
prises de position radicales que par des nuances entre ces différents partis, ce qui peut parfois
amener à entraîner de véritables divergences à l’intérieur même des partis – ex : vote du traité
constitutionnel UE. Mais ces contradictions sont souvent assez conjoncturelles, et sont vite résolues
parce que les partis respectent le jeu de la démocratie et acceptent le fait majoritaire. Les
divergences en matière de politique étrangère entre les partis sont souvent moins fortes que sur les
questions de politique intérieur, pour la raison simple que les partis qui prétendent accéder au
gouvernement veulent montrer qu’ils agissent en pleine responsabilité et qu’ils ne vont pas mener
une politique étrangère en rupture avec ce qui a été fait jusque-là ; il y a des dogmes de politique
étrangère qui ne sont pas remis en cause. Cela n’empêche pas qu’en démocratie il y ait des partis qui
soutiennent des positions radicalement en opposition avec la ligne majoritaire (ça a été le cas
pendant longtemps des partis communistes). Ces partis peuvent se retrouver au pouvoir, et là se
pose la question de savoir comment les choses peuvent se passer et ils peuvent avoir une influence
très forte qui peuvent conduire à infléchir les dynamiques prises en matière de politique étrangère
en cas de coalition – ex : les Verts en Allemagne, qui ont imposé dans l’agenda de tous les partis
politiques la question de la défense de l’environnement.

L’opposition peut par sa critique jouer un rôle de contrôle de la politique gouvernementale.


Finalement on retrouve à un autre niveau la même fonction que celle des parlements. Egalement ils
ont un rôle d’information de l’opinion publique.

- les groupes d’intérêt : les groupes de pression = collectif d’individus qui vont partager les mêmes
vues sur les orientations politiques à prendre et qui vont exercer une pression sur le gouvernement
pour que celui-ci agisse dans le sens qu’ils souhaitent. On entend par groupe de pression des groupes
qui représentent les intérêts d’organisations privées. Si on ne précisait pas cela, on pourrait
considérer qu’une administration est un groupe de pression.

Pendant longtemps on a voulu ignorer le rôle que jouent ces groupes de pression, parce que sous les
effets de la prépondérance du droit, on a postulé qu’il n’y avait pas d’espace dans la sphère publique
pour que les intérêts d’un secteur déterminé de la société soient officiellement représentés. Leur
influence ne se comprend que par rapport au libéralisme politique, cad une idéologie politique qui
pose comme postulat que la société doit disposer de libertés garanties afin de pouvoir prendre des
initiatives. Tout ne revient pas à l’Etat. C’est totalement opposé à la conception qui a prévalu jusqu’à
maintenant en France : le colbertisme. On peut constater par ailleurs qu’avec la construction
européenne on a assisté à une accélération des évolutions, celle-ci étant d’aspiration libérale, donc
s’est développé à Bruxelles un écosystème politique dans lequel les lobbys ont une reconnaissance.
Ainsi aujourd’hui, même si on peut déplorer que la France soit toujours en retard et donc pas très
représentée, les groupes de pression voient leur importance reconnue dans la prise de décision. S’ils
jouent un tel rôle, c’est aussi parce que l’économie a pris le dessus dans un contexte de globalisation,
et cette sphère économique qui conditionne la bonne santé des Etats et de l’Europe dispose d’une
grande autonomie.

On retrouve ces groupes de pression dans tous les secteurs de l’activité humaine – corporatistes,
ethniques… Le rôle des groupes de pression est consubstantiel au système américain.

Il y a des groupes de pression mus par un idéal, ou par un objectif à vocation politique – ex : les
mouvements hostiles au nucléaire ont pu jouer un rôle très important à une certaine époque. Mais
cet idéal ce peut être aussi la défense du libéralisme et de la démocratie – aux EU le système des
fondations favorise l’expression de ces groupes de pression.

- l’opinion publique : comment le citoyen lambda pèse sur la politique étrangère ?

En tant que tel, le peuple ne dispose d’aucune capacité d’action directe sur la politique étrangère. Or
en démocratie, toutes les décisions qui sont prises au niveau du gouvernement le sont au nom du
peuple. La question est alors de savoir malgré tout comment le peuple va agir sur la politique
étrangère. On peut avoir trois angles d’approche.
On peut appréhender la façon dont il soutient la politique étrangère ; essayer de mesurer l’influence
de l’opinion publique sur cette politique étrangère ; on peut envisager le rôle de l’opinion publique à
travers le procédé de l’élection.

Le soutien de la politique étrangère : dans une démocratie il est très important pour le décideur
d’avoir le soutien du peuple cad qu’un décideur ne peut pas agir contre l’opinion du peuple, pour
autant que cette opinion serait erronée. Ce soutien peut être important y compris pour un dictateur ;
il n’existe aucun Etat qui peut se permettre d’ignorer complètement l’opinion de sa population. Ce
soutien est certes plus déterminant dans une démocratie, mais ce n’est pas non plus une règle
générale – ex : 1G du Golfe, Saddam Hussein face à une menace de la communauté internationale a
essayé de jouer sur l’opinion publique.

L’opinion publique doit être segmentée, cad que selon les catégories sociales, selon le lieu de
résidence, les gens vont plus ou moins s’intéresser à tel ou tel sujet. Les études les plus
caractéristiques sont celles qui sont faites aux EU – en Europe nous sommes imprégnés d’histoire –
les EU se sont construits sur un projet qui tournait le dos aux démons européens, et ils sont dans une
situation d’insularité cad qu’ils n’ont jamais eu d’histoire tumultueuse ni avec les canadiens ni avec
les mexicains. Ensuite c’est un pays très grand, donc on va faire une distinction très importante entre
l’opinion publique dans les grandes métropoles américaines, et l’opinion publique dans les Etats
moins importants. En général les tranches d’âge qui s’intéressent le plus à la politique étrangère sont
les 30 – 65ans – ce sont ceux qui ont une formation supérieure qui y sont le plus sensibilisés.

L’opinion publique est malléable, et aujourd’hui plus qu’avant par les réseaux sociaux on sait que l’on
peut influencer cette opinion publique – ex : les actions terroristes perpétrées en Europe visent à
fragmenter les sociétés européennes. Aujourd’hui il y a un gros problème lié à internet :
l’exploitation du cyberespace pose des problèmes – il est de plus en plus avéré que les russes ont fait
de l’ingérence à travers des comptes fb dans les élections américaines, le but étant d’influencer
l’opinion publique. Dans certains cas, l’opinion publique va jouer un rôle déterminant dans la
politique étrangère. C’est le cas de mobilisation de la population contre la guerre du Vietnam aux EU.
Parfois l’opinion publique va agir pour infléchir des orientations de politique étrangère – ex : dans les
années 90 lorsque Chirac a décidé de reprendre les essais nucléaires atmosphériques, il y a eu une
opposition de l’opinion publique internationale. Cette opinion publique a aussi joué un rôle
déterminant au moment de la guerre en Algérie. Aujourd’hui dans le contexte actuel cette
manipulation des opinions publiques prend des proportions gigantesques. Ce qui devient dangereux
en particulier c’est l’usage des fake news – toutes ces fausses informations peuvent devenir des
certitudes.

L’opinion publique peut jouer un rôle en matière de politique étrangère à l’occasion des élections,
mais le poids de la politique étrangère à ce moment est en général très faible – ex : en 1982 en
Espagne on est dans une époque charnière puisque la coalition du centre droit qui était au pouvoir
depuis la fin du régime franquiste est en déclin, et l’enjeu principal est alors l’alternance ; cela signifie
que le parti qui a perdu la guerre civile contre Franco va revenir au pouvoir. Est-ce que les militaires
vont accepter ? La campagne sera menée sur deux sujets : d’abord la relance économique, puis le
rejet de l’entrée dans l’OTAN parce que le gouvernement centre droit a précipité l’adhésion à
l’OTAN, or c’est une décision vraiment précipitée parce qu’il n’y a pas de lien entre l’OTAN et l’UE, et
que l’opinion publique est très anti-américaine et antimilitariste. Faire entrer l’Espagne dans une
alliance militaire dominée par les EU n’est pas très convaincant. Alors le parti socialiste a joué sur
cette dimension : « pas d’OTAN pour l’Espagne ». Dans ce cas les deux arguments ont marché,
puisqu’ils ont gagné les élections. De même elle a joué un rôle important au moment des élections
de 2004 : suite aux attentats, pendant une matinée le gouvernement a affirmé qu’il s’agissait d’un
acte terroriste basque, or il s’agissait de terrorisme islamiste en réaction au rôle de l’Espagne dans
l’intervention en Irak.

Prendre l’opinion publique ne signifie pas grand-chose, donc il faut bien prendre en compte le
décalage qui existe entre les positions de l’opinion publique au sens large et les positions des élites. Il
y a alors un problème qui se pose : l’opinion publique au sens large n’évolue que très lentement ; les
élites, cad celles qui sont dans l’action, leur opinion évolue beaucoup plus vite ce qui crée un
décalage qui n’est pas facile à gérer pour le décideur politique. Il doit s’attacher à limiter l’écart entre
les élites et l’opinion publique au sens large, parce que le risque s’il n’est pas vigilant est qu’il y ait
des effets boomerang et que l’opinion publique se retourne brusquement. Or la politique étrangère a
besoin de continuité, de stabilité pour que le pays inspire la confiance sur la scène internationale.
Aujourd’hui aux EU avec la présence d’un président populiste, la crédibilité des EU sur la scène
internationale est grandement mise à mal – fracture entre ceux qui soutiennent Trump et les élites.

La question de la hiérarchie internationale :

Livre blanc, document officiel qui présente les grandes orientations de la politique de défense en
France. Celui de 2013 a pris un coup de vieux du fait des bouleversements (retour en force de la force
armée) – revue stratégique : il est fait clairement référence à d’une part la crise du système
international, du système onusien mis en place au sortir de la 2GM, et d’autre part la question de la
hiérarchie internationale.

C’est une question qui avait été oubliée durant le système bipolaire, et surtout à partir des années 90
au nom de la mondialisation, les Etats étant appelés à ne plus jouer un rôle très important, et la
globalisation économique allait amener à un nivellement de la puissance entre les Etats. La revue a
un cadre réaliste, les rapports entre Etats étant perçus comme des rapports de force.

On s’aperçoit que les ressources et capacités des Etats sont réparties de manière très inégale, et
l’inégalité entre les individus et celle entre les Etats ne cessent de s’accroître. Pour comprendre le
système international, il est important de mobiliser cette problématique. Badi à propos de l’Iran : il
faut abandonner les vieux critères de classification (l’histoire de la puissance bienveillante est
terminée, il s’agit d’une grille analyse ancienne). On voit bien que les puissances extérieures qui ont
joué un rôle si important au Proche Orient sont absentes. La Russie bénéficie de conditions
favorables mais qui sont liées à une conjoncture, donc ce n’est pas durable. Les autres puissances se
sont révélées incapables d’aider à trouver des solutions politiques aux problèmes de cette région ;
elles n’ont plus de crédibilité. La Russie a profité de ce vide et elle a été « instrumentalisée » par les
acteurs régionaux. Mais à terme, comme elle sera tout aussi incapable que les autres d’apporter une
solution durable, elle se fera éjecter comme les autres puissances. Il faut donc opérer une
réévaluation de la puissance. Par exemple l’Arabie Saoudite est très puissante, alors qu’elle s’est très
peu mêlée des questions internationales, et elle n’a jamais eu de siège au Conseil de sécurité.
S’agissant de l’Iran, il n’a pas besoin de faire usage de la force militaire pour affirmer sa puissance au
sein de la région. L’exercice de la puissance ne passe pas uniquement par l’usage de la force militaire.

La mesure de la puissance est très compliquée, mais elle est indispensable pour identifier les
rapports de force. La revue stratégique insiste beaucoup sur la redistribution des rapports de forces
sur la planète, la redistribution des pouvoirs. Elle nécessite des adaptations stratégiques dans les
questions de défense. Aujourd’hui on est dans une situation où les terrains sur lesquels doivent être
mises en œuvre des politique ce n’est pas seulement des espaces géographiques, mais c’est aussi
l’espace exo-atmosphérique et le cyberespace. La grave crise de la Catalogne a mis en lumière
l’extraordinaire ingérence des russes dans tous les systèmes de propagande, puisqu’aujourd’hui les
fake news pèsent largement parce que l’information passe principalement par les réseaux sociaux.
60% des sites qui émettaient des fake news pro-indépendantiste provenaient de la Russie, et 35% du
Venezuela.

L’organisation internationale – la préoccupation de la paix internationale est aussi ancienne que


l’humanité. Ainsi on peut trouver des réflexions sur l’organisation internationale dans toutes les
civilisations, et on fait remonter ces considérations à Confucius et Thucydide. Dans la littérature
occidentale (voir cours l’an dernier OIG - ONG)

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