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Maquette : Twapimoa
Coordination éditoriale : Anne Lacambre,
assistée de Juliette Lesté-Lasserre
Lecture-correction : Carol Rouchès
Fabrication : Chloé Brossard
ISBN : 978-2-0804-2499-0
Numéro d’édition : 558319
© Autrement, un département de
Flammarion, 2023.
82, rue Saint-Lazare, 75009 Paris
www.autrement.com
Introduction
L’éternel retour de la guerre
Crises et tensions
Le terrorisme et les extrémismes violents
Les tensions en Asie
La crise nucléaire nord-coréenne
Le Moyen-Orient et le Golfe : entre crise et mondialisation
Syrie : d’une révolution à une guerre
Le Proche-Orient en crise
Le Sahel : la guerre comme horizon ?
Afrique : entre djihadisme et violence intranationale
Un Arctique « stratégique »
L’avenir de la guerre
Des « guerres climatiques » ?
Technologies et futur de l’homme dans les opérations
Conclusion
Avenir de la guerre, avenir de la paix
Annexes
Glossaire
Bibliographie
Les auteurs
Préface
L
a précédente édition de l’Atlas stratégique, datant de 2018,
soulignait que si l’état de crise semblait constituer la nouvelle
normalité, le spectre de la guerre de grande ampleur en
constituait plus que jamais la toile de fond. Cinq ans plus tard, force
est de constater que le spectre est devenu réalité. L’agression à
laquelle s’est lancée la Russie contre l’Ukraine en février 2022
marque le passage d’une crainte diffuse à la nécessité de répondre
dans l’urgence à une situation que l’on espérait lointaine et dont les
signes avant-coureurs laisseraient le temps de s’y préparer. La
question des frontières en Europe était déjà posée par les conflits
qui avaient éclaté à la périphérie de l’ancienne Union soviétique
dans le Caucase comme dans le Donbass. Elle l’a été de manière
encore plus éclatante par l’annexion formelle de la Crimée puis
d’une large fraction de la partie méridionale de l’Ukraine par la
Russie, avec son cortège d’atrocités, de destruction et de migration
forcée. La guerre en Ukraine oppose l’une des deux premières
puissances nucléaires de la planète à une nation qui fait mieux que
se défendre grâce à son courage et à l’aide militaire considérable
que lui fournissent les Occidentaux. Que la Russie, membre
permanent du Conseil de sécurité, cible méthodiquement les
infrastructures civiles ukrainiennes afin de faire plier un peuple
qu’elle ne réussit pas à dompter militairement, constitue cependant
une étape supplémentaire dans le mépris des lois internationales.
Pour les Européens, le conflit rappelle que la dissuasion demeure
dépendante de l’alliance américaine et de la garantie de l’article V
de l’OTAN, si souhaitable que soit une plus grande autonomie
stratégique de l’Union : en témoigne de façon spectaculaire la
décision de la Suède et de la Finlande de mettre fin à leur politique
historique de neutralité. Les disparités dans l’aide apportée à Kiev
soulignent toutefois à quel point les modèles d’armée européens
doivent être repensés à la mesure des enjeux. Ce conflit multiforme,
dans lequel la Russie cherche à utiliser tous les leviers possibles,
notamment politiques et économiques, à sa disposition, confirme en
tout cas le diagnostic qui était porté sur le caractère désormais
hybride de tout affrontement entre puissances, où chacun vise à
affaiblir l’autre, que ce soit par des sanctions qui vont à l’encontre
du processus de mondialisation globale d’un côté, des opérations
cyber, de désinformation, de chantage énergétique voire de
sabotage de l’autre. L’invasion russe et ses ratés spectaculaires ne
manqueront pas d’être étudiés avec la plus grande attention par les
dirigeants chinois, pour lesquels la conquête de Taïwan semble
constituer non pas une formule rhétorique mais un véritable objectif
militaire à une échéance moins lointaine qu’on ne pouvait le penser
il y a quelques années. D’autant que la pression militaire constante
qu’exerce la République populaire de Chine, loin d’induire les
Taïwanais à la soumission sans combat, semble plutôt les
galvaniser. Certes le foyer européen est actuellement le plus aigu
mais la nostalgie impériale de la Russie constitue à certains égards
un anachronisme : c’est en Asie que se situe la compétition
majeure, où les gesticulations nord-coréennes contribuent à
maintenir en permanence un niveau de tension élevé, sur fond
d’engagement américain accru et de réarmement japonais. L’Afrique
et le Moyen-Orient ne sont pas oubliés dans ce panorama où le
terrorisme demeure actif. Le pourrissement de la situation dans le
Sahel touche directement notre pays, contraint de repenser sa
stratégie et son dispositif militaire en fonction d’une nouvelle donne
politique que Moscou s’active à promouvoir à nos dépens. Le
Moyen-Orient, quant à lui, illustre le rôle croissant d’acteurs pour
lesquels le terme de puissance moyenne tend à devenir obsolète.
Alors que la Turquie entend jouer la carte militaire contre les Kurdes
qui ont tant contribué à la défaite de Daech et que la politique
israélienne est de plus en plus influencée par une droite
intransigeante, l’accession de l’Iran à une forme plus ou moins
complète de capacité nucléaire militaire, en consacrant de manière
spectaculaire l’affaiblissement de l’influence américaine dans la
région, ne peut qu’entraîner une redistribution des cartes. Autant
dire qu’en donnant un nouvel « instantané » de la situation
mondiale, cet atlas stratégique conçu sous la direction de Bruno
Tertrais permet d’appréhender les dynamiques à l’œuvre, avec leur
lot d’accélération et parfois de surprise inhérent à toute histoire en
cours.
Bruno Racine
Bruno Tertrais
INTRODUCTION
L’éternel retour de la guerre
I
l existe un paradoxe de la guerre. Le nombre de conflits dans le
monde est plutôt en régression, et la proportion des victimes
des guerres est sans doute la plus faible depuis les débuts de la
civilisation. Pourtant, on évoque régulièrement un « retour de la
guerre ». Les conflits, même peu nombreux, sont très médiatisés et,
avec le développement des nouveaux moyens de communication,
attirent quotidiennement l’attention des opinions. La fin de la guerre
froide avait suscité l’illusion d’un nouvel ordre mondial pacifique.
Chaque épisode conflictuel fait ainsi figure de rappel de réalités
douloureuses : la persistance de l’incapacité des sociétés humaines
à régler pacifiquement leurs différends, la force des idéologies et
des passions qui animent la volonté de combattre.
Renseignement, systèmes
d’information et soutien
Disposer de brillants généraux et d’excellentes unités de
combat ne suffit pas au succès des opérations. Trois
fonctions sont absolument vitales pour leur exécution : le
renseignement, le soutien, et les systèmes d’information et
de communication.
Le renseignement
Le renseignement est une information ou une évaluation nécessaire
à la prise de décision et visant une cible « non coopérative »
(ennemi, environnement) nécessitant un travail de recherche et
d’analyse. Il appuie différents cercles institutionnels : décideurs
politiques, forces armées (on parle alors de « renseignement
d’intérêt militaire »), forces de police et justice. Il peut revêtir des
formes assez variées : note ou briefing de situation, documentation,
analyse de systèmes ou de réseaux, évaluations thématiques ou
géographiques, etc. En règle générale, son élaboration procède
d’un cycle d’activités. Il s’agit tout d’abord d’orienter les efforts de
renseignement en hiérarchisant les besoins des différents « clients ».
Si le renseignement n’est pas déjà disponible, les opérations de
recherche des informations manquantes sont exécutées. Dans les
domaines stratégique et militaire, cette recherche passe par
l’orientation des « capteurs » : capteurs d’imagerie des aéronefs et
des satellites, dispositifs d’interception et de localisation des
émissions radars et des télécommunications ; agents ou unités de
reconnaissance, renseignement d’origine cyber. L’information
recueillie peut nécessiter un traitement (interprétation des images,
traduction des écoutes, etc.). Certains capteurs tactiques (drones
par exemple) sont gérés de façon dynamique et fournissent des
informations en temps proche du réel aux centres opérationnels.
L’information est ensuite exploitée pour produire le renseignement.
Cela étant, la plus grosse partie des informations provient de
sources ouvertes. Les échanges de renseignement avec d’autres
agences et services sont également d’une importance critique.
Le milieu terrestre
Dans un monde hautement connecté et globalisé, l’idée de
territoire reste plus vivace que jamais. L’environnement
terrestre est perçu comme un enjeu majeur, y compris
dans nos sociétés occidentales ; les forces terrestres
reprennent donc une place centrale.
Le milieu maritime
La mer a toujours eu une importance critique pour la
prospérité des puissances. Son contrôle, ou son
interdiction à l’adversaire, revêt donc un enjeu stratégique
majeur. Cet enjeu ne fait que croître : les lignes de
communication, puis les réseaux de câbles sous-marins
sont devenus les artères vitales du système économique
mondialisé. Les ressources halieutiques d’hydrocarbures
ou minérales sont toujours plus sollicitées pour satisfaire
les sociétés. Cet enjeu sous-tend une prolifération des
forces navales alors que le combat naval connaît
d’importantes transformations.
La « bipolarité » des opérations
La stratégie navale s’articule selon une bipolarité entre deux
aptitudes de temps de guerre : le contrôle de la mer et son
exploitation à des fins de projection de force vers la terre, apanage
des puissances maritimes (ex. : Grande-Bretagne, États-Unis) et
l’interdiction de ce milieu à l’adversaire (contribuant à ce que l’on
nomme depuis 15 ans le « déni d’accès ») auquel se limitent les
puissances continentales. Les opérations navales incluent
également les activités de temps de paix : le déploiement avancé à
des fins d’influence et de soutien à la diplomatie, le renseignement,
mais aussi les activités de sécurité maritime : lutte contre la
piraterie, le terrorisme, les trafics, la pollution, police des mers,
sauvetage et assistance en mer.
La prolifération des capacités
Aujourd’hui, une force navale complète comprend une composante
aéronavale, des aéronefs embarqués sur porte-avions ou porte-
aéronefs et/ou basés à terre, une composante de surface mettant
en œuvre croiseurs, destroyers et frégates lance-missiles
polyvalents, une composante sous-marine disposant
éventuellement de sous-marins à propulsion nucléaire lance-engins
(la composante de la dissuasion nucléaire), de sous-marins
d’attaque eux aussi à propulsion nucléaire (pour les mieux dotés) ou
à propulsion diesel électrique, une composante amphibie en mesure
de projeter des forces terrestres et enfin des navires de second rang
garantissant la sécurité maritime.
La transformation du combat
Le combat naval connaît une transformation importante. Les
missiles antinavires affichent des portées croissantes de plusieurs
centaines de kilomètres. Les missiles supersoniques et, dans la
prochaine décennie, hypersoniques, confèrent un avantage évident
à l’attaquant. Les armes à énergie dirigée vont faire leur apparition,
au moins initialement pour la défense contre les cibles peu
protégées. Le combat naval est devenu « multi-domaines », tirant
parti de la guerre électronique, des capteurs spatiaux et des
opérations dans le domaine cyber. L’action des bâtiments va être
prolongée par les drones non seulement aériens mais aussi de
surface ou sous-marins, à des fins de renseignement, de lutte anti-
sous-marine et de lutte anti-mine. La révolution est aussi
informationnelle : démultiplication des masses de données des
capteurs de nouvelle génération, des capacités informatiques
embarquées en mesure de les traiter, intégration des unités dans de
vaste clouds de combat, etc.
Le milieu aérien
Les opérations aériennes sont inventées de façon ad hoc
pendant le premier conflit mondial puis théorisées pendant
l’entre-deux-guerres. Toutes les grandes puissances y ont
aujourd’hui recours. Grâce à la rapidité et à l’allonge de
l’aéronef puis du missile, la « puissance aérienne » permet
d’étendre les effets directs de l’action militaire, de
comprimer le cadre espace-temps de la confrontation.
L’espace extra-atmosphérique
L’espace extra-atmosphérique est un milieu aux
caractéristiques physiques très particulières induisant des
contraintes spécifiques. D’un point de vue militaire et
stratégique cela suppose de penser les conditions
particulières de mise en valeur, d’occupation et
d’utilisation par rapport aux autres milieux (terre, mer, air,
mais aussi lieux hostiles : fonds sous-marins, etc.).
L’ espace est caractérisé par une vocation planétaire, qui en fait
un lieu d’expression géopolitique et d’enjeux stratégiques
majeurs : enjeux économiques et industriels de par son utilisation
massive et permanente dans nos sociétés contemporaines ; enjeux
militaires par la nature des technologies développées et utilisées
comme par les potentialités qu’il offre (surveillance, détection,
communications, armes spatiales…) ; enjeu symbolique car vecteur
d’une image de modernité et de maîtrise des hautes technologies ;
enjeux diplomatiques en raison des problématiques sécuritaires lui
étant associées et de l’image de puissance que son occupation
confère.
Cyberattaques et cyberconflits
Le cyberespace, s’il n’est pas un lieu de guerre à
proprement parler, est néanmoins devenu ces dernières
années l’un des principaux espaces de conflit. Offrant la
possibilité de se camoufler derrière des identités multiples
et empêchant, pour des raisons techniques, de
juridiquement remonter jusqu’au responsable des faits, il
permet une certaine liberté de manœuvre pour les États et
les organisations non étatiques les plus agressives.
La « privatisation » mondiale de la
sécurité
Depuis le 11 septembre, le marché des Entreprises de
services et de sécurité de défense (ESSD ou Private
Military and Security Companies (PMSCs en anglais)
progresse sur tous les continents, jusqu’en Chine. Les
Nations unies et l’Union européenne y ont recours dans
leurs opérations de maintien de la paix ou de protection de
leurs personnels et infrastructures. Elles sont et resteront
une réalité omniprésente sur l’ensemble des conflits.
Le renseignement
Afin de mieux cerner l’ennemi, ce secteur a nécessité le recrutement
massif de spécialistes parmi lesquels des linguistes, des
spécialistes d’aires régionales ou ethno-culturelles singulières, dont
le savoir-faire ne se trouvait que dans le secteur privé.
Missiles et antimissiles
Depuis les années 1940, les missiles balistiques font partie
de la panoplie militaire d’un nombre croissant d’États.
Alors que les missiles balistiques à longue portée
(3 000 km et plus) sont généralement réservés à l’emport
d’armes nucléaires, les systèmes de portée inférieure sont
plus systématiquement utilisés pour des frappes
conventionnelles, devenant un élément de frappe tactique
et stratégique de plus en plus courant.
Évolutions contemporaines de la défense antimissile
balistique
La naissance de la défense antimissile est quasiment concomitante
avec le développement des missiles balistiques à capacité
nucléaire. La menace balistique émergente étant alors
essentiellement représentée par des missiles de longue portée de
type IRBM (3 000-6 000 km) ou ICBM (+ 6 000 km), caractérisés par
une très grande vélocité, les premiers dispositifs antimissiles sont
systématiquement des vecteurs associés à ogives nucléaires,
seules capables d’engager ce type de cible.
La planète nucléaire
Un instantané de la planète nucléaire militaire mondiale en
2022 indique une forte continuité de cette histoire depuis
l’ouverture à la signature du traité sur la non-prolifération
des armes nucléaires il y a cinquante ans. Dans le détail, il
s’agit d’une réalité mouvante, tiraillée entre des intérêts
contradictoires. Leur exacerbation actuelle illustre que
l’arme nucléaire est bien un facteur déterminant des
relations internationales.
É É
États dotés, États non dotés
Entré en vigueur en 1970, deux années après son ouverture à la
signature, le traité sur la non-prolifération des armes nucléaires
(TNP) est aujourd’hui quasiment universel. Il répartit les États de la
planète entre États dotés de l’arme nucléaire (EDAN) et États non
dotés de l’arme nucléaire (ENDAN), les premiers garantissant de ne
pas aider les seconds à l’acquérir, les seconds s’engageant à ne
pas tâcher de les posséder. Ainsi, le TNP chercha en son temps à
acter la fin de l’histoire nucléaire en limitant les puissances
nucléaires à celles qui l’étaient alors, soit les États-Unis, l’URSS, le
Royaume-Uni, la France, la Chine. Cinquante années plus tard, la
planète nucléaire n’a pas beaucoup évolué, indiquant un succès
historique pour le régime de non-prolifération dont le TNP est
toujours la pierre de touche. Aux cinq États historiquement dotés au
sens du TNP se sont jointes trois puissances nucléaires non parties
au traité, que sont Israël – bien que le pays ne se reconnaisse pas
officiellement comme État nucléaire –, l’Inde et le Pakistan depuis
leurs essais nucléaires respectifs de 1998. Par ailleurs la Corée du
Nord, État partie au TNP depuis 1985 comme ENDAN, a annoncé
sa sortie du traité en 2003 et revendique depuis 2012 le statut d’État
possesseur de l’arme nucléaire, ce qu’attestent plusieurs
campagnes d’essais nucléaires menées entre 2006 et 2017. Outre
ces neuf États, la planète nucléaire est également composée, parmi
les ENDAN, d’un certain nombre d’États sous garantie nucléaire
d’un État doté – les États-Unis au premier chef, soit dans le cadre
d’une alliance multilatérale de défense (l’OTAN), soit dans le cadre
d’alliances bilatérales, telles qu’avec la République de Corée et le
Japon.
Prolifération, déprolifération
Cet instantané de la planète nucléaire en 2022 masque une réalité
en mouvement depuis la fin de la guerre froide. Outre quatre
nouveaux États possesseurs, le principal phénomène à l’œuvre
dans les années 1990 fut a contrario une dynamique de « dé-
É
prolifération » qui vit plusieurs États dotés de l’arme nucléaire
choisir alors de s’en défaire. Ce fut le cas de l’Afrique du Sud qui
démantela son arsenal avec la fin du régime d’apartheid ; ce fut le
cas de l’Ukraine, de la Biélorussie et du Kazakhstan dont les armes
entreposées sur leur territoire furent rapatriées en Russie à la chute
du bloc soviétique en Europe de l’Est. Ce n’est donc pas tant un
mouvement de prolifération nucléaire qui caractérise le monde
contemporain qu’un mouvement de recomposition de la planète
nucléaire sur un socle stable depuis le milieu des années 1960.
Un phénomène structurant
Le nucléaire militaire est un facteur toujours pertinent des relations
internationales de sécurité selon au moins trois modalités :
La dissuasion nucléaire
Neuf pays détiennent des armes nucléaires, dont cinq
puissances reconnues par le traité de non-prolifération
(TNP). Malgré leur statut contesté, ces armes sont
déployées dans l’optique de prévenir des agressions
majeures dans le cadre de doctrines de « dissuasion » : il
s’agit d’être capable, en toutes circonstances, de menacer
un agresseur de dommages inacceptables au cas où les
intérêts « vitaux » du défenseur seraient atteints. Elles
peuvent également offrir un certain prestige aux États qui
en sont dotés, dans leurs relations extérieures ou aux yeux
de leurs populations.
Industries et exportations
d’armement
Dans un contexte de hausse des dépenses de défense au
niveau mondial, en particulier en Europe, en Asie et au
Moyen-Orient, les transferts d’armement connaissent une
croissance marquée. Les États producteurs et
exportateurs historiques font désormais face à la
concurrence de nouveaux entrants sur le marché de
l’armement, une situation contribuant à redessiner le
paysage industriel de défense mondial.
Des États clients en quête d’indépendance et
d’autonomie
Au cours de la dernière décennie le marché mondial de l’armement
a connu des mutations substantielles, avec l’entrée de la Chine,
puis plus récemment de la Corée du Sud, dans le premier cercle
des États producteurs et exportateurs d’équipements de défense,
historiquement dominé par les États-Unis et la Russie. De plus, le
nombre de pays aspirant à davantage d’autonomie et
d’indépendance dans le domaine de la conception, de la production
et de l’entretien des équipements de leurs forces armées (Pologne,
Turquie, Brésil, Inde, Corée du Sud, Japon, Australie, par exemple)
n’a cessé d’augmenter. Pour des États en quête d’un leadership
régional et d’une stature internationale, la détention d’une base
industrielle et technologique de défense (BITD) est en effet
considérée comme un facteur de souveraineté et de puissance.
Cette montée en compétences passe par la signature d’accords de
partenariats stratégiques (intergouvernementaux et interindustriels)
et des demandes d’offsets directs (transferts de technologies et de
savoir-faire) lors de la négociation de contrats majeurs
d’équipements (avions de combat, sous-marins, frégates, véhicules
blindés, systèmes de défense aérienne ou encore systèmes de
drones). Exportation et coopération vont ainsi de plus en plus de
pair.
L’environnement et la défense
Qu’elles soient navales, terrestres ou aériennes, les forces
militaires sont profondément ancrées dans leur milieu
respectif. Les changements de l’environnement naturel
modifient à de nombreux égards les pratiques des forces
armées, et ont désormais des conséquences sur
l’essentiel des activités des acteurs de la sécurité et de la
défense : prospective, missions, planification,
consommations énergétiques, conception des matériels…
Une prise en compte progressive
L’environnement naturel a été intégré progressivement par les
acteurs de la sécurité et de la défense. La refonte globale des
doctrines de sécurité après l’effondrement du bloc de l’Est a
conduit à identifier des risques et menaces plus diffus, non
gouvernementaux et non uniquement militaires, dont les aléas
naturels de forte intensité. Parallèlement à ce remodelage des
repères stratégiques, les perceptions de l’environnement ont
également évolué : d’un stock de ressources naturelles nécessaires
à des logiques de puissance ou du simple cadre aux activités
humaines, l’environnement devient une source potentielle
d’instabilités sociales, économiques, politiques pour les États et le
système international. Une série de catastrophes naturelles
majeures depuis 2004 (Indonésie, Nouvelle-Orléans, Japon…), liées
ou non au changement climatique, a confirmé la pertinence des
démarches de sécurisation de l’environnement. Et la mise en
évidence d’un changement climatique global par les publications de
synthèse du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution
du climat (GIEC), créé en 1988, a élargi la variété des risques
potentiels liés à l’environnement qui peut affecter la sécurité des
États et la stabilité régionale.
De l’asymétrie à l’hybridité
Une tendance lourde à la paramilitarisation des groupes est
observée depuis un quart de siècle. Les groupes engagés dans les
conflits et les guerres civiles de la décennie 2000-2010 sont équipés
comme leurs aînés des années 1970 avec des armes légères et de
petits calibres (fusils d’assaut, lance-roquettes, mortiers légers,
mitrailleuses légères et lourdes sur véhicule). Le type d’opération
menée joue sur donc sur l’asymétrie contre des forces régulières
plus puissantes par des actions de harcèlement (guérilla, terrorisme)
qu’il faut contrer par des stratégies de contre-insurrection ou miser
sur des tactiques d’évitement (Improvised Explosive Devices – IED)
difficiles à contrer. Les organisations les plus dynamiques dans
l’exploitation de leur ZAT sont en mesure d’accéder au stade de
proto-État et de détenir des capacités équivalentes à des forces
régulières (Tigres Tamoul au Sri Lanka avant leur destruction, Farc
en Colombie, Hezbollah au Liban Sud, Daech en Syrie et Irak…).
É
Avec l’aide de diasporas et d’États parrains, elles disposent
d’équipements lourds détournés ou achetés, ont accès aux
technologies de la précision (obus guidés, missiles de toute portée),
sont capables d’innover en termes techniques (drones
d’observation et d’attaque, guerre électronique rudimentaire) et
maîtrisent le combat de rencontre de type conventionnel ou en
milieu urbain (guerre de siège). Elles soutiennent leurs actions par
de solides campagnes d’influence (médias, réseaux sociaux, cyber)
et offrent ainsi un profil hybride, mêlant capacités de combat
conventionnel et non conventionnel à partir d’un territoire contrôlé
et exploité en termes de ressources et de population. Certaines
servent d’auxiliaires à des États dans leurs luttes indirectes et
bénéficient de meilleurs équipements et formations (Hezbollah et
Iran en Syrie…). Elles deviennent de ce fait des interlocuteurs
politiques incontournables.
La stratégie de défense
Si la diplomatie et la coopération internationale sont d’une grande
importance dans la sécurité des États-Unis, cette dernière repose
toujours principalement sur l’entretien d’une puissance militaire
inégalée, destinée à protéger le territoire national et à dissuader
toute agression contre les intérêts américains et les alliés. Après une
dizaine d’années d’adaptation à la contre-insurrection et au contre-
terrorisme, le DoD s’est réorienté progressivement à partir du début
de la décennie 2010 vers la préparation de conflits plus
conventionnels, cette dernière devenant clairement prioritaire à
partir de 2014. En cause, la réapparition de puissances militaires
équivalentes, en premier lieu la Chine et secondairement la Russie,
dont les ambitions « révisionnistes » sont identifiées par les
stratégies de sécurité de 2017 et 2022 comme les menaces
principales à l’ordre international. Sur le long terme, la « compétition
stratégique » avec la Chine pour le leadership mondial est le
déterminant principal de cette stratégie de sécurité américaine. Le
concept principal la structurant est celui de la dissuasion intégrée
(Integrated Deterrence) combinant dispositifs nucléaire,
conventionnel, informationnel (etc.), en mesure de dissuader les
velléités agressives de Pékin et Moscou sur l’ensemble du spectre
de la conflictualité. Les stratégies de défense (National Defense
Strategy, NDS) de 2018 puis de 2022, confirment donc la priorité à
la reconstitution des capacités de combat. Cela implique de
reprendre la modernisation des équipements à court terme et de
soutenir l’investissement dans les technologies jugées décisives
pour l’avenir : systèmes autonomes et intelligence artificielle, armes
hypersoniques, armes à énergie dirigée, forces spatiales, etc.
L’insertion rapide de ces technologies, souvent civiles, dans les
capacités militaires est devenue aussi une obsession des hiérarques
du Pentagone et des parlementaires. Sur le plan des concepts, les
Américains envisagent un espace de manœuvre étendu dans lequel
leurs forces terrestres, aériennes, navals, spatiales et cyber doivent
gagner en efficacité en intégrant mieux leurs actions, y compris au
niveau tactique (concept de Joint All Domain Operations), et en
résilience, en particulier avec la dispersion (Distribution) de leurs
dispositifs.
L’emploi des forces
Environ 200 000 militaires et civils de la défense américaine étaient
déployés à l’étranger et en mer en septembre 2022. Après les
grandes campagnes de contre-insurrections post-11 septembre
2001, en Irak et en Afghanistan qui ont beaucoup usé cet appareil
militaire, l’interventionnisme américain est dans une période de
rétractation structurelle, au moins dans les intentions. De fait, les
crises internationales ont régulièrement amené Washington à
réengager ses forces : destruction de l’emprise de l’État islamique
en Irak et Syrie au milieu de la décennie, poursuite des opérations
spéciales contre les djihadistes au Moyen-Orient et en Afrique. Alors
que les États-Unis désengageaient leurs forces d’Europe il y a dix
ans, l’annexion de la Crimée par la Russie les a poussés à renforcer
à nouveau leurs déploiements par rotation en Europe dans le cadre
de l’OTAN, des déploiements qui se sont nettement accentués dans
le contexte de l’invasion russe en 2022. En raison de ces crises, le
« rééquilibrage » sur l’Asie-Pacifique pour faire face à la Chine s’est
plus traduit par une modernisation des capacités que par un
accroissement massif du volume de force déployé.
Bruno Tertrais
L’OTAN
L’OTAN est l’organisation militaire de l’Alliance atlantique. Ses
forces restent, en temps de paix, sous commandement national.
Les seules opérations permanentes de l’OTAN sont la police du ciel,
la défense antiaérienne et la surveillance maritime. Elle est
organisée en deux « grands commandements ». Le plus important
des deux est en Belgique (Mons) : le commandement suprême des
forces alliées en Europe, un officier américain, à la charge de la
défense du continent. Aux États-Unis (Norfolk), le commandement
de la transformation prépare les forces aux engagements du futur.
Dans les trois pays du Sahel, des milliers de personnes ont été
tuées, plus de deux millions ont été déplacées et des dommages
dévastateurs ont été infligés à ces sociétés fragiles. La France et
d’autres missions de maintien de la paix opéraient au Mali depuis
près de dix ans comme un rempart contre la propagation de la
violence islamiste. Mais après deux coups d’État au Mali, la junte
militaire s’est rapprochée de Moscou et a autorisé des mercenaires
russes à opérer. Cela a dégradé les liens avec les partenaires
occidentaux. La France a retiré ses troupes dans le cadre de sa
mission anti-djihadiste Barkhane.
Nouvelles armes au service du terrorisme
Les acteurs terroristes sont constamment en recherche
d’innovations. Pour ce motif, ils observent les progrès
technologiques, non seulement militaires, mais aussi civils et tentent
de les maîtriser afin d’améliorer leurs pratiques opérationnelles ou
leur propagande. Ainsi, l’émergence des drones civils,
professionnels ou de loisir, en particulier de la société chinoise DJI,
ou une prolifération de drones iraniens auprès d’organisations
alliées (Hezbollah, Hamas), sont observés depuis le milieu des
années 2010. L’utilisation actuelle de ces mêmes drones dans le
conflit ukrainien donnera des idées d’emploi supplémentaires, au
même titre que l’amélioration régulière des performances des
drones civils (vitesse, portée, emport, automatisation).
Ainsi, aussi bien les drones que les armes 3D représentent donc une
des évolutions émergentes de la menace terroriste à travers le
monde.
Valérie Niquet
Le Moyen-Orient et le Golfe :
entre crise et mondialisation
Depuis une vingtaine d’années, on assiste à une lente mais
évidente dégradation des termes de la sécurité sur
l’espace Moyen-Orient-Golfe arabo-persique tout en
assistant au développement économique des États du
Golfe.
Le Proche-Orient en crise
La situation au Proche-Orient se caractérise par une
reconfiguration des rapports de force et une perte de
centralité du Proche-Orient à la faveur des pays du Golfe.
Un des éléments structurants en est la tension entre l’Iran,
Israël et les monarchies de la péninsule arabique.
Le Liban, État failli, a été et demeure le lieu d’une confrontation
entre l’Iran, à travers le Hezbollah et l’Arabie saoudite même si cette
dernière est moins impliquée en raison de la domination, à ses yeux,
de Téhéran sur la scène politique. Le camp sunnite libanais se
retrouve privé de l’appui de Riyad qui a cessé de soutenir l’ancien
premier ministre Saad Hariri considéré comme incapable de tenir
tête au Hezbollah. Son successeur Miqati a donné des signes de
bonne volonté en médiatisant des saisies record de Captagon
(amphétamine fabriquée en Syrie et largement diffusée dans les
pays du Golfe) qui ont un impact négatif sur les populations du
Golfe.
Un Arctique « stratégique »
Au cœur de la confrontation entre l’Union soviétique et les
États-Unis, la région arctique ne constituait plus un enjeu
stratégique depuis la fin de la guerre froide. Mais l’Arctique
subit depuis les années 1980 des changements
environnementaux abrupts. Ces transformations avaient
déjà eu des incidences sécuritaires qui impliquent une
présence renforcée de forces militaires ou de sécurité dans
cette région. L’invasion russe de l’Ukraine en février 2022
fait entrer l’Arctique dans une période d’incertitude
sécuritaire et de gouvernance.
CONCLUSION
Avenir de la guerre, avenir de la
paix
L
a guerre et la paix changent de formes : les médiations et les
opérations de maintien de la paix se sont multipliées depuis
la fin de la guerre froide ; les conflits, s’ils restent souvent
primitifs, voient les technologies modernes être de plus en plus
utilisées par les belligérants, États et acteurs non étatiques. Si la
guerre semble avoir un « bel avenir », certaines tendances n’en
montrent pas moins une diminution de la conflictualité sur le long
terme.
La guerre du futur
La numérisation du champ de bataille n’en est qu’à ses débuts.
Demain, les soldats de l’infanterie auront chacun leur microterminal,
multipliant l’efficacité de leur action. Les drones sont appelés à
jouer un rôle de plus en plus important, dans les airs et dans les
mers, et agiront en « essaims », capables de prendre des décisions
autonomes (intelligence artificielle). Les opérations verront la mise
en œuvre de réseaux de petites unités (capteurs, effecteurs). La
robotisation terrestre arrivera un jour, permettant le développement
de petites plates formes permettant de porter le feu chez
l’adversaire sans risque de pertes humaines. Mais on en est encore
loin. Et ce n’est pas un robot qui fera le contact avec les
populations locales : la place de l’homme restera centrale. La
propulsion hypersonique se développera. Les nanotechnologies
devraient permettre l’amélioration de la protection des combattants
et des matériels, et le développement d’une nouvelle génération de
capteurs. Les progrès de la médecine continueront d’accroître
l’efficacité des combattants.
GLOSSAIRE
Accord de défense. Texte donnant un cadre juridique aux activités
de coopération en matière de défense, et comprenant parfois une
garantie de sécurité.
Acteurs non étatiques. Acteurs de la scène internationale autres
que les États et les organisations internationales : groupes
terroristes, ONG, réseaux criminels, médias, firmes
transnationales…
Arme nucléaire. Arme reposant sur le principe de la fission (bombe
A) ou de fusion (bombe H) des atomes.
Arme thermonucléaire. Arme reposant sur le principe de fusion
des atomes (bombe « H » pour hydrogène).
Armes à énergie dirigée. Armes capables d’émettre de l’énergie
dans une direction souhaitée sans faire appel à des projectiles
(lasers, micro-ondes, plasmas…).
Armes à sous-munitions. Projectiles destinés à disperser des
munitions explosives sur une large zone.
Armes conventionnelles. Appelées aussi « armes classiques », se
distinguent des « armes de destruction massive » et d’autres
moyens plus modernes (cyber, etc.).
Armes de destruction massive. Par convention (ONU), les moyens
nucléaires, chimiques, biologiques et radiologiques.
Arsenalisation. Implantation, déploiement d’armes ; néologisme
correspondant à l’anglais weaponization ; se distingue de la
militarisation, terme plus général.
Asymétrie. Disparité des buts de guerre, de la nature des moyens
et des modes d’action utilisés.
Attaque préemptive. S’en prendre à un adversaire alors qu’il est
sur le point de le faire lui-même ; peut ainsi relever de la légitime
défense.
Attaque préventive. S’en prendre à un adversaire pour éviter qu’il
ne le fasse, et sans qu’il ait lui-même manifesté l’intention de le
faire ; ne relève pas de la légitime défense.
Autonomie stratégique. Aptitude à décider et à agir militairement
sans recours à un allié ou à un concours extérieur.
BITD. La Base industrielle et technologique de défense désigne
l’ensemble des activités scientifiques, technologiques et
industrielles qui concoure au développement des équipements
relatifs à la défense.
Capteur. Élément central d’un système de détection (radar, optique,
infrarouge…).
Contrat opérationnel. Objectif donné à une force armée en temps
de paix ; ex. : être en capacité de déployer 5 000 hommes en trois
jours.
Défense antimissile. Ensemble des moyens mis en œuvre destinés
à assurer la protection des territoires nationaux et de leurs
populations ainsi que les forces armées déployées sur les théâtres
d’opération.
Défense collective. Système d’alliance visant à se défendre contre
une agression extérieure.
Déni d’accès. Le concept d’A2/AD (Anti-Access/Area Denial) décrit
les actions mises en œuvre par un acteur contrôlant un territoire
pour en interdire l’accès.
Dissuasion. Mode de prévention de l’agression visant à décourager
un adversaire d’y avoir recours, en le persuadant que le coût serait
supérieur au bénéfice escompté.
Djihadisme. Désigne les idées et l’action des fondamentalistes
extrémistes qui recourent au terrorisme en se réclamant de la notion
islamique de djihad.
Domaines. Ensemble des champs opérationnels produisant des
effets. Ils comprennent les champs de la lutte (les milieux
géographiques ainsi que le cyber), plus les moyens de la puissance
(militaire, diplomatie, économie, influence, etc.).
Drone. Engin mobile, sans équipage embarqué, programmé ou
télécommandé, et qui peut être réutilisé.
Entrée en premier. Ensemble des opérations conduites dans le but
de pénétrer ouvertement un espace sans y avoir été précédé par
des éléments amis.
Fonction stratégique. En France, principaux rôles des moyens de
défense et de sécurité (dissuasion, protection…).
Furtivité. Caractéristiques d’un engin terrestre, aérien ou naval, qui
le rendent très difficilement détectable.
Garantie de sécurité. Engagement de protection (envers un allié)
ou de non-agression.
Groupe aéronaval. Force composée autour d’un porte-avions et
pouvant comprendre des frégates, des pétroliers-ravitailleurs, etc.
Groupement tactique interarmes (GTIA). Concept français
désignant une unité militaire composée d’éléments de plusieurs
« armes » (ex. : infanterie, cavalerie, etc.).
Groupes armés terroristes (GAT). Concept français qui décrit,
depuis 2013, les groupes armés de la région sahélo-saharienne
recourant au terrorisme.
Guérilla. Terme emprunté à l’espagnol utilisé pour décrire des
combats d’unités mobiles et flexibles pratiquant une guerre de
harcèlement, d’embuscades, de coups de main menée par des
unités régulières ou des troupes de partisans, sans ligne de front.
Guerre cybernétique. Modèle de conflit qui est apparu avec
l’arrivée sur la scène des nouvelles technologies de l’information et
de la communication (NTIC).
Haute intensité. Lorsque toutes les fonctions opérationnelles sont
susceptibles d’être activées; quand l’ensemble des moyens
classiques aéroterrestres mais aussi des capacités nouvelles dans
le domaine du cyber, du spatial et de l’informationnel sont prêts à
être engagés massivement.
Hybridité. Combinaison simultanée ou séquentielle d’actions
conventionnelles et non conventionnelles.
IED (Improvised Explosive Device). Les engins explosifs
improvisés sont des dispositifs rudimentaires employés,
généralement, par des groupes terroristes.
Intégration multi-milieux/ multi-champs (M2MC). Adaptation
française des concepts de Multi-Domain ou All-Domain Operations
américains. Devant être mise en œuvre à des degrés divers aux
niveaux stratégique, opératif et tactique, cette intégration porte sur
la tenue de situation, les effets, ainsi que sur les actions dans les
différents milieux (terre, air, mer, spatial et cyber) et dans les champs
informationnel et électromagnétique.
Interopérabilité. Compatibilité des équipements, des procédures
ou des organisations permettant à plusieurs systèmes, forces
armées ou organismes d’agir ensemble.
Maîtrise des armements. Démarche bilatérale ou multilatérale
visant à la limiter la croissance quantitative ou qualitative des
potentiels militaires de chaque partie et/ou leur déploiement dans
une zone donnée.
Mesures de confiance. Dispositions adoptées entre États pour
réduire le risque d’attaque surprise ou de mauvaise compréhension
des intentions adverses.
Métaux stratégiques. Métaux regroupant une cinquantaine
d’éléments considérés comme indispensables pour l’industrie et les
technologies de pointe.
Mines antipersonnel. Petits engins explosifs placés sous ou sur le
sol, destinés à tuer ou à blesser.
Missile balistique. Engin autopropulsé dans sa trajectoire initiale,
mais dont la trajectoire repose ensuite sur la force gravitationnelle.
Missile de croisière. Engin autopropulsé sur l’ensemble de sa
trajectoire, dont la propulsion est dite « aérobie ».
Missile hypersonique. Missile de vitesse supérieure à Mach 5.
NBIC (nanotechnologies, biotechnologiques, informatique et
sciences cognitives). Champ scientifique multidisciplinaire.
Numérisation. Adaptation des possibilités techniques offertes par
les nouvelles technologies de l’information et de la communication
et leur mise en œuvre coordonnée en vue d’optimiser l’efficacité des
forces.
Offsets. Compensations industrielles visant à soutenir la création de
capacités nationales de production d’armement chez l’État
acquéreur.
Opérations de soutien de la paix. Opérations visant à prévenir le
conflit, rétablir la paix, la maintenir ou la consolider.
Opérations en réseau. Opérations dont l’efficience opérationnelle
repose sur la mise en réseaux des acteurs et des systèmes, sur un
partage de la connaissance et une maîtrise du processus
décisionnel permettant une combinaison optimale.
Opérations interarmes. Opérations menées par une combinaison
de moyens provenant de différentes « armes » (ex. : infanterie,
cavalerie…).
Opérations interarmées. Opération mettant en œuvre des forces
de plusieurs composantes (ex. : moyens terrestres, moyens
aériens…) provenant d’un même État et agissant en commun pour
réaliser une mission unique.
Opérations multi-domaines. Opérations relevant de l’emploi
coordonné des moyens de toute nature pour une action sur
l’ensemble des capacités ennemies ; le concept vise à intégrer et à
combiner les effets des nouveaux domaines d’action militaire
(convergence des capacités entre domaines, environnements et
fonctions, dans le temps et l’espace informationnel, cyber et spatial)
dans les opérations interarmées aux niveaux opératifs et tactiques
avec un cycle décisionnel adapté, afin de surprendre, saturer ou
déstructurer l’adversaire.
Parapluie nucléaire. Désigne familièrement une garantie de
sécurité pouvant comprendre l’emploi de moyens nucléaires.
Partage du fardeau. Désigne familièrement le partage des
dépenses et des responsabilités dans un système de défense
collective.
Projection. Envoi de moyens militaires à distance de leur lieu de
stationnement habituel.
Prolifération. Expression désignant la multiplication des
armements, ou celle des détenteurs d’un certain type d’armement.
Réassurance. Expression américaine désignant les mesures prises
pour qu’un allié se sente protégé.
Sécurité collective. Système interétatique visant à garantir la paix
en son sein (se distingue ainsi de la défense collective contre une
attaque extérieure).
SIC. Systèmes d’information et de communication.
SNA. Les sous-marins nucléaires d’attaque, à propulsion classique
ou nucléaire, effectuent des missions de renseignement, de
protection et de chasse.
SNLE. Les sous-marins nucléaires lanceurs d’engins, à propulsion
nucléaire, sont dotés de missiles balistiques. Ils sont chargés d’une
mission de dissuasion nucléaire.
Stabilité stratégique. Expression américaine désignant un optimum
des relations entre États, en temps de paix (absence de course aux
armements) ou de crise (absence de risque d’escalade).
Stratégie. Art de coordonner l’action de ses forces politiques,
économiques, sociales et militaires dans le but d’atteindre, par la
persuasion ou la force, un objectif déterminé.
Marie-France Lathuile
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Tertrais Bruno, Les Guerres du climat. Enquête sur un mythe
moderne. Paris : CNRS Éditions, 2017.
LES AUTEURS
Antoine BONDAZ est chargé de recherche à la Fondation pour la
recherche stratégique (FRS). Il enseigne à Sciences Po Paris où il a
obtenu son doctorat. Il est spécialisé sur la politique étrangère et de
sécurité de la Chine et des deux Corées.
Frédéric COSTE est maître de recherche à la FRS. Ses travaux
portent notamment sur le développement des technologies de
sécurité et de défense. Il étudie la perception que le public en
développe et leur acceptation par les opérateurs. Ses analyses
intègrent également la gestion du changement et de l’innovation
dans les organisations militaires.
Jean-François DAGUZAN est chercheur associé à la FRS. Vice-
président de l’Institut Choiseul, il est également l’auteur de
nombreus articles et ouvrages : Les Armées du Moyen-Orient face à
Daech (MA Éditions, 2016), et La Fin de l’État-nation ? De Barcelone
à Bagdad (CNRS Éditions, 2016).
Stéphane DELORY est maître de recherche à la FRS. Il travaille sur
les questions antimissiles et balistiques.
Isabelle FACON est directrice adjointe de la FRS. Spécialiste de la
politique de défense et de sécurité russe, elle est également maître
de conférences à l’École polytechnique. Elle est l’auteur de La
Nouvelle armée russe (Les Carnets de l’Observatoire, L’Inventaire,
2021).
Florence GAILLARD-SBOROWSKY est chargée de recherche à la
FRS. Ses travaux portent sur les questions spatiales et s’inscrivent
dans l’étude des interactions entre technologies et société. Ils
portent plus particulièrement sur les pays émergents ainsi que sur
les problématiques transversales telles que le New Space, la
militarisation de l’espace, et la sécurité spatiale.
Philippe GROS est maître de recherche à la FRS. Ses travaux
portent sur les capacités militaires et les évolutions technico-
opérationnelles, les formes de conflits armés, la politique de
défense américaine et les méthodes d’analyse stratégique.
Benjamin HAUTECOUVERTURE est maître de recherche à la FRS.
Il est directeur technique chez Expertise France. Il est également
Senior fellow au Canadian Global Affairs Institute. Il a été maître de
conférences à Sciences Po Paris.
Marie-France LATHUILE est responsable du service de
documentation de la FRS. Elle est docteure en histoire.
Agnès LEVALLOIS, diplômée de l’INALCO et Sciences Po Paris,
est maîtresse de recherche à la Fondation pour la recherche
stratégique (FRS), vice-présidente de l’iReMMO et membre du
comité de rédaction de la revue Confluences Méditerranée. Elle
enseigne à Sciences Po Paris.
Annabelle LIVET est chargée de recherche FRS. Elle travaille sur
les questions liées à l’énergie et aux matières premières. Elle
prépare une thèse en géographie sur la sécurité énergétique en
Europe. Elle a contribué à l’ouvrage Dans l’urgence climatique :
penser la transition énergétique, sous la direction de M. Derdevet
(Gallimard, 2022).
Emmanuelle MAITRE est chargée de recherche à la FRS. Diplômée
de Sciences Po Paris, elle travaille sur les questions de non-
prolifération nucléaire, de dissuasion et de désarmement. Avant de
rejoindre la FRS, elle a travaillé en tant qu’assistante de recherche
au CESIM et à la Brookings Institution.
Jean-Luc MARRET est maître de recherche à la FRS. Il travaille sur
les problématiques État/non-État, ordre/violence, et en particulier
sur les problématiques de l’extrémisme violent, dont le djihadisme. Il
a récemment conçu, dirigé et évalué le programme AMAL de
prévention de la récidive djihadiste en milieu carcéral. Dernier
ouvrage paru : Histoire de djihad (Éd. des Équateurs, 2e édition,
2015).
Kévin MARTIN est chargé de recherche à la FRS, au pôle « Défense
& Industries ». Il est également intervenant dans le cadre de la
formation continue Panthéon-Sorbonne « Industries et marchés de
défense ».
Hélène MASSON est maître de recherche à la FRS, en charge du
pôle « Défense & Industries ». Ses travaux de recherche sont
centrés sur la politique et l’économie de l’armement. Rédactrice en
chef de la revue Défense&Industries, elle intervient à la Sorbonne, à
l’université de Bordeaux ainsi qu’à l’IHEDN.
Jean MASSON est chargé de recherche à la FRS à la suite
d’expériences en démobilisation, désarmement et réintégration en
République démocratique du Congo et Bosnie-Herzégovine. Il est
diplômé de Sciences Po Aix-en-Provence et de la School of Oriental
and African Studies (SOAS) de l’université de Londres.
Nicolas MAZZUCCHI travaille sur les questions liées à l’énergie, au
cyber, et aux matières premières. Il est docteur en géographie
économique et qualifié aux fonctions de maître de conférences.
Dernier ouvrage paru : Énergie, ressources, technologies et enjeux
de pouvoir (Armand Colin, 2017).
Jonathan-Jay MOURTONT est chargé de recherche à la FRS.
Officier de l’armée de l’air, ses travaux portent actuellement sur les
questions militaires, technologiques, de capacité opérationnelle, et
de sécurité en Asie du Sud-Est et en l’Asie de l’Est.
Elisande NEXON est maître de recherche à la FRS. Elle étudie les
problématiques liées à la lutte contre la prolifération des armes
chimiques et biologiques.
Valérie NIQUET est maître de recherche à la FRS. Spécialiste des
relations internationales et des questions stratégiques en Asie, elle
est également membre du Comité scientifique du Conseil supérieur
pour la formation et la recherche stratégique. Auteure de La
Puissance chinoise en 100 questions (Tallandier, 2017).
Jean-Jacques PATRY est chargé de mission à la FRS sur les
affaires militaires (concepts, doctrines, expérimentation). Il est
également directeur du Master 2 « Géopolitique et sécurité
internationale » à l’Institut catholique de Paris.
Bruno RACINE est président de la FRS. Ancien président de la
Bibliothèque nationale de France et du Centre Pompidou, il a
également dirigé le Centre d’analyse et de prévision du ministère
des Affaires étrangères.
Alexandre TAITHE est chargé de recherche à la FRS. Il travaille sur
l’intrication Eau-Énergie-Agriculture, la gouvernance de l’eau interne
et transfrontalière, et sur les implications sécuritaires des
changements environnementaux.
Bruno TERTRAIS est directeur adjoint de la FRS. Il est spécialiste
de géopolitique et des questions de sécurité internationale. Derniers
ouvrages parus : L’Atlas des frontières. Murs, conflits, migrations
(Les Arènes, 2016), La Revanche de l’histoire. Comment le passé
change le monde (Odile Jacob, 2017).
Nicole VILBOUX est chercheure associée à la FRS. Spécialisée
dans l’étude des politiques de sécurité des États-Unis, elle est
également chargée d’enseignement à l’Institut catholique de Paris.