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DOCUMENT GEOPOLITIQUE

Bertrand de Jouvenel :
« Le 21e siècle a vu le champ des relations
internationales s’étendre, parallèlement à
l’intensification et à la complexification des échanges,
entre des acteurs toujours plus nombreux. Aux
disciplines « classiques » que sont par exemple celles
du droit international et de la diplomatie, se sont
donc ajoutées des préoccupations nouvelles : la
mondialisation, depuis plusieurs décennies déjà, puis
des questions toujours plus nombreuses liées à
l’écologie humaine (environnement, énergie,
alimentation), aux progrès technologiques et au
développement tentaculaire et protéiforme des défis
sécuritaires. Toutes ces thématiques ont pour ainsi
dire gonflé le périmètre des relations internationales.
Il en découle des enjeux globaux qui appellent, par
leur ampleur, à une coopération internationale aussi
complexe que nécessaire. «Nous n´habitons plus la
même planète que nos aïeux : la leur était immense,
la nôtre est petite.».
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Bertrand Badie :
« Jusqu'à la fin de la Guerre froide, la compétition
entre puissances a fait l'histoire. Aujourd'hui, non
seulement elle est mise en échec, mais la faiblesse, à
l'origine de la plupart des conflits (à travers celle des
États ou du lien social), définit les enjeux
internationaux et produit la plupart des incertitudes
qui pèsent sur l'avenir. Le sens de la conflictualité
mondiale s'en trouve particulièrement bouleversé. Les
vieilles puissances peinent à l'admettre. Le système
international se transforme, inévitablement, sans que
les États n'en prennent la mesure : il intègre de
nouveaux acteurs et réécrit l'agenda international
jusqu'à faire des questions sociales les enjeux majeurs
de notre temps (démographie, inégalités, sécurité
humaine, migrations). »
Pascal Lorot
« Avec la fin de la Guerre froide, les capacités
militaires des États développés ne constituent plus, de
loin, le principal facteur de leur puissance sur la scène
internationale. La période des conflits directs et
frontaux, recourant à la puissance de feu et aux
capacités militaires entre puissances industrielles est
aujourd’hui révolue. Cette évolution est d’autant plus
affirmée que les difficultés démographiques et la
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sensibilité publique des pays occidentaux ne sont plus


guère favorables à l’idée de conflit 1, 2 . La puissance
s’exerce dorénavant de manière plus douce, sans
recours à la coercition ; elle se rapproche de ce que
Joseph S. Nye a qualifié de soft power 3 .
L’ouverture des frontières, la libéralisation des
échanges et les progrès de la technologie ont favorisé
l’apparition de firmes multinationales dotées de
stratégies mondiales. Aux côtés de leurs entreprises
nationales, les États se sont engagés dans des
politiques de conquête de marchés extérieurs et de
prise de contrôle de secteurs d’activité considérés
comme stratégiques. Au service des ambitions
nationales, les diplomates doivent aujourd’hui avoir la
double casquette, diplomatique et économique, ce qui
n’est pas sans leur poser de problèmes 4 . De fait, la
santé économique d’une nation est l’aune à laquelle
on juge désormais sa puissance. Dans ce monde en
train de devenir global, les intérêts économiques des
nations prennent l’ascendant sur leurs intérêts
politiques. Ce glissement signe l’ouverture d’une ère
nouvelle, celle de la géoéconomie »
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