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Théoricien de la guerre, prussien qui a vécu au 19ème dont l’influence s’étend tout au long du
19ème et du 20ème siècle.
Dans son ouvrage posthume, « De la guerre », publié à partir de 1832, Carl Von Clausewitz affirme
que la guerre est un « caméléon » puisqu’elle change sans cesse de formes. Sa théorie militaire reste
aujourd’hui une référence pour étudier les conflits de l’époque moderne mais aussi les guerres
actuelles.
Son ouvrage cherche à définir et appréhender la guerre dans sa globalité. Il élabore des concepts
comme ceux de « guerre absolue » ou de « guerre réelle ».
• « La guerre est un acte de violence destiné à contraindre l’adversaire à exécuter notre
volonté »
La guerre absolue selon Clausewitz est un modèle conceptuel : celui de la guerre durant laquelle la
violence se déchaîne jusqu’aux extrêmes, sans limite. Ce type de guerre est rare. Clausewitz prend
pour modèle les guerres révolutionnaires.
Dans la réalité, les guerres sont le fait d’États qui proportionnent leur effort et leur stratégie
militaire à l’objectif. C’est ce qu’il nomme la guerre réelle.
Par exemple, Clausewitz évoque la Guerre de Sept Ans (1756-1763), guerre « classique » opposant
deux coalitions. C’est l’une des premières guerres « mondiales » car les belligérants s’opposent en
Europe mais aussi dans les colonies. C’est une guerre régulière
• « La guerre est une simple continuation de la politique par d’autres moyens » « la guerre
n’est pas seulement un acte politique, mais un véritable instrument politique »
• Ce ne sont plus les nobles ou les mercenaires qui se battent, ce sont les citoyens, les soldats
• Il y a plus de soldats, donc c’est plus difficile de les contrôler = plus dangereux pour les
ennemis
• Il se bat avec son armée « la Grande Armée » recrutée par Conscription en France, et elle est
composée de volontaires étrangers
= enrôlement militaire d’une partie de la population d’un État.
Le modèle de Clausewitz suppose donc une guerre entre États. C’est l’art de la guerre réelle,
encadrée par le droit international. Cette forme de guerre classique est de plus en plus rare.
En effet, on voit aujourd’hui davantage de guerres irrégulières (ou asymétriques) : phénomènes de
guerillas aux combattants très mobiles, usage du terrorisme, conflits transcendant les frontières des
États, guerres civiles liées à l’absence d’État, etc.
Le terrorisme est une série d’actes volontairement médiatisés, prenant pour cibles des objectifs non
militaires afin de créer un climat d’insécurité et de peur chez les populations, en vue d’objectifs
idéologiques ou politiques.
Le terrorisme permet donc de contourner la puissance militaire des États. Les organisations
terroristes mènent une guerre irrégulière à dimension idéologique (l’islamisme dans le cas d’Al
Qaïda).
Les moyens de lutte sont donc difficiles à déterminer. Il n’est pas question de duel, tel que défini par
Clausewitz. La guerre menée par Al Qaïda ou Daesh est entretenue par la menace d’attentats,
davantage que par des combats. L’impact psychologique dépasse les effets stratégiques
conventionnels. Cependant, les cibles sont bien des États.
Cependant, comme Al Qaïda, Daesh se caractérise par sa manière de mener des guerres
irrégulières : méthodes de guérilla, infériorité numérique entraînant une guerre par la terreur,
absence de distinction entre civils et militaires, etc.
En conclusion, on constate que les thèses de Clausewitz sont en partie dépassées. Cependant, elles
restent pertinentes sur certains aspects. La guerre irrégulière n’est pas totalement inconnue au
XIXe siècle. On a des exemples de guérillas (« petite guerre ») menées face aux troupes de
Napoléon.
Plus généralement, la distinction de Clausewitz entre guerre absolue et guerre réelle, élaborant une
échelle dans l’implication des acteurs, reste utile dans la lecture actuelle des conflits. Enfin,
n’oublions pas que les acteurs non conventionnels, y compris terroristes, conservent un objectif
avant tout politique.