Vous êtes sur la page 1sur 31

Séance 3 : mais est remis en cause

par l’émergence des guerres


irrégulières …. (2 heures)

Objectif : Analyser et comprendre la


notion de guerre irrégulière et la remise
en cause du modèle de Clausewitz par
les mouvements terroristes islamistes.

Problématique : En quoi les


nouvelles formes de conflits
dominantes à la fin du XX ème siècle
remettent-elles en cause le modèle
des guerres entre États ? Quelles
réponses à ces nouvelles formes de
guerres ?
Document 1 : Qu’est-ce qu’une guerre irrégulière ?
« [La guerre irrégulière] mêle les combattants aux populations et laisse la
violence se développer au sein même des sociétés et non seulement entre les
nations. [...] Dès lors qu'une armée régulière émane d'une conception moderne
de l'État comme dépositaire du monopole de la violence légitime, toute action
armée non étatique apparaît, de fait, comme irrégulière. [.,.] La motivation
politique du partisan le distingue en revanche du soldat moderne, technicien
de la violence, toujours soumis à l'autorité civile. [...] Au lieu de fonder son
succès sur la destruction des forces armées ennemies, l'irrégulier privilégie
l'érosion de la volonté de l'adversaire, la sape de ses "arrières", qu'ils soient
militaires (guérilla), logistiques (sabotage) ou psychologiques (propagande,
terrorisme).»

Elle Tenenbaum, Partisans et centurions, une histoire de la guerre irrégulière


au XXe siècle,
Perrin, 2018.
Qu’est-ce que la guerre irrégulière ?

Guerre irrégulière : guerre caractérisée par la mobilité et la


guérilla. Ses combattants se mêlent à la population civile et
recourent au raid et à l'embuscade. La guerre irrégulière est à la
fois une guerre « sans front » et une guerre « sans
frontière ».

Guerre irrégulière ou guerre asymétrique ? Une guerre est


irrégulière lorsqu'elle est menée par des combattants
n'appartenant pas à une armée régulière, ne relevant pas d'un
État.
Depuis la guerre du Vietnam à la place de guerre irrégulière, les
stratèges américains utilisent plutôt le concept de « guerre
asymétrique » pour désigner les affrontements entre un faible et
un fort et l'emploi par le premier de méthodes différentes
pour surprendre son adversaire.
Quels peuvent être les synonymes de guerre irrégulières ?

Guérilla : guerre d'actions ponctuelles, menées par un petit groupe de


combattants très mobiles contre une armée en
mouvement ou sur un territoire stratégique.

Guerre asymétrique : guerre caractérisée par un rapport de force


inégal entre deux camps ; elle oppose souvent l'armée
d'un État à un groupe suivant une idéologie et menant une guerre irrégulière
(guérilla, terrorisme). Depuis la guerre du
Vietnam à la place de guerre irrégulière, les stratèges américains utilisent
plutôt le concept de « guerre asymétrique » pour
désigner les affrontements entre un faible et un fort et l'emploi par le premier
de méthodes différentes pour surprendre son
adversaire.

Guerre révolutionnaire : guerre mobilisant toutes les formes de lutte


(terrorisme, guérilla, guerre classique, guerre
psychologique) pour aboutir au renversement de la classe sociale
dominante.
Après 1991 et la fin de la guerre Froide, ce type de guerre
devient majoritaire.
La guerre irrégulière ne respecte pas le droit de la guerre.
Droit de la guerre : règles visant à limiter la violence militaire et
à protéger les prisonniers de guerre et les civils des
mauvais traitements condamnés comme crimes de guerre
(assassinat, viol, pillage, déportation, destruction). Elles ont
commencé à être fixées par les conventions de Genève
(1864,1906,1929) et de La Haye (1899,1907) et constituent
aujourd'hui le droit international humanitaire.
Elle se fait souvent sans déclaration préalable et les règles de la
guerre sont violées, tant par les acteurs non étatiques
que par les États qui les combattent.
En quoi les nouvelles formes de conflits apparues à la fin du
XXème siècle remettent -elles en cause le modèle des guerres
entre Etats ? Quelles réponses à ces nouvelles formes de
guerres ?
Les États-Unis tentent de garantir la paix : soutien au Koweït agressé
par l’Irak en 1990, accords d’Oslo en 1993.
Vers un « choc des civilisations » ? Utilisant cette expression dans un
article paru en 1993, le politiste américain
Samuel Huntington affirme que la guerre a changé d’échelle et de
nature : les conflits n’opposeraient plus les nations
mais des civilisations se définissant avant tout par la religion.
A / Pourquoi les guerres irrégulières ?
Document 2 : Guerres irrégulières et IDH.
Document 3: Mao Zedong,
théoricien et
praticien de la guerre irrégulière
Entre 1927 et 1949, la Chine subit à
la fois les guerres extérieures comme
l'invasion japonaise (1931-1945) et la
guerre civile à laquelle se livrent
l'armée officielle du gouvernement
nationaliste de Tchang Kaï-chek et
l'armée irrégulière du Parti
communiste chinois de Mao Zedong.
Ce dernier théorise la guerre
révolutionnaire. En 1949, la fuite du
gouvernement nationaliste à Taïwan
ouvre les portes du pouvoir à Mao.

Mao Zedong à cheval avec ses partisans pendant la guerre civile, 1947
B / En quoi les actions menées par Al-Qaïda et Daech sont -
elles emblématiques des guerres irrégulières du début du
XXIème siècle ? (Vers la dissertation)
Document 1 : Définir le terrorisme contemporain
[C'est] une séquence d'actes de violence dûment planifiée et
fortement médiatisée, prenant délibérément pour cible des objectif non
militaires afin de créer un climat de peur et d'insécurité, d'impressionner
une population et d'influencer les décideurs. [...] Le terrorisme constitue
une méthode de lutte non conventionnelle s'inscrivant dans un rapport
de force asymétrique. Schématiquement, on pourrait résumer le
fondement de l'action terroriste comme suit : un nombre le plus réduit
possible d'individu cherche à provoquer un maximum d victimes, de
manière la plus médiatisée possible afin de générer le maximum de
terreur/ émotion parmi les survivants/spectateurs
[ .. .]. II vise prioritairement des cibles de nature civile : lieux publics,
commerciaux, religieux, sportifs, symbolique [...] ou points nodaux de
gestion des flux de toutes sortes qui innervent les sociétés
contemporaines.

Jean-Marc Balencie,« Les mille el un visages du terrorisme


contemporain » Questions
internationales n°8,juillet-août 2004.
Document 2 : Le terrorisme islamiste djihadiste dans le monde
Djihadisme ou jihadisme: mouvement politico-religieux, fondé sur une lecture littérale
des textes religieux de l'islam, qui cherche à conquérir par la violence et la rapidité des
populations et des terres non encore musulmanes

Djihadisme ou jihadisme : courant violent de l'islamisme prônant le jihad, guerre sainte


contre l'Occident et contre les musulmans qui ne partagent pas ses convictions.

Islamisme : idéologie souhaitant fonder l'État et la société sur la loi Islamique [charia).

Qu’est-ce que le terrorisme ?

Terrorisme : usage de la violence (assassinats, attentats...) dans un but


politique.

Quels sont les objectifs et les méthodes du terrorisme contemporain ?


Qu’est-ce que l’islamisme et le djihadisme ?
Quels évènements favorisent le terrorisme islamiste djihadiste dans le
monde ?
C / Quelles réponses des États et de la communauté
internationale face aux guerres irrégulières
1 / Faire la guerre au terrorisme par la guerre d’intervention.
Document :
Les chefs d'État réagissent aux attentats
Les attaques délibérées et meurtrières qui ont été menées hier contre notre pays étaient plus
que des actes de terreur. Ils étaient des actes de guerre. Cela nécessitera de notre pays qu'ils
s'unissent dans une détermination inébranlable et de la décision. La liberté et la démocratie
sont attaquées.
Déclaration de George W. Bush, président des États-Unis, le
12 septembre 2001, au lendemain des attentats du World
Trade Center et du Pentagone.

Mes chers compatriotes, ce qui s'est produit hier à Paris et à Saint-Denis près du Stade de
France, c'est un acte de guerre et face à la guerre le pays doit prendre les décisions appropriées.
C'est un acte de guerre qui a été commis par une armée terroriste, Daech, une armée de
jihadistes, contre la France, contre les valeurs que nous défendons partout dans le monde,
contre ce que nous sommes, un pays libre qui parle à l'ensemble de la planète. C'est un acte de
guerre qui a été préparé, organisé, planifié de l'extérieur et avec des complicités intérieures que
l'enquête permettra d'établir.
Déclaration de François Hollande, président de la République française, après
les attentats du 13 novembre 2015 à Paris.
Document : Mobiliser la communauté internationale
dans des opérations militaires
La coalition occidentalo-arabe en Irak et en Syrie contre l'OEI [organisation État islamique]
se constitue en 2014. L'objectif est de tenter de limiter les moyens militaires et d'action
politique de l'organisation terroriste. [...] Cette coalition internationale, dirigée par les
États-Unis, est composée de vingt-deux pays dont les principales armées sont européennes,
d'Australie, du Canada, d'Arabie Saoudite, de Jordanie, du Qatar, du royaume du Bahreïn et
des Émirats arabes unis. [...] Dans cette nouvelle guerre contre le terrorisme, les États
membres de la coalition internationale ne poursuivent pas tous les mêmes objectifs. Pour
les pays arabes, il s'agit d'éliminer une menace, Daech, qui a proclamé vouloir s'attaquer
aux États arabes « impies ». [...] Parmi les pays occidentaux, les divergences sont à la fois
diplomatiques et géopolitiques. Pour les États-Unis, il s'agit d'affirmer son hégémonie en
matière militaire ; pour la Russie, d'un retour en force au Moyen-Orient pour reprendre le
terraindésinvesti par les États-Unis.
Kader A. Abderrahim, Daech, Histoire en jeux et pratiques, Eyrolles, 2016.
Brouillard de la guerre : Expression employée par Clausewitz pour désigner
l'incertitude qui règne en matière de combats liée aux conditions matérielles
de ceux-ci.
Nation/state-building : construction d'un État-nation, laquelle peut être
favorisée, voire imposée, par un pouvoir étranger dans le cadre d'une
occupation militaire.
2 / Faire la guerre au terrorisme par les lois antiterroristes.
Document : Patriot act
Document : Faire la guerre au terrorisme sans faire régresser l'État de droit ?
Seule la France se livra à une course législative effrénée, ne promulguant pas moins de cinq
lois antiterroristes entre 2014 et 2017, sans compter l'état d'urgence et l'inscription de
dispositifs d'exception dans le droit commun avec la loi Collomb d'octobre
2017. La dynamique de ces lois est toujours la même : renforcer les pouvoirs administratifs
e t policiers au détriment du droit pénal ; mobiliser l'ensemble des moyens répressifs
possibles en vue de neutraliser, toujours en amont, les menaces et suspects potentiels ;
transformer des outils judiciaires en outils policiers afin de se soustraire au droit.
Dérogations au droit commun, elles oeuvrent dangereusement à la décomposition de
l'ordre juridique issu de l'État de droit.

Catherine Hass, Aujourd'hui la guerre, Fayard, 2019.


3 / Faire la guerre au terrorisme par la criminalisation des
terroristes
Document : Neutraliser des combattants ou des criminels ?

S'il y a guerre, se pose le problème du statut des combattants qui y sont


engagés. Les États-Unis ont conclu qu'ils ne pouvaient être considérés comme
des combattants ni bénéficier du statut de prisonniers de guerre. «
Combattants illégaux », ils seront détenus par les autorités militaires
américaines, au besoin jusqu'à la paix, et jugés par des commissions militaires
américaines pour les crimes qu'ils auraient pu commettre. [...] En définitive, les
Américains revendiquent pour eux toutes les facilités de la guerre dans le
traitement de leurs adversaires, tout en leur en refusant le bénéfice. Ils se
veulent en guerre tout en déniant à leurs ennemis le droit de l'être avec eux-
mêmes. [...] Le nouveau Président [Barack Obama], rompant avec les
ambiguïtés complaisantes de son prédécesseur, a annoncé que les États-Unis
ne recourraient pas à la torture dans la lutte
contre le terrorisme et a pris l'engagement de fermer Guantanamo.

Gilles Andréani et Pierre Hasnerjusttfîer/La Guerre, Presses de Sciences-


Pô,
2013.
Guantanamo : Centre de détention créé en 2001 sur une base navale des États-Unis à
Cuba. Y sont détenus des « combattants illégaux » arrêtés dans le cadre de la lutte
contre l'islamisme, qui ne sont pas soumis au système judiciaire des États-Unis, ce qui
suscite des polémiques.
4 / Combattre le terrorisme peut-il être considéré comme une
action de guerre ?
Qualifier le combat contre le terrorisme comme une
guerre de la part des Etats est discutable car :

- Absence de déclaration de guerre


- Recours fréquent à des drones et à des unités
spéciales
- Traitement des prisonniers terroristes différent de
celui des prisonniers de guerre
-Pas de traité de paix.

La guerre contre le terrorisme prend donc des aspects


de guerres régulières et irrégulières. On peut alors
parler alors de guerre hybride.
5 / Est-ce une guerre juste ?
Conclusion générale de la séquence :
1. Répondre à la problématique.
Problématique : Comment se transforme la manière de penser et de faire la
guerre ?
Dans une note introductive à son traité, Clausewitz confie : « J'avais l'ambition
d'écrire un livre qu'on n'oublierait pas après deux ou trois ans. »
La réception de « De la guerre » n'a eu de cesse d'exaucer son souhait. Loin
d'être un simple exposé de doctrine militaire
L'oeuvre philosophique de Clausewitz a été utilisée, du XIXe au XXIe
siècle, pour penser les guerres de chaque époque, leurs mutations mais
aussi la société humaine face au déchaînement de la violence.
Utile pour comprendre les guerres interétatiques aux finalités d'abord politiques,
son traité permet ainsi de saisir les logiques des guerres de l'époque moderne
comme celles entre les grandes puissances étatiques au XXe siècle.
Clé de lecture de la radicalisation du phénomène guerrier, il donne
également à voir « la montée aux extrêmes » métamorphosant la guerre
réelle en guerre absolue.
Écrit au lendemain des guerres révolutionnaires et napoléoniennes, De la guerre
est encore utilisé pour penser les conflits asymétriques contemporains.
2. Relancer la discussion
Vers la cyberguerre ?

Vous aimerez peut-être aussi