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Séance 1 : Le modèle Clausewitzien

de la guerre …. (1h30)

Objectif : Définir et comprendre le


modèle Clausewitzien de la guerre.

Problématique : Comment Clausewitz


définit-il la guerre et pense-t-il son
évolution au début du XIXème
siècle ?
Problématique : Comment Clausewitz définit-il la guerre et
pense-t-il son évolution au début du XIXème siècle ?

A / Qu’est que la guerre selon Clausewitz?


Document 2 : La guerre selon Clausewitz.
Livre I
La guerre n'est rien d'autre qu'un duel amplifié. Si nous voulons saisir comme une unité
l'infinité des duels particuliers dont elle se compose, représentons-nous deux
combattants : chacun cherche, en employant sa force physique, à ce que l'autre exécute
sa volonté ; son but immédiat est de terrasser l'adversaire et de le rendre ainsi incapable
de toute résistance. La guerre est un acte de violence engagé pour contraindre
l'adversaire à se soumettre à notre volonté. [...] La violence, c'est-à-dire la violence
physique (car il n'en existe pas de morale en dehors des notions d'État et de loi), est
donc le moyen. Imposer notre volonté à l'ennemi en constitue la fin. Pour atteindre cette
fin avec certitude nous devons désarmer l'ennemi. Lui ôter tout moyen de se défendre
est, par définition, le véritable objectif de l'action militaire.
Livre VIII
On sait bien sûr que la guerre n'est suscitée que par les relations politiques des
gouvernements et des peuples. Mais on n'imagine généralement que la guerre suspend
ces relations, faisant apparaître alors un état tout différent qui n'est soumis qu'à ses
propres lois. Nous affirmons au contraire que la guerre n'est rien d'autre qu'une
continuation des relations politiques par l'immixtion1 d'autres moyens. Nous disons « par
l'immixtion d'autres moyens » afin d'affirmer en même temps que ces relations politiques
ne cessent pas avec la guerre elle-même.
Carl von Clausewitz, De la guerre, 1832.
1. L'intervention.
B / Quelles sont les conditions de la guerre et de la paix ?
C / Comment mener une guerre selon Clausewitz ?
Document 4 : Du bon usage de Clausewitz.
La guerre est impérativement conduite par l'État (à l'époque le souverain) tandis que la violence physique qui lui est nécessaire
est exercée par les armées.
En contradiction avec la pensée de Clausewitz, les militaires s'obstinèrent après lui à revendiquer la suprématie des guerriers sur
les politiques. Cette tentation fréquente sera formalisée par Ludendorff (1) (La guerre totale, 1935), quand il affirme que la
mobilisation de l'ensemble des ressources matérielles et humaines implique un grand chef fonctionnant comme un dictateur.
De son côté, Hitler, vraisemblablement lecteur de Clausewitz, ajoutera l'idée que c'est la communauté raciale qui fonde le destin
politique d'un peuple voué à la guerre pour se régénérer.
À l'inverse, ce sont des têtes politiques marxistes de renom, Lénine et Mao Zedong, qui manifestèrent une orthodoxie
clausewitzienne presque parfaite, même si lui n'éprouvait aucune sympathie pour les révolutionnaires. S'il a abordé la « petite guerre
» (guérilla), l'efficacité de la guerre populaire est pour lui aléatoire lorsqu'elle n'est pas encadrée par l'armée régulière . [...]
Finalement, la réflexion du stratège prussien concerne presque exclusivement les guerres étatiques, menées à grande échelle,
utilisant des moyens conventionnels et des armées régulières.
Pierre Azéma, L'histoire, juillet-août 2002.
1. Général en chef des armées allemandes pendant la Première Guerre mondiale.

Document 5 : Clausewitz selon Aron


Philosophe, sociologue et politiste reconnu, spécialiste de la guerre, engagé dans les débats politiques de son temps,
Raymond Aron a déjà à son actif une vingtaine d'ouvrages de géopolitique, lorsqu'il publie son analyse en deux volumes de
l'apport de Clausewitz à la pensée de la guerre.
Les guerres de la Révolution et de l'Empire nous apparaissent aujourd'hui comme une répétition générale des deux guerres du
XXe siècle. La violence bouscula les barrières et certains principes étudiés et définis par Clausewitz pour mener une guerre furent
mis en place. A savoir : refus de tout dogmatisme, dépendance de la stratégie par rapport à l'instrument, donc par rapport à l'état des
armements, dépendance du plan de guerre par rapport aux circonstances politico-sociales de l'Etat.
Cependant, au cours du XXème siècle, certains ont mal lu ou réinterprétées la théorie de Clausewitz et en ont retirés d’autres
conclusions.
Ainsi avant 1914, des deux côtés du Rhin, les généraux se réclamaient de lui. [...] Cependant, les généraux de la Première Guerre
mondiale n'avaient retenu qu'une idée : la bataille décisive.
D’autre part, Lénine donna à la formule « la guerre continuation de la politique » un sens nouveau : il en fit non plus le principe de
la suprématie du chef d'Etat sur le chef des armées, mais le critère de discrimination entre guerres justes et injustes. Du même coup,
toute guerre prend une dimension idéologique. C'est donc pour Lénine, la politique de classe qui définit le sens historique et moral de
toute guerre.
Mao Tsé-toung en dégagea une troisième conclusion : l'armement du peuple, appoint des guerres entre États et facteur décisif des
guerres civiles.
D’après Raymond Aron, Penser la guerre, Clausewitz. Tome 2: L'âge planétaire, Gallimard, 1976.
D / Pourquoi la nature de la guerre évolue à la fin du XVIII ème ?
Document 3 : Le tournant de la Révolution française.
Livre VIII
La guerre devint ainsi [à la fin du XVIIe siècle], dans son essence véritable, un jeu où le temps et le hasard
battaient les cartes ; mais pour sa signification, ce n’était qu’une diplomatie un peu plus tendue, une façon un
peu plus exigeante de négocier, où les batailles et les sièges servaient de notes diplomatiques. Le plus
ambitieux se proposait tout juste d’obtenir quelque avantage modéré pour en user au cours des négociations
de paix. […]
Les choses en étaient là quand la Révolution française éclata. […] La guerre était soudain redevenue
l’affaire du peuple et d’un peuple de 30 millions d’habitants qui se considéraient tous comme citoyens de
l’État. […] La participation du peuple à la guerre, à la place d’un cabinet (1) ou d’une armée, faisait entrer une
nation entière dans le jeu avec son poids naturel. Dès lors, les moyens disponibles – les efforts qui pouvaient
les mettre en œuvre – n’avaient plus de limites définies ; l’énergie avec laquelle la guerre elle-même pouvait
être conduite n’avait plus de contrepoids, et par conséquent le danger pour l’adversaire était parvenu à un
extrême.
[…] (en fait) Depuis l’époque de Bonaparte, la guerre […] s’était approchée plus près de sa vraie nature, de
son absolue perfection. Les moyens qu’on mit alors en œuvre n’avaient pas de limites visibles ; la limite se
perdait dans l’énergie et l’enthousiasme des gouvernements et de leurs sujets. L’étendue des moyens et le
vaste champ des résultats possibles, comme l’excitation puissante des sentiments, accroissait immensément
l’énergie dans la conduite de la guerre ; l’objet de son action était le renversement de l’ennemi ; il ne
paraissait pas possible de s’arrêter et d’en venir à un accommodement quelconque […]. La violence primitive
de la guerre, libérée de toute restriction conventionnelle, explosait ainsi dans toute sa force naturelle. La
cause en était la participation du peuple à cette grande affaire d’État qui découlait en partie des effets de la
Révolution française sur les affaires intérieures des pays, et en partie de l’attitude menaçante des Français vis-
à-vis de toutes les nations.
Carl von Clausewitz, De la guerre, « Le plan de guerre » (livre VIII), chapitre 3, Éditions de Minuit, 1955
(traduction Denise Naville).
1. Gouvernement.
Guerre en dentelles : Expression utilisée à la fin du
XVIIIème siècle pour désigner les guerres d’Ancien Régime
dans lesquels les chefs accordent de l’importance à la
politesse et à la bienséance lors des batailles pouvant se
livrer en public.
Séance 2 : … « s’applique » aux conflits armés de la
fin du XVIII au XXème siècle …. (2h00)

Objectifs : Analyser les guerres de 7 ans,


révolutionnaires et napoléoniennes et mettre en place les
notions de guerre régulière, absolue, totale,
d’anéantissement.

Problématique : En quoi les guerres contemporaines


répondent à l’analyse Clausewitzienne de la guerre ?
Problématique : En quoi les guerres contemporaines répondent
à l’analyse Clausewitzienne de la guerre ?

A / La guerre de 7 ans (1756-1763) : une guerre limitée ?


1 /Acteurs, causes et échelle des combats.

- Qui s’oppose ?
- Pourquoi la guerre de Sept ans ?
- En quoi est-ce une guerre à l’échelle mondiale ?
Document 3 : Une première guerre
mondiale ?
2 / Clausewitz et le concept de la guerre limitée
Document 4 : La guerre de 7 ans analysée par Clausewitz.
Livre I
La guerre n'exige pas toujours que l'on se batte jusqu'à l'anéantissement de l'un des
deux camps. Dans une conjoncture de motifs et de tensions très faibles, on peut
imaginer qu'une probabilité légère, à peine perceptible, suffise pour pousser à capituler
celui auquel elle est défavorable. Or, si l'autre camp en est à l'avance persuadé, il est
naturel qu'il concentre tout son effort sur la réalisation de cette probabilité, sans même
chercher à emprunter le détour d'une défaite complète de l'ennemi.
L'évaluation de l'énergie déjà dépensée et de celle qu'il faudra encore déployer pèse
d'un poids encore supérieur sur la décision de conclure la paix. Comme la guerre n'est
pas un acte de fureur aveugle, mais un acte dominé par la fin politique, la valeur de cette
fin politique doit décider de l'ampleur des sacrifices aux prix desquels nous voulons
l'acquérir. Cela ne vaut pas seulement pour leur étendue, mais aussi pour leur durée.
Donc, dès que la dépense d'énergie devient trop importante pour être équilibrée par la
valeur de la fin politique, cette dernière doit être abandonnée et la paix doit s'ensuivre.
[...]
Durant la guerre de Sept Ans, Frédéric le Grand n'aurait jamais été en mesure de
défaire la monarchie autrichienne ; et eût-il cherché à le faire, à la manière d'un Charles
XII (1), qu'il serait allé immanquablement à sa perte. Mais lorsqu'une sage économie de
ses forces, et le talent avec lequel il sut les employer, eut montré pendant sept ans aux
puissances liguées contre lui que leur dépense de force excédait largement leurs
prévisions initiales, elles conclurent la paix.
Carl von Clausewitz, De la guerre, livre I, chapitre 2, trad. N. Wauquet, 2006.
1. Charles XII (1682-1718), roi de Suède, est resté célèbre pour avoir été un grand
chef de guerre.
3 / Guerre limitée ou guerre absolue ?
La guerre de Sept Ans (1756-1763), une guerre limitée ?
Travail en binôme ou trinôme
B / Les guerres révolutionnaires et napoléoniennes :
modèle de la guerre « moderne » et « absolue » ? Un
tournant dans l’Histoire de la guerre ?
Document :
Napoléon, l'inventeur de la guerre moderne absolue selon
Clausewitz
Livre VIII
« On pourrait douter de la réalité de notre notion d’essence
absolue de la guerre si nous n'avions pas eu de nos jours la
guerre réelle dans sa perfection absolue. Après la courte
introduction de la Révolution Française, l'impitoyable Bonaparte
l’a vite poussée jusqu'à ce point. Avec lui, la guerre était
conduite sans perdre un moment jusqu'à l'écrasement de
l'ennemi, les contrecoups se suivaient presque sans rémission.
[...] Ce sont justement les campagnes de 1805, 1806, 1809 et
les suivantes qui nous ont rendu plus facile une conception de la
guerre moderne absolue dans toutes son énergie écrasante. »
Carl von Clausewitz, De la guerre, livre 8, 1832.

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