Vous êtes sur la page 1sur 24

1

Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

Ch. 3   La Seconde Guerre mondiale.


Documents introductifs, p. 94   : Pourquoi peut-on parler pour
la Seconde Guerre mondiale d’une guerre d’anéantissement à
travers ces 2 documents   ?
Doc. 1   :
La photo illustre l’aspect de la lutte inexpiable contre les Slaves et le
communisme voulue par Hitler pour mettre en place un Lebensraum (espace
vital) ouvert à la germanisation. Cet aspect de guerre idéologique ainsi que le
fait que l’URSS ne soit pas signataire de la convention de Genève protégeant
les prisonniers de guerre, autorisent tous les excès. Sur les 3 millions de
soldats soviétiques capturés en 1941, plus d’un million périt dans les premiers
mois de captivité, affamés, laissés en plein air à l’approche de l’hiver, abattus
pour s’être approchés trop près des barbelés. Sur les 4,5 millions de
prisonniers soviétiques capturés durant toute la guerre, deux tiers moururent.

Doc. 2   : Arrestation de survivants après l’insurrection du ghetto de


Varsovie, en mai 1943. Photo du S.S Jürgen Stroop.
Pourquoi peut-on dire que cette photo montre deux symboles différents de
cette guerre   ?
La photo, une des plus célèbres de la guerre, montre l’aspect génocidaire du
conflit. Pris à la demande de Krüger, chef suprême de la S.S. et de la police
dans l’Est, ce cliché doit illustrer la répression de l’insurrection du ghetto.
1) Il serait donc erroné de penser que l’auteur du cliché ait voulu dénoncer la
barbarie des S.S. ou susciter la compassion pour les victimes. Au mieux
neutre et « objectif », le regard du photographe a juste capté une scène
précise. On peut aussi suggérer qu’il compose son image et choisit ce point de
vue si marqué et si marquant dans le but d’exalter la mission des S.S. et la
victoire manifeste de l’idéal nazi  : en montrant la puissance et la supériorité
des « surhommes  » sur ceux qu’ils dominent et punissent.
2) C’est pourtant un tout autre symbole que semble porter cette photographie.
Le terrible contraste entre les hommes en armes et les civils (essentiellement
des femmes et des enfants) misérables violemment expulsés d’un immeuble
lors de cette rafle exprime en effet avec une puissance inouïe la cruauté et
l’inhumanité de la scène. Elle révèle involontairement toute l’oppression
2
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

nazie. Par un même effet, la figure centrale du jeune enfant vulnérable au


regard triste, perdu et effrayé sous la menace d’un pistolet mitrailleur, finit
par représenter celle de toutes les victimes. La scène illustre le fait que
l’anéantissement des Juifs n’épargne ni les enfants ni les femmes.

Introduction.
La Seconde Guerre mondiale qui éclate moins d’une génération après la fin de
la Première Guerre mondiale est en fait liée à la 1 è r e car elle répond au désir de
revanche des vaincus, mais aussi à la brutalisation de la société pendant le
conflit précédent. La Seconde Guerre mondiale a des caractéristiques
nouvelles  :
 Une guerre mondiale avec l’extension géographique de la guerre sur
tous les continents et océans (batailles en Afrique du Nord, en Éthiopie  ;
bataille de l’Atlantique contre les sous-marins allemands et du Pacifique
contre les kamikazes japonais).
 Une guerre technique et industrielle pour produire les nouvelles armes
de guerre destructrice  : chars d’assaut, bombardiers, bombes volantes V1 et
V2, bombe atomiques…
 Une guerre de mouvement avec le déplacement très rapide des
colonnes motorisées des chars d’assaut des Allemands Guderian et Rommel,
de l’américain Patton…
 Une guerre où s’affrontent les idéologies  : nazisme et fascisme contre
stalinisme et démocratie.
 Une guerre de destructions (humaines et matérielles) où des régions
sont ravagées par les combats (Normandie ), où massacres (Oradour-sur-
Glane, Buchères ) et politiques d’anéantissement (génocides des Juifs et
Tziganes) ciblent les civils.

Problématique : En quoi peut-on considérer la Seconde Guerre mondiale


comme une guerre d’anéantissement   ? Quel nouveau seuil de violence est
franchi entre 1939 et 1945   ?

Ce chapitre vise à montrer l’étendue et la violence du conflit mondial, à


montrer le processus menant au génocide des Juifs d’Europe, et à comprendre,
pour la France, toutes les conséquences de la défaite de 1940.
On peut mettre en avant   :
3
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

Un conflit mondial  : protagonistes, phases de la guerre et théâtres


d’opération  ;
Crimes de guerre, violences et crimes de masse, Shoah, génocide des
Tsiganes ;
La France dans la guerre  : occupation, collaboration, régime de Vichy,
Résistance.
4
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

I Un conflit qui embrase toute la planète.


Ce conflit fut l’un des plus violent si ce n’est le plus violent du XX è m e siècle,
résultant d’agressions successives, utilisant d’énormes moyens. Ce fut une
guerre totale (voir cours sur la 1 è r e guerre mondiale), jamais autant d’hommes
ne furent mobilisés , autant de matériel ne fut utilisé , autant de fronts ne
vécurent d’importantes batailles .

A Le temps des victoires de l’Axe (1939 – 1942).


Carte 1   : Quelles sont les conquêtes de l’Axe en Europe en 1939 et en 1940   ?
Comment l’Allemagne cherche-t-elle à vaincre le Royaume-Uni   ? Où ont lieu
les offensives de l’Axe en 1941 et 1942   ?
Carte 2   : Quels sont les territoires de l’empire japonais en 1932   ? Quels
territoires le Japon conquiert-t-il de 1937 à 1940   ? En 1941 et 1942   ?
En raison du système d'alliances mis en place par l'Allemagne de 1936 à 1939,
la France et la Grande-Bretagne sont seules face aux puissances de l'Axe et à
leur allié soviétique.
Le 1 e r septembre 1939, Hitler attaque la Pologne . Le 3   septembre, la France et
la Grande-Bretagne déclarent la guerre à l'Allemagne . La Pologne est
rapidement écrasée et partagée entre les Allemands et les Soviétiques. À
l'ouest, ni les Alliés ni les Allemands ne passent à l'offensive. C'est la «   drôle
de guerre   ».
Le 10mai 1940 marque la fin de «   la drôle de guerre   » avec l'invasion des
Pays-Bas de la Belgique et de la France . Le Reich base sa stratégie sur la
Blitzkrieg (guerre éclair ) car le Reich ne peut supporter une guerre longue
face aux capacités de production adverses, le Reich dispose de forces
modernes d’armement  : force cuirassée (Panzerwaffe), la force aérienne
(Luftwaffe), terrorisant les civils et désorganisant les forces adverses. La
« guerre éclair  » est fondée sur l’utilisation massive des blindés et un
important appui aérien, permet à Hitler d’envahir, après la Pologne, toute
l’Europe occidentale en mai-juin 1940 (le 22 juin 1940 la France envahie
signe l’armistice) . La Grande-Bretagne se retrouve seule face à l'Allemagne,
qui lance contre elle des bombardements massifs (le Blitz ). Les attaques
aériennes allemandes sont nombreuses mais il y a une forte volonté anglaise
de résister. Churchill conforte la confiance populaire et bénéficie de
l’adhésion des populations.
5
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

En 1941, l’armée allemande occupe la Yougoslavie et la Grèce et conquiert


une partie de l’Afrique du Nord  ; plusieurs événements conduisent à
l'ouverture de nouveaux fronts.
Dès le mois d’août 1941 , est signé la Charte de l’Atlantique. Roosevelt et
Churchill définissent comme but de guerre l’anéantissement des forces de
l’Axe (« destruction de la tyrannie nazie ») et le rétablissement de la paix («
sécurité générale », « désarmement »). Les belligérants s’engagent dans une
guerre totale (conflit qui mobilise toutes les ressources disponibles d’un
État), touchant autant les civils que les militaires, et multiplient les
bombardements stratégiques (bombardements massifs d’usines d’armement,
d’axes de transports et de villes, destinés à épuiser économiquement,
militairement et moralement l’ennemi).
 Le 22juin, l'Allemagne trahit son allié soviétique et attaque l'URSS  :
c'est l'opération Barbarossa . Les Soviétiques résistent en pratiquant la
tactique de la «   terre brûlée  » (actions coordonnées des troupes de l’Armée
Rouge et des partisans, recul jusqu’à Leningrad, Stalingrad et Moscou).
 Le 7décembre , le Japon attaque la flotte américaine à Pearl Harbor, sans
déclaration de guerre préalable . Un nouveau front s'ouvre alors dans le
Pacifique (destruction de la flotte du Pacifique). Les Etats-Unis entrent en
guerre (tendance isolationniste auparavant, changement de tendance de
l’opinion) sous l’impulsion de Roosevelt.
La guerre est désormais mondiale avec le renfort de l’URSS et des Etats-Unis
aux côtés des Alliés.
6
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

B La mondialisation du conflit et les coups d’arrêt


(1942-43).
 L’année 1942   : un tournant de la guerre.
En 1942, l’Axe Rome-Berlin-Tokyo semble invincible , mais à l’échelle de la
planète, les Alliés contrôlent beaucoup plus de territoires et ont de nombreux
soutiens . Les fronts se multiplient et touchent la planète entière.
L’entrée en guerre des États-Unis contre le Japon, l’Allemagne et l’Italie
modifie le rapport de forces . La puissance économique, industrielle et
militaire des États-Unis font d’eux «   l’arsenal des démocraties   » selon
l’expression du Président Roosevelt   : ils produisent des armes et les vendent
ou donnent à leurs alliés pour combattre les forces de l’Axe .
À partir de 1942, un coup d’arrêt est mis à la progression des pays de l’Axe.
En juin 1942 , la victoire américaine de Midway bloque la progression
japonaise. En novembre 1942, la victoire alliée d’El Alamein repousse les
troupes allemandes d’Égypte.

 La victoire des forces alliés (1943 – 1945).


Carte 1   : Décrivez la reconquête alliée à l’Ouest de1942 à 1944, puis à l’Est
en 1943-1944. Comment s’achève la contre-offensive alliée (occidentale et
soviétique) durant l’année 1945   ?
Carte 2   : Où et quand ont lieu les coups d’arrêt aux offensives japonaises   ?
Décrivez la reconquête jusqu’en 1944. Comment s’achève l’offensive alliée
durant l’année 1945   ?
En février 1943 , après des mois d’une lutte acharnée, le maréchal allemand
Paulus capitule lors de la bataille de Stalingrad .
En 1942 et 1943 , l'Axe connaît plusieurs revers qui mettent un coup d'arrêt à
son avance. Dans le Pacifique, le Japon est défait lors des batailles de
Midway et de Guadalcanal . En Europe, les Alliés débarquent en Sicile,
provoquant la chute de Mussolini et l'entrée en guerre de l'Italie du côté des
Alliés. Les Allemands occupent alors le nord du pays.Dès 1943, les Alliés
organisent des conférences qui ont pour but d'organiser la riposte militaire
contre le Reich et de préparer les suites de la Libération . Elles réunissent les
« Trois Grands » (Roosevelt, Churchill et Staline) à Téhéran (28novembre –
1 e r décembre 1943) et à Yalta (4-11février 1945).
À partir de 1944, la défaite de l'Axe se profile.
7
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

PPO sur les opérations Overlord et Bagration.


Le 6 juin 1944, l'opération Overlord permet le débarquement des Alliés
occidentaux en Normandie. Sur le front de l'Est, l'opération Bagration met en
marche le « rouleau compresseur  » de l'Armée rouge le 22  juin 1944.
Le débarquement de Normandie (6-12 juin 1944) et la libération de la France
(opération Overlord) sont envisagés depuis 1943 . Le débarquement allié sur 5
plages de Normandie est extraordinaire par les moyens mis en œuvre, la
dureté des combats (alliés face aux troupes allemandes renforcées).
Reprise du PPO.
Les pertes sont considérables (41% des effectifs pour le 6 juin), et l’avancée
est lente et difficile jusqu’à la fin de juillet 1944 , puis l’avancée est plus
rapide jusqu’à la libération de Paris le 25 août 1944.
Les Allemands sont pris en tenaille entre l’avancée alliée à l’ouest et russe à
l’est. Le 7 mars 1945 le Rhin est franchi et 50  000 tonnes de bombe sont
déversées sur la Ruhr. La jonction sur l’Elbe entre U.S.A. et U.R.S.S est
effective le 26 avril 1945 et Berlin est assiégée à partir de mi-avril 1945 .
S’engage alors la bataille de Berlin
Hitler se suicide avec Eva Braun le 30 avril 1945 (voir le film "La chute" sur
le sujet). Le 8mai, l'Allemagne capitule
Il ne reste plus que le Japon. Les combats se concentrent depuis le début de
l’année 1945 sur la prise d’îles et d’archipels telles Iwo Jima mais surtout
Okinawa. Sans marine de guerre et de commerce, le Japon ne peut plus être
ravitaillé. De plus, les principales agglomérations sont constamment
bombardées par les B-29 américains. Ainsi, à Tokyo, dans la nuit du 9 au 10
mars 1945, les U.S.A. lâchent 1  700 tonnes de bombes, rasant 38 km² de la
ville, tuant 83 000 personnes et blessant 41  000 autres. Devant la lenteur
prévisible de la reddition japonaise (fin en décembre 1946 et 1 millions de
morts chez les soldats US selon Eisenhower), les américains optent pour une
autre approche.
PPO sur le projet Manhattan et les bombardements sur Hiroshima et
Nagasaki.
Le projet Manhattan et l’anéantissement de Hiroshima et Nagasaki  : l’arme
nucléaire est mise au point au Nouveau Mexique, sous la direction
d’Oppenheimer, avec le concours des savants juifs exilés, comme l’allemand
8
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

Einstein ou l’italien Fermi. L’intensité des combats et l’esprit de résistance


des Japonais (kamikazes) font craindre des pertes considérables . Après le
premier essai réussi, Truman (nouveau président) décide de l’utiliser sur
Hiroshima et Nagasaki, villes abritant des industries de guerre (150 000
victimes)  : extrême violence de la décision américaine face à la violence de la
résistance japonaise.
Hiroshima Nagasaki - 8/9 Mai 1945
Le Japon capitule le 2 septembre 1945.

II La Seconde Guerre mondiale, une guerre


d’anéantissement.
En raison de sa dimension idéologique, le conflit prend la forme d’une guerre
d’anéantissement , dont l’objectif n’est plus de vaincre mais de détruire
l’adversaire . Parmi les crimes de masse, on distingue le génocide.

A Une logique d'extermination.


1 Une justification idéologique.
Vidéo sur la campagne raciste d’Hitler.
Ce conflit fut une guerre idéologique marquée par l'affrontement de deux
systèmes totalement opposés  :
 Un système qui revendique la supériorité d'une race sur les autres et qui
envahit les pays voisins au nom de cette supériorité raciale ou raciste (c'est
bien sûr le cas du régime nazi du Troisième Reich, mais on retrouve aussi ce
sentiment de supériorité chez les Japonais).
 Le nazisme.
Hitler est le chef du parti nazi (NSDAP) en 1933 , en profitant de la crise
économique , il devient chancelier, très rapidement il impose sa dictature et
interdit tous les parti sauf la sien.
En 1934, Hitler va élaborer sa doctrine qu’il va résumer dans un livre «  Mein
Kampf » en 1925 qu’in rédige en prison.
Les nazis expliquent leur antisémitisme par 3 aspect  : biologique (juifs
inférieur, répugnants ), économique (juifs considéré comme des riches,
puissants qui manigance, ce sont les bouc- émissaires de la crise), politique
(les juifs sont révolutionnaires communistes, les juifs sont responsables de la
défaire de l’Allemagne en 1918 ).
9
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

Les conséquences de cette idéologie  : cette politique de conquête va


constituer l’axe majeur de la politique étrangère d’Hitler et va déboucher sur
la seconde guerre mondiale. Quand à l’idéologie raciste des nazis, elle aura
pour conséquence le génocide juif entre 1941 et 1944.
 L’idéologie fasciste.
Développé par Mussolini en Italie dans les années 1920-1930. Il a pris le
pouvoir en 1922 et en 1924 il établie la dictature .
Comme les nazis, ils ne croient pas en l’égalité des hommes . Mussolini veut
dominer le bassin méditerranéen sur le modèle de l’empire romain mais il va
échouer.
 Le militarisme japonais.
Gouverné par des militaires dans les années 30 . L’empereur est soumis à ces
derniers. Le 1 e r ministre est un général . Il estime être le peuple supérieur en
Asie et ils veulent s’étendre sur l’Asie du sud- est pour pouvoir contrôlé les
richesses qu’il leur manque .
L’Indonésie pour le pétrole, la Malaisie pour le caoutchouc mais se sont des
colonies donc ils se font passer pour des libérateurs des peuples asiatiques
dominés par les européens.
À l'opposé, un système qui reste fidèle à la liberté, à l'humanisme . Ces
valeurs doivent être restaurées dans l'ensemble de l' Europe. Signée en août
1941 par Churchill et Roosevelt, la Charte de l'Atlantique prévoit la
destruction du régime nazi et la mise en place d'un nouvel ordre fondé sur le
droit des peuples à disposer d'eux-mêmes. Elle réaffirme ces grands principes
(droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, liberté de commerce pour tous les
pays, rétablissement de la paix et renoncement à l'emploi de la force ).Pour
renforcer cet affrontement idéologique , la propagande , la publicité et le
cinéma sont massivement utilisés par les deux camps . Ces derniers se livrent
aussi à une véritable «  guerre des ondes  ». Ce combat idéologique explique
l’importance de la propagande comme instrument de lutte pour maintenir le
moral des troupes et des civils , justifier le combat et la guerre psychologique
pour démoraliser le camp adverse.
Vidéo sur la propagande des U.S.A. via Disney.
Cette propagande bénéficie des progrès importants des techniques de
l’information  : affiche, presse, tracts, cinéma, radio…
10
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

Mais la Grande Alliance avec Staline conduit les Alliés à garder le silence sur
les crimes de masse commis par l'URSS, où depuis longtemps le NKVD 1
élimine impitoyablement tous les opposants .
2 Une forte mobilisation économique.
Le Victory Program , aux U.S.A. film de Walt
Disney   : http://www.youtube.com/watch?v=5ok4lAif5SU
La mobilisation économique est considérable chez les Alliés.
 Les Britanniques sont les premiers à mettre sur pied une économie de
guerre. Entre juin 1940 et décembre 1941, les usines d’armement mobilisent 2
millions de travailleurs supplémentaires, essentiellement des femmes.
 L’URSS développe ses usines de l’Oural et de Sibérie . La population
est mobilisée  ; des prisonniers des camps de concentration soviétiques sont
envoyés au front , dans les secteurs les plus exposés.
 L’effort de guerre le plus important reste celui des États-Unis. Onze
millions de GI’s (soldat americains) sont sous les armes . Grâce au Victory
Program , lancé le 6 janvier 1942 , les usines américaines produisent en trois
ans 275   000 avions , 634   000 véhicules légers (la Jeep), 90   000 chars, 65
millions de tonnes de navires . La standardisation permet de fabriquer en série
des cargos à un rythme plus rapide (1 tous les 12 jours ) que la capacité de
destruction des sous-marins allemands . Toutes les armées alliées , y compris
les troupes soviétiques, reçoivent du matériel américain .
 Les e ff orts de l’Axe sont plus inégaux . En Allemagne , le pillage
économique des pays vaincus est complété en 1942 par la mise en place d’un
ministère de l’Armement et de l’Économie de guerre , dirigé par Albert Speer.
Celui-ci réorganise entièrement l’économie allemande. Malgré les
bombardements alliés, la production de guerre triple entre 1942 et 1944. Elle
utilise alors 7 millions de travailleurs étrangers en Allemagne, déportés,
volontaires, ou requis au titre du STO, et 7 autres millions dans l’Europe
occupée.
 Le Japon s’organise plus di fficilement. La production n’augmente que
de 44 % de 1937 à 1944 et la marine américaine réussit à couler 95 % de la

1
NKV D ( com m i ssari at du peu pl e au x affai res in t éri eu res) : Il devi en t l a prin ci pal e pol i ce
poli t i qu e de l ' URS S en 1934.
11
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

marine marchande japonaise. Après 1943, le ravitaillement des usines


japonaises en matières premières devient de plus en plus problématique.
La mobilisation économique massive a contribué à l’anéantissement. Tous les
moyens économiques sont progressivement mobilisés pour la guerre  ; les
besoins de main d’œuvre sont immenses et l’Allemagne ou le Japon n’hésitent
pas à utiliser les prisonniers de guerre, les civils réquisitionnés et les
déportés.
12
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

3 De nouvelles stratégies militaires et les nouvelles


technologies.
Ecoute active.
 Plus que la 1ère GM, la 2nde GM est une guerre totale et les logiques
de « totalisation » de la guerre ont entraîné, plus amplement qu’en 14-18, le
brouillage de la distinction entre civils et militaires, entre le front et l’arrière.
L’anéantissement est d’autant plus marquant que la mobilisation des
combattants est plus massive qu’en 1914-1918, avec 87 millions d’hommes
engagés (dont 34 millions de Soviétiques, soit 2 fois plus que pendant la 1ère
GM).
 Les stratégies et ont conduit à l’anéantissement . Ainsi, les
bombardements ont été le symbole de cette guerre totale . Ils constituent de
véritables transgressions morales aux coutumes de la guerre, prenant pour
cible les civils lors de raids aériens meurtriers (Déjà en 1937, pendant la
guerre d’Espagne, la ville de Guernica avait été détruite par l’aviation nazie).
Les stratèges militaires ont utilisé les bombardements stratégiques de villes
dans l’optique de faire plier physiquement et moralement l’adversaire (utilisés
par les nazis pour faire plier l’Angleterre dès 1940 ) et d’économiser des
soldats (bombardements alliés sur Dresde ou au Japon ). Les civils sont ainsi
considérés comme des acteurs des conflits et deviennent donc des cibles
stratégiques prioritaires .
 La mobilisation technologique a été mise au service de
l’anéantissement . Production industrielle massive , standardisée et planifiée
par les Etats de nouveaux armements de destruction massive  : bombardiers
lourds à long rayon d’action ( B17), fusées explosives V1 et V2 lancées sur la
G.B., bombes atomiques . Ces armes, plus perfectionnées qu’en 14-18, voire
nouvelles , ont lourdement pesé sur le bilan humain . Les progrès scientifiques
dans l’armement rendent donc possible les massacres à grande échelle ,
notamment par voie aérienne .
L'économie et la technologie au service de la destruction. Pour anéantir leurs
adversaires, les belligérants créent de nouvelles armes. Les États-Unis
lancent en 1942 le Victory Program , qui mobilise toute l'économie pour
fabriquer des centaines de milliers d'avions et de chars. Ils mettent au point
en secret la bombe atomique (Projet Manhattan ). Pour affaiblir l'Allemagne,
13
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

l'aviation alliée vise ses villes, comme Hambourg et Dresde , ravagées par des
bombes incendiaires. Ces bombardements stratégiques effacent la distinction
entre le front et l'arrière. Le s Allemands ripostent en mettant au point en
1944 les missiles V1 et V2 pour frapper les villes anglaises . Pour faire plier
le Japon, les Américains n'hésitent pas utiliser l'arme atomique sur
Hiroshima (6 août 1945) et Nagasaki (9 août ).

B Des crimes de masse.


Cette guerre ne s’inscrit plus dans le cadre classique des conflits précédents.
Chaque camp tente de conquérir ou de réduire les positions ennemies en
recherchant l’anéantissement physique total des forces d’opposition , en
enfreignant désormais quasi systématiquement les lois de la guerre
(Convention de Genève du 27 juillet 1929 : Elle pose le principe général selon
lequel les captifs doivent être traités, en tout temps, avec humanité. Ils
doivent être notamment protégés contre les actes de violence, les insultes et la
curiosité publique   ; en outre il est interdit d'exercer des représailles contre
eux ).
Bref, la guerre vise à anéantir l’adversaire et dès 1937 (en Asie Pacifique)
les dynamiques d’anéantissement sont à l’œuvre .

Les crimes de guerre (= actes volontairement commis en violation des


lois de la guerre, notamment contre les civils et les prisonniers ) se
multiplient , à l’encontre des soldats mais surtout des populations civiles qui
connaissent un véritable martyr .

PPO n°3 – La guerre d’anéantissement à l’Est.


1 Les soldats.
Extrait vidéo du pont de la rivière Kwaï + photo de la marche de la mort de
Bataan   : Doc. vidéo   : Quel est le sort des prisonniers de guerre des
Japonais   ? Pourquoi   ?
Les prisonniers de guerre des Japonais sont soumis à des marches de la mort
où ils doivent gagner des camps de prisonniers avec une nourriture
insuffisante et des conditions de vie marquées par la brutalité des geôliers. La
14
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

marche de la mort de Bataan 2 s’est déroulée en avril 1942 après la bataille des
Philippines et a causé la mort de 20  000prisonniers américains et philippins.
Les prisonniers anglo-américains capturés par les Japonais sont méprisés par
des Japonais qui préfèrent le suicide à la reddition (blessés, ils gardent une
grenade dégoupillée à la main pour tuer les Alliés venant à leur secours  : cf. :
Apocalypse).
Le Pont de la rivière Kwaï  : Film tiré du livre éponyme écrit par l’écrivain de
Pierre Boulle 3 et adapté en 1957 par David Lean avec dans le rôle titre Alec
Guinness (futur Obi Wan Kenobi) et qui raconte l’histoire d’un régiment
anglais interné dans un camp de prisonniers en Birmanie. Celui-ci est affecté
à la construction d'un pont en pleine jungle. Après s'être opposé à ce projet, le
colonel cède aux exigences japonaises. Il ignore que les Américains préparent
le dynamitage du pont.... L’extrait ici montre l’arrivée des soldats anglais
dans le camp de prisonnier après une longue marche éprouvante dans la
jungle.
Quel est l’état général des soldats anglais en arrivant au camp  ? L’état des
vêtements et des chaussures des soldats anglais; l’état des lieux où habitant
les soldats.
Doc p. 94 et 8 p. 102   : Ce comportement envers les prisonniers se retrouve-t-
il avec les autres belligérants   ?

2
Dan s l es Ph i l i ppi n es, su r la pén i n su l e de Bat aan , l ’arm ée j apon ai se se h eu rt e à un e
fort e rési st an ce qu i frei n e ses opérat i on s. L’arm ée US se ren d, l e 10 avri l 1942 , l e
gén éral Macarth u r pren an t l a fu it e en pron on çan t sa cél èbre ph rase «  j e revi en drai s  ».
Le gén éral H om m a se ret rou ve avec u n probl èm e l ogi st i qu e qu i ri squ e de l e ral en t i r
en core  : il doi t gérer plu s de 70.000 pri son ni ers, pou r l a pl u part m al ades et bl essés,
al ors qu e l es st rat èges japon ai s n’en avai en t prévu qu e 15  000. L’ét at -m aj or in t im e
l ’ordre à H omm a de se débroui l l er et d’appl i qu er un e «  sél ect i on n atu rel l e  » parm i l es
pri son ni ers . Il est don c déci dé de l es tran sférer à pi ed, san s boi re ni m an ger, vers u n
cam p si tu é 100 km plu s l oi n . 15  000 pri son n i ers n’at t ei n dron t pas l e cam p et 20  000
au t res y m ou rront après l eu r arri vée, l e 24 avri l . Plu s de 1  000 ci vi l s ph i l i ppi n s seront
exécu t és su r l e parcou rs pou r avoi r don n é à m an ger ou à boi re au x col onn es de
pri son ni ers .
3
Pi erre Bou l l e (1912 – 1994)  : Jeun e di pl ôm é de S upél ec en 1933, il part à 18 an s com m e
pl an t eu r de caou t ch ou c en Mal ai si e . En gagé dan s l es gu erres asi at i qu es , i l com bat au x
côt és des Forces F ran çai ses Li bres en Ch in e, en B i rm an i e et en In doch in e . Deu x de ses
œu vres acqu i èren t en peu de t em ps un e not ori ét é mon di al e. S es expéri en ces asi at i qu es
lu i i n spi ren t «  Le pon t de l a ri vi ère K w aï  » don t l ' adapt at i on au ci n ém a par Davi d Lean
en 1957 l e ren d cél èbre. «  La pl an èt e des si n ges  », rom an de sci en ce- fi ct i on écri t en en
1963, est port é su r gran d écran , et l' hi st oire est repri se dan s un e ban de dessin ée et u n
t él éfi l m .
15
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

L’anéantissement des soldats ennemis se fait en violation des lois de la guerre


comme la convention de Genève de 1929 4 .
Doc. p. 94  : Prisonniers de guerre soviétiques.
 Contre les militaire soviétiques  : L’URSS n’a pas signé la Convention
et ses soldats sont particulièrement victimes des nazis. Sur le front Est, 3,5
millions de soldats soviétiques prisonniers ont été ainsi volontairement
« liquidés  » par les forces allemandes.
Doc. 8 p. 102  : Katyn.
Contre les militaires polonais  :La partie orientale de la Pologne, devenue
soviétique en septembre 1939, subit le même sort, Staline désirant également
faire disparaître les élites polonaises pour instaurer le communisme.
Sont visés ici ceux qui ont été faits prisonniers lors de l’invasion de la partie
orientale de la Pologne ( officiers de l’armée et de la police ) ou arrêtés
ensuite (fonctionnaires, grands propriétaires, prêtres ).
4 404 officiers sont assassinés par balles. Au total, ce sont plus de 25  000
soldats qui ont été assassinés. Il faudra attendre 1992 pour que toute la
lumière soit par le président russe Boris Eltsine qui transmettra à son
homologue polonais, Lech Walesa, le document comportant l’ordre de Staline.
Doc. vidéo projecteur  : Autres violence de guerre  : L’unité japonaise 731.
Unité commandée par le général japonais Shiro Ishii installée depuis 1938 à
Pingfan en Mandchourie sur un terrain de 3 km2 et qui comptait 150
bâtiments et 3 000 chercheurs. L’unité était spécialisée dans la guerre
bactériologique où étaient étudiées de multiples maladies (peste, anthrax,
dysenterie, typhus, typhoïde, paratyphoïde, choléra, botulisme, brucellose,
gangrène gazeuse, morve, grippe, méningite cérébro-spinale, salmonellose,
variole, tétanos, encéphalite, tuberculose, tularémie, fièvre hémorragique,
etc...).Lors de l’apogée de l’unité 731 , la production des bactéries et des
bacilles était potentiellement suffisante pour tuer plusieurs fois toute la
population de la planète .Shiro Ishii employait des cobayes humains pour
étudier ces maladies et essayait de fabriquer des armes chimiques . Ainsi, par

4
Con ven t i on de Gen ève (1929)  : La Con ven t i on de Gen ève du 27 ju i l l et 1929su r l e
trai t em en t des pri son n i ers de gu erre com pt e 97 arti cl es. El l e pose l e prin ci pe gén éral
sel on l equ el   l es capt i fs doi ven t êt re t rai t és, en t ou t t em ps, avec hu m an i t é. Il s doi ven t
êt re n ot am m en t prot égés con t re l es act es de vi ol en ce, l es i nsu l t es et l a cu ri osi t é pu bli qu e
; en out re il est i nt erdi t d' exercer des représai l l es con t re eu x
16
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

exemple, en 1942, En 1942, le Japon organise une opération massive contre la


Chine, en Chekiang , où les japonais utilisent de l'Anthrax, le Choléra, la
Dysenterie, la Typhoïde, la Paratyphoïde, et la Peste. 2 millions de Chinois,
civils comme militaires, sont ainsi massacrés .
17
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

2 Des civils comme objectifs de guerre.


Doc. sur nankin et sur Oradour-sur-Glane   : Que traduisent les documents
sur les violences faites aux civiles   ? Ces violences ne sont-elles pratiquées
que par les allemands   ?
 L’anéantissement est une pratique privilégiée des forces de l’Axe   :
 Le massacre de Nankin ( déc . 1937 ) est considéré par les
historiens comme le début de la 2GM en Asie-Pacifique. Le bilan est lourd  :
50 000 à 90 000 morts  ; 8 000 à 20 000 femmes chinoises violées.
 Le massacre d’Oradour-sur-Glane ( 10 juin 1944 ). Remontant vers
le front de Normandie, la division SS « Das Reich  » est harcelée par la
Résistance . Elle se venge en massacrant 642 habitants de ce petit village du
Limousin . Seuls 6 habitants échappent à la tuerie . Oradour-sur-Glane est
devenu en Europe occidentale le symbole de la barbarie nazie .
Doc. 12 p. 103   : Qu’est-ce qui montre que les civils sont au cœur de ce
conflit   ?
Churchill décrit ici le bombardement des villes et des usines britanniques,
destiné à abattre le moral de la population. Ce type de bombardement succède
à ceux de Varsovie (septembre 1939 ) et de Rotterdam (mai 1940 ). Dans ces
deux derniers cas, ils avaient précipité la reddition de la Pologne et des Pays-
Bas. Dans le cas britannique, cette dernière phase de la bataille d’Angleterre
(le Blitz, septembre 1940-printemps 1941 ) ne réussit pas à abattre le moral de
la population , en particulier des Londoniens, réfugiés dans le métro.

 Les forces alliées recourent elles aussi à des pratiques


d’anéantissement.
 Dès 1941, les bombardements britanniques (effectués de nuit sur des
objectifs militaires, puis à partir de 1942 sur les grandes villes et grandes
régions industrielles) sont plus importants que les bombardements allemands .
À partir de 1942 et surtout de 1943, les Américains se joignent aux
Britanniques et bombardent de jour. Les bombardements les plus meurtriers
ont lieu en 1943 sur la Ruhr, puis sur Hambourg ( 55 000 morts en 4 raids ) ;
en octobre 1944 sur Cologne et surtout en février 1945 sur Dresde (peut-être
18
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

130 000 morts en une nuit, le raid le plus meurtrier de la guerre) ainsi qu’au
japon. Le but est d’accélérer la reddition des allemands et japonais.
 En Normandie ils préparent le débarquement de juin 1944 et sont très
violents   : 200   000Normands trouvent la mort dans ces bombardements et 87%
de la ville de Caen est rasé . Les moyens manquent pour sauver les victimes
des bombardements et aider les rescapés.
 La fin de la guerre est marquée par les explosions atomiques sur
Hiroshima (la bombe fait instantanément 80 000 morts et 70 000 blessés.
L’estimation finale tourne autour de 260  000 morts) et Nagasaki qui
deviennent le symbole d’une guerre d’anéantissement.

C Le génocide des Juifs et des Tsiganes.


Comment les nazis ont-ils pensé et planifié le 1 e r génocide industriel de
l’Histoire   ?
1 Une exclusion progressive.
1 les 1 è r e s mesures.
Doc. 1 à 4 p. 104   ; 4 p. 105   : Quelles sont les populations que l'Allemagne
Nazie cherche à exclure?Pourquoi?
Les génocides des Juifs et des Tziganes sont un phénomène particulièrement
révélateur de la dimension d’anéantissement de la guerre au XXème siècle .
Cette politique est mise en place dès l’arrivée des nazis au pouvoir en 1933
avec la prise de mesures de «  protection de la race aryenne  ». Au départ, il
s’agit d’éliminer les juifs et les tziganes de l’état allemand   : 3 temps.
 Dès 1935 , sont prises les lois bannissant les populations juives   : les lois
de Nuremberg qui visent à garantir «   la protection du sang et de l’honneur
allemand   ». Les Juifs sont déchus de leur nationalité. Les mariages et les
relations sexuelles entre Juifs et « citoyens de sang allemand  » sont interdits ,
de même que l’e mploi de citoyen allemands par les Juifs . La ségrégation
s’étend, les vexations et les brimades se multiplient dans la vie quotidienne.
Les tziganes sont considérés comme des « criminels irrécupérables  » à partir
des lois de Nuremberg (1935). (Un fichier s’organise dès 1936. Ils ont
également une carte d’identité marquée d’un «  Z » (pour Zigeuner ,
« Tzigane » en allemand).)
19
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

 À partir du 9 & 10 novembre 1938, on assiste à un changement  ; la


politique antisémite se renforce de manière violente  : c’est le 1er
pogrom 5 de la
«   nuit de Cristal  », plus d’une centaine de Juifs sont assassinés et près de
30 000internés à Dachau et à Buchenwald. Les Tziganes sont eux aussi
touchés par cette radicalisation  : le 18 décembre 1938 , Himmler ordonne «   la
répression contre le fléau tzigane   ». La «   loi sur les asociaux   » légalise leur
stérilisation et les envoie dans les camps de concentration, où ils sont parfois
les victimes d’expériences médicales épouvantables.
 Cette radicalisation pousse les juifs allemands à quitter
massivement l’Allemagne  : ainsi, entre janvier 1933 & 1939, près de
350 000 juifs quittèrent le pays.

2 La guerre radicalise le phénomène.


Doc. 1 à 4 p. 104   ; 4 p. 105   Comment évolue le sort de ces populations entre
1939 et 1941? (plus carte 12 p. 107)
Le début de la guerre et surtout la conquête de la Pologne multiplient par 4 le
nombre de Juifs sous contrôle allemand (la Pologne comte 35 millions
d’habitants dont 3,2 millions de Juifs soumis à des violences systématiques  :
pogroms, exécutions sommaires, rafles, humiliations), ce qui conduit les nazis
à élaborer des solutions plus radicales encore….
Les juifs d’Europe orientale sont contraints de s’entasser dans les ghettos des
grandes villes polonaises. Un 1er ghetto 6 de 150 000 personnes est créé à
Lodz en avril 1940, suivi de ceux de Cracovie, Lublin, Lvov et Varsovie. Le
ghetto de Varsovie fondé en octobre 1940 regroupe 380   000 juifs (29% de la
population). Fin 1941 ils sont 445  000. Cette population des ghettos est
réduite à une mort lente et programmée  : chaque mois, 4 000 à 5 000
personnes meuren t de faim, d’épuisement et de maladie, forme
particulièrement barbare de « sélection naturelle  ».A partir de l’été 1942 , les
déportations commencent vers Treblinka . (La population tombe à 70  000
habitants. Le ghetto se soulève entre janvier et mai 1943. Les combats font

5
Pogrom   : Term e ru sse dési gn an t à l ’ori gi n e un assau t , avec pi l l age et m eurt res , d’u n e
part i e de l a popu l at i on con t re un e au t re , et en t ré dan s l e lan gage in t ern ati on al pou r
caract éri ser un m assacre de Ju i fs .
6
Gh et t o   : Qu art i ers isol és du rest e de l a vi l l e par des barbel és ou un mu r dan s l esqu el s
l es Al l em an ds forcen t l a popu l at i on j ui ve à vi vre dan s des con dit i on s mi sérabl es.
20
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

plus de 13  000 victimes, les survivants sont déportés, le ghetto rasé par les
Allemands (voir film «  le Pianiste  » de Roman Polanski - 2002). )
2 Le tournant de 1941 et la mise en place de la «   solution
finale   ».
A l’aide des docs 7 p. 106 & 5 p. 105, comment passe-t-on de la
ghettoïsation à l’extermination  ? Quel changement s’opère en 1942  ?
Pourquoi ?
La « Shoah 7  » n’a pas fait l’objet d’un plan longuement mûri à l’avance  ; elle
résulte des opérations meurtrières engagées à partir de juin 1941 (22 juin
1941 : invasion de l’URSS ) dans le cadre de la guerre d’anéantissement
contre l’URSS. Cette guerre contre le «  judéo-bolchevisme  » doit permettre
de réaliser les 3 objectifs assignés dans Mein Kampf   (conquête de l’espace
vital, destruction du communisme et élimination de la race juive).
 Des « opérations mobiles de tuerie  » sont organisées et des « groupes
d’intervention  » (Einsatzgruppen 8 ) sont créés. Ce sont des unités spéciales
de soldats SS, épaulés par des bataillons de police allemands et de
« volontaires  » ukrainiens et baltes, chargés de liquider systématiquement à
l’arrière du front tous les « éléments criminels  » qui pourraient faire obstacle
à la progression de la Wehrmacht  : « partisans » et communistes , mais surtout
tous les Juifs, hommes, femmes et enfants. Les victimes , estimées à plus d’un
million, sont brûlées vives ou fusillées au bord de fosses qu’elles ont creusées
elles-mêmes. A Babi-Yar, près de Kiev, 34 000 Juifs ont été ainsi abattus et
jetés dans un ravin en 2 jours (29 et 30 septembre 1941).
 Ces tueries de masse constituent une étape décisive dans l’escalade  :
dès l’été 1941, on envisage le transport des Juifs et des opposants vers des
camps à l’abri des regards et le recours au gaz et à l’incinération. Mais,
soucieux du maximum d’opacité, Hitler se garde de tout ordre écrit explicite
et les responsables utilisent un langage codé pour liquider physiquement de
façon méthodique et planifiée les «  ennemis de la race aryenne   »   : solution
finale, transplantation, traitement spécial.

7
Sh oah   : M ot h ébreu qu i si gn i fi e «   cat ast roph e   » et qu i dési gn e l ’ext erm i n at i on des Jui fs
par l es nazi s.
8
Ei nsat zgruppen   : («  grou pes spéci au x  » en al l em an d) Uni t és m obi l es n azi es form ées de
poli ci ers et de SS . Lors de l ’i n vasi on de l a Pol ogn e, el l es en ferm en t l a popu l at i on ju i ve
dan s des gh et t os et l es sou m et t ent au t ravai l forcé . A parti r de l ’in vasi on de l ’URS S en
1941, el l es sont ch argées de fu si ll er l es Ju i fs et l es responsabl es pol i t i qu es sovi ét i qu es .
21
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

Ainsi, avant même l’entrée en service des premiers camps d’extermination,


plus d’un million de juifs vivant en URSS, Pologne et dans les pays Baltes
ont ainsi été assassinés dans le cadre de fusillades de masse.
A partir de l’automne 1941, l’échec de la guerre-éclair en URSS ne permet
plus d’envisager de chasser vers l’Est les millions de juifs jugés indésirables
et résidant dans les régions désormais occupées par l’Allemagne. C’est alors
qu’Hitler et sont entourage décident d’exterminer l’ensemble de la population
juive européenne.
Doc. 5 p. 105   : Quelle remarque pouvez-vous faire sur le vocabulaire
employé par les nazis dans ce texte   ?
Le 20 janvier 1942 La conférence de Wannsee , dans la banlieue de Berlin,
réunit quinze hauts responsables nazis de différents ministères et des SS (dont
Heydrich et Adolf Eichmann ) pour décider la «   solution finale du problème
juif   », c’est-à-dire leur extermination dans les camps de la mort . À cette date,
elle a déjà largement commencé en URSS, par le biais de la «  Shoah par
balles  ». On fera remarquer le langage codé utilisé (« solution finale  » : mise
à mort ; « déficience physique  » : mort par épuisement  ; « traitement
approprié » : exécution ). Elle coordonne et systématise l’organisation de la
déportation de 11 millions de juifs dans des camps où pas un seul ne doit
survivre : l’extermination industrielle des Juifs à l’échelle de toute
l’Europe est programmée.
3 Déportation et extermination.
Carte p.12   : quelle différence existe-t-il entre camps de concentration 9 et
d’extermination 1 0   ? Où ces derniers se situent-ils   ? Combien en existent-
ils   ?
6 camps d’extermination sont créés, à partir de 1941, sur le territoire de
l’ancienne Pologne (Chelmno, Treblinka, Sobibor, Maïdanek-Lublin, Belzec
et Auschwitz ) afin d’éliminer rationnellement les déportés sélectionnés pour
motifs raciaux (Juifs, Tsiganes, Slaves) . Les chambres à gaz deviennent
« opérationnelles  » dans le courant de l’année 1942 ; les autorités allemandes
procèdent alors à la liquidation des ghettos dont les habitants sont déportés
vers les camps de la mort (ex : les habitants du ghetto de Varsovie sont

9
Cam p de con cen t rat i on   :Li eu de dét en t i on où l ’on en ferm e l es popu l at i on s con si dérées
com m e en n em i es de l ’É t at . C e son t en gén éral des cam ps de t ravail forcé.
10
Cam p d’ext erm i n at i on   : Cam p de con cen t rat i on où l a m ort est programm ée et organ isée
de façon in du st ri el l e.
22
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

déportés vers le camp de Treblinka  ; ceux de Cracovie à Auschwitz). Les juifs


d’Europe occidentale, quant à eux, sont déportés à partir de l’été 1942 (ex.   :
La rafle du Vel d’Hiv en juillet 1942).
Doc vidéo du témoignage de Marie Claude Vaillant-Couturier 1 1 (de 0’00’’ à
2’03) à mettre en relation avec l’extrait du livre de Primo Levi 1 2 «   Si c’est
un homme   » de lors de son arrivée à Auschwitz   : quel(s) point(s) commun(s)
et différence(s) se retrouvent dans ces 2 documents   ? Déduisez-en le
parcours d’un déporté dsn un camp d’extermination comme celui
d’Auschwitz   ?
Les 2 témoignages montrent la manière dont à Auschwitz les gens sont
déportés et pour beaucoup mis à mort de manière industrielle .
Point Commun : les 2 personnes même si elles appartiennent à la Résistance  ;
elles ont été déportées à Auschwitz  ; elles relatent le même événement  :
l’arrivée des convois dans des fourgons à bétail et le « tri » des déportés dès
la sortie du train  : Femmes, enfants et vieillards sont directement conduits
aux chambres à gaz  ; les autres sont placés dans une autre partie du camp où
travaillent à Auschwitz III - Monowitz .
Différences : elles ne sont pas dans le camp pour les mêmes raisons  : la
résistance pour l’une ; la résistance et religion pour Levi. Levi par ses
connaissances en Chimie.
Situés au-dessus des chambres à gaz, les fours crématoires servent à éliminer
les corps retirés des chambres à gaz par des détenus juifs du Sonderkommando
(« commando spécial  »), chargés de ramasser les effets personnels des
victimes, d’arracher des cadavres les dents en or et de leur crémation . Les
membres du Sonderkommando étaient régulièrement exécutés. À Auschwitz,
lors de la plus grande activité des chambres à gaz (été 1944), une partie des
corps a été brûlée dans des fosses à l’air libre. Le «  rendement  » a été

11
communiste
Mari e- Cl aude Vail l ant -C out uri er (1912 – 1996)   : Rési st ant e f rançai se
arrêt ée en 1942 pui s déport ée à Auschwi t z en 1943 pui s t ransf érée à Ravensbrück en 1944.
Ell e t émoi gne l ors du Procès de N uremberg ent re N ovembre 1945 et Oct obre 1946.
12
Pri mo L evi   : «   Oubl i er l e passé, c'est se condamner à l e revi vre.   ». (1919 – 1987)   :
Écri vai n it al i en de rel i gi on jui ve survi vant de l a Shoah. Il ent re dans la Résistance
italienne après la chute de Mussolini   ; arrêt é en décembr e 1943, i l est li vré
aux al l emands et déport é à Auschw i t z l e 20 f évri er 1944. Il y travai l l era au l aborat oire de
chi mi e de l 'usi ne de caout chouc de Monow it z d'où il sort i ra l e 27 janvi er 1945, l ors de l a
li bérat i on du camp par l 'Armée rouge sovi ét i que.
23
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

maximum en août 1944   :24   000Juifs hongrois exécutés en une journée .Le 27
janvier 1945, l’Armée Rouge libère le camp.
D La découverte de l’horreur.
1 Le monde face à la découverte des camps.
La question est les alliés étaient-ils au courant   ?
Doc. vidéo : la libération des camps par les alliés.
http://www.youtube.com/watch?v=0KFiQVy_yQo
 Préservation du secret par les nazis  : les chambres à gaz sont
camouflées en douches ; des expressions codées comme « solution finale  » ou
« traitement spécial  » dissimulent l’horreur du crime et facilitent
l’acceptation des ordres par les exécutants . Mais la plupart des juifs polonais
ont su ce qui les attendait  : l’annonce de la déportation des derniers juifs de
Varsovie provoque ainsi l’insurrection du ghetto, le 19 avril 1943.
 Cependant, dès 1942, des informations ne cessent de parvenir au
Vatican, à la Croix-Rouge, aux Alliés et aux organisations juives . Pourtant,
personne ne semble mesurer l’ampleur du génocide vue l’absence
d’intervention et de réaction . Pourquoi ?
 Par la priorité donnée aux opérations militaires
 Par peur du « bourrage de crâne », d’où l’extrême méfiance
envers les informations en train de circuler
 Par l’incapacité à imaginer un tel système de tueries planifié et
industriel
Devant l’avance des forces alliées , les nazis font disparaître les traces les
plus monstrueuses de leurs crimes et procèdent à l’évacuation précipitée des
camps. Celle-ci s’accompagne, dans l’hiver 1944-45, d’interminables marches
forcées qui déciment une population épuisée par les privations et ravagée par
les épidémies  : 300 000 victimes supplémentaires attestent de la volonté des
nazis de faire en sorte que le peuple juif ne survive pas à l’effondrement
du Reich.
Toutefois, de nombreux juifs ont eu la vie sauve grâce à l’action courageuse
d’hommes et de femmes, de réseaux de résistance et departiculiers, quiont
reçu depuis le titre de  « justes des nations  », comme Oskar Schindler ou le
24
Th èm e 1 – C hap. II – La S econ de Gu erre m on di al e

diplomate suédois Raoul Wallenberg qui sauva plus de 20  000 juifs hongrois
en leur fournissant des passeports suédois.
2 Le bilan de la déportation de répression.
Doc. 11 p .107   : Tableau du bilan du génocide.

Le bilan de la Shoah   : Environ 5   100   0000 victimes


 Morts par suite de la « ghettoïsation » et des privations  :
800   000   ;
 Morts par exécutions en plein air par les Einsatzgruppen   et autres
fusillades   : 1   300   000   ;
 Morts dans les camps   : 3   000   000 ( dont environ 1 M à
Auschwitz ).

Répartition géographique      
 Europe Orientale  : plus de 3,4 M ( dont 3 M en Pologne)
 U.R.S.S. : plus de 700 000 ;
 Europe centrale et balkanique  :environ 730 000
 Europe occidentale  : environ 210 000 En France.
Au total, 76 000 Juifs ont été déportés de France vers les camps nazis , soit
environ un quart de la population juive qui résidait dans notre pays en 1940.
Au début de la Seconde Guerre mondiale, bien qu'il soit difficile de l'évaluer
exactement, on considère que 330 000Juifs, approximativement,résidaient en
France et que la moitié d'entre eux était étrangère. 2 500déportés juifs
seulement ont échappé à l'extermination .
Avec les3 000 Juifsmorts dans les camps français d'internement et le millier
de Juifs exécutés ou fusillés comme otages , le bilan total avoisine les 80 000
victimes .

Le bilan du génocide des Tsiganes


Au total environ 250   000victimes c'est-à-dire 1/3 de la population tsigane .En
France :15 000 Tsiganes déportés  : très peu ont survécu.
Au total, près de 162 000 déportés de répression ou de persécution , ont été
acheminés depuis la France vers les camps de concentration et d'extermination
nazis.

Vous aimerez peut-être aussi