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“La guerre n’est rien d’autre que la continuation de la politique par d’autres moyens”
(De la guerre, 1831), écrit Carl Von Clausewitz, éminent général prusse et théoricien
militaire, dans son ouvrage recensant sa pensée autour des conflits. La perception de la
guerre est différente à travers les époques, son déroulement évoluant sans cesse. Par
exemple, les transformations technologiques, idéologiques, ainsi que celles des enjeux
politiques, amènent à réfléchir à propos de cette évolution. Nous pouvons ainsi nous
demander si les guerres d'aujourd'hui sont les mêmes que celles d'hier. Dans un premier
temps, nous verrons quelles sont leurs modalités jusqu’au courant du XXème siècle, pour
nous pencher dans un second temps sur les spécificités des conflits plus récents.
En premier lieu, on peut observer certaines modalités des guerres jusqu'au XXème
siècle. Elles sont surtout interétatiques mais aussi symétriques. Ce sont donc des Etats qui
s’affrontent, et à force égale. On peut parler des guerres anglo-néerlandaises (1652-1784),
qui illustrent bien ce type de conflit. Il s'agit d'une série de quatre guerres au XVIIème siècle
et XVIIIème siècle entre la Grande-Bretagne et les Pays-Bas. Leur enjeu principal est le
contrôle des échanges politiques et commerciaux. On peut aussi citer la guerre de Sept-Ans
(1756-1763), qui oppose la France et la Grande Bretagne. Ce sont à cette époque les deux
principales puissances mondiales, présentes à la fois en Europe, mais aussi
internationalement, chacune possédant de nombreuses colonies. L'extension de leurs
empires respectifs crée des tensions, et les batailles ne tardent pas à faire rage que ce soit
en Amérique, en Méditerranée ou aux Indes. La guerre de Sept-Ans est alors considérée
comme la première guerre mondiale, les théâtres d’opérations étant élargis à la planète
entière. Cependant, il s'agit d'une exception, ce type de guerre se déroulant surtout au
XXème siècle. De plus cette guerre s’inscrit dans un contexte géopolitique tendu, les
grandes puissances cherchant à s’affirmer les unes contre les autres. C’est donc une
véritable lutte pour l’hégémonie que marque ces différents conflits, par le biais
d'affrontements interétatiques.
De plus, on peut voir que les guerres prennent un aspect idéologique à partir du
tournant du XIXème siècle. C'est la naissance des "guerres absolues", qui reprennent tous
les principes de la guerre classique, mais avec des idéaux. La bataille de Valmy, en 1792,
marque une révolution dans la manière de concevoir la guerre. Elle marque la première
victoire décisive de l'armée française pendant les guerres de la Révolution ayant suivi le
renversement de la monarchie des Bourbons. Il ne s'agit plus de conquêtes de territoires, ni
de conversions religieuses qui sont en jeu, mais bel et bien de toute une idéologie commune
qui rassemble des milliers de Français. C'est aussi une révolution, car c'est plus de 47 000
citoyens-soldats qui se battent, et non pas des militaires. On peut également s’intéresser au
cas de la guerre franco-prussienne (1870-1871), qui elle aussi donne à voir le même type de
schéma. Depuis des années, une haine féroce persiste alors entre les deux pays, que ce
soit au niveau culturel ou politique, ce qui amène l'idée d'anéantir l'opposant à émerger. Au
cours de cette guerre, la France subit de nombreuses défaites jusqu'à sa signature d'un
armistice en 1871. Cette haine réciproque se ressent surtout à cette période, la France
devant céder l'Alsace-Lorraine, ainsi que verser de nombreuses indemnités à l'Allemagne.
C'est une véritable humiliation pour la France, et on peut dire que ce conflit a exacerbé les
nationalismes, qui prendront une réelle ampleur au siècle suivant.
On peut ainsi étudier les différents conflits se déroulant au cours du XXème siècle,
qui sont plus meurtriers mais qui s'inscrivent parfois dans la continuité des guerres des
siècles précédents. La Première Guerre mondiale, aussi appelée la "Grande Guerre", de par
l'ampleur qu'elle prend, dure de 1914 à 1918. L'héritier du trône Austro-Hongrois, l'archiduc
Franz Ferdinand, est assassiné le 28 juin 1914 par un nationaliste serbe, Gavrilo Princip.
Les tensions montent entre les deux Etats, et le conflit s'étend rapidement au reste du
monde, notamment par le jeu d'alliances. Les idéologies sont toujours au cœur de la guerre,
notamment en France, où le gouvernement mène une politique "d'esprit de revanche" au
sein même des écoles depuis la guerre franco-prussienne (manuels scolaires, chapitres,
cours de sports plus fréquents). C'est aussi une "guerre totale", car elle utilise l'ensemble
des ressources des pays concernés. L'économie, l'industrie, la politique mais aussi la
société deviennent des enjeux majeurs dans son déroulement. Les avancées
technologiques permettent aux belligérants d'infliger de nombreux dégâts à leurs opposants.
On comptera ainsi plus de 40 millions de morts et 20 millions de blessés lors de la Première
Guerre mondiale. On peut également parler de la Seconde Guerre mondiale, qui, elle aussi,
s'inscrit dans la continuité des guerres précédentes, et repose majoritairement sur des
conflits d'idéologies (exp: nazisme) et de nationalismes. C'est une guerre d'anéantissement,
et il y a une production intensive d'armes lourdes, d'armes chimiques, dans le but de détruire
l'Etat opposant dans sa totalité.
Ainsi, nous avons pu voir quelles étaient les modalités principales des guerres jusqu’au
courant du XXème siècle. Nous allons à présent étudier leurs spécificités plus
contemporaines.
En second lieu, on peut dire que certains conflits récents ont amorcé l'apparition de la
notion de "choc des civilisations". C'est Samuel Huntington, professeur américain, qui
aborde cette notion dans son ouvrage Le Choc des civilisations, en 1991. Il y décrit la
montée rapide d'une logique de conflits intra-étatiques à son époque. Il s'agit alors surtout
des conflits ethniques qui éclatent. La guerre en ex-Yougoslavie (1992) peut être considérée
comme appartenant au "choc des civilisations", car elle est due à des tensions ethniques,
politiques mais aussi religieuses se déroulant entre les populations d'un même Etat. Dans ce
contexte, on peut aussi parler du génocide rwandais (1994), un génocide civil opposant
deux peuples rwandais : les Hutus et les Tutsis. Ces deux peuples opposés culturellement,
économiquement, culturellement et socialement, perpétuaient une discrimination systémique
depuis des décénnies, qui a atteint un point culminant en 1994. En trois mois, plus de 800
000 Tutsis ont été massacrés par l'armée, le pays étant alors dirigé par les Hutus. Ces
conflits démontrent un nouvel aspect de la guerre, qui n'est plus interétatique mais
intra-étatique, en se déroulant au sein même des Etats. Il y a donc toujours cette notion
idéologique qui existe dans la guerre.
Pour conclure, on peut dire que les guerres d'hier ne sont pas les mêmes que celles
d'aujourd'hui, même si ces dernières en reprennent quelques aspects. Nous avons pu voir
que les guerres jusqu'au courant du XXème siècles étaient surtout interétatiques,
symétriques tandis que les guerres plus récentes sont surtout intra-étatiques et
transnationales. Il est bien plus difficile de mettre fin à ce type de conflits, ce qui rend le
processus de paix souvent impossible. Il serait à présent judicieux d'étudier les modes de
résolutions de ces différents conflits, ainsi que leurs éventuelles évolutions, afin d'avoir une
vision plus large de la manière de faire la paix au fil du temps.