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Avant de débuter ce chapitre, il est indispensable de revoir le début du chapitre 4, concernant la stratification sociale et la distinction entre
différences et inégalités. Revoyez également la Fiche méthode de Mesure des inégalités.
Ces connaissances seront considérées comme comprises et acquises.
Dès lors que l’on pose le diagnostic de l’existence d’inégalités, il convient de faire un bilan des différentes inégalités, de leurs relations et de
leur évolution. (I)
Se pose ensuite la question de leur justification et donc de leur justice.
Toutes les inégalités sont-elles “normales”, cad “justes” dans une société donnée ?
Mais qu’est-ce qu’une inégalité “juste” ? Selon quels critères décide-t-on de leur justice ?
La justice sociale s’appuie sur l’idée d’égalité mais elle ne fait pas l’objet d’une définition unique. Elle n’est pas interprétée par tous de la
même manière : égalité des droits, égalité des chances, des situations etc… (II)
Dans ces conditions, quels peuvent être les objectifs des politiques publiques définies collectivement dans nos sociétés démocratiques, pour
contribuer à la justice sociale ? Quels sont leurs moyens ? Sont-elles efficaces ? (III)
I. Des inégalités évolutives et cumulatives et multiformes
A. Comment les inégalités ont-elles évoluées depuis le début du XX°s ?
Doc 2 et Doc 3 p 294-295: pour chacun des deux documents:
1/ Décrivez le type de doc, son indicateur, sa source...
2/ Faites une lecture chiffrées de deux données du document. Si le document comporte plusieurs indicateurs, fournissez au minimum 1 lecture par
indicateur. → Au besoin, reprenez la FM Mesure d’inégalités
3/ Analysez le document: quelles sont les informations principales à retenir de chaque document ? Justifiez avec des données chiffrées.
II/ Les évolutions économiques récentes avantagent certains travailleurs au détriment d’autres
Du fait du progrès technique, la demande de travailleurs non qualifiés diminue par rapport à celle de travailleurs qualifiés. La
mondialisation, en mettant en concurrence les salariés peu qualifiés des pays développés et en développement dans certains
secteurs, contribue également à un chômage plus élevé et à des augmentations de salaires plus faibles chez cette catégorie
de travailleurs, ce qui renforce les inégalités de revenus primaires entre travailleurs.
Les rapports de force évoluent néanmoins: ce ne sont plus seulement des inégalités traditionnelles entre travailleurs qualifiés
et non-qualifiés, mais surtout entre travailleur délocalisable ou remplaçable par une machine et travailleur non-délocalisable et
non-remplaçable par une machine.
Par exemple, de nombreux métiers qualifiés de l'ingénierie ou de la comptabilité (ingénieur, comptable) peuvent voir leurs
emploi délocalisés, a contrario, des emplois peu qualifiés des services à la personne (personnel de ménage, d’entretien des
jardins, garde d’enfants, de personnes âgées) sont aujourd’hui “en tension”: la demande excédant l’offre (donc les prix /
salaires………………….)!
On parle à ce titre, du développement des métiers “à compétence” plutôt qu’à qualification.
Cependant, la libéralisation du commerce contribue, au contraire, à réduire les inégalités en augmentant le pouvoir d'achat.
Enfin, la hausse des hauts revenus (salariés de la finance, PDG, patrons propriétaires) est, quant à elle, largement liée à la
libéralisation des marchés financiers et à la mise en place de nouvelles pratiques de rémunération et de gestion des dirigeants (bonus, stock-options)
qui ont favorisé l'inégalité comme norme sociale.
Synthèse :
les “vieilles” et les “nouvelles inégalités” économiques et sociales
Il existe de nombreuses autres formes d’inégalités sociales. On peut les classer, pour simplifier, entre les « vieilles » et les « nouvelles » inégalités.
Les vieilles inégalités (ou inégalités « classiques ») sont les inégalités « simples » connues depuis « toujours » :
- inégalités de prestige : qui peuvent être liées à une profession (indépendamment du niveau de salaire : par exemple il est mieux vu d’être
médecin que plombier, même si un médecin de campagne gagne en général moins qu’un plombier) ou simplement à une position sociale
(titre de noblesse, chanteur, gagnant de la coupe du monde de foot etc),
- inégalités professionnelles : en terme de salaire ou de revenu, d’avancement, de protection sociale etc…
- inégalités de patrimoine: le patrimoine se transmet entre les générations, et permet de générer des revenus (rentes).
- inégalités sexuelles : homme/femme,
- inégalités fondées sur des caractéristiques physiques ou mentales : couleur de peau, handicap, origine ethnique, religieuse etc.
Les nouvelles inégalités sont la résultante d’une conjugaison de facteurs. elles ont donc un caractère cumulatif.
inégalités territoriales : de salaires, face aux soins, face à la mort, à l’offre d’éducation (scolaire et universitaire), de transport, d’offre culturelle,
de niveau de vie, de mode de vie.
inégalités sociales résultantes des inégalités professionnelles : disparités d’espérances de vie, de mobilité, d’activités culturelles, de
réussite scolaire des enfants.
inégalités de consommation : résultante des inégalités de revenus et de patrimoine, mais également des inégalités territoriales ou sexuelles.
inégalités de santé, d’espérance de vie et d’accès aux soins : liées aux inégalités territoriales, de revenus et de milieu social.
inégalité de culture (et d’accès à la culture). Idem
Rédigez 1 SA, expliquant le caractère cumulatif des inégalités économiques ET sociales en partant d’un exemple.
II. Inégalités justes, inégalités injustes ? Les différentes formes de la
Justice sociale
Petite introduction:
Doc 1: Les inégalités sont-elles toujours injustes?
Attachons-nous ici à la tendance, [...] irrépressible, à lire ces différences de cursus comme des
inégalités injustes. Les inégalités de carrières - par exemple, la rareté des enfants d'ouvriers à
Polytechnique - sont lues comme d'évidentes inégalités des chances : ces enfants ont sans doute
rencontré plus de difficultés scolaires du fait des contenus de formation - selon la thèse de ‘l'inégale
distance” entre cultures familiales et culture scolaire -, ou d'une scolarisation dans des contextes
scolaires de qualité inégale - du fait de la ségrégation scolaire notamment - ; ils ont sans doute été
mal informés de toutes les possibilités d’études. [...] La question du degré de justice éventuel de ces
inégalités de carrières scolaires apparaît sacrilège, et elle est souvent éludée.
Pour trancher, un surcroît d'information serait nécessaire: il conviendrait de savoir comment ces
inégalités ont été fabriquées, en particulier si, au départ, les aptitudes scolaires, la mobilisation et
les visées étaient identiques. Concrètement, les inégalités d’accès à Polytechnique entre enfants de
cadres et enfants d’ouvriers ne seraient injustes que si les uns comme les autres étaient tous
capables et en avaient tous l’ambition, certains ayant été injustement empêchés de réaliser leurs
rêves…
Marie Duru-Bellat, Le mérite contre la justice, Les presses de Sciences-Po, 2009
1/ Pourquoi les différences de parcours scolaire peuvent-elles apparaître comme des
inégalités injustes?
2/ Comment l'auteure relativise-t-elle cette idée?
3/ En quoi l’affiche du laboratoire des inégalités mise en illustration peut-elle être un exemple
de cette difficulté à différencier différence et inégalité? Apportez une réponse nuancée.
4/ Trouvez d’autres exemples d’inégalités justes ou injustes. Justifiez.
Donc on arrive rapidement à la notion de Justice sociale: la Justice sociale se compose d’un ensemble des principes qui définissent une
répartition des ressources, des droits et de devoirs sociaux des membres d’une société donnée. la justice sociale se fonde sur une des
vision de l’égalité et est donc propre à une société, à une époque données… il y a donc de multiples visions de la justice sociale.
Tocqueville:
Les deux passions des individus dans les sociétés démocratiques:
Pour Tocqueville, les individus dans les sociétés démocratiques ont deux “passions” (grandes valeurs) très fortes: une
passion pour la liberté (plus de servitude, d'obéissance aux nobles ou monarques), et une passion pour l’égalité qui
s’appuie sur l’égale considération des individus (abolition des privilèges) et conduit à revendiquer l’égalité de droit (dite
“égalité des conditions chez Tocqueville) mais aussi à chercher une égalité “de fait” (égalité des situations).
Ce 2eme sentiment étant plus fort encore que le premier, Tocqueville pensait qu’il est possible que les individus acceptent
de se faire déposséder de tout ou partie de leur liberté individuelle pour obtenir davantage d’égalité entre les individus…
ce qui pourrait conduire à l’arrivée légale d’un despote au pouvoir, qui permettrait à ses électeurs de leur accorder
davantage d’égalité...
L’histoire du XX°s, mais également celle du XIX°s montre toute l’actualité de cette analyse…
Tocqueville, né en 1805 et mort en 1859 était un visionnaire... non?
Définition: Etat-providence
Conception de l’intervention de l’Etat, qui s’est imposée après la Seconde Guerre Mondiale, selon laquelle l'Etat doit jouer un rôle actif
dans la recherche du progrès économique et social. Parfois, la notion d’E-P est employée de façon plus restrictive pour désigner le seul
système de protection sociale.
L’Etat-providence, dont l’inspiration théorique est le keynésianisme, associe ainsi le progrès social et dynamisme du système économique: la
recherche du plein-emploi et les systèmes de protection sociale et d’éducation participent au soutien de la demande et à l'entretien de la force de
travail tout en répondant à des besoins sociaux.
Doc 3 p 305: “Une protection sociale source de désincitations au travail?” Faire les 4Q
“La pauvreté n’est pas un accident. Comme l’esclavage et l'apartheid, elle a été faite par l’homme
et peut être supprimée par des actions communes de l’humanité.
L’éducation est l’arme la plus efficace qu’on puisse utiliser pour changer le monde.”
Nelson Mendela