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1ère SES A rendre pour le

Devoir maison

Le clivage droite-gauche
1ère PARTIE : Qu’est-ce que la droite et la gauche ? (/20)
Document 1 : la droite et la gauche, expliquées à ma fille.

La campagne présidentielle n'enthousiasme personne, et surtout pas les jeunes. Au


lycée, qu'ils votent ou non, les adolescents sont au mieux perplexes, au pire,
indifférents. Dans les deux cas ce n'est pas satisfaisant car ce qui se joue est malgré
les apparences un débat d'idées qui mérite leur attention. Au-delà des discours
caricaturaux, il est important de leur expliquer sereinement ce qui au fond différencie
réellement Nicolas Sarkozy de François Hollande, et de façon plus générale la "droite"
de la "gauche".
Voici quelques repères pour répondre à leurs questions.
Il est utile de leur rappeler, d'abord et avant tout, que tous les candidats, quel que soit
leur parti, ont pour ambition de rendre les gens heureux. Oui, même Marine Le Pen.
La seule réserve, dans son cas, consisterait à dire que sa cible est moins large : dans
"les gens", elle range sans doute moins de monde que les autres candidats. Mais
l'ambition demeure : les programmes prétendent tous améliorer la vie des gens. Il n'y
a pas la méchante droite d'un côté, et la gentille gauche de l'autre, ou inversement.
Les extrêmes n'y échappent pas, mais proposent toutefois des méthodes un peu plus
radicales pour y parvenir.
Car ce sont les méthodes qui font la différence, les moyens à mettre en œuvre.
S'agissant des principaux partis en lice, c'est même une différence de vision du monde,
qui se traduit par l'ordre dans lequel ils placent l'individu et la société, c'est-à-dire le
collectif.
Pour le dire en quelques mots et proposer à nos adolescents une formule qui résume
bien le débat : la droite pense que pour que la société aille mieux, il faut que les
individus aillent mieux. La gauche pense à l'inverse que pour que les individus aillent
mieux, il faut que la société aille mieux.
La droite part de l'individu et considère qu'une société harmonieuse est le fruit, ou la
somme, de la réussite ou du bien-être individuel. La gauche fait le chemin inverse, en
considérant qu'il ne peut y avoir de bien-être individuel qu'au sein d'une société
harmonieuse. La réussite collective précède et conditionne la réussite individuelle.
C'est une distinction fondamentale qui traverse la science économique, la sociologie,
et l'ensemble des sciences humaines. Il est logique qu'on la retrouve dans le champ
politique.
Détaillons un peu.
Pour la droite, l'initiative individuelle est le moteur de la société. C'est elle qu'il faut
favoriser, à qui il faut donner les moyens de son épanouissement. Le désir de réussir,
l'envie de s'enrichir, la volonté de s'élever socialement : voilà des motivations que la
droite reconnaît comme les principaux moteurs de l'action.
Elle s'interdit de porter un jugement moral : l'avidité ou l'appât du gain n'ont pas à être
condamnés puisque la fameuse "main invisible" se charge de transformer ces vices
privés en vertus publiques. Les mécanismes sont connus : la volonté de réussir
provoque le besoin de s'instruire, de créer des entreprises, d'innover, ce qui au final
crée de la croissance, des emplois et plus généralement de la richesse. Celle-ci peut
alors être plus ou moins redistribuée par l’État, au travers de dispositifs comme la
sécurité sociale, l'assurance chômage, l'enseignement, ou les infrastructures
collectives.
La limite de ce raisonnement, c'est que ça ne marche pas aussi bien que prévu. La
gauche pointe précisément cette faiblesse : depuis 20 ans en particulier, la richesse
créée par la croissance n'a profité qu'à une très petite minorité, ce qui a conduit à une
explosion des inégalités entre les classes aisées et les classes modestes. Elle réclame
en conséquence davantage de régulation : en clair, que l'on cesse de se reposer sur
l'initiative individuelle en pensant que les problèmes collectifs se résoudront d'eux-
mêmes grâce à la main invisible.
La gauche propose en effet d'inverser la perspective. Elle constate que tout le monde
ne part pas dans la vie avec les mêmes armes et que le mécanisme de la main invisible
ne peut fonctionner que si chacun démarre avec le même bagage, dans le même
contexte.
Elle propose de commencer par travailler ce contexte, afin que chacun dispose d'un
capital de départ financier, culturel, symbolique, à peu près équivalent. C'est la raison
pour laquelle les questions d'éducation, de protection sociale, d'infrastructure, de
logement etc. sont si présentes dans son discours, là où la droite parle plus volontiers
d'aider les entreprises et les entrepreneurs, ou met en avant "la France qui se lève
tôt".
A gauche, on n'hésite pas à justifier cette prééminence du collectif par des jugements
moraux, contrairement à la droite. Considérant que le raisonnement politique doit
s'imposer au raisonnement économique, elle considère certains comportements
économiques comme clairement immoraux et entend encadrer davantage l'activité,
afin de remettre l'économie volontairement au service de la société, et non
mécaniquement par le biais de la main invisible.
Ce faisant, elle prend le risque de l'angélisme, qui consiste à ne pas reconnaître la
réalité des comportements individuels en pariant sur une humanité vertueuse.
C'est la limite que pointe la droite : l'expérience montre que les réussites, qu'elles
soient individuelles ou collectives, n'ont que peu à voir avec les bons sentiments. De
surcroît, dans un contexte mondialisé et encore très déséquilibré entre les riches
démocraties du Nord et les nombreux pays du Sud qui aspirent eux aussi à la
prospérité sans avoir le même niveau d'exigence sociale, c'est prendre un risque
important.
Chacune des visions porte naturellement une part de vérité et une part d'exagération.
Aucune n'est suffisante et nos adolescents doivent en être conscients. Que cela ne les
empêche pas de pencher d'un côté ou de l'autre. L'important, c'est de comprendre les
termes du débat, et d'y participer.
Le Monde.fr | 20.03.2012 | Par Patrick Moynot, maître de conférences à Sciences Po Paris
1. Reprendre les formules qui peuvent permettre selon la gauche et la droite d’aller
mieux. (/2)
2. Quel est le moteur de la société pour la droite ? (/2)
3. Au contraire, sur quoi doit-on travailler pour assurer une meilleure société selon la
gauche ? (/2)
4. Quelle est la limite du raisonnement de gauche selon la droite ? (/2)
Document 2
Comment faire pour distinguer la gauche et la droite ? On peut les distinguer en
fonction des valeurs défendues. Ces valeurs peuvent elles-mêmes être catégorisées
selon le domaine auquel elles font référence (économique ou social/culturel) et selon
le degré de conservatisme ou de libéralisme.
- D’un point de vue social/culturel :
Le libéralisme culturel : c’est une attitude qui respecte la liberté d’autrui en matière
d’opinion, de conduite, et qui s’oppose à l’autoritarisme, l’intolérance.
Cela s’oppose au conservatisme culturel qui insiste davantage sur les traditions et
le conformisme en matière de mœurs.
- D’un point de vue économique
Le libéralisme économique renvoie à une volonté de « laisser faire » le marché, donc
un interventionnisme de l’Etat très limité, dont le rôle consiste surtout à assurer la
concurrence et la liberté d’entreprendre.
Cela s’oppose à un plus fort interventionnisme de l’Etat dans les mécanismes de
marché, et plus largement dans les domaines sociaux, économiques, sanitaires et
environnementaux.

Ainsi, en croisant ces quatre caractéristiques (libéralisme/conservatisme, dans les


domaines économique/culturel), on arrive à classer, de manière schématique, les
partis politiques et leurs valeurs.
5. Placez les valeurs suivantes sur l’axe droite-gauche : interventions de l’Etat, moins
d’impôts, solidarité, tolérance, travailler plus, traditions, liberté d’entreprendre, plus
d’égalité, protectionnisme, mérite, confiance dans les marchés, sécurité (/6)

Droite
Document 3
Jusqu’au début des années 2000, la droite et la gauche s’opposaient sur le terrain des
valeurs socioéconomiques. La gauche pouvait compter sur le soutien des classes
populaires, des jeunes et des personnes aux revenus modestes. Et la droite tendait à
réunir les électeurs plus âgés, possédant davantage de ressources financières (salaire
et patrimoine) et travaillant plutôt dans le secteur privé. Depuis, il est possible
d’observer un second clivage autour des valeurs culturelles, mesurées par les
positions dites ouvertes ou fermées sur des questions relatives aux enjeux sociétaux
(homosexualité, rôle de la femme, procréation médicalement assistée…), à
l’autoritarisme (peine de mort, hiérarchie sociale, sens de la discipline à l’école…) et
au racisme (immigration, construction des mosquées, antisémitisme…).
Le croisement de ces deux dimensions laisse schématiquement apparaître quatre
grands espaces politiques : un premier rassemblant des électeurs libéraux sur le plan
économique et conservateurs sur le plan des valeurs culturelles ; un deuxième, des
électeurs libéraux pour la dimension culturelle et conservateurs pour celle
économique ; un troisième, des électeurs conservateurs sur les deux plans ; et un
quatrième, des électeurs libéraux tant sur les thèmes économiques que culturels.
Au sein des deux familles politiques traditionnelles, les électeurs sont désormais
soumis à une offre politique bidimensionnelle, dans laquelle Les Républicains
incarnent, dans le premier espace, une droite libérale plus ou moins modérée sur le
plan économique et conservatrice sur le plan culturel ; et le Parti socialiste, dans le
deuxième espace, une gauche libérale sur le plan culturel et conservatrice modérée
sur les enjeux économiques. Ces deux dimensions ont permis au Front national
d’occuper, à droite, le troisième espace, celui d’un conservatisme à la fois économique
et culturel (ethnocentrisme) et à La France insoumise de représenter à gauche, dans
le deuxième espace, un conservatisme économique combiné à une plus grande
ouverture culturelle. La position de l’électorat d’Emmanuel Macron est quant à elle
singulière en ce sens qu’elle se caractérise par une double ouverture économique et
culturelle et lui permet ainsi d’occuper le quatrième espace, sans véritable concurrent.
Extrait de « Les transformations de la sociologie du vote », Cahiers français mai 2018, n°404
6. En vous appuyant sur le texte, placez dans l’axe suivant ces partis politiques : Les
Républicains, La France Insoumise, Renaissance (anciennement La République en
Marche) et le Rassemblement National (anciennement le Front National). (/4)

Libéralisme culturel

Conservatisme
économique Libéralisme
économique

Conservatisme culturel

A partir du site politest, conçu par un ancien étudiant de Sciences-Po, Laurent Cald
http://www.politest.fr/questionnaire/page1.php
Répondez aux 12 questions du test en prenant le temps de réfléchir. A la fin du test, le site
vous indique de quel(s) parti(s) politique(s), vous êtes idéologiquement le plus proche (le
résultat est personnel, vous n’avez pas à me le donner).
7. Pour comprendre les résultats du test, cliquez en haut de la page sur le lien « les
explications de votre résultat » et donnez les trois dimensions sur lesquelles s’appuie
le test (/2).
8. Vérification des connaissances : Refaites le test, non pas pour exprimer vos opinions
mais pour tenter d’obtenir au choix, un résultat le plus à gauche possible ou le plus à
droite possible.

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