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LE MOUVEMENT OUVRIER ET SOCIALISTE

 - L’âge libéral correspond grossièrement à la première moitié du XIXe siècle.


 La belle époque de la démocratie débute vers 1848 et s’étend au moins jusqu’au lendemain de la
Première Guerre Mondiale.
 La poussée socialiste se situe plus tard encore et ne se manifeste que dans le dernier quart du
siècle.
 On emploie concurremment l’expression de mouvement ouvrier qui met l’accent sur la référence
sociologique et celle de socialisme qui désigne une inspiration philosophique, les deux étant
étroitement imbriqués.
 La première donnée du socialisme est la rencontre qui s’est produite au XIXe siècle entre deux
réalités de nature différente : entre le socialisme, d’une part et d’autre part, un phénomène qui
intéresse essentiellement l’histoire de la société, la formation d’une catégorie sociale, la classe
ouvrière qui s’organise en mouvement pour la défense de ses intérêts, la satisfaction de ses
revendications professionnelles.
 Les origines du socialisme sont bien antérieures à la Révolution Industrielle. L’inspiration initiale
du socialisme ne doit même rien au prolétariat, au sens moderne du terme, puisqu’elle s’est
d’abord élaborée à propos des problèmes agraires dans des sociétés rurales. La revendication
de l’égalité, la formule du partage se sont appliquées en premier lieu à la propriété de la terre.
 Ainsi le passé comme le présent montrent que le socialisme ne se réduit pas à la philosophie des
sociétés industrielles, qu’il peut y avoir un socialisme des sociétés rurales.
 Réciproquement, le mouvement aurait pu emprunter son inspiration à d’autres doctrines. En
France, l’élite ouvrière des compagnons regarde vers le passé qui lui apparait comme un âge d’or
par réaction contre l’individualisme libéral.
 Le socialisme s’est peu à peu imprégné des préoccupations de la classe ouvrière. Il a fait
siennes ses revendications, leur cherche une solution, et c’est sur elle qu’il prend surtout
appui.
La revolution industrielle et la condition ouvrière :
 Ses composantes : cette révolution repose sur l’utilisation d’une nouvelle source d’énergie, le
charbon, et l’essor du machinisme à la suite d’inventions qui modifient les techniques de
fabrication.
 La conjonction des deux constitue l’origine de la révolution industrielle dont la machine à vapeur
est le symbole.
 Ses conséquences : Le machinisme introduit, dans les structures traditionnelles, le
bouleversement de la carte de l’industrie qui désormais se regroupe autour des sources
d’énergie ou de matières premières, à proximité des villes, car elle a besoin d’une main d’œuvre
nombreuse. Cette main d’œuvre vient généralement de la campagne.
 Ces ouvriers d’origines rurales ne sont pourtant pas les héritiers des compagnons du Moyen âge:
ils constituent une classe entièrement nouvelle.
 La disparité de genre de vie, l’inégalité de ressources aboutissent a créer comme deux
humanités différentes : d’une part le capitalisme, industriel, financier, bancaire, favorisé par des
dispositions législatives telle en France la loi de 1867 sur les sociétés anonymes, d’autre part, une
masse salariée qui n’a pour elle que sa capacité de travail physique, qui n’a ni réserves ni
ressources et qui doit s’accommoder du premier qu’elle trouve.
 L’intérêt des patrons est évidemment d’abaisser les salaires, celui des travailleurs, de les
défendre.
 Sur le plan religieux, la continuité du travail a contribué a la déchristianisation.
 IL n’y a pas de limitation d’âge. Les enfants sont astreints à travailler des leur plus jeune âge et
les plus âgés n’ont pas de retraite.
 Il y a insalubrité des locaux et l’insécurité du travail.
 Les salaires sont d’autant plus bas qu’il n’y a aucune réglementation, aucune fixation de salaire.
 La poussée démographique multipliant le nombre des travailleurs disponibles, alors que le
machinisme réduit les besoins, multiplie les chômeurs virtuels, ce que Marx appelle « l’armée de
réserve du prolétariat ».
LE MOUVEMENT OUVRIER
 La naissance du mouvement ouvrier se heurte à des obstacles qui vont la retarder ou l’entraver
et en premier lieu a des obstacle juridiques et politiques.
 La législation a prononcé la dissolution de toutes les associations, corporations, jurandes,
maitrises, et pris des dispositions contre leur éventuelle reconstitution.
 Les travailleurs ne peuvent ni former d’associations, ni se coaliser. La grève considérée comme
une entrave à la liberté du travail, relève également des tribunaux.
 La classe ouvrière est une classe nouvelle, sans traditions de lutte ni expérience du combat,
formé d’individus déracinés de leur milieu naturel. Mis au travail dès l’âge de quatre ou cinq
ans, ils sont illettrés, sans cadre ni élite et ne connaissent pas les loisirs qui auraient permis la
discussion ou la conversation.
 Des artisans et des compagnons qui composent une sorte d’aristocratie du travail va constituer
l’avant-garde et jeter les bases du mouvement ouvrier.
 Ce sont eux les précurseurs, les promoteurs du mouvement ouvrier que la masse rejoindra peu à
peu. C’est seulement dans les années 1880-1890 que les nouvelles catégories sociales, sans
expérience, ni instruction entrent dans le syndicalisme.
LA CONQUETE DES DROITS
 Le premier objectif du mouvement ouvrier naissant est naturellement d’obtenir une
modification de la législation, qui lui permette de sortir de la clandestinité.
 La Grande Bretagne est la première à reconnaître la liberté d’association et de coalition (1824).
 En 1875 on accordera aux trade-unions une reconnaissance de plein droit avec le vote de la loi
dite Patron et ouvrier. En 1893-1894, la fondation d’un petit parti travailliste indépendant des
candidats aux élections de 1906.
 En France, l’émancipation s’est faite en deux étapes. Le second Empire par une décision
personnelle de Napoléon III dont la pensée comportait un aspect humanitaire vaguement teinté de
socialisme.
 En 1864, une loi autorise grèves et coalitions.
 En 1868, c’est l’abolition du fameux du Code, si discriminatoire. La Troisième République va
élargir le statut avec le vote en 1884 de la loi Waldeck-Rousseau qui reconnait la liberté
syndicale.
 Ainsi le liberté syndicale précède la liberté d’association puisqu’il faudra attendre 1901 pour que
toute association obtienne le droit de se constituer.
 La classe ouvrière profite de ces conquêtes légales pour s’organiser. C’est l’essor du mouvement
syndical, des trade-unions en Angleterre, en France des Bourses du travail qui se fédèrent
autour de 1890, des syndicats qui se regroupent en 1895 dans une Confédération Générale du
Travail, la première grande centrale syndicale française.
 La pluralité des objectifs étant un trait général et constant de l’histoire du mouvement ouvrier, il
présent deux branches parallèles dont l’une est le syndicalisme, mouvement proprement
professionnel, l’autre est politique, avec l’apparition des partis ouvriers d’inspiration socialiste.
 Le premier objectif du mouvement ouvrier vise à améliorer la condition matérielle, à obtenir la
satisfaction des revendications qui concernent la stabilité de l’emploi, la durée du travail, la
condition d’hygiène, de sécurité le montent des rémunérations, en un mot tout ce qui concerne le
travail.
 Peu à peu s’embauche une réglementation qui entame l’ordre libéral. Les premières dispositions
limitent la durée du travail des femmes et des enfants auxquels certains types d’activités sont
interdits en raison de leur insécurité, de leur insalubrité ou de leur dureté. On fixe un âge minimum
huit, dix ans selon le cas.
 Parallèlement est élaboré un ensemble de mesures protectrices contre les risques sociaux :
assurances contre les accidents du travail, contre la maladie, et même, dans le pays ou la
conscience sociale est en avance, des systèmes de retraite.
 Tous ces systèmes se développent vers la fin du XIXe siècle. En 1906 c’est la création du
Ministère du Travail.
 La fonction du syndicat n’est donc pas seulement de lutter et de combattre mais encore de
préparer les structures de la société future.
 Les vertus de l’organisation ouvrière et de refus de tout ordre politique. Anarcho-syndicalisme
rejette en bloc la propriété, l’état, l’armée, la police, la religion et s’imagine pouvoir reconstruire la
société sur le syndicat seul.
 Entre 1860 et 1900, c’est dans l’action professionnelle que s’engage d’abord une partie de
l’aristocratie ouvrière.
LE SOCIALISME
 À l’origine la réflexion des fondateurs d’écoles socialistes a été suscitée par deux conséquences
essentielles de la Révolution Industrielle. Principalement par la misère des travailleurs et la
dureté de la condition ouvrière.
 Le XIXe siècle a connu des crises périodiques qui viennent brusquement interrompre l’essor de
l’économie, entraînant le chômage, des fermetures d’entreprises, un gaspillage considérable de
richesses.
 Il y a ainsi au principe du socialisme une double protestation, de révolte morale contre les
conséquences sociales et d’indignation rationnelle contre l’illogisme des crises.
 Le premier sens du socialisme est une réaction contre l’individualisme. Plutôt que de laisser à
l’individu toute licence, le socialisme le subordonne à l’intérêt et aux besoins du groupe social.
L’accent se déplace de l’individu à la société. Le socialisme fait donc la critique du libéralisme
individualiste et plus précisément de la propriété privé des moyens de production, des mines, de
l’outillage, des machines, de la terre, l’appropriation individuelle permettant au possesseur
d’exercer une domination sur autrui, notamment sur les travailleurs.
 Les socialistes s’accordent en effet, avant 1848 à considérer que la solution des difficultés
contemporaines n’est pas de substituer la république à la monarchie, ni même de remplacer le
suffrage censitaire par le suffrage universel, ces problèmes étant considérés comme problèmes
mineurs qui ne font que détourner l’attention de l’essentiel, c'est-à-dire, des questions sociales et
de l’organisation de la société.
 Les écoles socialistes entendent donc se situer sur un autre plan que les partis politiques.
 Aussi les socialistes se tiennent-ils en dehors des luttes politiques et rien n’est plus significatif que
l’indifférence de Proudhon entre 1848 et 1852, sa sévérité pour la République, sa passivité au
moment du coup d’Etat du 2 décembre 1851.
 Depuis, la situation s’est grandement modifiée ; toute l´histoire de l’évolution du socialisme pourrait
presque se réduire à l’itinéraire d’une école d’organisation sociale qui se mue en parti politique
pour la conquête ou l’exercice du pouvoir.
LA DIFUSION DU MARXISME
 Cette évolution du social au politique, de l’école au parti, est liée à l’évolution interne du
socialisme.
 Par étapes, l’une de ces écoles va prendre les pas sur les autres et les évincer : le marxisme.
 Le marxisme s’est imposé par la force du système, sa cohérence interne, le génie de ses
fondateurs.
 La Première Internationale, fondée à Londres en 1864, a un caractère très composite, associant
des syndicats- les trade-unions britanniques, des organisations proprement politiques et même
des partis qui se proposent de libérer leur pays opprimé.
 Comme le programme rassemble anarchistes, socialistes proudhoniens, marxistes, il reste sur le
plan idéologique assez vague.
 A partir de 1870-1880. Les progrès du marxisme se précipitent ; il devient reconnu du
mouvement ouvrier.
 En France, Jules Guesde, radical converti au marxisme après avoir lu l’œuvre de Marx, « le
Capital », milite à partir de 1875 et lance un journal.
 1875 marque une date capitale du marxisme puisque, pour la première fois un congrès ouvrier s’y
rallie dans sa majorité.
 En 1875 en Allemagne les deux tendances socialistes, celle de Lassalle et celle de Marx,
s’unifient sur le programme de Gotha qui restera longtemps le programme officiel du socialisme
allemand.
 Dans les années 1880, en Italie, en Espagne, en Belgique, aux Pays Bas, en Scandinavie,
surgissent des partis socialistes qui se réclament du marxisme.
LE SOCIALISME COMME FORCE POLITIQUE
 Les partis socialistes essaient de compenser leur faiblesse initiale par un surcroit d’organisation et
de cohésion. Ce sont les premiers partis dont le groupe parlementaire est considéré l’instrument
de l’action conçue en dehors du Parlement, le prolongement d’un organisme extérieur a la vie
parlementaire.
 En France aux élections de 1914, le parti socialiste vient immédiatement avec les radicaux et
radicaux-socialistes.
 La diffusion du socialisme d’inspiration marxiste a profondément modifié le style de la vie politique
en y introduisant des préoccupations et des méthodes nouvelles.
 Parce qu’il combat l’ordre établi, à la fois les vestiges de l’Ancien Régime, la conservation
politique ou sociale mais aussi le libéralisme, il constitue une force d’opposition politique à laquelle
s’ajoute une opposition à toutes les valeurs reconnues.
 Il rejette en bloc les institutions politiques, le régime économique, le système des relations
sociales, la morale bourgeoise, la philosophie et la religion dont se réclame la société.
 Le socialisme n’est pas seulement une solution économique, c’est une philosophie. Avec le
triomphe du marxisme, le matérialisme l’emporte.
 Le socialisme prend position contre la religion, et pas seulement contre les églises mais contre le
fait religieux lui-même. Les écoles socialistes ont pris position contre le nationalisme et l’État
nation.
 La première Internationale fondée en septembre 1864 à Londres, n’a guère résisté à l’épreuve de
la guerre franco-allemande.
 La seconde Internationale constituée en 1889 est plus homogène que la première, c’est une
internationale de partis qui ne groupe que des organisations politiques, et les syndicats, telles que
les trade-unions qui étaient membres de la première, en sont absents. Ils se regroupent dans une
Internationale syndicale, La Fédération mondiale internationale.
 Les partis politiques qui adhérent à la Seconde Internationale se réclament tous du socialisme
marxisme.
 En 1905 le parti en France s’appelle Section Française de l’Internationale Ouvrière.
L’internationalisme, ce n’est pas un caractère occasionnel ou subsidiaire mais fondamental.
 Cet Internationalisme se traduit dans le Parlement par l’attitude des groupes parlementaires qui
combattent la diplomatie traditionnelle, la course aux armements, la politique de la paix armée, et
refusent régulièrement de voter le budget militaire, les budgets coloniaux, les fonds secrets.
 Le socialisme incarnant la cause de la paix internationale, à la veille du premier conflit mondial, la
conjonction entre pacifisme et socialisme est presque total. Le socialisme parait incarner pour des
masses considérables autant une espérance de solidarité, une aspiration la paix, que le rêve
d’une société plus juste et plus fraternelle.
 Le socialisme représente en 1914 une force en croissance régulière, capable de réunir des
millions de suffrages, de rameuter des auditoires considérables pour entendre ses ténors, ses
leaders, Liebknecht en Allemagne, Jaurès en France, ou Vandervelde en Belgique.

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