Vous êtes sur la page 1sur 4

Chapitre 1 : Les révolutions politiques :

I/ Qu’est-ce qu’une révolution ?

A/ Définition initiale :

- Le mouvement orbital périodique d’un corps céleste autour d’un autre de masse plus importante.
- La révolution intervient dans de nombreux domaines : politique / culturelle / scientifique / industrielle / numérique…

C/ Définition de révolution au sens politique :

- Au sens politique, la révolution est « un renversement violent du pouvoir établi avec l’appui des masses ou du peuple sous
l’autorité de groupes animés par un programme idéologique » (Julien Freund)
- La révolution politique est un mouvement collectif, qui se bat contre un ordre établi considéré comme injuste.
- Une fois la crise politique passée s’installe un nouveau pouvoir et un ordre politique apparemment nouveau.

D/ Domaines d’action de la révolution politique :

- La révolution politique bouleverse différents domaines, comme après la révolution de 1789 :


 Economique : en 1791, les corporations de métiers sont supprimées et remplacées par un marché du travail libre
 Religieux : il y a une laïcité de combat (confiscation des biens de l’Eglise)
 Social : la loi sur l’égalité des droits de l’homme et du citoyen
 Politique : les Ordres sont supprimés…
- La révolution politique peut entraîner une révolution économique, sociale qui « rebat les cartes » ou culturelle
- La crainte de la révolution sociale peut favoriser le conservatisme et l’émergence de courants « contre-révolutionnaires ».

E/ Le sens historique du mot révolution :

- La révolution est une pratique de gauche.


- L’importance du peuple dans le concept de révolution : il est acteur du pouvoir ou il le cède à une élite qui le représente.
- La marque du marxisme est forte : la classe ouvrière révolutionnaire qui remplace le capitalisme au profit du socialisme.

F/ Le sens du mot révolution aujourd’hui :

- « Les révolutions numérique, écologique, technologique, industrielle qui se profilent, sont considérables… Si nous voulons
avancer, faire réussir notre pays, cela suppose une révolution démocratique profonde », Emmanuel Macron, 2017 dans
Révolution → « Révolution » est utilisé dans le sens de réforme.
- « Le mouvement commence par la volonté claire et nette des citoyens de récupérer leur droit au pouvoir. C’est la dimension
« citoyenne » qui anime cette action. Ce processus commence par une étape « destituante ». Il s’agit d’obtenir le départ
des occupants du pouvoir ». Jean-Luc Mélenchon, Qu’ils s’en aillent tous, ed. Flammarion → Révolution est synonyme de
changement de l’ordre établi.

G/ Zoom sur l’idée de révolution conservatrice :

- On a pu parler de « révolution conservatrice » en désignant la politique de Reagan et Thatcher : c’est la volonté de changer
du tout au tout le rôle de l’Etat dans l’économie tout en conservant la structure politique du pays.
- Le terme est utilisé à droite : Marion Maréchal Le Pen et la « révolution conservatrice » (autour de la famille…).
- Fillon a évoqué l’opportunité » d’une « révolution libérale » dans sa campagne de 2017 (s’inspire de Thatcher)
- Cette révolution conservatrice est inspirée par le Tea Party : mouvement politique aux Etats-Unis, contestataire, de type
libertarien, qui s’oppose à la croissance de l’Etat fédéral et de ses impôts.

II/ La révolution française : l’héritage de 1789 :

- Un changement dans les structures politiques : un avant (l’Ancien régime), et un après 1789.
- Révolution démocratique : DDHC (26 août 1789), égalité des droits. Le suffrage reste censitaire (paiement du cens).
- Révolution libérale :
 Une liberté religieuse : liberté de conscience
 Une liberté politique : Assemblée constituante
 Une liberté économique : loi Le Chapelier (contre les corporations)
- Une révolution égalitaire : égalité des droits, des opinions, judiciaire (abolition des privilèges), suppression des Ordres.
- Une révolution radicalisée en 1793 : la Terreur révolutionnaire tue ses leaders (Danton, Robespierre…). Dans un
mouvement révolutionnaire, il y a souvent une phase où les ennemis de l’intérieur menaçant la révolution sont liquidés.

III/ Les révolutions au XIXème siècle en France : « héritages révolutionnaires » de 1789 :

A/ La révolution de 1830 :

- Contre Charles X, les révolutionnaires craignent le retour à l’Ancien régime avec des ordonnances mettant fin la liberté de
la presse et au droit de vote. C’est une révolution libérale : on veut préserver l’héritage de 1789.
- Elle a lieu les 27, 28, 29 juillet 1830 (les « Trois Glorieuses »)

B/ La révolution de 1848 :

- Juin 1848 : répression de l’insurrection des ouvriers et des socialistes par le gouvernement et l’Assemblée constituante
- Une révolution démocratique à visée universelle (fraternité entre classes sociales, peuples, nations : « printemps de
peuples ») : suffrage universel masculin institué avec la IIème république.
- Louis Napoléon Bonaparte est élu président de la République, il créé un empire après le coup d’Etat du 2 décembre 1851.

C/ Les débats autour de gauche :

- La gauche est divisée : Congrès de Tours (1920) : division SFIO (libérale, réformiste) et SFIC (radicale, révolutionnaire) Cela
explique l’existence des débats :
 Comment résoudre les antagonismes sociaux ?
 Comment faire disparaître la misère matérielle et morale ?
 Comment instaurer une société plus juste et fraternelle ?
- Exemple des écologistes : certains pensent qu’on peut réconcilier économie et écologie ; d’autres pensent qu’il faut une
révolution écologiste.

IV/ Marx et la pensée révolutionnaire :

A/ Le capitalisme qui est voué à sa perte :

- Le matérialisme dialectique et les contradictions du système économique explique l’Histoire.


- L’infrastructure détermine la superstructure : les rapports sociaux de production et les forces productives déterminent le
monde des idée (« l’idéologie dominante est l’idéologie de la classe dominante »).
- Pour produire il faut des biens de production (capital constant) et de la force de travail (capital variable). La force de travail
est une marchandise (elle a un prix) qui permet de créer une valeur additionnelle à sa valeur propre (la plus-value). Mais le
salarié créé une richesse supérieure à la rémunération de sa force de travail : cette valeur est confisquée par le capitaliste.
- C’est grâce à cette plus-value que s’accumule le capital : le profit est réinvesti par le capitaliste afin de créer plus de profit.
- Cependant, la concurrence entre les capitalistes les pousse à substituer du capital au travail : il y a alors une baisse
tendancielle du taux de profit
- Pour contrer la baisse du taux de profit, les capitalistes tentent de baisser les salaires, ou d’augmenter le temps de travail :
 La baisse des salaires fait baisser la consommation globale → crise de surproduction
 La baisse des salaires ne peut pas aller au-delà du salaire de subsistance (qui permet de reproduire sa force de travail)
- Le système capitaliste est donc condamné par sa propre logique à des crises d’ampleur toujours plus importantes.

B/ Le déroulement de l’Histoire :

- Les rapports de force entre les classes sociales « font » l’histoire.


- La révolution permet de supprimer les caractéristiques de la « société bourgeoise » : propriété privée, exploitation de
l’homme par l’homme, inégalité entre les classes sociales, etc. Et de les remplacer par l’instauration de la propriété
collective des moyens de production, la suppression de la nation (« prolétaires de tous les pays, unissez-vous ! »)
- Pour libérer les classes dominées, la construction d’une société libre doit passer par des étapes :
 Prise de consciences de l’appartenance de classe et du rôle historique du prolétariat
 Révolution + dictature du prolétariat pour combattre les tentatives de contre-révolution (démocratie révolutionnaire)
 Socialisme (mise en commun de toutes les propriétés)
 Communisme (société sans classe)
- La bourgeoisie est une « classe révolutionnaire » dans l’Histoire cat elle a fait advenir le capitalisme à la place du
féodalisme… Mais ensuite il doit être dépassé pour avancer vers le socialisme, la démocratie « réelle »
- « La classe ouvrière est révolutionnaire ou elle n’est rien » : le rôle du prolétariat n’est pas de prendre la place des
oppresseurs → il y aura un dépérissement de l’Etat
- Le parti communiste sera le parti de la classe ouvrière et il n’y aura plus besoin de pluralisme politique puisque les
hommes fraternisent naturellement.

C/ L’interprétation du marxisme par Lénine :

- L’Etat et la révolution est rédigé par Lénine en 1917. Il souhaite théoriser le rôle de l’Etat dans le capitalisme, il présente la
doctrine marxiste de l’Etat et les tâches du prolétariat dans la révolution.
- L’Etat est analysé comme un instrument d’oppression qui assure la domination d’une classe sur une autre dans un mode
de production donné. Il met en place un ensemble d’institutions répressives (groupes armés, justice…) pour assurer la
pérennité de l’ordre social établi. Il ne peut être réformé dans le sens du socialisme, mais doit être renversé.
- Lénine parle d’une première étape : la destruction de l’Etat bourgeois et son remplacement par un « Etat ouvrier ».
- L’Etat serait toujours un instrument d’oppression mais de la classe ouvrière envers la classe possédante afin de réaliser la
« socialisation des biens ».
- L’antagonisme de classes (bourgeoisie/prolétariat) disparaîtrait et aucune classe n’aurait la propriété des moyens de
production (société sans classe et sans Etat).

D/ L’héritage du marxisme révolutionnaire :

- Un succès considérable au XXème siècle qui inspire les mouvements révolutionnaires : révolutions marxistes en Amérique
du Sud, Révolution culturelle de Mao en Chine, au Vietnam, les partis socialistes dans le monde arable.
- La révolution bolchévique a aussi débouché sur une nouvelle terreur (Staline) et un système bureaucratique et totalitaire
- La classe ouvrière après 1945 s’intègre dans le capitalisme avec la répartition des fruits de la croissance et la progression
des salaires ouvriers qui l’éloigne de l’idéal de la révolution politique.
- L’échec des régimes politiques marxistes et la chute du Mur de Berlin en 1989 : est-ce une « Fin de l’Histoire » comme se
le demande Fukuyama ?
- Des lignes politiques qui évoluent :
 CGT : depuis les débuts du XXème siècle, de l’anarchosyndicalisme à la négociation sociale
 PCF : du marxisme à la participation à des gouvernements « réformistes » (gauche unie 1981 ; gauche plurielle 1997)

V/ Le courant révolutionnaire de la gauche radicale :

- LFI : une union des gauches antilibérales contre le « social-libéralisme » : une tentative d’union des gauches dans un cadre
national et républicain
- Le PCF ne revendique plus la dictature du prolétariat et la révolution communiste… Mais une volonté de rupture avec le
capitalisme et le néo-libéralisme.
- NPA :
 La Ligue Communiste Révolutionnaire (LCR) (NPA depuis 2007) lutte pour la démocratie ouvrière et pour le « pouvoir
des travailleurs » sur l’économie. Besancenot obtient 1,4 million de voies au premier tour de la présidentielle de 2007.
 Cette nouvelle société serait mise en place par la révolution socialiste et l’abolition du capitalisme.
 Le NPA vise à fonder des institutions au service et sous le contrôle des travailleurs et de la population, d’abolir
l’exploitation, la propriété privée, de créer un collectif de travailleurs selon le principe « à chacun ses besoins ».
 « La seule réponse à la crise globalisée, le combat dont dépend l’avenir de l’humanité, c’est le combat pour un
socialisme du XXIème siècle, démocratique, écologique et féministe » (Philippe Poutou)
- La Confédération Nationale du Travail (CNT) : pour une révolution anarcho-syndicale (instauration d’une société libertaire
(autogestionnaire), un syndicalisme contre les partis bureaucratiques, un ordre social juste et émancipateur, un socialisme
libertaire (fédéralisme, décentralisation et démocratie directe)
- Les principaux thèmes de la gauche anticapitaliste :
 L’écologie radicale
 La liberté de circulation des êtres humains (abolition des frontières terrestres)
 L’internationalisme ouvrier (« prolétaires de tous les pays unissez-vous »)
 Le féminisme radical (lutte contre le patriarcat)
 Instauration d’une démocratie autogestionnaire (commune de 1871).

VI/ Le courant contre-révolutionnaire :

A/ Qui sont les contre-révolutionnaires ?

- La révolution française s’est heurtée à de puissantes oppositions (Louis XVI, les vendéens, les monarchies étrangères…)
- Des sources philosophiques et idéologiques contre la révolution : Edmund Burke (1729-1979), Joseph de Maistre (1753-
1821), et Louis de Bonald (1754-1840). Ils appartiennent au courant « réactionnaire » car ils rejettent l’héritage de 1789.

B/ Les thèses des contre-révolutionnaires :

- La Révolution créé un ordre anarchique en rompant avec les traditions religieuses (monarchie religieuse) et politiques.
- La révolution a créé des hommes abstraits et déracinés : l’individu-citoyen n’a plus d’attaches régionales, nationales, la
famille traditionnelle est détruite.
- La révolution a fait table rase du passé (un nouveau calendrier) mais l’homme n’aura plus de racines culturelles, plus
d’Histoire, alors que la monarchie a forgé un corps social depuis des millénaires.
- L’instauration de l’individualisme conduit à ce que l’intérêt personnel primeraient sur l’intérêt général, ce qui va saper la
hiérarchie et l’autorité, et à la guerre de tous contre tous. La monarchie, elle instaure un ordre immuable et une hiérarchie
sociale légitime.
- Pour les penseurs contre-révolutionnaires, 1789 est une tragédie imposée à la France en attendant qu’elle se régénère
avec la Restauration (à partir de 1815).

Vous aimerez peut-être aussi