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: L’ENGAGEMENT POLITIQUE
Thème du programme : Comment expliquer l’engagement politique dans les sociétés démocratiques ?
2) Identifiez les répertoires d’action collective (RAC) en replaçant dans la bonne colonne du tableau les exemples suivants :
a) Fauchage de maïs transgénique, b) Pétition contre la souffrance animale, c) Incendie de mannequins de paille habillés en costumes
locaux, d) Die-in (s’allonger sur le sol pour représenter les victimes d’un phénomène), e) Jacqueries (révoltes paysannes), f) Zaps (actions
éclair, bruyantes et visibles, visant par exemple des personnes homophobes ou racistes), g) Charivari (rassemblement tapageur sous les
fenêtres d’un adversaire pour le conspuer), h) Manifestations contre la réforme des retraites, i) Barrages routiers, j) Forum social
altermondialiste, k), Occupation durable de l’espace public (Indignés, ZAD, Nuit debout…), l) Charge des black blocs contre les forces de
l’ordre, m) Occupation de ronds-points par les Gilets jaunes, n) Grève des cheminots, o) Raids informatiques opérés par les
« hacktivistes » d’Anonymous (Illustration)
RAC local (ou ancien) RAC national (ou moderne) RAC transnational (ou post-moderne)
(dominant du XVIe au XIXe siècles) (dominant aux XIXe et XXe siècles) (dominant depuis la fin du XXe siècle)
c), e), f), g), l) h), i), n) a), b), d), j), k), m), o)
3) Le RAC qui émerge au XIXème siècle est-il toujours en vigueur aujourd’hui ? (Cours)
Le RAC local (ou ancien) est typique d’une société traditionnelle reposant sur le secteur primaire. Elle compte peu d’individus et les
actions collectives ont lieu au plan local et s’exercent souvent de façon violente à l’encontre de personnes précises. Ce RAC existe encore
mais est devenu marginal aujourd’hui. Le XIXe siècle voit l’essor de la Révolution industrielle. Les anciens paysans connaissent l’exode
rural pour devenir des ouvriers. Ils vont se regrouper dans les centres industriels et miniers naissants, ce qui va accélérer l’urbanisation.
C’est aussi la naissance du salariat (les anciens paysans étaient indépendants et vivaient du produit de leurs terres). La classe ouvrière va
s’opposer à la classe capitaliste dont elle devient dépendante car c’est cette dernière qui l’exploite en lui versant des salaires très faibles
(« salaires de subsistance » selon Marx). Le RAC évolue alors en intégrant la lutte des classes. Les conflits du travail prendront notamment
la forme de grèves (mais aussi des destructions de machines ou autres révoltes ouvrières violentes). Apparaissent également les premières
manifestations au sens moderne du terme. Les ouvriers réclament de meilleures conditions de travail et des droits nouveaux (droits à la
retraite, assurance en cas de chômage…). Au XXe siècle, la manifestation se généralisera à l’ensemble des catégories salariées, mais aussi
à d’autres catégories (étudiants, retraités, chômeurs, femmes…) désireuses de faire pression pour améliorer leur place dans la société.
Aujourd’hui, les grèves et manifestations de rue existent toujours, même si elles sont de plus en plus concurrencées par des formes
d’action plus novatrices constitutives du RAC post-moderne.
Texte du cours :
1) Pourquoi, dans une société démocratique, une action collective cherche-t-elle à être légitime ? (Cours)
Le contexte politique des RAC moderne et post-moderne, c’est l’avènement de la démocratie. Les individus deviennent des
citoyens. Dans une société démocratique règne la liberté d’expression et donc la liberté de contester le pouvoir politique en place. Ce
pouvoir politique a été élu pour une durée déterminée : les dirigeants politiques sont donc locataires et non propriétaires du pouvoir
(contrairement à ce qui se passe en ce moment en Russie avec Poutine, ce qui montre, s’il en était besoin, que la Russie n’est pas une
démocratie). Ce pouvoir politique a été élu par une majorité de citoyens. Mais la majorité d’aujourd’hui peut devenir la minorité de demain
en fonction des résultats des élections. Enfin, ce pouvoir politique a été élu car il représente les idées d’un ou de plusieurs partis politiques
qui affrontent pour la conquête du pouvoir d’autres partis (pluralisme politique). Par conséquent, c’est le débat d’idées et la négociation
qui animent la démocratie (et non la violence ou la tromperie). Le système démocratique en tant que tel n’est en principe pas contesté
(sauf par les apprentis dictateurs) : il est donc légitime, c’est-à-dire accepté et reconnu comme étant juste. De même, une action collective
qui cherche à changer la société et/ou à influencer le pouvoir politique doit elle-même être légitime. Le but n’est pas d’imposer ses
idées par la violence mais d’essayer de convaincre une majorité de gens de la justesse de la cause que l’on défend.
3) Quels sont les moyens disponibles pour toucher l’opinion publique ? (Cours)
Pour qu’une action collective soit légitime et ait donc des chances d’être acceptée puis défendue par une large partie de la population, elle
doit être par définition… populaire. C’est la raison pour laquelle le RAC post-moderne repose souvent sur des actions spectaculaires,
originales ou humoristiques mais non violentes car il s’agit d’attirer l’attention ou la sympathie d’un maximum de gens pour les rallier à
la cause. Le plus important alors est que l’action collective soit médiatisée, ce qui la rend plus légitime.
Texte du cours :
2) Qu’est-ce qu’une démocratie représentative ? Quel est le rôle attribué aux citoyens dans cette conception de la démocratie ? (Cours)
La démocratie vise à satisfaire l’intérêt général (c’est-à-dire recherche le plus grand bien-être possible pour le plus de citoyens
possible). Elle est l’apanage des sociétés modernes. Or, ces sociétés comptent des millions d’individus, qui sont trop nombreux pour
s’autogérer. C’est pourquoi les citoyens sont amenés à désigner des représentants à l’occasion d’élections. En démocratie représentative,
la seule participation politique légitime est le vote. Le rôle des citoyens est par conséquent passif : ils se contentent d’élire des
représentants et n’agissent pas entre deux élections.
3) Qu’est-ce qui distingue formes conventionnelles et formes non conventionnelles de participation politique ? (Cours)
La participation politique se fait donc sur la base du vote (ou des différentes élections). On parle alors de forme conventionnelle de
participation politique. Mais depuis les années 1960 se sont développées, en lien avec le RAC post-moderne, des formes de
participation politique non conventionnelles. Il s’agit de toutes les actions collectives des citoyens qui ont lieu entre deux élections.
Les citoyens deviennent alors actifs. Ils veulent peser sur les décisions des dirigeants politiques ou mieux contrôler leurs actions pour
qu’ils appliquent véritablement leur programme. On passe alors d’une logique de démocratie représentative à une logique de démocratie
continue. On trouve ici toutes les manifestations qui contestent des lois ou des décisions politiques. De même, les Gilets jaunes ont
réclamé la mise en place d’un Référendum d’initiative citoyenne (RIC) qui irait dans le sens d’une démocratie continue.
4) Si le gouvernement décide, pour faire des économies budgétaires, de fermer des hôpitaux ou de moins recruter d’infirmières, les grèves
ou les manifestations organisées par les soignants vous sembleraient-elles illégitimes ? (Cours)
Généralement, le gouvernement n’a pas intérêt à reconnaître (et donc à légitimer) les manifestations de rue et autres actions collectives qui
contestent son pouvoir (Ex : pétitions). Par conséquent, les dirigeants politiques en place défendent la démocratie représentative
contre la démocratie continue. (Voir la déclaration de Raffarin.) Leur mobile est que la majorité (qui les a élus) doit s’imposer face aux
minorités (qui manifestent). Mais il y a au moins deux cas où les manifestations semblent légitimes (et donc où la démocratie continue se
justifie face à la démocratie représentative) : a) Les dirigeants ont été élus et ne respectent pas leur programme initial. Les électeurs
peuvent alors s’estimer « trompés » par les gouvernants et montrer leur mécontentement. b) Les dirigeants politiques profitant de la
majorité qui leur a été donnée dans les urnes font voter une loi qui concerne une minorité. Si cette minorité estime être désavantagée, il
est légitime qu’elle puisse manifester pour contester cette loi. (Cas des soignants dans l’exemple.) (Autre exemple emblématique : les
mouvements de jeunes, lycéens et étudiants.)
Texte 2 p. 266
Question 1) (Illustration)
Les élections législatives espagnoles ont été surprenantes car cinq Catalans ont été élus députés alors qu’ils étaient emprisonnés à Madrid
en attente d’un jugement. Il s’agit donc d’hommes politiques.
Question 2) (Illustration)
Ces cinq députés ont milité pour l’indépendance d’une province espagnole, la Catalogne (dont la capitale est Barcelone). Il s’agit donc de
militants séparatistes (ou indépendantistes ou nationalistes). Ils considèrent que la Catalogne est une nation à part entière (et donc que les
Catalans forment un peuple). En effet, elle a sa propre langue, sa propre histoire, sa propre culture… qui la distinguent des autres
Espagnols. La Catalogne doit alors faire sécession avec le reste de l’Espagne pour avoir ses propres gouvernement, Parlement et système
judiciaire. Mais l’État espagnol ne l’entend pas de cette oreille. Il veut conserver la Catalogne en son sein (qui est la province la plus riche
d’Espagne). Ces députés sont par conséquent considérés comme des délinquants. (En France, le même type de problème, bien qu’atténué,
existe avec les indépendantistes corses. Idem au Royaume-Uni avec les indépendantistes écossais ou irlandais du nord.)
Question 3) (Cours)
Se pose ici une question de légitimité s’agissant de la représentation politique. Les indépendantistes sont-ils légitimes ou pas ?
Autrement dit, ont-ils le droit de revendiquer l’indépendance de leur province/nation par rapport à l’État central ou pas ? Certains
mouvements indépendantistes ont été violents par le passé et même ont utilisé des attentats terroristes, des enlèvements ou des assassinats
pour plaider leur cause (ETA au pays basque espagnol, IRA en Irlande du nord, FLNC en Corse…). Ce n’est pas le cas des militants
catalans qui ont préféré la négociation et ont organisé un référendum local. Mais l’État espagnol considère qu’ils sont illégitimes et que
leur référendum est illégal… Il refuse d’organiser un référendum officiel qui pourrait lui faire perdre la Catalogne. La volonté
d’indépendance semble progresser puisque les partis indépendantistes ont gagné des voix aux élections (mais demeurent toujours
minoritaires si on compte l’ensemble des députés espagnols…). On a donc un exemple ici où la démocratie représentative est contestée par
une partie de la population qui ne se reconnaît pas dans l’État espagnol.
Tableau 5 p. 267
Question 1) (Méthode)
Selon l’institut de sondages IPSOS, au second tour de l’élection présidentielle de 2017, 25,3 % des électeurs se sont abstenus d’aller voter.
Question 2) (Méthode)
Le taux d’abstention est plus élevé chez les hommes que chez les femmes (de trois points). Le taux d’abstention diminue avec l’âge. Les
électeurs de la tranche d’âge 18-24 ans s’abstiennent presque deux fois plus souvent que les électeurs de 70 ans et plus (34 % / 18 % =
x1,9). On en déduit que les hommes jeunes ont bien plus de chances de s’abstenir que les femmes âgées.
Texte 4 p. 267
Question 1) (Cours)
On distingue deux types d’abstentionnistes. Les abstentionnistes hors-jeu ne vont pas voter car ils ne se sentent pas concernés par la
vie politique. Ils ont un comportement passif (ou fataliste). Ils se désintéressent de la vie publique et se recentrent sur leurs intérêts privés.
Cela peut s’assimiler à de l’individualisme : on ne vote pas car on n’a besoin de rien. Cela peut aussi être dû à de la désocialisation : on ne
vote pas car on ne se sent pas intégré à la société dans laquelle on vit (cas des SDF, des marginaux, des délinquants, des isolés sociaux…).
Les abstentionnistes dans le jeu ne vont pas voter car ils rejettent les institutions politiques traditionnelles dues à la démocratie
représentative. Ils ont un point de vue critique et donc un comportement actif. Ils ont analysé l’offre politique (c’est-à-dire les
programmes des différents candidats), donc s’y intéressent mais elle ne leur convient pas. Ils veulent donc faire évoluer le fonctionnement
de la démocratie (de la même manière que des électeurs votant blanc).
Question 2) (Illustration)
Les abstentionnistes dans le jeu sont des militants qui n’hésiteront pas à se mobiliser collectivement pour changer la société ou le
fonctionnement des institutions politiques. Ils s’inscrivent dans la logique de la démocratie continue. (Cas de ceux qui veulent plus de
démocratie locale, plus de démocratie directe, plus de démocratie participative, plus de contrôle sur les élus, etc.)
TD 1 p. 280
Question 1) (Cours)
Les élections sont un moment privilégié d’influencer les décisions politiques pour les citoyens. C’est le cas pour ceux qui votent pour un
candidat précis. On parle alors de démocratie représentative (qui ne prend pas en compte les « déçus de la politique » qui s’expriment par
des bulletins blancs, des bulletins nuls ou l’abstention). Mais il y a d’autres façons d’influencer les dirigeants politiques pendant la durée de
leur mandat, c’est-à-dire entre deux élections. On parle alors de démocratie continue. Celle-ci s’exprime par le militantisme, c’est-à-
dire la volonté de défendre une cause (ou d’en combattre une) par la mobilisation collective. Le militantisme peut chercher à
influencer le pouvoir politique (cas des associations organisées en groupes d’intérêt ou en groupes de pression) ou à l’exercer (cas
des partis politiques).
Question 2) (Méthode)
Le document est un graphique qui retrace en % les résultats de sondages d’opinion du CEVIPOF sur la confiance des Français dans la
politique. Ces sondages ont eu lieu au mois de décembre de chaque année, entre 2009 et 2018, ce qui permet de voir l’évolution de
l’opinion publique sur cette question.
En décembre 2018, 42 % des personnes interrogées considéraient que les manifestations de rue faisaient partie des deux aspects les plus
importants capables d’influencer les prises de décision politique en France.
Question 3) (Illustration)
Les actions collectives protestataires visent à contester des décisions déjà prises ou sur le point d’être prises (Ex : vote de lois au niveau
politique, décision de licencier pour une entreprise, etc.). Manifester dans la rue, boycotter des entreprises ou des produits, faire grève sont
typiquement des actions protestataires, donc militantes dans le sens où on combat une cause. Voter aux élections peut aussi être une action
protestataire quand on vote pour des partis protestataires, c’est-à-dire des partis qui contestent la légitimité du système politique en place et
veulent en changer (Ex : partis indépendantistes, partis antidémocratiques d’extrême-droite, partis révolutionnaires d’extrême-gauche…)
ou des partis totalement farfelus ou n’ayant aucune chance d’accéder au pouvoir (Ex : parti de la loi naturelle, parti animaliste…). Militer
dans un parti ou discuter sur Internet peuvent également parfois conduire à des actions protestataires. Toutes les courbes du graphique (à
l’exception de celle concernant le vote aux élections) s’inscrivent ainsi dans le cadre de la démocratie continue.
Texte 2 p. 268
Question 1) (Cours)
Un adhérent est une personne qui est membre d’une association car il a payé une cotisation (qui finance l’activité de cette
association). Rappel : Une association est un groupement de personnes constituées en vue d’un objectif commun autre que l’enrichissement
personnel ou le partage de bénéfices. Une association doit donc être distinguée d’une entreprise car elle n’a pas de but lucratif (elle ne
recherche pas le profit maximum mais simplement à équilibrer ses comptes) et réalise une production non marchande (elle ne vend rien à
titre habituel et son activité repose souvent sur le bénévolat). Cette association peut être une association culturelle ou de loisirs (Ex : un
club d’échecs, une troupe de théâtre, un club de judo…), un groupe d’intérêt ou de pression (Ex : Greenpeace, Amnesty International,
Médecins sans frontières…), un syndicat professionnel (Ex : CGT, FO, Medef…) ou un parti politique (Ex : PS, LREM, EELV…). Un
militant est un adhérent particulier qui, dans les groupes de pression, les partis ou les syndicats, fait avancer la cause de
l’association. (Il n’y a en principe pas de militantisme dans les associations culturelles et de loisirs, lesquelles n’ont pas de but politique.)
Question 3) (Cours)
On parle de militants partisans pour les militants des partis politiques. Il existe aussi un militantisme non partisan, qui relève plus de la
démocratie continue (Ex : syndicalistes, militants anti-nucléaires, etc.).
1) Montrez que la consommation peut être un acte économique, un acte social mais aussi un acte politique. (Vous présenterez rapidement
le point de vue d’un économiste, d’un sociologue et d’un politologue.) (Cours)
La consommation est le plus souvent analysée sous un angle économique. Consommer, c’est alors satisfaire des besoins afin d’améliorer
son bien-être. Ex : On achète une voiture pour voyager ou pour aller à son travail. Consommer peut aussi être un acte social. La
consommation est alors un marqueur social, qui confère du prestige, permet de briller en société et donc d’investir en capital symbolique.
Ex : Rouler en Twingo ou en Rolls Royce n’envoie pas le même message concernant le rang qu’on veut avoir dans la société. Enfin, une
analyse plus récente (depuis les années 1960) considère que consommer peut avoir des implications politiques. Les achats de biens et
services permettent alors d’exercer une certaine influence. Les consommateurs acquièrent un certain pouvoir qui les rend capables de
changer la société : ils deviennent des consom’acteurs. Ex : On peut décider de ne plus acheter de voitures Diesel pour sauvegarder la
planète, on peut même décider de boycotter l’entreprise Volkswagen pour la punir d’avoir trompé les consommateurs suite à l’affaire du
Dieselgate...
2) Comment la consommation engagée peut-elle avoir un impact sur les pratiques d’entreprise ? (Cours)
La consom’action ou consommation engagée cherche à influencer les producteurs, c’est-à-dire les entreprises (et notamment les
grandes entreprises puissantes, souvent multinationales). Elle peut vouloir changer les modes de production (Ex : imposer une organisation
productive moins polluante), les circuits de distribution (Ex : relocaliser certaines productions pour diminuer les transports, imposer le
ferroutage par rapport aux camions pour moins polluer...), les conditions de travail (Ex : imposer que les FMN interdisent à leurs sous-
traitants ou filiales de faire travailler des enfants comme y incite par exemple l’association De l’éthique sur l’étiquette…), les matières
premières ou CI utilisées (Ex : boycotter les entreprises qui mettent de l’huile de palme dans leurs produits, ce qui accélère la
déforestation), etc.
3) Comment la consommation engagée peut-elle avoir un impact sur les décisions politiques ? (Cours)
La consom’action a aussi un impact politique direct car elle cherche à influencer les décideurs politiques. Les groupes de pression
citoyens ou associatifs ont donc souvent pour but de faire évoluer les lois, à l’échelle d’un pays et même souvent à l’échelle
internationale (par exemple, en pesant sur les décisions des organismes supranationaux : UE, OMC, ONU, BIT…), afin de contraindre de
façon formelle les entreprises à se comporter de façon plus responsable (d’un point de vue environnemental, sanitaire, sécuritaire, social...).
4) Question 3). (Vous pouvez vous aider des documents des pages 270 et 271 et de vos connaissances personnelles.) (Illustration)
Le moyen le plus fréquent utilisé par la consommation engagée est l’appel au boycott (c’est-à-dire à l’arrêt des achats des produits de
l’entreprise visée). Mais elle a aussi recours à des manifestations de rue, ou de façon plus générale au RAC post-moderne (tractage,
pétitions, sit-in, utilisation des réseaux sociaux, parrainage par des vedettes du show-biz, opérations spectaculaires et médiatisées pour
dénoncer des pratiques d’entreprises contraires à l’intérêt général…). La vidéo 1 donne comme exemple de consommation engagée
l’association Hacker la pub qui dénonce le matraquage publicitaire et la société de consommation qui crée des besoins inutiles. L’affiche 4
dénonce une consommation alimentaire trop riche en protéines animales qui n’est pas bonne pour la santé humaine, pour le bien-être
animal et pour la planète. Le texte 5 fait état d’un mouvement parti de Suède, le flygskam, qui veut stigmatiser les personnes prenant
l’avion (qui est de loin le transport le plus polluant) quand des modes de transport alternatifs existent. Le but est donc de changer les
mentalités et pratiques des individus et des entreprises et aussi les lois. C’est ce dernier type de pression (combinée à la crise du Covid) qui
a fait supprimer certaines lignes aériennes intérieures en France récemment. Ce ne sont que des exemples parmi d’autres.
Question 1) (Cours)
Les femmes ont tendance à moins s’engager, en moyenne, que les hommes d’un point de vue militant. La cause n’est évidemment pas
biologique mais sociale. La socialisation qu’on leur a transmise les a rendues plus dociles que les hommes, moins combatives et donc
moins portées à protester ou à contester. On voit ici l’impact encore très fort des stéréotypes de genre qui conditionnent la manière dont
les filles sont élevées et dont elles sont considérées, tant dans leur milieu familial et à l’école en étant jeunes (socialisation primaire) que
dans le milieu familial et professionnel une fois adultes (socialisation secondaire).
Question 2) (Cours)
En particulier, le fait que la société considère comme « normal » que les femmes s’occupent en priorité du foyer et des enfants (donc de la
sphère domestique) et les hommes de l’extérieur du foyer (sphère professionnelle) crée un biais en défaveur des femmes. Celles-ci (qui
doivent souvent cumuler deux journées de travail en 24 heures : une dédiée à la sphère domestique et l’autre à leur métier) disposent donc
de moins de temps que les hommes. Cette moindre disponibilité les pénalise dans leur vie professionnelle (les employeurs leur confient
moins de responsabilités, elles sont plus souvent en contrat précaire ou à temps partiel…) mais aussi dans leur vie publique. Le plafond de
verre qui empêche l’ascension des femmes concerne donc également leur engagement militant ou politique. Ainsi, les femmes restent plus
éloignées que les hommes des lieux de pouvoir (que celui-ci soit économique ou politique).
Graphique 5 p. 275
1) Question 1) (Méthode)
Selon l’Observatoire des inégalités, en 2017, seulement 38,7 % des députés étaient des femmes.
2) Faites des recherches sur l’instauration de la parité hommes-femmes aux élections législatives (Illustration).
Je vous laisse faire. (Voir par exemple https://fr.wikipedia.org/wiki/Loi_tendant_%C3%A0_favoriser_l%27%C3%A9gal_acc
%C3%A8s_des_femmes_et_des_hommes_aux_mandats_%C3%A9lectoraux_et_fonctions_%C3%A9lectives )
3) Question 2) (Méthode)
Si les partis politiques ne présentent pas autant de candidats femmes qu’hommes, ils peuvent être soumis à des amendes. Cela les a incités
à accélérer la place des femmes dans la représentation politique (mais on est encore très loin d’une parité à 50-50 !) Il faut aussi se poser la
question du choix des électeurs en fonction du genre des candidats : de nombreux électeurs encore aujourd’hui (hommes et femmes)
préfèrent choisir un candidat homme à une élection plutôt que son adversaire femme à niveau de compétences égales. (On voit là aussi
le poids des stéréotypes, qui pénalise les femmes dans les mandats électifs permettant d’accéder au pouvoir…) Il y avait à peu près 12 % de
femmes députées en 2000 contre 38,7 % en 2017, soit plus d’un triplement. Si cette loi n’avait pas été votée, il est probable que la place
des femmes aurait été plus grande en 2017 par rapport à 2000 (les mentalités évoluant) mais qu’on aurait atteint un taux de féminisation
plus faible que 38,7 %. On a ici un exemple où la norme juridique va plus vite que la norme sociale (ou extrajuridique). Autrement dit,
c’est l’État par la loi qui cherche à faire évoluer les mentalités et les mœurs, donc la société. (On a plus souvent affaire à la causalité
inverse : c’est la loi qui s’adapte aux mœurs, la loi étant souvent en retard sur l’évolution de la société. Ex : loi sur l’IVG en 1975.)
Graphique 1 p. 274
Question 1) (Méthode)
Selon Libération, l’abstention est corrélée négativement au niveau d’études : plus on est diplômé, moins on a tendance à s’abstenir. Par
exemple, l’abstention systématique est trois fois supérieure dans le cas des électeurs sans diplôme que des électeurs ayant un nivea d’études
supérieur au Bac (24,4 % / 8 % = x 3). Il est probable qu’il s’agit ici plutôt d’une abstention hors-jeu. (Les personnes peu diplômées
s’intéressent moins à la politique car leur famille les a peu socialisées à l’intérêt de participer à la vie collective. Par ailleurs, ils sont plus
souvent désocialisés ou souffrent d’anomie du fait de la pauvreté, du chômage ou de l’exclusion sociale.) On voit donc l’importance du
capital culturel dans la décision de voter ou pas. (On a donc un lien de causalité : Capital culturel ⇒ Vote.)
De même, l’abstention est corrélée négativement au niveau de la CSP : plus on est dans une CSP élevée, moins on a tendance à
s’abstenir. Le vote permet de défendre sa place dans la société. (Les CSP supérieures peuvent élire des représentants qui vont leur procurer
des avantages, notamment économiques, par exemple une baisse d’impôts). L’abstention totale (systématique, c’est-à-dire plutôt hors-jeu,
et à au moins un tour, c’est-à-dire plutôt dans le jeu) est de 10 points supérieure chez les ouvriers que chez les cadres (58,3 % – 48,3 % = +
10 points). On peut en déduire que, à côté du capital culturel, le capital économique est également une variable qui influence le vote.
(On a également un lien de causalité : Capital économique ⇒ Vote.)
L’abstention est corrélée négativement à l’âge : plus on est âgé, moins on a tendance à s’abstenir. L’abstention totale est supérieure de
20 points chez les jeunes électeurs de 25 à 29 ans par rapport à ceux de 70 à 74 ans (59,4 % – 39,7 % = + 20 points). L’âge (ou le
caractère ancien de la génération) influence par conséquent le vote. On a le lien de causalité suivant : Age (ou génération ancienne) ⇒
Vote. Nous allons voir ci-après des éléments d’explication.
Texte 2 p. 274
Question 1) (Cours)
Les anciennes générations votent plus fréquemment et adhèrent plus souvent que les jeunes à un parti politique. En ce sens, elles sont plus
« politisées » car elles sont plus dans le jeu de la démocratie représentative. Leur culture politique consiste à faire confiance aux
représentants politiques et à leur déléguer les pouvoirs : c’est une culture de la déférence. L’autorité et la légitimité des élites politiques
sont par conséquent plutôt respectées, ainsi que le système politique conventionnel.
Question 2) (Cours)
Les jeunes générations sont beaucoup plus distantes par rapport à la démocratie représentative (ce que manifeste l’importance de
l’abstention ou parfois aussi le vote protestataire de type Front national / Rassemblement national).
Question 3) (Cours)
On peut en fait mettre en évidence deux tendances très distinctes concernant la jeunesse. Parmi une partie de la jeunesse,
l’abstentionnisme progresse car ces jeunes souffrent d’un défaut d’intégration à la société (anomie). Ils sont peu ou pas qualifiés
(suite à un échec scolaire) et se retrouvent dans des situations économiques difficiles (précarité de l’emploi, chômage, inactivité...) qui se
doublent parfois d’isolement social (ruptures familiales, exclusion sociale…). Ils ne se reconnaissent pas dans une société qui les rejette. Ils
se désintéressent alors de la vie publique ou politique. Ce sont des abstentionnistes systématiques : ils n’espèrent rien des politiciens. Ils
sont donc « hors-jeu » par rapport aux élections et à la vie politique en général. Ils n’ont aucune participation politique (ni
conventionnelle ni non conventionnelle). Une autre partie de la jeunesse est au contraire bien intégrée à la société. Elle a fait plus
d’études que la génération précédente et dispose donc du capital culturel lui permettant de comprendre la société dans laquelle elle vit et de
jouer un rôle citoyen. Elle fait preuve d’esprit critique et ne se reconnaît pas forcément dans l’offre politique (c’est-à-dire dans les
programmes des élus). Elle connaît un abstentionnisme intermittent (c’est-à-dire non systématique) : ces jeunes voteront de temps en
temps, en fonction de l’importance nationale des enjeux ou de leurs propres centres d’intérêt. Ils s’intéressent à la politique et à la marche
du monde, mais ne veulent pas laisser des élus décider de leur destin à leur place. Ce sont donc des jeunes qui privilégient l’action politique
non conventionnelle en s’exprimant directement. Par exemple, ils manifesteront ou pétitionneront fréquemment pour défendre une cause
ou protester contre une décision politique. Ils sont donc « dans le jeu » mais adhèrent à la démocratie continue plus qu’à la
démocratie représentative.
Remarque : Les chiffres de l’exercice suivant sont simplifiés dans un but pédagogique. (Il faudrait par exemple multiplier les résultats par
1 000 pour obtenir quelque chose de réaliste. Et bien entendu réactualiser en utilisant des € au lieu des F...)
a) Vous considérerez d’abord le 10ème membre du groupe (Ego), selon qu’il participe à l’action collective ou s’en abstient, étant donné
qu’il suppose que les 9 autres membres du groupe contribuent à cette action collective. Compte tenu du bénéfice individuel obtenu par Ego
dans les deux cas, quelle stratégie va-t-il rationnellement adopter ? (Méthode)
Ego veut dire Moi en latin. Si les 9 membres du groupe décident de participer à l’action collective, est-ce que Ego décidera de les
rejoindre ? En fait, Ego n’a pas intérêt à se joindre à l’action collective. Il gagne plus en ne faisant rien plutôt qu’en participant (1,8 F
contre 1 F). Ainsi, il préfère laisser faire les autres à sa place et donc se comporte en passager clandestin.
b) Remplissez alors les deux lignes concernant le 9 ème membre du groupe, une fois que la décision d’Ego est connue. Quelle stratégie
adoptera-t-il lui-même ? (Méthode)
On peut faire le même constat pour le 9 ème membre du groupe. Finalement, lui non plus n’a aucun intérêt personnel à rejoindre l’action
collective. Il va alors s’abstenir, car cela lui coûte plus cher de participer que cela ne lui rapporte.
c) Faites de même successivement pour chacun des autres membres du groupe (Méthode).
En réalité, aucun des membres du groupe n’a intérêt à participer à l’action collective.
2) En quoi le paradoxe d’Olson contribue-t-il à expliquer la crise de la syndicalisation ? Quelles sont les solutions en termes d’incitations
sélectives qu’on pourrait envisager pour y remédier ? (Cours)
La théorie du passager clandestin d’Olson contribue à expliquer la crise du syndicalisme (érosion du nombre d’adhérents aux
syndicats). Dans les entreprises, si les salariés se comportent en passagers clandestins, ils ont intérêt à ne pas payer leur cotisation, à ne pas
militer (pour ne pas perdre de temps et sacrifier leur vie privée), à ne pas contester le pouvoir patronal (pour ne pas se faire mal voir) et à
ne pas faire grève (pour ne pas perdre de journées de salaire). Ils préfèrent laisser les syndiqués faire tout cela à leur place (sachant que si
les syndiqués obtiennent des avancées sociales, elles profiteront à tout le monde : grévistes et non grévistes). Certaines incitations
sélectives existent néanmoins (qui ne suffisent pas à enrayer la baisse d’audience des syndicats). L’Etat accorde ainsi des réductions
d’impôts qui diminuent le coût de la cotisation syndicale. Les syndicats eux-mêmes accordent des avantages à leurs adhérents (abonnement
à un journal syndical qui diffuse des informations aux syndiqués et leur fait mieux connaître leurs droits, organisation de transports
collectifs et donc moins chers pour faciliter les manifestations…). Dans certains Etats des Etats-Unis, il existe encore dans certaines
entreprises un système d’embauche qui s’assimile au closed shop (voir https://www.wikiberal.org/wiki/Closed_shop ).
Texte du cours :
1) Faites des recherches sur le « Printemps de Pékin » de 1989. Le mouvement des Gilets jaunes aurait-il été possible en Chine
populaire ? (Illustration)
Pour les recherches sur le « Printemps de Pékin », je vous laisse faire. Il est clair que la Chine populaire est un régime autoritaire de type
dictatorial (avec notamment l’absence de pluralisme ou concurrence politique puisqu’on n’a qu’un seul parti politique aux élections qui est
le Parti communiste : il ne s’agit donc pas de réelles élections au sens où on l’entend en Occident). Dans une dictature, la protestation des
Gilets jaunes n’aurait pas pu s’exprimer car elle aurait été réprimée avec violence. La structure des opportunités politiques est donc bien
plus restreinte dans une dictature que dans une démocratie.
2) En quoi la notion de structure des opportunités politiques permet-elle de répondre en partie au paradoxe de l’action collective ?
(Cours)
La structure des opportunités politiques est le cadre général dans lequel peuvent s’exprimer des actions ou protestations
collectives. Celle-ci est plus ou moins favorable à l’émergence de mobilisations collectives ou de mouvements sociaux. Dans une société
où l’individualisme peut être contrebalancé par l’importance des opportunités politiques (Ex : pluralisme politique représentant toutes les
tendances politiques, rôle des médias, décentralisation rendant le pouvoir politique plus proche des citoyens, proximité d’élections,
gouvernement à l’écoute des revendications…), la mobilisation collective sera plus facile.
Texte du cours :
1) Est-ce l’intérêt individuel qui explique la mobilisation des étudiants blancs pour les droits civiques des Noirs aux Etats-Unis dans les
années 1960 ? (Ou celle des Blancs aujourd’hui dans le cadre du mouvement Black lives matter ?) (Cours)
Quand Olson parle d’intérêt individuel, il fait référence au point de vue des économistes (notamment néoclassiques) qui
considèrent que chaque individu est parfaitement égoïste et que c’est cet égoïsme qui fonde la rationalité (théorie de l’homo
oeconomicus). Les étudiants blancs dans les années 1960 n’avaient strictement aucun intérêt individuel à défendre le cas des Noirs aux
Etats-Unis. Ce n’est donc pas l’intérêt individuel au sens néoclassique du terme qui explique leur mobilisation collective. Autrement dit, la
théorie du passager clandestin d’Olson ne parvient pas à expliquer ce type de mobilisation.
2) Montrez alors que l’engagement collectif procure des rétributions symboliques (Cours).
Si ce n’est pas le strict intérêt économique individuel qui est à l’origine de ce type d’engagement collectif, il faut trouver ce qui motive
alors les individus. En fait, si les étudiants blancs se mobilisent pour les droits civiques des Noirs, ce n’est pas par égoïsme mais par
altruisme. Quel intérêt ont-ils dès lors à se mobiliser ? Il ne s’agit pas d’un intérêt économique mais symbolique. Ils ont ainsi une
meilleure image d’eux-mêmes, se sentent plus fiers, se font des amis, mettent en avant la solidarité... et acquièrent finalement davantage de
prestige et de reconnaissance sociale.
3) Quelles valeurs motivent alors l’action collective ? Pourquoi cette analyse remet-elle en cause le modèle d’Olson ? (Cours)
Ce n’est plus l’égoïsme ou l’intérêt individuel de type économique qui motive ici l’action collective, mais au contraire des valeurs
altruistes permettant d’investir en capital symbolique (générosité, amitié, loyauté, solidarité, respect, lutte contre les injustices…).
L’émergence de ces valeurs permet d’éviter les comportements de passagers clandestins et invalide en partie la théorie d’Olson. Les
individus ne sont plus motivés uniquement par leur intérêt individuel mais par des intérêts de type collectif. S’engager collectivement pour
les autres (même si on n’a rien personnellement à y gagner) peut ainsi être analysé comme un investissement en capital symbolique.
2) Rappelez ce qu’est la lutte des classes. En quoi la lutte des classes a-t-elle permis d’améliorer le sort des ouvriers ? (Cours)
Pour Karl Marx, au XIXème siècle, les deux classes antagonistes du système capitaliste sont les ouvriers (ou prolétaires) et les capitalistes
(ou bourgeois). Les premiers ne possèdent que leur force de travail qu’ils sont obligés de vendre en échange d’un salaire de subsistance aux
seconds, qui sont les seuls à posséder les moyens de production (c’est-à-dire les entreprises ou le facteur capital). Les prolétaires sont
exploités par les capitalistes. Au fil du temps, les prolétaires ont tendance à se paupériser (c’est-à-dire à s’appauvrir) et les capitalistes à
s’enrichir. A l’époque de Marx, l’État est un Etat-gendarme : il se contente d’assurer la sécurité à l’intérieur (police, justice…) et à
l’extérieur (armée…) des frontières. Il ne joue aucun rôle économique ou social. Par conséquent, il n’intervient pas dans la relation de
travail entre prolétaires et capitalistes. C’est donc une forte concurrence qui règne sur le marché du travail entre prolétaires très nombreux
(vérifiant ainsi la condition d’atomicité du marché). Cette relation de travail est alors individuelle : le salaire et les conditions de travail
se négocient entre un prolétaire donné et un capitaliste donné et souvent au jour le jour. Cette relation est aussi déséquilibrée : c’est en
réalité le capitaliste qui impose sa volonté au prolétaire (qui, s’il veut survivre et nourrir sa famille, doit accepter les conditions qui lui
sont proposées lors de l’embauche). Les salaires ont tendance à baisser. Les retraites n’existent pas. En cas d’accident du travail, le
capitaliste n’est pas tenu responsable et le prolétaire est licencié (sans aucune indemnité). Les enfants sont obligés de travailler et encore
plus exploités que les adultes. La grève est interdite. Elle constitue un trouble à l’ordre public et donc l’Etat-gendarme aide généralement
les capitalistes à réprimer les revendications ouvrières de façon violente. (Voir par exemple la révolte des canuts.)
Peu à peu, les prolétaires comprennent que s’ils veulent rééquilibrer la relation de travail, ils doivent se liguer pour faire entendre leur voix.
Tout d’abord, ils créeront des caisses de secours mutuel. Ce sont les ancêtres des caisses de sécurité sociale. Les prolétaires cotiseront
entre eux pour faire face aux risques sociaux (chômage, accidents du travail, vieillesse…). Ainsi, si un ouvrier ayant cotisé tombe au
chômage, il se fera indemniser. Ils vont aussi créer des syndicats. Les premiers seront clandestins car l’Etat-gendarme, depuis la loi Le
Chapelier de 1791, a mis en place le délit de coalition qui rend illégale toute réunion des ouvriers en vue de défendre leurs intérêts. Un
ouvrier militant pour la défense de sa classe (et à plus forte raison faisant grève) peut alors, puisqu’il est considéré délinquant, être
emprisonné. La lutte des classes a permis d’améliorer le sort des prolétaires (et par ricochet de l’ensemble des salariés). L’Etat-
gendarme, suite aux pressions sociales des luttes ouvrières, sera obligé de reconnaître le droit de grève (1864), d’interdire le travail des
enfants de moins de 12 ans (1874), de reconnaître les syndicats (1884), d’accepter d’accorder le repos dominical (1906), etc. Mais c’est
surtout l’Etat-providence après 1945 qui légitimera pleinement le droit du travail et le droit social (qui est le droit de la protection sociale).
Il est désormais admis que les ouvriers revendiquent pour améliorer leurs conditions de travail mais aussi plus largement leurs conditions
de vie. En outre, la lutte des classes a permis l’émergence d’une relation collective de travail. C’est la négociation collective qui, après
1945, s’impose pour régler la progression des salaires et les conditions de travail dans une branche d’activité donnée (Ex : métallurgie,
automobile, textile…). Les travailleurs ne sont plus atomisés sur le marché du travail. Désormais, ce sont des représentants de travailleurs
(syndicats de salariés) et des représentants de capitalistes (syndicats patronaux) qui négocient ensemble dans chaque branche, souvent en
concertation avec l’Etat. (Même si, depuis les années 1970, on constate un affaiblissement des syndicats.)
2) On parle d’action ou de mobilisation collective dans le cas d’une grève mais de mouvement social dans le cas de la lutte des classes.
Essayez d’expliquer pourquoi (Cours).
Selon Alain Touraine, pour qu’un conflit social (ou une action collective comme la grève) se transforme en mouvement social, trois
principes doivent être réunis :
* un principe d’identité : Il définit le « nous ». Le groupe qui lutte doit être facilement identifiable. Ses membres doivent avoir des
caractéristiques communes qui les distinguent du reste de la société.
* un principe d’opposition : Il définit le « eux ». Le groupe en lutte doit pouvoir identifier dans la société les autres groupes qui sont ses
adversaires ou opposants.
* et surtout un principe de totalité : Il pose la question « pourquoi lutter ? ». Il définit donc la relation qui doit exister entre le mouvement
et la société. Le mouvement social cherche à changer la société tout entière (et pas seulement à convaincre ses opposants). Le groupe
doit alors être une force de proposition politique : il ne suffit pas de s’opposer, il faut aussi et surtout proposer des solutions au problème de
façon audible et légitime dans une société démocratique (c’est-à-dire par le dialogue et non par la violence).
Graphique 2 p. 276
1) Question 1) (Méthode)
Selon la DARES, en 2017, dans les secteurs secondaire et tertiaire, 71 journées individuelles non travaillées (JINT) pour cause de grève ont
été en moyenne répertoriées pour 1000 salariés dans les entreprises de 10 salariés ou plus.
Question 3) (Cours)
On va faire un calcul d’évolution pour estimer la baisse de JINT entre 1975 et 2017. Le plus malin et parlant ici est de faire un coefficient
multiplicateur à l’envers car on constate une forte baisse : CM = avec A le nombre d’arrivée et D celui de départ. D’où CM =
= x 56,3. Selon la DARES, de 1975 à 2017, le nombre de JINT pour fait de grève a été divisé par 56.
Cette chute vertigineuse, comme déjà signalé, peut s’expliquer notamment par :
* la montée de l’individualisme (théorie du passager clandestin d’Olson),
* la baisse d’audience et de légitimité des syndicats (raisons politiques notamment, car les syndicats les plus puissants comme la CGT ou
FO sont souvent accusés d’être proches du PC, qui a perdu beaucoup de son aura depuis la Chute du Mur en 1989),
* la crise économique (peur des salariés de faire grève, ce qui risquerait de fragiliser leur entreprise, de lui faire perdre des parts de marché
face à la concurrence, voire de provoquer une faillite),
* le retour d’une certaine atomicité du marché du travail (la hausse de la précarité n’incite pas les salariés à s’investir dans l’entreprise
puisqu’ils n’y restent pas durablement, ils ne sont donc pas incités à se syndiquer ou à militer ; le télétravail freine aussi l’essor de l’action
collective…),
* et l’essor de l’idéologie néolibérale (qui stigmatise les syndicats).
2) En quoi ce constat peut-il être lié à la baisse d’audience des syndicats ? (Cours)
Ce sont souvent les syndicats qui lancent les mouvements de grève (même si ce n’est pas obligatoire). Quand les syndicats s’affaiblissent,
cela peut faire baisser mécaniquement le nombre de grèves.
3) Peut-on pour autant dire que la lutte des classes a disparu ? (Aidez-vous du texte 3 p. 277.) (Cours)
L’affaiblissement des syndicats (institutions) et des grèves (actions collectives) est lui-même un indicateur d’une lutte des classes
(mouvement social) en perte de vitesse. Cela dit, les grèves, même si elles sont bien moins violentes qu’au XIXe siècle et bien moins
fréquentes, ne reflètent pas l’ensemble des conflits du travail, qui sont souvent latents (c’est-à-dire moins visibles ou déclarés) mais
témoignent de tensions et de contestations toujours très présentes dans le monde du travail. Les conflits du travail adoptent ainsi
d’autres formes que la grève : refus des heures supplémentaires, absentéisme, pétitions, grève perlée, coulage de la production (qui est le
sabotage des produits ou la non détection volontaire des défauts de fabrication), sabotage des machines, etc. Le conflit pour le partage
des richesses produites entre travailleurs et capitalistes est loin d’être éteint.
1) Donnez des exemples de nouveaux mouvements sociaux illustrant cette « nouvelle culture politique ».(illustration)
Depuis les années 1960, les conflits sociaux se sont diversifiés. La lutte des classes de type marxiste est donc de plus en plus
concurrencée par d’autres types de luttes : ce sont les « nouveaux mouvements sociaux » (NMS). En réalité, ces NMS ne sont pas
apparus dans les années 1960, mais ils se sont développés à partir de cette décennie. Ex : sexe ⇒ mouvement féministe… appartenance
ethnique : mouvements d’émancipation des minorités, antiracistes, des droits civiques aux Etats-Unis (en résumant : de Martin Luther King
à Black lives matter)… attachement à une région : mouvements régionalistes (Basques, Catalans, et dans une moindre mesure : Corses,
Bretons…)… préférence sexuelle : mouvements homosexuel, LGBT… souci écologique : mouvements écologiste, végétalien (ou vegan),
pour les droits des animaux… participation plus active des citoyens : mouvements militants en général (Ex : mouvements pour les droits de
l’Homme, pacifistes, altermondialistes, de défense des consommateurs, d’aide aux pays pauvres, de lutte contre le Sida, de lutte contre le
mal-logement, de lutte contre la malbouffe…).
2) Pourquoi ces NMS sont-ils qualifiés par le sociologue français Alain Touraine d’idéologiques ?(cours)
Pour Touraine, ces NMS sont idéologiques car leur but est de diffuser un nouveau système de valeurs . Ils veulent faire évoluer la
société en profondeur et de façon durable. Les enjeux ne sont toutefois plus économiques (comme dans la lutte des classes). Ils deviennent
culturels et même politiques. Il s’agit de changer les mentalités et d’imposer de nouveaux modes de vie pour rompre avec l’ordre social
ancien (mais en conservant un système économique de type capitaliste).
Question 1) (Illustration)
Comme la plupart des NMS, le mouvement Me Too s’inscrit dans le RAC post-moderne. La mobilisation passe notamment par les
réseaux sociaux (Twitter en particulier) et le recours aux médias pour contrôler l’historicité. Le mouvement est alors devenu rapidement
transnational car il a fait souche à l’étranger (par exemple avec #Balancetonporc en France).
Question 2) (Cours)
Cependant, cela n’empêche pas le recours à des répertoires plus traditionnels, de type moderne comme les manifestations de rue (voir par
exemple https://www.france24.com/fr/20171113-metoo-descend-rue-a-hollywood-centaines-femmes-ont-defile-denoncer-le-harcelement
ou les pétitions ou même de type ancien (stigmatisation nommément du producteur de cinéma Harvey Weinstein et d’acteurs de cinéma
comme Kevin Spacey).
Question 3) (Illustration)
Il s’agit bien d’un NMS car l’enjeu de la protestation n’est pas économique mais culturel (ou idéologique) (diffusion d’un nouveau
système de valeurs) voire politique (assurer davantage de pouvoir aux femmes). On est ainsi en face d’un mouvement transclasses, c’est-
à-dire qui dépasse le clivage entre classes sociales (ou plus simplement le clivage droite/gauche). Les femmes peuvent se sentir concernées,
quelle que soit leur classe sociale (et des hommes aussi d’ailleurs...). Le but est bien de contrôler l’historicité, c’est-à-dire de provoquer
une prise de conscience pour changer la société en profondeur et de façon durable (respect du principe de totalité défini par Touraine, qui
distingue une simple action collective d’un mouvement social). Le but est aussi d’influencer le pouvoir politique (donc l’Etat), c’est-à-dire
de faire évoluer les lois pour que les droits des femmes soient mieux affirmés. Au final, Me too s’inscrit dans un mouvement social plus
vaste qui est le NMS féministe.