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Sommaire

E. Duflot

F.D. Vivien
II – Les théoriciens classiques du Capitalisme : Karl Marx (1818-1883) ; Max Weber
(1864-1920) ; Joseph Alois Schumpeter (1883-1950)
1) Une organisation technique particulière qui s’applique à la production et qui conduit à un certain
développement quantitatif/qualitatif des FP ;
3) Il existe entre (1) et (2) une certaine articulation (institutionnelle, politique, économique, juridique,
etc.)
V + pl
a) Allongement de la durée légale du travail : la durée légale du travail passe de 12h à 13h =>
V = 5 ; pl passe de 7 à 8 => pl : +1 = extraction de la plus-value absolue

A ----------------------------- M(archandise) -------------------------- A’


A-M-A’ : quand a-t-il un sens économique
III – Quelques grilles de lecture théoriques complémentaires utiles à la compréhension du capitalisme
A) La terre en étant privatisée devient facteur de production qui peut se vendre/s(acheter/se louer) ->
création d’un marché de la terre
B) Création d’une main d’œuvre plus libre qui va s’orienter vers les villes où elle va se salarier

Conclusion générale :
Chapitre 2 : Les différents types de capitalisme contemporain
I – 3 exemples de typologies en matière de diversité des capitalismes
B. Amable = Théoricien contemporain de l’école de la régulation salariale (synthèse Marx/Keynes)
II – Les capitalismes en évolution
III – Le capitalisme financiarisé : le capitalisme actionnarial ou patrimonial
A. Minc ou D. Plihon ou M. Aglietta => vers un modèle « unique » en voie d’imposition :
Capitalisme actionnarial ou patrimonial
1) De gagner en efficacité, notamment dans le traitement et le stockage de l’information ;
2) Complexification des systèmes productifs => apparition de nouvelles branches d’activité
(industrie du logiciel/jeux vidéos ; e-commerce)
3) Adoption de nouvelles formes organisationnelles => produire de manière plus efficace et de
mieux distribuer l’information (méthodes lean).
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CM : Histoire du Capitalisme 24h00 => 8 séances de


3h00 (fin prévisionnelle : mardi 8 mars) Chargé de CM :
David Rossi David.rossi@univ-reims.fr Ecrit terminal :
1h30 Type d’épreuve : 2 questions de cours sur 10 points
(à « choisir » parmi 3 questions proposées)
Le
Capitalisme : histoire d’un « concept »

E. Duflot

Th. Piketty

F.D. Vivien

1991 : chute de l’URSS et début de l'ère du capitalisme triomphant.


Francis Fukuyama (1992) : La fin de l’Histoire. 1990s : financiarisation
de l’économie. Apparition de l'économie sociale et solidaire (ESS).
Joseph Alois Schumpeter (1886 – 1950) : le capitalisme à l’aptitude à
se « révolutionnariser » lui-même en permanence. 2011 : nouvelle
révolution industrielle (Industrie 4.0/Industrie du futur). Parti politique
d’extrême-gauche en France : parti anti-capitaliste.

Le capitalisme est un phénomène dynamique qui se caractérise par des


cycles de croissance, de crise, de récession et de dépression. Il a connu
plusieurs approches historiques (marchand, agraire, industriel,
actionnarial/patrimonial, numérique/digital) et théoriques (sciences
économiques, sociologie, histoire, anthropologie, etc.). Il a également
entraîné des mutations sociales et sociologiques, notamment la
naissance du salariat au 19ème siècle et l'entrée dans une société post-
salariale. La consommation est passée de la subsistance à la

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consommation de masse puis à la consommation individualisée. La


mondialisation et la régulation du capitalisme sont des problématiques
importantes. Le libéralisme, défendu par Frédéric Bastiat, est une
notion controversée.

Le socialisme a été défini par Louis Blanc en 1850 dans son ouvrage
Organisation du travail. L'étymologie du mot "capital" remonte au 12ème siècle
et désigne une certaine quantité d'argent à faire fructifier. Le mot vient du latin
"caput" qui signifie "tête". Au 18ème siècle, le mot "capital" est devenu plus
courant et désigne de l'argent investi ou placé pour obtenir des profits. Adam
Smith a défini le capital dans ses Etudes sur la causes et la nature de la Richesse
des Nations (1776) comme toute fortune, monétaire ou non, qui permet d'obtenir
des profits lorsqu'elle n'est ni consommée, ni thésaurisée.

Le protestantisme du 16ème siècle a favorisé l'essor du commerce et la


bourgeoisie, des individus fortunés qui prêtent leur capital contre le versement
d'intérêts. La fin du 18ème siècle a vu l'apparition de la première révolution
industrielle, avec la domestication de l'énergie émise par le coke et la
mécanisation de la production. La bourgeoisie a alors orienté ses capitaux vers
l'industrie, ce qui a donné naissance au capitalisme de classes. Karl Marx (1818-
1883) a critiqué cette forme de capitalisme, qui a engendré des conflits et une
lutte des classes. Des idéologies se sont alors opposées, le libéralisme et le
socialisme/communisme.

Le chancelier Bismarck a mis en place un capitalisme social interventionniste


en Allemagne aux alentours des années 1870. J.K. Rodbertus a soutenu que l'Etat
devait intervenir dans le domaine économique et social pour orienter le
capitalisme. Des lois sociales des années 1880 ont été mises en place pour éviter
que la lutte des classes ne dégénère en guerre totale. Un capitalisme d'Etat a alors
été mis en place, permettant aux capitalistes et aux salariés de coexister. En 1922,
le mot "capitalisme" a été ajouté à l'encyclopédie britannique, défini dans un sens
"moderne". Les grands faits stylisés du capitalisme sont alors identifiés,
notamment sa universalité.

Le capitalisme est un système économique caractérisé par des droits de propriété


individualisés au niveau du capital, un processus de marchandisation et une
certaine structuration de la société. Il a émergé au 19ème siècle et s'est développé
au 20ème siècle, entraînant des conflits entre capital et travail et une

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paupérisation. Il a également entraîné des transformations du travail, notamment


juridiques et organisationnelles (taylorisme, fordisme, toyotisme, uddevalisme,
teslisme, méthodes lean). On peut comprendre le capitalisme à travers ses aspects
positifs (croissance économique, développement économique et social) et
négatifs (exploitation, aliénation, pollutions diverses).

II – Les théoriciens classiques du Capitalisme : Karl Marx (1818-


1883) ; Max Weber (1864-1920) ; Joseph Alois Schumpeter (1883-
1950)

Karl Marx (1867-1920) est un théoricien du capitalisme industriel du


19ème siècle. Il a écrit Le Capital, une critique du Mode de production
bourgeois (synonyme de capitalisme) qui peut être mobilisée pour
comprendre le capitalisme contemporain. Karl Polanyi (1886-1964) a
décrit le contexte du développement du marxisme dans son ouvrage La
Grande transformation (1944). Il a mis en lumière les transformations
du capitalisme aux 18ème et 19ème siècles, notamment le mouvement
de privatisation des terres qui a eu lieu entre le 11ème et le 19ème
siècle.

Le mouvement des enclosures (enclôturage) a permis la privatisation


progressive des terres en Ecosse à la fin du 18ème et au 19ème siècle,
entraînant une violence armée (clearance). La révolution industrielle
britannique a été favorisée par la maîtrise de l'énergie vapeur et la
mécanisation de la production industrielle, notamment l'industrie
textile. Les paysans privés de l'accès libre aux terres ont été contraints
de quitter les campagnes pour les villes, offrant une main d'œuvre
nombreuse et « docile ». De nouvelles organisations du travail ont
émergé, avec des lieux physiques où la main d'œuvre était concentrée
et des outils de contraintes pour accroître l'efficacité productive. En
1820, l'industrie était le secteur dominant du système productif en GB.
Marx explique ce développement par la mise au travail d'une main
d'œuvre rurale et l'essor de la colonisation britannique, qui a entraîné
un pillage systématique des colonies, un travail forcé et des taxes
coloniales.

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A partir du 16ème siècle, l'Etat-Nation émerge et le mercantilisme


(1492-1750) devient la modalité privilégiée de l'enrichissement. Les
échanges sont dynamisés et la production augmente grâce à la
systématisation de la fabrique. La GB accumule des richesses de plus
en plus rapidement et une nouvelle classe économique et sociale (la
Bourgeoisie) se développe et concurrence l'ancienne. Cette nouvelle
classe développe le libéralisme (ou le laissez-faire) économique et
politique (suppression des privilèges, garantie des droits aux
individus).

À partir des années 1760-1770, des fortunes se sont développées en


Grande-Bretagne. La richesse s'est dématérialisée et monétisée, et est
devenue ce qu'on appelle le Capital, notamment le Capital productif,
dont le but est de se reproduire et d'augmenter sa valeur. C'est ainsi que
le Capitalisme industriel est né. Selon Karl Marx, le système repose sur
l'exploitation de la Force de Travail des salariés. Le Capital industriel
est composé d'un capital constant (tout ce qui ne relève pas du travail
humain) et d'un capital variable (relève exclusivement du travail
humain et correspond aux salaires versés). La production consiste à
dépenser un capital (A) pour obtenir une marchandise (M) qui sera mise
en vente sur un marché afin de réaliser un profit. Pour que A' (la somme
obtenue après la vente de M) soit supérieure à A, il faut mobiliser la
Force de Travail des travailleurs/salariés. La plus-value (pl) obtenue est
à l'origine du profit et permet à la bourgeoisie de devenir la classe
dominante. Cependant, cette domination s'accompagne d'une
paupérisation généralisée de la société, ce qui provoque des révoltes et
des crises économiques. Au 20ème siècle, un affrontement politique,
économique et social s'est instauré entre le monde capitaliste et le
monde communiste, jusqu'à ce que le Capitalisme triomphe en 1991.
Selon Marx, le Capitalisme était condamné à disparaître, mais Friedrich
Engels a montré qu'il dispose d'une capacité à se réinventer.

Karl Marx (1818-1883), philosophe matérialiste influencé par F.


Hegel, a étudié les conditions matérielles qui déterminent nos modes
de vie et nos représentations. Il a étudié la dimension historique du

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Capital, ses conditions d'émergence, de développement et de


dépassement.

Le mode de production antique (800 av. JC - 476 ap. JC) était


caractérisé par l'artisanat et l'esclavagisme. Le mode de production
féodal (476 - 1492) était caractérisé par l'agriculture et le servage. Le
mode de production bourgeois (1492 - 19ème siècle) était caractérisé
par l'industrie et la bourgeoisie (propriété privée du capital) versus le
prolétariat (absence de propriété privée du capital). Le mode de
production asiatique était caractérisé par les activités commerciales et
artisanales ainsi que par le mandarinat en Chine et le système des castes
en Inde. La lutte des classes est endémique et constitue un facteur de
production des sociétés. Après le capitalisme, le socialisme émergera
avec une nouvelle révolution industrielle et la fin de la lutte des classes.

Tout MDP se caractérise par la conjonction de 3 éléments :

1) Une organisation technique particulière qui s’applique à la


production et qui conduit à un certain développement
quantitatif/qualitatif des FP ;

Les RSP (Règles Sociales et Politiques) sont des principes qui


régissent les rapports entre les individus, notamment en ce qui concerne
la propriété privée. Dans le MDP (Modèle de Développement
Bourgeois) du XIXe siècle, c'est la bourgeoisie qui possède le Capital.

3) Il existe entre (1) et (2) une certaine articulation


(institutionnelle, politique, économique, juridique, etc.)

Les MDP (Modes de Production) sont caractérisés par une


infrastructure et une superstructure (philosophique, religieuse,
juridique) qui leur permettent de se développer et de durer dans le
temps. Les FP (Forces Productives) évoluent constamment, mais les

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RSP (Rapports de Propriété) attachés à ces FP sont plus conservateurs


et évoluent plus lentement, ce qui crée des contradictions qui ne sont
pas résolues et s'accumulent, provoquant des conflits de plus en plus
violents. Ces conflits peuvent mener à des révolutions et des guerres
civiles, nécessitant des changements importants et la transformation
complète du système, avec de nouvelles FP et de nouveaux RSP.

Karl Marx a appliqué son analyse au Mode de Production Bourgeois


(capitalisme industriel) pour comprendre le fonctionnement et la
dynamique du Capital. Il a défini le travail comme une activité créatrice
qui humanise l'être humain et le différencie du reste du règne animal.
Cependant, le travail peut être aliéné et exploite. Marx a également
souligné que le travail est un médium par lequel les individus peuvent
échanger et qu'il est source de bien-être et d'accomplissement. Il a
également souligné que le travail informe tout être humain que le
travail humanise et que cette prise de conscience permet à chaque
humain de comprendre la communauté de destin qui unit les humains
entre eux.

Quel est le statut du travail dans le cadre du MDP bourgeois ?

Le travail humain est une dimension créatrice et anthropogène.


Cependant, dans le modèle de développement bourgeois (MDP
bourgeois) du XVIIIe siècle, le travail est aliéné et déshumanisé. Cela
se manifeste par trois formes de dépossession : la dépossession de la
chose créée par le travail (ex. : l'artisanat), la dépossession de son
propre travail et la dépossession de la nature humaine. Adam Smith
(1776 ; Etudes sur les causes et la nature de la Richesse des Nations) a
démontré que la division-spécialisation du travail augmentait la
productivité et l'échelle de production. Cependant, le travail devient
hostile et l'objet créé nous devient étranger. Le travail aliéné réduit
l'humain à une condition « animale » et le bien-être n'est possible qu'en
dehors du travail.

Le travail aliéné est une forme d'exploitation qui exprime la lutte des
classes entre la bourgeoisie et le prolétariat. Cette exploitation est
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rendue possible par l'existence d'une infrastructure techno-économique


(propriété privée du Capital) et de superstructure (lutte des classes,
domination politique, idéologies et religions). Les capitalistes sont eux-
mêmes aliénés car ils ne travaillent pas par eux-mêmes et ne vivent que
grâce au travail des prolétaires.

La FDT (Force de Travail) a une valeur d'usage et une valeur


d'échange. La valeur d'échange correspond à la durée du travail
socialement nécessaire, qui est de 5h par jour. La bourgeoisie impose
aux prolétaires les conditions de travail, notamment la durée
quotidienne du travail. La stabilité relative au MDP (Mode de
Production Bourgeois) est une condition indispensable pour que
l’exploitation du travail puisse se manifester. La théorie de l’extraction
de la plus-value est basée sur l'absence d'exploitation du travail.

Temps de travail socialement nécessaire = 5h => traduction en valeur


v Temps de surtravail ou temps de travail gratuit = 12 – 5 = 7h =>
valeur économique : valeur créée lors du temps de surtravail = la plus-
value (pl) => appropriée par le bourgeois Journée de travail : Temps de
travail socialement nécessiare + temps de surtravail

V + pl

Le taux d'exploitation de la force de travail des prolétaires dans le


MDP bourgeois est mesuré par le taux de plus-value (Tx pl = pl/v).
Pour le bourgeois, le maximum de pl peut être obtenu par deux moyens
complémentaires : la consommation et l'investissement.

a) Allongement de la durée légale du travail : la durée légale du


travail passe de 12h à 13h =>

Temps de travail socialement nécessaire : 5h Temps de surtravail :


passe de 7h à 8h

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V = 5 ; pl passe de 7 à 8 => pl : +1 = extraction de la plus-value


absolue

La recherche de la plus-value absolue est limitée par la physiologie


humaine. Pour réduire le temps de travail socialement nécessaire, il faut
augmenter l'efficacité de la production de biens de subsistance par une
réorganisation du travail sur des bases plus scientifiques et une
innovation technologique. Cela réduit le temps de travail socialement
nécessaire de 5h à 4h et le salaire de 5 unités à 4 unités. Le temps de
surtravail passe de 7h à 8h, ce qui augmente la plus-value de 7 unités à
8 unités. Les capitalistes cherchent à maximiser leur profit, tandis que
la théorie de l'exploitation s'intéresse à la recherche du profit. La
dépense initiale de capital se compose de deux formes: le capital
constant (c) et le capital variable (v). La dépense totale est égale à
c+v=A.

A ----------------------------- M(archandise) -------------------------- A’

A – M : sphère de la production M – A’ : sphère de la circulation

A-M-A’ : quand a-t-il un sens économique

Le MDP bourgeois est un principe indépassable qui consiste à


maximiser le taux de profit (∏) en concurrence intercapitaliste. Pour
cela, le capitaliste doit estimer la profitabilité de A-M-A’, où A’ est
égal à A + ∆A (pl). Le taux de profit est donc égal à pl/v / (c/v + 1).
Avec l'amélioration continue de la technicité de la production, le capital
constant a remplacé de plus en plus le capital variable, ce qui a entraîné
une augmentation de (c/v) = COC et une diminution de v. Cela a eu
pour conséquence le développement du chômage et des troubles
sociaux (misère, criminalité, etc...), entraînant une paupérisation accrue
de la société.

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Selon Marx, le système capitaliste est voué à l'échec à cause de la loi


de la baisse tendancielle du taux de profit (BTTP). La concurrence
intercapitalistique entraîne une augmentation de la valeur de la COC et
une baisse du taux de profit, ce qui provoque des crises économiques
et sociales de plus en plus intenses. Cela conduit à la révolution
politique de 1848 et à l'abolition de la propriété privée du capital, ce
qui permet à tous les individus de posséder le capital en commun et de
mettre fin à la notion de classe sociale.

Le 2 février 2022, le cours d'histoire a abordé l'étude de Max Weber


(1864-1920) sur le capitalisme occidental. Il s'est basé sur ses ouvrages
"L'éthique protestante et l'esprit du Capitalisme" (1905) et "Economie
et société" (2 volumes, 1922). Weber a mis l'accent sur l'industrie en
tant que secteur dominant des systèmes productifs du capitalisme
occidental. Le Mouvement du Socialisme Démocratique (MDP)
propose une phase de transition de 60 ans vers le communisme, où
l'homme serait libre et le travail redeviendrait anthropogène et créateur.
Une morale plus altruiste serait développée, avec des principes tels que
"le libre développement de chacun est la condition indispensable au
libre développement de tous" et "à chacun selon ses besoins". La rareté
relative des ressources serait abolie, ce qui permettrait à l'être humain
d'être totalement libéré de toutes les contraintes.

Le 19ème siècle a vu l'émergence d'un scientisme, une croyance dans


la capacité des sciences et des technologies à résoudre les problèmes
humains. Cette idéologie a servi de base au capitalisme contemporain
et a été expliquée par la présence de deux types de causalité : la
causalité interne (croyances, convictions, valeurs, éthiques, etc.) et la
causalité externe (effets de l'environnement). Exemples : le rôle du
protestantisme dans l'émergence et le développement du capitalisme en
Europe et l'émergence et le développement du calcul économique et
des systèmes juridiques/judiciaires. Selon Weber, le capitalisme n'est
pas condamné à la disparition malgré les crises, et tend vers un état
stationnaire (thèses de J.S. Mill ou D. Ricardo), opposé aux thèses de
K. Marx et du socialisme.

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B – L’analyse weberienne du Capitalisme

Le capitalisme est caractérisé par l'échange économique, la loi de la


concurrence et l'orientation des décisions économiques en fonction des
prix. Max Weber (1509-1564) a identifié 4 types de capitalisme :
politique, de rentiers, de "rapine" et contemporain à forte composante
industrielle. Celui-ci mobilise le calcul économique et met en œuvre
des principes organisationnels scientifiques (division/spécialisation du
travail, hiérarchies, salariat). L'environnement économique adapté est
la logique des marchés concurrentiels et le système bancaire. La
mentalité économique est l'éthique capitaliste, issue du calvinisme
(croyance en la prédestination, recherche de signes d'élection par la
réussite des entreprises, renoncement et ascèse). La richesse obtenue
doit être réinvestie de manière productive pour garantir la pérennité de
l'entreprise.

Weber explique que l'autonomisation économique a supposé des


systèmes de droits favorables à l'activité économique (droit
commercial, droit des sociétés, droit social, droit du travail, etc.), le
développement d'une économie de marchés et des facteurs extra-
économiques (politique, Etat, Droit, conflits/guerres). Cette
conjonction a donné naissance à un "esprit capitaliste" qui s'est ancré
dans la culture et a permis une amélioration continue de la condition
humaine. L'Occident est le berceau de ce capitalisme grâce à ses formes
institutionnelles et politiques, et à la conjonction entre calcul
économique et éthique calviniste. D'autres religions ont également pu
jouer un rôle similaire (judaïsme en Europe, shintoïsme au Japon).

Joseph Alois Schumpeter (1883-1950) est connu pour ses travaux sur
la théorie de l'évolution économique (1929), les cycles économiques
(1939) et le capitalisme, le socialisme et la démocratie (1951). Il a mis
en évidence la dynamique du capitalisme, sa capacité à se réinventer et
à surmonter les contradictions qui peuvent l'affecter. La clé analytique
est l'innovation, qui se manifeste par l'apparition de nouveaux biens et
services, de nouvelles combinaisons productives, de nouvelles
configurations organisationnelles et inter-organisationnelles, et de

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nouveaux marchés à l'international. Pour que l'innovation s'impose,


l'ancien doit disparaître, ce qui est médiatisé par la concurrence et
appelé le « processus de destruction créatrice ».

Le concept de cycle Kondratiev, proposé par N.D. Kondratiev en 1922


et 1926, démontre que le capitalisme est traversé de cycles longs d'une
durée moyenne de 47 à 71 ans, alternant entre une phase d'expansion
longue (F. Simiand, 1909) et une phase de dépression longue. Selon
Schumpeter, ce sont les innovations technologiques qui expliquent
l'existence des cycles Kondratiev et l'alternance entre les phases A et
B. Au début de la phase A, le rôle des innovations est primordial.

Les innovations radicales sont à l'origine d'une croissance


économique de longue durée (25 à 30 ans). Elles sont diffusées par
mimétisme et perfectionnées par des innovations incrémentales.
Lorsque la dynamique de croissance s'épuise, une crise peut survenir et
entraîner une phase B du cycle de Kondratiev (récession et chômage).
Pour relancer le cycle, les entrepreneurs-innovateurs doivent trouver
des moyens financiers pour mettre en œuvre leurs innovations. Le
système bancaire joue alors un rôle important en octroyant des crédits.
Selon Schumpeter, deux cycles se superposent dans le système : le
cycle d'innovation et le cycle de crédit.

Le capitalisme a contribué à l'augmentation du bien-être matériel et à


la création de sociétés libérales. Les individus ont développé des
compétences et des talents qui ont renforcé l'emprise du capitalisme sur
les sociétés. Schumpeter (1951) a prédit que le capitalisme serait
remplacé par une société socialiste, en raison du développement de la
grande entreprise et de l'absence d'innovation. Cependant, cette
prédiction a été invalidée car les innovations sont désormais collectives
et collaboratives.

III – Quelques grilles de lecture théoriques complémentaires utiles


à la compréhension du capitalisme

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31 – John Maynard Keynes (1883 – 1946)

La « Roarin' Twenties » aux États-Unis a été caractérisée par une forte


croissance économique et un développement des marchés financiers.
Cette période a été marquée par une politique monétaire expansionniste
et des placements financiers risqués. Entre octobre 1926 et octobre
1929, le cours des actions a augmenté de 120% sur la place financière
de Wall Street, ce qui a conduit à une bulle spéculative. Le 24 octobre
1929, le « Jeudi noir » a provoqué une chute du cours des actions de
23% en une journée, entraînant une spirale déflationniste qui a duré
jusqu'au mardi 29 octobre 1929. Cette phase récessive-dépressive a
entraîné une hausse des faillites, du chômage et de la pauvreté. En
1936, Keynes a mis en évidence l'impossibilité de la théorie
économique dominante de comprendre la crise et de proposer des
solutions efficaces. Il a alors proposé une analyse macroéconomique et
mis en avant la nature de l'« esprit capitaliste », à savoir l'avidité qui est
le principal moteur du capitalisme. Cette représentation est toujours
d'actualité, comme en témoignent la Grande Dépression (1929-1945)
et les crises des subprime (2008-2010) et de la zone € (2010-2015).

Karl Polanyi (1886-1964) était un sociologue socialiste non-marxiste.


En 1944, il a publié La grande transformation, qui décrit le
désencastrement de l'économie de la politique et du social à partir du
13ème siècle, avec un paroxysme au 19ème siècle et un déclin au début
des années 1930 avec le Keynésianisme. Selon Polanyi, cette priorité
donnée au raisonnement économique a progressivement détruit le tissu
social et conduit à l'instabilité politique et culturelle. Il a également
critiqué l'idée de l'Homo oeconomicus de l'analyse économique
standard, affirmant que les comportements économiques observés ne
sont jamais totalement compréhensibles sur une base individualiste. Il
a souligné que l'environnement social conditionne les motivations et
les aspirations des individus, et que la dimension sociale est première
par rapport à la dimension économique. Ainsi, à partir du 13ème siècle,
la logique marchande a progressivement pris le pas sur la dimension
sociale, ce qui a conduit à la recherche de profits plutôt qu'à la
recherche d'un statut social.

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Le rôle des institutions dans le fonctionnement des sociétés peut


prendre trois formes : la réciprocité (normes partagées sanctionnant le
non-respect), la redistribution (logique politique) et l'échange
marchand (confrontation offre-demande). Au 13ème siècle, l'échange
marchand a commencé à se diffuser en Grande-Bretagne et s'est imposé
au 19ème siècle avec le capitalisme industriel et la propriété privée du
capital (terre, travail et capital technique). La commercialisation des
facteurs de production (terre, travail et capital) a remplacé la régulation
extra-économique par une régulation exclusivement économique
(logique marchande).

Pourquoi l’échange marchand et la commercialisation des facteurs


de production, notamment au 19ème siècle, deviennent-ils la forme
de régulation dominante ?

La Révolution Industrielle britannique (1760-1780) a entraîné une


mécanisation/automatisation de la production, nécessitant des matières
premières et du travail humain, et a conduit à une logique de profit. La
co-existence de deux types de marché s'est imposée : un marché pour
les biens/services et un marché pour les facteurs de production (capital,
matières premières, travail, terre, etc.). Selon Polanyi, ces marchés sont
le résultat de décisions politiques et de violence. En 1601, le Poor Law
Act a instauré une protection sociale sous forme d'assistance en nature
ou de travail contre rémunération. Cependant, le Speenhamland Act
(1795) a instauré un salaire minimum qui a eu des effets pervers. En
1834, le Parlement britannique a aboli les Poor Laws, libérant la main
d'œuvre et permettant l'émergence d'un marché du travail concurrentiel.
Avant le 13ème siècle, les terres étaient des propriétés inaliénables
appartenant à la Noblesse britannique, mais le développement du
commerce international a rendu l'élevage de mouton plus rentable,
incitant les éleveurs à accroître la taille de leur troupeau.

Au Moyen-Âge, la Noblesse a mis en place des "enclosures" pour


limiter l'accès aux pâturages et ainsi protéger leurs troupeaux de
moutons. Cela a entraîné une ruine généralisée des pâturages, car
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l'herbe ne repoussait plus. La violence armée a été utilisée pour


empêcher les populations locales d'accéder aux pâturages.

A) La terre en étant privatisée devient facteur de production qui


peut se vendre/s(acheter/se louer) -> création d’un marché de la
terre

B) Création d’une main d’œuvre plus libre qui va s’orienter vers


les villes où elle va se salarier

Le 19ème siècle est le siècle de la marchandise et de la


marchandisation, où tout peut s'acheter, se louer ou se vendre. Cela a
entraîné la transformation des facteurs de production en marchandise,
ce que Polanyi a appelé des « marchandises fictives ». Cela a eu des
conséquences politiques, sociales et culturelles, notamment en termes
de mobilité de la main d'œuvre, de déracinement, de déstabilisation de
l'institution familiale et de nouvelles formes de misère et de pauvreté.
Des tensions sociales se sont manifestées et des contre-mesures
sociétales ont été mises en place, comme les lois sociales votées en
Allemagne en 1880 et le développement des mouvements syndicalistes.
La pensée Keynésienne des années 1930 a permis un ré-encastrement
de l'économie au sein de logiques politiques, sociales et culturelles, ce
que Polanyi a appelé la « Grande Transformation ».

Fernand Braudel (1902-1985) était un historien français qui a étudié


le capitalisme industriel entre 1760 et 1930. Il a mis en évidence que
les sociétés antérieures n'étaient pas nécessairement "meilleures" et a
souligné l'importance de ne pas généraliser les enseignements issus de
l'exemple britannique à l'ensemble des économies occidentales, car le
mouvement des enclosures n'a concerné que la Grande-Bretagne.

Les économistes ont adopté un point de vue réducteur qui assimile le


capitalisme à une simple économie de marché. En 1979, 3 volumes d'un
ouvrage intitulé Civilisation matérielle, économie et capitalisme

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(15ème-18ème siècles) ont été publiés, posant le problème de l'origine


du capitalisme distincte de l'économie de marché. Les marchés
préexistaient au capitalisme et une seconde logique (celle du
capitalisme) s'est développée au 15ème siècle, concernant une frange
minoritaire de la population (les plus riches). Une culture des affaires,
un certain état d'esprit capitaliste et des normes éthiques quant à la
manière dont les affaires doivent être conduites sont apparus. Les
individus disposent d'avantages informationnels qu'ils mobilisent à leur
intérêt exclusif. Une géographie du capitalisme s'est progressivement
développée en Europe, notamment autour des grandes villes, avec des
chaînes marchandes qui structurent économiquement les territoires.
Les sociétés sont structurées sur une base duale (logique marchande et
logique capitaliste). Les liens étroits entre le pouvoir économique et
politique ont conduit à l'apparition de marchés de concurrence
imparfaite. Braudel a appliqué cette grille de lecture à l'histoire
européenne, notamment aux grandes cités italiennes de la Renaissance,
à la ligue Hanséatique et aux diasporas juives et arméniennes. Ces
marchands ont joué un rôle dans l'essor du commerce international et
leur richesse a conduit à accroître la puissance politique des cités-Etats.
Le capitalisme est donc une logique politique qui préside à son
fonctionnement et favorise l'accumulation du capital à des fins de
profits.

34 – Immanuel Wallerstein (1930 – 2019) et Giovanni Arrighi (1937


– 2009)

Le néo-marxisme s'inspire des thèses de Lénine et de Rosa


Luxembourg sur l'impérialisme et le capitalisme. Wallerstein et Arrighi
développent la théorie du système monde, qui décrit le monde en
termes de centre (où le capitalisme est né) et de périphérie. La
mondialisation du capitalisme a commencé au 16ème siècle avec la
colonisation des Amériques et de l'Asie, et s'est poursuivie jusqu'à la
fin du 20ème siècle. La théorie du système monde souligne
l'interdépendance entre le développement du capitalisme et la
colonisation européenne, et la diffusion de la logique capitaliste dans
les territoires non-capitalistes.

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Conclusion générale :

Le capitalisme est un système économique caractérisé par une


accumulation du capital, la recherche de profits et une dynamique de
changements/transformations. Il est souvent confondu avec les
marchés, mais ceux-ci ont pré-existé à l'apparition d'une logique
capitaliste. Il a connu plusieurs révolutions industrielles (1760-1780 :
énergie vapeur, 1880-1890 : automobile, électricité, pétrochimie,
1990-... : TIC, biotechnologies, électronique de pointe,
nanotechnologies, digital/numérique) et un capitalisme financier
(1880-1890 : 1er type). Il est associé à un certain état d'esprit
(l'appétence pour le profit, le respect de certaines règles, l'acceptation
d'un certain niveau de risque), à des institutions
économiques/politiques (propriété privée des moyens de production,
libertés économiques fondamentales) et à des innovations
(Schumpeter). Il est opposé à un contre-modèle (Marx et Engels) :
socialisme/communisme.

Chapitre 2 : Les différents types de capitalisme contemporain

Les économies capitalistes présentent des structures communes et des


différences notables d'ordre institutionnel. Une analyse
néolibérale/néoclassique considère que la diversité de ces modèles
illustrerait un sous-optimalité par rapport à un modèle de référence,
celui des USA. Cependant, de 1990 à 2000, ce modèle a été contesté et
un nouveau modèle inspiré de la Scandinavie (flexisécurité) et du
modèle allemand (investissement dans le capital humain et politique
industrielle) a émergé. On reconnaît aujourd'hui l'importance de la
diversité des modèles et l'influence de l'Histoire sur ces derniers. Des
typologies ont été établies et des points de convergence sont
identifiables.

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I – 3 exemples de typologies en matière de diversité des capitalismes

Selon Michel Albert (1991), le capitalisme est un phénomène


planétaire qui se décline en deux modèles principaux : le capitalisme
néo-américain et le capitalisme rhénan (allemand). Le premier est
caractérisé par la performance individuelle, la recherche de profits à
court terme, la flexibilité institutionnelle et la prédominance de la
logique marchande. Le second est orienté à long terme et privilégie
l'industrie à la finance, l'Etat régulant l'activité économique et la
logique collective prédominant. Selon Albert, le modèle rhénan est plus
égalitaire sur le plan économique et social, mais moins dynamique en
termes de création de richesses que le modèle américain. En 2005,
Bruno Amable a identifié cinq types de capitalisme : le capitalisme
libéral, le capitalisme coordonné, le capitalisme étatique, le capitalisme
oligarchique et le capitalisme mondialisé.

B. Amable = Théoricien contemporain de l’école de la régulation


salariale (synthèse Marx/Keynes)

L'ouvrage Cinq types de capitalisme (2005) décrit 5 modèles possibles


d'économies membres de l'OCDE, basés sur 5 formes institutionnelles:
le marché des biens et des services et la concurrence, le marché du
travail, le marché financier, la protection sociale et le système éducatif.
Ces modèles sont le capitalisme néo-libéral (USA, Canada,
Australie/Nouvelle-Zélande, Grande-Bretagne), le capitalisme social-
démocrate, le capitalisme continental européen, le capitalisme
méditerranéen et le capitalisme asiatique. Une logique de
complémentarité institutionnelle spécifique est à la base de la
cohérence de chaque type de capitalisme. Le capitalisme néo-libéral se
caractérise par une logique marchande (rôle essentiel dévolu à la
concurrence) essentielle sur les marchés des B&S et financiers.

Les pays scandinaves (Suède, Finlande, Danemark) ont adopté un


modèle social-démocrate, caractérisé par une forte sensibilité des
acteurs de l'offre et de la demande aux changements des conditions
marchandes (notamment les prix), un ajustement des comportements

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(producteurs) par les quantités, une flexibilité structurelle provenant


d'une forte adaptabilité aux mutations de l'environnement
macroéconomique, une logique de court terme (CT) et une vision très
individualiste. Ce modèle est accompagné d'une protection sociale
minimaliste, reposant sur l'initiative privée et favorisant les
investissements à long terme.

Le modèle danois, appelé "flexisécurité", est un modèle éloigné du


néo-libéralisme. Il est adapté aux "petits" pays caractérisés par une
faible dimension géographique et démographique. Il se base sur une
ouverture économique à l'international et une forte protection sociale,
ainsi qu'une flexibilité fonctionnelle et qualitative. Le marché du travail
est paritaire et lutte contre les discriminations sexuelles. Les stratégies
d'entreprises visent à moderniser l'appareil productif et à dynamiser la
croissance. La fiscalité élevée sert à financer la protection sociale.

Le capitalisme continental européen (Ccl) est un modèle très


protecteur sur le plan social et dynamique à long terme sur le plan
économique. Il est présent dans des pays tels que la France,
l'Allemagne, les Pays-Bas, la Belgique, l'Autriche et la Norvège. Il
comprend des éléments similaires au modèle social-démocrate, mais
avec une protection sociale moins forte et financée par l'impôt. Le
marché financier est basé sur le rôle des banques, favorisant le long
terme et libérant les entreprises des contraintes financières de court
terme. Le marché du travail est très régulé, avec une négociation et une
politique salariale définies au niveau macro-économique. Le système
éducatif est moins développé que dans le modèle social-démocrate, ce
qui entraîne une faible flexibilité de la main-d'œuvre et une
inadéquation aux évolutions de l'environnement. La forte régulation
contraint la concurrence sur différents types de marchés, ce qui entraîne
des rigidités et une viscosité des prix. La flexibilité quantitative est
donc favorisée, notamment sur le marché du travail, avec des
licenciements acceptés socialement grâce à une protection sociale
relativement généreuse.

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Le capitalisme méditerranéen (Italie, Grèce, Espagne et Portugal) et


le capitalisme asiatique (Japon, Corée du Sud) sont deux modèles
économiques distincts. Le premier est caractérisé par une faible
protection sociale et une plus forte protection de l’emploi, une faible
concurrence sur le marché des B&S, un marché financier peu
concurrentiel et très centralisé, un capitalisme familial et un système
productif « dual ». Le second est caractérisé par une forme
conglomérale, une très forte protection de l’emploi, un système
financier très centralisé et un système éducatif de très haut niveau. Ces
deux modèles ont connu des crises à partir de 1990, ce qui remet en
question leur pérennité.

Harada et Tohyama (2012) ont identifié 5 formes de capitalisme en


Asie, dont celui de la Chine. Branko Milanovic (2019) a proposé une
vision duale du capitalisme, avec un capitalisme libéral-démocratique
et un capitalisme politique. Le capitalisme libéral-démocratique est
basé sur la logique d'ouverture et le mérite, et l'Etat intervient pour
redistribuer la richesse. Cependant, ce système tolère de fortes
inégalités économiques et sociales, avec une forte transmission
intergénérationnelle.

Le capitalisme politique, défini par Max Weber en 1922, est une


forme de néo-mercantilisme qui consiste à utiliser le pouvoir politique
à des fins d'enrichissement. La Chine actuelle en est un exemple. Il
repose sur trois pivots complémentaires : une technocratie, une absence
d'Etat de droit et une autonomie de l'Etat par rapport au secteur privé.
Il est de plus en plus présent dans des pays comme la Russie,
Singapour, le Vietnam, la Birmanie, l'Ethiopie, le Rwanda et l'Algérie.
La prospérité économique qui en résulte est attribuée à la
mondialisation économique, bien que cette dernière soit de plus en plus
critiquée par les populations des capitalismes libéraux-démocrates.

Le capitalisme libéral-démocrate et le capitalisme politique sont liés


par une concentration croissante du pouvoir entre les mains d'une
minorité, ce qui entraîne des inégalités économiques et sociales. Entre
1980 et 2008/2010, une convergence vers un modèle néo-

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libéral/américain était observée, mais depuis 2010, une nouvelle


divergence a été constatée, avec un capitalisme plus politique (selon les
thèses de Milanovic).

II – Les capitalismes en évolution

Depuis 1945 jusqu'en 1973, les capitalismes occidentaux et asiatiques


(Japon, Corée du Sud) ont connu une croissance économique soutenue
et un plein-emploi. Le capitalisme était alors « managérial », avec des
systèmes financiers très régulés et un équilibre entre actionnariat et
salariat. La politique économique était d'inspiration keynésienne, très
interventionniste. En 1973, le cartel des pays producteurs et
exportateurs de pétrole (OPEP) a multiplié par 5 la valeur du baril de
pétrole, provoquant un choc économique sur l'offre et une stagflation
(stagnation + inflation). En 1979, le 2nd choc pétrolier a multiplié par
3 le cours du baril de pétrole.

La révolution néolibérale des années 1979 et 1980 a mis en cause les


institutions économiques et sociales nées après la Seconde Guerre
mondiale. Elle a été soutenue par des théoriciens libéraux tels que
Milton Friedman et Friedrich von Hayek, qui ont reçu le prix Nobel
d'économie en 1976 et 1974 respectivement. Cette révolution a entraîné
une déréglementation des marchés financiers, une redéfinition de
l'action publique et une diminution de la protection sociale. Les
décisions sont de plus en plus décentralisées, par exemple au niveau
salarial. Malgré ces convergences, les capitalismes nationaux sont
encore loin d'un modèle unique. La libéralisation des marchés
financiers est l'un des principaux aspects de cette révolution.

La financiarisation de l'économie est un processus dynamique qui a


permis au secteur financier de devenir le secteur dominant des secteurs
productifs en une dizaine d'années. En 2008, en Grande-Bretagne et
aux États-Unis, la finance représentait 40% des profits globaux. Cette
transformation a été rendue possible par la déréglementation et le
décloisonnement des marchés financiers, ainsi que par la

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désintermédiation financière. Ces changements ont entraîné la


mondialisation financière et une transformation de la gouvernance des
grandes et très grandes entreprises, avec l'actionnaire comme force
dominante. Les systèmes de capitalisme asiatique, continental
européen et social-démocrate ont été les plus touchés par ces
transformations, qui ont débuté en 1985-86 avec la libéralisation
financière.

La libéralisation financière des années 1990 a conduit à une


domination actionnariale des grandes et très grandes entreprises, ce qui
a eu des conséquences négatives sur l'emploi (licenciements facilités,
chômage structurel). Les actionnaires peuvent renforcer leur contrôle
des managers par des incitations financières et une rémunération
dépendante des performances financières de l'entreprise. Cela a
entraîné une alliance entre actionnaires et managers, au détriment du
salariat. Ces changements ont également eu des impacts sur le
fonctionnement du marché du travail, notamment dans les formes de
capitalisme non néo-libérales, avec une plus grande flexibilité.

Au cours des 30 dernières années, on a assisté à une libéralisation


partielle du fonctionnement des marchés, ce qui a entraîné une
déréglementation et une moindre protection des salariés. Dans le cadre
des GE/TGE, la protection de l'emploi à vie a été remise en cause à
partir des années 1990, ce qui a entraîné une hausse du chômage et une
fin de l'emploi garanti à vie. En 2005, 1/3 de l'emploi au Japon relevait
de contrats atypiques. Dans les autres formes de capitalisme, la
flexibilité de la relation d'emploi est présentée comme une condition
nécessaire pour maintenir la compétitivité des entreprises et l'emploi,
ce qui a entraîné une politique de "modération salariale" (moins
d'équité entre le capital et le travail).

26 – La financiarisation conduit-elle à fragiliser les capitalismes en


mettant en cause leur complémentarité institutionnelle ?

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Depuis 30 ans, le marché du travail a connu une flexibilité accrue qui


a fragilisé le salariat et conduit à une augmentation des inégalités
économiques et sociales. La protection de l'emploi et la protection
sociale sont moins généreuses, ce qui a provoqué des débats politiques
sur le degré d'indemnisation du chômage. Selon la théorie classique du
chômage, une indemnisation trop élevée décourage les chômeurs à
rechercher activement un emploi. La financiarisation a déstabilisé le
fonctionnement du marché du travail, entraînant une progression du
chômage structurel et des exclusions sociales, et une remise en cause
du salariat et du CDI. Elle a aussi provoqué une concurrence entre le
secteur public et le secteur privé en matière de protection sociale.

Le capitalisme a connu des transformations importantes depuis les


années 1980-1990, avec une convergence vers un modèle de
capitalisme « financiarisé ». Cependant, différents modèles continuent
de coexister et les différences entre eux se sont atténuées. La crise des
subprime (2008-2010) a montré que la financiarisation a conduit à des
inégalités économiques et sociales, provoquant des tensions
manifestes.

III – Le capitalisme financiarisé : le capitalisme actionnarial ou


patrimonial

A. Minc ou D. Plihon ou M. Aglietta => vers un modèle « unique »


en voie d’imposition : Capitalisme actionnarial ou patrimonial

La révolution des TIC (technologies de l'information et de la


communication) a débuté dans les années 2010 et a eu des incidences
globales sur la société. Elle a été désignée comme la troisième
révolution industrielle en 1990 et a affecté les domaines de la
téléphonie, de l'audiovisuel et des télécommunications. Elle a eu des
effets contradictoires sur les secteurs économiques, à la fois de
cannibalisation et de pollinisation. La numérisation a également permis
le développement de nouveaux secteurs, comme les biotechnologies.

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Les TIC sont à l’origine d’une économie de la diversité : de nouvelles


méthodes pour connaître et informer, de nouvelles manières de
produire, de nouveaux biens et services (vers une individualisation de
la production de biens et services = la customisation) D. Foray (2000)
=> les TIC ont généré 3 incidences sur les économies :

1) De gagner en efficacité, notamment dans le traitement et le


stockage de l’information ;

2) Complexification des systèmes productifs => apparition de


nouvelles branches d’activité (industrie du logiciel/jeux vidéos ; e-
commerce)

3) Adoption de nouvelles formes organisationnelles => produire


de manière plus efficace et de mieux distribuer l’information
(méthodes lean).

Depuis les années 1990, l'économie des services (ou de l'immatériel)


a connu une forte croissance, ce qui a entraîné une tertiarisation de
l'activité économique. Aujourd'hui, environ ¾ de la population active
en France travaille dans le secteur tertiaire. Les TIC ont contribué à
estomper la différence entre biens et services, et à modifier la
représentation des biens, dont la valeur dépend de plus en plus de leur
aptitude à donner accès à des prestations immatérielles. J. Rifkin (2001)
a parlé d'une économie de l'accès, où l'usage remplace la propriété et la
location se substitue à l'achat. La conception des objets est également
modifiée, avec des produits à dimension évolutive, dont le matériel
devient secondaire.

Les TIC ont modifié les méthodes de travail et les fonctionnements


internes des organisations. Avant 1990, les méthodes de production et
de travail étaient inspirées par F.W. Taylor et H. Ford, offrant une offre
globale déterminant la demande globale. Depuis, les méthodes lean

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(maigres) issues du Japon (Toyota) sont devenues la norme, et les


entreprises doivent s'adapter aux attentes des consommateurs pour être
compétitives. Cela implique une plus grande flexibilité et réactivité des
entreprises.

Les TIC ont permis aux entreprises de s'adapter rapidement à la


demande et de favoriser les échanges entre consommateurs et
producteurs. Elles ont aussi conduit à une forte réduction des niveaux
hiérarchiques et à l'apparition des entreprises-réseaux. Ces
technologies ont aussi entraîné une décentralisation de la prise de
décision et un développement du management des intelligences et des
compétences. La compétitivité se déplace vers la production de savoirs
et d'informations, ce qui implique une importance de l'innovation et de
sa diffusion. L'internet favorise l'accès à des informations et des savoirs
utiles. La programmation informatique permet d'automatiser la
production et le travail des opérateurs humains se tourne vers des
logiques de contrôle et de maintenance. Ces technologies ont fait passer
d'une civilisation de la "peine" à une civilisation de la "panne".

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