CHAPITRE III : Croissance, crises et métamorphoses du
capitalisme : Les grands enjeux économiques et sociaux du 21ème
siècle
SECTION I : Crises et croissance cyclique des économies libérales
La croissance économique des économies capitalistes n’est pas régulière. Le développement
industriel est marqué par la présence de crises : à une période d’expansion succède une période
de récession voire même de dépression comme lors de la crise de 1929. Ces fluctuations
semblent être une caractéristique fondamentale de la croissance économique.
Les fluctuations économiques : l’ensemble des mouvements de ralentissement ou d’accélération
du rythme de la croissance économique. Le repérage des fluctuations s’opère grâce à des séries
statistiques (annuelles, trimestrielles, mensuelles) qui portent sur le volume de la production, les
prix, le chômage…
La croissance est instable : à des périodes de croissance soutenue (expansion), succèdent des
périodes de forts ralentissements, voire de recul de l’activité productive pendant une période
plus ou moins longue (récession ou dépression).
Le terme de « crise » désigne le point de retournement à la baisse de l’activité économique. La
récession survient lorsque la croissance économique est négative pendant au moins 6 mois
consécutifs ou deux trimestres. Lorsque la baisse de la production se prolonge, par exemple sur
plusieurs années, on assiste à un phénomène de dépression économique (la crise de 1929, la
crise de 2009).  Au sens large, la «crise» désigne l’ensemble de la période au cours de laquelle
l’activité est déprimée, le chômage élevé, etc. La crise se termine alors grâce à la «reprise».
1. Causes des variations du rythme de la croissance
a- Le rôle des chocs d’offre et de demande
*Un choc d’offre positif correspond aux effets des innovations sur la
hausse ou la baisse de la croissance notamment aux chocs
technologiques ou chocs de productivité : une ou plusieurs
innovations (le Fordisme, les NTIC…) réaliser des gains de
productivité + baisser les coûts de production car il faut moins de
Le choc d’offre travail et de capital pour réaliser la même quantité de produits.
*Un choc d’offre négatif (Augmentation des coûts de production, ce
qui conduit, à l’élimination des entreprises marginales (celles dont le
coût de production est supérieur au prix du marché), +la baisse de la
rentabilité+Baisse d’investissement ce qui va provoquer une
diminution de la production et de l’emploi (montée du chômage)
Cours de Mme OUAZZANI
*Les chocs de demande négatifs diminuent ou ralentissent la
demande globale et peuvent conduire à la récession. Lorsque la
demande ralentit, la production peut s’effondrer car les entreprises
préfèreront entamer leurs stocks plutôt que de produire afin de
prévenir un ralentissement plus marqué, voire une baisse de la
Le choc de demande. La hausse du chômage, la baisse du nombre d’heures
demande travaillées en général risquent alors de contribuer à ce
ralentissement.
*Les chocs de demande positifs, conduisent à une phase
d’expansion. Ces chocs de demande peuvent concerner la demande
interne (de consommation et/ou d’investissement) et/ou la
demande externe (exportations – importations).
b - Le rôle des cycles du crédit
Le mécanisme du cycle de crédit
Le cycle des affaires est fortement lié au comportement des banques qui relâchent leurs
conditions d'octroi de crédit en période d'expansion et qui les restreignent en période
de récession : c'est le cycle du crédit .
Il contribue à expliquer le caractère endogène, c’est-à-dire propre au système
capitaliste, de l’instabilité de la croissance. Il existe traditionnellement une
synchronisation entre cycle d’activité et cycle du crédit. La très forte progression du
crédit lors des phases ascendantes du cycle ainsi que son retournement brutal lors des
phases de contraction alimente et amplifie les fluctuations de l’activité : forte
progression du crédit dans les phases ascendantes du cycle et forte régression du crédit
lors des phases descendantes .
Le recours au crédit dépend en grande partie du taux d’intérêt.
Exemple de la crise de 1929 : L’affirmation de Juglar « la crise nait de la prospérité »
s’applique parfaitement à la crise des années 30 .
*Été 1929 : la hausse des cours d’actions s’accélère, la banque d’Angleterre relève son
taux d’intérêt .
*Jeudi 29 octobre: mouvement de panique. Face à la baisse des cours, les spéculateurs
vendent les actions, ce qui nourrit la baisse. Les actions perdent la moitié de leur valeur.
Les spéculateurs ne peuvent rembourser les banques qui font faillite (1352 banques en
1930) .
La crise de la sphère monétaire va provoquer une crise de la sphère réelle (effet
Préparé par AHBAR ISMAIL
dépressif sur la demande): la baisse des actifs financiers des Ese provoque une baisse de
l’investissement et des actifs financiers des ménages, et des moyens de paiement.
Exemple de la crise de 2007 :
Les subprimes (crédits immobiliers à taux variables) ont été octroyés aux Etats unis à de
nombreux ménages (pratiques de bas taux d’intérêts)
•La titrisation de ces créances va se multiplier
• Lorsque les ménages ne pouvant plus faire face aux taux d’intérêts variables n’ont pas
pu rembourser leurs crédits, c’est tout le système qui s’est effondré provoquant la
chute des titres . •1 er cycle (1780-1842): innovations dans le secteur textile et la sidérurgie
Les cycles économiques (Au XIXème siècle et au début du XXème)
*Analyse de Shumpeter : L’économiste autrichien Joseph Schumpeter dans « Business
cycles » (Les cycles des affaires - 1939) a abouti à une classification des cycles.
Il prétend que 3 cycles se superposent et expliquent pour l'essentiel l'évolution de la
conjoncture :
Durent 3 à 4 ans (environ 40 mois). Ils sont dus aux
variations des stocks des entreprises. En période de
Les cycles courts mineurs croissance, les entreprises augmentent leur
(cycles de Kitchin) production pour répondre à la demande, mais elles
constituent aussi des stocks. En période de récession,
elles réduisent leur production et déstockent, ce qui
accentue le ralentissement de l'activité.
Ont été mis en évidence par l'économiste français
Les cycles moyens (cycles des Clément Juglar. Essentiellement liés aux variations de
affaires ou cycles Juglar) l’investissement, ils ont une durée de 7 à 8 ans et
comportent quatre phases : expansion, crise,
récession et/ou dépression et reprise.
Durent 40 à 60 ans. « Les vagues longues de la
conjoncture » présentent une phase ascendante
Les cycles longs (cycles (phase A) pendant laquelle les prix, la production, et
Kondratiev) l'emploi augmentent et une phase descendante
(phase B) pendant laquelle ces indicateurs baissent.
A long terme, l’économie connait des rythmes
cycliques qui font alterner croissance et dépression.
Schumpeter va réutiliser les cycles Kondratiev et les expliquer àpartir des grandes
«vagues» d’innovation qu’il a observé pendant les trois premières révolutions
industrielles  Il avait remarqué dès 1912 que la conjoncture économique des
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pays développés était en relation étroite avec l’innovation (théorie de l’évolution
économique).  Il constate alors que l’activité économique semble soumise à des
cycles d’expansion et de reprise. Il en déduit une théorie dans laquelle ces sont les
. innovations qui gouvernent le cycle.
Aussi, il intègre les cycles Kondratiev à ses théories de l’évolution économique en
. mettant en relation les phases de croissance (A) des cycles longs avec les processus
. d’innovation.
Schumpeter va identifier ainsi 3 cycles Kondratief dans l’histoire économique du 18ème
siècle au 20ème siècle: .
•2 ème cycle (1842-1897): machine à vapeur, transport, chemin de fer.
•3 ème cycle (1897 aux années 30): électricité; chimie, automobile, pétrole. Tous ces
cycles comportent une phase ascendante, un maximum et ensuite une phase
descendante
Section II : Les grands enjeux du monde contemporain
 La première guerre mondiale a engendré une nouvelle économie dominante :
Les Etats-Unis qui sont devenus la 1ère puissance économique mondiale. Elle a
affaibli le continent européen. Elle a bouleversé le système monétaire
international
 La crise de 1929 (des années 30) constitue une rupture majeure dans l’histoire
économique. C’est une crise de surproduction, de chômage et de déflation
dont les conséquences se manifestent au niveau des déséquilibres du
commerce extérieur et des dévaluations des monnaies. C’est face à cette crise
que KEYNES a préconisé la nécessité de l’intervention de l’Etat dans l’économie.
 Depuis, les pays ont connu une croissance sans précédent qualifiée selon FOURASTIE
des trente glorieuses années.
 Après la seconde guerre mondiale, de nouvelles mutations qui ont marqué
l’économie mondiale contemporaine :
 La guerre a affirmé le déclin de l’Europe surtout la Grande Bretagne et la
suprématie des Etats-Unis sur le plan industriel, militaire et monétaire.
 Le monde est devenu bipolaire : Un pôle capitaliste dirigé par les Etats-Unis et
un pôle socialiste dirigé par l’ex URSS.
 la création des organisations internationales commerciales et financières, la
croissance des économies industrielles jusqu’à 1973, le libéralisme économique,
l’expansion commerciale et le rôle grandissant des FMN (Firmes multinationales)
Préparé par AHBAR ISMAIL
  la naissance du phénomène de sous-développement et par la suite, l’apparition La réduction de l’écart extraordinaire de développement-en termes de revenus et de
des NPI (Nouveaux pays industrialisés) ou pays émergents. développement des ressources humaines entre les différents pays du monde et la
restructuration des systèmes sociaux nationaux et internationaux consécutive à une
1. Coexistence de la globalisation de la richesse et la globalisation de la pauvreté : Un croissance rapide constituent les défis majeurs de nos jours.  Les systèmes sociaux
libéralisme sauvage contesté :
nationaux sont menacés par le chômage et l’inflation. Il est donc temps que les objectifs
 L’économie mondiale de la fin du XXème siècle et du début de ce troisième et les stratégies de développement pour les prochaines années englobent le concept de «
millénaire connait plusieurs contrastes et bouleversements économiques et sociaux avec développement humain ».
l’apparition des inégalités entre pays. Les grands enjeux économiques et sociaux du
monde contemporain sont : B- Un métissage des civilisations : la formation d’une société-monde
intercivilisationnelle
Déstabilisation du A l’aube du troisième millénaire, le contexte économique
contexte international se caractérise par une déstabilisation qui concerne Nous vivons une époque historique où la question de la formation d’une société-monde
économique aussi bien les pays développés que les pays en développement
est objectivement posée et où les civilisations n’ont pour seule alternative non
international
seulement de se côtoyer, mais de se mélanger, de se compléter, de vivre ensemble et d’
*la globalisation de l’économie, c’est à dire l’intégration
Globalisation de croissante des économies et des sociétés dans le monde accepter les différences de niveau de développement , d’idéologies, de religions… et
l’économie et consécutivement aux flux des biens et des services, du capital, donc de civilisations d’où la formation d’une société-monde inter-civilisationnelle.
régionalisation : un des idées et des hommesexpansion des FMN
monde multipolaire *la régionalisation, c'est-à-dire une économie mondiale C- L’équilibre économique et social entre les mécanismes du marché et l’intervention
multipolaire. Les relations internationales fonctionnent àprésent de l’Etat
dans plusieurs directions Nord-Sud, Sud-Nord et Sud-Sud.
Les inégalités de dév Le monde actuellement connait un dualisme économique et La problématique de notre temps concerne la division des responsabilités entre le secteur
et la précarité du social avec de grandes disparités au niveau des conditions de vie public et le secteur privé de l’économie. KEYNES a notéen 1936 que «les contrôles
dév humain et des revenus. centraux nécessaires àassurer le plein emploi impliquent, bien entendu une large
Contraste entre dév L’homme est responsable de son auto- destruction. Il en résulte extension des fonctions traditionnelles de l’Etat…Cet élargissement nous apparait… et
industriel et dév plusieurs conséquences : migrations humaines et désertifications
comme le seul moyen possible d’éviter une complète destruction des institutions
environnemental régionales, famine, insécurité alimentaire…
économiques actuelles et comme la condition d’un fructueux exercice de l’initiative
Nous pouvons remarquer que les inégalités de développement
individuelle ».
et les guerres civilisationnelles et idéologiques ont pour
La guerre des résultante des changements de comportements et d’attitudes
civilisations des Etats et des populations (la défense des droits de l’homme,
création de l’esprit de vengeance) d’où l’instauration d’un
nouveau régime de guerre permanent et d’un ennemi sans
frontière : « Le terrorisme international ».

2. Les défis du développement et Le nouvel ordre économique international : les

nouveaux objectifs de développement

A- La réduction des inégalités de développement :

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