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Problématique générale :
Dans quelle mesure la fragilité politique et économique des démocraties
libérales face à la montée des totalitarismes dans le monde explique-t-elle le
déclenchement de la Seconde Guerre mondiale ?
Introduction au chapitre :
Le Krach boursier à New-York s’explique par de multiples facteurs financiers
nouveaux qui précipitent les Etats-Unis dans l’une des pires crises
économiques de leur histoire. La crise, d’abord américaine, devient
rapidement mondiale en se propageant à l’Europe cette dernière, à peine
remise de la Grande Guerre s’en trouve profondément bouleversée aussi bien
d’un point de vue politique que social.
Problématique au chapitre :
En quoi la crise des années 1930 ébranle-t-elle le capitalisme libérale ?
Le capitalisme a changé, à l’époque de Colbert on parle de capitalisme
“marchand” : on met de l’argent pour acheter des produits que l’on a pas, on
les copie et on essaye de les reproduire pour les revendre. Avec la révolution
industrielle, on est arrivé à ce qu’on appelle le capitalisme “bancaire”, le
principe est d’avoir des économies, de le placer dans une banque de dépôts
ou dans une banque d’affaire pour investir : le principe de la banque. Il est lié
au capitalisme “industrielle”, son principe est que tant que l’on produit dans
de petits ateliers, si on veut s’agrandir on va parler à la banque sauf si c’est
trop grand et cher, la banque veut pas : on va alors diviser la propriété d’une
entreprise en parts sociales et la proposer à la vente dans un marché
spécifique = la Bourse => le capitalisme “boursier”, on s’aide à développer nos
entreprises en investissant. Puis le capitalisme “fisco-financier”, on vend des
actions en bourse, actions intéressantes, on en achète bcp, tlm en achète, on
va alors essayer de faire le max de bénéfice peu importe si l’entreprise fait
faillite ou pas, on ne croit plus du tout au “projet industriel” => on fait de la
spéculation. => SITUATION COMPLEXE
Comme l’écrivait J.M Keynes, les années qui suivirent la première guerre
mondiale, constituent une rupture : “Une époque est morte [et pourtant]
nous nous pressons de reprendre le fil de notre vie au point où nous l’avions
laissée”. Quelles sont les causes de cette crise et quels en furent les
mécanismes de diffusion ?
Les investisseurs sont autant des particuliers que des entreprises, si l’on
considère les particuliers ayant investi, on en constate environ 30 M ce qui est
relativement peu comparé au peuple américain. Pendant les trois années
précédant la crise, la spéculation fonctionne bien. Sur les deux années (entre
juin 1926 et juin 1928) la bourse augmente de 50% et sur la période de juin
1928 à septembre 1929, il y a toujours une croissance même si moins élevée.
Malgré ces bons chiffres, l’économie financière décroche de plus en plus de
l’économie réelle, en effet, la hausse des profits des entreprises ne suit plus la
hausse des cours boursiers. Ainsi, si l’on prend l’exemple de General Motors,
on se rend compte qu’elles passent de 18 dollars à 92 dollars et le dividende
lui passe sur la même période de 13% à 6% (= l’entreprise verse moins d’argent
à ses actionnaires).
Une riposte économique s’organise vers midi, une réunion est improvisée au
23 Wall Street dans les locaux de la banque JP Morgan et rassemble une demi
douzaine de grands banquiers américains qui font publier une déclaration
rassurante dans la presse et déclare donc investir des fonds pour soutenir la
bourse afin de baisser la baisse. Richard Whitney (président de la bourse de
NY) se présente en personne dans la salle des marchés (= la corbeille) et vient
porter les ordres d’achat de ce consortium de banques. La réaction est
immédiate car les cours se stabilisent et repartent à la hausse. A la clôture de
la bourse, on constate une étonnante récupération des cours. Le New York
Times titre en fin de journée que la haute finance avait fait preuve de flegme
et de sa haute maîtrise de la situation. Les courtiers eux même annoncent
que le marché est stabilisé mais discrètement, ils enregistrent des ordres de
vente en masse pour lundi. De nombreux spéculateurs ne croient pas en cette
reprise et préparent eux aussi la vente massive de leurs actions et donc dès le
28 octobre, le lundi noir, 9 millions de titres sont vendus et entraînent une
chute immédiate de la bourse, et perd en fin de journée de 12,8%. Le
lendemain matin, mardi 29, tous ceux qui pensaient que la bourse allaient se
stabiliser tombent dans la panique à leur tour et c’est 16 millions de titres
vendus, les pertes sont vertigineuses, la plupart des grosses valeurs perdent
30% de leur valeur, la bourse chute de 51% et va se maintenir de façon
régulière jusqu’en 1932. En 1929, après ces jours noirs, c’est comme-si les
Etats-Unis sortaient de la guerre. On a des suicides à la chaîne : 2 spéculateurs
à la marge titulaires d’un compte joint et vont se suicider depuis le haut du
célébre Ritz.
La France semble moins touchée par une crise plus tardive mais plus durable,
la crise financière de 1931 ne la touche qu’en 1935 et c’est à ce moment que
l’on abandonne l’étalon or. La chute de notre production industrielle est
moins forte car nous avons moins d’industrie, par contre l’agriculture va elle
être frappée de plein fouet : baisse de prix, baisse de pouvoir d’achat, etc.
Malgré tout, la crise s’installe dès la fin de l’année 1931 début 1932 avec des
conséquences en termes de situation politique qui débouche sur une
manifestation du 6 février 1934 et qui débouche sur la création du front
populaire.
Dans les pays du Sud économique, la situation est bien plus grave, en effet,
ces derniers sont fortement touchés par la baisse des matières premières
agricoles et dans un certain nombre de cas, cette crise a bloqué le processus
de développement jusqu’à la première guerre mondiale et même au-delà. En
effet, ces économies sont des “économies de rente”, ils se sont spécialisés
dans des types de produits brutes : agricoles ou miniers qu’ils vendent pour
dégager des revenus nécessaires à l’achat de ce dont ils ont besoin c’est le
cas notamment du Brésil, avec le café et du fait de la crise, se retrouve à ne
plus pouvoir le vendre et à l’utiliser comme combustible. La crise entraîne la
montée des partis populistes et autoritaires, en Argentine c’est le cas de José
Félix Uriburu qui prend le pouvoir à la suite d’un coup d'État en septembre
1930 à Buenos Aires, c’est aussi le cas de Getulio Vargas qui prend le pouvoir
en octobre 1930 au Brésil (=> adorateurs d’Hitler).
L’Amérique latine est touchée de plein fouet par la crise car elle a basé son
modèle de développement sur les exportations, la dépendance vis-à-vis de
l’Amérique du Nord et de l’Europe est forte (les Etats-Unis absorbent à eux
seuls 42% des exportations brésiliennes, quand le brésil vend 10 produits, 5 en
sont vendus aux Etats-Unis. Dès lors, ces exportations chutent durablement
et les économies de ces pays latino-américains rentrent en récession : le PNB
de Cuba chute de 37%). En même temps, le chômage augmente, il y a 1 M de
chômeurs au Mexique en 1932 ce qui augmente les courants migratoires,
d’autant plus que les effets sont durables. Le PIB c’est la valeur totale des
biens et des services dans un pays quelque soit la nationalité des entreprises.
Le PNB c’est l’ensemble des produits nationaux bruts. Politiquement,
l’Argentine, le Brésil, l’Equateur, le Guatemala, le Panama, le Pérou et le
Salvador, le Venezuela, connaissant des coups d’états entre 1930 et 1940, des
régimes populistes se mettent en place et la crise de 1929 est
particulièrement dure dans ces pays à économies de rente. Entre 1929 et 1932,
les exportations diminuent en moyenne de 50% voire 70% pour le Pérou et la
Bolivie, et ça atteint même 80% au Chili, le Brésil doit quant à lui détruire près
de 80 millions de sacs de café pour lutter contre la baisse du prix du café.
Comme pour les pays du Nord, les pays du Sud ont tenté des dévaluations
monétaires mais cela sera sans succès.
A) L’Amérique en crise…
Les politiques de Hoover n’arrivent pas à venir à bout d’une crise qui
s’aggrave et donc en 1932, les électeurs désignent à la présidence un homme
nouveau, un démocrate : Franklin Delanoe Roosevelt, élu avec 57,3% des
suffrages exprimés. Il est élu sur la base d’un programme qui n’est pas clair
même si la plateforme démocrate (la ligne directrice de son programme) est
plutôt déflationniste, cependant c’est un pragmatique càd qu’il rebondit, il est
poussé par un club qu’il avait réuni avant les élections, qu’on appelle le Brain
Trust et au sein duquel il y a John M. Keynes, qui le poussera à faire le New
Deal. Rétrospectivement, on distingue deux New Deal dans cette réflexion
menée par Roosevelt:
- Le premier New Deal repose sur toutes les mesures prises à partir du
printemps 1933, en 100 jours c’est 15 lois qui sont votées pour
réorganiser trois secteurs : le secteur bancaire, agricole et industriel.
Dans le secteur bancaire, il s’agit de mesures de sauvegarde pour
sauver les banques mais pas seulement puisque pour la première fois,
le système fédéral s’octroie un droit de regard sur les systèmes
politiques bancaires autrement dit il surveille les banques, il y a la
séparation obligatoire entre la banque de dépôt et la banque d’affaires
= la loi “Glass Steagall Act” qui sera abolie en 1999.
- Dans le secteur agricole est votée une loi : “Agricultural Adjustment
Act” qui a pour but de réduire la production agricole pour faire
remonter les prix.
- Pour l’industrie, est voté le NIRA (National Industrial Recovery Act) qui
favorise la relance sur de nouvelles bases de concurrence. Le texte
prévoyait que les industriels réunis en branche d’activités établiront
ensemble des codes de concurrence communs, dans lesquels ils
pourraient placer des prix minimum de vente, des quotas de
production, une durée légale de travail, un salaire minimal pour les
ouvriers et interdir le travail des enfants. De plus, par l’article 7A est
reconnu le principe de négociation collective (= obligation pour les
patrons et les syndicats de se réunir pour négocier à parité, donc dans
le libéralisme le NIRA pousse aux négociations collectives => favorise
les syndicats et les représentants sociaux => grand pas éthique).
Adhérer au NIRA n’est pas obligatoire mais Roosevelt va en même
temps faire une campagne de promotion politique intitulée “We do our
part”, pour faire pression sur les patrons. 96% des industries signent le
NIRA, vrai succès avec quelques exceptions notables : Ford qui refuse
car il considère que le fordisme suffit amplement. Tous ces mécanismes
cherchent à faire remonter les prix et les salaires en même temps tout
en favorisant l’embauche mais aussi la réduction du temps de travail,
c’est le début de la société de plaisir des années 60.
Face au chômage de masse, des mesures d’aide sont prises, en créant
la Civil Work Administration (CWA) qui propose de salarier des
américains au chômage afin de mener des politiques d’aménagement.
En 1934, elle embauche 4 millions de personnes : Aménagement de la
Tennessee Valley. Dans le domaine monétaire, Roosevelt est au départ
favorable à la déflation mais une monnaie stable face aux plaintes de
paysans endettés il se résout à une politique inflationniste et surtout à
dévaluer le dollar de 40% en 1934.
Au final ce New Deal est mitigé malgré une embellie, c’est le marasme
qui continue avec un taux élevé de chômeurs. Les libéraux critiquent le
NIRA et surtout l’accuse de favoriser le syndicalisme et porté plainte
auprès de la cours suprême qui rend donc son jugement le 2 mars 1925,
la cours suprême annule le NIRA, forçant Roosevelt à de nouvelles
mesures qu’on appellera le deuxième New Deal
Conclusion :
La crise financière d’octobre 1929 révèle une crise économique dont les
conséquences sont désastreuses. Les faillites bancaires et industrielles
provoquent une explosion du chômage et de la pauvreté. L’arrêt des
commandes américaines et le rapatriement des fonds placés à l’étranger
entraînent une propagation de la crise au reste du monde. Les économies
européennes et latino-américaines sont touchées par la crise et par la
dépression avec de lourdes conséquences sociales et politiques dans de
nombreux pays : les populations se tournent vers des forces hostiles à la
démocratie comme en Argentine, au Brésil ou encore en Allemagne. Seule
l’URSS paraît échapper à la crise où beaucoup de gouvernements appliquent
une politique de relance. Aux Etats-Unis, l’échec de la politique déflationniste
préconisée par Hoover provoque l’arrivée au pouvoir de Roosevelt en 1932, il
met en œuvre une politique de relance financée par l’Etat dans le cadre du
New Deal. En France, à partir de 1936, sous le front populaire les ouvriers
obtiennent d’importantes avancées sociales avec les accords de Matignon.
L’Italie fasciste, l’Allemagne nazie et le Japon militariste font aussi preuve
d’une forte intervention de l’Etat dans leur économie mais avec l’objectif de
préparer des conquêtes territoriales et au final, dans certains pays (R-U,
Japon, Allemagne, Italie) la reprise de l’activité économique est assez rapide
par contre aux Etats-Unis, en France ou en Amérique latine, elle ne reprendra
qu’après la seconde guerre mondiale.