Vous êtes sur la page 1sur 2

I. 1929, une crise qui nait aux États-Unis.

A. Le krach boursier de 1929.

Les causes du krach : Les années 20 sont marquées par une croissance forte mais qui s’accompagne de
déséquilibres importants et d’un système monétaire fragile. Les gains de productivité dans l’industrie ont permis de
produire plus vite et moins cher, notamment dans l’automobile (Ford). Face à cet enrichissement, une partie de plus
en plus importante de la population investit en bourse, avec l’idée de faire des profits rapides. Mais les premiers
signes de ralentissement de l’économie apparaissent aux États-Unis dès 1928. Comme les ventes baissent, les stocks
s’accumulent alors que les revenus agricoles ralentissent. Le crédit devient la règle : on emprunte pour acheter des
actions, et le cours des actions en bourse continue d’augmenter. Le système se retourne brutalement le 24 octobre
1929 lorsqu’un mouvement de panique pousse les investisseurs à vendre toutes leurs actions, dont les cours
s’effondrent. En une journée, l’indice boursier perd 22 % de sa valeur.

Une crise qui devient économique : Face à l’accumulation des stocks invendus et à l’effondrement des profits, les
entreprises licencient un grand nombre de salariés. En 1933, 25 % de la population active des États-Unis est au
chômage, principalement dans les villes industrielles. Avec l’effondrement de la consommation, l’agriculture est elle
aussi fortement touchée : les populations consomment moins et les prix des produits agricoles s’effondrent à leur
tour. C’est la déflation (diminution profonde des prix qui entraîne une diminution de la consommation et donc de
l’activité économique). La réponse protectionniste des États-Unis qui cherche à protéger le marché intérieur
(HawleySmoot tariff Act, 1930) fragilise les exportations des États-Unis et accélère la crise.

B. La « Grande Dépression ».

Le chômage de masse : La naissance du chômage de masse est la conséquence la plus visible de la crise
économique de 1929. Alors qu’il touchait environ 3 % de la population active en 1929, le chômage atteint plus de 25 %
en 1933 avec environ 12,6 millions de chômeurs. Cette période est surnommée la « Grande Dépression ». A ces
chiffres, il faut ajouter le chômage partiel et la baisse de revenus qui touchent des millions d’Américains.

Une crise sociale sans précédent : L’absence de protection sociale aggrave les conditions de vie de la population.
De nombreux agriculteurs sont expulsés de leurs fermes car ils ne peuvent rembourser leurs crédits alors que dans
les villes on assiste au développement de bidonvilles (les « Hoovervilles » du nom du Président Hoover 1929-1933).
Face à l’effondrement des prix agricoles, les stocks de nourriture sont détruits (lait) alors que millions d’Américains
ne mangent pas à leur faim. Cette paupérisation (appauvrissement continu et durable) profonde de la société est une
remise en cause brutale du modèle de développement américain. C’est dans ce contexte que Franklin Delano
Roosevelt, le candidat démocrate, accède à la présidence des États-Unis en mars 1933.

C. Le New Deal ou la naissance de l’état-providence.

Une politique de relance, le New Deal : F.D. Roosevelt est favorable à une intervention plus forte de l’état dans
l’économie. Il met en place une politique de relance appelée le New Deal. Il s’agit d’un ensemble de mesures qui
donnent à l’état fédéral un rôle économique central : fort soutien à l’agriculture, encadrement des banques. Il favorise
la mise en place de syndicats puissants dans l’industrie pour mieux défendre les travailleurs. L’état intervient alors
pour surmonter la crise économique.

La naissance de l’état-providence : Le New Deal cherche également à venir en aide aux personnes les plus
fragiles. Dès 1933, un fonds d’urgence est chargé de venir en aide aux plus pauvres. En 1935, le Social Security Act
créé un système d’assurance chômage et de retraites. L’une des mesures phares est la mise en place d’une politique
de grands travaux (construction de barrages hydroélectriques, routes, voies ferrées). L’objectif est la baisse du
chômage et la protection de la population. C’est l’état-providence, système dans lequel le rôle de l’état est de protéger
les populations contre les risques de la vie : maladie, accident, chômage, vieillesse.

Des résultats économiques fragiles : Le principal objectif du New Deal, qui est la disparition du chômage de
masse n’est pas atteint. En 1939, il y a encore près de 10 millions de chômeurs aux États-Unis qui ne retrouvent le
plein emploi qu’avec la Seconde Guerre Mondiale et la production d’armes. Mais le programme de Roosevelt permet
de moderniser le pays et de jeter les bases de l’état-providence qui servira de modèle à de nombreux pays.

II. Une crise qui devient mondiale.

A. Une économie mondiale à l’arrêt.

La propagation de la crise : Face aux difficultés financières, les États-Unis rapatrient dès 1929 leurs capitaux investis
en Europe, ainsi qu’en Amérique du Sud. Le Royaume Uni fait de même, ce qui aboutit à une crise financière grave qui
touche d’abord l’Allemagne et l’Autriche. Les banques font faillite et la défiance gagne tout le continent. Le Royaume
Uni, première puissance économique et coloniale, dévalue sa monnaie (diminue sa valeur), créant une crise financière
internationale et aboutissant à des dévaluations monétaires en cascade : dollar, franc…

Les politiques protectionnistes se généralisent : Chaque pays apporte une réponse nationale et personnelle à
une crise mondiale, aboutissant à des mesures protectionnistes. Le Royaume Uni se tourne vers son Empire alors que
les États-Unis refusent de maintenir les crédits aux pays producteurs, aboutissant à une contraction spectaculaire du
commerce mondial. L’Europe entière se trouve touchée par la crise, même si certains pays comme la France,
semblent impactés moins gravement. Avec la généralisation des politiques protectionnistes et la contraction du
commerce mondial, la crise se diffuse en Amérique Latine dont l’économie est largement tournée vers l’exportation de
produits agricoles en Amérique du Nord et en Europe. L’Asie et l’Afrique, en partie colonisées, sont aussi fortement
touchées par la crise financière.

B. Les conséquences sociales et politiques de la crise de 1929.

Des populations fragilisées : L’ensemble des pays industrialisés est touché par un chômage de masse. Le
chômage touche près de 15 % de la population en Allemagne et plus de 20 % dans le Royaume Uni en 1932. Partout,
des millions de chômeurs manifestent pour avoir un emploi et de quoi se nourrir. Ce sont les marches de la faim qui
touchent les États-Unis, le Royaume Uni et la France et qui protestent contre les difficultés et la misère. Des grèves se
multiplient comme en France en 1936. En Amérique Latine, le chômage (difficilement estimable) est aussi très
important et entraîne une forte misère.

La montée des populismes : Partout dans le monde, la crise aboutit à une remise en cause de l’ordre politique. Si
certaines démocraties surmontent les antagonismes, aucune n’échappe à la montée du populisme (mouvement
démagogique qui prétend défendre les intérêts du peuple). En Allemagne, la population se tourne vers les partis
extrémistes, et en particulier le NSDAP d’Hitler qui apporte des réponses simplistes. En Amérique Latine, des coups
d’état se multiplient et aboutissent à des dictatures populistes. Ainsi, au Brésil, Getulio Vargas prend le pouvoir en
1930 suite à un coup d’état. L’Argentine, le Mexique ou encore l’Équateur sont à leur tour touchés par des révolutions
et des coups d’état. En France, ces tensions politiques ont pour conséquence l’affirmation des ligues d’extrême
droite qui montrent leur puissance et leur rejet de la démocratie le 6 février 1934. Cette situation pousse les
communistes et les forces de gauche à s’unir dans une alliance politique, le Front Populaire qui remporte les élections
législatives de 1936.

C. La lutte contre la crise, des réponses différenciées.

En France, les accords Matignon : Face à la victoire du Front Populaire, un grand mouvement de grèves et
d’occupation d’usines se met en place en France au printemps 1936. Les syndicats espèrent avoir le soutien du
gouvernement face au patronat. Le Président du Conseil du Front Populaire, le socialiste Léon Blum pousse les
représentants des syndicats et du patronat à signer les accords Matignon (7-8 juin 1936). Il s’agit d’un ensemble de
mesures sociales :

• Augmentation des salaires (15 % pour les plus faibles, 7 %)


• Réaffirmation des droits syndicaux Dans la foulée, le gouvernement Blum vote la mise en place de deux semaines de
congés payés et la réduction du temps de travail à 40 heures hebdomadaires. Il s’agit pour le gouvernement Blum de
réduire les effets de la crise et de relancer la consommation du pays.

Autarcie et réarmements des régimes totalitaires : Après l’éclatement du système monétaire international, plusieurs
états se lancent dans une politique de relance de la demande que ce soit la demande civile (États-Unis, France) ou
militaire (Allemagne, Japon, Italie). En Allemagne, Hitler met en place un programme basé sur l’autarcie, la capacité
d’un état à assurer ses propres besoins et à isoler son économie. Il met en place une politique de grands travaux
(création d’autoroutes). C’est surtout la politique de réarmement et les annexions d’états voisins qui permettent à
l’Allemagne de faire baisser le chômage et de relancer son économie.

Vous aimerez peut-être aussi