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UNIVERSITE DE LOME REPUBLIQUE TOGOLAISE

TRAVAIL LIBERTE PATRIE

FACULTE DES SCIENCES ECONOMIQUES ET DE GESTION

DEPARTEMENT DES SCIENCES ECONOMIQUES

UE :

HISTOIRE DES FAITS ECONOMIQUES ET SOCIAUX

DEPUIS L’ANTIQUITE JUSQU'A NOS JOURS

ANNEE ACADEMIQUE 2020-2021

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CHAPITRE X-LA GRANDE DEPRESSION DE 1929

A la fin de la première guerre mondiale, la plupart des pays impliqués


dans le conflit rencontrèrent beaucoup de difficultés pour leur reprise
économique. Les Etats-Unis ont constitué une exception et étaient en
passe de devenir une économie dominante.
Ils basèrent leur politique économique internationale sur le refus
d’abaissement des barrières douanières et sur l’élaboration d’une
politique d’investissements à court et long terme, tant à l’intérieur du
pays qu’à l’étranger, alors que les conditions de la pratique d’une telle
politique n’existaient pas.
Les Etats-Unis investissaient en Allemagne qui utilisait les capitaux
reçus pour payer les dommages de guerre dus aux Alliés. Ces
derniers, de leur côté, employaient cet apport financier au remboursement
des dettes contractées à l’égard des Etats-Unis au cours de la guerre.
L’aide américaine (prêts gouvernementaux, investissements privés)
retournait dans la mère patrie et se gonflait de capitaux européens
refugiés aux Etats-Unis durant la guerre.
La conjonction de ces deux sources financières alimentait la spéculation
boursière et, en 1929.
Analysons les signes d’identification de la crise faits d’éléments de force
et d’éléments de faiblesse.

SECTION I – LES SIGNES D’IDENTIFICATION

Les indicateurs de crise sont des paramètres macroéconomiques dont le


comportement traduit la manifestation attendue d’un état donne.

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Ils peuvent se présenter sous deux aspects : l’un positif, l’autre négatif
mais dont la conjonction produit l’effet attendu. Ils prennent corps dans
tous les secteurs de l’activité économique, interviennent dans les strates
de la société et sont susceptibles d’engendrer des bouleversements
nuisibles à l’environnent économique et social.
Pour toute crise, le premier signe annonciateur demeure la prospérité
avant la crise. En effet, l’effondrement économique des années 1929-
1930 fut précédé d’une certaine prospérité.

PARAGREPHE I – LA PROSPERITE

Elle se manifesta dans divers domaines, les importants de l’activité


économique, à savoir le domaine industriel, commercial et financier.
Ces trois aspects intervinrent dans les éléments positifs annonciateurs de
la dépression économique.

A – Les éléments positifs

Ils se manifestèrent par une expansion industrielle surtout aux Etats-Unis,


avec l’augmentation de la production du bâtiment et des industries
chimiques. Les nouvelles méthodes de gestion : rationalisation,
conservation, permettaient un accroissement de la production.
Dans les autres pays capitalistes, après les réparations de la guerre, l’on a
recouru à la publicité pour conquérir les marchés, à la généralisation de la
vente à crédit, à la politique des bas salaires.
Ainsi vers les annees1929, leurs économies montraient l’allure suivante :
augmentation de la production de 25% en Allemagne, de 28% en
France, de 33% en Belgique. D’autres pays jusqu’alors non
compétitifs entraient dans le circuit. Il s’agissait de l’Autriche, de
l’Inde, du Japon. Le Brésil amorçait son industrialisation.
A l’expansion industrielle faisait suite l’expansion commerciale. Les
échanges connurent une certaine euphorie dans la décennie qui suivit la

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fin de la première guerre mondiale. L’expansion commerciale se doubla
de l’expansion financière. L’économie mondiale se développa sur la base
du capital financier (direct ou de portefeuille). Conséquence de
l’expansion de la finance : la spéculation. Ainsi de janvier 1925 à
janvier 1929, la capitalisation boursière évolua de 27 à 67 milliards de
dollars si bien qu’en 1929, le volume de capitaux des pays autres que
l’URSS avait quintuplé.
B – Les éléments négatifs

Ils ont joué un rôle restrictif pour l’activité économique. Leur ampleur
expliquait, pour une large part, l’importance de la crise économique.
Ils consistaient en surproduction agricole, en hausse des prix, en
malaise britannique et en démembrement du marché mondial

1 – La surproduction agricole

L’effort de production des Alliés qui voulaient rompre avec les vestiges
du passé faisait augmenter la production agricole dans des
proportions inquiétantes. Malgré une certaine baisse de la production
agricole américaine (blé, coton, maïs) qui perdit ses marchés extérieurs,
la demande intérieure des Etats-Unis et la production agricole européenne
firent augmenter la production agricole mondiale.
Le financement de l’agriculture passa par le préfinancement, le recours
au crédit et à l’emprunt.

2 – L’inflation

La hausse généralisée, cumulative et continue du niveau général des


prix provenait de l’émission du papier monnaie.
Les pays, pour financer le développement, pratiquaient le déficit
budgétaire en faisant jouer la planche à papier d’où la dépréciation
monétaire conduisant souvent à des dévaluations.

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Cette inflation poussa les entrepreneurs à investir et les banques à
accorder beaucoup plus d’attention à la politique de crédit.
Entrepreneurs et banquiers tiraient profit de cette spéculation et
s’enrichissaient au détriment des ouvriers, des créanciers, des personnes
privées ou collectivités publiques dont les revenus ne suivaient pas la
hausse.

1- Le malaise britannique

Elle consistait en la perte de la suprématie internationale de la


Grande-Bretagne. En effet, la livre britannique fut dévaluée de 80% au
temps de la guerre.
Il en découla l’augmentation du déficit de la balance commerciale
britannique. Cette tendance inquiéta bon nombre de pays amis des
britanniques qui consentirent à aider la Grande-Bretagne à retrouver son
prestige de puissance respectée.

4-Le démembrement du marché mondial

Elle entra dans les faits par la politique délibérée de barrières douanières
que les pays pratiquaient. L’entrée de nouveaux Etats sur le marché
mondial remettait en cause la division antérieure du travail.
Le recours au protectionnisme reprit avec plus de vigueur, surtout pour la
Grande-Bretagne et la France qui, pour rattraper le retard
commercial dû à la guerre érigeaient le protectionnisme en système de
politique commerciale.
L’importance des éléments négatifs de la prospérité annonçait
l’effondrement du système établi.

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PARAGRAPHE II- L’EFFONDREMENT

La crise suit toujours une séquence qui commence par un processus suivi
d’effets immédiats et entraînant des conséquences.

A- De la situation aux conséquences : le processus

La crise de 1929 provient de la spéculation boursière consécutive à la


prospérité américaine qui occasionna une fièvre d’investissement. De
janvier à septembre 1929, la capitalisation boursière passa de 67 à 87
milliards, ce qui rendait la spéculation délirante et optimale. En
Juillet 1630,elle tombe à 15 milliards.
Le 24 octobre 1929, certains porteurs de valeurs mobilières se
débarrassèrent de leurs actions et obligations par les ventes massives
Les dégâts de la crise furent aussi importants que son processus
d’apparition.

B-De l’évaluation des manifestations de la crise : les dégâts

Partout on notait une chute généralisée des prix, du revenu, de l’emploi et


de la production. Ces indicateurs du niveau de l’activité économique
reflétaient l’ampleur d’une situation, donnaient une idée sur
l’effondrement.
Il apparut dans toutes les économies européennes, américaines, un
effondrement des exportations et des prix, une extension du chômage, un
développement du marasme agricole.
La recherche d’une solution à cette situation a conduit au renforcement
du protectionnisme, au déclin du commerce international. Les armes
utilisées furent le tarif douanier ; le contrôle des changes.

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Au protectionnisme douanier s’ajouta le protectionnisme monétaire. Les
balances s’équilibraient bilatéralement par voie de troc car en fait, le
contrôle des changes frappait aussi bien la fuite des capitaux que celle de
marchandises. Il en découla une régression de la division internationale
du travail.
La crise de 1929 eut deux conséquences majeures : économique
(remise en cause du libéralisme, du laisser-faire, laisser-passer) et
doctrinale (conflit entre capitalisme et communisme). La
conséquence économique mettrait en branle le libéralisme
économique classique.
En effet,
-En 1936, J.M. Kenynes dans sa ‘’Théorie générale de l’emploi, de
l’intérêt et de la monnaie’’, recommandait à l’Etat un rôle
interventionniste. Le déficit budgétaire pouvait constituer un remède à
divers problèmes.
La pensée de Kennes marqua la fin de la politique du laisser-faire a vécu
ce que vécurent les œuvres fragiles l’espace de trois siècles.
-La conséquence doctrinale faisait renaître les conflits entre capitalisme et
communisme.
Les Marxistes voyaient dans la crise de 1929 les manifestations des
contradictions du système capitaliste.
Les corporatistes prônaient le retour au régime ancien qui seul, pouvait
garantir un développement harmonieux.
-Le libéralisme politique se trouvait taillé en brèche au profit du fascisme
et du communisme.
Tout cela préfigurait les mesures radicales à adopter en vue d’enrayer la
crise (la dictature).

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SECTION II- LES MESURES SALVATRICES : LE
REDRESSEMENT

Chaque pays adopta des mesures cadrant le mieux avec ses intérêts. Des
mesures radicales allaient de pair avec ceux moyennement atteints.

PARAGRAPHE I – LES ÉTATS-UNIS

La crise battait son plein quand Hoover arriva au pouvoir. Ses premières
mesures visaient à rétablir l’équilibre budgétaire par le relèvement du
taux de la fiscalité et la compression des dépenses budgétaires.
En fait, il se conformait à l’orthodoxie ancienne, ce qui n’aboutit à aucun
résultat si bien qu’en 1932, une équipe démontre avec Roosevelt (F.D)
arriva au pouvoir et entreprit le programme dit du New Deal.
Dans le domaine monétaire, le dollar fut dévalué d’où le renchérissement
des prix intérieurs. La dévaluation se fit en deux temps avec des taux
défiant l’imagination. Dans l’agriculture, l’Acte d’Ajustement Agricole
(A.A.A.) préconisait la restriction de la production moyennant des
indemnités compensatrices fixées par taxes, la règlementation du
commerce agricole visait
L’enrayement de la concurrence.
Dans l’industrie, l’Acte National de Redressement (N.R.A) tendait à
limiter la concurrence, à augmenter le pouvoir d’achat ouvrier.
Dans le domaine social, le gouvernement créa l’Administration des
Travaux Civils qui enrôle les chômeurs sur des chantiers d’intérêt public.

PARAGRAPHE II- LA GRANDE-BRETAGNE

Très touchée par la crise alors qu’elle se remettait difficilement de la


première guerre mondiale, la Grande-Bretagne adopta des mesures
drastiques en 1931. La reprise économique apparut avec
l’augmentation de la production, la diminution du chômage.
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L’économie britannique se mettait à l’heure du 20e siècle par la
modernisation et la rationalisation mues par l’intermédiaire étatique
(nationalisation).

PARAGRAPHE III- L’ALLEMAGNE

L’Allemagne liée aux banques anglo-saxonnes fut la plus touchée par la


crise. Elle a vu l’effondrement des petites et moyennes entreprises, la
ruine du monde rural très endetté, l’aggravation du chômage.
Par une démagogie anticapitaliste et anticommuniste, le nazisme
d’Hitler regroupa les masses. Arrivé à la chancellerie en 1933, en moins
de six mois Hitler instaure la dictature nazie fondée sur le racisme.
L’antisémitisme et l’antiparlementarisme devinrent le fer de lance de la
politique nazie.

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PARAGRAPHE IV-L’ITALIE

L’Italie intégrée au système capitaliste n’échappa pas à la crise qui par


conséquent l’atteignit aussi en 1931-1932 ; les banques firent faillite.
Le mouvement syndical ne pouvait défendre la détérioration de la
condition salariale des ouvriers puisqu’en 1927, la promulgation
d’une charte de travail imposait l’arbitrage obligatoire et interdisait
les grèves.
Le système pseudo corporatif italien assainit la situation. Mussolini
commença à songer dès lors à l’expansion géographique corollaire de
l’impérialisme hitlérien.
Le gouvernement annexa l’Ethiopie en mai 1936 et quitta la S.D.N.
(Société des Nations) au moment où Hitler remilitarisait la Rhénanie
démilitarisée et intervenait ouvertement dans la guerre d’Espagne.

PARAGRAPHE V- LE JAPON

Économiquement dépendant du commerce international, le Japon fut


atteint par la crise qui le secoua fortement. Ses importations de
matières, l’économie nipponne se tournait vers l’économie capitaliste,
lourde et de guerre.
La période de l’entre -deux guerres fut pour le Japon celle de
l’affirmation de son capitalisme, de la relance économique, du
renforcement des grands monopoles (Zaïbatsu), de la cartellisation et
de la véritable économie de guerre industrielle et conquérante.

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PARAGRAPHE VI- LA FRANCE

Au moment où la crise frappait les autres pays capitalistes, la France était


la moins touchée économiquement. Les affaires avaient certes diminué de
volume mais le chômage était moins chronique.
La France, dirigée par la gauche, créa ’’la zone franc’’ étendue aux
possessions d’outre-mer afin d’avoir un monopole de débouchés.
La droite, de retour au pouvoir en 1934, aligna sa politique sur celle
des prédécesseurs. Les déflations successives ont affaibli l’économie
française mais le franc par suite des dévaluations du dollar et de la livre
devint une monnaie refuge. La France comblait son déficit commercial
par un excédent de la balance des capitaux.

SECTION III – LA CRISE DE 1931

La crise de 1929 dura plus que prévue. Elle désarticula l’économie


capitaliste qui, pour la première fois fut secouée dans ses principes
fondamentaux.
Les pays issus de la monarchie austro-hongroise et l’Allemagne
introduisirent des moratoires sur les obligations de payements à l’étranger
et adoptèrent des systèmes de contrôle des changes qui s’apparentaient
aux systèmes de rationnement en devises étrangères.
Sur le continent, le contrôle des changes se répandit aussi, des politiques
commerciales prirent une allure restrictive en faveur d’une compensation
des exportations et des importations, dans le but d’éviter des déficits des
balances de payements et des transferts de capitaux.
Les pays ne prirent aucune mesure pour équilibrer les taux de change
entre eux. Bien plus, au moment où les Britanniques introduisaient des
tarifs douaniers avec traitements préférentiels pour les pays du
Commonwealth, des américains augmentaient leurs tarifs douaniers.

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En conséquence, il découla de toutes ces dispositions un lent et incomplet
rétablissement du commerce mondial après 1933.
SECTION IV – LA CRISE DE 1937-1938 OU LES CONSÉQUENCES
DE L’ISOLATIONNISME

Les conséquences de la crise de 1929 n’avaient pas complètement disparu


au moment où des menaces pesaient sur la politique internationale.
La puissance de l’Allemagne se confirmait et les alliances entre
dictatures auguraient une situation explosive.
L’équipe démocrate au pouvoir aux Etats-Unis poursuivait une
politique économique basée sur une réduction du déficit des finances
publiques.
Il découla une crise qui occasionna une baisse de la production
industrielle de 30%, l’aggravation du chômage de 22%, repli des cours en
bourse.
Malgré la baisse du taux d’escompte de 0,5% en vue d’encourager
l’emprunt et l’amélioration les rendements des investissements, la
morosité dominait toujours dans les affaires. Il fallut en conséquence
accentuer, dès 1939, le déficit budgétaire pour qu’une tendance à la
reprise s’amorce.

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* *

La période d’entre-deux guerres fut riche en événements économiques et


sociaux. La première guerre mondiale fit apparaître les faiblesses et les
capacités d’adaptation du système capitaliste, contribua au renforcement
et au triomphe des politiques nationales.
Elle a vu apparaître la crise économique la plus grave que le monde
capitaliste ait jamais connue durant la première moitié du 20e siècle et
même durant les périodes antérieures de l’histoire des faits économiques,
a vu l’échec de la sécurité collective prévue par la Société des Nations et
la montée des dictatures fascistes.
L’histoire économique de la seconde moitié du 20 e siècle se profile à
l’horizon avec des événements majeurs imprimant une dynamique
nouvelle à la science économique.
Une époque se termine, une autre s’ouvre pour l’ensemble de l’économie
mondiale.

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