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Chapitre III: Le socialisme

Origines
Le socialisme est un courant de pensée qui s’oppose au capitalisme et aux
inégalités sociales qu’il engendre, en proposant une organisation
économique et sociale alternative, plus juste.
Origines:
- antiquité(Platon)
- renaissance: T.More (« Utopia/1515), G.Campanella (la « cité du soleil »
(1623))
Les idées des utopistes de la renaissance seront reprises à partir du 18°
siècle pour donner naissance au courant socialiste.
C’est une crise particulièrement grave, en 1848, qui donnera naissance au
« printemps des peuples », soulèvement révolutionnaire partout en Europe,
qui marque notamment l’émergence des mouvements ouvriers.
Apparition du terme
Sa première utilisation remonte à l’abbé Sieyés qui dans les années 1780 évoque un « traité du
socialisme » devant parler « du but que se propose l’homme en société et des moyens qu’il a d’y
parvenir ». Dans cette utilisation éphémère, le mot signifie alors « science de la société ».
C'est Pierre Leroux, qui réintroduit en 1831 le mot socialisme dans la langue française, cette fois
dans son sens moderne ; Leroux s'en attribue d'ailleurs la paternité. En mars 1834, il emploie le
néologisme dans un texte intitulé De l'individualisme et du socialisme
Les premières thèses « socialistes » sont considérées comme « utopiques » (expression de
K.Marx) car elles proposent des modèles de sociétés idéales, sans toutefois toujours expliquer
comment y parvenir, et qui semblent difficilement généralisables.
Les socialistes utopiques : Sont ainsi dénommées des penseurs dont les thèses critiquent la
société industrielle entre 1750 et 1850, et proposent des améliorations sociales.
Distinction socialisme « utopique »/ « scientifique »
Saint Simon
Bien que comte, saint Simon est la fois libre penseur, homme d’action (ayant participé à
la guerre d’indépendance américaine et à la révolution), homme d’affaire (qui finira
ruiné) et théoricien.
Dans le » système industriel »(1822) il développe des idées pré-socialistes, et voit dans
le développement du système industriel le moteur du progrès social.
Saint Simon a ainsi exalté le travail, et mis au centre de son analyse
l’organisation de ce travail et l’activité productive, sources de création de richesse.
Il oppose les producteurs et ceux qui ne créent pas de richesses.
La base du développement des forces productives est l’industriel, vu comme
« un homme qui travaille à produire ou à mettre à la portée des différents membres de
la société un ou plusieurs moyens matériels de satisfaire leurs besoins », et qui peut être
soit un cultivateur, un fabricant, un négociant… »
Saint Simon
Cette doctrine est dite « industrialiste ».
Dans la société, souligne Saint Simon, ceux qui ont un rôle primordial ne sont pas les nobles
oisifs ou les gouvernants, mais les scientifiques, et les producteurs, du banquier au maçon. Ce sont les
français les plus utiles à leur pays.
Saint Simon est ainsi favorable au « remplacement du gouvernement des personnes à
l’administration des choses »
 ce qui implique la transition de l’ancien régime au nouvel ordre social fondé sur l’industrie ; la
politique devenant une « science de la production ».
Le côté « socialiste » de Saint-Simon est lié à la volonté d’organiser et de planifier la France,
notamment à travers un " projet d’amélioration générale du territoire " pour enrichir le pays et
entraînant par suite une amélioration des conditions de vie de tous (mise en place de grands travaux).
Les industriels doivent contribuer à l’élévation matérielle et morale du peuple.
Les saint-simoniens
Les idées de Saint-Simon seront développées par la suite par le courant dit des
« Saint-Simoniens », qui perpétuent son œuvre.
Certains Saint-Simoniens vont encore plus loin que leur maître en proposant la fin
des privilèges de naissance, de l’héritage, ou prôner la collectivisation des
moyens de production.
Cette nouvelle société doit marquer la fin de « l’exploitation de l’homme par
l’homme » (Enfantin et Bazard/1829-1830).
D’autres s’écartent du contenu plus socialisant pour ne garder que l’apologie de
l’industrie, des grands travaux et de l’aménagement du territoire.
Les Saint-Simoniens seront à l’origine du développement de banques
d’investissement (frères Pereire), de creusement de canaux (canal de Suez) ou de
compagnies de chemin de fer.
Richard Owen (1771-1858)
D’origine modeste, il gravit rapidement les échelons pour se retrouver à la tête d’une grande
entreprise textile à New Lanark en Ecosse. Owen souhaite la transformer en entreprise modèle.
Loin des grands systèmes, il pratique le changement social à l’échelle de l’entreprise : baisse de
la durée du travail, amélioration des conditions de vie et de travail des salariés, création d’écoles
et de jardins d’enfants…
Il propose la création d’un village coopératif (basé sur la propriété commune) aux Etats-
Unis baptisé « New Harmony », et qui se soldera par un échec.
Revenu en Grande Bretagne, il crée un syndicat pour la défense des ouvriers.
Il propose également la création des « coopératives de consommation » (avec
répartition des bénéfices au prorata des achats de chacun). Owen va poser les bases du
mouvement coopératif.
Charles Fourier (1772-1837)
Critique vis-à-vis de la société de son temps, Charles Fourier propose la création d’un ordre social
nouveau à partir des « passions humaines ».
Il élabore ainsi un modèle d’association de travail et de vie, formée par un nombre bien
déterminé d’hommes et des femmes, choisis en fonction de la complémentarité de leurs
« passions ».
Il baptise ce projet le « phalanstère ».
La vie en commun s’impose : repas et éducation des enfants sont réalisés de manière
collective.
Les groupes se divisent ensuite pour collaborer à la réalisation de travaux le plus souvent
agricoles. La répartition des revenus se fait selon le talent, le travail, et le capital de chacun. Le
phalanstère fonctionne toutefois comme une « société par actions » : chaque membre apporte en
effet des capitaux (ce n’est donc pas complètement un projet de type « socialiste » !).
Phalanstère
Plusieurs communautés utopiques
ont été créées au 19° et 20° siècle
inspirées par les idées de Owen et
Fourrier mais la grande majorité
n’a pas survécu (en tout cas, pas
selon les principes initiaux).
Le familistère de Guise, situé dans
la commune de Guise, dans le
département de l’Aisne, voulu par
l'industriel JB.Godin pour
l'hébergement de ses ouvriers
Pierre-Joseph Proudhon
(1809-1865)
Proudhon a des origines modestes. Il se fait connaître par la
publication en 1840 d’un pamphlet intitulé : « qu’est-ce que la
propriété ? ». A cette question, il répond : « la propriété, c’est le vol ».
En effet, pour Proudhon, par la propriété, et notamment celle des
moyens de production, le capitaliste s’approprie une partie de la valeur
créée par les ouvriers : d’où l’exploitation de ces derniers.
Cela est notamment du au fait que l’association de travailleurs crée une
force collective, supérieure à la somme des forces individuelles. Ce
supplément de valeur créé par la force collective est récupéré par les
propriétaires des moyens de production ;
Ce que dénonce Proudhon, en fait, ce n’est pas tant la propriété en
elle-même, que la propriété capitaliste, fondée sur l’exploitation.
Proudhon
Pour lutter contre cette exploitation, Proudhon préconise
alors la libre association de travailleurs, la « mutualité », qui
implique que les travailleurs apportent librement leur travail
et retire de cette association une part plus importante que
celle qu’ils auraient obtenue en travail seul. Il s’agit d’une
auto-organisation des travailleurs.
Le mutuellisme constitue une troisième voie (entre
capitalisme et communisme).
L’anarchisme
Pour que la liberté et la justice sociale puissent s’instaurer : il faut que la société soit
organisée sur la base unique du contrat (et dont découle logiquement le « mutuellisme ») : le
recours à l’Etat est donc inutile.
Proudhon, penseur libertaire est également un des premiers anarchistes : la liberté des contrats
suffit a assurer l’ordre, l’Etat n’a plus de raison d’être. Il définit ainsi l’anarchie comme « la condition
d’existence des sociétés adultes, comme la hiérarchie est la condition des sociétés primitives » ;
Le socialisme de Proudhon (également qualifié de socialisme libertaire ou socialisme non étatique)
ne repose pas sur l’appropriation des moyens de production par l’Etat (contrairement à Marx).

Cependant, pour opérer ces transitions, Proudhon préfère la voie de l’évolution sociale,
l’émergence spontanée d’un ordre nouveau, plutôt que celle de la révolution, voie par laquelle il
s’opposera à Marx.
Karl Marx (1818-1883)
Karl Marx est né en 1818 en Prusse, au sein d’une famille bourgeoise d’origine
juive et convertie au protestantisme. Il poursuit ensuite ses études de droit puis de
philosophie à l’université, ou il se familiarise avec la pensée de Hegel.
Il poursuit ensuite une carrière de journaliste dans la presse d’opposition, ou il
critique le pouvoir, la religion et la censure. C’est justement la censure qui le
pousse à quitter la Prusse pour la France en 1943, où il fait la connaissance de
F.Engels, fils de riches industriels du textile, qui possèdent notamment des
manufactures en GB.
Ils adhèrent tous deux à la Ligue des communistes, et rédigent ensemble en 1948,
le « manifeste du parti communiste » ; En 1949, il s’installe définitivement en
Angleterre avec sa famille, où il va vivre une existence très modeste, souvent aidé
par son ami Engels.
Vie de Marx (suite)
Il participe en 1864 à la création de l’ « association
internationale des travailleurs » (AIT) ou « première
internationale », congrès ouvrier à l’initiative de
syndicalistes anglais, qui veut fédérer les mouvements
ouvriers partout dans le monde. Mais les dissensions
avec les anarchistes amèneront à la dissolution du
mouvement en 1876.
En 1867, il publie le premier livre de son ouvrage majeur
« Le capital », ouvrage d’économie politique, qui se veut
une critique du système capitaliste .
Il meurt en 1883, à Londres à 64 ans.
Le marxisme
Marx (1818-1845), philosophe et économiste allemand, a été influencé à la fois par les idées
progressistes des socialistes utopiques et par les outils de la pensée économique forgés par les
classiques, notamment Ricardo. Son analyse est également inspirée par la prise en compte de la
misère dans les classes laborieuses.
Le marxisme est à la fois une doctrine économique et philosophique. L'économie de Marx se
veut une critique du système capitaliste. Marx voit surtout dans le capitalisme l'exploitation des
classes laborieuse et pense qu'un autre système, le socialisme (mise en commun des moyens de
production) doit se substituer au système capitaliste. Il voudra donner un contenu scientifique
aux idées socialistes, à la différence des socialistes utopiques du début du 19°.
«Les philosophes n'ont fait jusqu'ici qu'interpréter le monde, il s'agit
maintenant de le transformer» (Thèses sur Feuerbach)
Continuité avec la pensée classique
1°) Il a une vision de la société découpée en classes sociales en conflit pour la répartition du
revenu. Alors que Ricardo retient 3 classes (travailleurs, capitalistes, propriétaires fonciers), Marx n'en
retient que deux (travailleurs (prolétaires) et capitalistes). Le conflit de classes est beaucoup plus
marqué chez Marx que chez Ricardo (exploitation→ « luttedes classes »)
2°) Comme Ricardo, Marx s'intéresse à la dynamique du système économique. Mais ces
conclusions sont nettement plus pessimistes que celles de Ricardo: Marx envisage l'avenir du capitalisme
comme une succession de crises jusqu'à sa disparition définitive.
3°) Marx se rattache comme Smith et Ricardo a une théorie de la valeur travail. La valeur d'un
bien est égale à la quantité de travail incorporé dans la production, soit la quantité de travail incorporé
dans les moyens de production (C) (que Marx appelle également le « travail mort » ( !) et la valeur
ajoutée par le travail vivant (VA). La différence majeure avec Ricardo vient surtout des conséquences de
cette théorie de la valeur: Marx en tire la démonstration de l'exploitation des travailleurs, alors que l'on
ne trouve rien de tel chez Ricardo.
Ruptures
1°) Marx ne croit pas en l'existence de lois économiques universelles.
Les lois économiques sont pour lui dépendantes du type de société dans
laquelle les hommes vivent.
Les lois économiques mises en évidence dans le cadre d'une société capitaliste
n'ont rien de naturel; elles ne sont valables que dans ce type de société.

2°) Contrairement aux classiques qui voient dans le capitalisme un


facteur de progrès social et vantent les vertus de la propriété privée et de
l'économie de marché, Marx voit surtout dans le capitalisme les tensions
sociales qu'il engendre. Contrairement à Say qui affirme l'impossibilité des
crises, Marx pense que l'évolution du système capitaliste sera rythmée par une
série de crises de plus en plus importantes jusqu'à sa disparition finale.
Le mode de production
Forces productives /rapports de production
« Les rapports sociaux sont intimement liés aux forces productives. En acquérant de
nouvelles forces productives, les hommes changent leur mode de production, et changeant
de mode de production, la manière de gagner leur vie, ils changent tous leurs rapports
sociaux. Le moulin à bras vous donnera la société avec le suzerain, le moulin à vapeur, la
société avec le capitaliste industriel » (Misère de la philosophie/1847)

Plusieurs MP se sont ainsi succédés tout au long de l’histoire de l’humanité : antique,


féodal, asiatique, capitaliste.
Le MPC n’est donc qu’une étape dans le développement de l’humanité : il se caractérise par
un développement des sciences et techniques ainsi que du machinisme, d’une part, et du
salariat d’autre part, reposant sur une appropriation des moyens de production par une
classe sociale, la bourgeoisie, exploitant le prolétariat.
Théorie de la valeur
Le capitaliste dispose des moyens de production. Supposons qu'il ait en sa possession une certaine somme d'argent, A. Cette
somme va servir à acheter des moyens de production, le capital constant, C, et louer la force de travail du salarié, capital variable,
V.
Avec cela, les ouvriers produisent des marchandises (M) que la capitaliste vend contre de l'argent, A'.
On a donc: A = (C+V) → M →A'

La valeur des marchandises est M = C + VA


c'est à dire matière première plus valeur ajoutée crée par le travailleur.
Si V< VA A' > A
La capitaliste récupère plus d'argent qu'il n'en a au départ, il fait une "plus-value" de montant:
PV = A' - A mais en exploitant la salarié puisque ce dernier produit plus de valeur qu'il n'en récupère (il produit VA,
il récupère V < VA).
La détermination des prix
Les prix sont des prix de production, c'est à dire qu'ils correspondent au prix de r evient
plus une marge calculée à partir du taux de profit moyen.

PV
On a: taux de profit = r = rapport PV/ K al avancé soit r 
C V

Le prix de vente du bien i est alors: pi = ci + vi + (ci + vi)r

Les prix de marché vont ensuite graviter autour des prix de production.
On peut reexprimer les taux de profit sous la forme suivante:

𝑝𝑣
𝑣
𝑟=
𝑐/ 𝑣 + 𝑣 / 𝑣

avec: PV/V: le taux de plus-value (PV sur capital variable avancé).


C/V: la "composition organique du capital" (rapport capital constant sur capital
variable).
« Loi tendancielle de diminution du taux
de profit »
Marx remarque à partir des données historiques que
le rapport C/V tend à augmenter, c'est à dire que la rapport
capital fixe/ travail augmente; Marx dit même que c'est une
"loi tendancielle du capitalisme".
Or, si C/V↗ , r ↘
Marx débouche donc sur la "loi tendancielle de
diminution du taux de profit".

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