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République Démocratique du Congo

Université officielle de Bukavu

U.O.B

B.P : 570 BUKAVU

FACULTE DE DROIT

DÉPARTEMENT DE DROIT ECONOMIQUE ET SOCIAL


COURS DE DOCTRINE SOCIALE
Destiné aux finalistes de l’option sociale
Dispensé par AMISI BWAGA Emmanuel
Juriste spécialisé en Droit économique et social
(Assistant de recherche et d’enseignement à l’Université officielle de Bukavu)
Collaborateur et enseignant au Complexe scolaire Espoir 1

ANNEE-SCOLAIRE 2021-2022
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1. Le socialisme réaliste

Il est encore appelé socialisme scientifique ou le marxisme dont Karl Marx en est le père.

A. KARL MARX ET L’AVENEMENT DU MARXISME (1818-1883)


a. Vie et œuvre

Karl MARX est un juif né en Allemagne le 5/5 1818 d’un père converti au protestantisme en
la personne de Heinrich Marx, avocat de profession et d’une mère issue de la bourgeoisie
hollandaise du nom de Henriette Prosbock. Karl Marx était le second enfant de sa famille.

Il avait reçu sa formation intellectuelle au lycée puis il a fait le droit et la philosophie à


l’université. En 1843 il s’est installé à paris où il fréquenta la ligue des jeunes.

Après avoir adhéré au communisme, Marx rédigea « la question juive et contribution à la


critique de la philosophie du droit. »

Deux ans plus tard c’est-à-dire en 1845, il fut chasse de Paris et s’installa en brésil où il
rédigea une œuvre appelée « idéologie allemande ». Au même moment, il fonda la ligue
communiste en 1859, Marx s’installa à Londres où il fonda l’association internationale des
travailleurs en 1864. Au courant de la même année il rédigea son œuvre principale
appelée « le capital »

b. Essentiel de sa pensée

Dans sa lutte, Marx avait assisté à une misère matérielle et morale de l’homme. Il constata
que les ouvriers étaient progressivement exploités par les bourgeois pour autant qu’à cette
époque, il n’y avait aucun contrôle politique des salariés.

Pour Marx, la propriété telle qu’elle est organisée est indéfendable, le régime capitaliste
concentre toutes les richesses dans quelques familles alors que revient de droit la propriété des
moyens de travail et de production à la communauté.

Karl Marx tendait à instaurer une société sans classe, une société dans laquelle l’égalité règne.
La doctrine de Marx est encore appelée « le socialisme scientifique. ». Selon ENGELS, le
marxisme doit être défini comme un socialisme scientifique car il prétend se fonder sur la
science positive. Il s’oppose ainsi à toute espèce de socialisme utopique.

Selon Marx, un homme n’est certain d’être un homme et n’est effectivement un homme que
lorsque d’autres hommes le reconnaissent comme un homme.
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Cette reconnaissance n’est possible que si l’homme s’est objectivé par son travail sur la
machine. Ainsi, est-il impossible de concevoir un être étranger place au-dessus de la nature de
l’homme car cette idée implique le non être de la nature de l’homme.

L’histoire montre qu’une classe sociale s’est aliénée, c’est celle des travailleurs.

c. La conception matérialiste de Marx

Le matérialisme est un courant philosophico-social qui prône le primat de la matière sur


l’idée. Karl Marx dégage que l’on ne peut saisir le réel dans sa totalité qu’en y découvrant des
éléments contradictoires entre eux et en opérant une synthèse entre ces éléments.

Le matérialisme dialectique consiste à étudier la société en analysant ses éléments


contradictoires tout en relevant les mécanismes par lesquels les forces sociales parviennent à
concilier ces derniers.

Le matérialisme historique prône que la vie sociale est essentiellement matérielle : c’est
l’avoir qui détermine le pouvoir. L’infrastructure détermine la superstructure.

Dans « la lutte des classes », Marx expose sur les antagonismes entre la bourgeoisie et le
prolétariat. L’objet de la lutte était la propriété privée des moyens de production. Pour lui,
l’histoire de toutes les sociétés égale la lutte des classes et porte sur la matière entant qu’avoir
et pouvoir. C’est ce qui constitue le contenu du matérialisme historique : ce sont les
conditions matérielles qui déterminent l’existence sociale. C’est la vision matérielle des
choses.

Dans « le manifeste du parti communiste » qu’il a écrit avec Friedrich ENGELS, il est fait
appel aux propriétaires de s’unir afin de résister à la dictature des bourgeois. D’où la fameuse
théorie de l’eschatologie du grand soir.

Dans « le capital », il développe son idée sur les deux modes de production capitaliste : les
forces productives et les rapports de production. Le terme technique utilisé par Marx pour
désigner les forces productives c’est l’infrastructure ou la base matérielle de la société. Le
terme utilisé pour désigner les idées, les lois, les contrats, c’est la superstructure.

En somme, Marx fait retenir que c’est l’infrastructure qui détermine en dernier essor la
superstructure.
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d. Le marxisme

C’est un socialisme car il prêche la suppression de la propriété privée et la socialisation des


moyens de production.

L’être humain isolé n’a pas d’humanité car son humanité n’est que et dans la société, c’est-à-
dire que l’homme se crée dans l’ensemble des rapports sociaux qui l’engendrent.

Ainsi, le travail est défini comme une autogenèse et une genèse de la société. La question est
savoir comment l’homme se crée-t-il. En effet, il se forge par :

- Le travail : il consiste à transformer la nature selon les besoins de l’homme.


- La théorie de la plus-value : par le capitalisme, le travail accroit l’argent qui l’achète,
c’est-à-dire le capital. Au fur et à mesure que le capital s’accumule par le travail
salarie, la quantité du travail non paye s’accroit : c’est la plus-value c’est-à-dire la
quantité du travail non restitue a l’ouvrier en salaire et qui fait le profit du capitalisme
au-delà de son dû. Ce mécanisme a pour conséquence l’exploitation,
l’appauvrissement, l’aliénation du prolétaire ainsi que le gonflement progressif du
capital, la concentration des richesses de la communauté entre les mains de quelques
hommes.

Ce phénomène avait conduit à la création de deux classes sociales :

- Le prolétariat
- La bourgeoisie

C’est cette transformation du travailleur en marchandise qui a fait que l’homme devienne un
objet, une machine à produire la plus-value profit du capitalisme.

Le système capitaliste du fait de son exploitation, souffre de deux tares :

- L’accumulation
- La concentration des richesses qui conduira à la ruine du prolétariat.

Faisant ainsi accroitre le rang des prolétaires et conduisant à l’unification de tous les
prolétaires du monde afin d’exercer une pression sérieuse sur toutes institutions capitalistes.
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B. Les disciples de Karl Marx


1. Friedrich ENGELS (1820-1895)

Il fut secrétaire et grand ami à Karl Marx à telle enseigne qu’il était devenu difficile de
distinguer ses pensées à celles de son maitre.

Dans la plupart de ses œuvres, il reprenait fidèlement la pensée de Karl Marx. Il avait écrit les
œuvres suivantes :

- La situation de la classe bourgeoise en Angleterre


- La dialectique de la nature(1873)
- La propriété privée de l’Etat(1884)

Il avait rédigé avec Karl Marx, les œuvres ci-après :

- Le manifeste du parti communiste(1814)


- L’idéologie allemande (1845-1846)

Il a le mérite d’avoir attaqué l’eugénisme économique. C’est pourquoi dans l’idéologie


allemande, il rejette le matérialisme.

2. LENINE OU VLADMIR ILITCH OULIANOV (1870-1924)

C’est un citoyen ayant abonde dans le même sens que Karl Marx. Sa pensée regorge deux
volets :

Sur le plan politique, il propose la lutte contre l’analphabétisme afin d’amener la population
concernée au niveau d’appropriation du pouvoir et leur donner le sens critique. A l’instar de
son maitre, il proposa aussi la suppression totale de la bourgeoisie.

Sur le plan économique, il prôna la collection des moyens de production. Engagé trop jeune
dans le mouvement révolutionnaire au rythme de Marx, il a dû s’exiler pour la première fois
en suisse dans les années 1900 où il rédigea sa 1er œuvre intitulée « le journal ». En 1902, il
présenta sa conception d’un parti révolutionnaire centralisé qu’il publia dans « Que faire ».
En 1908, il va rédiger le « matérialisme et empirisme ».Après, il va publier en
1917 « l’impérialisme » stade suprême du capitalisme. En 1918, il va rédiger le
« gauchisme » maladie infantile du communisme.
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3. JOSEPH VISVARIONOVITCH

Il fut homme d’Etat Russe qui avait insisté sur le nationalisme comme source du bonheur et
du bien-être des citoyens.

D’abord semi- Marxiste, il prit part à l’action révolutionnaire de 1895 et il s’était déposé
plusieurs fois. Devenu secrétaire général en 1922 au parti communiste, il affirma son autorité
après la mort de LENINE.

En 1928, il lança son premier plan général de la collectivisation de terre.

4. MAO TSE-TOUNG

C’est un ancien chef d’Etat chinois qui avait participé à la fondation du parti communiste dans
les années 1923.

Dans son parcours révolutionnaire, il dirigea l’insurrection avant de se réfugier au Kiang-Si


(1927-1934). Ici, il va organiser l’armée révolutionnaire et mettre en forme une réforme
agraire.

Il devient président du gouvernement provisoire des soviétiques en 1931 mais entre-temps, il


doit se battre contre les troupes nationalistes entre 1934-1935.

Arrivé à la tête du comité central, il va orienter le parti vers une politique d’alliance avec les
nationalistes de Chang Kai check dans le but de faire face à l’agression japonaise qui était
intervenue en 1937 à 1946.

C’est à partir de ce moment que MAO va essayer d’adapter le marxisme aux réalités chinoises
à travers les différents textes fondamentaux qu’il rédigea à cet effet.

Parmi ces textes, nous pouvons noter :

- Les problèmes stratégiques de la guerre en chine (1936)


- De la contradiction(1937)
- De la démocratie nouvelle.

Après trois ans de guerre civile de 1946-1949, les troupes nationalistes étaient obligées de
quitter le continent. Entre temps MAO proclama la République populaire chinoise le 01
octobre 1949.
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Devenu président de cette république, il s’oppose au modèle soviétique et devint un défenseur


acharné pour la cause du peuple. Le principe applicable dans le socialisme chinois « Tout
appartient à tous c’est-à-dire à l’Etat ». Il proposa la lutte contre la bourgeoisie, la
réforme agricole et la création des coopératives publiques.

En définitive, il est important de noter que le socialisme chinois s’était opposé au socialisme
soviétique ou Russe et réalisa deux méthodes principales de l’exploitation de la terre à savoir :
le kolkhoze et sovkhoze.

Le kolkhoze c’est l’exploitation de la terre par les paysans. C’est en outre une forme de
coopérative de production. Le sovkhoze en revanche, c’est de grandes formes de modèles de
l’Etat au sein desquelles l’on expérimentait les méthodes de culture scientifique
(l’introduction de la machine dans l’agriculture).

NB : le révisionnisme : c’est une doctrine selon laquelle le génocide pratiqué par


l’Allemagne nazie à l’encontre des juifs et tsiganes n’a pas existé mais relève d’un mythe,
d’une escroquerie. L’auteur du communisme appelé révisionniste est VLADIMIR LENINE
Jabotinsky.

Chapitre 4. LE SOCIALISME AFRICAIN

A. Notion

Depuis les temps immémoriaux, l’Afrique a été négligée et les africains ont été traités de sans
histoire. Certains penseurs occidentaux iront jusqu’à affirmer que l’africain est un animal qui
vient de perdre sans queue et qu’il a une mentalité primitive et archaïque. Il agit par émotion.
C’est pourquoi le blanc a procédé à la traite negrière puis à la colonisation.

D’ores et déjà, pour mettre fin à ce défi, il a fallu un relèvement de l’humanité africaine pour
l’africain lui-même.

C’est ainsi que s’inspirant des structures socio-économiques traditionnelles soutenues par la
politique socialiste en général qui défend la lutte contre l’impérialisme, la reconstruction
nationale, le développement économique et la promotion de l’homme, certains leaders
africains ont émis le vœu de la création d’un socialisme africain.

Cette prise de conscience s’est matérialisée dans le contexte de la décolonisation en vue de la


réunification des tribus d’Afrique et de la promotion de l’économie de paix.
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Ce socialisme part de la loi fondamentale des négro-africains qui est celle de la solidarité et
de la fraternité clanique. Au clair, le socialisme africain s’appuie sur des valeurs
traditionnelles pour combattre l’industrialisme occidental importé en Afrique par le vent
colonial. C’est une arme contre les colonisateurs, il bat en brèche la lutte des classes, le
matérialisme et le totalitarisme étatique.

B. Quelques leaders africains précurseurs du socialisme africain

1. JULIUS NYERERE (1922-1999)

Il fut un homme politique et premier président de la République unie de Tanzanie ancienne


république de Tanganyika.

Fils d’un petit chef de butrama sur le territoire de ce qui était la colonie Allemande de 1891-
1919, il reçoit une formation d’enseignant et se lance en politique en 1954 ou il fonda la
Tanganyika Africain National Union (TANU).

Il devient président du conseil national après la victoire de TANU aux élections de 1960. Il est
le premier ministre lorsque le pays a accédé à l’indépendance en 1961.

En décembre 1962, il est élu président de la république de Tanganyika. En 1964,


consécutivement à une révolte du type marxiste sur l’ile de zanzibar placée sous la
domination arabe et après que sultan ait été renversé, NYERERE unifie les deux territoires
qui constituent la République unie de Tanzanie dont il devint président.

A la tête d’une république gouvernée par un parti politique, Nyerere joue un rôle dans le
mouvement de la libération africaine offrant ainsi refuge aux membres du congrès national
africain(ANC) ainsi qu’aux nombreux rebelles du Zimbabwe (Rhodésie du sud) et du
Mozambique, de l’Angola et de l’Uganda.

En 1978 sous son commandement, l’armée tanzanienne pénètre en Uganda pour renverser la
dictature d’Amir Dada. Fervent défenseur de la dictature africaine traditionnelle, Nyerere
préconise l’usage de swahili comme langue officielle sous sa présidence. La Tanzanie devint
alors le premier Etat africain à avoir pour langue officielle une langue locale.

Son gouvernement mit l’accent sur « Ujamaa », en français « communauté ». Ujamaa est
une forme de socialisme rural qui traduit l’unité africaine.
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Il démissionne de sa fonction de président de la république en 1985 mais continua de tenir les


rênes de la TANU jusqu’en 1990.

Trois éléments phares caractérisent la doctrine de NYERERE. Il s’agit de :

- Une société de respect : Dans la société africaine, les hommes doivent se respecter
mutuellement non pas en raison de ce qu’ils ont mais pour ce qu’ils sont. Il insiste que
les vieillards doivent être impérativement respectés pour autant qu’ils sont les sacrés
dépôts de la sagesse. Ainsi, formerons-nous une société humaine où la vie aura son
vrai sens.

- L’économie : la terre est la source des richesses, elle n’est pas une propriété privée de
certaines personnes mais chacun doit recevoir une portion ou un lopin de terre qu’il
exploite pour produire les biens communs.

- La démocratie : Nyerere refuse de confier la gestion de la cite à l’élite intellectuelle


africaine et soutient en revanche que c’est plutôt le peuple tout entier qui devra
s’élever afin de lutter contre la pauvreté, l’ignorance, les maladies,…

2. NKWAME NKRUMAH (1909-1972)

Ce Ghanéen fonde le CPP (Convert peoples party) en 1942 et devient le 1 er ministre en 1952
au moment de la gold coast, actuel Ghana dont il devint le président en 1960. Il fut renversé
en 1966 par un coup d’Etat militaire. Il déclare que pour arriver à l’indépendance réelle et au
développement de l’Afrique, il faut rompre avec l’occident.

Instituteur, il séjourne de 1935 à 1945 aux États-Unis où il acquiert un diplôme universitaire


et adhère aux thèses panafricanistes en dénonçant la Seconde Guerre mondiale comme une «
affaire de Blancs » : « Vous parlez de choisir entre les Britanniques et les Allemands. Pour la
véritable renaissance de l’Afrique, il ne doit pas y avoir de choix. Pourquoi devrions-nous
choisir entre la barbarie impitoyable des nazis et l’exploitation et la domination froide,
suffisante et sans cœur avec laquelle les Britanniques ont assujetti notre peuple depuis de si
nombreuses années ? Non ! C’est notre devoir de construire, pas de choisir mais de procéder à
l’unification et aux développements, de telle sorte que, peu importe qui sera vainqueur dans
cette guerre, ceux qui espèrent exploiter et maintenir un empire, qu’ils soient britanniques ou
allemands ou n’importe quoi d’autre, qu’ils trouvent un enfer vivant en Afrique. » (Cité par J.
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M. Akita (ed.), Commission on Kwame Nkrumah Papers, Accra, 1965, et M’Bokolo, 2008, p.
441). Contemporain du garveyisme, le panafricanisme apparaît dès 1900. Il est porté par
William Edward Burghardt Du Bois (1868-1963), universitaire noir américain, qui, à la
différence de Garvey, défend l’égalité de droits entre les races et s’oppose à toute notion de
supériorité de l’une sur l’autre. Du Bois organise des congrès dans l’entre-deux-guerres dont
l’objectif prioritaire est d’obtenir des puissances coloniales une reconnaissance des services
rendus par les Africains pendant la guerre et un nouveau statut pour la race noire en Afrique.
Nkrumah fait partie des hommes qui gravitent autour de Du Bois comme Kenyatta avant lui.

En 1942, Nkrumah est élu président de l’ASA, cette association des étudiants africains née un
an plus tôt aux États-Unis pour agir en tant que porte-parole du continent africain, dénonçant
le colonialisme dans son principe même : « La cause des Africains est partout une avec la
cause de tous les peuples du monde, descendants des Africains. [...] Unité, liberté,
indépendance, démocratie – cela devrait être notre mot d’ordre, notre idéal. [...] Le temps est
venu de nous rappeler notre Mère Afrique et de bâtir pour elle un futur glorieux et
indépendant » (The African Interpreter, été 1943). Aussitôt après avoir participé au congrès
panafricain qui se tient à Manchester en 1945, il crée un Secrétariat national ouest-africain,
activement soutenu par la WASU (West Africa Students Union), destiné à promouvoir une
fédération ouest-africaine. En 1947, il est invité à prendre la direction de l’United Convention
of the Gold Coast, puis rentre au pays après 12 ans d’absence. Dès lors, le panafricanisme
s’identifie en partie avec la lutte pour l’indépendance de la Gold Coast : Nkrumah y organise
un congrès panafricain en 1953 à Kumasi ; il recrute George Padmore comme conseiller aux
affaires africaines en 1958, et organise la même année à Accra deux conférences
panafricaines, celle des chefs d’État et de gouvernement en avril, et celle des peuples et des
partis en décembre. En 1963, il est l’un des fondateurs de l’Organisation de l’unité africaine
(OUA). Dans le même temps, il prend la tête du mouvement pour l’indépendance. En 1949, il
fonde le Convention People’s Party (CPP), modèle des grands partis de masse africains, et
combine l’agitation légale et les techniques inspirées de Gandhi de grève et de boycott. Le
parti subit la répression britannique lors des grèves de février 1948 et janvier 1950 tandis que
Nkrumah est arrêté à plusieurs reprises. Avec la victoire du CPP aux élections de 1951,
Nkrumah commence à négocier avec les Britanniques, qui accordent à la Gold Coast le self-
government en 1956 et reconnaissent la pleine indépendance le 6 mars 1957. Le Ghana entre
dans le Commonwealth. Accusé d’autocratie, il est renversé par une junte militaire en 1966.
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Son idéologie est le « conscientialisme » lui permettent d’analyser la situation des pays
africains nouvellement indépendants et découvre le néo-colonialisme et le néo-impérialisme.
En outre, les pays africains n’ont qu’une apparente indépendance vis-à vis de l’occident.

A travers son idéologie, Nkrumah cherchait à éveiller l’Afrique sur un changement radical.
Que les africains mettent en œuvre leurs moyens pour construire une société humaine
africaine. Il déclare à cet : « l’ancêtre du socialisme africain est l’esprit communautaire et
le communisme ».

Le socialisme de ce panafricaniste apparait parfois dans le marxisme sous un dicton devenu


populaire : « pratique sans théorie est aveugle et théorie sans pratique est vide ».

3. JOMO KENYATA (1893-1978)

C’est un homme d’Etat kenyan luttant pour l’indépendance de son pays depuis 1925. Il
devient 1er chef du gouvernement en 1956 et président de la République en 1964. Il fut
constamment réélu jusqu’à sa mort.

On s’attachera d’abord aux expressions de « père de l’indépendance du Kenya » et de «


javelot flamboyant » – surnom hérité de sa participation à la révolte des Mau Mau en 1952.
Rappelons que Kenyatta s’était toujours déclaré fermement opposé à l’emploi de la force, ce
qui ne l’empêcha pas d’être considéré par les Britanniques comme le responsable et le chef
occulte du mouvement, et à ce titre emprisonné pendant dix ans. Cet emprisonnement en fit
un héros, et donc le chef incontesté pour l’accession à l’indépendance, obligeant les
Européens à renouer le dialogue avec lui.

Kenyatta fut d’abord « le javelot flamboyant » puis, en tant que président de l’État
indépendant jusqu’à sa mort (1963-1978), le Mzee (« l’ancien », le « vieux lion »), c’est-à-
dire l’homme d’expérience qui, ayant acquis la sagesse et la lucidité, peut dispenser un
enseignement. De son côté, Kwame Nkrumah était appelé par les Ghanéens l’Osaqyefo (« le
faiseur de victoires », « le général victorieux ») tandis qu’en Côted’Ivoire Félix Houphouët-
Boigny, d’abord considéré comme le « magicien invisible » et « le bélier, défenseur du peuple
», est devenu « le vieux », dans le sens de dépositaire de la conscience morale et politique et
celui de père. Une autre phrase mérite éclaircissement : « Depuis l’indépendance en 1963, il
se présentait à son peuple et à l’étranger comme un homme d’ordre, conciliant l’originalité de
l’organisation tribale avec le principe d’union sans négliger de bonnes relations avec la
Grande-Bretagne. » On rappellera notamment que Kenyatta publia en 1938 à Londres sa
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thèse, Facing Mount Kenya, qui exaltait la société traditionnelle kikuyu et attaquait la
colonisation. La Kenyan African National Union (KANU), créée en 1960 par Tom Mboya, fit
partie de ces partis indépendantistes à vocation nationale s’efforçant de rassembler dans leur
combat les populations vivant sur le même territoire. Ses succès portèrent Kenyatta au poste
de Premier ministre, le 1er juin 1963, dans le cadre de l’autonomie. Répondant à la
préoccupation britannique de protéger les minorités blanche et asiatique, il affirmait qu’il y
avait dans son pays « une place pour tous les immigrants ». Libéré en 1961, il conduisit les
négociations qui amenèrent le Kenya à l’indépendance, le 12 décembre 1963, au sein du
Commonwealth, avant qu’il devienne en 1964, une république parlementaire et centralisée.

Une troisième phrase permettra de poser la question de l’action de ces leaders au lendemain
des indépendances : « Président à vie depuis 1974, à la tête d’un parti unique, il devait
préserver son pays prospère des remous qui secouent le continent africain, et ceci malgré
l’effondrement de la Communauté est-africaine, que ce soit le conflit entre l’Éthiopie et la
Somalie, l’incertitude de la diplomatie ougandaise, ou les difficultés avec la Tanzanie. » On
explicitera ces allusions aux dérives autoritaires et militaristes, dont témoignaient d’autres de
ces « pères fondateurs », autant qu’aux difficultés de développement. On éclaircira aussi
l’allusion à la Communauté est-africaine, qui réunit la Tanzanie, l’Ouganda et le Kenya, le 1er
décembre 1967, et qui constitue l’une de ces zones douanières dont une grande partie de
l’Afrique se couvrit pendant les années 1960. « Toutefois Nairobi a dû accentuer ses efforts
d’armement, ce qui ne va pas sans porter préjudice à l’économie nationale. Autre difficulté à
venir avec la disparition du président Kenyatta, les rivalités internes risquent de se réveiller.
Jusqu’à présent, il avait su les mettre en sommeil à l’aide d’un cri de ralliement qui traduisait
toute sa politique : harambee, ce qui signifie : “en avant !” » De fait, des rivalités intra-kikuyu
vont se faire jour lors de la succession de Kenyatta.

Au bilan, on verra comment le court reportage reprend bien des ingrédients des malheurs de
l’Afrique et du rôle de ses dirigeants dans ceux-ci. On réfléchira à l’effet cumulatif que ces
faits peuvent produire sur le spectateur français.

Son idéologie était : « le socialisme africain démocratique ». Il déclare : « nous avons le


droit de revendiquer dans notre pays le développement sur base du concept et de la
philosophie su socialisme africain démocratique et nous rejetons le capitalisme
occidental ».
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4. KENNETH DAVI KAUNDA

Est un homme d’Etat zambien devenu 1er ministre de la Rhodésie du nord puis président de la
République de Zambie depuis l’indépendance de ce pays en1964.

Son idéologie est : « l’humanisme africain ». Pour lui, ce que l’Afrique doit donner à la
culture du mondiale c’est l’enrichissement des relations humaines et non pas la technologie
comme l’occident et encore moins le capitalisme.

Selon cet auteur, une société centrée sur l’homme doit triompher sur celle centrée sur l’avoir,
le savoir et le pouvoir.

5. LEOPOLD SEDAR SENGHOR (1906- 2001)

Il fut homme d’Etat et écrivain sénégalais agrégé de l’université et député à l’Assemblée


Nationale française en 1946.

Deux ans après, il était devenu le chef de fil du bloc démocratique sénégalais et devient
président de la république en 1960. Il quitta volontairement son poste 20 ans après soit en
1980.

Senghor prend la défense de sa race contre les idéologies occidentales qu’il a ridiculisées. Son
idéologie est « la négritude, un humanisme africain fondé sur l’âme noire ».

Son but était de définir l’apport de l’Afrique à la civilisation de l’univers. Il s’agit des valeurs
et cultures ancestrales comme objet de civilisation.

6. MOBUTU SESE SEKO (1930-1997)

Il fut homme d’Etat zaïrois et chef d’Etat-major de l’armée congolaise qui s’empara du
pouvoir par un coup d’Etat militaire en 1965 qui lui permit de devenir président de la
république et chef du pouvoir gouvernemental de Kinshasa. Il sera chassé par l’AFDL
(Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) le 17/05/1997.

Son idéologie est « l’authenticité ». Il estime que pour parvenir au développement, il faut
recouvrir les valeurs ancestrales. Il ajoute qu’il faut exploiter ces valeurs et en faire nôtres.
Celles que nous aurons choisies comme bonnes, nous les adopterons pour notre essor et
rejeter celles que l’on juge comme mauvaises.

MOBUTU a fini par constater les réalités subséquentes :


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- Le libéralisme et le capitalisme avaient abouti à l’exploitation de l’homme par


l’homme en voulant maximiser trop de richesses.
- Le socialisme et le communisme quant à eux avaient abouti à la suppression de la
propriété privée : élément fondamental pour l’épanouissement de l’homme.

En somme, il ressort de ce qui précède que toutes ces doctrines se bornaient uniquement sur
l’aspect matériel l’homme pour son bonheur.

MOBUTU prétend recourir aux ancêtres pour réussir là où les autres ont échoué.
Malheureusement il n’y parvient pas jusqu’à son décès.

En définitive, le socialisme africain qu’il soit vécu dans n’importe quel coin de l’univers
propose la propriété privée et l’obligation du travail. Cependant, en dépit des efforts
conjugués les résultats demeurent infructueux. Les africains n’ont pas réussi à murir cette
théorie qui semblait être taillée à mesure de leurs propres réalités quotidiennes.
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Chapitre 5. LES DOCUMENTS PONTIFICAUX SUR LA QUESTION SOCIALE :


LES ENCYCLIQUES

A. Notion

Par « encycliques » il faut entendre les différents documents ou œuvres rédigés par les
souverains pontifes (papes) et qui portent sur le bien-être social, politique et économique des
citoyens dans le monde. C’est une lettre solennelle du Pape adressée aux patriarches, primats,
archevêques, évêques et aux fidèles.

B. Quelques papes et leurs encycliques


1. LE PAPE LEON XIII

Durant son règne au pontificat il avait eu à rédiger un certain nombre d’encycliques entre
autre :

a. RERUM NOVARUM (le 15/15 /1891)

Dans cette encyclique, le pape souligne le rapport entre le prolétariat et la bourgeoisie, c’est-
à-dire des rapports réciproques entre les ouvriers et patrons ainsi que la nécessité d’une
législation sociale principale.

Le pape cherche une réponse équilibrée en examinant les cas ci-après :

- Il dénonce les abus du libéralisme et les injustices dont victimes les travailleurs :
l’encyclique insiste sur le droit et le devoir d’intervention de l’Etat dans la vie
économique, avant tout en faveur des défavorisés et des indigents. De plus, les salaires
doivent respecter le minimum vital : le salaire ne doit pas être insuffisant à faire
subsister l’ouvrier sobre et honnête. un salaire doit être assez fort pour parer aisément
à ses besoins et à ceux de sa famille.
- Il rejette d’autre part la solution socialiste : la propriété privée doit être respectée.
- Il envisage la collaboration et non la lutte des classes : Léon XIII recommande
l’association professionnelle qui regroupe soit patrons et ouvriers, soit les ouvriers
seuls. Il conclut en rappelant que la première réforme qui s’impose, c’est la
restauration des mœurs chrétiennes.
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b. INSECUTABILI (04/ 1978)

Cette encyclique porte sur les maux de la société moderne, les causes et leurs remèdes. Dans
ses analyses, le pape a constaté l’empiètement du pouvoir politique sur les droits de l’église et
le mariage.

c. QUOD APOSTOLI

Cette encyclique porte sur l’autorité et la compétence de l’Eglise en matière politique et


sociale.

Dans cette œuvre, le pape insiste sur les droits de la propriété privée et l’engagement des
ouvriers contre le communisme.

d. ARCANUM DIVINAE SAPIENTIAE

Cette encyclique porte sur la famille et le mariage chrétien.

e. IMMORTABOLI DEI (15/11/ 1885)

Cette encyclique insiste sur la primauté de l’autorité divine dans l’exercice du pouvoir
temporel.

Dès lors que Dieu est doté d’une sociabilité naturelle : toute création et communauté humaine
ont besoin d’une autorité qui la régie.

f. IN PLURIMUS (05/ 1888)

Cette encyclique porte sur l’abolition de l’esclavage au Brésil. Le pape exprime le souci de
l’égalité entre les hommes.

g. EXENTE JACUM ANNO (12/ 1888)

Cette encyclique porte sur la morale et la vie chrétienne. Le pape aborde des questions
relatives à l’argent et au rationalisme et matérialisme.

h. SAPIENTAE CHRISTIANAE (10/01/ 1988)

Le pape insiste sur les principaux devoirs civiques des chrétiens. Il s’intéresse aussi au
progrès matériel et à la vie chrétienne.
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2. JEAN XXIII (1881-1963)


a. MATER ET MAGISTRA (15 mai 1961)

C’est un document publie au 70eme anniversaire de rerum novarum :

- Rappel de points de doctrine déjà exposes dans les documents antérieurs


- Le tiers monde entre en scène : les problèmes agricoles, le développement du tiers
monde, le problème démographique, des idées nouvelles comme l’autofinancement, la
cogestion, les réformes de structures dans les entreprises et les formes nouvelles de
propriété.

b. PACEM IN RERRIS (le 11 mai 1963)

Dans cette encyclique, le pape rappelle l’ordre qui doit régner entre les hommes, la paix entre
les nations est fondée sur la véritable justice et la liberté.

Pour soigner les relations entre les pouvoirs publics et les hommes, il faut l’instauration d’une
vraie communauté politique.

Pour instaurer une véritable paix sur terre, il faut :

- La promotion économique et sociale des travailleurs


- La libération de la femme
- La libération des peuples colonisés
- L’urgence du désarmement
- La collaboration entre catholique et no-catholique
- La mission des organismes internationaux en faveur de la paix.

c. PATRE CATHEDRAM (29/06/1953)

Ce document porte sur la vérité, l’unité et la paix. Pour promouvoir l’unité et la concorde
entre le peuple, il faut entretenir la fraternité universelle et privée.

Pour promouvoir ces valeurs il faut respecter les devoirs de la radio, de la presse, la télévision
et du cinéma.
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3. PAUL VI (1897-1978)
a. POPULORUM PROGRESSION (26 mars 1967)

Dans cette encyclique le pape rappelle le développement et le nouveau mot de la paix.

Pour lui, le développement n’est pas une simple naissance économique mais bien la
promotion intégrale de tout homme.

Ainsi, pour y parvenir il faut permettre à tout homme d’accéder aux responsabilités et les
mettre à l’abri de toute agression qui offense leur dignité.

b. HUMAE VATAE (25/07/1968)

Cette encyclique porte sur la paternité et la maternité responsable dépendant des conditions
physiques, économiques, psychologiques et sociales de la famille d’un part et d’autre part, de
la décision réfléchie et généreuse prise pour des motifs sérieux dans le respect de la loi morale
afin d’éviter des naissances nombreuses.

4. BENOIT XVI
a. DEUS CARITAS EST (25/01/2006)

Cette encyclique sociale porte sur l’amour et la charité prônés par l’église.

b. SPE SALVI (30/11/2009)

Ce document porte sur l’espérance et le jugement. Le pape y affirme la nécessité d’une


autocritique de l’ère moderne dans un dialogue avec le christianisme.

c. CARITAS IN VERITATE (07 juillet 2009)

Cette encyclique porte sur l’apport de l’église sur toutes les questions économiques et
sociales.

En effet, une économie sans âme ne peut pas avoir de succès dans la mesure où l’économie ne
se limite pas seulement de faire le profit mais à assurer la promotion et la dignité.

Dans toute économie, il faut y intégrer de grandes questions de valeurs et de morales.


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5. JEAN-PAUL II (1920-02/04/2005)
a. LABOREM EXERCENS (14 septembre 1981)

Dans cette encyclique le pape souligne que le travail est clé de toutes les questions sociales. Il
souligne le rapport entre l’homme et le travail dans la nouvelle condition technologique,
économique et politique.

Il rappelle ensuite la solidarité et la dignité des travailleurs ainsi que de leurs droits.

b. FAMILIARIS CONSORTIO (22/11/1981)

Ce document porte sur les taches de la famille. Le pape insiste sur la dynamique de l’amour
conjugal, la communion personnelle, l’identité et la mission de la famille.

c. SOLLICITUDO REI SOCIALIS (30 décembre 1978)

Le pape rappelle l’intérêt que l’église doit attacher à la question sociale : elle doit viser le
développement authentique de l’homme et de la société toute entière ainsi que le respect et la
promotion de la personne humaine dans toutes ses dimensions.

Dans ce document, le pape rappelle que l’homme et la femme sur tous les plans sont égaux.

d. CENTESIMUS ANNUS (1 MAI 1991)

Ce document pontifical publié à l’ occasion du centenaire de rerum novarum. Apres avoir


immortalise le document de son devancier, le pape appel un vibrant en ces termes : « en
effet, les églises chrétiennes, les grandes religions, les hommes de bonne volonté et l’Etat
doivent prendre leurs responsabilités en mains afin de lutter contre le chômage et
assurer aux travailleurs un salaire digne pouvant assurer leur survie et l’épargne ».

6. PIE XI
a. QUADRAGESIMO ANNO (15 mai 1931)

Après avoir rendu hommage à Léon XIII, pousse plus loin la recherche :

- L’aspect social de la propriété privée : le but de la propriété est le bien commun


- Les droits des travailleurs
- Des critères visant à déterminer le juste salaire
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- Il estime que la restauration de l’ordre social requiert les reformes structurelles(les


corporations) et une réforme des mœurs. Tout en dénonçant les abus du capitalisme, il
affirme que le système, quoique vicie, n’est pas mauvais en soi. Il reconnait des
mérites au socialisme modéré, mais l’estime incompatible avec la foi chrétienne.
- Il conclut en affirmant qu’une complète rénovation de l’esprit chrétien doit
accompagner la restauration sociale tant désirée.
7. PAPE FRANCOIS
a. LUMEN FIDEI

Cette encyclique porte sur la foi chrétienne. Le pape y rappelle que tout est grâce au regard de
la complexité et de la contradiction de la vie.

Une telle affirmation s’est avérée naïve et abstraite aux yeux de certaines personnes ayant
traversé des situations épouvantables. C’est en revanche une utopie.

En effet, la lumière qui provient de la foi illumine les profondeurs des réalités et nous aide à
reconnaitre des signes indélébiles de la bonne initiative divine.

b. CHRISTUS VIVIT
c. LANDATO SI

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