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Cours d’histoire de la pensée économique

L 1 I A E- S 2 - B. PA L A N C A
Plan du cours
Chapitre I: l’économie pré-capitaliste et les prémices de la pensée
économique
Chapitre 2: la révolution industrielle et l’école classique
Chapitre 3: le socialisme
Chapitre 4: la théorie néo-classique
Chapitre 5: les économistes autrichiens
Conclusion: introduction à Keynes (sa vie, ses combats)
Chapitre 1:
l’économie pré-
capitaliste et les
prémices de la
pensée économique
Antiquité
Le terme économie apparaît en Grèce avec Xénophon,
philosophe du 5° siècle av JC, élève de Socrate.
Ce terme vient de deux termes grecs : « oîkos » qui signifie
maison et de « nomos » qui représente les règles.
L’économie serait donc l’ensemble des règles de conduite
des activités domestiques, l’administration du domaine.

Platon (5° siècle av JC): modèle de cité idéale sans propriété


privée
Aristote (4°siècle av JC)
Réflexion sur la richesse, à partir de considération éthiques. Il
distingue ainsi :
- la véritable richesse, qui désigne les biens indispensables à la
vie
- et la fausse richesse, constituée de biens superflus, qu’il
condamne ; l’objectif de l’existence n’étant pas l’accumulation
de richesses (chrématistique), mais « la vie heureuse ».
L’accumulation de richesse ne doit pas être une fin en soi.
Distinction entre l’économique (ou chrématistique
« naturelle ») et la chrématistique proprement dite
(accumulation de richesse pour elle même)
Aristote
* Réflexion sur la monnaie, et la mise en évidence de ses trois
fonctions : étalon de valeur, instrument de transaction
(intermédiaire des échanges), et instrument d’épargne
(réserve de valeur)
Selon Aristote, la monnaie est avant tout un instrument
d’échange
Condamnation de l’usure
Thomas D’acquin
- légitimation de la propriété privée,
du commerce
- doctrine du juste prix
- condamnation de l’usure
La doctrine
mercantiliste
1492: découverte de
l’Amérique, début de la
colonisation du nouveau monde
- mise en place du commerce
triangulaire

Développement du
capitalisme
commercial
Le mercantilisme
Développement de la première doctrine
économique, le mercantilisme, au 16° et 17°
siècle
Objectif: enrichissement du roi par le biais de la
nation
Assimilation de la richesse et des métaux
précieux
Bullionisme: mercantilisme espagnol fondé sur
l’afflux de métaux précieux (Ortiz/1588)
Antoine de
Montchrestien
Auteur d’un traité d’Economie politique en 1615, (et inventeur du
terme).
« On peut fort à propos maintenir, contre l’opinion d’Aristote et de
Xenophon,, que l’on ne peut diviser l’économie de la politique sans
démembrer la partie principale de son tout et que la science
d’acquérir des biens qu’ils nomment ainsi est commune aux
républiques aussi bien qu’aux familles » .
Dans cette perspective d’enrichissement du prince et de la nation,
Montchrestien insiste sur le rôle fondamental des marchands :
« D’où l’on peut conclure que les marchands sont plus qu’utiles en
l’Etat, et que leur souci de profit, qui s’exerce dans le travail et
dans l’industrie, fait et cause une bonne part du bien public . Que
pour cette raison, on doive leur permettre l’amour et la quête du
profit, je crois que tout le monde l’accordera… » (A.de
Montchrestien).
Principe du mercantilisme
« Il faut de l’argent, et n’en ayant point de notre cru, il faut en avoir des étrangers »
et donc l’attirer par le biais de l’activité commerciale ».
Pour cela, il faut accroître les exportations (et donc faire apparaître une balance
commerciale excédentaire (notamment par le recours à des mesures
protectionnistes). La notion de balance commerciale est théorisée par l’anglais
Thomas Gresham en 1549.
Si les exportations sont supérieures aux importations, cela se traduira par
une sortie nette de marchandises, et donc une entrée nette de monnaie.
Apologie du commerce chez Montesquieu, philosophe des lumières : « c’est
presque une règle générale, que partout où il y a des mœurs douces, il y a du
commerce, et que partout où il y a du commerce, il y a des mœurs douces »
Il utilise le terme de « balance du commerce »
Politique mercantiliste
1°) développer les industries nationales pour
permettre les exportations
2°) Développer les exportations et freiner les
importations: par la création de barrières protectionnistes (en
Angleterre: actes de navigation/1651).
3°) Favoriser le commerce, la flotte commerciale et la
création de compagnies nationales.
4°) Mener une politique de conquêtes coloniales de
manière à obtenir des matières premières et trouver des
débouchés.
Il s’agit donc clairement d’une politique interventionniste, et
protectionniste.
Colbert
« Il est certain que pour augmenter les 150 millions qui roulent dans le
public de 20, 30 et 50 millions, il faut bien qu’on le prenne aux Etats
voisins… et il n’y a que le commerce seul et tout ce qui en dépend qui
puisse produire ce grand effet » (Colbert).
- Création et le développement des manufactures royales : tapisserie
aux Gobelins, glaces à saint Gobain…
- contrôle renforcé des corporations de métier est instauré. (la
première réglementation des corporations date de Barthélemy de
Laffemas, ministre de Henry IV avec la création des chambres d’art et
de métiers pour les superviser).

La manufacture d’armes de St Etienne, également manufacture royale, est-elle créée en 1764, sous
Louis XV.
Cantillon et Mun
Cantillon et Mun annoncent ainsi au
17° siècle que:
"des forces automatiques tendent à
redistribuer naturellement les métaux précieux
entre les pays commerçants du monde et fixer
le niveau intérieur des prix des différents pays
de telle façon que leurs exportations égalent
leurs importations".
L’entrée d’or suite au commerce entraine une
augmentation du niveau des prix qui inverse le
solde de la balance commerciale.
Augmentation des prix, notamment en
Espagne
Controverse
Bodin/Malestroict
Jean De Malestroit explique la croissance des prix par des
manipulations monétaires, réalisées par les souverains (spéculation,
variation du poids en métaux précieux des monnaies…).
Jean Bodin, s’il ne nie pas l’importance des phénomènes décrits par
Malestroit, rattache surtout cette inflation à la surabondance de
métaux précieux.
L ‘accroissement des stocks de métaux précieux est allée
plus vite que celle des produits réels, ce qui a entraîné une
dépréciation de l’or et de l’argent (la relation mise en évidence entre
stock de monnaie et inflation est donc l’ancêtre de la théorie
quantitative de la monnaie).
La mise en évidence d’une relation strictement proportionnelle entre le volume de la
masse monétaire et le niveau des prix sera établie en 1588 par l’italien Davanzati
Calvin et le prêt à intérêt
Dans sa « lettre sur l’usure » (1545), Calvin explique que l’église
catholique a eu raison d’interdire le prêt à intérêt auparavant, car celui-
ci était avant tout destiné à la consommation.
Mais avec le développement du commerce, il devient une avance sur la
production.
L’intérêt du capital est pour lui légitime, s’il est modéré et « honnête ».
La pratique du prêt à intérêt se propagea dès lors rapidement à partir
des réseaux de banques dont les sièges étaient établis à l'étranger, soit
dans les pays d'obédience calviniste comme la suisse, les Pays-Bas,
l’Angleterre…
L’église catholique ne lèvera l’interdiction qu’en 1830, même si la
pratique s’était déjà répandue…
La physiocratie
Le mot "physiocratie vient des mots grecs "physis"
(nature) et "kratos" puissance, et signifie donc puissance de la
nature.
C'est une école Française, bâtie en réaction au
mercantilisme et plus particulièrement aux pratiques de
Colbert. Le règne de Louis 14, sous l'impulsion de Colbert, a
conduit à favoriser le commerce et l'industrie et négliger
l'agriculture.
Le chef de file de l'école physiocrate est F.Quesnay (1694,
1774) médecin de son état. On appellera également l’école
physiocrate « la secte des économistes ».
Principales idées des
physiocrates
- la production agricole est la base de la
richesse d’un pays
- nécessité de liberté en économie
- une vision de la société en classes sociales
- le « tableau économique »
La richesse repose
sur l’agriculture
L'école physiocrate cherche en fait à remettre
l'accent sur l'agriculture. A l'inverse des
mercantilistes qui fondent la richesse sur
l'abondance de métaux précieux, les
physiocrates pensent que la production agricole
est la base de la richesse d'un pays ; car seule
l’agriculture a le pouvoir de créer de la valeur.
Idée de « liberté » en économie
Ils affirment ainsi la nécessité d'une plus grande liberté dans
le monde économique (idée qui sera reprise par Smith).
Les physiocrates condamnent également les nombreuses
réglementations économiques, ressenties comme des
entraves (notamment système des corporations). Ils sont en
fait les précurseurs du libéralisme, s’opposent au
mercantilisme dont ils critiquent le dirigisme et le désintérêt
pour l’agriculture.
Leur mot d’ordre est « laisser faire, laisser passer » (V.De
Gournay).
La revendication physiocrate est la liberté du commerce des
grains, dont les prix s’envole à chaque pénurie.
Les classes sociales
F.Quesnay distingue trois classes:
* la classe productive des agriculteurs,
qui crée plus de valeur qu'elle n'en consomme.
* la classe des propriétaires (roi,
propriétaires fonciers, collecteurs impôts) qui vit du surplus de valeur
crée par la classe des agriculteurs et consomme les biens produits.
* la classe "stérile" comprenant les
artisans et commerçants qui se contente de transformer les biens
existants et restitue juste la valeur qu'elle utilise.
(idée qui sera reprise par l'école classique).
Le tableau économique
Il montre l'interdépendance entre les différents acteurs (regroupés en
classes) de la vie économique. Il essaye de mettre en évidence les flux de
biens et de monnaie entre les classes. les activités sont liées au sein d'un
circuit économique
La circulation commence par une étape "d'avances" réalisées
par la classe des agriculteurs et qui permet d'acheter matériel, bétail,
graines.. nécessaires pour produire. Si le paysan avance une certaine
somme il en retire un revenu accru
c'est par là que la richesse est créée. la classe productive vend
sa production aux deux autres classes.

Le circuit se reproduit à l'identique: on parle d'état stationnaire,


ce système n'intègre pas l'idée de croissance économique (rudimentaire).

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