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République Tunisienne

Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche scientifique


Université de la Manouba

Institut Supérieur de Comptabilité et d’Administration des entreprises

Commission nationale d'Expertise Comptable

MEMOIRE EN VUE DE L’OBTENTION DU DIPLOME NATIONAL D’EXPERT-


COMPTABLE

LA REVOLUTION EXPONENTIELLLE ET L’IMPACT


SUR LE METIER DE L’EXPERT COMPTABLE

Elaboré par Directeur de recherche

Imen YAHYAOUI Mr Maher GAIDA

Année universitaire 2019- 2020

Septembre 2020
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

DÉDICACES

Je dédie ce travail à :

Mes chers parents « Zina » et « Mohamed », pour leur

amour, que Dieu vous préserve et vous accorde santé, longue

vie et bonheur,

À ma sœur « Amel » et mon beau-frère « Anis Ali »,

pour leur soutien

À mes deux frères « Ramzi et Anis » et ma belle-

sœur « Ines »,

À mes amies « Salwa » et « Mariem », pour leurs

précieux conseils,

Et à tous ceux qui ont contribué de près ou de loin à

l’élaboration de ce mémoire.

1
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

REMERCIEMENTS

Je tiens à remercier vivement toutes les personnes qui

m’ont apporté leur aide à l’élaboration de ce mémoire.

Je voudrais dans un premier temps remercier mon

directeur de mémoire Monsieur GAIDA Maher, pour

l’inspiration, l’aide et le temps qu’il a bien voulu me

consacrer.

Je remercie également toutes les personnes de mon

entourage pour leur soutien.

2
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

SOMMAIRE

Introduction générale ............................................................................................................... 7

Première Partie : L’impact de la révolution exponentielle sur le métier de l’expert-


comptable ................................................................................................................................ 12

Introduction .............................................................................................................................. 13

Chapitre 1 : Les menaces et les opportunités de la révolution exponentielle ................... 14

Section1 : Présentation des technologies liées à la révolution exponentielle : ........................ 15

Section 2 : Menaces législatives, économiques et existentielles .............................................. 28

Section 3 : Opportunités des nouvelles technologies digitales ................................................ 36

Chapitre 2 : Stratégie d’adaptation de la profession, des cabinets, des professionnels et


des écosystèmes face à la révolution ..................................................................................... 48

Section 1 : Impact de la révolution digitale et stratégie de la profession, celle du professionnel


et celle des écosystèmes SMART ............................................................................................ 49

Section 2 : Stratégie et évolution nécessaires des missions ..................................................... 60

Section 3 : La transition digitale des cabinets .......................................................................... 63

Conclusion ................................................................................................................................ 67

Deuxième partie : Le rôle de l’expert-comptable suite à la révolution exponentielle pour


ses métiers de contrôle et de conseil ...................................................................................... 68

Introduction .............................................................................................................................. 69

Chapitre 1 : Le rôle de l’expert-comptable en tant qu’auditeur/ certificateur ................ 70

Section 1 : Vision nouvelle de la mission d’audit .................................................................... 71

Section 2 : Impact des nouvelles technologies sur l’audit ....................................................... 79

Section 3 : Rapport de la mission d’audit ................................................................................ 90

Chapitre 2 : Le rôle de l’expert-comptable en tant que conseiller de la société ............... 92

Section 1 : L’apport de l’expert-comptable conseiller : ........................................................... 93

Section 2 : Missions potentielles de l’expert-comptable conseiller ......................................... 99

Section 3 : Les rapports et les tableaux de bord ..................................................................... 104

3
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Conclusion ............................................................................................................................. 111

Conclusion générale ............................................................................................................. 112

Bibliographie ......................................................................................................................... 114

Table des matières ................................................................................................................ 123

4
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Table des figures

Figure 1 : Gartner Hype Cycle for Emerging Technologies, 2019 .............................. 15

Figure 2 : Emerging Technology Trends 2019 ............................................................. 17

Figure 3 : Le fonctionnement de la technologie de Blockchain ................................... 21

Figure 4 : Les formes d’Intelligence Artificielle suivant le cabinet PWC ................... 23

Figure 5 : Les marques les plus puissantes du monde .................................................. 26

Figure 6 : Les catégories des plateformes selon IGAS ................................................. 32

Figure 7 : Définition du « Robotic Process Automation » ........................................... 42

Figure 8 : Les domaines d’automatisation.................................................................... 43

Figure 9 : Les sources d’information traditionnelles et non traditionnelles ................. 87

5
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Liste des principales abréviations

 IA : Intelligence Artificielle
 Soft AI: Soft Artificial Intelligence
 Strong AI: Strong Artificial Intelligence
 RPA: Robotics Process Automation
 RGPD : Règlement Général sur la Protection des Données
 DPD : délégué à la protection des données
 OECT : Ordre des Experts-Comptables de Tunisie
 IFAC : Fédération internationale des comptables
 IAS: International Accounting Standards
 IIRC: International Integrated Reporting Committee
 GRI : Global Reporting Initiative
 DPA : Communauté européenne
 ERP : Enterprise Resource Planning
 Saas : Software as a Service
 IFRS : International Financial Reporting Standards
 GRI: Global Reporting Initiative
 PME : Petite et moyenne entreprise

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La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Introduction générale
Le numérique est aujourd'hui de plus en plus présent et dans notre vie privée et
dans notre milieu professionnel. Il ne cesse de bouleverser notre quotidien. Il est
omniprésent à travers l'ensemble des techniques utilisées dans le traitement et la
transmission des informations telles l'internet, les téléphones intelligents, les réseaux
sociaux, les outils de dématérialisation et autres. L’économie est au cœur de ces
changements suite aux développements des nouvelles technologies émergentes telles
qu’elles sont présentées dans le schéma de Gartner qui donne un aperçu sur leurs
évolutions dans le temps comme le Big Data, l’intelligence artificielle, la robotisation, la
réalité augmentée, la réalité virtuelle…etc. L’évolution de l’économie est manifestée par la
montée en puissance des géants d’internet les GAFAM et les BATX qui règnent d’une
main de fer sur le numérique et qui détiennent l’information. Nous sommes alors à l’aube
d’une révolution technologique.

Les nouvelles technologies présentent des promesses pour faciliter la gestion des
entreprises par l’automatisation des tâches à faible voire à forte valeur ajoutée. Elles
peuvent même instaurer des systèmes à intelligence autonome qui s’adaptent à différentes
situations et agissent en toute autonomie sans assistance humaine. La digitalisation de
l’économie impacte toute entreprise dans tous les secteurs et toutes les activités. Elle ne
concerne pas seulement les technologies mais aussi les nouvelles organisations et les
nouveaux modes de management. Comme toute entité, l’expert-comptable est concerné
par les nouvelles technologies, les nouveaux modèles économiques et les comportements
des clients ainsi que les conséquences législatives de ces technologies.

Au niveau de la première partie nous traiterons l’impact de la révolution


exponentielle sur le métier de l’expert-comptable : Est-elle une menace ou une opportunité
pour la profession ?

Le progrès dans le domaine de l’intelligence artificielle est une menace pour


l’emploi. Les tâches réalisées par l’homme seront remplacées par des robots. Suivant un
rapport publié par des experts internationaux, l’efficacité croissante de l’intelligence
artificielle risque de renforcer la cybercriminalité et de conduire à des utilisations de robots
à des fins terroristes. L’intelligence artificielle, pourrait-elle devenir une menace pour

7
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

l’humanité et pour les cerveaux ? L’éthique de l’intelligence artificielle est l’un des
moyens qui permettraient de faire face à ces menaces. L’expert-comptable, pourrait-il être
un certificateur robot éthique ? Quelles sont les opportunités du « Soft artificial
intelligence » ? Des métiers disparaîtraient et des humains seraient remplacés par des
robots et d’autres emplois verraient le jour. La création de nouveaux emplois en
cybersécurité s’avère utile car les entreprises sont confrontées à des cyber-attaques de plus
en plus violentes.

L’une des conséquences de la révolution technologique est le développement de la


législation sur les risques liés à la cybercriminalité, à la confidentialité et à la sécurité.
L’Union Européenne a adopté le Règlement Général sur la Protection des Données
« RGPD ». Vu l’effet transfrontalier du règlement, qui s’applique à toutes les entreprises
du monde qui gèrent des données personnelles de citoyens européens, les entreprises et les
experts comptables tunisiens sont touchés par les dispositions du « RGPD ». Leur
conformité aux dispositions du règlement s’avère utile et obligatoire afin d’éviter et de
faire éviter à ses partenaires les sanctions financières. Quels sont les défis résultants à
surmonter par l’expert-comptable ? Pourrait-il contourner les menaces de ce règlement et
les transformer en des opportunités ? Serait-il un délégué à la protection des données ?

L’environnement économique est de plus en plus complexe. Les demandes de


clients évoluent. Quelles sont les menaces économiques qui planent sur la profession de
l’expertise comptable ? Les clients ont de plus en plus besoin d’un partenaire de confiance.
L’expert- comptable n’est-il pas le partenaire privilégié pour les accompagner dans cette
nouvelle ère de digitalisation ?

De nos jours, nous remarquons le développement des « assistants intelligents ». Ils


se dotent d’une intelligence qui leurs permettent d’entrer en contact avec l’humain et de
l’assister. Nous parlons aussi d’Avatar qui répond aux besoins des clients.

Une étude faite par deux chercheurs d’Oxford en septembre 2013, montre que la
profession de comptable et d’audit est parmi les professions qui disparaîtraient dans les
vingt prochaines années à cause de l’automatisation.

8
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

L’existence du métier d’expert-comptable est-elle menacée ? L’automatisation et le


développement des systèmes à intelligence autonome peuvent-ils le remplacer ? Comment
l’expert-comptable, pourrait-il voir une opportunité dans cette révolution technologique ?

Les besoins des clients et leurs demandes changent. Les clients demandent de plus
en plus de conseils auprès de leurs experts comptables afin qu’ils les assistent dans leur
transition digitale. Les cabinets ont intérêt à développer d’autres prestations et s’orienter
vers le conseil et les activités à forte valeur ajoutée.

Plusieurs dispositions législatives de la profession doivent s’adapter aux nouveaux


changements des besoins des clients et aux risques de violation des données personnelles et
à la cybercriminalité. Au niveau du deuxième chapitre, nous présenterons donc des
modifications législatives qui seraient apportées à la profession pour qu’elle s’aligne au
nouveau contexte.

L’évolution importante de la profession pousse l’ordre des experts comptables de


Tunisie « OECT » à l’adoption d’une stratégie digitale pour aider les cabinets d’expertises
comptables dans leurs évolutions. La profession n’a-t-elle pas besoin de la force collective
de tous les cabinets ? Quelle stratégie a adoptée la Fédération internationale des
comptables « IFAC » ? Quelle stratégie, cette profession, pourrait-elle utiliser dans les
écosystèmes SMART ?

Les actions de « l’OECT » seules ne sont pas suffisantes. Le professionnel expert-


comptable est tenu à prendre en main l’engagement d’adaptation.

Afin de faire face à la révolution technologique, la formation de la profession


d’expertise comptable telle qu’elle est conçue, est remise en cause. Certaines compétences
exigées par le nouveau contexte sont utiles. Nous présenterons des solutions à adopter pour
l’élargissement des compétences des nouvelles générations.

Les aspects législatifs et fiscaux de la révolution exponentielle ont des


répercussions directes sur le métier de l’expert –comptable. Le développement des
nouvelles plateformes nous amène à songer à des problématiques d’érosion fiscale.
L’exploitation des données des internautes ouvre aussi des débats sur leurs évaluations. Le
risque de fraude, les problèmes de décentralisation et autres problématiques feront l’objet
de notre étude.

9
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

La transition digitale des cabinets n’est pas seulement assurée par l’acquisition des
nouvelles technologies adéquates mais aussi par la réalisation d’une organisation et d’une
stratégie digitale. Les cabinets doivent repenser leur offre qui est tenue d’être en adaptation
permanente avec l’environnement économique. Quel est l’avenir des missions actuelles et
quelles sont les attentes potentielles des clients ?

Nous proposerons une stratégie digitale aux cabinets d’expertise et une repensée
aux missions potentielles à savoir le tiers de confiance numérique.

L’expert-comptable en tant que partenaire de confiance pour les entreprises est tenu
non seulement à s’adapter à cette révolution mais à avoir un rôle dans cette ère qui ne cesse
d’évoluer avec une vitesse sidérante. Au niveau de la deuxième partie, nous examinerons
le rôle de l’expert-comptable en tant qu’auditeur et conseiller.

Les nouvelles technologies et les nouveaux modèles économiques ont des


répercussions profondes sur la mission d’audit. L’intelligence artificielle permet
l’automatisation des tâches relatives à la comptabilité et à la finance. Elle rend possible la
production des rapports alimentés par les informations non financières. Des prévisions
cognitives ont été établies pour aider à tirer parti des données avec plus de prédiction et de
précision. L’évolution des normes internationales de l’information financière (IFRS) et des
normes internationales d’audit (ISA), serait-elle indispensable ? L’auditeur pourrait-il
utiliser la technologie de BIG DATA pour instaurer des corrélations détectant les fraudes ?
La cybercriminalité serait-elle l’un des risques à couvrir par l’auditeur ?

Nous parlons de l’utilisation de la technologie de Blockchain qui permet d’avoir


une transparence totale sur les transactions, la prévention de la fraude via les droits
d’authentification et la sécurité de la piste d’audit. Les assertions d’audit telles que
énoncées dans l’ISA 500 sont-elles suffisantes dans ce nouveau contexte ?

Des missions de certification autres que l’audit seront développées. L’expert-


comptable, en se basant sur des lois tels la loi D'ISSAC ASIMOV et la loi Zéro, pourrait
être un certificateur robot éthique ou certificateur de l’éthique de l’intelligence artificielle.

Nous proposerons une nouvelle vision de la mission d’audit avec tous ces aspects :
les risques, les diligences, les moyens et les technologies à utiliser. Le rapport d’audit
devrait changer pour répondre aux nouveaux besoins des lecteurs. Il conviendrait d’ajouter

10
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

des paragraphes descriptifs des technologies digitales, des informations non financières, et
d’énoncer l’impact de l’intelligence artificielle sur l’environnement de l’entité.

La digitalisation nécessite des actions à combiner. L’expert-comptable est le mieux


placé pour conseiller ses clients et les accompagner dans la transition digitale.

Comment pourrait-il conseiller ces clients pour s’adapter efficacement à un monde


en permanente évolution ? L’expert-comptable pourrait-il être un acteur dans l’approche
du « Change Management » des entreprises. En tant que conseiller de la société, il est tenu
de fournir à ces clients des solutions garantissant la gestion efficace du changement, une
efficacité de gestion qui est intégrée dans les rôles, les structures, les processus, les projets
et les compétences en leadership au sein de l’organisation.

Au niveau de ce chapitre, nous proposerons des conseils organisationnels pratiques


que le professionnel expert-comptable pourrait présenter à ces clients ainsi que les
technologies adéquates et les ressources nécessaires aux divers changements.

L’expert-comptable pourrait mener des missions de conseil qui apparaîtraient grâce


à la révolution technologique. Nous citerons quelques-unes : mission d’assistance à
maitrise d’ouvrage, mission d’externalisation des systèmes de contrôle interne digitalisés,
mission de conseiller en « Reg-tech » et intégrateur de connaissances. L’accompagnement
de qualité reste l’atout majeur de l’expert-comptable.

La digitalisation a permis d’évoluer la notion du rapport intégré « Integrated


Reporting » qui est un rapport synthétique émergeant les données financières et non
financières. Ce rapport présente les risques, les opportunités et les perspectives futures de
l’entreprise. En tant que conseiller de l’entité, l’expert-comptable pourrait aider ses clients
à l’adaptation de leur rapport intégré en termes d’information et d’assurance.

La révolution exponentielle à l’instar de toutes les révolutions précédentes présente


des menaces, des défis et des opportunités. Admettant la nécessité du changement pour
s’adapter et saisissant les opportunités ou pas, la transformation digitale reste une réalité
que nous sommes en train de vivre. Ne conviendrait-il pas de gérer cette nouvelle ère
plutôt que de la subir ?

11
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Première Partie : L’impact de la révolution


exponentielle sur le métier de l’expert-comptable

12
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Introduction

L’émergence des technologies et le recours à l’internet ont chamboulé


l’organisation et les méthodes de travail des entreprises. En effet, la dématérialisation des
divers documents a contribué à l’immédiateté des échanges administratifs. Le
développement des objets connectés, des big data, des technologies cognitives et de la
blockchain a poussé les entreprises à réinventer leurs stratégies, leurs modes de
management, leurs équipements et leurs outils technologiques.

L’expert-comptable partenaire de l’entreprise doit conquérir l’évolution de ses


clients pour répondre à leurs besoins et leurs attentes et élargir le champ de son
intervention. Il doit remédier aux diverses menaces de la révolution technologique sur la
profession et saisir les opportunités qui se présentent.

L’adaptation à la nouvelle ère a nécessité des réflexions par les organismes


nationaux et internationaux de la profession pour mesurer l’impact de certaines
technologies sur le métier de l’expert-comptable et pour déterminer les issues et les
changements à effectuer. Les réflexions devraient atteindre la stratégie de la profession
dans l’écosystème smart.

Le professionnel devrait agir et faire partie de la stratégie globale de la profession.


Il est appelé à contribuer à une transition digitale des cabinets et à beaucoup plus qu’une
question d’utilisation des nouvelles technologies adéquates. Il s’agit d’une refonte de
l’offre de l’expert-comptable, de sa stratégie, des moyens d’interaction avec ses clients afin
d’améliorer sa performance. L’évolution vers un expert-comptable numérique n’est
réalisable qu’à travers la formation et les nouvelles compétences à acquérir.

Comment l’expert-comptable, pourrait-il devenir un expert-comptable numérique ?

13
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Chapitre 1 : Les menaces et les opportunités de la


révolution exponentielle

14
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section1 : Présentation des technologies liées à la révolution


exponentielle :

Le monde est en train de vivre une révolution technologique qui touche la façon de
produire, l’offre du consommateur, la qualité du travail dans tous les secteurs. Cette
révolution a vu le jour suite aux développements des nouvelles technologies : Big Data,
l’intelligence artificielle, robotisation, la réalité augmentée et la réalité virtuelle et autres.

En se basant sur le schéma de Gartner « Hype Cycle » nous pouvons constater le


stade d’évolution des technologies émergentes en développement. La courbe montre les
technologies qui donneront un avantage concurrentiel à court, moyen et long terme.

Figure 1 : Gartner Hype Cycle for Emerging Technologies, 2019

Suivant l’analyse de Gartner, les technologies émergentes de l’année 2019 sont


réparties en cinq tendances :

Les capteurs et la mobilité : Cette tendance comprend les technologies avec une
mobilité très élevée et une possibilité de manipuler les objets. L’évolution de l’intelligence

15
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

artificielles et des capteurs aidera les robots autonomes à une meilleure connaissance du
monde physique qui les entourent et d’autres technologies avancées telles que la
technologie de l’internet des objets (IOT).

L’humain augmenté : Des technologies qui améliorent la partie physique et


intellectuelle du corps humain à l’aide des technologies de l’Intelligence artificielle, des
sciences cognitives et la robotique.

La communication et les calculs « Post-classique » : englobent les infrastructures


avec des architectures entièrement nouvelles et différentes de celles classiques utilisant les
bits binaires.

Les écosystèmes numériques : sont des connexions web entre des divers acteurs
(les entreprises, les personnes et les objets) qui utilisent des plateformes numériques. À
l'avenir, ces écosystèmes comprendront des organisations autonomes décentralisées qui
opèrent indépendamment des humains et qui s'appuient sur des contrats intelligents.

Les avancées en intelligence Artificielle et en analyse : permettent l'examen


autonome ou semi-autonome des données et c’est grâce au développement des algorithmes
et de la science des données. Ces technologies fournissent plus profondément des analyses,
des prévisions et des recommandations.

16
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Ci-dessous des exemples cités par le cabinet « Gartner »:

Figure 2 : Emerging Technology Trends 2019

Suivant le cabinet de Gartner il y’a trois tendances technologiques qui dessinent le


futur des entreprises : l’intelligence artificielle, les expériences immersives transparentes,
et la révolution des plateformes. Nous présenterons comme exemple et non comme liste
limitative les technologies qui impacteront le plus le métier d’expert-comptable :

1.1. Le cloud computing :

Selon Microsoft Azure: « Le cloud computing est la fourniture de services


informatiques (notamment des serveurs, du stockage, des bases de données, la gestion
réseau, des logiciels, des outils d’analyse, l’intelligence artificielle) via Internet (le cloud)
dans le but d’offrir une innovation plus rapide, des ressources flexibles et des économies
d’échelle. » 1

1
Microsoft A : Qu'est-ce que le cloud computing ? [WEB], disponible sur : https://azure.microsoft.com/fr-
fr/overview/what-is-cloud-computing/, page consultée le 21 juin 2019.

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La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Suivant le ‘National Institute of standards and technology’ le cloud est : « L’accès


via un réseau de télécommunications, à la demande et en libre-service, à des ressources
informatiques partagées configurables »2.

Le cloud présente plusieurs avantages en termes de coût, de vitesse et de


productivité. L’utilisation du cloud dans le domaine de la comptabilité et de la finance
présente de nombreux avantages. Le cloud est une externalisation de stockage et
d’hébergement des données. Ainsi il remplace les disques durs et les serveurs. Il permet
d’éviter des problèmes techniques, les plantages, les pannes, les risques de perte, de
vol…Les clients peuvent accéder à tout moment à leurs situations et informations
financières qui sont présentées en temps réel suite au traitement automatique des données.
Le cloud permet aux entreprises d’intégrer des applications et des outils suivant leurs
besoins, tel que la relance des factures clients impayées et l’enregistrement des données.
Le cloud permet aux entreprises de se focaliser sur d’autres questions à forte valeur ajoutée
et de tirer profit des prévisions basées sur les données actualisées.

Par contre, la gestion du cloud expose les utilisateurs à des risques. En effet
l’hébergement des données des experts comptables et des sociétés chez des tiers, les
exposent aux risques de violation des données. Il serait plus rassurant aux experts-
comptables de détenir eux-mêmes les clés du cloud, de participer au contrôle de son
fonctionnement. Mais le sujet n’est pas encore abordé par les organisations nationales ou
internationales.

1.2. Big Data :

Suivant le cabinet Gartner ; les Big Data sont des ressources d'information
volumineuses, à haute vélocité et / ou très variées qui exigent des formes de traitements
rentables de l’information, des formes innovantes qui permettent une meilleure
compréhension, prise de décision et automatisation des processus.

2
Mell P., Grance T.; 2011. The NIST Definition of Cloud Computing: Recommend Recommendations of
the National Institute of Standards and Technology. NIST Special Publication 800-145,7: p. 3-4

18
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Le Big Data se caractérise par les 10 V 3: «

 Volume : Le volume massif des données collectées


 Vélocité : La vitesse du traitement des données simultanées
 Variété : Variété des sources de données structurées et non structurées
 Variabilité : Fait référence au nombre d'incohérences dans les données, à la
multitude de dimensions de données résultant de plusieurs types et sources de
données disparates et à la vitesse incohérente à laquelle les mégadonnées sont
chargées dans la base de données.
 Véracité : La confiance dans les données. Elle fait référence à la provenance ou à
la fiabilité de la source de données, à son contexte et à son importance pour
l'analyse basée sur celle-ci.
 Validité : Fait référence à l'exactitude et à la correction des données pour l'usage
auquel elles sont destinées.
 Vulnérabilité : Les problèmes de sécurité et de la violation de données
volumineuses.
 Volatilité : L’établissement des règles de mise à jour et la disponibilité des
données afin de permettre une récupération rapide des informations.
 Visualisation : La visualisation des mégadonnées est difficile avec les outils
actuels. D’autres façon de représentation des données est à employer telles que le
regroupement de données, l'utilisation de cartes d'arbres, de rayons de soleil, de
coordonnées parallèles, de diagrammes de réseaux circulaires ou d'arbres à cônes.
La variété et la vitesse des mégadonnées rendent la visualisation significative est
difficile.
 Valeur : C’est la valeur commerciale des mégadonnées en comprenant mieux les
clients, en les ciblant en conséquence, en optimisant les processus et en améliorant
les performances de la machine ou de l'entreprise. »

La technologie Big data touche plusieurs secteurs ; télécommunication, vente aux


détails, assurance, banque, tourisme, santé, énergie, etc., à plusieurs usages. Prenons
l’exemple de l’utilisation du big data pour les fonctions de marketing et de commerciales.

3
George F: The 10 Vs of Big Data. [ASPX] (8 Février 2017), disponible sur :
https://tdwi.org/articles/2017/02/08/10-vs-of-big-data/, page consultée le 11/04/2020.

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La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Elle permet aux entreprises de comprendre le comportement des clients et leurs


préférences. Elle peut être aussi utilisée dans l’amélioration des process, la détection des
fraudes et pour d’autres usages.

1.3. Blockchain :

Suivant un rapport publié par le bureau gouvernemental Britannique des sciences,


la blockchain est définie comme suit : « is a type of database that takes a number of
records and puts them in a block... Each block is then ‘chained’ to the next block, using a
cryptographic signature. This allows block chains to be used like a ledger, which can be
shared and corroborated by anyone with the appropriate permissions»4

« La blockchain nous permettent d'avoir un réseau distribué de pair à pair où des


membres non confiants peuvent interagir les uns avec les autres sans un intermédiaire de
confiance, de manière vérifiable. » 5

Selon « Marc Lipskier », Président de « World of Blockchains », l’association de


référence en matière de Blockchain, « la blockchain est un protocole sécurisé qui permet
l’échange de pair à pair sur un réseau distribué réputé inviolable. »

4
The UK Government Chief Scientific Adviser, 2016. Distributed Ledger Technology: beyond block
chain. Government Office for Science, p.17-18
5
Christidis, K., & Devetsikiotis, M. (2016). Blockchains and Smart Contracts for the Internet of Things.
IEEE Access, 4, 2292–2303.

20
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Le fonctionnement de la technologie de Blockchain pourrait être présenté dans le


schéma6 suivant :

Figure 3 : Le fonctionnement de la technologie de Blockchain

La blockchain est « une technologie de stockage et de transmission d’informations.


Elle est caractérisée par la transparence, la sécurité et le fonctionnement sans un organe
central de contrôle ».7 La blockchain pourrait être utilisée pour les besoins de la
comptabilité. Elle permet en plus de l’automatisation de la comptabilité, la validation de
l’authenticité des documents inscrits dans le grand livre.

L’utilisation de la blockchain est « classée en trois catégories:

 Les applications pour les transferts d’actifs : La blockchain permet de transférer


tout type d’actif par exemple opérations monétaires, actions, obligations, votes….
 Les opérations de registre : La blockchain est un atout pour assurer la traçabilité et
la certification vu son caractère transparent et inaltérable. Elle pourrait être utilisée
pour la certification des documents légaux de tout type. La blockchain donne une
assurance que le document existait sous la même forme lors de son enregistrement.

6
Blockchain France, 2016. La blockchain décryptée - les clefs d'une révolution, 1ère édition, Observatoire
Netexplo, Paris, France, p3.
7
Blockchain France, 2016. La blockchain décryptée - les clefs d'une révolution, 1ère édition, Observatoire
Netexplo, Paris, France, p1.

21
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

 Les smart contracts : La blockchain fournie une garantie que les termes des contrats
ne seront pas modifiés. » 8

Il y a deux grandes catégories de Blockchain :

 La Blockchain publique (ou ouverte) : Une blockchain ouverte à tout le monde sans
des conditions d’admission
 La Blockchain privée (ou fermé) : Les membres du réseau sont sélectionnés. Il
existe deux grandes catégories de Blockchain privées qui sont définies comme suit :

 La blockchain sous contrôle : « Le processus d’approbation est contrôlé par


un nombre restreint et choisi de nœuds » 9. L’autorisation de lecture peut
être publique en plus des participants.
 La Blockchain entièrement privée : « le processus d’approbation est limité à
un unique acteur » 10. L’autorisation de lecture peut être publique.

1.4. Intelligence artificielle : Deep and Machine Learning :

Le cabinet de consultation PwC définit l’intelligence artificielle comme étant « un


terme collectif pour désigner les systèmes informatiques capables de détecter leur
environnement, de réfléchir, d’apprendre et d’agir en fonction de ce qu’ils ressentent et de
leurs objectifs. »11

L'augmentation exponentielle de la puissance de calcul dans le cloud, l'explosion du


volume des données (big data), et les avancées en matière d'apprentissage profond (deep
learning) sont à l’origine du développement de l’intelligence artificielle.

Prenons comme exemple d’IA, le calculateur d'IBM « Deep Blue », qui a gagné
contre le champion du monde d'échecs Garry Kasparov en 1997. Et le cas de, DeepMind,
filiale de Google, qui en 2016 a battu l’un des meilleurs joueurs du monde de Go. Citons
aussi l’exemple des smartphones : OK Google et Siri d'Apple.

8
Blockchain France, 2016. La blockchain décryptée - les clefs d'une révolution, 1ère édition, Observatoire
Netexplo, Paris, France, p10.
9
Blockchain France : Blockchain : publique ou privée ?. [WEB] (22 septembre 2015), disponible sur :
https://blockchainfrance.net/2015/09/22/blockchain-privee-vs-publique/, page consultée le 12 avril 2020.
10
Ibid
11
PWC, 2018. Intelligence Artificielle et Internet des Objets, quels enjeux ?. Décryptages #5, p54

22
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Selon PWC les formes d’IA sont les suivantes 12:

Figure 4 : Les formes d’Intelligence Artificielle suivant le cabinet PWC

Les machines Learning sont suivant un article publié sur le site IFAC 13 « Les types
d'analyses que les algorithmes d'apprentissage machine postulent pour prédire les
résultats. ... l'apprentissage de la machine peut traiter des milliers de points de données d'un
ensemble de situations données pour déterminer celles qui sont pertinentes, et celles qui ne

12
PWC, 2018. Intelligence Artificielle et Internet des Objets, quels enjeux ?. Décryptages #5, p54
13
Shimamoto D. C : Why Accountants Must Embrace Machine Learning. [WEB] (18 avril 2018),
disponible sur : http://www.ifac.org/global-knowledge-gateway/technology/discussion/why-accountants-
must-embrace-machine-learning, page consulté le 10 août 2019.

23
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

le sont pas, et appliquer les règles inférées à un autre ensemble de données similaire pour
prédire les résultats ».

Ce sont des « machines intelligentes » qui, à partir de l’enregistrement de leurs


actions passées, se montrent en mesure de « s’auto-perfectionner » afin de permettre à
leurs actions futures de gagner en efficience et donc en productivité. Les avancées en
termes d’intelligence artificielle permettent chaque jour un peu plus à ces « learning
machines » d’initier des process innovants.

1.5. Robots et automates intelligents :

Le robot est défini comme suit « Un superordinateur logé dans un corps mobile,
capable de fonder ses actions de manière raisonnée sur ce qu'il perçoit du monde
extérieur »14.

L’automate est défini comme « ...une machine capable d’accomplir une ou


plusieurs actions et dont la forme s’apparente à un organisme vivant...A la différence de
son successeur le robot, l’automate agit d’une façon déterminée le plus généralement, sans
référence à une perception du monde extérieur. »15

Les robots et automates intelligents sont capables d’effectuer des tâches toujours
plus complexes et précises dans un laps de temps toujours plus court. Ils sont également
capables d’interagir avec leur environnement et de définir à partir de celui-ci des actions
autonomes. Ils peuvent ainsi se mettre en veille afin de réaliser des économies d’énergie ou
même de détecter des erreurs d’assemblage.

1.6. La réalité augmentée :

Suivant PWC, la réalité augmentée est présentée comme suit : « La RA vise à


augmenter la qualité de l’expérience utilisateur d’un service ou d’un produit dans un
espace restreint. Cette augmentation de la réalité est rendue possible grâce à des appareils
appelés « auxiliaires » qui permettent un ajout d’informations ou d’audio-visuels via la
superposition d’images et/ou de sons. Que cela soit sur les packagings, les supports

14
Ichbiah D., 2012. Robots, genèse d’un peuple artificiel. Edition, Minerva,101p.
15
Ibid

24
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

publicitaires physiques, le retail ou encore dans l’architecture, la réalité augmentée permet


de faire évoluer la ‘user experience’ sans réelles limites »16

La RA est utilisée dans plusieurs domaines entre autres les domaines suivants :

 Domaine de l’industrie ; un moyen qui permet de promouvoir une usine, une chaîne
de production, une conception, un design, etc.
 Domaine de l’immobilier : La RA utilisée pour prévisualiser un bâtiment
 Domaine du jeu : prenons l’exemple très reconnu de l’application « Pokemon Go ».

1.7. Les géants du digital : GAFAM et BATX

Nous ne pouvons pas parler des technologies sans faire référence aux grandes
sociétés du digital ; les sociétés Américaines GAFAM (Google, Apple, Facebook,
Amazon, Microsoft) et les sociétés chinoises BATX (Baidu, Alibaba, Tencent et Xiaomi).

Elles représentent les géants de l’Internet. La plupart des sociétés ont été créées à
la fin du 20-ème siècle. Elles ont occupé les premières places au niveau des classements
des marques les plus puissantes au monde.

Les chiffres ci- dessous montrent que les géants du digital sont les plus valorisés.
Ce qui démontre que les sociétés qui détiennent l’information sont celles les plus
puissantes.

16
PWC : Quelle sont les 8 tendances techno aujourd’hui incontournables ?. [WEB], disponible sur :
https://www.pwc.fr/fr/decryptages/transformation/quelles-sont-les-8-tendances-techno-aujourdhui-
incontournables.html, page consultée le 22 juin 2019

25
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Les Top 10 BrandZ des marques les plus puissantes au monde 2019 :

Figure 5 : Les marques les plus puissantes du monde

1.8. Point de jonction entre les ERP et les Big Data

Le management de la société fait souvent recours aux compétences de l’expert-


comptable pour demander son conseil lors du choix des logiciels et des ERP à utiliser. De
ce fait, souvent les experts-comptables recommandent à leurs clients des technologies qui
correspondent à leurs besoins. En effet, et suite à la digitalisation, l’expert-comptable est
tenu de sensibiliser ses clients sur l’utilité d’adopter des nouvelles technologies.

L’ERP est un progiciel qui permet de gérer les processus d’une entreprise. Il intègre
les diverses fonctions ; soit par exemple la gestion de ressources humaines, la gestion des
stocks, la gestion commerciale, la finance, la comptabilité… Le recours au ERP permet
d’optimiser les processus puisqu’il s’appuie sur les meilleurs pratiques de gestion avec un
paramétrage qui correspond à l’organisation et à la stratégie de l’entreprise. L’intégration
assure la cohérence des données entre les diverses fonctions. En effet, les données sont
saisies une seule fois et elles sont partagées. Ainsi l’entreprise gagne en termes de
réduction des erreurs au sein des fonctions et en termes de temps.

26
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Les ERP deviennent une technologie ancienne devant les technologies émergentes.
Au sein de l’entreprise, l’ERP n’est alimenté que par les données internes structurées d’une
entreprise. L’exploitation des données non structurées (telles que les appels téléphoniques
des clients, les vidéos et autres) est d’une importance énorme pour les analyses des
entreprises. L’analyse des comportements des clients et de leurs préférences en utilisant
des sources externes telles que les réseaux sociaux, les sites web ou les données d’autres
secteurs sont d’une importance qui n’est pas moindre.

L’évolution de l’examen des données internes à l’entreprise aux données externes


est utile suite aux progressions technologiques. Le Big data donne à l’entreprise la
possibilité d’effectuer deux types d’analyse : analyse des données externes et analyse des
données internes. Le Big data est alimenté par les données internes structurées générées par
L’ERP de l’entreprise. L’analyse des données internes permet de détecter les informations
clés et importantes pour l’entreprise. Les données externes sont celles non produites par
l’entreprise (Exemple, les données extérieures climatiques…). Les Big data accumulent les
données qui seront transformées en informations puis en connaissances créant ainsi de
l’intelligence. Des connaissances qui seront modélisées dans le marché.

27
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 2 : Menaces législatives, économiques et existentielles

Menaces du Strong AI pour l’humanité et pour les cerveaux

Le strong AI est une intelligence artificielle plus intelligente que les meilleurs
esprits humains. Les menaces du strong AI sont dues essentiellement à la mauvaise
intention de l’être humain. Selon un rapport17 divulgué par des experts internationaux
spécialistes dans l’Intelligence Artificielle, cybersécurité et robotique travaillant dans des
universités (Cambridge, Oxford, Yale, Stanford) et des organisations non
gouvernementales (Open AI, Center for a New American Security, Electronic Frontier
Foundation), la croissance de l’Intelligence Artificielle dans les dix prochaines années,
présente des risques dans trois domaines soient les domaines : numérique, physique et
politique. Elle risque de renforcer la cybercriminalité : augmenter la menace associée aux
cyberattaques à forte intensité de main-d’œuvre (comme l’hameçonnage (phishing)). Elle
peut être source d’attaques en exploitant la synthèse vocale pour usurper des identités. Les
terroristes peuvent utiliser le Strong AI pour créer des robots afin de réaliser leurs fins. Le
rapport mentionne aussi que des terroristes pourraient modifier les systèmes d’Intelligence
artificielle des véhicules autonomes et les exploser, ou pour faire des collisions et des
crashs. Il évoque aussi le scénario d’un robot nettoyeur utilisé pour tuer des cibles
politiques ou autres. Le strong AI pourrait donc être la plus grande menace pour la race
humaine.

Menaces du Soft AI

Le soft AI est le système qui accomplit la tâche pour laquelle il a été conçu. Il
réduit les tâches qui prennent beaucoup de temps et qui nécessitent une haute intensité de
main-d'œuvre. L’usage du soft AI sont multiples : le traitement automatique du langage, la
reconnaissance faciale ou vocale et l’analyse des données. Les technologies de soft AI sont
par exemple : les agents virtuels et les plateformes d’apprentissage automatique, etc..

17 Miles Brundage-Shahar Avin- Jack Clark -Helen Toner- Peter Eckersley- Ben Garfinkel -Allan Dafoe-
Paul Scharre -Thomas Zeitzoff -Bobby Filar -Hyrum Anderson- Heather Roff- Gregory C. Allen- Jacob
Steinhardt -Carrick Flynn- Seán Ó hÉigeartaigh -Simon -Beard- Haydn Belfield- Sebastian Farquhar -Clare
Lyle- Rebecca Crootof- Owain Evans- Michael Page -Joanna Bryson -Roman Yampolskiy -Dario Amodei,
(2018); The Malicious Use of Artificial Intelligence: Forecasting, Prevention, and Mitigation

28
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Le soft AI automatise les tâches humaines. Ce qui permet de réduire le nombre des
employés. Cependant il présente un risque énorme sur les emplois existants. Le soft AI
aide le professionnel dans certaines tâches qui facilitent leurs travaux quotidiens citons
l’exemple des chatbots dotés d’une intelligence artificielle qui peuvent répondre à des
questions simples des clients. Il permettra d’accomplir moins de tâches à faible valeur
ajoutée, ainsi l’automatisation de la saisie comptable et la gestion de la paie exemple la
technologie de Robotics Process Automation « RPA » qui permet l’automatisation des
transactions répétitives. L’intelligence artificielle s’engage aussi à lire des données d’une
facture, de la contrôler et de passer automatiquement à l’écriture comptable.

L’utilisation du Soft AI évitera à l’expert-comptable les erreurs humaines et lui


procurera une nette réduction des coûts à travers des logiciels développés qui permettront
aux entrepreneurs un scan de la facture (exemple par Smartphone) et de détecter
automatiquement le contenu de la facture. Mais notamment, il viendra un jour où le travail
de l’expert-comptable laissera place définitivement à l’intelligence artificielle afin
d’effectuer tous les travaux. Exemple le chatbot qui répondra à toutes les demandes des
clients nécessitant une forte valeur ajoutée.

Défis du Règlement Général sur la Protection des Données « RGPD » pour le


métier de l’expert-comptable

Le règlement général sur la protection des données « RGPD » est un règlement de


l'Union européenne qui vise la protection des données personnelles au sein de l’union
Européenne. Le parlement européen a adopté le « RGPD » en 2016 et son application a
débuté le 25 mai 2018.

L’adoption de ce nouveau règlement a pour but de faire face aux enjeux posés par
la digitale et la naissance du Big Data. Ainsi, les risques de confidentialité et de sécurité
des données s’avèrent nécessaires.

Le « RGPD » est applicable en Europe pour toute forme d’activité. Vu l’étroite


collaboration entre les entreprises tunisiennes et les multinationales européennes, notre
activité est bel et bien touchée indirectement par ce règlement. Le RGPD est applicable à
toutes formes de traitement de données personnelles : la collecte, la consultation, le
verrouillage, l'enregistrement, la conservation, l'extraction, l'utilisation, la communication
par transmission, la diffusion, la modification, la destruction, ou autres formes de mise à

29
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

disposition. Il vise à améliorer les droits des personnes notamment lors de l’utilisation de
leurs données personnelles par les entreprises. Les données personnelles sont sujettes de
trois menaces :

 Menaces qui peuvent mener à un accès illégitime aux données


 Menaces qui peuvent mener à une modification non désirée de données
 Menaces qui peuvent mener à une disparition de données

Le RGPD s’applique à toute entreprise gérant les données personnelles de citoyens


européens et ceux en vue de l’effet transfrontalier. Ainsi, la Tunisie est affectée par les
dispositions du RGPD. La conformité des entreprises Tunisiennes aux dispositions
Européennes s’avère utile et obligatoire afin d’éviter avec ses partenaires européens les
sanctions financières. Le non-respect des clauses du règlement des RGPD amène
l’entreprise à payer des amendes administratives. Ces amendes peuvent s'élever au montant
maximum entre 20 millions d'euros et 4 % du chiffre d'affaires annuel mondial.

La détermination des responsabilités de l’expert-comptable dépend du statut du


traiteur des données. En effet, le RGPD annonce trois statuts qui diffèrent suivant le degré
de contrôle, le responsable de la détermination de la finalité du traitement et les moyens
essentiels mis en œuvre pour l’opération. Les statuts sont le responsable de traitement, le
responsable conjoint de traitement et le sous-traitant.

Les cabinets d’expertises comptables sont concernés par les dispositions du RGPD
car en premier lieu, l’expert-comptable représente un tier des entreprises. Cela s’explique
par l’utilisation et la collecte des informations relatives à des personnes physiques. Les
données peuvent identifier la personne directement (nom, prénom, photo...) ou
indirectement (numéro téléphone, numéro de carte bancaire, le numéro de sécurité sociale
...). Et en deuxième lieu, l’expert-comptable est un gérant d’une entreprise à laquelle font
partie des collaborateurs dont il détient des informations personnelles. Les informations
anonymisées et relatives aux personnes morales sont exclues des dispositions de l’RGPD.

Vu que l’expert-comptable a accès à toutes ces informations personnelles, il est


tenu, suivant le RGPD, de demander le consentement de la personne concernée suivant les
modalités fixées par le règlement et signaler la fuite des données. Il est aussi affronté au

30
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

défi du respect du droit à l’effacement (droit à l’oubli) : Le droit à l’oubli n’est pas un
nouveau concept. Plusieurs dispositions limitent le traitement des données dans le temps.

Sous réserve de l’existence de certains motifs énoncés explicitement dans l’article


17 du RGPD, toute personne physique concernée a le droit à l’effacement des données qui
la concerne. Le responsable du traitement et le sous-traitant ont l’obligation d’effacer les
données personnelles dans les meilleurs délais suite à la demande de ce dernier. Et il est
aussi tenu de l’informer quand il rend ses données publiques en tenant compte de ses
capacités techniques vu la difficulté qu’on pourra rencontrer lors de la récupération de ces
données et le coût qui en sera engendré.

Afin de se conformer aux diverses dispositions du règlement, les cabinets


d’expertise comptable sont tenus de mettre en place des mesures techniques et
organisationnelles pour garantir la sécurité des données personnelles. Ils sont tenus de
former leurs collaborateurs, de mettre en place des contrôles d’accès par les utilisateurs et
d’utiliser des nouvelles technologies pour le chiffrement des informations.

Parmi les exigences de l’RGPD, le recours à la désignation d’un délégué à la


protection des données « DPD ». Le DPD joue essentiellement le rôle d’un conseiller. La
fonction de délégué à la protection pourrait-elle être une opportunité pour les experts
comptables ?

Défis des nouvelles plateformes économiques et nouveaux écosystèmes SMART

Il n’y a pas de définition officielle sur le terme des plateformes économiques. La


plateforme économique est un nouveau modèle qui tire sa valeur de l’écosystème qu’il
construit. Elles utilisent le numérique pour mettre en contact des offreurs et des
demandeurs. Il y a trois aspects importants des plateformes économiques suivant
Drahokoupil et Fabo (2016, p. 2) : « Premièrement, les plates-formes offrent un algorithme
qui permet une correspondance efficace entre les fournisseurs de main d’œuvre et les
utilisateurs. Deuxièmement, la technologie réduit les coûts de transaction dans la mesure
où les plates-formes peuvent également faciliter les microtransactions. Troisièmement, les

31
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

plates-formes fournissent des services pour réduire ou gérer les risques liés aux
transactions sur le marché » 18.

Les catégories des plateformes selon IGAS sont présentées dans le schéma suivant 19:

Figure 6 : Les catégories des plateformes selon IGAS

18
Drahokoupil J., Fabo B., 2016, The platform economy and the disruption of the employment
relationship. ETUI Policy Brief European Economic, Employment and Social Policy, 5: p.2
19
Amar N., Viossat L.C.,2016. Les plateformes collaboratives, l’emploi et la protection sociale. Inspection
générale des affaires sociales IGAS, 2015-121 R : p15

32
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

La plateforme présente une offre commerciale ou technique. On distingue plusieurs


types de plateformes

 Les plateformes digitales comportent les plateformes collaboratives et les moteurs


de recherche (Exp : Google), les réseaux sociaux (Exp : Facebook) et la
communication (Exp : Skype).
 Les plateformes collaboratives comportent les plateformes d’emploi, les
plateformes de connaissances partagées (Exp : Skilltroc), crowdfunding (Exp :
Bulb in Town) et les centrales d’achat (Exp : PMEcentrale).
 Les plateformes d’emploi qui englobent plusieurs plateformes : Les plateformes
freelances (Exp : Upwork), les plateformes de partage (Exp : YouTube), les
plateformes de prestations et de services (Exp : AirBnB) les plateformes de revente
des biens (Exp : Amazon), les coopératives électroniques (Exp : Coopcycle), etc.

Le choix des plateformes collaboratives a un impact sur le coût. Les startups ne


fournissent pas les produits. Elles sont des intermédiaires entre les consommateurs et les
producteurs. La structure du coût est radicalement différente des entités productrices. Pour
la qualité des biens et services, les plates-formes sont plus flexibles aux choix des
consommateurs.

Le prix est généralement de structure asymétrique. Les plateformes ont tendance à


réduire leurs marges auprès des consommateurs voire les annuler pour accroître leurs
marges auprès des producteurs. Le grand bénéficiaire est le consommateur qui jouira d’un
service de meilleure qualité et à bas prix. Ainsi, le service est plus accessible et satisfait le
mieux les besoins des consommateurs.

Des plateformes qui sont dédiées à la création et la gestion des entreprises sont en
train de se développer. Elles permettent de faire rapidement et d’une façon simple les
formalités administratives, financières et comptables. Ainsi, le métier de l’expert-
comptable est-il menacé par les plateformes numériques ?

L’expert-comptable pourrait-il tirer profit des développements de l’économie des


plateformes malgré les risques qui entourent les modèles des plateformes ? Les modèles de
plateformes collaboratives sont en face de plusieurs risques celles des firmes existantes et

33
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

de la concurrence entre plateformes. En effet selon Shapiro et Varian 199920, « la


concurrence (pour le marché) peut s’avérer très rémunératrice pour le gagnant mais elle est
très risquée. Il est très difficile à priori de prévoir le gagnant ». En plus les plateformes sont
emmenées à grandir et à atteindre une masse critique d’utilisateurs ce qui les amène à
grandir plus vite et à tout prix. Mais ceci pourrait affecter la qualité de leur service en tant
qu’intermédiaire et leur coûter plus.

Menace existentielle liée au métier de l’expert-comptable

Selon une étude menée par deux chercheurs C. Frey et M. Osborne de l’université
d’Oxford en septembre 2013, les professions de la comptabilité et de l’audit ont une
probabilité de 94% de disparaître dans les 20 prochaines années. Ceci est dû à leurs
automatisations.

Le métier de l’expert-comptable n’échappe pas à la révolution numérique.

Les entreprises utilisent de plus en plus des plateformes numériques et des logiciels
dédiés à la comptabilité, à la gestion de la paie, à la facturation, et aux plusieurs services
liés au métier de l’expert-comptable. Les plateformes peuvent être gérées par les cabinets
d’expertise comptable au profit de ses clients. Ainsi, une nouvelle forme de service entre
les cabinets d’expertise et ses clients est née. Suite à cette technologie, les experts
comptables facturent aux clients les frais de l’utilisation de ces technologies et les conseils
données. Le métier de la comptabilité tels que nous le connaissons aujourd’hui par la saisie
comptable, la préparation des déclarations, la préparation de la paie …etc ne sera pas
existant. Les nouvelles technologies feront les travaux de la comptabilité mieux que
l'homme et à des prix inférieurs. Les travaux de la comptabilité sont composés le plus
souvent de tâches routinières avec une partie manuelle qui prennent beaucoup de temps.
De plus, lorsque le volume de documents est important l’intervention manuelle est
susceptible de diminuer la fiabilité des vérifications et des contrôles émises. Ainsi, les
logiciels dotés d’une intelligence artificielle et les assistants digitaux sont-ils présentés

20
SHAPIRO C., et VARIAN, H.R., (1999), Information Rules: A Strategic Guide to the Network
Economy. Boston : Harvard Business School Press. Une citation prise d’une publication du site IPdigIT, Paul
Belleflamme, Take Eat Easy (3). L’uberisation a-t-elle du plomb dans l’aile ? publié le 28 Février 2017

34
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

comme une menace qui réduiront les emplois ou bien comme une opportunité, qui aideront
à gagner en productivité ?

La blockchain est une technologie qui traite les données comptables et les traduit
directement dans la comptabilité sans l’intervention du professionnel comptable. Les
missions d’audit eux aussi sont impactées par l’automatisation suite à la technologie du
blockchain et l’intelligence artificielle.

Suite à ce qui précède nous pourrons conclure que la révolution digitale menace
l’existence du métier de l’expertise comptable. ? L’expert-comptable pourrait-il convertir
ces menaces en des opportunités ?

35
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 3 : Opportunités des nouvelles technologies digitales

3.1. Expert-comptable : Certificateur robot éthique

Suite au développement de l’IA, nous parlons de robot qui apprend à partir de ses
expériences et qui est capables d’ajuster ses algorithmes. Il s’engagerait à faire le choix
entre des scénarios difficiles ? Tel est l’exemple d’une voiture sans conducteur qui se
trouve dans une situation de choisir entre deux mauvais résultats. Certains chercheurs
veulent doter les robots d’une personnalité juridique pour soulever les problèmes de
responsabilité. Sont-ils capables de prendre des décisions d’éthiques ? Les recherches sur
les problèmes éthiques, légaux et sociétaux dans l'usage des robots et l’IA sont en cours de
développement afin de remédier aux dangers potentiels de l'Intelligence Artificielle et la
robotique.

L’éthique concerne trois niveaux :

 L’éthique de la recherche : Les chercheurs sont tenus d’être responsables et de


respecter les préconisations ou les règles du concepteur. La méthodologie de
conception devrait intégrer des valeurs.
 L’éthique de l’usage : La mise en œuvre devrait respecter les règles d’éthiques.
 L’éthique des systèmes ou des machines : Le fonctionnement du système devrait
inclure des règles et des comportements d’éthiques.

L’écrivain « Isaac Azimov » a développé trois règles de vie des robots vivants dans
le système humanitaire nommées des « lois d’Isaac Azimov » et qui sont énoncé dans sa
nouvelle « Ranaround,1942) :

 « Un robot ne peut blesser un être humain, ou par son inaction permettre qu'un être
humain soit blessé ;
 Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par des êtres humains, sauf
quand de tels ordres s'opposent à la Première loi ;
 Un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps qu'une telle protection
ne s'oppose à la première ou à la deuxième loi. »

Il existe plusieurs cas d’ordre pratique qui peuvent placer le robot dans une
situation où il sera impossible d'agir sans violer l'une des trois lois précédentes. Les lacunes

36
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

de ces lois ont amené l’écrivain au développement de la loi zéro. Elle est énoncée
comme suit dans son roman « Robots and Empire » : « un robot ne peut mettre en péril
l'humanité, ou par son inaction, permettre que l'humanité soit mise en péril ». La première
loi protège l’humain en tant qu’individu et non qu’en tant que groupe d’individus
« L’espèce ». Ainsi les lois d’Isaac Azimov sont modifiées comme suit :

 « Un robot ne peut blesser un être humain, ou par son inaction, permettre qu'un être
humain soit blessé ; sauf quand les conséquences de l'action s'opposent à la loi
zéro ;
 Un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par des êtres humains, sauf
quand de tels ordres s'opposent à la Première loi ou à la loi zéro ;
 Un robot doit protéger sa propre existence aussi longtemps qu'une telle
protection ne s'oppose à la première ou à la deuxième loi, et à la loi zéro ; »21

Le respect de l’éthique des robots nécessite-t-il une certification ? L’éthique du


robot et de l’IA devrait-elle être traitée par la réglementation ?

Des institutions Européennes et internationales sont en train de développer une


éthique de l’IA. Nous prenons le cas du rapport publié par le « OPECST » Français en
Mars 2017. Ce rapport présente quinze propositions pour que l’intelligence artificielle soit
maitrisée, utile et démystifiée :

 « Pour une intelligence artificielle maîtrisée, il faudra :

 Eviter les contraintes juridiques abusives sur la recherche en intelligence


artificielle
 Promouvoir des algorithmes et des robots sûrs, transparents justes et concevoir
une charte de l’intelligence artificielle et de la robotique.
 Intégrer la formation de l’éthique de l’intelligence artificielle et de la
robotique dans des cursus spécialisés de l’enseignement supérieur.

21
Pôle Numérique pour la pédagogie : Les 3 lois de la robotique, d’Issac Azimov, disponible sur :
https://nte.mines-albi.fr/SystemiqueSudoku/co/v_regle_vie_Azimov.html, page consultée le 24 juin 2019

37
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

 Confier à un institut national de l’éthique de l’intelligence artificielle et de la


robotique un rôle d’animation du débat public sur les principes éthiques des
technologies.
 Instaurer une politique de formation continue afin d’adapter les compétences
du marché de travail aux exigences de requalification et d’amélioration des
compétences suite à l’intelligence artificielle et la robotique.

 Pour une intelligence artificielle utile, au service de l’homme et de l’humanité, il


faudra :

 Redonner une place essentielle à la recherche fondamentale et revaloriser la


place de la recherche publique par rapport à la recherche privée tout en
encourageant leur coopération.
 Encourager la formation de champions européens en intelligence artificielle et
en robotique.
 Orienter les investissements dans la recherche en intelligence artificielle vers
l’utilité sociale des découvertes.
 Élargir l’offre de cursus et de modules de formation aux technologies de
l’intelligence artificielle dans l’enseignement supérieur et créer - en France -
au moins un pôle d’excellence internationale et interdisciplinaire en
intelligence artificielle et en robotique.
 Structurer et mobiliser la communauté française de la recherche en
intelligence artificielle en organisant davantage de concours primés à
dimension nationale, destinés à dynamiser la recherche en intelligence
artificielle, par exemple autour du traitement de grandes bases de données
nationales labellisées.
 Assurer une meilleure prise en compte de la diversité et de la place des
femmes dans la recherche en intelligence artificielle.

 Pour une intelligence artificielle démystifiée, il faudra :

 Organiser des formations en informatique dans l’enseignement primaire et


secondaire faisant une place à l’intelligence artificielle et à la robotique.
 Former et sensibiliser le grand public à l’intelligence artificielle par des
campagnes de communication, l’organisation d’un salon international de

38
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

l’intelligence artificielle et de la robotique ainsi que la diffusion d’émissions


pédagogiques à la télévision.
 Former et sensibiliser le grand public aux conséquences pratiques de
l’intelligence artificielle et de la robotisation.
 Être vigilant sur les usages spectaculaires et alarmistes du concept
d’intelligence artificielle et de représentation des robots. » 22

Suite à ce qui précède, l’expert-comptable en sa qualité de garant de l’application


de la réglementation, pourrait jouer un rôle de certificateur de la réglementation d’éthique
de la robotisation et de l’intelligence artificielle.

3.2. Avantages du Soft AI

L’intelligence artificielle a des usages très variés. Le soft AI a plusieurs avantages.


Le soft AI automatise les tâches humaines ce qui permet de réduire le nombre des
employés. Cependant il présente un risque énorme sur les emplois existants.

Le soft AI aide le professionnel dans certaines tâches qui facilitent leur vie
quotidienne citons l’exemple des chatbots dotés d’une intelligence artificielle qui peuvent
répondre à des questions simples des clients. Il permettra d’accomplir moins de tâches à
faible valeurs ajoutées, ainsi l’automatisation de la saisie comptable et la gestion de la paie
exemple la technologie de « Robotics Process Automation, RPA » pour l’automatisation
des transactions répétitives.

L’utilisation du soft AI évitera à l’expert-comptable les erreurs humaines et lui


procurera une nette réduction des coûts à travers des logiciels développés qui permettent
aux entrepreneurs un scan de la facture (par smartphone), de détecter automatiquement le
contenu de la facture et de passer l’écriture comptable dans les livres comptables de la
société.

L’intelligence artificielle aide à la prise de décision et à l’établissement des


prévisions. Le soft AI permet une relation complémentaire à l’humain en lui laissant à

22
Ganay C., Gillot D., 2017. Pour une intelligence artificielle maîtrisée, utile et démystifiée. Office
parlementaire d’évaluation des choix scientifiques et technologiques, p1-4.

39
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

accomplir les tâches à plus forte valeur ajoutée. Ce qui lui donne plus de disponibilité et
d’amélioration de la qualité de son corps de métier.

L’IA permettra à l’expert-comptable de gagner du temps qui sera utilisé au profit


du client. Ainsi il sera plus réactif et aura plus de disponibilités grâce à l’écoute de ses
clients et subvenir à leurs besoins à tout moment. Il accompagnera d’autre part le client
afin de satisfaire ses demandes et ses attentes avec des missions à forte valeur ajoutée.
Exemple : aider le client dans le choix des technologies appropriées à son activité.

Il sera capable à procurer une analyse prédictive aux clients via l’utilisation de
l’intelligence artificielle. Exemple : la prédiction des situations financières des entreprises.

Nous partirons aussi d’un gain de temps généré par l’IA au profit du collaborateur
cette fois-ci car ce dernier se débarrassera des tâches répétitives à faible valeur ajoutée.

Mais notamment, il viendra un jour où le travail de l’expert-comptable laissera


place définitivement à l’IA afin de répondre à toutes les questions relatives à ces travaux.

3.3. Expert-comptable : Délégué à la protection des données

Suivant le RGPD, la protection des données est assurée par le délégué à la


protection des données « DPD » (ou le data protection officer « DPO »). Il est responsable
de la localisation, l’anonymisation et la préservation des informations personnelles
récoltées par l’entreprise. Il est garant de la récolte, du traitement et de la conservation des
données personnelles au sein des organismes. Le DPD est tenu de définir et d’impulser une
stratégie de protection des données personnelles conformément aux exigences du RGDP.

Suivant l’article 37 de la section 3 du Chapitre 4 du RGPD « le délégué à la


protection des données est désigné sur la base de ses qualités professionnelles et, en
particulier, de ses connaissances spécialisées du droit et des pratiques en matière de
protection des données ». Suivant les critères mentionnés dans le RGPD, le DPD est un
professionnel ayant des compétences techniques et réglementaires qui répondent aux
enjeux que posent le traitement et la protection des données. Le DPD doit avoir une
connaissance de l’organisation, du système d’informations et la gestion des données de
l’entité afin que ses conseils soient les plus adaptés. Le RGPD précise que le DPD peut
être un professionnel externe à l’entité. Le DPD est un acteur dans la construction d’une

40
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

relation de confiance entre l’entreprise, ses salariés, ses clients et ses fournisseurs. Suivant
les critères mentionnés, un expert-comptable compétent pourrait être un délégué à la
protection des données.

Le délégué à la protection des données pourrait être chargé de la tenue du registre


des traitements qui doit contenir certaines informations et données suivant le RGPD.
Suivant l’article 30 du RGPD, le registre des traitements n’est obligatoire que dans les
entreprises ayant un nombre de salarié supérieur à 250 salariés ou des entreprises de moins
de 250 salariés traitant des données sensibles (opinions politiques, courant religieux,
orientation sexuelle…) ou qui effectuent des traitements sur une catégorie particulière de
personnes (condamnée, employé…) de manière occasionnelle ou non.

C’est une opportunité pour l’expert-comptable d’occuper cette fonction étant


indépendant et régie par un code d’éthique. Il a des compétences techniques, juridiques,
des systèmes d’information et de l’organisation des entreprises. Cela lui permet
d’accompagner ses clients pour être en conformité avec les dispositions du RGPD et
d’identifier les actions à mettre en place et assurer leur suivi dans le temps.

3.4. Automatisation des activités à faible valeur ajoutée

La valeur ajoutée est très importante pour une entreprise. Elle représente la
performance de celle-ci. L’automatisation des activités consistait toujours à confier les
tâches répétitives et avec peu de valeur ajoutée à des systèmes informatiques. Ce qui
permettrait au personnel de se focaliser aux activités à forte valeur ajoutée et aux situations
les plus complexes qui nécessitent la présence de l’intelligence humaine.

L’automatisation de la saisie comptable permet de produire un nombre très


important d’écritures comptables dans une durée inférieure à celle faite manuellement.
L’automatisation des tâches de saisie procure une valeur ajoutée aux clients qui auront les
informations financières de leurs entités à temps. La disponibilité des données en temps
réel, permet de fournir aux clients des indicateurs pertinents d’analyse. Des indicateurs qui
permettent aux clients de prendre les décisions en temps opportun.

41
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Le « Robotic Process Automation » est définis par Deloitte comme suit: «is
defined as the automation of rules-based processes with software that utilises the user
interface and which can run on any software, including web-based applications, ERP
systems and mainframe systems. »23. C’est une technologie qui permet d’automatiser des
processus prédéfinis. Elle repose sur l’intelligence artificielle et le Machine Learning. Ci-
dessous une figure prise du Survey 2017 24 de Deloitte définissant le RPA :

Figure 7 : Définition du « Robotic Process Automation »

Une étude faite par deloitte25 sur le « Robotic Process Automation (RPA) » montre
que le process de la comptabilité et de la finance sont les plus exposé à l’automatisation par
le RPA. La figure ci-dessous montre les domaines d’automatisation suivant une étude faite
par « Deloitte Robotics and Cognitive Automation Delivery Center » intitulée « Internal
Controls Over Financial Reporting Considerations for Developing and Implementing
Bots »

23
Deloitte,2017. The robots are ready. Are you? Untapped advantage in your digital workforce, p.1.
24
Deloitte, 2017. The robots are ready. Are you? Untapped advantage in your digital workforce, p.1.
25
Deloitte, 2018. Internal Controls Over Financial Reporting Considerations for Developing and
Implementing Bots, p.2.

42
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Figure 8 : Les domaines d’automatisation

Le RPA pourrait aider à repenser les processus d’audit. En effet, actuellement les
cabinets d’audit utilisent des logiciels ou plateformes pour la numérisation et l’archivage
des documents, des travaux et des pièces justificatives. Les logiciels ou les plateformes
pourraient être personnalisables à l’aide du RPA suivant la nature de mission, le secteur et
la méthodologie d’audit fixée par le cabinet (exemple : Plateforme CANVAS). De même,
les cabinets d’audit utilisent des logiciels d’analyse de données. Le RPA donne
l’opportunité aux auditeurs d’automatiser les procédures de l’audit et non seulement
certaines tâches.

3.5. Evolution de l’offre de l’expert-comptable vers plus d’intelligence des systèmes de


ses clients

Les nouvelles technologies ont contribué à l’évolution de la société en général.


Elles ont révolutionné les moyens de communication entre les clients et les prestataires de
services. Les cabinets d’expertise doivent proposer de nouvelles offres de services. La
manière de proposer des offres devrait être présentée en s’appuyant sur la digitale. Chaque
cabinet devrait se différencier et faire en sorte d’être le plus attractif que possible afin de
faire face à l’évolution des habitudes et des systèmes des clients.

L’offre de l’expert-comptable se différencie par la forme de communication et les


technologies utilisées et par l’évolution de la nature de l’offre proposée. L’un des moyens
technologiques de communication les plus importants est le smart phone. Il facilite
plusieurs tâches à ses utilisateurs et leurs permet d’être connectés en permanence à
internet. Ces progrès impactent le domaine professionnel, la communication des employés

43
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

d’une même entité et même avec les tiers de cette dernière. La maîtrise et la présentation
correcte de ces outils aux clients permettent d’offrir une opportunité pour l’expertise
comptable.

L’offre de l’expert-comptable est tenue d’évoluer parallèlement à l’évolution des


systèmes de ses clients. Il pourrait proposer des outils mobiles pertinents permettant de
faciliter la mise à disposition des documents pour ses collaborateurs et sa clientèle,
proposer des conseils simplifiés par les notifications, des fiches de paie numériques et une
gestion dématérialisée des documents. Outre l’amélioration de leurs services et le
rapprochement auprès de leurs clients en leurs offrant des outils pratiques, cette méthode
démontrera que le cabinet est en train de suivre les innovations du marché. C’est une
nouvelle façon de communication et de fidélisation des clients. L’offre de l’expert-
comptable communiqué par les moyens du téléphone mobile consolidera la présence de
l’expert-comptable avec les autres moyens numériques.

Il existe d’autres moyens digitaux permettant l’évolution des offres des experts. Le
recours aux plateformes collaboratives permet aux experts de se correspondre mieux aux
besoins afin de faciliter les transactions administratives aux entrepreneurs. Le recours à des
cabinets d’expertise comptable offrant des services en ligne aide les entreprises, surtout les
petites, à gagner en termes de coût. Ces plateformes collaboratives sont liées directement à
la banque du client. De même les échanges des documents comptables se fait en toute
sécurité.

Les plateformes collaboratives permettent aux cabinets d’être en collaboration avec


leurs clients. Les données et les informations deviennent à jour et accessibles en temps
réel. L’accessibilité de l’information permet à l'expert-comptable de conseiller son client
en temps opportun. L’expert-comptable doit veiller à choisir la plateforme qui correspond
le plus aux systèmes informatiques du client et aux diverses tâches à réaliser par lui-même
et par son client.

L’expert-comptable pourrait présenter des états financiers prévisionnels sur la base


des informations produites en temps réel et grâce à l’intelligence artificielle. Ainsi
l’anticipation de l’évolution de l’activité de la société serait possible.

44
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

La technologie de blockchain impactera les missions de l’expert-comptable. Selon


un article26écrit par Hitendra Patil, les missions comptables actuelles évolueront vers des
missions présentant des valeurs plus élevées de travail. A l’aide de cette technologie, les
clients ne seront pas obligés de fournir les documents, les données et les informations
comptables et financières aux experts-comptables. La création des livres comptables sera
réalisée automatiquement. De même pour les déclarations d’impôts, l’Etat pourra sur la
base des informations collectées, rembourser les impôts et les taxes directement. Les
27
transactions bancaires seront faites automatiquement. Suivant un article publié par
(Catalini et Gans) mentionne que la technologie de Blockchain permet de rendre la
vérification des données et l’authentification des acteurs sans coût et permet aussi de
réduire les coûts de mise en réseau. Les impacts de la Blockchain sur le métier de l’expert-
comptable se manifestent sur la sécurité des informations et des échanges ; la
dématérialisation ; la fidélité et la sincérité ; et la coordination des organisations 28.

L’offre de l’expert-comptable devrait évoluer vers le conseil. A l’aide des


nouvelles technologies, il pourra contrôler la situation financière de ses clients en ligne et
en temps réel. Ainsi, il leur présentera les conseils utiles.

L’offre pourrait concerner le système technologique du client. En examinant les


faiblesses de l’organisation de son client, l’expert-comptable pourrait présenter les
solutions les plus appropriées.

3.6. Elargissement du domaine des compétences/formation de l’expert-comptable

Le professionnel expert-comptable est intéressé par les nouvelles opportunités


présentées par la révolution technologique. Les nouvelles missions nécessitent
l’élargissement du domaine de compétence de l’expert et de sa formation.

26
Patil H : 22 Ways Blockchain Will Change the Accounting Profession Forever. [WEB] (28/12/2017 et
modifié le 27/09/2018), disponible sur : https://www.compta-online.com/blockchain-20-transformations-qui-
vont-revolutionner-la-comptabilite-ao2954, page consultée le 22 Juillet 2019.
27
Catalini C. and S. Gans J., 2016. Some Simple Economics of the Blockchain (No. w22952). National
Bureau of Economic Research, p.1-26.
28
Desplebin O., Lux G.,2018. L’évolution de la comptabilité, du contrôle, de l’audit et de leurs métiers au
prisme de la Blockchain : une réflexion prospective, p.1-20

45
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

L’expert-comptable touche tous les volets de l’entreprise : la gestion, le système


d’information, la comptabilité, les finances, le droit, l’économie.... Ces missions
concernent les missions de certification, de conseil et d’assistance. L’association des
experts comptables avec les autres services des avocats, des informaticiens et toutes autres
disciplines s’avère nécessaire afin de satisfaire les besoins des clients.

L’offre des données comptables et financières au client en temps réel est l’une des
attentes nécessaires suite aux développements des technologies. Le domaine de
compétence de l’expert-comptable doit atteindre les outils informatiques qui contribuent à
la rapidité de l’établissement de l’information financière et l’implémentation de la
Business Intelligence qui clarifie la lecture des données et la prise de décision tactique et
stratégique par les clients. Les experts-comptables devraient élargir leurs domaines pour
incorporer les analyses avancées et prédictives dans les programmes de la Business
Intelligence.

Le domaine de compétence de l’expert doit atteindre les nouvelles missions de


conseil et de certification issus du nouveau contexte mondial. Cette évolution de l’offre
nécessite l’élargissement des compétences en Big Data, en Blockchain, intelligence
artificielle et diverses autres technologies.

Pour gérer les nouveaux changements, il faut ajouter de nouvelles disciplines et


outils dans le cursus de formation des experts comptables. Grâce à ces nouvelles
disciplines, la formation s’adaptera automatiquement à la nouvelle révolution.

La technologie de Big data aurai un impact sur la profession de l’expertise


comptable. L’acquisition des compétences maîtrisant le big data est l’un des piliers qui
assurera la réussite de l’intégration de cette technologie. De même, les futurs auditeurs
seraient appelés à collecter des éléments probants logés dans des données massives et à
pouvoir les analyser. La formation des experts comptables devrait contenir des disciplines
traitant la technologie du Big data et l’analyse des données.

Le recours aux technologies d’analyse de données en audit nécessite souvent


d’extraire les informations pertinentes parmi un ensemble de données (financières et non
financières), localisées à divers endroits (à l’intérieur et à l’extérieur de l’entité auditée).
Afin d’assurer leur efficacité, les auditeurs seront souvent appelés à acquérir de nouvelles

46
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

compétences en technologies d’informations. Ils pourraient être appelés à développer leurs


compétences en matière d’analyse. Les experts comptables seraient appelés à déterminer
les données à cibler, les informations importantes pour l’analyse, les outils analytiques, la
manière de présentation et de communication des résultats.

Afin d’assurer sa transition, les cabinets d’expertise comptable sont tenus de


maîtriser des nouvelles compétences spécialisées dans le digital. Ils devraient prévoir des
formations ou des formations continues et des ateliers de travail à leurs personnels afin
d’acquérir ces nouvelles compétences. Néanmoins la formation académique des auditeurs
devrait contenir des disciplines axées sur l’analyse des données et sur les technologies
d’informations.

47
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Chapitre 2 : Stratégie d’adaptation de la profession, des


cabinets, des professionnels et des écosystèmes face à la
révolution

48
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 1 : Impact de la révolution digitale et stratégie de la profession,


celle du professionnel et celle des écosystèmes SMART

La profession de l’expert-comptable est impactée par les nouvelles technologies et


les modèles économiques. Des outils innovants ont basculé la profession de l’expertise
comptable. Ils permettent d’automatiser la quasi-totalité de la tenue de comptabilité. Ces
nouveaux outils permettent la collecte, l’analyse, le classement et la saisie des
automatiques des écritures de dépenses, des factures et les flux bancaires.

Les outils innovants intègrent le savoir qui est le fruit des expériences des
professionnels. Ainsi, les experts comptables sont tenus d’identifier les nouveaux besoins
des clients et de les traduire en services.

Quelles sont les technologies impactant la profession de l’expert-comptable et


l’impact fiscal et législatif de cette révolution technologique sur la profession ?

1.1. Impact législatif sur le métier

En application de la loi organique régissant la profession d’expertise en comptable


en Tunisie, le champ d’intervention d’un expert-comptable est régi par cette loi. D’après
l’article 2 de loi n° 88-108 du 18 août 1988, portant refonte de la législation relative à la
profession d’expert-comptable (Jort n° 56 du 26 août 1988, page 1197), l’expert-comptable
est celui qui : « …fait profession habituelle d’organiser, de vérifier, de redresser et
d’apprécier les comptabilités des entreprises et organismes auxquels il n’est pas lié par un
contrat de travail. Il est également habilité à attester la sincérité et la régularisation des
comptabilités et des comptes de toute nature vis-à-vis des entreprises qui l’ont chargé de
cette mission à titre contractuel ou au titre des dispositions légales et réglementaires et
notamment celles relatives à l’exercice de la fonction de commissaire aux comptes de
sociétés…..L’expert-comptable peut aussi analyser, par les procédés de la technique
comptable, la situation et le fonctionnement des entreprises sous les différents aspects ;
économique, juridique et financier. Il fait rapport de ses constations, conclusions et
suggestions. »29

29
Loi n° 88-108 du 18 août 1988, portant refonte de la législation relative à la profession d’expert-
comptable (Jort n° 56 du 26 août 1988, page 1197),

49
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

La loi de la profession limite le champ d’intervention de l’expert à des missions qui


traitent principalement l’information financière de l’entreprise. Comme nous l’avons traité
au premier chapitre des nouvelles missions potentielles seront demandées par les clients.
Le métier de l’expert sera orienté plus vers le conseil. Le changement des dispositions de la
loi pour s’adapter aux changements du domaine d’intervention de l’expert s’avère
nécessaire.

La législation de la profession doit couvrir les missions de conseil, la mise en place


des systèmes d’information, l’audit des informations non financières et autres.

La loi de la profession d’expertise comptable est tenue d’évoluer non seulement au


niveau du champ de l’intervention mais aussi au niveau de la condition exigée par la loi sur
la structure du capital des sociétés d’expertise comptable. Suivant l’article 4 de la loi le
capital de la société d’expertise doit : « …. Justifier que les trois quarts au moins de leurs
actions ou de leurs parts sociales sont détenus par des membres de l’ordre, le reste pouvant
être détenu par des personnes liées à la société par un contrat de travail... »30

Selon la loi, l’acquisition du capital d’une société d’expertise comptable par une
personne ou plus autre qu’un expert membre de l’ordre ne peut être qu’à concurrence d’un
quart du capital et que ces personnes doivent être des salariés. Ces exigences limitent
l’accès des personnes ayant des compétences et des disciplines qui pourraient aider les
experts comptables dans le contexte de la révolution technologique.

L’évolution de la législation régissant la profession de l’expertise comptable en


Tunisie est utile pour permettre au professionnel de gérer et de profiter de la digitalisation.
Quelle est la stratégie de la profession à adopter par l’OECT ?

1.2. Stratégie de la profession présentée par « l’OECT »

Durant son trente troisième congrès international, l’OECT a choisi comme thème «
La révolution digitale : défis et apport pour l’économie tunisienne ». Ce choix s’inscrit
dans le cadre de la sensibilisation du Grand public de l’importance des avancées
technologiques et de la nécessité de suivre cette révolution exponentielle. L’ordre des

30
Loi n° 88-108 du 18 août 1988, portant refonte de la législation relative à la profession d’expert-
comptable

50
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

experts comptable annonce à travers son 33 ème congrès que la Tunisie est en retard
technologique et ce dernier affecte lourdement la croissance de l’économie Tunisienne. Et
elle est tenue de se rattraper et profiter des opportunités qui se présentent.

Le congrès a traité les thèmes suivants :

 Enjeux de la révolution digitale et ses impacts ;


 Stratégie de transformation digitale réussie, une réalité à méditer
 Menaces du digital, Dark web, espace cybernétique, souveraineté cybernétique
 La transformation à l’ère du digital : rôle de l’expert-comptable.
 Identification des facteurs-clés de succès dans un projet de transformation
numérique.

Le congrès a lancé huit workshops qui sont :

 Workshop1 : Fin-Tech et Reg-Tech un impératif stratégique pour le secteur


financier : quelles opportunités ?
 Workshop 2 : Transformation de la fonction finance et nouvelles technologies,
focus sur la RPA et l’automatisation intelligente.
 Workshop 3 : Smart City comme levier de développement de nouveaux services
performants.
 Workshop 4 : Stratégie du gouvernement en matière de transition numérique et
digitalisation de l’administration publique.
 Workshop 5 : La transition numérique : opportunités pour la profession et gestion
dématérialisée du cabinet.
 Workshop 6 : Convergence digitale du monde financier.
 Workshop 7 : Les incubateurs de performances digitales
 Workshop 8 : Industrie 4.0 : quels enjeux pour la Tunisie

Afin de satisfaire les besoins de son écosystème, l’OECT a lancé en 2019,


l’Académie Internationale des Métiers du Contrôle et de la Finance « AIMCF », avec la
participation du cours des comptes, L'INLUCC, l'APB, la FTUSA et Maghreb Corporate.
Une académie qui enseigne les meilleures pratiques et délivre des certifications dans
plusieurs matières dont l’une relative à l’intelligence artificielle et les systèmes
d’information intégrés.

51
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

L’ordre des experts comptables est en train de chercher des incubateurs des
nouvelles technologies afin d’appliquer les connaissances acquises lors des formations
telles que les laboratoires dans les facultés ou des incubateurs dans des sociétés privées ou
publiques.

Vu l’importance du métier d’expertise comptable pour l’économie, l’OECT est en


cours de créer un observatoire des entreprises côtés et publiques qui permet de développer
des statistiques sectorielles, par région ou par service au profit des entrepreneurs ou des
chercheurs. Ainsi, ils participeront au développement du tissu économique. Nous pouvons
prendre aussi l’exemple de l’ordre des experts comptables Français qui a lancé un projet
intitulé « Image PME : Indicateurs de mesure de l’activité de la gestion et de l’emploi des
PME » qui permet d’exploiter les données des déclarations dématérialisées, les données
des chiffres d’affaire, des investissements, nombre des salariés, niveau de salaire des
entreprises PME. Ces statistiques sont un outil d’analyse et de benchmark macro-
économique. Ils éclairent tout intéressé sur la situation économique des secteurs suivant
leurs régions et mesurent l’impact des politiques adoptées.

L’ordre des experts comptables de la Tunisie est l’organisme professionnel dont


l’une de ses missions est « D’assurer le fonctionnement normal de la profession d’expert-
comptable ».31 Dans le cadre de la révolution technologique, l’OECT doit instaurer une
stratégie pour la digitalisation des cabinets d’expertise comptable Tunisien.

La première étape consiste à choisir les outils technologiques qui permettent la


transition des cabinets. Afin d’aider les cabinets Tunisiens, l’OECT pourrait les conseiller
à adopter le logiciel « SAAS ». Tout d’abord qu’est-ce que le logiciel SAAS et comment
pourrait-il être utile dans le contexte Tunisien ?

31
Loi n° 88-108 du 18 août 1988, portant refonte de la législation relative à la profession d’expert-
comptable (Jort n° 56 du 26 août 1988, page 1197)

52
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Le « Software as a Service » (SAAS) est « un modèle de distribution de logiciel au


sein duquel un vendeur ou un fournisseur de service héberge les applications et les rend
disponibles pour ses clients par l’intermédiaire d’un réseau spécifiquement l’internet. »32

Grace au logiciel SAAS les experts comptables gagneront en termes de coût. En


effet, ils ne seront pas obligés d’installer des logiciels sur leurs ordinateurs. Ils n’auront pas
besoin d’avoir des serveurs ou data centers, ni d’avoir une infrastructure informatique.
Ainsi, ils gagneront les coûts des équipements, des maintenances et les mises à jour des
logiciels.

Un autre avantage du logiciel SAAS est l’adaptation du logiciel aux besoins de


chaque expert. En effet suivant ses besoins, l’expert-comptable pourrait choisir l’accès aux
fonctionnalités et services utiles à son activité.

L’avantage le plus intéressant est l’accessibilité facile au logiciel Saas. Il suffit tout
simplement d’un appareil (ordinateur, Smart phone, tablette ...) connecté à Internet car le
logiciel Saas est stocké sur Cloud. Ainsi les contraintes temps et espaces seront éliminées.

Reste à l’OECT d’analyser les conditions du service Saas, de vérifier les conditions
de sécurité et d’hébergement des données. Il doit veiller à la non violation des données des
clients et des données personnelles. Il pourrait même vérifier avec le fournisseur du service
la possibilité que l’OECT détient lui-même les clés du cloud et qu’une équipe de
personnes qualifiées désignées par l’OECT participe au contrôle du fonctionnement du
cloud.

Outre son aide sur l’appropriation des meilleurs outils digitaux, l’OECT devrait
sensibiliser les experts comptables sur les nouvelles méthodes de travail et sur la nécessité
de la digitalisation des cabinets.

Même au sein de son organisation interne, l’OECT est en train de digitaliser son
organisation et d’adopter la gestion électronique des données. Le recours à des outils de
communication digitalisé est une étape très importante pour l’OECT. Nous pouvons

32
Ma, D., 2007. The Business Model of “Software-As-A-Service”. IEEE International Conference on Service
Computing, p.701-702.

53
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

prendre l’exemple de l’ordre des experts comptables français qui a développé une carte
d’identité numérique « Expert pass ». Cette application offre plusieurs services aux experts
comptables : l’accès direct par téléphone portable ou tablette aux parties réservées des sites
de l’ordre, la connaissance des évènements proposés, des services de l’ordre, de réagir en
temps réel aux manifestations organisées par la profession et de recevoir des alertes
personnalisées sur l’actualité professionnelle.

1.3. Stratégie de l’IFAC

L’IFAC “ International Federation of Accountants” est en cours de développer une


stratégie pour suivre les nouvelles technologies. Elle mène des travaux pour comprendre et
gérer cette nouvelle ère.

Une réunion effectuée en mars 2017 par le comité au sein de l’IFAC a traité les
tendances technologiques principales, leurs impacts et la disruption de la comptabilité et de
la fonction financière. Les principales technologies traitées impactant la profession de la
comptabilité et des finances évoquées sont : Data-Led evolution and revolution,
Blockchain, Internet des objets, Artificial Intelligence and Machines Learning, Fintech.

Le comité traite l’impact de la révolution. Il évoque que suite à l’intelligence


artificielle et la cognitive plusieurs tâches relatives à la comptabilité et à la finance sont les
premières à être automatisées. De même, les rapports d’audit financiers seront impactés par
l’automatisation de la collecte de preuves de la production des rapports et la possibilité de
fournir des informations supplémentaires utiles aux comités d'audit ; par exemple la
minimisation de la fraude.

Le comité évoque aussi que le langage informatique a simplifié l'analyse des


données et a permis d’obtenir des informations plus approfondies. Des technologies
cognitives sont développées pour aider à analyser les données et à être plus prédictif et plus
précis.

L’IFAC s’est focalisé aussi sur certains problèmes d’éthique concernant la personne
responsable de l’échec de l’intelligence artificielle, la confidentialité et la protection des
données. L’IFAC est en train d’instaurer une stratégie afin de soutenir le professionnel
dont les compétences deviennent obsolètes et d’intégrer les compétences nécessaires pour
interagir avec les systèmes cognitifs et les autres technologies.

54
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

L’IFAC traite aussi la possibilité d’améliorer la comptabilité par l’utilisation des


nouvelles technologies et de la blockchain qui permettra une visibilité complète des
données. En effet l’objectif était toujours de réduire les coûts en raison des contraintes de
mémoire et de capacité.

L’IAASB a lancé un appel à commentaires intitulé « Request for input. Exploring


the Growing Use of Technology in the Audit, with a Focus on Data Analytics » afin de
comprendre les influences du Big Data sur l'audit et d'évaluer les normes qui devraient
changer pour prendre en compte les évolutions liées à ce phénomène33

1.4. Stratégie du professionnel expert-comptable

Le professionnel expert-comptable est tenu à adopter une nouvelle stratégie pour


profiter des bienfaits de la nouvelle ère. La stratégie du professionnel consiste à adopter
des nouvelles technologies, des nouvelles méthodes et à acquérir des nouvelles
compétences.

Les outils techniques utilisés par le professionnel expert- comptable sont multiples :
des outils pour les travaux d’expertise comptable (comptabilité, audit, traitement des
obligations légales et juridiques...), des outils pour l’organisation des cabinets, des outils de
communication, des outils de pilotage des clients et des outils de marketing.

L’expert-comptable doit mettre en œuvre une stratégie digitale qui répond à ses
besoins et à ses objectifs pour développer son offre et répondre aux besoins de ses clients.
L’adaptation du professionnel l’aide à accompagner les clients dans leurs transitions et à
s’ouvrir à des nouveaux clients adoptant les nouvelles technologies.

La mise en place d’un chatbot aidera les experts comptables à gérer et à piloter les
demandes des clients. Le chatbot est un logiciel programmé qui stimule une conversation.
Le dialogue peut être mené par écrit ou oralement. Le chatbot permet d’automatiser les
tâches répétitives. En effet plusieurs travaux d’expertises comptables sont répétitifs ce qui
permet de les automatiser et instaurer des chatbots qui prennent en charge les questions des
divers clients soit sur les traitements de la comptabilité, des procédures et autres. Le

33
IAASB, 2016. Request for input. Exploring the Growing Use of Technology in the Audit, with a Focus
on Data Analytics. IAASB - IFAC.

55
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

chatbot augmenterait la productivité du personnel du cabinet. Ce dernier sera épargné des


tâches répétitives à faible valeur ajoutée et qui prennent plus de temps. Il sera concentré à
des tâches à forte valeur ajoutée.

De même, à l’intérieur d’un cabinet, l’instauration d’un chatbot pourrait aider à


répondre aux demandes du personnel du cabinet sur les nouveautés et les informations
utiles à leurs travaux. Ainsi, le chatbot contribue à la formation continue du personnel tout
en gagnant du temps. Il permet la diffusion de l’information à l’intérieur du cabinet.

La disponibilité du chatbot améliore la satisfaction des clients. Il les accompagne et


répond à certaines demandes répétitives et récurrentes. Ce qui réduit le nombre des appels
pris en charge par le personnel ou le service commercial du cabinet. Le chatpot contribue
aussi à la génération des prospects suite à la collecte des données.

L’évolution rapide de l’IA nous mène à songer à l’utilisation des avatars. L’avatar
sera alimenté par le savoir-faire des experts comptables et peut effectuer des tâches
automatiques nécessitant une forte valeur ajoutée. Il pourrait mener des conversations
personnalisées avec chacun des clients.

Les experts comptables pourraient collaborer avec les clients en temps réel à travers
un portail web sécurisé ou une plateforme digitale. Ce qui leur permettra l’échange et
l’archivage de différents documents. Les clients auront un accès facile et rapide à leurs
documents.

1.5. Impact et stratégie de la profession dans les écosystèmes SMART/SMART


City:

La profession de l’expertise comptable a un rôle important dans les écosystèmes


smart. La stratégie de la profession consiste à participer à la migration des entreprises vers
des entreprises smart. La profession vise à ce que les entreprises soient accompagnées par
les experts comptables. Ces derniers seront les incubateurs et les formateurs des
entreprises. L’expert-comptable peut rendre plusieurs services aux entrepreneurs tels que la
formation, les services comptables et juridiques et les conseils pour mener à bien la
transition digitale. L’entreprise intelligente est celle qui utilise de nouveaux modèles et
outils technologiques afin de créer des processus intelligents. Elle vise à révolutionner ses
méthodes de gestion, d’organisation et sa culture. Elle est basée sur l’intelligence collective

56
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

(IC), management des connaissances (MC), la technologie de l’information et de


communication et la technologie de la collaboration. La profession d’expertise comptable
aidera les entreprises à s’équiper des systèmes d’intelligence artificielle, des big data, de
cloud computing et d’autres nouvelles technologies. Elle permet de rendre des services
d’intégration de connaissance et de conseils.

Le professionnel expert-comptable contribue à l’accompagnement des acteurs des


projets Smart City ou la ville intelligente. L’accompagnement de l’expert-comptable est
durant toutes les phases du projet et suivant sa maturité. Une offre qui englobe la définition
des enjeux de la vision smart, la préparation des business modèles, le schéma de
financement et divers autres modèles économiques. L’accompagnement de l’expert-
comptable couvre aussi la gestion du changement, la stratégie à employer,
l’implémentation des projets et la mesure de l’impact environnemental, social et sur la
gouvernance.

La stratégie de l’OECT consiste à la mise à niveau des municipalités et à participer


à leurs digitalisations. L’OECT a proposé la mise en place d’un système d’information
permettant la digitalisation de leurs process ce qui contribuera à l’amélioration de leurs
relations avec les citoyens.

1.6. Les aspects fiscaux et législatifs de la révolution exponentielle

La révolution technologique a engendré de nouvelles problématiques législatives et


fiscales. Celles relatives à la protection des données personnelles, l’impact des nouvelles
plateformes économiques, la blockchain, la robotisation et autres.

Le législateur Européen a mis en vigueur le RGPD afin de protéger la vie


personnelle des internautes. En effet Le RGPD est devenu obligatoire en mai 2018 pour
protéger les données personnelles de tous les internautes utilisant le net. Les réseaux
sociaux portent une atteinte à la vie privée des utilisateurs car ils collectent leurs
informations personnelles. Ces informations sont utilisées pour des besoins commerciaux,
politiques ou autres. Tel est le cas du scandale de Facebook et la revente des données
personnelles des utilisateurs. Ou le cas des utilisateurs des réseaux sociaux qui ont été
piratés et que leurs données personnelles ont été utilisées sans leur consentement. Les sites
web procèdent aussi à l’utilisation des données personnelles des internautes afin
d’améliorer leurs offres et les personnaliser.

57
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

De nos jours, le monde connait un vide juridique suite au développement des


nouvelles plateformes numériques. Ces dernières jouent un rôle d’intermédiaires entre les
utilisateurs qui sont flexibles et auto-entrepreneurs ainsi que les prestataires. Elles ont
permis la décentralisation des entités. Ce qui pose des problématiques législatifs à
résoudre. Les autorités sont confrontées à deux approches « le statu quo ou le sur mesure
»34. Le législateur choisit soit un régime juridique sur mesure pour les plateformes soit
l’application de la législation existante en apportant des modifications pour combler les
vides et les lacunes.

Prenons l’exemple d’Uber dans le contexte français, les autorités ont pénalisé le
transport avec des chauffeurs non professionnels qui n’opèrent pas dans le cadre légal des
services de transport35.

En matière fiscale, la naissance des plateformes peut poser des risques. L’une des
spécificités des nouvelles plateformes est la mobilité. Les entreprises s’implantent dans
plusieurs pays. Afin d’optimiser ses pratiques fiscales, ces entreprises ont intérêt à
implanter leurs sièges sociaux dans des pays à faible taux d’imposition ou des paradis
fiscaux. La territorialité des impôts et le transfert des prix sont l’un des problèmes à
résoudre.

Pour la lutte contre l’érosion fiscale, l’Organisation de coopération et de


développement économiques l’OCDE a lancé le projet « BEPS » (Base Evasion and Profit
Shifting) qui a décrit des mesures à implémenter au niveau international. Ces mesures
s’attaquent aux montages fiscaux qui exploitent les dissemblances des différents systèmes
fiscaux nationaux pour transférer des bénéfices et éroder la base d’imposition. Les actions
du projet « BEPS » sont essentiellement la neutralisation des effets des montages hybrides,
la limitation de la déduction des intérêts, le développement de la transparence pour les
administrations fiscales et l’amélioration de la documentation des prix de transfert,
l’instauration des règles sur les sociétés étrangères contrôlées « CFC, Controlled Foreign
Corporations ».

34
Lambrecht M.,2016. L’économie des plateformes collaboratives. CRISP, p. 5-80
35
Article L3124-13 du code des transports français, inséré par la loi française n°2014-1104 du 1èr octobre
2014

58
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

D’autres difficultés fiscales apparaissent suite à l’exploitation des données


personnelles des internautes. Certains auteurs posent le problème de la valorisation fiable
du profit provenant de l’exploitation des données issues du suivi des internautes

59
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 2 : Stratégie et évolution nécessaires des missions

2.1. Les missions actuelles de l’expert-comptable et leurs avenirs

L’expert-comptable intervient dans chaque étape de la vie de la société. Il est la


personne la mieux habilitée à conseiller et à répondre aux besoins et aux exigences
comptables, fiscales, sociales et financières. L’expert-comptable réalise des missions
comptables telles que la tenue de la comptabilité ou l’assistance comptable. Et il a la
mission d’attester la régularité et la sincérité des états financiers.

L’expert-comptable intervient aussi dans d’autres missions telles que :

 L’aide au financement et l’investissement


 L’évaluation des entreprises ;
 La mise en place d’outils de gestion : Budgets, Tableaux de bord…
 L’aide juridique ;
 La préparation et l’édition des bulletins de paie ;
 Le conseil à l’export ;
 L’établissement des déclarations fiscales
 L’assistance des entreprises en cas de contrôle fiscal ;
 La réorganisation administrative (informatique, gestion du personnel et
recrutement)

L’automatisation de la profession des experts comptables est réelle et bel et bien


présente. Elle touche les tâches à faible valeur ajoutée, essentiellement la mission
comptable avec tous ses aspects de l’enregistrement comptable, les obligations fiscales et
juridiques et la tenue de la paie.

Suite à la révolution technologique, les missions et fonctions actuelles de l’expert-


comptable vont disparaître dans les 20 prochaines années. Les experts comptables sont
tenus à chercher de nouvelles opportunités pour évoluer leurs missions. L’automatisation
aidera les experts comptables à consacrer de moins en moins de temps à la comptabilité et
à toucher les missions de conseil et à accompagner les entreprises.

Quelles sont les attentes des clients suite à cette révolution technologique et quelles
sont les offres à proposer par les experts comptables ?

60
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

2.2. Les attentes potentielles des clients

Suite à la révolution technologique et à l’automatisation des tâches comptables et


fiscales, les clients demandent de nos jours plus qu’une assistance à la comptabilité et la
fiscalité. En effet ils cherchent des conseils pour piloter leurs entreprises et à améliorer par
conséquent leurs performances.

Les clients cherchent des informations, du soutien, des conseils auprès de leurs
experts comptables. L’avenir de la profession d’expertise comptable est donc dans le
conseil. Le concept du conseil exige un autre état d’esprit de l’expert-comptable. Il
nécessite une présence et une proximité du client. Il vient aux experts comptables de
proposer de nouveaux services pour satisfaire les besoins de leurs clients. Ce genre de
mission concerne les grandes entreprises ainsi que les TPE et PME quand les dirigeants
sont confrontés à des difficultés de gestion. Ces difficultés sont dues à un manque de
connaissances, de ressources ou de temps.

Le métier de conseil nécessite des techniques et des organisations différentes des


métiers traditionnels de l’expert-comptable. Ceci exige une stratégie, une compétence
particulière et un investissement. L’expert-comptable est tenu à se renouveler, à devenir
consultant et à donner des conseils adéquats et spécifiques à ses clients.

La maîtrise des données financières et la bonne connaissance de l’entreprise sont


des atouts qui aident l’expert-comptable à être le mieux placé pour conseiller ses clients.
Les alimenter par les informations financières interprétées, analysées pour la prise de
décision est l’une des pratiques qui sont tenues à être faites en permanence. Cela nécessite
également des outils de gestion.

En plus des informations financières, l’expert-comptable a d’autres atouts pour


communiquer et aider ses clients à élaborer des rapports concernant des informations non
financières. L’expert-comptable de part sa connaissance de l’entreprise est le mieux
habilité à donner des conseils pour définir la stratégie qui assure l’évolution de l’entreprise
vers une meilleure performance. Il détermine les indicateurs qui l’aideront à prendre la
mesure de cette évolution. La divulgation des rapports sur l’information non financière
permet d’engager l’entreprise dans le chemin de la transparence grâce à l’évolution des
moyens de communication et afin de gagner la confiance des clients et de développer les
performances commerciales de l’entreprise.

61
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

2.3. Tiers de confiance numérique

Le tiers de confiance numérique est une nouvelle fonction que peut occuper un
expert-comptable. Ce dernier a toujours apporté de la sécurité à ses clients.

La dématérialisation de l’organisation des entreprises nécessite certains


changements des pratiques de la société tel que l’échange des documents numériques
exemple les bulletins de paie et la collecte des factures électroniques etc. La sécurité de ces
documents est un élément très important pour l’économie numérique.

L’expert-comptable bénéficie de la confiance de son client. Il est le premier


conseiller des entreprises. Il pourrait réaliser une prestation de service sur la réalité des
divers documents numériques. Il connait l’organisation de la société et pourrait conseiller
son client sur les outils et les solutions à mettre en place. De par son expérience au monde
des affaires, il aiderait son client à détecter les risques pour une entreprise. Ainsi, il aidera
ces derniers à les éviter et à profiter des opportunités qui se présenteraient. L’expert-
comptable est concerné par cette fonction. En tant que tiers de confiance, il devrait
apporter de la confiance à tous les documents numériques et les données intégrées par les
entreprises. Cette fonction pourrait être régie par des textes réglementaires et des
règlements professionnels.

62
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 3 : La transition digitale des cabinets

La transition digitale touche les sociétés et les cabinets d’expertise comptable à


part égale. Toutes les fonctions sont impliquées : la production, la qualité, les ressources
humaines, le commercial, la stratégie etc. Afin de faire face aux changements, les experts
comptables devraient songer à réorganiser leurs cabinets et à adopter une stratégie digitale.
Une transition qui favorise l’évolution d’un expert-comptable à un expert-comptable
numérique.

3.1. L’organisation des cabinets d’expertise comptable

L’organisation des cabinets d’expertise comptable devrait changer pour faire face
au perpétuel développement. L’expert-comptable est un professionnel multidisciplinaire.
Cette formation permet - elle de faire face aux changements de l’économie mondiale ? Ou
faut-il recourir à d’autres professionnels pour accomplir ses missions ?

L’inter-professionnalisme présente plusieurs avantages au métier de l’expert-


comptable. Certes, le recours à des experts de discipline différente est nécessaire pour
accomplir des missions, mais le développement d’un cabinet pluridisciplinaire avec
plusieurs experts apporte plus d’avantages. L’association des divers professionnels ;
expert-comptable, avocat, informaticien, et autres, permet de créer une offre satisfaisante
pour les divers clients. L’intégration des experts de disciplines différentes est l’un des
moyens permettant le développement des organisations des cabinets pour faire face aux
nouveaux besoins des clients. L’inter-professionnalisme est l’un des moyens permettant
l’adaptation du cabinet de l’expert-comptable mais le non développement des textes
législatifs au niveau national restent l’un des obstacles du cabinet d’expertise comptable.

Pour s’adapter aux nouvelles exigences des clients, les experts comptables sont
tenus à développer l’organisation de leurs cabinets pour être des experts-comptables
consultants. La profession d’expertise comptable a essayé d’évoluer pour y faire face. Elle
est en train de développer sa réglementation, les méthodes, les méthodologies et les outils
de travail. Le professionnel expert-comptable doit s’adapter à la mutation de la profession
et participer à cette évolution. L’expert-comptable devrait mettre en place une organisation
qui s’adapte au marché potentiel de conseil et aux habitudes des clients. Il est tenu à songer
à une offre différenciée des autres cabinets.

63
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Suivant cette nouvelle organisation, les méthodologies doivent également évoluer


en passant par la digitalisation au sein du cabinet d’expertise comptable. Suivant un article
publié en mars 2017, par l’ordre des experts comptables Région Montpellier 36, le cabinet
digital se résume en cinq points essentiels :

 « Maitriser la numérisation des flux entrants (en lien collaboratif avec les clients) et
sortants en lien avec une Gestion Electronique des Documents
 Optimiser la production du cabinet

 E-Production comptable (tenue et établissements des comptes annuels) et


téléprocédures (télé- déclaration et télépaiement) :

- Collecte des informations : l’enjeu de l’intégration du client dans le flux


productif et de l’automatisation de l’imputation comptable, rapatriement des
flux du client (journaux de vente) ou de sa banque et intégration dans le
logiciel de production du cabinet
- « L’enjeu majeur de la facturation électronique »
- Restitution des informations : l’enjeu de la valeur ajoutée des états financiers
en tant que tels et comme outil au service des projets de développement de
l’entreprise et l’enjeu de la restitution des données aux clients en temps réel.

 Production fiscale et téléprocédures


 Production sociale et téléprocédures sociales
 Autre production

 Sécuriser les flux sortants (Gains de sécurité - Image de la profession) Exp : Signature
électronique
 Archiver les supports numériques du cabinet avec le coffre-fort électronique à valeur
probante et son accès collaboratif
 Utiliser les outils de communication numériques et technologiques pour véhiculer
l’offre du cabinet

36
Ordre des experts comptables ‘Région Montpellier’, 2017, Les experts-comptables acteurs du
changement, p8.

64
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

 Site web et réseaux sociaux pour la communication corporate


 Vision et autres outils de communication en distanciel pour une meilleure relation
de proximité avec ses clients
 Webinar pour fidéliser ses clients et en trouver de nouveaux…

Les cabinets d’aujourd’hui ont intérêt à adopter et à définir leurs stratégies


digitales, afin de pouvoir accompagner leurs clients dans leurs transitions digitales.

3.2. Stratégie digitale à adopter

Pourquoi mettre en place une stratégie digitale dans un cabinet d’expertise


comptable ?

La nouvelle ère numérique touche l’activité des experts comptables sur tous les plans ;
organisations, métiers et relation clients. La transition digitale n’est pas seulement une
affaire de technologie mais une transformation globale des cabinets. Le changement de
matériels et de logiciels n’est pas suffisant. La digitalisation ne remplacera pas les
compétences des collaborateurs mais leur présentera un soutien pour l’activité et les
nouvelles offres du cabinet. Les experts comptables doivent adopter une stratégie digitale
afin de profiter de cette révolution technologique.

En effet les clients seront connectés et favoriseront un accès en temps opportun à


leurs données comptables et financières. Ils recherchent plus que des données ; de
l’accompagnement et du conseil tout au long de la vie de leurs entités. Via les nouveaux
outils et plateformes les experts comptables développeront de nouveaux services et
créeront de nouvelles perspectives. Ainsi la digitalisation des cabinets permettra d’avoir un
nouveau business model se basant sur des services avec une forte valeur ajoutée qui
toucheront la stratégie et l’activité de la société.

En premier lieu, le cabinet devra employer des moyens et des ressources


nécessaires à la digitalisation de ses activités internes. L’automatisation des diverses tâches
réduira les temps passés dans les tâches administratives. De même, le développement de la
communication avec les clients, le volet commercial et le marketing du cabinet s’avèrent
nécessaires. L’un des moyens digitaux de marketing est la présence au niveau des réseaux
sociaux. Le cabinet devra se présenter via les réseaux sociaux et contacter directement ses
clients potentiels. Le cabinet également devra améliorer les techniques de vente et les
propositions de services et être réactif envers ses clients.

65
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

En deuxième lieu, il devra définir les nouvelles offres en matière de numérique et


les offres potentielles des clients que ce soit ceux de la génération du numérique et ses
clients actuels demandeurs de nouvelles offres. Il devra donc établir un plan d’action qui
définira les objectifs de mise en œuvre et alignera les diverses ressources aux plans
d’actions.

En dernier lieu, il devra acquérir de nouvelles compétences et élaborer un plan de


formation. La réussite de l’instauration d’une stratégie digitale ne sera réalisée que lors de
l’implication de l’équipe. Et ce ne sera réalisé que lorsque le cabinet adoptera une
démarche participative.

3.3. Expert-comptable numérique

Il n’y a pas de définition officielle sur le terme de l’expert-comptable numérique.


L’expert-comptable numérique doit s’intéresser à l’économie numérique. Il est tenu à être
ouvert, connecté et relié aux autres. Il doit s’intéresser aux nouveautés et tirer profit des
opportunités du numérique.

Cette révolution technologique vient en aide à l’expert-comptable pour le


développement de son cabinet et de son système d’information. L’expert-comptable
numérique doit adapter les missions traditionnelles de la profession au nouveau contexte et
développer des nouvelles missions. Il cherchera les nouvelles technologies qui assureront
la performance et l’efficience de son cabinet.

L’expert-comptable numérique innovera ces moyens de communication, ainsi il se


présentera sur les réseaux sociaux et développera son e-marketing. Il est celui qui aidera
ses clients et leur apportera des idées pour assurer leur évolution. L’expert-comptable
numérique est plus qu’un expert du chiffre. Il est un conseiller pour ses clients et les aide
dans leurs stratégies.

66
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Conclusion

La transition digitale des cabinets n’est pas seulement technologique. Certes les
avancées technologiques qui interviennent dans le domaine de l’expertise comptable
permettent un gain de productivité et rendent les cabinets plus performants. Mais cette
transition est tributaire du changement humain. Le métier de l’expert-comptable sera
changé. Les diverses tâches et missions traditionnelles seront automatisées cédant la place
à des missions qui procureront de la valeur ajoutée aux clients. Un métier qui devra
s’orienter vers le conseil. Investir en communication et en marketing devient
incontournable pour présenter une offre qui se différencie des autres cabinets et des
intervenants dans le marché.

L’expert-comptable est contraint à s’adapter aux nouvelles tendances. Il devrait


élargir ses compétences et sa formation en numérique ou faire appel à de nouveaux
profils (des ingénieurs, data scientist...) afin de maitriser les nouvelles technologies. La
blockchain, l’intelligence artificielle et le big data auront un impact sur l’activité d’un
expert-comptable et sur la sécurité des données. L’expert-comptable est une cible pour les
cybercriminels vu l’importance des données détenues. Investir dans les technologies de
cybersécurité et d’anti fraude et la conformité avec les règlements de la protection des
données est une étape primordiale pour les activités des experts comptables.

Ces derniers doivent miser sur des enjeux aussi importants en matière de digitale et
de nouvelles technologies afin de se positionner à côté des dirigeants et les accompagner
dans leurs mutations.

Quel rôle peut jouer l’expert-comptable suite à la révolution exponentielle ?

67
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Deuxième partie : Le rôle de l’expert-comptable


suite à la révolution exponentielle pour ses métiers
de contrôle et de conseil

68
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Introduction

L’audit est le métier traditionnel d’un expert-comptable où il donne un avis sur les
états financiers divulgués par les entités. Après l’apparition des innovations
technologiques, nous entendons parler de l’audit augmenté. Un audit qui sera continu,
exhaustif et prescriptif. Suivant les deux associés de Mazars « Mikaël Elbaz » et « Jérôme
Huber »37, il y’a trois vecteurs de transformation qui touchent le métier d’audit et la chaine
comptable et financière de l’entité : l’intelligence artificielle, la robotisation et l’interopérabilité.
Ces trois vecteurs permettent de prédire les comportements des clients, d’avoir des informations
instantanées et un échange informationnel avec les tiers sans blocage. Comment pourrons-nous
définir la vision nouvelle de la mission de l’audit ? Comment les nouvelles technologies
impacteront la mission et le rapport d’audit ?

Vers un expert-comptable conseiller, c’est l’opportunité qui se présente aux


professionnels pour jouer un rôle dans les mutations que connaît le monde. Il a pour
objectif l’accompagnement des entreprises dans leur transformation digitale. Quels apports
peut procurer l’expert-comptable ? Quelles sont les offres potentielles qu’un expert-
comptable peut présenter à ses clients ?

Il est de plus en plus important de communiquer la valeur créée par les entreprises.
Le reporting intégré est un nouvel outil de communication de l’ensemble des valeurs de
l’entreprise. L’opportunité se présente à l’expert-comptable pour aider ses clients à
l’intégration de leurs reportings et d’autres rapports et tableaux de bord.

37
Eric Le Ven : Gagnez en sérénité et en efficacité en automatisant vos audits financiers. [WEB],
disponible sur : https://www.archimag.com/vie-numerique/2019/04/12/automatisation-audit-financier page
consultée le 15/12/2019

69
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Chapitre 1 : Le rôle de l’expert-comptable en tant


qu’auditeur/ certificateur

70
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 1 : Vision nouvelle de la mission d’audit

1.1. La Rôle de l’expert-comptable dans un environnement informatique : ancienne


position de l’IFAC

Selon l'ISA 401 de l'IFAC, « un environnement informatique existe lorsqu'un


ordinateur, quelque soit son type et ses capacités, est utilisé pour le traitement
d'informations financières d'importance significatives pour l'audit, que cet ordinateur soit
exploité par l'entité ou par un tiers »38.

La norme exige à l’auditeur de procéder à l’acquisition de certaines connaissances


nécessaires de l’environnement informatique de l’entité à auditer. Il peut recourir à un
spécialiste s’il a besoin de connaissances en particulier. En effet, Selon l'ISA
401 « L'utilisation des systèmes informatiques par les entreprises oblige l'expert-comptable
à acquérir ou à procéder à une connaissance suffisante de l'environnement informatique de
l'entité pour planifier, diriger, superviser et revoir les travaux de contrôle effectués. Il
détermine si des compétences informatiques particulières sont nécessaires pour réaliser la
mission. »39. Les diligences sont essentiellement :

 L’obtention d’une connaissance suffisante sur le système informatique de


l’entreprise ayant un impact sur la production de l’information financière :
Recenser les applications à l’appui des process de l’entreprise.
 Déterminer l’influence du système informatique sur l’évaluation des risques ;
risques inhérents et risques liés aux contrôles : Identifier les risques significatifs liés
aux applications. Prenons l’exemple « des interfaces non contrôlées, processus
manuels, applications « obsolètes » ou logiciels sans maintenance adaptée aux
besoins de la disponibilité de l’entreprise, risque de perte de données et failles dans
la gestion des accès »40
 Produire et faire les tests de contrôle et de substantifs adéquats

L’approche d’audit dans un environnement informatisé permet de connaître les


risques théoriques et potentiels et d’identifier des éventuelles erreurs ou fraudes. La norme

38
ISA 401 : Audit réalisé dans un environnement informatique
39
Ibid
40
Mazars : la prise en compte de l’audit des systèmes d’information dans la mission du commissaire aux
comptes. [WEB], disponible sur : https://www.mazars.fr/accueil/news/publications/avis-d-experts/l-audit-
des-systemes-d-infos-et-la-mission-du-cac, page consultée le 28 juin 2019

71
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

ISA 240 « Responsabilités de l’auditeur concernant les fraudes lors d’un audit d’états
financiers » a mentionné que les facteurs de risques relatifs à l’environnement informatique
apparaissent bel et bien parmi d’autres.

Les technologies d’information et de communication ont un effet sur la


planification de la mission d’audit, les tests mis en œuvre par l’expert-comptable pour
s’assurer des assertions d’audit et pour la collecte des éléments probants. Selon ISA 500
« ...Ces informations [Les informations collectées pour aboutir aux conclusions qui fondent
l’opinion de l’auditeur] sont constituées de documents justificatifs et de pièces comptables
ayant servi à l'élaboration des comptes et qui viennent corroborer des informations
provenant d'autres sources ». Dans un environnement informatique, les éléments probants
pourraient être dématérialisés. L’appréciation des éléments probants générés par les
systèmes informatiques se fait par l’appréciation des contrôles généraux de ces derniers
prenons l’exemple des contrôles des paramétrages, celui du contrôle des inputs et celui de
la vérification des contrôles programmés sur système.

1.2. Nécessaires adaptation et évolution des normes d’audits

Le changement des pratiques de la profession d’expert-comptable en mission


d’audit nécessite l’adaptation des normes internationales d’audit.

Selon la norme ISA 200, Objectifs généraux de l’auditeur indépendant et conduite


d’un audit selon les normes internationales d’audit : « les normes ISA requièrent de
l’auditeur qu’il obtienne l’assurance raisonnable que les états financiers, pris dans leur
ensemble, ne comportent pas d’anomalies significatives que celles-ci proviennent de
fraudes ou résultent d’erreurs ». Bien que l’assurance raisonnable soit une assurance
élevée, elle n’est pas absolue. En effet « il existe des limites inhérentes à l’audit ». Suivant
la norme ISA 200 (A47), ces limites sont dues à :

 La nature du processus d’élaboration de l’information financière (Exemple les


estimations)
 La nature des procédures d’audit (cas des collusions)
 La nécessité de réaliser l’audit dans un court délai et à un coût raisonnable.

Les pratiques d’audit telles que le recours aux sondages et au jugement


professionnel pour fonder une opinion présentent des limites à l’octroi d’une assurance

72
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

absolue. En plus les éléments probants collectés sont des éléments de déduction et non pas
de conviction.

L’utilisation des technologies permet l’étendue de la vérification des données sur


toute la population. Tel est le cas du Big data qui pourrait réduire les limitations inhérentes
à l’audit. Pouvons-nous ainsi avoir une assurance absolue sur les états financiers ? Prenons
l’exemple du Big data, si les auditeurs procèdent à l’utilisation de cette technologie dans
les missions d’audit, les normes d’audits devraient s’adapter et évoluer à ce contexte.

Le développement de la technologie du Big data et de l’intelligence artificielle


donne l’accès rapide et facile à un nombre important d’informations structurées et non
structurées en temps réel. L’examen de la totalité de la population deviendrait possible lors
de l’audit d’une entité. La norme ISA 530 « Sondages en audit » stipule que le choix de la
méthode de l’échantillon dépend de l’objectif spécifique que l’auditeur souhaite atteindre
afin de collecter les éléments probants. Le recours à une approche statistique ou non
statistique relève du jugement de l’auditeur. Les travaux d’audit par échantillonnage sont
tributaires du jugement de l’auditeur et de ses choix. Les travaux d’audit sont confrontés à
un risque d’échantillonnage41 qui risque de biaiser les conclusions de l’auditeur.

Grace au big data, l’audit de la population42 est faisable et à moindre coût. Sera-t-il
approprié de modifier la norme ISA 530 ?

Les normes IFAC devraient prendre en charge l’examen de l’efficacité des outils
d’analyse mises par l’auditeur en utilisant les Big data. Elles devraient traiter les critères
des données qui feront l’objet de la preuve de l’auditeur et l’identification ainsi que

41
Suivant l’ISA 530- « Sondages en audit » le risque d’échantillonnage est défini comme suit : « Risque
que la conclusion de l'auditeur basée sur un échantillon puisse être différente de celle à laquelle il serait
parvenu si l'ensemble de la population avait été soumis à la même procédure d'audit. Le risque
d'échantillonnage peut entraîner deux types de conclusions erronées : (i) Dans le cas d'un test de procédures,
la conclusion que les contrôles sont plus efficaces qu'ils ne le sont en réalité, ou, dans le cas d'une vérification
de détail, la conclusion qu'il n'existe pas d'anomalies significatives, alors qu'il en existe en réalité. L'auditeur
se soucie particulièrement de ce type de conclusion erronée dès lorsqu’elle a une incidence sur l'efficacité de
l'audit et qu'elle est d'avantage susceptible de conduire à une opinion d'audit inappropriée ; (ii) Dans le cas
d'un test de procédures, la conclusion que les contrôles sont moins efficaces qu'ils ne le sont en réalité, ou,
dans le cas d'une vérification de détail, la conclusion qu'il existe une anomalie significative alors qu'il n'en
existe pas en réalité. Ce type de conclusion erronée a une incidence sur l'efficience de l'audit, car elle conduit
généralement à des travaux supplémentaires pour confirmer que les conclusions initiales étaient erronées »
42
La norme ISA 530- définis la norme d’audit comme suit : « Ensemble des données à partir desquelles un
échantillon est sélectionné et sur lesquelles l'auditeur souhaite tirer des conclusions »

73
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

l’évolution des risques du système du Big data. En plus ces normes devraient préconiser
des techniques d’extraction des données et préciser les éléments spécifiques du Big data à
ajouter pour la collecte des éléments probants et l’ajout des nouvelles normes qui traitent la
manière avec laquelle l’auditeur pourrait utiliser le Big data pour la détection des
anomalies significatives et l’impact de cette technologie sur les diligences de l’auditeur en
matière de fraudes.

L’une des technologies qui aura un impact important sur les normes d’audit est la
blockchain. En effet, elle permet de donner une assurance sur toutes les assertions d’audit.
Quelles sont ces assertions ? La norme ISA 500 « Eléments Probants », détermine les
assertions auxquelles l’auditeur fait appel. Elles sont suivant le paragraphe 17 de la norme :

 Assertions concernant les flux d’opérations et les événements survenus au cours de


la période auditée43 : survenance ; exhaustivité ; exactitude ; séparation des
périodes ; imputation comptable
 Assertions concernant les soldes des comptes en fin de période 44: existence, droits
et obligations ; exhaustivité ; valorisation et affectation.
 Assertions concernant la présentation et les informations fournies dans les états
financiers45: survenance, droits et obligations, exhaustivité, classification et
compréhension, exactitude et valorisation

43
Selon la norme ISA 500 , les définitions des assertions sont comme suit : (i) survenance – les opérations
et les événements qui ont été enregistrés se sont produits et se rapportent à l’entité ; (ii) exhaustivité – toutes
les opérations et tous les événements qui auraient dû être enregistrés, sont comptabilisés ; (iii) exactitude –
les montants et autres données relatives aux opérations et événements ont été correctement enregistrés ; (iv)
séparation des périodes – les opérations et les événements ont été enregistrés dans la bonne période
comptable ; (v) imputation comptable – les opérations et les événements ont été enregistrés dans les comptes
appropriés.
44
Selon la norme ISA 500 , les définitions des assertions sont comme suit : (i) existence – les actifs, les
passifs et les fonds propres existent ; (ii) droits et obligations – l’entité détient ou contrôle les droits sur les
actifs, et les dettes correspondent aux obligations de l’entité ; (iii) exhaustivité – tous les actifs, les passifs et
les fonds propres qui auraient dû être enregistrés l'ont bien été ; (iv) valorisation et affectation – les actifs, les
passifs et les fonds propres sont portés dans les états financiers pour leur bonne valeur et tous les ajustements
résultant de leur valorisation ou de leur affectation sont enregistrés de façon appropriée.
45
(i) survenance, droits et obligations – les événements, les transactions et les autres informations fournies
se sont produits et se rapportent à l’entité ; (ii) exhaustivité – toutes les informations se rapportant aux états
financiers qui doivent être fournies dans ces états l'ont bien été ; (iii) classification et compréhension –
l’information financière est présentée et décrite de manière pertinente, et les informations fournies dans les
états financiers sont clairement présentées ; (iv) exactitude et valorisation – les informations financières et les
autres informations sont fournies sincèrement et pour des montants corrects.

74
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

La technologie de la blockchain permet d’assurer la fiabilité de l’information. En


effet la blockchain est une technologie externe à l’entité qui permet de donner une
assurance sur la fidélité de la représentation des transactions et des faits dans les états
financiers. Elle garantit la neutralité et la vérifiabilité de l’information par les pièces
justificatives. En effet la blockchain permet de vérifier la conformité des soldes des tiers,
les documents relatifs aux achats, aux ventes et aux divers autres documents.

La blockchain assure la sécurité des données contre toute modification frauduleuse.


Elle permet de garder l’historique des modifications. Les transactions seront traduites
fidèlement dans les livres de l’entité. Des contrôles seront faits lors de l’entrée de
l’information, de son traitement, et de sa traduction dans les reportings ainsi que l’audit des
algorithmes de la blockchain. Ce qui permet de garantir la survenance, l’exhaustivité,
l’exactitude ; la valorisation, les droits et obligations et la séparation des périodes.

La transparence des informations est aussi assurée par la Blockchain. Elle permet
d’avoir les données d’entrée parfaitement transcrites dans les rapports finaux. La
blockchain assure l’enregistrement de l’historique des blocks et les propriétés de
l’algorithme utilisés pour permettre le contrôle de tout le process et de la traduction des
informations dans les états financiers de l’entité.

1.3. Les missions de certification autres que l’audit

Les missions de certification sont celles où l’auditeur émet une opinion avec
assurance sur les états financiers, un aspect des états financiers ou une situation de
l’entreprise.

La possibilité d’élargir le champ de certification des auditeurs pour s’adapter aux


évolutions des demandes des clients est l’une des questions à aborder. Suivant un
symposium réalisé par le « Comptables professionnels agréés du Canada, CPA canada » et
l’Institute of Chartered Accountants of Scotland « ICAS » 46, les domaines de certification
demandés, autres que ceux de l’audit, sont essentiellement l’assurance à l’égard de la
continuité de l’exploitation et de la viabilité financière. Ce choix s’explique
essentiellement par le fait que les investisseurs accordent de plus en plus d’intérêt aux

46
CPA Canada et ICAS, 2019. Nouvelles possibilités pour les certificateurs : comment tirer parti
des technologies et renforcer la valeur de l’audit, p.1-10.

75
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

informations non financières qui sont relatives à l’environnement, au social, à la


gouvernance ainsi que les données intégrées qui mettent l’accent sur la création de la
valeur ajoutée des entités. L’utilisation des nouvelles technologies telles que l’intelligence
artificielle et les technologies d’analyse des données aideraient le certificateur à traiter les
données qualitatives et à procurer une assurance sur la réalité des informations générées.
Les missions de certification autres que l’audit se basant sur les nouvelles technologies
pourraient porter aussi sur les informations prospectives et sur les processus intégrés de
l’entité qui permettent de distinguer les activités à forte valeur ajoutée. La demande qui se
portent sur ces missions de certification nécessite une préparation de la part des experts
comptables pour innover les méthodes et les diligences à mettre en œuvre ainsi que le rôle
des technologies dans l’assurance à donner sur les informations à certifier.

1.4. Assurance liée aux données non financières

La divulgation des informations non financières est une responsabilité sociétale des
entreprises. Ainsi, les sociétés donnent une image sur leurs activités et « expliquent aux
parties prenantes les principaux domaines de création de valeur d'une entreprise qui vont
au-delà des informations contenues dans les comptes annuels »47. Les informations non
financières sont celles relatives aux informations du personnel, l’impact sur
l’environnement de la société, l’effet des produits ou des services réalisés sur les
consommateurs…

47
PWC ,2016. Disclose Gros plan sur le reporting d'entreprise : Le reporting d'entreprise moderne
va bien au-delà des indicateurs financiers, p.1-89.

76
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Nous citons des objets/sujets des rapports contenant des informations non
financières suivant les études de certains chercheurs.

Auteurs Notions Définitions


Diffusion d’informations
Ben Rhouma et Divulgation sociétale ou environnementales et sociales produites
Cormier (2007) Reporting sociétal par les entreprises à destination des
parties prenantes.
Diffusion régulière d’informations
économiques, environnementales et
Rapportage « développement
Capron et sociales produites par les entreprises à
durable » ou Rapportage
Quairel (2010) destination des tiers simultanément ou
social et environnemental
indépendamment de la reddition
financière.

Reporting ESG L’étude assimile l’information extra


KPMG/UNEP
(Environmental, Social and financière divulguée par les entreprises
(2010)
Governance). à l’information ESG

Proxy utilisé pour mesurer la


Dhaliwal et al. Reporting CSR (Corporate
divulgation de l'information extra
(2012) Social Responsibility)
financière.

Source : Béatrice Boyer-Allirol, 2013, Faut-il mieux règlementer le reporting extra financier pour
améliorer sa prise en compte par les investisseurs ?

Les informations non financières sont présentées dans des rapports annuels ou
séparément. La publication de ces informations pourrait être obligatoire et imposée par la
loi comme en France, qui prévoit l’audit des informations non financières publiées, et/ou
par les organismes de régulation. Les entités pourraient aussi les publier volontairement.

En effet L’IFAC a imposé dans le chapitre 8 de la norme IAPS 1010 (International


Accounting Practice Standards) intitulé « The Consideration of Environmental Matters in
the audit of financial statements » publié en 1998, aux auditeurs des états financiers de
prendre en compte l’environnement. Elle a précisé que le non-respect des réglementations
de l’environnement peut mener à des anomalies significatives et que l’auditeur doit évaluer
le risque inhérent qui en découle.

Le « Global Reporting Initiative ‘GRI’ » est une organisation non gouvernementale


qui a pour objectif l’établissement d’un référentiel international en matière de
développement durable (économique, environnemental, social, la gouvernance...).

77
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

L’application des directives de GRI reste volontaire. Certains pays comme l’Espagne ou la
Suède se réfèrent au GRI. Les entreprises ont la possibilité de les appliquer partiellement.

Les nouvelles technologies ont aidé les sociétés à créer en temps réel des données
financières et non financières. En effet, le développement des outils de collecte, d’analyse
et de corrélation des données favorise la production des informations non financières.

Vu l’importance de la publication des données n’ayant pas un caractère financier


sur les utilisateurs de ces rapports et le large public, la portée d’une assurance raisonnable
sur ces rapports s’avère nécessaire et utile. Les lignes directrices du GRI pour le Reporting
développement durable-Version G4 a mis l’accent sur le caractère significatif et pertinent
de l’information à divulguer 48. Afin de satisfaire le besoin des utilisateurs des rapports
contenant des informations non financières, l’information publiée doit être de qualité.

L’audit des informations non financières donnerait plus de confiance aux


utilisateurs des reportings sur la crédibilité et la qualité des publications des entreprises.
Selon Mikol (2003) le public ne peut avoir confiance dans les informations publiées que si
celles-ci sont attestées par des auditeurs indépendants et compétents.49

L’élargissement du champ d’intervention de l’auditeur et la couverture des données


non financières est l’une des missions futures de l’expert-comptable.

48
Global Reporting Initiative et l’Organisation internationale de normalisation, 2014. Pour une utilisation
conjointe des lignes directrices G4 du GRI et de l’ISO 26000. Lignes directrices G4 du GRI et ISO 26000,
p.1-45
49
Mikol, A., 2003. La communication environnementale de l'entreprise. Revue française de gestion.147 :
p. 151-159.

78
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 2 : Impact des nouvelles technologies sur l’audit

La digitalisation des opérations de vérification et de contrôle des informations


financières permet d’assurer la performance des transactions opérationnelles tout en
gagnant du temps. Elle permet de réduire les risques d’erreurs et de fraudes et d’assurer la
conformité des diverses organisations aux réglementations qui les régissent. Nous
examinerons l’impact de la technologie de la Blockchain et du Big data sur la mission de
l’audit.

La sécurité des données est l’un des soucis majeurs des entités et des auditeurs. Ce
qui a mené au développement des technologies anti-fraude et l’élaboration des protocoles
de cybercriminalités. Quels sont leurs impacts sur la mission de l’audit ?

2.1. Impact Blockchain sur la mission d’audit

« Les auditeurs seront affrontés à auditer des entités qui utilisent la Blockchain. En
effet de nos jours nous assistons à des Blockchain utilisées dans le poste des clients, le
poste des fournisseurs, le paiement et les décisions des organes de délibération du
personnel50 ».

Lors d’une mission d’audit, l’auditeur donne une opinion sur la sincérité des états
financiers de l’entité, dans tous leurs aspects significatifs conformément au référentiel
comptable appliqué. Afin de fonder son avis, l’auditeur doit collecter les éléments probants
51
suffisants et appropriés.

La Blockchain automatisera une large partie des travaux d’audit. Le contrôle


automatique des transactions par la technologie de la blockchain remplacera celui de
l’auditeur. En effet, cette technologie est caractérisée par la sécurité. Elle apporte un degré
de confiance élevé dans les transactions « pair à pair ». La Blockchain se fie à des règles de
validation strictes des blocs « des algorithmes de consensus ». De même elle fonctionne
sans un organe central de contrôle, ce qui rend difficile la corruption d’un registre. Elle est

50
Heuvrard F : La blockchain et le CAC. [WEB] (01/2018), disponible sur :
https://rfcomptable.grouperf.com/article/0456/ms/20171218112115892.html, page consultée le 15/04/2020.
51
Suivant l’ISA 500 « Eléments probants », les éléments probants sont les « Informations utilisées par
l'auditeur pour aboutir aux conclusions sur lesquelles il fonde son opinion d'audit. Les éléments probants
comprennent des informations contenues dans les documents comptables qui sous-tendent les états
financiers, ainsi que des informations provenant d’autres sources

79
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

caractérisée par la transparence. En effet l’accès est permis à tout le monde pour la
catégorie Blockchain Publique. De même, elle garde également une traçabilité.

Vu les caractéristiques de cette technologie, les assertions d’audit telles que prévues
par la norme ISA 500 « Eléments probants » pourraient être assurées par la Blockchain. En
effet, lors de l’utilisation de cette technologie dans les livres comptables, elle pourrait
donner une assurance sur la survenance, l’exhaustivité, l’exactitude, la valorisation,
l’existence, les droits et obligations. Elle pourra donner une assurance sur les documents
justificatifs. La vérification de la nature des transactions et leurs contextes pourrait être
l’un des moyens de contrôle couverts par la technologie d’intelligence artificielle avec la
Blockchain. Néanmoins la validation d’une transaction par la technologie de la Blockchain
ne sous-entend pas que l’Input est fiable. Les experts comptables auront à mener des
contrôles pour la validation des données.

La blockchain facilitera l’accès à toutes les transactions et aux registres complets.


Ainsi l’audit exhaustif serait faisable et facile à accomplir par les auditeurs. L’audit, par
technique d’échantillonnage, serait remplacé par l’audit de l’exhaustivité des données.

Nous traiterons l’impact de la technologie de la Blockchain sur la mission d’audit


en nous référant aux dispositions des normes internationales d’audit « ISA ».

 Exécution des diligences préalables au déroulement de la mission :

Outre l’impact de la Blockchain sur la mission d’audit, cette technologie pourrait


intervenir dans l’organisation de la mission. Tout d’abord commençant par l’établissement
de la lettre de mission qui est une obligation citée dans l’ISA 210 « Accord sur les termes
des missions d’audit ». La blockchain peut intervenir dans la tâche de l’établissement de la
lettre de mission52. Ce qui permet de faciliter sa réalisation ; sa préparation et la signature
des parties prenantes.

52
Selon l’ISA 210 le lettre de mission doit inclure : «(a) l’objectif et l’étendue de l’audit portant sur
les états financiers ; (b) les responsabilités de l’auditeur ; (c) les responsabilités de la direction ; (d)
l’identification du référentiel comptable applicable pour l’établissement des états financiers ; et (e) une
indication de la forme et du contenu envisagés de tous rapports à émettre par l’auditeur, ainsi qu’une mention
précisant qu’il peut exister des circonstances dans lesquelles la forme et le contenu d’un rapport peuvent être
différents de ce qui était envisagé.»

80
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

 Planification et identification des risques d’anomalies significatives :

Suivant l’ISA 315 « Compréhension de l’entité et de son environnement aux fins de


l’identification et de l’évaluation des risques d’anomalies significatives » : l’auditeur doit
instaurer des procédures d’évaluation des risques, qui l’aideraient à comprendre l’entité,
son contrôle interne et son environnement afin d’identifier et évaluer les risques
d’anomalies significatives.

L’utilisation de la technologie de la Blockchain par l’entité dans le cadre de son


activité ou dans ses processus, amènerait l’auditeur à procéder à l’évaluation des risques
d'anomalies significatives qui pourraient survenir suite à l'exploitation de cette technologie.
L’auditeur devrait prendre connaissance et mener les diligences nécessaires pour auditer le
code, l’infrastructure et les contrats intelligents qui sont à l’origine de la blockchain utilisée
par l’entité. C’est une nouvelle forme d’audit qui serait importante à l’auditeur de la
maîtriser et qui nécessite l’acquisition de nouvelles compétences.

Suite à l’évaluation des risques des anomalies significatives liées à l’exploitation


de la Blockchain, l’auditeur devrait concevoir et mettre en place les procédures d’audit en
réponse à son évaluation des risques conformément aux dispositions de la norme ISA 330
« Réponses de l’auditeur à l’évaluation des risques ». Il devrait concevoir les tests de
contrôle et les tests substantifs suivant la stratégie adoptée.

L’expert-comptable ne dispose pas des compétences pour accomplir l’audit de la


Blockchain. Pour ce la nécessité d’acquérir de nouvelles compétences et formations en
domaine de Blockchain est utile et indispensable aux auditeurs. Par contre de nos jours, il
n’y a pas des certifications ou des formations mises au profit des auditeurs. De ce fait le
recours un expert53 en technologie de la Blockchain permet à l’auditeur de comprendre
l’environnement de l’entité, d’identifier et d’évaluer les risques significatifs dus à cette
technologie, et de prendre les mesures adéquates dans la stratégie globale de l’audit.

Lors de l’emploi d’un expert externe l’auditeur est tenu à appliquer les dispositions
de l’ISA 620 « Utilisation des travaux d’un expert désigné par l’auditeur » ou bien l’ISA

53
Selon la norme ISA 620 « Utilisation des travaux d’un expert désigné par l’auditeur », Le terme « expert
» désigne une personne ou un cabinet possédant des compétences, des connaissances et une expérience,
spécifiques dans un domaine particulier autre que la comptabilité et l'audit.

81
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

220 dans le cas où l’expert serait employé chez l’auditeur. Le recours à un expert permet à
l’auditeur de recueillir les éléments probants suffisants et appropriés.

 Mise en place et exécution de la stratégie d’audit :

Selon l’ISA 505 « Confirmations Externes », les éléments probants de source


externe sont plus fiables que les éléments internes à l’entité. La confirmation externe
consiste à demander directement à un tiers sa déclaration portant sur des informations
spécifiques ou sur l’existence d’une situation.

La Blockchain est une technologie qui garantit l’authenticité d’un actif. Elle est
caractérisée par la transparence ainsi l’information est partagée entre tous les utilisateurs.
L’application de l’ISA 505 s'avère inutile dans le contexte d’une entité utilisant la
blockchain.

Selon ISA 540 « Audit des estimations comptables, y compris des estimations
comptables en juste valeur et des informations fournies les concernant », L’application de
la norme d’estimation présente une ambiguïté essentiellement pour les actifs créés suite à
la révolution technologique. Pour le cas de la Blockchain nous pouvons prendre l’exemple
de la Cryptomonnaie. La valeur de celle-ci est tributaire de l’estimation de la plateforme.
De nos jours les autorités n’ont pas encore déterminé la valorisation des cryptomonnaie.

Dans d’autres cas comme dans l’exemple des ‘smart contracts’, l’application de
l’estimation du passif éventuel suite à l’obligation de l’entité auditée est faisable.

Selon l’ISA 570 « Continuité de l’exploitation », l’auditeur est dans l’obligation


d’apprécier et de conclure sur la validité des hypothèses présentées et sur la capacité de
l’entité à poursuivre son exploitation. Dans notre contexte, la technologie de la Blockchain
n’est pas exclue des risques de failles de sécurité. En effet, une faille pourrait
compromettre son intégrité. L’auditeur devrait vérifier l’évaluation faite par la direction sur
sa capacité à poursuivre son activité suite à cet incident. L’auditeur doit recueillir les
éléments probants pour conclure sur la continuité d’exploitation. De même pour le cas des
cryptomonnaies, la fluctuation importante de leurs cotations amènerait l’auditeur à
appliquer les diligences nécessaires afin de conclure sur l’impact de ces fluctuations et sur
la continuité d’exploitation de l’entité.

82
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

En cas d’incertitude significative liée à la continuité d’exploitation de l’entité,


l’auditeur en application du paragraphe 22 de la norme ISA 570 devrait ajouter une section
distincte intitulée « Incertitude significative relative à la continuité d’exploitation » dans le
rapport d’audit.

La technologie de la Blockchain, dans une entité, a un impact très important sur la


compréhension des états financiers de la société. L’auditeur devrait ajouter une description
de l’impact de la Blockchain sur les états financiers tout en respectant les conditions de la
norme ISA 706 « Paragraphes d’observation et paragraphes relatifs à d’autres points dans
le rapport de l’auditeur indépendant »

2.2. Impact Big Data sur la mission d’audit

Le Big Data est un outil qui pourrait être utilisé pour améliorer les pratiques et les
travaux d’audit. Il donne la possibilité à l’auditeur de vérifier et de contrôler la totalité des
transactions pertinentes au lieu d’utiliser les techniques de l’échantillonnage représentatif.
De même, il peut être utilisé comme un outil qui supporte la fonction conseille par exemple
la juricomptabilité, l’audit diligent, évaluation des actifs etc.

Le développement des logiciels et de l’IA permet le traitement et l’analyse d’un


volume énorme de données. Ainsi les méthodes d’échantillonnage en audit pourraient être
remplacées par l’analyse de la totalité des bases de données et des transactions. L’analyse
de toutes les données permet à l’auditeur de détecter les risques et les anomalies. Le
développement des outils analytiques basé sur l’intelligence artificielle aide à effectuer des
corrélations et à cibler les anomalies. Ainsi, l’analyse des données avec les nouvelles
technologies se ferait en quelques secondes. L’utilisation du Big data, la machine learning
et l’intelligence artificielle s’avèrent très utiles pour innover les méthodologies d’audit.
Ainsi les cabinets investiraient de plus en plus dans les nouvelles technologies. C’est pour
cela que la formation des auditeurs s’avère incontournable pour atteindre des nouvelles
compétences.

83
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Suivant un article publié sur le site « The CPA Journal », l’affectation se fait de
deux manières54. La première consiste à utiliser des informations nécessaires à l’audit dans
divers formats soit Audio, visuel, vidéo ou autres. L’auditeur, grâce au big data, pourrait
effectuer des corrélations entre les informations contenues dans ces supports et les données
comptables de l’entité ; par exemple la corrélation entre la rubrique revenue et les appels
téléphoniques, mails et messages dans les réseaux sociaux ou autres moyens de
communication. Dans un autre exemple on peut citer la vérification du bon déroulement de
l’inventaire physique par la consultation des vidéosurveillances installées dans les
entrepôts et les emplacements du stock. De même, le Big data permet aux auditeurs d’avoir
une base de données en temps réel, une base volumineuse et rapide à exploiter suite au
développement de l’intelligence artificielle.

La deuxième manière consiste à utiliser le big data pour la compréhension de


l’activité de l’entité et pour l’identification des risques. Par exemple : l’utilisation du big
data pour détecter les transactions suspectes et les fraudes potentielles. Ces deux sources
sont également importantes pour les procédures d’audit, car elles impliquent différents
types d’informations. Alors que les données comptables traditionnelles sont principalement
quantitatives et structurées, les données volumineuses incluent également des données non
structurées et semi-structurées qui offrent davantage de preuves à l'appui et d'informations
détaillées.

L’utilisation du Big data pourrait améliorer la qualité des éléments probants, leurs
fiabilités, leurs pertinences et leur caractère suffisant. Ainsi des éléments probants
traditionnels pourrait être corroborés par des données pertinentes du Big Data. Prenons
l’exemple des frais de transports confirmés par des données du « Global Positioning
System – GPS ».

L’utilisation du Big data améliore les procédures analytiques de l’audit. Elle


permet de réaliser des analyses sur toute la population. Ces dernières présentent moins de
risques et d’erreurs. Les analyses deviennent possibles par la transaction individuelle.
L’analyse sur les données du Big data donne la possibilité d’étudier les tendances
individuelles des clients en les comparant à d’autres entités.

54
Jiali J.T., Khondkar E. K.: Big Data in Business Analytics: Implications for the Audit Profession. [WEB]
(06/2017), disponible sur : https://www.cpajournal.com/2017/06/26/big-data-business-analytics-implications-
audit-profession/, page consultée le 20 juin 2019.

84
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Le Big data améliore la qualité des prévisions, par exemple prévisions des données
financières de l’entité avec l’évolution du marché, du secteur ou autres. En effet les
corrélations entre plusieurs données qui sont détaillées en temps réel, tel que
l’établissement des liens avec les données financières et non financières, donnera plus de
fiabilité aux prévisions. Ces corrélations et ces liens peuvent aider les auditeurs à détecter
les fraudes. L’auditeur devrait concevoir des modèles analytiques efficaces et pertinents.

Le big data permet aussi aux auditeurs d’évaluer les risques potentiels suite à
l’étude des relations et des informations de l’entité avec ses tiers tels que les fournisseurs et
les partenaires stratégiques…etc. Ces informations ne sont pas traduites dans les états
financiers du client, citons l’exemple de la réputation d’un fournisseur qui peut nuire à
l’entité ou causer un litige potentiel.

2.3. Technologies anti-fraude et les réponses dédiées à la cybercriminalité

Les entreprises renforcent leurs organisations et leurs processus de contrôle interne


afin de faire face au risque de fraude. Par contre, malgré les efforts menés, aucune
entreprise n’est à l’abri. L’exactitude des données et leurs confidentialités restent l’un des
soucis des organisations. Face aux diverses attaques sur les systèmes informationnels, des
protocoles sont instaurés pour lutter contre la cybercriminalité.

Le développement des méthodes de travail, suite aux nouvelles technologies,


s’accompagne de nouveaux risques de fraude et de la cybercriminalité. Le Big data et
l’intelligence artificielle pourraient contribuer à la détection des risques de fraude. Grâce à
ces technologies, la possibilité de scanner toutes les données d’une entité est possible. Ce
qui facilitera la détection des anomalies. La mise en place des tableaux de bord pour la
prévention des anomalies et des fraudes est désormais envisageable. De même des
machines learning pourraient combiner des variables et des valeurs et repérer des fraudes.

Ainsi, des éditeurs de solution ont investi dans les technologies d’anti-fraude, tel est
l’exemple de la startup Parisienne « Shift Technology » opérant dans le secteur des
assurances qui analyse les données des assurés et ceux sur le web afin de déterminer les
déclarations frauduleuses. D’autres ont développé des solutions pour lutter contre les faux
fournisseurs dans les secteurs financiers, qui permettra ainsi aux institutions financières de
s’organiser.

85
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

55
Suivant un article publié par (Descazeaux et Couturier) , deux perspectives
peuvent enrichir les dispositifs actuels de détection ou de prévention de fraude :

 Détection individualisée qui se concentre sur les changements de comportement du


client : la technologie de deep learning pourrait modéliser les comportements d’un
client et détecter les divergences d’un événement avec les habitudes de ce client.
 Couverture des périmètres diversifiés et bénéfice des économies d’échelle
(mutualisation des infrastructures big data, automatisation permettant un gain de
temps pour les analystes…). Les nouvelles technologies permettraient d’intégrer et
de corréler un nombre massif de données brutes, techniques ou métiers exemple des
opérations financières qui seront enrichies par des données extérieures comme la
transformation d’adresses IP en localisation physique etc.

Les solutions d’analyse des données des Big Data permettent de détecter des
indices qui sont noyés dans une grande masse d’informations et de les rendre
compréhensibles grâce à des corrélations liant un nombre important de données. Les
nouvelles technologies permettent de combiner plusieurs sources d’information
traditionnelles et non traditionnelles.

55
Descazeaux M., Couturier M., 2018. Révolution technologique : quelle perspective pour la lutte
contre la fraude ? , Waveston, p.1-4

86
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

PWC les énumère comme suit56 :

Figure 9 : Les sources d’information traditionnelles et non traditionnelles

La cybercriminalité atteint la confiance de toute partie prenante dans le cycle des


affaires. Les tiers d’une société, le personnel associés ou autres pourraient-ils donner
confiance à des organisations pour garantir la sécurité de leurs données et informations ?
Des questions sur l’éthique de la cybersécurité sont soulevées suite au développement des
nouvelles technologies. L’expert-comptable en tant que protecteur de l’information
financière joue un rôle très important que ce soit en tant que conseiller ou en tant
qu’auditeur.

56
Figure prise PwC’s 2018 Economic Crime and Fraud Trends & Techniques p.10

87
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

L’American Institute of Certified Public Accountants « AICPA » et l’Institut


Canadien des Comptables Agréés « ICCA » ont instauré une certification « WebTrust »
afin d'accroître la confiance des consommateurs à l’égard du commerce électronique. La
certification « WebTrust » s’appuie sur des critères et des principes qui sont « la protection
de la vie privée, la sécurité, la transparence des pratiques commerciales et intégrité des
transactions, la disponibilité, la confidentialité, la non répudiation et les énonciations
personnalisées »57.

L’IFAC a mis l’accent sur le devoir de l’auditeur à utiliser ses compétences et son
expertise en matière de protection des données et des informations. Il a attiré l’attention sur
le rapport à émettre, qui a pour objet la gestion des risques et les contrôles mis en place par
les sociétés en matière de cybersécurité.

Le coût des cyberattaques est très cher pour les entreprises. En effet une étude
réalisée par Accenture et de l’Institut Ponemon58 mentionne que le piratage des données et
des systèmes d’information cause des perturbations opérationnelles et peut atteindre la
réputation de l’entité. Vu l’importance de la cybersécurité l’auditeur devra comprendre les
actions mises en place par la direction dans leurs programmes de gestion des risques. Il
doit vérifier l’approche globale de l’entité traitant les questions de cybersécurité.

La gestion holistique des risques est un moyen efficace pour faire face à un monde
des affaires qui évolue rapidement. L’entité est tenue d’identifier les risques par
l’implication d’une cartographie des principaux processus, des systèmes de l’entité et des
flux informationnels. Elle doit évaluer le plan d'assainissement des risques et y concevoir
les contrôles appropriés. Pour cela elle doit surveiller continuellement son plan.

Les entités doivent instaurer une approche qui permet la prévention des anomalies
de cybersécurité. Elle doit être réalisée par des spécialistes habilités à faire face à la
cybercriminalité.

57
Sofiane GARGOURI. Les métiers de l'expert-comptable dans le contexte des nouvelles technologies de
l’information et de la communication : de l'étude d'impact à l'organisation de la réaction. Mémoire présenté
pour l'obtention du diplôme d'expertise comptable. FSEG. Année universitaire 2002-2003. P 22-23

58
Accenture : Selon une étude d'Accenture et du Ponemon Institute, les logiciels malveillants et les
attaques internes ont représenté un tiers des coûts liés à la cybercriminalité l'année dernière. [WEB],
disponible sur : https://www.accenture.com/fr-fr/company-news-release-security-cost-cybercrime

88
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Les diligences de l’auditeur résident essentiellement dans la compréhension des


rôles et des capacités en matière de cybersécurité, d'identification, d'atténuation et de
surveillance des zones à risques. L’auditeur doit s’y connaitre en systèmes informatiques et
en changement de l'environnement technologique de l’entité. Il doit comprendre les
processus informatiques et les contrôles mis en œuvre. Il est tenu de comprendre les
risques spécifiques en matière de cybersécurité sur les affaires de la société. L’auditeur
devrait porter une attention particulière sur les risques de la vie privée, de la sécurité des
cloud computing, et la bonne application des lois de la protection des données.

89
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 3 : Rapport de la mission d’audit

3.1. Nécessaire évolution de l’opinion d’audit

Comme il a été démontré dans les sections précédentes, la révolution technologique


a un impact très important sur les process, les méthodes d’une entité et sur la profession
d’expert-comptable. Ces technologies tendront à révolutionner la stratégie de l’audit et les
normes ISA.

L’opinion d’audit est définie dans les normes ISA 700 et ISA 705. Selon ISA 70059,
l’opinion de l’audit consiste à donner un avis « sur la conformité des états financiers dans
leurs aspects significatifs avec le référentiel d’information financière applicable ».

Les conclusions de l’auditeur sont basées essentiellement sur une assurance


raisonnable. Les nouvelles technologies pourraient permettre à l’auditeur d’effectuer un
audit de toute la population et éviter les risques inhérents à l’audit tels qu’ils sont présentés
par les normes ISA. N’est-il pas approprié d’évoluer l’opinion de l’auditeur pour donner
une assurance absolue ?

Un autre point qui pourrait impacter l’opinion de l’auditeur, c’est les assertions
d’audit. En effet pour fonder son opinion l’auditeur tire ses conclusions en s’appuyant sur
des éléments probants appropriés et suffisants. Le caractère probant des éléments est fondé
sur la base des assertions. La technologie de la Blockchain pourrait garantir le respect des
assertions d’audit telles qu’elles sont définies par la norme ISA 500 « Eléments probants ».
De même l’évolution des technologies anti-fraude permettrait de détecter les schémas de
fraudes possibles. Ne serait-il pas approprié que les conclusions d’audit se soient basées
sur une nouvelle assertion, une assertion intentionnelle ? Et que l’opinion d’audit pourrait
donner une vision sur les risques de fraude et des erreurs mal intentionnées.

3.2. Ajout d’un paragraphe sur les informations non financières

Suivant les nomes ISA actuels, l’auditeur a la possibilité d’ajouter un paragraphe


d’observation ou un paragraphe sur d’autres points sous certaines conditions énoncées dans
l’ISA 706 « Paragraphes d’observations et paragraphes sur d’autres points dans le rapport

59
ISA 700 « Opinion et rapport sur des états financiers », p 6

90
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

de l’auditeur indépendant ». L’auditeur devrait juger que les éléments à évoquer seront
importants et pertinents pour la compréhension des états financiers. Vu l’importance des
informations non financières sur l’image de l’entité, des technologies sont développées
pour déterminer et intégrer les informations non financières dans les process de l’entité et
au niveau du rapport d’audit. L’ajout d’un paragraphe sur les informations non financières
n’est-il pas important pour la compréhension de la stratégie de l’entité et son interaction
avec son environnement ? Tirer attention de tout intéressé sur la situation non financière de
l’entité pourrait être nécessaire dans le rapport de l’auditeur.

3.3. Ajout d’une description des technologies digitales utilisées

Le RPA, la Blockchain, le Big data, l’IA et d’autres technologies auront un impact


très important sur les procédures, le système de contrôle interne, les états financiers et sur
les informations non financières de l’entité.

L’ajout d’une description des technologies digitales utilisées permet de donner une
idée sur l’entité, ses états financiers et sur ses données non financières. Une description qui
permet d’attirer l’attention de l’utilisateur des états financiers sur les moyens mis par
l’entité afin de détecter les fraudes et les erreurs potentielles et les moyens technologiques
qui assurent le contrôle des systèmes d’information. A travers cette description, l’auditeur
pourrait mentionner les moyens mis en place pour se protéger, et lutter contre la
cybercriminalité.

3.4. Enoncer l’impact de l’intelligence artificielle sur l’environnement de l’entité

L’environnement de l’entité est composé de son environnement économique,


social, institutionnel, politique, socio-culturel, démographique et technologique. Vu les
défis de l’IA sur l’humanité et l’être humain, l’ajout d’un énoncé de l’impact de
l’intelligence artificielle sur l’environnement de l’entité sera d’une grande importance. Il
permet de surveiller en permanence l’environnement de l’entité et ses impacts sur celle-ci.

De même, les avantages de l’IA sont liés à la qualité des algorithmes utilisés.
L’énoncé de la qualité des algorithmes utilisés serait un élément très important pour les
utilisateurs du rapport d’audit. Ainsi, ils pourront avoir une idée sur les risques d’erreur qui
peuvent être causés par cette technologie. L’ajout de l’impact de l’IA donnera plus de
confiance aux utilisateurs des états financiers.

91
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Chapitre 2 : Le rôle de l’expert-comptable en tant que


conseiller de la société

92
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 1 : L’apport de l’expert-comptable conseiller :

1.1. L’expert-comptable acteur dans le « change management »

L’expert-Comptable, bras droit des dirigeants devrait les accompagner dans la mise
en place d’un management qui répond à l’évolution du marché. Afin d’assurer leurs
pérennités, les sociétés ont intérêt à recourir à un expert pour mettre en place le
management du changement.

Les entreprises adoptent le change management pour améliorer leurs rendements,


saisir des occasions ou pour régler des problèmes clés. La gestion du changement est
définie comme suit : « La gestion du changement est le processus, les outils et les
techniques permettant de gérer le côté humain du changement afin d’obtenir les résultats
commerciaux souhaités »60.

L’expert-comptable devra désigner l’approche à adopter pour la réalisation des


changements organisationnels au sein des entreprises. Il devra s’appuyer sur des méthodes
qui favorisent la réorganisation des processus opérationnels, le recours à d'autres modes de
fonctionnement et la réorientation de l'utilisation des ressources de l’entreprise. Ces
changements dans l’organisation permettent à une entreprise de devenir plus efficiente.

Afin de garantir une intervention éminente dans le cadre du change management, l’expert-
comptable devra se baser sur les quatre principes61 suivants :

 L’adhésion au changement et son acceptation par les équipes.


 Une communication intelligente et appuyée
 La coordination des équipes
 L’engagement du changement au bon moment.

Le processus de changement se confronte à des résistances ce qui nécessite une


allocation de temps considérable. L’expert-comptable devra gérer le changement d’une
manière structurée et contrôlée afin d’assurer une rentabilité concrète et efficace.

60
Prosci : Definition of change management, disponible sur
https://www.prosci.com/resources/articles/change-management-definition, page consultée le 20/06/2019
61
Bagnaud A. : Management du changement : définition et principes. [WEB] (19/10/2018), disponible sur :
https://www.supplychaininfo.eu/le-management-du-changement/, page consultée le 20/06/2019

93
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Les experts comptables conseilleront les entreprises à l’adoption des outils


technologiques du management utilisant les machines learning qui permettent la prédiction
des problèmes de la baisse des performances. Un change management réussi, permet à une
organisation de réagir rapidement aux changements du marché et à l'adoption de nouvelles
technologies.

1.2. Choix des modes de management et des technologies

Les technologies émergentes et l’internet ont bouleversé les modes de management.


L’expert-comptable pourrait élargir son rôle de conseiller et assistait ses clients dans leurs
choix des modes de management et des technologies à employer. Les nouveaux modes de
management sont plus flexibles et encouragent le travail collaboratif. Ce management est
basé sur la création d’un climat de confiance, une méthodologie agile qui prend en compte
les contraintes et permettent l’avancement par étape. Le travail collaboratif contribue à
l’échange d’expériences entre le personnel d’une même entreprise et le rend plus
autonome. Ces nouveaux modes de management favorisent l’expression du personnel sur
les problèmes rencontrés et l’invite à la prise des initiatives personnelles.

Les nouveaux modes de management devraient permettre à une entreprise d’évaluer


et de maîtriser les risques découlant des aspects environnementaux et sociétaux et
interrogent sur sa façon à gérer les impacts de son environnement tel le cas du mode de
management durable.

L’expert-comptable peut proposer des solutions technologiques innovatrices à ses


clients grâce à son expérience et ses connaissances. L’expert-comptable aide son client
dans les choix technologiques de chaque type de système. Les grands types du système
d’information sont d’après Zmud et Boynton 62
: « Le système de traitement des
transactions, le système de reportage de l'information, le système d'aide à la décision et le
système de décision programmée ». Lors de la phase du traitement des transactions,
plusieurs technologies peuvent être utilisées telles que la Blockchain, GED et plusieurs
modes de gestion tels que le recours workflow et le business reengineering. La technologie
du Big data pourrait être utilisée dans le reportage des données. Elle contribue à la collecte

62
Zmud R.W. et BOYNTON A. C.,1990. Management information Systems: Reading and Cases, Scott
Foresman & Co, Boston, p. 15

94
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

des mégadonnées qui favorise la création des applications d’analyse de données. Ces
dernières créent des corrélations entre les différentes données afin de tirer des conclusions
comme le data mining. Il permet de faire des corrélations ou des patterns entre plusieurs
bases de données. Citons l’exemple des entreprises qui tendent à personnaliser leurs offres
de produits suivants les préférences de leurs clients grâce à la collecte de leurs données des
clients. A l’aide de l’intelligence artificielle, l’entreprise connaît les habitudes de
consommation de ses clients et celles des informations sur l’usage de leurs produits. La
spécification de l’offre doit être réalisée tout en garantissant la compétitivité industrielle de
l’entreprise. La personnalisation de ses produits doit se réaliser avec des prix comparables
aux produits fabriqués en masse et dans des délais similaires.

L’intelligence artificielle est aussi utilisée dans le système de traitement des


transactions ainsi que dans le système de la prise de décision. Prenons l’exemple de
l’assistant intelligent qui est l’un des technologies qui attire les clients et qui se base sur
l’intelligence artificielle. En effet une étude63 faite en 2016 par Nuance
communications qui est une multinationale spécialisée dans les logiciels d’imagerie et de
reconnaissance, en partenariat avec l’institut de sondage AYTM montre que la majorité des
consommateurs, soit 89% de la population de l’étude, préfèrent des conversations
interactives avec des assistants virtuels.

L’une des technologies qui facilitent la prise de décision est l’intelligence


artificielle et le datamining. Grâce à ces technologies les décisions seront modélisées dans
le système de décision programmée. Le bon choix des technologies dans une entreprise
augmente sa productivité, son rendement et sa compétitivité.

Le conseil de l’expert-comptable sur le choix des technologies englobe les serveurs


et les réseaux. Le recours à la technologie du Cloud Computing pour le stockage et
l’exploitation des données, présente plusieurs avantages pour l’entreprise. Le réseau
extérieur 5G donnera aux entreprises un débit rapide de 10 Gbit/s contre 100 Mb/s. Le 5G
est plus efficace que les réseaux utilisés de nos jours.

63
Les réponses ont été générées à partir d’une enquête auprès de 425 consommateurs dans le monde. Tous
les répondants avaient plus de 18 ans et moins de 65 ans. La marge d’erreur est de +/- 4 %.

95
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Le conseil de l’expert-comptable inclut également le choix des plateformes


digitales pour le traitement de la comptabilité, la gestion de la trésorerie, la facturation…et
d’autres sources qui favorisent le travail collaboratif entre les intervenants.

L’expert-comptable alerte ses clients sur l’utilité de mettre en place les contrôles et
les suivis nécessaires suite à l’automatisation. Ces contrôles qui peuvent être assurés par
des technologies de contrôle et de maîtrise des risques.

1.3. Identification des compétences requises

La digitalisation et l’automatisation impacteront profondément l’emploi et les


compétences existantes. Ainsi la recherche des nouvelles compétences s’avère utile. Une
étude réalisée par Deloitte64 a déterminé que les compétences cognitives et les
connaissances techniques dans le domaine des services se sont développées ces dernières
années. L’étude a permis de conclure que la créativité, l’intelligence sociale et les
connaissances en technologie de l’information et de la communication sont les
compétences de l’avenir.

Certains emplois seront créés suivant des compétences particulières requises. Les
personnes qui possèdent déjà des compétences solides dans les domaines de la formation,
de la santé et de la communication jouiront elles aussi, des bonnes opportunités de l’avenir.
Même si elles ne devraient pas revêtir une grande importance pour la majorité des
nouveaux emplois créés, elles pourraient quand même être perçues comme des spécialités
qui pourront toujours faire face à l’automatisation.

C’est pour cela que les entreprises auront besoin d’intégrer des compétences
d’analyse de données, dans la maîtrise de l’environnement, de l’architecture des
technologies de communication et dans l’identification des risques liés à l’environnement
disruptif.

Cet environnement qui rompt avec les compétences existantes donnera place à celles
relatives à la digitalisation. Une étude réalisée par Harvad Business Review réalisée en
2016 précise que les 8 compétences nécessaires pour la digitalisation des entreprises sont :

64
Deloitte, 2017. What key competencies are needed in the digital age? The impact of automation on
employees, companies and education, p.1-54

96
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

 Capacité à travailler avec des données et des analyses


 Capacité de travailler en collaboration
 Compétences spécialisées en analyse de données
 Capacité à automatiser des processus
 Compréhension des enjeux liés à l’expérience utilisateur design
 Compétences IT pour l’ensemble des affaires
 Expertise en développement mobile
 Expertise Social Media

Dans le cadre de l’identification des compétences requises, l’expert-comptable,


pour mener à bien la transition digitale, devrait se focaliser sur les aspects suivants :

 L’analyse de données : La robotisation ou l’automatisation de certaines tâches


nécessite une personne ayant des compétences dans l’administration et l’analyse
des bases de données pour l’identification des diverses tâches à automatiser,
l’amélioration des activités et pour aider à la prise de décisions.
 Le développement de logiciels et de la sécurité des systèmes d’information : La
digitalisation suscite des compétences en Big Data, en analyse de données, en
intelligence artificielle. Des compétences en sécurité des systèmes d’information

97
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

doivent être requises afin de protéger les informations financières et non financières
de l’entreprise ainsi que les données personnelles des clients. Des technologies qui
seront conclues en tenant en compte la réglementation en vigueur tel que la RGPD.
 Conduite du changement : L’accompagnement de la transition auprès du personnel
est indispensable à la réussite de la transformation digitale. Les compétences de
conduite de changement sont utiles telles que les personnes habiles à l’instauration
d’une stratégie digitale ou de nouveaux modes de management.
 La flexibilité : Les entreprises doivent être flexibles aux changements du marché et
aux attentes de leurs clients. Les entreprises doivent mettre en place une
organisation souple qui agit rapidement aux changements et facilite l’adoption des
technologies. La flexibilité aide les entreprises à gérer la concurrence.
 Les formations : Les sociétés seront menées à fournir les formations adéquates à
leurs personnels.

98
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 2 : Missions potentielles de l’expert-comptable conseiller

2.1. Mission d’assistance à maitrise d’ouvrage

Le changement de l’environnement de l’entreprise suite à la nouvelle ère, la mène à


chercher les opportunités et à profiter du digital. Elle a besoin d’assistance à maitrise
d’ouvrage. C’est l’une des missions potentielles que pourrait mener l’expert-comptable.

L’assistant à maitrise d’ouvrage pourrait mener plusieurs missions. En effet les


projets sont gérés par des intervenants appartenant à des différents domaines. La relation
entre ces acteurs est gérée par les contrats et des cahiers de charges. L’expert-comptable en
tant qu’assistant à maitrise d’ouvrage assisterait le maître d’ouvrage à la rédaction des
cahiers des charges et à l’élaboration des contrats des divers intervenants.

L’expert-comptable sera le planificateur des différents projets complexes. Il


préparera le diagramme d'infrastructure de technologie et le planning d’intervention. Il aura
un rôle de coaching. Il encadrera les divers acteurs et les équipes intervenantes.

Au cours de la réalisation des travaux, il assistera à l’élaboration des nomenclatures


et des codifications. Il réalisera des contrôles nécessaires aux travaux accomplis. Il
organisera les diverses réunions et s’engagera à préparer les procès-verbaux et les rapports
qui ont découlé.

A l’achèvement, il réceptionnera les travaux des autres équipes. Il préparera les


rapports au maitre d’ouvrage et la facturation. L’assistant à maitrise d’ouvrage effectuera
les formations du personnel.

2.2. Externalisation des systèmes de contrôle interne digitalisés

La digitalisation d’une entreprise est plus qu’un moyen de marketing, de


commercialisation et de création de nouveaux canaux de distribution sur Internet des
produits et des services. C’est une décision stratégique qui impacte toutes les directions, les
services, les unités dans une entreprise et dans les systèmes d’information. Le management
des risques est concerné par la digitalisation. De ce fait, les responsables doivent évoluer,
intégrer ses effets sur la détermination des risques et sur l’instauration d’un système de
contrôle interne efficace.

99
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

La digitalisation des systèmes de contrôle interne permet de gagner en efficience.


Ainsi, elle transforme la fonction de contrôle interne d’une mission d’assurance en une
mission de création de la valeur ajoutée au sein de la société.

Grâce aux systèmes de contrôle interne digitalisés, l’organisation pourra assurer le


contrôle continu des processus et la délivrance instantanée des diverses données. La
digitalisation englobe les contrôles paramétrables sur les systèmes informatiques, les
contrôles manuels et les contrôles semi-automatiques. Elle permet à la société de gagner en
matière de temps ainsi qu’en matière d’effort. Ainsi, les contrôleurs se concentrent sur les
tâches qui requièrent plus de valeur ajoutée telle que la gestion des risques les plus
critiques pour l’entreprise et les problèmes de cybersécurité.

L’une des missions futures du professionnel expert-comptable est l’externalisation


des systèmes de contrôle interne digitalisés. L’expert-comptable est tenu à planifier les
contrôles fondamentaux. Il définit la stratégie de contrôle à appliquer et énonce la stratégie
de correction. Et il instaure les indicateurs qui démontrent les risques de l’entreprise.
L’externalisation des systèmes de contrôle interne digitalisés peuvent se réaliser en
employant notamment des outils de communication à distance qui garantissent la
véhiculation et la transmission de l’information entre les divers intervenants en temps réel.
Afin d’assurer le partage de l’information, la société pourrait faire recourir à une
plateforme collaborative qui assure aussi la communication entre les diverses applications
de l’entreprise.

L’externalisation des systèmes de contrôle interne nécessite l’intervention d’un


professionnel capable d’identifier les nouveaux risques et qui mettra en place les contrôles
adéquats. L’expert-comptable est tenu à mettre les moyens convenables pour réduire ces
risques. L’externalisation du système de contrôle interne, nécessite que l’expert-comptable
adopte une démarche qui assure la confidentialité de l’information et veille sur le respect
de la vie privée. Il doit vérifier que les procédures de sécurité informatique ont tenu compte
du contexte de la digitalisation. Ce qui permettra à l’expert-comptable de s’assurer de la
sécurisation des systèmes d’information et des divers accès aux systèmes.

Lors de l’externalisation du système de contrôle interne digitalisé, l’expert-


comptable est tenu à évaluer les procédures orientées vers la cybersécurité.

100
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

2.3. Conseiller en « Reg-tech »

Les « Reg-tech » sont définies comme suit : « Les solutions technologiques aux
processus de réglementation » (quoted in institute of international finance, regtech:
exploring solutions for regulatory challenges 2 (oct. 2015)). L’objectif des « Reg-tech » est
de rendre l’application des réglementations liées aux institutions financières comme une
opération plus efficiente et réactive. Ils contribuent à la résolution des difficultés et des
problèmes dus aux nouvelles réglementations. En effet, l’application des réglementations
entrainent une lourdeur d’organisation. Prenons l’exemple de la vérification des cas
présentant des risques de blanchiment des capitaux, l’institution financière peut prendre
des semaines et beaucoup de moyens pour aboutir à un résultat. Le conseiller en « Reg-
tech » avec les moyens qu’il dispose, peut soulever ces problèmes.

Les « Reg-tech » automatisent les dispositions réglementaires même les plus


complexes. Ils effectuent les mises à jour suite aux modifications et changements d’une
manière très rapide. Ils sont réactifs aux problèmes rencontrés et exécutent rapidement les
modifications sur leurs solutions. Le recours à un conseiller « Reg-tech » fait gagner les
coûts de la charge de travail et les risques des sanctions réglementaires.

Les « Reg-tech » permettent grâce à la technologie de la Blockchain et de


l’intelligence artificielle d’améliorer le système d’information des institutions financières
et leur sécurité. Ils sont aussi conçus pour « anticiper les risques et les canaliser en amont »
(RegTech : la technologie à l’assaut de la réglementation bancaire ; Revue Banque). Ainsi
ils permettent de réduire les risques encourus.

L’expert-comptable en tant que garant de l’information financière de l’entreprise,


pourrait jouer un rôle très important dans le conseil en « Reg tech ». Les Regtechs peuvent
être une bonne mise en œuvre de la gouvernance d’une entreprise appartenant à n’importe
quel secteur. Les avantages de recourir à un conseiller « Reg tech » pour les institutions
financières valent aussi bien pour une entreprise. Il permet l’interprétation de la loi grâce à
l’intelligence artificielle, la détection des risques réglementaires, une adaptation rapide sur
les changements réglementaires et l’identification des contrôles utiles aux respects des
réglementations. Les « Reg-tech » assurent la conformité avec les réglementations. Le
conseiller en « Reg-tech » peut permettre plus de sécurité, d’efficacité, de réactivité et des
réductions de coûts.

101
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

2.4. Expert-comptable intégrateur de connaissances

L’évolution continuelle du monde des affaires a engendré un déficit de


compétences et un manque d’expertise. Les missions d’intégration de compétences sont
utiles pour garantir la transformation des entreprises. L’expert-comptable pourrait intégrer
les compétences relatives aux domaines normalisés et réglementaires sachant que ce
dernier est apte à se référer aux normes et réglementations qui régissent les entreprises.

L’intégration des connaissances est un concept qui englobe la notion de création


des nouvelles connaissances à partir de la combinaison des connaissances existantes et la
notion d’un processus qui organise les connaissances. En effet, selon Okhuysen et
Eisenhardt65 (2002) l’intégration des connaissances est définie comme suit : « several
individuals combine their information to create new knowledge ». Tandis que Huang et
Newell (2003) précise que l’intégration des connaissances est un processus collectif de
création de connaissances partagées entre les membres de l’organisation.

L’intégration des connaissances nécessite une analyse de la situation actuelle par


l’expert-comptable. Nous devons préciser que les rapports interpersonnels qui ne sont pas
gérés par une technologie, sont importants que ce soit par leur nature formelle ou
informelle. L’une des étapes de l’intégration est la conception et l’implantation des outils
technologiques.

L’intégration des connaissances nécessite une méthodologie qui met l’accent sur le
processus de travail et l’interaction du personnel avec les technologies employées. De ce
fait, l’expert-comptable devra instaurer un équilibre entre les aspects organisationnels et
technologiques qui sera d’une importance majeure dans les domaines normalisés et
réglementaires.

Le processus de l’intégration des connaissances peut être décomposé en différentes


phases en fonction du niveau des connaissances de l’organisation : individuelles,
collectives, organisationnelles, l’interdépendance et le type de connaissances. L’expert-
comptable devra se baser sur les trois phases de l’intégration des connaissances qui sont :

65
Okhuysen, G. et Eisenhardt, K., 2002.Integrating knowledge in groups: How formal interventions enable
flexibility, Organization Science, 13: p.383.

102
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

La phase d’intégration intra-domaine : Selon Okhuysen et Eisenhardt elle accorde


aux individus qui ont des connaissances spécialisées d’intégrer ces connaissances dans des
groupes. Ainsi il permet la création de la valeur ajoutée. Dans cette phase les
connaissances individuelles passent à un niveau collectif. Afin de réaliser cette phase, il
faut détecter les porteurs de ces compétences dispersées au niveau de l’organisation. A
l’aide des intégrateurs interfaces, la connaissance individuelle franchit les barrières
hiérarchiques et devient une connaissance collective. Les intégrateurs interface jouent le
rôle de boundary spanners. Ces derniers, « sont des individus vitaux qui facilitent le
partage de l’expertise en liant deux groupes, ou plus, de personnes séparées
géographiquement, hiérarchiquement, ou fonctionnellement » 66.

La phase d’intégration intra-projet consiste à envisager les connaissances


collectives dans l’organisation. Ainsi l’équipe projet est l’intégrateur organisationnel et elle
est l’intermédiaire entre les différentes connaissances collectives tenues par les intégrateurs
interface. La phase d’intégration intra-projet est caractérisée par la mise en place des
processus qui favorisent l’interaction personnelle, l’échange et la résolution en commun
des problèmes.

La phase d’intégration-appropriation consiste à partager les connaissances


organisationnelles par les individus. Ainsi les connaissances individuelles seront
modifiées. Les intégrateurs-interface peuvent aussi jouer le rôle de boundary spanners dans
cette phase. Ainsi, ils présentent les nouvelles connaissances organisationnelles aux
différents services. La concrétisation de ces trois phases forme le processus d’intégration
des connaissances.

66
Cross R.L., Parker A. ,2004. The hidden power of social networks: Understanding how work gets done
in organizations. Harvard Business Review Press, p.1-240

103
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 3 : Les rapports et les tableaux de bord

3.1. Nécessaire adaptation de « l’Integrated Reporting » en termes d’information


et d’assurance.

L’International Integrated Reporting Council (IIRC) est « une coalition mondiale


regroupant des autorités de réglementation, des investisseurs, des entreprises, des instances
de normalisation, des représentants de la profession comptable et des organisations non
gouvernementales (ONG). Cette coalition pense que la communication au sujet de la
génération de valeur devrait être la prochaine étape dans l’évolution de la présentation
d’informations par les sociétés. Le référentiel d’information intégrée a été établi pour
répondre à ce besoin et servir désormais de pierre angulaire. »67 L’Integrated Reporting est
géré par le cadre conceptuel (IR-Framework) publié le 9 décembre 2013 par le Comité
international pour le reporting intégré (IIRC).

Selon L’IIRC (2013) 68, le but du rapport intégré est « d’expliquer aux apporteurs
du capital financier comment l’organisation crée de la valeur au fil de temps » L’IR est
utile aussi à toute partie intéressée par la capacité de l’organisme à créer de la valeur à
court, à moyen et à long terme. Parmi les parties prenantes « le personnel, clients,
fournisseurs, partenaires commerciaux, communautés locales, législateurs, autorités de
réglementation et responsables politiques ».

Les objectifs de l’IR sont de donner des indications sur ce qui suit :

 « L'écosystème qui affecte l'organisation ;


 Les « capitaux » (les ressources et les relations utilisées ou impactées par
l'organisation), qu'ils soient de type financier, manufacturier, intellectuel, humain,
social et sociétal, ou environnemental ;
 La manière dont l'organisation interagit avec l'écosystème et les capitaux pour créer
de la valeur à court, moyen et long terme. »69

67
Deloitte: Référentiel international d’information intégrée de l’IIRC. [WEB] (9 décembre 2013),
disponible surhttps://www.iasplus.com/fr-ca/standards/regulation/reglementation/iirc2019s-integrated-
reporting-framework, page consultée le 06 juin 2019.
68
IIRC, 2013, Cadre de référence international portant sur le reporting intégré, p.6.
69
IIRC, 2013, Cadre de référence international portant sur le reporting intégré, p.12.

104
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

A la différence des directives du « GRI », le cadre de référence de IR ne précise pas


des méthodes d’évaluation ou des indicateurs clés de performance mais laisse le choix au
préparateur de l’IR de les définir. Le IIRC (2013)70 précise que l’IR se distingue des autres
rapports par la présentation concise de la valeur ajoutée de l’organisation. Il consiste en
« la présentation des priorités stratégiques et des orientations futures, sur la connectivité de
l’information, ainsi que sur l’utilisation des capitaux et leurs interdépendances ». En plus
l’IR met en évidence « l’importance de la gestion intégrée au sein de l’organisation ».

L’expert-comptable a toujours procuré de l’assurance aux utilisateurs des états


financiers de la société qui sont basés sur des informations historiques. A l’encontre de ces
rapports traditionnels, la réflexion intégrée reprèsente un élément de différence avec ceux-
là. Elle permet de considérer la connectivité et les interdépendances entre les différents
facteurs qui offrent à l’organisation la possibilité de créer de la valeur. La réflexion
intégrée (integrated thinking) est en train de se diffuser dans les sociétés. En effet d’après
l’IIRC, plus de 1 600 rapports intégrés sont recensés dans le monde en 2018. De même,
71
une étude internationale sur les rapports intégrés publiée le 10 octobre 2017 par
CAPITALCOM, en partenariat avec le CLIFF, VIGEOEIRIS, l’IFACI (Institut Français de
l’Audit et du Contrôle Internes) et le C3D (Collège des Directeurs du Développement
Durable), « plus de 3 000 sociétés dans le monde sont aujourd’hui engagées dans une
démarche d’integrated thinking ».

Le rapport intégré prend la place du rapport annuel et du rapport de développement


durable. En effet, la même étude montre que « le rapport intégré remplace le rapport
annuel dans 72 % des entreprises étudiées et le rapport de développement durable dans 68
% des cas ». Le rapport intégré présente plusieurs bénéfices. Selon la même étude, les
principaux bénéfices cités par les émetteurs sont : « l’amélioration de la compréhension de
l’entreprise – en particulier ses leviers de création de valeur et sa stratégie – et de la qualité

70
IIRC, 2013, Cadre de référence international portant sur le reporting intégré, p.3.
71
L’étude Integrated Thinking : le rapport intégré, incarnation mais aussi catalyseur de l’integrated
thinking ? publiée le 10 octobre 2017 ,est faite sur 3 axes :1- une analyse approfondie de 50 rapports intégrés
parus sur cinq continents à partir d’une grille d’évaluation de 25 critères 2- une enquête auprès d’une
soixantaine d’entreprises françaises 3- une enquête auprès d’une dizaine d’investisseurs internationaux
mainstream et ISR, sur leurs attentes et perception de l’integrated thinking et des rapports intégrés.

105
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

de l’information qui constituent les principaux bénéfices pour les collaborateurs et les
actionnaires »72.

L’étude73 publiée par les mêmes partenaires le 17 octobre 2018, montre que « ¾
des émetteurs en 2018 estiment que le rapport intégré constitue un levier de compréhension
du business model pour des cibles grand public »

Dans la vision de l’IR, un autre élément de différenciation est la notion des capitaux
qui désigne les diverses ressources utilisées par l’organisation. Selon le ‘ Consultation
Draft for IR Framework’ les capitaux sont : Le capital financier (financial capital), Le
capital produit (manufactured capital), Le capital intellectuel (intellectual capital), Le
capital humain (human capital), Le capital social et relationnel (social and relationship
capital) et le capital naturel (Natural capital) 74. C’est un rapport intégré qui touche donc

72
C3D : Le rapport intégré, incarnation mais aussi catalyseur de l’Integrated Thinking?.[WEB] (10/2017),
disponible sur :http://www.cddd.fr/rapport-integre-incarnation-catalyseur-integrated-thinking/, page
consultée le 22 juin 2019

73
L’étude integrated thinking : renforcement de l’integrated thinking : une démarche aux bénéfices de
l’entreprise et de ses parties prenantes, publiée le 17 Octobre 2018, par CAPITALCOM, en partenariat avec
le CLIFF, VIGEOEIRIS, l’IFACI (Institut Français de l’Audit et du Contrôle Internes) et le C3D (Collège
des Directeurs du Développement Durable). L’étude est faite sur 4 axes : 1-une analyse approfondie de 28
rapports intégrés publiés en France entre le 1er janvier et le 31 juillet 2018, 2- une analyse qualitative des
meilleures pratiques de reporting intégré recensées en 2018, 3- Près de 20h d’échanges avec l’ensemble des
parties prenantes de l’entreprise 4- une enquête auprès d’entreprises françaises – 28 émetteurs
74
Suivant ‘ Consultation Draft for IR framework ,(2013)’, Les capitaux sont définis comme suit :
« Financial capital: The pool of funds that is: – available to an organization for use in the production of
goods or the provision of services – obtained through financing, such as debt, equity or grants, or generated
through operations or investments. Manufactured capital: Manufactured physical objects (as distinct from
natural physical objects) that are available to an organization for use in the production of goods or the
provision of services, including: – buildings – equipment – infrastructure (such as roads, ports, bridges, and
waste and water treatment plants). Manufactured capital is often created by other organizations, but includes
assets manufactured by the reporting organization when they are retained for its own use. Intellectual
capital: Organizational, knowledge-based intangibles, including: – intellectual property, such as patents,
copyrights, software, rights, and licences – “organizational capital” such as tacit knowledge, systems,
procedures and protocols – intangibles associated with the brand and reputation that an organization has
developed. Human capital: People’s competencies, capabilities and experience, and their motivations to
innovate, including their: – alignment with and support for an organization’s governance framework, risk
management approach, and ethical values – ability to understand, develop and implement an organization’s
strategy – loyalties and motivations for improving processes, goods and services, including their ability to
lead, manage and collaborate. Social and relationship capital: The institutions and the relationships within
and between communities, groups of stakeholders and other networks, and the ability to share information to
enhance individual and collective wellbeing. Social and relationship capital includes: – shared norms, and
common values and behaviours – key stakeholder relationships, and the trust and willingness to engage that
an organization has developed and strives to build and protect with external stakeholders, such as customers,
suppliers, business partners, local communities, legislators, regulators, and policy-makers – an organization’s
social licence to operate. Natural capital: All renewable and nonrenewable environmental resources and

106
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

tous les capitaux de l’entreprise. Il traite les informations passées et futures de l’entité.
Afin d’assurer la transparence de l’information communiquée, les sociétés sont tenues à
adopter l’IR et à instaurer son processus. Cette adoption donne une assurance sur les
informations communiquées.

Aider les clients à instaurer l’IR est l’une des missions futures de l’expert-
comptable. Ce dernier s’appuiera sur le choix de la technologie à développer pour
l’intégration du process de l’IR. Celui-ci sera communiqué suite à une gestion intégrée.

L’IR est une résultante des diverses informations financières et autres qui sont liées
à la stratégie, aux différentes opérations et aux contrôles de la société. Il favorise la prise
de décision intégrée dans l’ensemble de l’organisation.

Au niveau des opérations, les informations gérées par l’IR sont connectées à travers
tous les services, les systèmes et les divers capitaux de la société. Le reporting intégré
<IR> montrera la création de la valeur de la société au fil du temps. Le rapport traitera
plusieurs capitaux et se basera sur plusieurs indicateurs et descriptions narratives.
L’instauration de l’IR assurera l’amélioration de la qualité de l’information.

3.2. Elaboration des rapports sur le respect de la protection des vies privées

La collecte des données par les diverses technologies pose le problème


de la protection de la vie privée. Les progrès technologiques ont facilité la collecte
massive des données relatives aux préférences des clients. Les entreprises ont de plus en
plus intérêt à analyser ces données et en tirer profit. En effet l’exploitation de ces derniers
aboutit à une offre spécifique tenant compte des habitudes de chaque client. Ainsi, les
entreprises cherchent à personnaliser les offres de produits ou de services afin d’optimiser
leur relation avec les clients.

La collecte des données personnelles est soumise au profit de l’internaute. Mais


ces données peuvent être utilisées à des fins opposées à l’avis des personnes concernées.
Outre suite à l’utilisation indélicate des données des consommateurs pour des

processes that provide goods or services that support the past, current or future prosperity of an organization.
It includes: – air, water, land, minerals and forests – biodiversity and eco-system health.

107
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

considérations commerciales, les consommateurs sont confrontés à l’usurpation de leurs


identités et le piratage de leurs comptes personnels.

L’entreprise doit rassurer le grand public sur le respect de leurs données


personnelles et leurs vies privées. Une confiance peut être atteinte suite à la divulgation des
rapports sur le respect de la protection des vies privées.

La préparation des rapports pourrait être à la charge d’un expert-comptable. Il a une


conscience éthique accrue. Il pourrait être amené à prendre certaines mesures lors de la
constatation d’une fuite de données. Le rapport devrait traiter toute fuite de données et
toute violation à l’objet du consentement du consommateur. Le préparateur du rapport
devrait agir dans l’intérêt du public.

3.3. Intégrer des tableaux de bord en temps réel

La collecte des données en temps réel est de plus en plus facile à faire. Elle est
possible à partir des informations collectées par les capteurs des IOT, des appareils avec
GPS, les données collectées des réseaux sociaux et d’autres technologies. Le traitement des
données en temps réel est très utile pour les entreprises traitant un volume important de
données. L’entreprise gagnera davantage en l’utilisant un outil de pilotage. Le tableau de
bord en temps réel aide à la prise de décision en temps réel.

La notion de tableau de bord mérite d’être exposée. Selon ALAZARD et SEPARI,


75
(2010) « Un tableau de bord est un ensemble d'indicateurs organisés en système, suivis
par la même équipe ou le même responsable pour aider à décider, à coordonner et à
contrôler les actions d'un service. Le tableau de bord est un instrument de communication
et de décision qui permet au contrôleur de gestion d'attirer l'attention du responsable sur les
points clés de sa gestion afin de l’améliorer ».

Le tableau de bord est constitué d’indicateurs qui permettent au gestionnaire


d’évaluer en temps réel des performances globales de la société ou celles relatives à une
activité, à un service, à un produit ou autres. Le tableau de bord en temps réel permet au

75
ALAZARD.C et SEPARI S., 2010. Contrôle de gestion, Ed. Dunod ; P. 591

108
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

gestionnaire de prendre les meilleures décisions en temps opportun, d’évaluer les risques et
de se projeter dans l’avenir de l’entreprise.

Le choix des indicateurs à utiliser est la clé du succès d’un tableau de bord. Des
indicateurs qui répondent au besoin d’information et synthétisent l’activité. Le savoir-faire
d’un expert-comptable donne la possibilité aux entreprises de jouer un rôle important pour
le choix des indicateurs et l’intégration des tableaux de bord en temps réel.

Un bon indicateur est caractérisé par sa pertinence, sa qualité, sa faisabilité et sa


convivialité d'interprétation et d'utilisation.

La pertinence : L'indicateur doit obéir à un objectif prédéterminé. Il doit répondre


au contexte de la gestion de l’entreprise.

La qualité : L’indicateur doit être bien précis dans sa formulation. Le paramètre


doit être bien établi lors de la détermination de la ventilation, de la périodicité, les
comparaisons à effectuer et la forme de la présentation. La qualité de l’indicateur exige la
bonne documentation. Elle permet de ressortir les variations significatives.

La faisabilité : L'indicateur doit être possible de se produire par l’utilisation des


mécanismes de mesure et de traitement fournissant des données fiables. La production de
l’indicateur doit être rentable par rapport à son coût de production. La faisabilité de
l’indicateur n’est assurée qu’à l’aide d’un système informatique permettant la production
de l’information en temps opportun et dans des délais raisonnables et un bon système
organisationnel assurant l'alimentation, la production et la fourniture des indicateurs.

La convivialité : La convivialité est assurée par l’accessibilité, l’intelligibilité et


l’évocation de l’indicateur. En effet, l’indicateur doit être accessible et simple à utiliser. De
même, il doit être caractérisé par sa compréhension par les utilisateurs de la même façon.
L'indicateur doit être bien illustré et présenté (tableau, graphique ou pictogramme). Il doit
être évocateur et facile à interpréter.

L’expert-comptable augmenté, à l’aide des outils analytiques, pourrait exploiter en


temps réel les informations préparées par les entités. Des outils permettant de détecter et
d’analyser les écarts constatés. Ils comparent les données non structurées (Exemples relevés,
feuilles de calcul...) avec les données structurées transcrites dans les rapports de l’entité. A

109
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

l’aide de ces outils, l’expert-comptable peut déterminer les KPI et accéder à des tableaux de
bord précis et en temps réel favorisant la prise de décision.

110
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Conclusion

L’arrivée de la digitalisation a donné la possibilité de mettre des approches


automatiques de cybersécurité. Des technologies d’anti-fraude ont été développées et
peuvent remonter les anomalies prévues et détectées. L’audit doit évoluer pour s’adapter
au nouveau contexte et fournir la confiance nécessaire aux utilisateurs. De même, les
entreprises investissent dans les technologies de Big data et de l’IA ce qui a contribué au
développement des logiciels d’analyse des données et à l’application des corrélations dans
des données comptables et extra comptables. Le développement des normes IFRS et ISA
est incontournable.

L’expert-comptable ne doit pas seulement faire partie de la digitalisation et


s’aligner aux impacts des diverses technologies sur ses missions traditionnelles. Il doit être
le moteur de la transition digitale des entreprises. Les missions de conseil apportant une
valeur ajoutée aux clients ne peuvent se réaliser sans parier sur l’humain d’un cabinet. Les
missions de conseil nécessitent l’acquisition des nouvelles compétences et la réalisation
des formations et des formations continues pour le personnel. Le choix des profils du
personnel par les cabinets change pour mettre l’accent sur les compétences de
communication, de créativité et de la maîtrise des nouvelles technologies. Les nouvelles
technologies et l’automatisation feront disparaître des emplois et en créer des nouveaux.
C’est un grand défi pour le monde de l’emploi d’effectuer des nouvelles formations et de
créer des nouvelles compétences qui satisferont les nouveaux besoins.

Le rôle de l’expert-comptable ne se limite pas à son rôle d’auditeur ou de


conseiller, il a un rôle sociétal très important. Il doit contribuer à sensibiliser les institutions
publiques et privées et même le grand public à l’utilité de mettre les moyens adéquats pour
gérer la révolution exponentielle afin de profiter des mutations mondiales.

111
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Conclusion générale

La profession de l’expert-comptable sera certainement menacée par la révolution


technologique s’il y reste indifférent et n’envisage aucune réaction. Il se trouve alors dans
l’obligation d’effectuer une stratégie digitale au sein de son cabinet. Il devrait définir des
nouvelles offres et de nouveaux services qui permettent d’accompagner et d’assister les
clients dans leurs transformations digitales. Les experts doivent améliorer les moyens de
communication avec leurs clients. La réussite de la transition des cabinets ne peut pas se
réaliser sans l’instauration d’une culture sur l’intérêt de la digitale au sein du cabinet et de
l’acquisition des nouvelles compétences.

L’expert-comptable joue un rôle très important en tant que garant de l’information


financière. Ce qui nécessite l’évolution de la mission d’audit et des certifications pour
répondre aux nouvelles problématiques de cybercriminalité, de fraudes et des nouvelles
assertions. La révision de l’objectif d’audit et de la structure des rapports est
incontournable vue l’émergence de nouveaux outils technologiques qui peuvent
automatiser les travaux actuels de l’auditeur.

L’expert-comptable pourrait guider cette révolution en tant que conseiller. Il est le


partenaire des entreprises et le mieux habilité à l’être. L’apport de l’expert-comptable
conseiller réside essentiellement dans l’accompagnement et l’assistance des clients dans les
choix du mode de management à adopter, les outils technologiques nécessaires et
l’intégration des compétences. Les nouvelles technologies aideront à la production des
nouveaux Reporting qui démontreront la valeur ajoutée des entreprises dans les activités
non financières et à la production des tableaux de bord en temps réel ce qui aidera à la
prise de décision. L’expert-comptable devrait profiter de l’opportunité du développement
de beaucoup de missions potentielles de conseil. Une opportunité qui ne peut se réaliser
que suite à l’évolution des formations académiques des futurs experts comptables et la
formation continue des experts comptables actuels.

Les nouvelles technologies ne sont pas privées de certaines limites qui pourraient
ralentir leurs emplois par les experts comptables. Les unes des plus importantes
technologies qui influenceront la profession sont la blockchain et le big data dont il y a un

112
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

déficit de compétence en matière de maîtrise de ces technologies. En effet même les


professionnels informatiques nécessitent un certain temps et une formation pour se
familiariser avec ces outils. Qu’en est-il d’un expert-comptable actuel ? Ce manque de
compétences peut nuire à la sécurité des données.

Les données massives nécessitent également le développement des logiciels


d’analyse des données efficaces afin de fournir aux experts comptables la possibilité de
détecter les informations les plus pertinentes. Une mauvaise solution peut nuire à la
prédictivité des experts comptables.

Les technologies sont en évolution et en développement continu. Ces limites


d’aujourd’hui, pourraient être dépassées demain. Et les technologies actuelles pourraient
céder la place à d’autres technologies plus efficaces.

113
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

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La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

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 Okhuysen, G. et Eisenhardt, K., (2002). Integrating knowledge in groups: How formal


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Thèse pour l’obtention du titre de docteur en science de gestion :

 Avin CHEIKHO.L’adoption des innovations technologiques par les clients et son


impact sur la relation client - Cas de la banque mobile. Thèse présentée pour
l’obtention du titre de docteur en sciences de gestion. Université de Nice-Sophia
Antipolis. Année 2015

Mémoire d’expertise comptable

 Sofiane GARGOURI. Les métiers de l'expert-comptable dans le contexte des


nouvelles technologies de l’information et de la communication : de l'étude d'impact à
l'organisation de la réaction. Mémoire présenté pour l'obtention du diplôme d'expertise
comptable. FSEG. Année universitaire 2002-2003.

Documentation législative et normes :

 ISA 401 – Audit réalise dans un environnement informatique

 ISA 400 – Evaluation du risque et contrôle interne

 ISA 402 – Facteurs à considérer pour l’audit d’entités faisant appel à une société de
services

 ISA 500 – Éléments probants

 ISA 210 – Accord sur les termes des missions d’audit

121
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

 ISA 240 – Responsabilités de l’auditeur concernant les fraudes lors d’un audit d’états
financiers

 ISA 260 – Communication avec les personnes constituant le gouvernement


d'entreprise ;

 ISA 265 – Communication des déficiences dans le contrôle interne aux personnes
constituant le gouvernement d’entreprise et à la direction ;

 ISA 315 – Identification et évaluation des risques d’anomalies significatives au travers


de la connaissance de l’entité et de son environnement ;

 ISA 330 – Réponses de l’auditeur aux risques évalués ;

 ISA 500 – Eléments probants

 ISA 520 – Procédures analytiques

 ISA 530 – Sondages en audit

 ISA 620 – Utilisation des travaux d’un expert désigné par l’auditeur

 ISA 7000 – Opinion et rapport sur des états financiers

 IFAC, Technology trends impacting the finance function and the profession- An
overview, Mars 29-30,2017

 Exposé-sondage de l’IAASB, (Février 2017), Exploring the Growing Use of


Technology in the Audit, with a Focus on Data Analytics.

 Règlement général sur la protection des données no 2016/679 du 27 avril 2016

 Loi n° 88-108 du 18 août 1988, portant refonte de la législation relative à la profession


d’expert-comptable (Jort n° 56 du 26 août 1988, page 1197)

 Code des transports français, inséré par la loi française n°2014-1104 du 1èr octobre
2014

 Global Reporting Initiative et l’Organisation internationale de normalisation, (2014).


Pour une utilisation conjointe des lignes directrices G4 du GRI et de l’ISO 26000.
Lignes directrices G4 du GRI et ISO 26000, p.1-45

 L’International Integrated Reporting Council (IIRC), (2013). Cadre de


référence international portant sur le reporting intégré

122
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Table des matières

Introduction générale.................................................................................................................. 7

Première Partie : L’impact de la révolution exponentielle sur le métier de l’expert-comptable


.................................................................................................................................................. 12

Introduction .............................................................................................................................. 13

Chapitre 1 : Les menaces et les opportunités de la révolution exponentielle........................... 14

Section1 : Présentation des technologies liées à la révolution exponentielle : ........................ 15

1.1. Le cloud computing : ............................................................................................. 17

1.2. Big Data :............................................................................................................... 18

1.3. Blockchain : ........................................................................................................... 20

1.4. Intelligence artificielle : Deep and Machine Learning : ........................................ 22

1.5. Robots et automates intelligents : .......................................................................... 24

1.6. La réalité augmentée : ........................................................................................... 24

1.7. Les géants du digital : GAFAM et BATX............................................................. 25

1.8. Point de jonction entre les ERP et les Big Data .................................................... 26

Section 2 : Menaces législatives, économiques et existentielles .............................................. 28

Menaces du Strong AI pour l’humanité et pour les cerveaux.................................. 28

Menaces du Soft AI ................................................................................................. 28

Défis du Règlement Général sur la Protection des Données « RGPD » pour le


métier de l’expert-comptable................................................................................. 29

Défis des nouvelles plateformes économiques et nouveaux écosystèmes SMART 31

Menace existentielle liée au métier de l’expert-comptable...................................... 34

Section 3 : Opportunités des nouvelles technologies digitales ................................................ 36

123
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

3.1. Expert-comptable : Certificateur robot éthique ....................................................... 36

3.2. Avantages du Soft AI ............................................................................................... 39

3.3. Expert-comptable : Délégué à la protection des données ........................................ 40

3.4. Automatisation des activités à faible valeur ajoutée ................................................ 41

3.5. Evolution de l’offre de l’expert-comptable vers plus d’intelligence des systèmes de


ses clients ............................................................................................................... 43

3.6. Elargissement du domaine des compétences/formation de l’expert-comptable ...... 45

Chapitre 2 : Stratégie d’adaptation de la profession, des cabinets, des professionnels et des


écosystèmes face à la révolution .............................................................................................. 48

Section 1 : Impact de la révolution digitale et stratégie de la profession, celle du professionnel


et celle des écosystèmes SMART ............................................................................................ 49

1.1. Impact législatif sur le métier ................................................................................ 49

1.2. Stratégie de la profession présentée par « l’OECT » ............................................ 50

1.3. Stratégie de l’IFAC................................................................................................ 54

1.4. Stratégie du professionnel expert-comptable ........................................................ 55

1.5. Impact et stratégie de la profession dans les écosystèmes SMART/SMART City:


56

1.6. Les aspects fiscaux et législatifs de la révolution exponentielle ........................... 57

Section 2 : Stratégie et évolution nécessaires des missions ..................................................... 60

2.1. Les missions actuelles de l’expert-comptable et leurs avenirs .............................. 60

2.2. Les attentes potentielles des clients ....................................................................... 61

2.3. Tiers de confiance numérique ............................................................................... 62

Section 3 : La transition digitale des cabinets .......................................................................... 63

3.1. L’organisation des cabinets d’expertise comptable ............................................... 63

3.2. Stratégie digitale à adopter .................................................................................... 65

3.3. Expert-comptable numérique ................................................................................ 66

124
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Conclusion ................................................................................................................................ 67

Deuxième partie : Le rôle de l’expert-comptable suite à la révolution exponentielle pour ses


métiers de contrôle et de conseil .............................................................................................. 68

Introduction .............................................................................................................................. 69

Chapitre 1 : Le rôle de l’expert-comptable en tant qu’auditeur/ certificateur .......................... 70

Section 1 : Vision nouvelle de la mission d’audit .................................................................... 71

1.1. La Rôle de l’expert-comptable dans un environnement informatique : ancienne


position de l’IFAC ................................................................................................. 71

1.2. Nécessaires adaptation et évolution des normes d’audits ........................................ 72

1.3. Les missions de certification autres que l’audit ....................................................... 75

1.4. Assurance liée aux données non financières............................................................ 76

Section 2 : Impact des nouvelles technologies sur l’audit ....................................................... 79

2.1. Impact Blockchain sur la mission d’audit................................................................ 79

2.2. Impact Big Data sur la mission d’audit ................................................................... 83

2.3. Technologies anti-fraude et les réponses dédiées à la cybercriminalité .................. 85

Section 3 : Rapport de la mission d’audit ................................................................................ 90

3.1. Nécessaire évolution de l’opinion d’audit ............................................................... 90

3.2. Ajout d’un paragraphe sur les informations non financières ................................... 90

3.3. Ajout d’une description des technologies digitales utilisées ................................... 91

3.4. Enoncer l’impact de l’intelligence artificielle sur l’environnement de l’entité ....... 91

Chapitre 2 : Le rôle de l’expert-comptable en tant que conseiller de la société....................... 92

Section 1 : L’apport de l’expert-comptable conseiller : ........................................................... 93

1.1. L’expert-comptable acteur dans le « change management »................................. 93

1.2. Choix des modes de management et des technologies .......................................... 94

1.3. Identification des compétences requises ............................................................... 96

125
La révolution exponentielle et l’impact sur le métier de l’expert-comptable

Section 2 : Missions potentielles de l’expert-comptable conseiller ......................................... 99

2.1. Mission d’assistance à maitrise d’ouvrage ............................................................ 99

2.2. Externalisation des systèmes de contrôle interne digitalisés ................................. 99

2.3. Conseiller en « Reg-tech » .................................................................................. 101

2.4. Expert-comptable intégrateur de connaissances .................................................. 102

Section 3 : Les rapports et les tableaux de bord ..................................................................... 104

3.1. Nécessaire adaptation de « l’Integrated Reporting » en termes d’information et


d’assurance. ......................................................................................................... 104

3.2. Elaboration des rapports sur le respect de la protection des vies privées ............ 107

3.3. Intégrer des tableaux de bord en temps réel ........................................................ 108

Conclusion .............................................................................................................................. 111

Conclusion générale ............................................................................................................... 112

Bibliographie .......................................................................................................................... 114

Table des matières .................................................................................................................. 123

126

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