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UNIVERSITE SULTAN MOULAY SLIMANE

FACULTE POLYDISCIPLINAIRE
BENI MELLAL
DEDICACE

A cœur vaillant, rien d’impossible ;

A conscience tranquille, tout est possible

; A ma grande Famille ;

A ma Mère, mon Père, mes Frères et mes Sœurs ;

A tous mes Amis, surtout ceux résidant à la maison de l’étudiant

; A mes Collègues sans distinction.

Trouvez ici, l’expression de mon incommensurable amour aujourd’hui et demain.

2
REMERCIEMENTS
Pour un pareil travail, on n’est jamais complet, voire parfait. Notre
ambition est de mettre en pratique presque toutes les techniques de recherche
scientifiques que nous avons acquises tout au long de notre cursus
universitaire.

A ce stade, j’exprime ma gratitude à notre Cher et Eminent Professeur


Maha BENTALHA , pour le temps qu’il m’a accordé, pour son aide et pour
son soutien. Ses lumières et critiques aux moments opportuns m’ont fait
passer petit à petit de statut d’étudiant à celui de chercheur. Sa disponibilité
sans faille et son attention particulière au moindre détail ont permis la
réalisation de ce travail. Je Le remercie également de m’avoir accueilli à bras
ouverts le jour où je Lui ai demandé de m’encadrer pour l’élaboration de mon
projet de fin d’études.

Je tiens à remercier et à témoigner ma reconnaissance à tous les


Enseignants des sciences juridiques de notre faculté pour leur formation solide
et leurs précieux conseils.

Qu’il me soit permis de remercier ma famille pour leur soutien


inconditionnel et permanent.

3
« La possession est une amitié entre l’homme et les choses ».

Jean Paul SARTRE, le diable et le bon de dieu.

« Ce n’est pas la possession des biens qu’est attaché le bonheur,


mais à la faculté d’en jouir. Le bonheur n’est qu’une aptitude ».

Bernard GRASSAT, textes choisis, édition la table ronde, 1953.

4
LISTES D’ABREVIATIONS

P : Page.

Op. Cit : Ouvrage déjà cité. Idem : Mêmes indications.


Ibid : Mêmes indications, hormis la page. Ed : Edition.

S : Suivant.

B.O : Bulletin Officiel. Vol : Volume.


Art : Article.
Imp : Imprimerie.

.‫ الصفحة‬: ‫ص‬
.‫ مرجع سابق‬: ‫س‬.‫م‬
‫ السنة‬: ‫س‬
.‫ المطبعة أو الطبعة‬: ‫ط‬
.‫ مجلة ملفات عقارية‬: ‫ع‬.‫م‬.‫م‬
.‫ مجلة قضاء المجلس ا لعلى‬: ‫ع‬.‫م‬.‫ق‬.‫م‬
.‫ مجلة القضاء والقانون‬: ‫ق‬.‫ق‬.‫م‬

5
INTRODUCTION
Il va de soi que le droit de propriété(1) est le premier des droits réels

que toutes les sociétés(2) ont reconnu et que tous les droits positifs ont
consacrés. Ainsi, les modes d’acquisition de la propriété sont légion. A
chaque mode sa propre origine. Celle-ci peut se présenter sous forme d’un

acte juridique ou d’un fait juridique(3). De ce fait la possession, en tant que


fait juridique à caractère humain
-œuvre de l’homme-, reste, elle-aussi, un mode d’acquisition de la propriété.
Bien plus, la possession est un phénomène social aussi vieux que le temps. Les
romains, de leur temps, ne cessaient pas d’en parler. Ce mode dans le cas du
droit marocain trouve son origine dans la religion islamique ; attendu que les

tenants du rite malékite(4) ont cerné toutes les questions se rapportant à la


possession.

(1)Dans son art 35, la nouvelle constitution marocaine, adoptée par référendum populaire le 1er juillet 2011,
prévoit ce qui suit : « Le droit de propriété est garanti. La loi peut en limiter l'étendue et l'exercice si les
exigences du développement économique et social de la Nation le nécessitent. Il ne peut être procédé à
l'expropriation que dans les cas et les formes prévus par la loi. Sur le plan international, ce droit est également
protégé, et ce en vertu, entre autres, de l’’art 17 de la déclaration des droits de l’homme et du citoyen prévoyant
: « Toute personne, aussi bien seule qu'en collectivité, a droit à la propriété ».
(2)Selon une maxime populaire, très célèbre dans la culture marocaine : il y a deux choses pour lesquelles on
est prêts à mourir : notre progéniture et notre terre.
(3)Cette distinction repose sur les circonstances d’après lesquelles une personne se prétend titulaire d’un droit.
Elle est en conséquence fondée sur la volonté ou l’absence de celle-ci de ceux qui créent le droit. Si l’acte
juridique, d’une manière générale, est une manifestation de volonté destinée à créer des effets de droit, le fait
juridique sera, et il l’est, un événement qui crée, transmet ou éteint un droit sans qu’une personne ait voulu ce
résultat.
(4)Cette école orthodoxe se rattache à l’Imam malik Ibn Anas né à Médine en 93 de l’Hégire (709) et mort en
179 H (795). La base de son système repose sur la pratique et les usages de la ville de Médine. Sa méthode
consiste,

6
Cette dernière était, ex-nihilo, régie par les dispositions consacrées par l’école
de Malik, n’étant pas prise en considération par le dahir de1915 relatif au
régime de l’immatriculation. Par conséquent, il a fallu attendre jusqu’à la

promulgation du code des droits réels (5) qui est venu unifier et partant de là
harmoniser le régime juridique applicable aussi bien aux immeubles
immatriculés qu’à ceux non immatriculés. Par ailleurs, aujourd’hui comme
depuis l’adoption dudit code, la possession, étant un essai de synthèse du droit
musulman, apparaît avec un visage nouveau et jeune, tout en conservant son
charme ancestral.

Le législateur lui a réservé le troisième chapitre du code des droits réels

ayant pour intitulé la possession, et ce à partir de l’art 239 jusqu’à l’art 263(6).
De la sorte,

d’après Ibn Khaldoun dans la recherche et l’étude de la manière d’agir et de décider particulière au prophète.
C’est pourquoi son école est dite celle des gens du Hadith (ahl-al hadith). Malik est l’auteur du Mouattà (la voie
aplanie).
-Pour plus de détails, voir :
- BOUSSETTA Mourad : la coutume en droit marocain : aspects historiques et contemporains, thèse
pour l’obtention de doctorat, université de Lille 2, 1992, à partir de la page 168 à la page 175.

- KHATTABI Mustapha : esquisse des notions fondamentales du droit musulman, communication faite
au 16 ème congrès de l’Institut International de Droit d’Expression Française (I.D.E.F) tenu à Rabat du 20 au
27 novembre 1983 sur le thème général : « Capacité des droits canonique, hébraïque et islamique à
appréhender les problèmes de notre temps », publié à la revue marocaine du droit, p. 17
(5)Il est adopté en vertu de la loi n° 39.08 relative promulguée par le dahir n° 1.11.178 le 25 DihiJja 1432 (22
novembre 2011) portant application dudit code. Ce dahir est publié au B.O n° 5998 en date du 27 Dihijj 1432
(24 novembre 2011). Il est entré en vigueur après six mois à compter de la date de sa publication au B.O.
Prévoit l’art 334.
(6)Ces dispositions sont situées dans le titre premier intitulé : des causes d’acquisition de la propriété,
troisième chapitre, titre deuxième, livre premier. Ce dernier est divisé en quatre sections, ainsi qui suit :

1ère section : des dispositions générales ;

7
l’acquisition de la propriété de l’immeuble(7) via la possession dépend de
l’existence de certaines qualités sine quibus non. Le droit s’incline donc
devant le fait lorsque celui-ci est significatif. Il avantage celui qui exploite
l’immeuble pendant un certain délai au détriment de celui qui est le propriétaire
passif. Est-il toujours que quelques circonstances empêchent le dépossédé de
revendiquer son droit en temps opportun. Dans ce cas, l’effet de la possession
ne peut jouer à son égard. Cependant une fois cet empêchement levé, le délai
de la prescription commence à courir.

Ceci dit, il y a certains biens qui ne sont pas possédables. Cela en


revient à de nombreuses raisons. De même, la possession est protégée par
trois sortes d’actions que le possesseur est en mesure d’intenter si les
conditions exigées pour chacune sont remplies.

2ème section : du délai de la possession ;


3ème section : des effets de la possession
;
4ème section : de l’établissement et de la protection de la possession.
(7)L’immeuble dans ce contexte est entendu dans son sens restreint, c’est-à-dire l’immeuble par nature.
L’usage du terme « immeuble », tout au long de ce travail, visera ledit sens.

8
1. PROBLEMATIQUE : Dans quelle mesure la propriété immobilière
peut-elle s’acquérir par la possession en droit marocain ?
Cette problématique sera, tant que peut se faire, mise en exergue à la
lumière des dispositions juridiques, d’une part, et de la jurisprudence d’autre
part. Pour ce faire, il est digne d’intérêt d’adopter un plan divisé en deux
grands chapitres principaux. Le premier chapitre traitera des règles de fond
régissant la possession, pourvu que soient traitées dans le deuxième chapitre
les règles de forme qui organisent la possession.

Il convient à ce stade de signaler que ni le temps, ni l’espace,


ni les circonstances ne permettent pas d’approfondir notre réflexion autour de
cette thématique. Celle-ci sera mûrie, on le souhaite, dans un avenir proche.

9
PREMIER CHAPITRE
LES REGLES DE FOND REGISSANT LA
POSSESSION
Il est de fait que les règles de fond sont celles qui déterminent
l’ensemble des droits et obligations dont peut jouir tout sujet de droit. A ce
sujet, la possession se fonde sur deux éléments (section1) diamétralement
corrélatifs. Ces derniers doivent représenter certaines qualités (section2).
Faute de quoi le dépossédé (al- mouh’ouizo àalayehi) peut invoquer
l’invalidité de la possession en opposant au possesseur un vice qui aurait pu
entacher sa possession (section 3).

Section 1 : Définition et éléments constitutifs de la possession

Il s’avère utile de commencer par une simple et profonde définition de


la possession (paragraphe 1) pour pouvoir par la suite déceler les éléments
qui la constituent (paragraphe 2).

10
Paragraphe 1 : Définition de la possession

A la différence du législateur français(9), le législateur marocain n’a

donné aucune définition à la possession. C’est là une lacune (10). Ceci étant,
l’art 239/1 s’est contenté d’énumérer tour à tour les éléments que toute
possession peut ou doit comporter. Ledit art énonce : « la prescription
acquisitive est établie par la maîtrise de fait sur l’immeuble avec l’intention de
l’acquérir ». Il s’agit en premier lieu d’un élément matériel, et d’un autre
moral, en second lieu. Ces deux éléments sont connus sous l’appellation «

possessio civilis », c’est-à-dire la possession civile (11). Eu égard à cette


lacune législative, une certaine doctrine a tenté de définir

(9)En vertu de l’art 2255 du code civil français : « La possession est la détention ou la jouissance d'une chose
ou d'un droit que nous tenons ou que nous exerçons par nous-mêmes, ou par un autre qui la tient ou qui l'exerce
en notre nom ». L’art 2262 rajoute : Les actes de pure faculté et ceux de simple tolérance ne peuvent fonder ni
possession ni prescription.
-Voir le code civil - Dernière modification le 14 février 2020 - Document généré le 17 février 2020, Copyright
(C) 2007-2020 Légifrance.
(10)De notre position, on n’est point d’accord avec ceux qui disent que le fait de définir est une tâche qui ne
relève pas de la compétence du législateur, mais de celle de la doctrine, car aucun texte ne le dit expressément.
Ceci d’une part, d’autre part, le législateur tantôt définit, tantôt ne définit pas. Certaines législations définissent
une institution juridique, alors que d’autres ne la définissent pas.
(11)Elle permet, sous certaines conditions, l’acquisition de la propriété par usucapion parce que ses deux
éléments constitutifs sont réunis : le pouvoir de fait sur la choses ( corpus) dit en arabe Al haouz, et la volonté
de traiter cette chose comme sienne( animus domini). Celle-ci se distingue de la possessio naturalis (la
possession naturelle), dite également la possession corporalis (la possession corporelle), possession incomplète
à laquelle manque l’animus domini : celui qui a la maîtrise de fait sur une chose l’exerce en vertu d’un titre
impliquant la reconnaissance du droit d’un tiers et l’obligation à restituer, comme le locataire, le dépositaire ou
l’usufruitier ; il ne peut donc en acquérir la propriété par prescription. En droit moderne, on parle de possession
précaire ou de détention.

11
cette notion de possession. Selon cette doctrine, la possession est un pouvoir
réel ou une maîtrise effective (domination) sur une chose mobilière ou

immobilière ou sur un droit réel résultant de cette même chose (12). C’est
donc une appréhension ou emprise matérielle dite pouvoir de fait. Ce dernier
peut apparaître sous différentes manifestations : plantation, culture ou
cultivation, destruction, construction ou habitation. Ce pouvoir de fait
correspond au droit de propriété exercé sur une chose avec une âme de
propriétaire, qui permet à son titulaire d’exercer une protection possessoire du
bien se trouvant sous sa main.

-Voir :
- Henri ROLAND : lexique juridique, expressions latines, 5ème
éd.
- Notons que le petit robert, micro, éd Edouard
Trouillez, 5ème éd. 2013, explique le verbe possédé
comme suit : posséder (verbe translatif) est avoir
quelque chose à sa disposition.
-Si les termes possession et détention, d’une optique
toute civiliste, reçoivent la même traduction en
arabe à savoir Al-hiyaza ou Al-haouz, leurs sens -
chacun- ne reviennent au même ; couvrant chacun une
acception variée, juridiquement parlant. En droit
pénal, le terme détention a une acception
particulière.
- Voir :
-Mohamed CHAFI, lexique juridique français-arabe,
5ème éd. imp. PAPETERIE EL WATANYA, Marrakech, p. 130
et 296.
-Ibrahim NAJJAR, Ahmed Zaki BADAOUI et Youssef

12
‫‪Chellah : DICTIONNAIRE JURIDIQUE, français-‬‬
‫‪arabe, 7ème éd. imp. LIBRAIRIE DU LIBAN, p. 100‬‬
‫‪et 224.‬‬

‫)‪ (12‬الحيازة هي السلطة الواقعية أو السيطرة الفعلية على شيء منقوال‬


‫أو عقارا أو على حق عيني مترتب على شيء شريطة أن ال تكون‬
‫العمال التي يأتيها‬
‫على أنها مجرد رخصة من المباحثات أو التي يتحملها الغير على سبيل‬
‫التسامح‪.‬‬
‫‪-‬ينظر‪:‬‬
‫‪-‬مأمون الكزبري ‪:‬بالتحفيظ العقاري والحق وق العينية في التشريع‬
‫المغربي‪ ،‬الجزء الثاني‪ ،‬شركة الهالل العربية للطباعة والنشر‪،‬‬
‫الرباط‪ ،‬ط ‪.‬النجاح الجديدة‪،‬‬
‫‪.‬الدار البيضاء‪ ،‬ط ‪.‬الثانية‪ ،‬ص‪67‬‬

‫‪12‬‬
Cette définition est incomplète pour ne pas dire fausse, et ce pour la
simple raison qu’elle néglige la voie par laquelle le possesseur peut entrer en
possession de l’immeuble ; si bien que la mainmise peut avoir lieu suite à une
violence ou à un acte illégitime dit en droit voie de fait.

Paragraphe 2 : Les éléments constitutifs de la possession

La possession n’est rien à part de ses composantes (13). De la sorte, La


possession suppose la réunion d’un élément matériel et d’un élément morale

psychologique (14).

I. L’élément matériel de la possession (Le corpus)

En effet, aucune définition législative du corpus n’existe. C’est pour


pourquoi la doctrine s’est efforcée de le définir. Suivant certains auteurs, le
corpus consiste dans l’accomplissement de certains actes, sur une chose

possédée, comparables à ceux d’un propriétaire (15). D’autres voient dans le


corpus un ensemble d’actes matériels manifestant par détention, utilisation,
transformation

(13)Il est de tradition de souligner, depuis Paul, que la possession suppose « le corpus et l’animus » et non «
l’animus ou le corpus ». Ils forment une indécomposable unité.
(14) Cette déduction est issue de la jurisprudence et de la doctrine.
(15)G. CORNU : vocabulaire juridique, Association CAPITANT, 4ème éd. PUF, 2003, V° corpus, p. 87.

13
ou disposition, le droit réel possédé(16). Disons en définitive que le corpus est
tout simplement un fait matériel se matérialisant par la détention de la chose.

II. L’élément moral de la possession (L’animus)

C’est la volonté d’être titulaire du droit, tandis que le corpus est une

puissance dérivée de la détention(17). C’est clairement et simplement la


volonté de l’avoir à titre de maître.

Section 2 : Conditions (18) et effets de la possession

Composée du corpus et de l’animus, la possession ne pourrait produire


dans notre droit aucun de ses principaux effets (paragraphe 2), si elle n’était
pourvue de certaines qualités qui en déterminent la manière d’être
(paragraphe 1).

(16)Ph. SIMLER : les biens, 3ème éd. Grenoble, 2006, p. 43.


(17)JEAN-MARC TRIGEAUD : La possession des biens immobiliers, imp. JOUVE, éd. ECONOMICA
1981, préface. 7.
(18)Elles sont, chez les jurisconsultes musulmans, connues sous les dire suivants :

‫ووضع يد حوزت بلوغ تصرف‬ ‫حضور وعلم رشد ونسبة‬


‫فهاذي شروط الحوز ان كنت تعرف‬ ‫وطول المدا والسكن من غير مانع‬

14
Paragraphe 1 : Les conditions de la possession (19)

Est condition tout ce qui sert de fondement pour la validité d’une chose.
Par suite, la validité de la possession nécessite la présence de certaines

conditions(20) concernant les aspects pratiques sous lesquels doit se révéler la


possession pour qu’on puisse la qualifier d’utile. Il n’en demeure pas moins
que certaines tiennent à la personne du possesseur et d’autres à l’immeuble
objet de la possession.

I. Les conditions liées à la personne du possesseur


Pour pouvoir se prévaloir des effets de la possession, le possesseur est
tenu de remplir quelques conditions touchant à sa personne.
A. La capacité
On définit souvent la capacité comme étant une aptitude à être titulaire

de droits et à les exercer par soi-même, et aussi à assumer des obligations (21).
La capacité, ici, est un attribut de la personne du possesseur. Il s’agit ici de la
capacité

(19)Elles sont énumérées l’un après l’autre par l’art 240 de la loi n° 39-08.
(20)Dans l’un de ses arrêts la cour de cassation confirme que les conditions servant de base à l’établissement
de la possession sont celles connues de la doctrine, à savoir : la mainmise, la revendication, l’écoulement de la
durée, la disposition, l’absence de conteste et le témoignage testamentaire.

:‫ينظر‬
11/3/3/4418 ‫في الملف المدني عدد‬. 23 ‫ ص‬2.‫ العدد‬، ‫ع‬.‫م‬.‫م‬. ‫ الصادر عن محكمة النقض منشور ب‬: . 107 ‫القرار عدد‬

(21)Elle peut être de jouissance ou d’exercice. Prévoit l’art 206 du code de la famille. De même, l’incapacité est
une mesure d’exception qui ne peut résulter que d’une disposition légale comme l’énonce l’alinéa 2 de l’art 3 du
dahir des obligations et contrats marocain .

15
d’exercice attendu que le possesseur doit jouir de sa pleine capacité qui est
selon l’art 208 du code de la famille une faculté qu’a une personne d’exercer
ses droits personnels et patrimoniaux et qui rend ses actes valides. Cette
capacité ainsi entendue est une question d’âge dit de majorité et fixé selon
l’art 209 du code susmentionné à dix-huit ans grégoriens révolus.

A vrai dire, cette condition n’est expressément pas prévue par la loi. Elle
est déduite des termes de l’alinéa 3 de l’art 243 de la loi 39.08. Cet alinéa
prévoit : « l’incapable ou le partiellement incapable peut acquérir la possession
par son représentant légal pour son propre compte ». Il en ressort que seul le
capable, in principio, peut posséder, l’incapable aussi, mais par exception.
L’art 243 dans son alinéa 3 distingue entre l’incapable -c’est-à-dire celui dont

la capacité est limitée- et le pleinement incapable (22). Ces deux peuvent

posséder par l’intermédiaire de leur représentant légal(23).

(22)Conformément aux dispositions de l’art 213 du code de la famille, la capacité d’exercice est limitées dans les
cas suivants :
1) l’enfant qui, ayant atteint l’âge de discernement, n’a pas atteint celui de la majorité ;
2) le prodigue ;
3) le faible d’esprit.
-Conformément à l’art 217 du code de a famille, ne jouit de la capacité d’exercice :
1) l’enfant qui n’a pas atteint l’âge de discernement ;
2) le dément et celui qui a perdu la raison ;
3) la personne qui perd la raison de manière discontinue a pleine capacité durant ses moments de lucidité.
(23) Il peut être légal, testamentaire ou datif.

16
B. La nationalité(24)
Seuls les nationaux peuvent posséder. En aucun cas les étrangers.
Également, cette condition n’est expressément pas prévue par la loi. On l’a
déduite des termes de l’art 39/2 qui prévoit : « cette possession ne peut être
confiée aux non- marocains ». Ainsi, le Marocain est l’enfant né d’un père ou
d’une mère marocaine. Est marocain aussi l’enfant né au Maroc de parents
inconnus. Toutefois, l’enfant né au Maroc de parents inconnus sera réputé
n’avoir jamais été Marocain, si au cours de sa minorité, sa filiation est établie
à l’égard d’un étranger, et s’il a, conformément à la loi nationale de cet

étranger, la nationalité de celui-ci(25). La filiation paternelle ou parentale n’a


d’effet sur la nationalité de celui-ci que si elle est établie avant qu’il atteigne

l’âge de sa majorité(26). La nationalité marocaine peut être d’origine. Quid de


la nationalité d’acquisition ?

L’enfant peut acquérir la nationalité marocaine, si dans les deux ans


précédant sa majorité, déclare vouloir acquérir cette nationalité, à condition
d’avoir été né au Maroc de parents étrangers qui y sont eux-mêmes pourvu
qu’ils aient

-Pour plus de développement, voir les articles 229, 230 et ss du code de la famille. Ce dahir n° 1-04-22 du 12
Hija 1424 (3 février 2004) portant promulgation de la loi n° 70-03 est publié au B.O n° 5358 du 2 ramadan 1426
(6 octobre 2005), p. 667.
(24)Elle est régie par le code de la nationalité marocaine promulgué en vertu du dahir n° 1-58-250 du 21 safar
(6 septembre 1958), publié au B.O n° 2394 du 12 septembre 1958, p. 1492.
(25)Voir les articles 6 et 7 du code de la nationalité.
(26)Voir l’art 8 du code de la nationalité.

17
une résidence habituelle régulière au Maroc (nationalité jus soli). Également,
peut déclarer opter pour la nationalité marocaine toute personne née au Maroc
de parents étrangers et ayant une résidence habituelle et régulière au Maroc,
dont le père lui-même est né au Maroc, lorsque ce dernier se rattache à un
pays dont la fraction majoritaire de la population est constituée par une
communauté ayant pour langue l’arabe ou pour religion l’Islam et appartenant

à cette communauté(27). Dans ce cas la nationalité est (jus sanguinis).

C. La revendication

Dite Anisba(28) en arabe. De la sorte, le possesseur doit se comporter en


propriétaire de l’immeuble et être considéré en tant que tel par les gens du bled.
Ceux-ci répètent : « Tel bien est à telle personne ». Autrement dit, Il devrait
prétendre à la propriété au su et au vu de tout le bled
D. L’absence de copropriété

Il n’y a pas lieu à possession entre les co-propriétaires d’une manière


absolue. La qualité d’indivisaire empêche de posséder ce qui appartient au

coindivisaire(29).

(27)Voir l’art 9 et ss du code de la nationalité


(28)L’art 240/3 du code des droits réels.
(29)les tenants du rite malékite admettent la possession entre copropriétaires, à condition que le possesseur
dispose fortement et largement de l’immeuble, une simple plantation n’aura pas d’effets (29). Le non-
copropriétaire peut entrer en possession. A ce stade CHEKH khalil dit : Et si l’étranger possède à juste titre dix
ans suffisent à revendiquer la propriété )
‫واألجنبي ان يحوز بحق عشر سنين فالتملك استحق‬

18
E. la disposition (at-tassarouf )(30)

Le possesseur devrait être actif vis-à-vis de l’immeuble qu’il a sous la


main. Il est tenu, sous peine de déclarer inutile sa possession, de disposer de

l’immeuble comme s’il en est propriétaire(31).

F. La mainmise (wadàou al-yadi)

Cette condition renvoie à la détention de l’immeuble (al-hawzou)(32).


Mais, la mainmise ne peut être fondée sur des actes illégitimes comme le prévoit
l’art 241 du code des droits réels.

(30)L’art 240/2 du code des droits réels.


-Selon le jurisconsulte CHEKH khalil : La validité de la possession est due à la disposition (sihatou al-milki
bitasaroufi).
(31)A signaler que les actes de pure faculté et ceux de simple tolérance ne peuvent fonder ni possession
ni prescription (A-tasaroufatou al-moubahatou).

(32)
11/3/34418. ‫ تحت في الملف المدني عدد‬23 .‫ص‬2 ‫ العدد‬،‫ع‬.‫م‬.‫ م‬.‫ منشور ب‬، ‫ الصادر عن محكمة النقض‬107 : ‫قرار صادر‬

20
G. Inexistence du lien de parenté

Selon l’art 255/2, il n’y a pas lieu à possession entre le père et son

fils(33) à l’infini, et entre la mère et ses fils à l’infini(34). Peut-on en déduire


que la possession joue entre le père et sa fille et entre celle-ci et sa mère ? La
réponse est affirmative, car, le mot fils ne vise que le sexe masculin

seulement. Il sera autrement si le législateur a utilisé le terme walad (35) qui


vise à la fois les deux sexes sans distinction aucune.

H. Inexistence du lien conjugal


Conformément à l’art 255/2, il n’y a pas lieu à possession entre les
époux durant le mariage. Ce dernier constitue une barrière pour chacun des
époux, en ce sens que l’un ne peut posséder ce qui appartient à son partenaire.
Autrement dit, tant que le lien conjugal persiste la possession est
impossible, et ce pour des

(33)Le fils est la traduction du mot Iben. Ce terme ne vise que le sexe masculin, à l’exclusion de tout autre sexe.
:‫ينظر‬
63/07/ ‫ في الملف الشرعي رقم‬132 ‫ص‬1989/ 43 ‫ و‬42 ‫ العدادان‬،‫ ع‬.‫م‬.‫ق‬.‫م‬. ‫ منشور ب‬،. ، ‫القرار الصادر عن المجلس ا العلى‬

Nous constatons que le législateur, quand il a invoqué la notion de père, il l’a accompagnée d’un nom singulier
(son fils), alors quand il a invoqué celle de mère, il l’a acompagnée d’un nom pluriel (ses fils). Ce pluriel va
dans le sens de considérer en jeu de possession les enfants même illégitimes, c’est-à-dire naturels. Autrement
dit, il se peut que la mère ait deux enfants utérins, et que l’un est issu d’un mariage, alors que l’autre est issu
d’une relation sexuelle illégale. Les deux donc ne peuvent posséder ce dont leur mère est propriétaire, étant liées
à leur mère par un lien naturel. On dit alors que l’enfant suit toujours sa mère.
(35)En droit successoral, l’usage de ce terme fait considérer aussi bien le sexe masculin que le sexe féminin.

20
considérations relationnelles, voire humaines qu’impose ce lien à l’époux au
même titre qu’à l’épouse.

I. Ne pas agir pour le compte d’autrui


Il est nécessaire d’agir pour son propre compte. Du coup, le
représentant légal ne peut posséder l’immeuble appartenant à une personne
dont il a la tutelle et ceux qui sont sous sa tutelle. Il en va de même, selon l’art
255/5, pour le mandant et le mandataire. De même pour toute personne
chargée de la gestion des biens immobiliers.

J. L’écoulement d’une certaine durée(36) (tempus)


Il faut un laps de temps qui varie entre dix ans et tente ans. La

prescription(37), pour ce faire, peut être décennale ou trentenaire. Cette durée


est en principe de dix ans, à moins que la possession ne soit invoquée à

l’encontre des proches. Dans tel cas, une durée de 40 ans est nécessaire (38).

(36)Selon un hadith du prophète Mohamed : « si quelqu’un possède une chose pendant dix ans, il est à lui ».
(37)Le dahir des obligations et contrats n’a pas envisagé la prescription en matière immobilière, il s’est contenté
de régir la prescription en matière d’obligations.
(38)L’art 51 de la loi 39.08 : « Si la possession est exercée par de proches parents qui ne sont pas
copropriétaires et en l’absence de conflit, le délai est quarante ans ; il est de dix ans, en cas de conflit ». On
peut dire que le mot conflit (al-Âadawa) est toute opposition violente de sentiments, d’opinions ou d’intérêts,
qu’elle soit de fait ou de droit.

:‫ ينظر‬-
‫ص‬.. 1989.43 ‫ و‬42 ‫ العددان‬، ‫ع‬.‫م‬.‫ق‬.‫م‬. ‫ منشور ب‬86/6307 ‫ الصادر عن المجلس االعلى في الملف الشرعي رقم‬1165 : . ‫القرار عدد‬
.131

21
Il convient de signaler que la possession postérieure à une possession
ancienne est présumée avoir existé à dater de la possession du premier

possesseur(39).

II. Les conditions liées à l’immeuble

Les conditions traitées ci-dessus ne sont pas suffisantes, d’autres


conditions doivent marquer leur présence pour pouvoir parler d’une véritable
possession. Ces dernières sont au nombre de de trois, la première concerne la
nature juridique de l’immeuble (A), la seconde intéresse sa situation (B) et la
dernière se rapporte au régime qui lui est applicable (C).

A. la nature juridique de l’immeuble


Quelques biens ne sont pas possédables. Autrement dit, il y a certains

immeubles que l’on peut posséder(40)et d’autres qui ne peuvent en aucun cas
être possédés, vu l’utilité qu’ils procurent à toute la population.

Aux termes de l’art 261 du code des droits réels ne sont pas acquis par
la possession :

(39) Voir l’art 244 du code des droits réels.

(40) Dits en latin res habilis.

22
-les biens appartenant à l’Etat ou à l’un de ses démembrements (les
collectivités locales). Il s’agit des biens publics et privés de l’Etat. Ceux-ci
constituent un aspect entre autres de la souveraineté de l’Etat, c’est pourquoi
ils sont imprescriptibles.

Dans le même sens, la cour de cassation a déclaré que : « Si la propriété


est établie au profit de l’Etat, aucune possession n’est possible quelle qu’en

soit la durée(41) ».

-les biens Habous (42) : Ils sont dits les waqf-s : ce sont des biens
immobilisés par le fondateur généralement au profit d’une institution, mais
dont la jouissance va aux bénéficiaires qu’il désigne. C’est une institution
charitable établie dans les sociétés musulmanes, mais qui permettaient au
propriétaire de garantir à sa descendance une rente ou la jouissance d’un ou

plusieurs biens. Ils constituent une sorte de biens de mainmorte (43). Ce sont
des biens selon le droit musulman inaliénables et imprescriptible.

.189‫ص‬، 20 ‫ عدد‬،‫ منشور بمجلة القصر‬. /1967/ /1/1 /02‫ تحت في الملف الشرعي عدد‬., ‫ الصادر عن المجلس ا العلى‬، 216‫ عدد‬: ‫(قرار صادر‬41)
(42) Voir l’art 51 du code régissant les biens habous (Moudawanat El-awkaf).

(43) Mourad BOUSSETTA : une introduction générale à l’étude du droit, polycopié, 2010/2011, p. 101

23
-les biens des collectivités Soulalia(44) : Ce sont des terres qui
appartiennent aux groupements ethniques. Ne sont pas acquises les terres

collectives par voie de possession quelle que soit la durée écoulée (45).

N’oublions pas que les terres forestières ne sont pas possédables

conformément à l’art premier du dahir du 10 octobre 1917(46).

B. l’absence de contestation de la propriété de l’immeuble


L’immeuble objet de la possession ne doit faire l’objet d’aucune contestation.
La paisibilité de l’immeuble est sine quo non.
C. l’immeuble ne doit pas être immatriculé

Seuls les biens melk (47) sont possédables, chose qui exclut tout

immeuble immatriculé. La raison en est l’effet de purge(48) qui a pour but de


donner un point de départ à l’immeuble.

(45) ‫ ومايليها‬272.‫ ص‬8 ‫ق عدد‬.‫د‬.‫م‬.‫ومايليها منشور ب‬. 4311/1/09 ‫في الملف‬


‫ المدني عدد‬. 64 ‫قرار عدد‬: ، ‫صادر عن محكمة النقض‬
( 46 ) . 19 ‫ ص‬2 ‫ع عدد‬.‫م‬.‫م‬.‫ منشور ب‬2008/4/1/4443 ، ‫ في الملف المدني‬.
‫عدد‬2944 ‫ قرار عدد‬، ‫صادر عن محكمة النقض‬

(47)Il est évident que le terme melk ainsi utilisé, conformément à une pratique assez courante, ne correspond pas
à son véritable sens (melk : posséder) ; une terre melk est simplement une terre qui fait l’objet d’une propriété
privative, donc un immeuble immatriculé est également un bien melk.
-Voir : PAUL DECROUX : droit foncier marocain, éd. la porte, imp, AL MAARIF AL JADIDA, 2002, p. 17.
(48)Voir l’article premier de la loi n° 14.07 relative à l’immatriculation foncière.

24
Il est digne d’intérêt que le législateur marocain n’a pas pris en
considération la bonne ou la mauvaise foi du possesseur ; de sorte qu’il a

traité les deux sur un même pied d’égalité(49).

Paragraphe 2 : Les effets de la possession

Bien que soit une situation de fait, la possession, si elle est valide,
produit certains effets d’ordre juridique. Ainsi, une fois la possession établie
en bonne et due forme, elle permet simplement d’écarter l’action en

revendication ; si le droit musulman(50) ignore la prescription acquisitive, il


admet la prescription extinctive de l’action en revendication au profit du
possesseur ; la durée de dix ans écoulée, le possesseur ne peut en principe être

dépouillé par une action en revendication. Il est donc propriétaire(51). Dans le


même ordre d’idées, l’art 3 du code des droits réels énonce que la possession
remplissant les conditions juridiques confère au possesseur la propriété de
l’immeuble non immatriculé ou tout autre droit réel lui est parvenu sauf

marque contraire(52). Cette position a pour but de protéger les situations


juridiques qui ont eu lieu par l’intervention du possesseur qui se

(49)Tel n’est pas le cas en droit civil français. Nous le verrons plus loin.
(50)Les tenants du rite malékite ne reconnaissent pas la possession comme mode d’acquisition de la propriété.
Ils voient que la possession fait éteindre l’action en revendication à charge pour le possesseur de prêter
serement, alors que d’autres n’exigent pas ce serment.
(51)PAUL DECROUX : op. Cit, p. 19.
(52)Par marque contraire, il est entendu tout signe mettant en cause de la possession.

26 25
conduisait en propriétaire. Le propriétaire n’est pas cru dans ses dires par la

coutume(53). Sous cet angle de vue, l’usucapion est l’effet principal de la

possession, et ce sur la base de la prescription(54) acquisitive comme nous


l’avons déjà signalé.

Section 3 : Les vices, perte et empêchements de la possession

Le possesseur risque d’être dépouillé de l’immeuble dont il a le pouvoir


matériel chaque fois que sa possession est entachée d’un vice (paragraphe
1). Il peut advenir que le propriétaire voit sa possession prendre fin et partant
de là il la perd (paragraphe 2). Il se peut également qu’il y ait quelques
circonstances avortant la possession (paragraphe 3).

Paragraphe 1 : Les vices de la possession

Comme on l’a déjà vu, la possession ne peut être matérialisée qu’après


la réunion des conditions énumérées successivement par l’art 240 de la loi n°
32.08.

. 236. ‫ ص‬، 2009 ،‫ا لولى‬. ‫ ط‬،‫ الرباط‬،‫الكرامة‬. ‫ ط‬،‫الحيازة واالستحقاق في الفقه المالكي والتشريع المغربي‬: ‫(جواد ا لهروس‬53).
(54)Le mot prescription en droit moderne une acception autre qu’elle présente naturellement. La prescription,
en effet, signifie tout simplement une écriture mise en avant. Cette qualification est un reste de la procédure
formulaire des Romains. Aujourd’hui, la prescription est un moyen d’acquérir ou de se libérer.
-Voir :
- Abdelmounaim BENAMTI : la possession, mémoire de fin d’étude pour l’obtention du diplôme de
master en droit foncier et management des affaires, soutenu à la FSJES de Meknès, 2018/2019, p. 54 et 55.
- Merlin, Auguste Joseph : de la prescription acquisitive en droit romain et en droit français, thèse pour
l’obtention de doctorat, faculté de droit de Paris, 1857, p. 71

26 26
Dans le même sens, il arrive des fois que la possession soit entachée d’un vice
qui la vide par la suite de toute sa valeur.

Le ou les vices de possession sont des circonstances de fait qui ont pour
objet de rendre la possession suspecte. La possession ne serait donc pas
conforme à la réalité, « vices laissant craindre que le fait soit contraire au droit
». Une possession donc n’est protégée que si elle est exempte de vices et

réunit par conséquent les qualités ou les conditions opposées aux vices(55). En
conséquence, l’art 245 du code des droits réels énonce que la possession
exercée par violence, clandestinement ou d’une façon équivoque ne peut avoir
d’effets qu’à partir de la cessation de ces vices. Elle ne peut également produire
d’effet si elle est interrompue et non continue. De même lorsqu’elle est
exercée avec violence .

I. La clandestinité

Pour son efficacité, la possession doit être publique, elle doit être
exercée aux vues de tout le monde. La possession doit se manifester par des

actes matériels visibles par ceux qui avaient intérêt à la connaître (56). Donc, il
ne faut cacher sa possession aux gens, surtout à ceux qui sont intéressés. On
en déduit que la possession n’est pas opposable à celui à qui elle a été
dissimulée par des actes

(55)Idem, p. 48.
(56) Idem, p. 50.

26 27
ostensibles. Néanmoins, il ne faut pas confondre possession clandestine et
possession ignorée : S’il est nécessaire, pour que la possession soit publique,
que tout intéressé ait eu la possibilité d’en prendre connaissance, la question
de savoir s’ils en ont effectivement pris connaissance n’a en revanche aucune

incidence(57).

II. La discontinuité

Elle est établie dès lors que le possesseur n’accomplit pas des actes(58)
d’usage et de jouissance en temps opportun qu’aurait pu accomplir le propriété
s’il était à sa place. Le défaut de continuité se rapporte à l’abandon de
l’immeuble.

III. L’équivoque
Elle renvoie à la manière dont se conduit le possesseur de sorte qu’elle
n’est pas la même que celle dont se comporte le vrai propriétaire vis-à-vis de sa
propriété. En d’autres termes, l’équivoque est l’ambiguïté dans l’exercice de la
possession qui laisse suggérer que la possession pourrait être exercée à un autre
titre que celui de propriété(59).

Il y a vice d’équivoque, lorsque les actes accomplis par le possesseur par


ne manifestent, l’animus. Le vice d’équivoque laisse un doute sur l’origine ou la
réalité

(57)Inès BIMAGHRA : les modes d’acquisition de la propriété immobilière par la possession : en droit
romain, droit belge et droit anglais, travail de fin d’études, département de droit, Faculté de Droit, de Sciences
Politiques et de Criminologie, LIEGE université, Bruxelles, année académique 2017-2018, p. 9.
(58)La cour de cassation a affirmé que la continuité d’une possession se traduit par l’accomplissement des actes
matériels au droit qu’il prétend avoir sur la chose
142/1/1/2006 ‫ في الملف عدد‬2007/03/28 ‫ بتاريخ‬1065 ‫ قرارعدد‬، ‫صادر عن المجلس االعلى‬

(59)Abdelmounaim BENAMTI : op. Cit, p. 49

28
de sa possession à l’égard des tiers (60). Prenons ad exemplum l’héritier d’un
défunt qui s’est trouvé à la mort de celui-ci en possession de la succession,
entend-il les posséder à titre de propriétaire exclusif ou les administrer pour le
compte de tous les cohéritiers. Il y a, donc, équivoque(61). Toutefois,
l’équivoque de la possession est un vice qu’on qualifie d’absolu, il peut être
invoqué par n’importe qui venant contester l’effet d’une possession(62).

IV. La violence
Par violence, on entend le fait d’induire quelqu’un à faire quelque

chose contre son gré. Dès lors, Une possession est dite viciée par violence (63)
lorsqu’un possesseur s’est installé dans l’immeuble par voie de fait ou par
menaces contre le possesseur initial de l’immeuble. La violence donc est un

défaut affectant la possession d’un bien dont on s’est emparé par la force (64).
Il n’en reste pas moins que ce vice est temporaire ; dès qu’il cesse, le délai de
possession commence à courir, et la possession devient de ce faire utile.

2007/10/24 ‫ بتارخ‬3453 :‫ و الفرار عدد‬3447/1/2002 ‫ في الملف عدد‬14/01/2004 ‫ الصادر عن المجلس االعلى بتاريخ‬،121 :‫(قرار عدد‬60)
.1367/1/1/2007 ‫الملف عدد‬
(61)Abdelmounaim BENAMTI : op. Cit, p. 49
-Les deux arrêts sus-indiqués sont cités par, Abdelmounaim BENAMTI : op. Cit, p. 48 et 49.
(62)Ibid.
(63)Elle peut être physique ou morale.
(64)Abdelmounaim BENAMTI : op. Cit, p. 50.

29
Paragraphe : 2 Les empêchements(65) à la possession
En effet, il y a certaines circonstances qui constituent des barrières
devant toute possession. A ce propos, l’art 265 du code des droits réels
énonce les cas où la possession ne produit aucun effet. Ces cas sont au
nombre de quatre :

1. Si l’ayant cause est incapable ou partiellement incapable et ne dispose


d’un représentant légal, dans ce cas la durée de la possession ne commence
à courir qu’à compter de la date de nomination de ce représentant ou de la
date de sa majorité suivant les cas. Disons alors que la faiblesse d’un
mineur ou d’un incapable d’une manière générale justifierait
l’inopposabilité de la possession à son égard.

(65)En droit musulman ces empêchements (mawaniàou) sont comme suit :


-L’absence de celui contre qui la possession est établie (al-ghayeba).
-La peur que provoque le possesseur en sa qualité de détenteur du pouvoir ;
-La femme privée de sortir de la maison (mahjoubatou) voilée, la fille non mariée(moànassatou) et la femme qui,
dans certaines régions, ne revendique pas sa part successorale ;
-Lorsque le dépossédé est pleinement ou partiellement incapable ;
-Lorsque le dépossédé est connu par sa bienfaisance (al-ihssanou) ;
-Lorsque le bien possédé est sis dans une région dont les gens ne sont pas au courant de la possession ;
-L’absence du dépossédé ;
-lorsque le dépossédé ne sait pas que le bien objet de la possession ne lui appartient pas, et que celui-ci fait
l’objet d’une possession ;
-Lorsque le possesseur est rentré en possession à la suite de l’inexécution d’un acte ( jugement, donation...etc.
- Pour le développement de ce point, voir :
168. .‫ الى ص‬159 .‫ من ص‬،2009 ، ‫ ا‬.‫ ط‬،‫ الرابط‬،‫ الكرامة‬.‫ ط‬، ‫ الحيازة واالستحقاق في الفقه والترشيع‬:‫ جواد الروس‬-

30
2. Si l’ayant cause s’absente (66) pour une longue durée et d’une manière
continue, il est présumé n’avoir pas eu connaissance de la possession de
son bien jusqu’à preuve du contraire ;
3. Si l’ayant cause est empêché par un événement sérieux de réclamer son
droit par peur du possesseur ayant ou s’appuyant sur une autorité ;
4. Si l’ayant cause est empêché par des circonstances qui rendent
impossible la réclamation de ses droits pendant la durée prévue pour la
possession.
Paragraphe 3 : La perte de la possession

Dans le langage courant, perdre une chose correspond à en être privé ou


à ne l’avoir plus. Par ailleurs, il se peut que la possession soit perdue si l’un

de ses éléments constitutifs fait défaut (67).

Si le possesseur sans cesser d’avoir l’intention de posséder, cesse de détenir la


chose ou d’exercer le droit, c’est le deuxième élément de la possession,
élément de fait qui lui manque, son intention de posséder la chose est
insuffisante pour lui faire retenir la possession. Dans ce sens, la loi exige
que la cessation de fait soit volontaire ou légalement forcée comme serait

l’exécution d’un jugement rendu au possessoire(68).

(66) L’absent (al-gha’bou) peut revendiquer son immeuble après qu’il réapparaisse.
:‫ ينظر‬-
‫ الحيازة في ضوء التشريع و الفقه االسالمي و العمل‬. ‫اورده محمد بادن‬. ‫ غير منشور‬. 70/93 ‫ في الملف رقم‬1955 ‫ ماي‬11 ‫ الصادر عن المجلس االعلى بتاريخ‬67 . ‫الحكم عدد‬
‫القضائي‬
.103.‫ص‬. 2017 ‫ شتنبر‬20/19 ‫عدد مزدوج‬. ‫مقال منشور بمجلة المناظرة‬
(67) Selon l’art 249 du code des droits réels : « La possession s’éteint en cas de renonciation par le
possesseur au contrôle effectif ou par la perte de l’immeuble ».

31
Cependant, si la cessation n’est ni volontaire, ni légalement forcée,

mais résultait d’un cas fortuit ou d’une force majeure (69) telle qu’une
inondation, la possession ne serait perdue, et cela conformément au deuxième
alinéa de l’art 249 de la loi n° 39.08 qui dispose que la possession ne prend

pas fin en cas d’empêchement provisoire tel que la force majeure (70)ou le
cas fortuit.

Lorsque la possession est utile, le possesseur est en mesure de défendre


sa possession par le biais de l’action. Cette question fera l’objet du deuxième
chapitre.

(68) Abdelmounaim BENAMTI : op. Cit, p. 47.

(70)Elle est Définie par l’art 269 du dahir des obligations et contrats comme étant un fait que l'homme ne peut
prévenir, tel que les phénomènes naturels (inondations, sécheresses, orages, incendies, sauterelles), l'invasion
ennemie, le fait du prince, et qui rend impossible l'exécution de l'obligation.

32
DEUXIEME CHAPITRE
LES REGLES DE FORMES REGISSANT LA
POSSESSION
Les règles de forme ou de procédure sont définies comme étant un amas
de formalités à accomplir pour l’obtention d’un droit. Dans ce cadre, le
possesseur est en droit de défendre ses intérêts en justice chaque fois que sa
possession est menacée (sections 2 et 3). Sur la base de la théorie de
l’apparence, le possesseur est présumé être propriétaire sauf preuve contraire
(section 1).

Section 1 : Charge et moyen de la preuve

Prouver est faire apparaître une chose comme vraie, réel et certain ; la
preuve est donc ce qui sert à établir qu’une chose est vraie. En matière

judicaire, il s’agit de convaincre le juge de la vérité de l’allégation(71). A ce


propos, le possesseur est présumé être propriétaire, et c’est à celui qui prétend

le contraire d’en apporter la preuve(72) (paragraphe 1). En plus, il doit par la


suite disposer d’un acte constatant l’origine de sa propriété (paragraphe 2).

(71)Perdre ou gagner l’affaire est toute une question d’apporter la preuve de l’existence du droit allégué ;
(72)Généralement, c’est au demandeur qu’incombe la preuve ; cette règle est la traduction littérale de l’adage latin :
« actor incumbit probation ».

33
Paragraphe 1 : La charge de la preuve

Si le possesseur est le véritable propriétaire de l’immeuble dont le titre

est éventuellement détruit, il sera dispensé de cette preuve(73). Dans le cas où

la preuve de la propriété n’est pas apportée par le propriétaire(74),

l’immeuble, devra, dans le doute, rester en possession du possesseur(75). Ce


dernier se contentera du fait de sa possession.

De ce qui précède, on constate que le demandeur est le revendiquant et


le défendeur est le possesseur, de l’immeuble. Tant que le premier n’a pas
établi qu’il a un droit de propriété préférable à celui du possesseur, celui-ci

bénéficie de la présomption de la propriété (76). Bien plus, il ne suffit pas, en


effet, au demandeur de démontrer l’absence de droit de son adversaire, il doit
prouver le bien-fondé de sa prétention, c’est-à-dire de son droit de

propriété(77). Cette conception, on la

(73)Au regard de l’art 3 du code des droits réels la possession remplissant ses conditions juridiques confère au
possesseur la propriété de l’immeuble non immatriculé ou tout autre droit réel lui est parvenu sauf marque
contraire.
-Voir également l’art 242 énonçant : « le possesseur n’est tenu de prouver l’origine de sa possession que si le
demandeur présente une preuve appuyant son action ». A cet article s’ajoute, l’art 243/2 qui dit : « celui dont
l’immeuble est entre ses mains est présumée être détenteur jusqu’à preuve contraire ».
(74)Par référence à l’art 399 du dahir des obligations et contrats : « La preuve de l’obligation doit être faite par
celui qui s’en prévaut ».
(75)Abdelmounaim BENAMTI : op. Cit, p. 78.
(76)Ibid.
(77) L. MEZEAUD, F. CHABAS : leçons de droit civil, vol. 2, les biens : droit de propriété

34
trouve également dans un hadith(78) du prophète et dans le saint coran(79)
également.

Une fois que la possession a rempli les conditions exigées par la loi, le
possesseur se convertit en propriétaire, et partant il devient protégé par loi, et

ce par la mise à sa disposition de certaines actions à caractère civil (80).

Paragraphe 2 : Le moyen de preuve

La possession peut être prouvée par un acte de possession, appelé

également acte de propriété ou acte d’Istimrar(81). Cet acte est le fait de

douze témoins qui témoignent devant deux adouls aptes à témoigner(82)


(mountasibayni lilichehadi) que l’immeuble objet de la possession, édifié ou
nu, en citant son nom si il a un nom, avec la détermination de toutes les
qualités servant de base pour qu’il soit identifié, a rempli toutes les
conditions y afférentes. Ces témoins doivent également attester qu’ils étaient
au courant de la possession en se faisant communiquer une attestation par les
autorités (al-itilaà). Ils doivent de même

(78)Le serment n’est déféré qu’au défendeur, et au demandeur incombe la preuve.


(79)Dans sourate An-Naml (les fourmis), verset n° 111, Dieu Dis : « apportez vos preuves, si vous êtes véridiques
». (80)Et ce en vertu des articles 166, 167, 168, 169 et 170 du code de procédure civil. La possession est
également protégée par le code pénal (art 570).
، 58 ‫ العدد‬،‫ الندوات و االيام الدراسية‬، ‫ مقال منشور من منشورات لكية العلوم القانونية واالقتصادية‬،‫ الحيازة االستحقاقية وفق مدونة الحقوق العينية والعمل القضائي‬:‫(سعاد المعروفني‬81)
262 .‫ ص‬، 2019 ‫ السنة‬،‫ الجزء الثاني‬، ‫مدونة الحقوق العينية بين الواقع و العدل‬
)82(Ce témoinage est dit Allafif.

35
prouver le lien de voisinage (al-moujawara) et celui de la communauté (al-

mokhalata)(83) .

Ainsi, le adel procède à l’établissement de l’acte de propriété, et ce


conformément aux déclarations avancées par les témoins ayant comparu
devant lui. Avant d’établir ledit acte, le adel doit s’assurer de la nature
juridique de l’immeuble en se faisant communiquer une attestation auprès des

autorités compétentes)84(

De ce qui précède, on constate que l’attestation d’allafif est un moyen


très crucial en matière de preuve de la propriété immobilière des immeubles
non immatriculés. Il est très utilisé au Maroc, et elle trouve son fondement
dans la pratique des gens de la Médine (Âamal ahelou al-madina). Celle-ci est
parmi les fondements appuyés par al-imama malik et ses disciples, foukaha’s

installés aussi bien au Maroc qu’en Andalousie)85(.

.2009/2010 ،‫ لكية الحقوق وجدية‬،‫ جامعة محمد األول‬،‫ أطروحة لنيل الدكتوراه القانون الخاص‬،‫ دعوى االستحقاق العقارية‬:‫(محمد ابدن‬83)
.245.‫ص‬
(84) L’art 18/2 du décret relatif au plan de la justice (Khotatou al-àadala).
.45‫ص‬.1989 . 19‫عدد‬. ‫ مقال منشور بالمجلة المغربية للقانون و اقتصاد التنمية‬. ‫محررات الموثقين و حجيتها في االتباث في التشريع المغربي‬: ‫(محمد الكشبور‬85)

36
Section 2 : Les règles communes à toutes les actions (86)possessoires

L’action possessoire, d’une manière générale, consiste en la protection


de tous droits immobiliers, elle permet seulement d’obtenir la protection de la
possession et non de faire reconnaître le droit de propriété, c’est-à-dire qu’elle
vise à mettre fin aux troubles possessoires, qu’ils soient de fait ou de droit.
Toutefois, le législateur marocain n’a pas explicitement prévu les types
d’actions possessoires. Mais, les jurisconsultes et la jurisprudence ont
unanimement convenu que les actions de protection de la possession sont
divisées en trois catégories, avec bien évidemment des règles communes qui y
président toutes.

Conséquemment et par référence aux dispositions de l’art 66 du code


de procédure civile, l’exercice d’une action possessoire quel que soit son
objet, nécessite l’existence de certaines conditions, à savoir : Intenter l’action

dans un délai(87) d’un an à compter de la date dans laquelle l’acte


préjudiciable a eu lieu,

(86) L’action est l’acte par lequel une personne s’adresse à une juridiction et lui soumet une requête portant sur
une prétention en vue de son examen. C’est sur la base de cet examen, portant à la fois sur le fond et sur la
forme, que la demande sera déclarée, par la juridiction de fond, bien ou mal fondé.
- Voir : Jawad AMHMOUL : procédure civile, éd. 2019, imp. OMNIA-Rabat, p. 33.
(87) Il s’agit du délai de forclusion et non celui de prescription.
-Pour plus d’idées, voir:
‫ الحيازة بين الفقه‬:‫ أورده عبد النارص المحداوي‬، 461/1/3/04 ‫في الملف الجنحي‬23/02/2005 ‫ الصادر عن مجلس العىل بتارخي‬،596 : ‫ القرار عدد‬-
.61 .‫ ص‬، 2008/2009 ‫ سنة‬، ‫ وجدة‬،‫ جامعة محمد األول‬،‫ لكية الحقوق‬،‫ رسالة لنيل دبلوم الماستر في القانون اخالص‬،‫الماليكي والقانون الم غريبي‬
.222.‫ ص‬،2000 ‫ سنة‬،‫ وجدة‬،‫ دار النرش الجسور‬،‫ الثانية‬.‫ ط‬،‫ القانون القضائي الخاص‬: ‫عبد العزيزحرضي‬-

37
sous peine d’irrecevabilité(88). l’action possessoire ne peut être recevable que
si le possesseur a mis la main sur l’immeuble depuis un an au moins. A cela,
nous ajoutons l’impossibilité de réunir le possessoire et le pétitoire.

Section 3 : Les différentes actions possessoires

Certes, le législateur marocain a consacré les articles 166 à 170 du code


de procédure civile aux actions possessoires, qui bien qu’ils aient des règles
communes, l’une ne ressemble pas à l’autre. Il y a alors l’action en complainte
(paragraphe 1), l’action en dénonciation de nouvelles œuvres (paragraphe
2) et enfin l’action en réintégrande (paragraphe 3).

Paragraphe 1 : L’action en complainte (man’à taàroud)

Il est question d’une opposition faite à la possession. Cette opposition


constitue un trouble qui peut être de fait ou de droit. Il y a trouble de fait

lorsque l’opposant accomplit un acte matériel(89), qui se matérialise par tout


acte physique commis contre l’immeuble, privant ainsi le possesseur de son
utilisation, en tout ou en partie. Toutefois, le trouble est dit de droit lorsque le
contestant manifeste

10/00/11 ‫ ورد بالموقع التالي بتارخ‬،1071/7/71/01 : ‫ في الملف المدين عدد‬00/7/1 ‫ االم ؤرخ في‬، ‫الصادر عن مجلس العىل‬ 7611 :‫(قرار عدد‬88)
http://www.juris.courdecassation.ma/webfrom1.Aspx. .11:10 ‫على الساعة‬

(89)Celui-ci peut être positif ou négatif. Il est positif lorsque l’opposant plante par exemple quelques arbres sur
l’immeuble soumis au possesseur, alors qu’il est négatif, lorsque l’opposant prive le possesseur à accéder à son
immeuble existant sous sa main.

38
une prétention contraire au droit du possesseur qui peut être contenu dans un
acte juridique telles les sommations et qui peut résulter d’une négation en

justice de la qualité du possesseur, des droits du détenteur (90) ou lorsque, par


extension, une personne intente une action en justice tendant à exclure le
possesseur de l’immeuble à raison qu’il est usurpant. Par ailleurs, la
complainte peut s’exercer, si le cas y échet, à l’encontre de l’auteur de

l’opposition, bien que celui-ci agisse en qualité de mandataire(91). De ce fait,


Le possesseur peut contraindre l’empiétant à lever sa main sur cette terre.

En un mot, l’action en complainte tend à faire cesser un trouble grave


et actuel de la possession, chose qui exclut les troubles ordinaires ne pouvant,
en effet, justifier l’exercice de cette action. Elles permettent seulement à celui
qui en a souffert d’exercer une action en vue de la réparation du préjudice

qu’il a subii.

Ceci étant, pour pourvoir exercer une action en complainte, certaines


conditions sont à remplir : un trouble de possession actuel, une possession
annale,

(90)Abdelmounaim BENAMTI : op. Cit, p. 88.


(91)Idem, p. 185.

39
ainsi qu’une possession conforme aux dispositions de l’art 166 du code de

procédure civile(92).

Force est donc de constater que le trouble devrait viser à dénier la


possession. De surcroît l’exercice de l’action en complainte n’est pas tributaire

de la réalisation d’un dommage qu’aurait subi le possesseur(93). Cette


opposition peut être de droit, tel est le cas par exemple d’une personne qui
intente une action en justice tendant à exclure le possesseur de l’immeuble
pour la raison qu’il est usurpant. Cette action en complainte s’exerce à
l’encontre de l’auteur de l’opposition, bien que celui-ci le fasse en qualité de

mandataire(94).

Paragraphe 2 : L’action en dénonciation de nouvelles œuvres (waqf


alaàmal aljadida) Cette action a pour but de faire arrêter les travaux
qu’entreprend un tiers,

et qui risquent une fois achevés de causer un trouble à la jouissance du possesseur.


C’est donc une action à caractère préventif.

Elle vise à faire cesser les travaux effectués par un voisin et dont
l’achèvement risque de provoquer un trouble grave pour le demandeur.
Elle

(92)Les actions possessoires ne peuvent être intentées que par celui qui, par lui-même ou par autrui, a depuis
un an, au moins, la possession paisible, publique, continue non interrompue, non précaire et non équivoque
d’un immeuble ou d’un droit réel immobilier.
183. .‫ ص‬،‫س‬.‫ م‬: ‫( جواد الروس‬93)
185. .‫ ص‬،‫س‬.‫ م‬: ‫(جواد الهروس‬94)

40
représente l’un des rares cas où seul un intérêt éventuel(95), voire, même futur

suffit pour que l’action soit déclarée recevable (96).

Il convient de signaler que le juge ne peut que prononcer l’arrêt des

travaux, ni moins ni plus(97). On peut déduire de ce qui précède que l’action


en complainte se distingue de l’action en dénonciation de nouvelles œuvres en
ce que la première suppose un trouble réel et actuel, mais la seconde suppose un
trouble hypothétique, qui peut devenir par la suite réel si le possesseur
n’intervient pas par le biais de cette action. Si par exemple une personne
commence à construire sur son sol une maison, cet acte peut engendrer des
effets négatifs à l’égard du possesseur. Il y a également une différence entre
les deux actions, dans la mesure où les actes troublants sont exercés, pour la
complainte, sur le sol du demandeur, et pour la dénonciation de nouvelles
œuvres sur le sol du défendeur. En conséquence, le demandeur est tenu de
prouver deux choses : d’abord, le commencement des travaux et ensuite,
l’achèvement de ces travaux entraverait par la suite le possesseur.

(95)En principe le juge ne peut trancher que des litiges déjà nés et non pas ceux à venir ; c’est dire que
l’intérêt devrait être actuel.
(96)Jawad AMHMOUL : op. Cit, p. 54.
(97)Idem, p. 185.

41
Paragraphe 3 : L’action en réintégrande (istirdadou alhiyaza)

En effet, le dépossédé peut faire recourt à cette action pour pouvoir


réintégrer la possession qui lui a été soustraite par voie de force. Le détenteur,
c’est- à-dire le possesseur à titre précaire peut intenter une action en

réintégrande bien que la possession ait duré moins d’un an(98). En d’autres
mots, cette action dont bénéficie la victime d’une voie de fait, accompagnée

ou non d’une violence(99) a pour objet de permettre au demandeur de

réintégrer l’immeuble dont il a été dépossédé brutalement(100). Tel est le cas


par exemple de celui qui défriche des arbres de son voisin. Toujours est-il que
l’action en réintégrande nécessite pour son exercice la commission d’une

violence de la part de l’usurpateur(101). Faute de quoi, ladite action sera

déclarée sans objet(102) En sus, Le demandeur en réintégrande est tenu de


prouver qu’il possédait l’immeuble dont il est question de la manière prévue par

la loi et soutenue par la doctrine (103).

(98)FASSAYLI Ettayeb : précis du droit judicaire privé, , 1ère éd. 1989, institution IZICH pour la
publication universitaire, Casablanca, cité par : Jawad AMHMOUL : op. Cit, p. 190.
(99)Jawad AMHMOUL : op. Cit, p. 54.
(100)GILLES : « la réintégrande » thèse, Paris, 1936, cité par : Jawad AMHMOUL, ibid.

‫ دار‬، ‫ الطبعة االولى‬،‫ الحيازة فقها وقضاء‬،‫ أورده عبد العالي العبودية‬،6191/4 ‫ في الملف عدد‬1976 ‫ أبريل‬2 ‫ صادر بتارخ‬،103 :‫(قرار عدد‬101)
148. .‫ ص‬،1996 ‫ سنة‬،‫ المركز الثقافي العربي‬،‫النشر‬
148. .‫ ص‬،‫س‬.‫ م‬: ‫(عبد العالي العبودية‬102)
، 12 ‫ و‬11 ‫ منشور مجلة المناهج القانونية عدد‬،4161/04 ‫ في الملف عدد‬2005 ‫ دجنبر‬21 ‫بتارخ‬ ‫ صادر عن مجلس العىل‬،3419 :‫(قرار عدد‬103)
.‫ وما يلي‬167 .‫ص‬

42
Par exception au principe qui veut que la compétence territoriale
appartienne au tribunal du domicile réel ou élu du défendeur, Il est nécessaire
de rappeler que toutes les actions possessoires susvisées devraient être intentées
devant la juridiction dans le ressort de laquelle l’immeuble objet de la

possession est situé(104).

Il reste, après avoir déterminé la compétence territoriale en matière


possessoire, à déterminer la compétence matérielle. Ainsi, qui du juge de fond
ou de référés est compétent ?

Si on se réfère aux dispositions des articles 18 à 23 du code de


procédure civile, on constate que ledit code n’a pas mis l’accent sur la
juridiction compétente en matière d’actions concernant la possession.
Néanmoins, dans son art 7, l’ancien code de procédure civil prévoyait que les
juridictions du sadad sont compétentes pour connaître des litiges possessoires.
C’est pour cette raison que le tribunal de première instance demeure
compétent là-dessus, car elle est venue remplacer les juridictions du sadad.
En plus, il n’y a aucun texte en vertu duquel, cette

(104)Voir l’art 28 du code de procédure civile, qui prévoit ce qui suit : « Par dérogation aux dispositions de
l'article précédent, les actions sont portées devant les juridictions suivantes - en matière immobilière, y compris
les actions pétitoires ou possessoires, le tribunal de la situation des biens litigieux ». Cette disposition est
consacrée au niveau de la jurisprudence.
- :‫ينظر‬-
.96. .‫ ص‬،65 ‫ و‬64 ‫ع عدد‬.‫م‬.‫ م‬.‫ منشور ب‬،1502/04 ‫في الملف المدني عدد‬ 6/7/2005 ‫ صادر عن مجلس العىل بتارخ‬،1992 :‫القرار عدد‬

43
compétence est confiée au juge des référés(105). Cela se voit indéniablement
dans le titre relatif aux procédures spéciales, desquelles nous déduisons que le
juge ordinaire est seul compétent, et non celui des référés. Pourtant, c’est le
juge des référés qui devrait normalement connaître des litiges à caractère
possessoire, et ce pour la simple raison que ces actions sont dotées d’un
caractère urgent, ce qui fait que les procédures à entreprendre ne doivent pas

être si longues, voire si compliquées(106).

Compte tenu de l’importance qu’il y a de l’action possessoire dans la


protection des situations juridiques, le professeur TAOUFIK Abdelaziz
propose que cette sorte d’action soit de la compétence du juge des référés

comme c’est le cas en droit égyptien(107). Cependant, un autre auteur voit que
les trois actions possessoires relèvent de la compétence du juge de fond en ce
sens que celles-ci nécessitent pour en connaître un examen profond consistant
dans l’instruction concernant les conditions de la possession, chose qui ne

rentre pas dans les compétences du juge des référés(108), ne statuant pas au
fond. A notre avis, rien n’empêche de saisir le juge des référés si les
conditions de saisine de celui-là sont remplies telles que prévues par les
articles 148 et 149 du code de procédure civile .

192. .‫ ص‬،‫س‬.‫ م‬:‫(جواد الهروس‬105)


192. .‫ ص‬،‫س‬.‫ م‬: ‫(جواد الروس‬106)
192. .‫ ص‬،‫س‬.‫ م‬،‫ أورده جواد الهروس‬،‫ معلق عليه بقرارات محاكم االستئناف‬،‫ رشح قانون المسطرة المدنية والتنظمي القضائي‬: ‫(توفبق عبد العزيز‬107)
158 . .‫ ص‬،2009 ،‫ الرابط الطبعة الثانية‬،‫ دار اال مان‬،‫ حيازة العقار كدليل على الملك في ضوء الفقه الماليكي والقضاء المغربي‬: ‫(محمد ادلوري‬108)

44
CONCLUSION
A l’issue de ces quelques pages, force est constater le rôle primordial
que joue la possession comme mode d’acquisition de la propriété immobilière,
mais les qualités qu’exige la possession sont parfois difficiles à établir. Dans
le même contexte, sa validité entraîne quelques effets dont le plus
fondamental demeure l’acquisition de la propriété. Néanmoins, il arrive
parfois que cette possession soit mise en cause lorsqu’elle est entachée d’un
vice le dépourvoyant de toute sa valeur. Également, la possession peut se
perdre dans le cas où l’un des éléments la fondant manque. Elle ne produira
non plus aucun de ses effets si une circonstance fait empêcher le véritable
propriétaire à revendiquer son droit. De plus, elle permet de faciliter au
bénéfice du possesseur la preuve du droit de propriété en l’accompagnant
d’une protection juridique qui se concrétise par la possibilité reconnue au
possesseur de s’adresser à la justice afin de préserver les intérêts que lui
procure sa possession.

45
DEDUCTIONS

1. La possession est un mode d’acquisition de la propriété proprement dit.

2. Contrairement à son homologue français(109), le législateur marocain

n’a fait aucun distinguo entre le possesseur de bonne foi(110) et le


possesseur de mauvaise foi.
3. Les conditions de la possession sont des interdits à la revendication ; si
bien que la présence de ces conditions met en échec l’action en
revendication, parce qu’il est de tradition que l’homme ne laisse pas ses
biens circuler entre les mains d’autrui.
4. Si la possession est une simple situation de fait dans ses débuts, elle finit
par devenir un droit réel par anticipation.
Notons que possession et propriété vont de pair. A cet égard et comme
l’a écrit brillamment Gaius :

(109)Voir : l’art 2272 du code civil français qui prévoit : « Le délai de prescription requis pour acquérir la
propriété immobilière est de trente ans.
Toutefois, celui qui acquiert de bonne foi et par juste titre un immeuble en prescrit la propriété par dix ans ».
(110)Dite en latin bona fides. Elle signifie en matière de possesseur que le possesseur ignorait, au moment
de l’acquisition de la chose, ne pas avoir pu acquérir la propriété.

46
L’usucapion a été introduite pour le bien public afin que l’état juridique
de certaines choses ne reste pas pendant longtemps indéfini. Il suffit
d’accorder au propriétaire un délai déterminé pour qu’ils reprennent leurs

choses(111).

De sa position, un juriste allemand, Ihering, dit que la protection


accordée à la possession a surtout en vue l’utilité du propriétaire en lui offrant

des moyens rapides et efficaces de protéger l’exercice de ses droits (112).

(111)Gai, D : 41, 3, 1 tel que traduit par Shmidlin ( B. SCHMIDLIN, Droit privé romain 1 : origines et
sources, famille, biens, succession, Genève, Bruylabt, 2008, p. 228. Cité par: Inès BIMAGHRA, op. Cit, p.
21.
(112)Marie-louis BEAULIEU : analyse de la possession, les cahiers de droit, article, vol. 4 n° 3, avril 1991, p. 15.
https://doi.org/10.7202/1004137ar, consulté le 19/02/2020 à 21h : 5min.

47
BIBLIOGRAPHIE
 REFERENCES EN
FRANÇAIS 1- TEXTES DE
LOI
- Le dahir des obligations et contrats.
- Le code de procédure civile.
- Le code civil français.
- La loi n° 14.07 relative à l’immatriculation foncière.
- Le code de la famille marocain Le code de la nationalité marocaine.
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- La loi n° 39. 08 relative au code des droits réels traduite par Mohamed
MARZOUGI, 1ère édition, impression, LIBRAIRIE DAR ASSALAM,
Rabat, 2017.
2- OUVRAGES

- AMHMOUL Jaouad : procédure civile, version de 2019, imprimerie


OMNIA- Rabat.
- BOUSSETTA Mourad : une introduction générale à l’étude
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- G. CORNU : vocabulaire juridique, Association CAPITANT, 4ème
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- Merlin, Auguste Joseph : de la prescription acquisitive en droit
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48
- PAUL DECROUX : droit foncier marocain, édition la porte,
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- TRIGEAUD Jean-marc: La possession des biens immobiliers,
imprimerie JOUVE, éd. ECONOMICA 1981, préface. 7.

3- THESES ET MEMOIRES

- BENAMTI Abdelmounaim, la possession, mémoire de fin d’étude


pour l’obtention du diplôme de master en droit foncier et management
des affaires, soutenu à la FSJES de Meknès, 2018/2019.
- BIMAGHRA Inès : les modes d’acquisition de la propriété
immobilière par la possession : en droit romain, droit belge et droit
anglais, travail de fin d’études, département de droit, Faculté de Droit,
de Sciences Politiques et de Criminologie, LIEGE université,
Bruxelles, année académique 2017-2018.
- BOUSSETTA Mourad : la coutume en droit marocain : aspects
historiques et cimtemporaains, thèse, lille 2, 1992.
- GILLES : « la réintégrande » thèse, Paris,
1936. 4- LEXIQUES ET
DICTIONNAIRES

- CHAFI Mohamed: lexique juridique français-arabe, 5ème édition,


imprimerie PAPETERIE EL WATANYA, Marrakech.

- Le petit Robert : micro, éd Edouard Trouillez, 5ème édition, édition 2013.


- NAJJAR Ibrahim, Zaki BADAOUI Ahmed et Chellah Youssef :
DICTIONNAIRE JURIDIQUE, français-arabe, s7ème édition,
LIBRAIRIE DU LIBAN.

49
- ROLAND Heneri: lexique juridique, expressions latines, 5ème édition.

5- ARTICLES
- FASSAYLI Ettayeb : précis du droit judicaire privé, 1ère édiction
1989, institution IZICH pour la publication universitaire, Casablanca.
- Marie-louis BEAULIEU : analyse de la possession, Les cahiers de
droit, article volume 4 n° 3, avril 1991.

6- SITES INTERNET
- http://www.juris.courdecassation.ma/webfrom1.Aspx
- https://doi.org/10.7202/1004137ar

50
‫‪‬المرجع بالعربية‬
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‫‪ .2.‬الرسائل الجامعية و االطاريح‬
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‫‪-‬محمد بادن ‪:‬دعوى االستحقاق العقارية‪ ،‬أطروحة لنيل‬
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‫‪ .3.‬الكتب‬
‫‪-‬جواد ا لهروس ‪:‬الحيازة واالستحقاق في الفقه المالكي‬
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‫‪-‬مأمون الكزبري ‪:‬بالتحفيظ العقاري والحقوق العينية في‬
‫التشريع المغربي‪ ،‬الجزء الثاني‪ ،‬شركة الهالل العربية‬
‫للطباعة‬
‫والنشر‪ ،‬الرباط‪ ،‬مطبعة النجاح الجديدة‪ ،‬الدار‬
‫البيضاء‪.‬‬
‫‪-‬محمد الدوري‪ ،‬حيازة العقار كدليل على الملك في ضوء‬
‫الفقه المالكي والقضاء المغربي‪ ،‬دار ا المان‪ ،‬الرباط‬
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‫‪.‬الثانية‪2009 ،‬‬
‫‪ .4.‬المقاالت‬
‫‪-‬سعاد المعروفي ‪:‬الحيازة االستحقاقية وفق مدونة الحقوق‬
‫العينية والعمل القضائي‪ ،‬مقال منشور بمنشورات كلية‬
‫العلوم القانونية واالقتصادية واالجتماعية‪ ،‬العدد ‪، 58‬‬
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‫‪-‬محمد الكشبور ‪:‬محرارات الموثقين وحجيتها في ا الثبات‬
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‫‪ ،20/19‬شتنبر ‪2017‬‬
‫مجلة قضاء المجلس ا العلى‪،‬‬ ‫‪.‬المجالت ‪- .‬‬
‫العدادان ‪ 42‬و ‪ // 43‬مجلة ملفات عقارية العدد‪// .23.‬‬
‫مجلة القصر ‪.‬عدد ‪.20‬‬
‫مجلة المناهج القانونية عدد ‪ 11‬و ‪ // 12‬المجلة‬
‫المغربية للدراسات القانونية و القضائية ‪.‬عدد ‪.8‬‬
‫‪51‬‬

‫‪SOMMAIRE‬‬
‫‪DEDICACE .....................................................................................................2‬‬
‫‪REMERCIEMENTS ........................................................................................ 3‬‬
‫‪LISTES D’ABREVIATIONS ........................................................................... 5‬‬
‫‪INTRODUCTION ............................................................................................ 6‬‬
‫‪PREMIER CHAPITRE LES REGLES DE FOND REGISSANT LA POSSESSION‬‬
‫‪………………………………………………………………………………..10‬‬
‫‪Section 1 : Définition et éléments constitutifs de la possession ....................... 10‬‬
Paragraphe 1 : Définition de la possession ...................................................... 11
Paragraphe 2 : Les éléments constitutifs de la possession ............................... 13
I.L’élément matériel de la possession (Le corpus) ....................................... 13
II...................................................................................L’élément
moral de la possession (L’animus) ............................................................ 14
Section 2 : Conditions et effets de la possession ............................................. 14
Paragraphe 1 : Les conditions de la possession ............................................... 15
I.Les conditions liées à la personne du possesseur ....................................... 15
II...................................................................................Les conditions
liées à l’immeuble ..................................................................................... 22
Paragraphe 2 : Les effets de la possession ....................................................... 25
Section 3 : Les vices, perte et empêchements de la possession ........................ 26
Paragraphe 1 : Les vices de la possession ....................................................... 26
I.La clandestinité ........................................................................................ 27
II...................................................................................La
discontinuité ............................................................................................. 28
III. ...............................................................................L’équivoque
28
IV...................................................................................La violence
29

52

Paragraphe 2 : Les empêchements à la possession ...........................................30


Paragraphe 3 : La perte de la possession ..........................................................31
DEUXIEME CHAPITRE ..LES REGLES DE FORMES REGISSANT LA
POSSESSION
............................................................................................................................ 33
Section 1 : Charge et moyen de la preuve ........................................................33
Paragraphe 1 : La charge de la preuve ..............................................................34
Paragraphe 2 : Le moyen de preuve .................................................................35

Section 2 : Les règles communes à toutes les actions ()possessoires ................37


Section 3 : Les différentes actions possessoires................................................38
Paragraphe 1 : L’action en complainte (man’à taàroud) ...................................38
Paragraphe 2 : L’action en dénonciation de nouvelles œuvres (waqf alaàmal
aljadida)…………………………………………………………………… 40

Paragraphe 3 : L’action en réintégrande (istirdadou alhiyaza)………………..42


CONCLUSION ............................................................................................... 45
BIBLIOGRAPHIE .......................................................................................... 48
SOMMAIRE ................................................................................................... 52

53

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