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Synthèse SPD Q2

La cohérence de l’ordre juridique belge

Perturbations possibles :
1) Perturbation au niveau de la hiérarchie des normes : lié au fait qu’une norme
inférieure ne respecterait pas une norme supérieure
2) Perturbation temporaire/chronologique : les normes ne sont pas éternelles
3) Perturbation spatiale : situation qui touche plusieurs ordres juridiques en même
temps (ex : ordre juridique belge, allemand, espagnol suite à un accident)
4) Perturbation au niveau du conflit de compétences : deux collectivités distinctes
prétendent régir une même situation

A. Les conflits de loi dans le temps – l’application de la loi dans le temps

Un premier type de conflit d’ordre temporel peut intervenir dans le cadre de la succession
dans le temps de deux normes, issues du même auteur, et applicables à la même situation.

Les « méta-règles » qui dénouent ce type de conflit sont les règles d’application de la loi (au
sens matériel) dans le temps

a) Naissance et « mort » de la loi


a. Naissance et vie de la loi

La loi tire sa force obligatoire de sa publication dans le Moniteur belge. Elle devient
contraignante 10 jours après sa publication (soit une autre date précisée dans la loi). Elle
entre en vigueur à ce moment-là. Différence entre entrée concomitante (effets déployés
immédiatement à la publication de la loi) ou postérieure.

b. Mort de la loi : abrogation et annulation

« Mort » de la loi = sa « cessation de vigueur » peut survenir de deux manières différentes :

b.1. Abrogation

Auteur : soit l’autorité qui était compétente pour adopter la loi en question soit les autorités
qui étaient supérieurs

Ex : une loi, le pouvoir législatif a la capacité de l’abroger (car étant son auteur) mais le
pouvoir constituant peut aussi abroger une loi.
Effets : elle opère « ex-nunc » (= à compter du moment où elle survient). Elle prive la loi
d’effets pour le futur MAIS laisse intacte les effets produits avant. Par la suite, cette loi
abrogée ne produira plus d’effets. Une abrogation est définitive.

Différents types d’abrogations

1. L’abrogation par échéance du terme

La loi 1 elle-même au moment où elle est adoptée contient le moment de sa mort, le


moment où elle va cesser de produire ses effets, elle comporte une disposition transitoire
qui dit quand la loi prend fin.

2. L’abrogation expresse

La loi 2 vient abroger expressément la loi 1 : elle contient une disposition qui dit qu’au
moment de son entrée en vigueur, la loi 1 se voit abrogée.

On assimile à cette abrogation expresse le fait que la loi 2 ne dise pas qu’elle abroge la loi 1
mais qu’elle remplace le dispositif de la loi 1 en substituant une nouvelle règle.

3. L’abrogation tacite

La loi 2 ne dit plus expressément qu’elle remplace ou met un terme aux effets de la loi 1,
mais si on lit son prescrit, on se rend compte que la volonté de l’auteur de la loi 2 était de
remplacer la loi 1.

La loi 1 et la loi 2 sont incompatibles mais il y a un principe qui dit que la loi postérieure
emporte sur la loi antérieure (volonté du législateur doit être claire).

4. Abrogation par désuétude (possible ?)

L’abrogation ne serait plus l’intervention d’un auteur, mais résulterait (si autorisée) de sa
non-application prolongée par ses destinataires.

Ex : loi légale (cercle de la légalité) mais qui ne se fait pas respectée par ses destinataires.
Est-ce envisageable que puisque la loi n’est plus effective, qu’elle soit abrogée ?

Const., art. 33 la Constitution distribue les compétences aux différents pouvoirs. La
cessation de règles de droit par d’autres auteurs que ceux définit par la Constitution est
interdit. Les destinataires ne sont pas identifiés par la Constitution-> donc pas autorisé
Parfois les juges ont quand même du mal à appliquer la loi. Parfois, l’existence d’une erreur
invisible peut être acceptée par le juge (le destinataire ne se verra pas appliqué la loi. Cette
règle sera neutralisée mais pas abrogée ne disparaitra pas de l’ordre juridique.
 Deux pôles : légalité et effectivité

b.2. Annulation

Auteur : c’est un acteur tiers par rapport à l’autorité qui a adopté la règle de droit en
question : une juridiction (CC ou Section du contentieux administratif CE) ou une autorité de
tutelle (une autorité supérieure qui exerce la tutelle sur une autorité décentralisée).

Effets : elle opère « ex tunc » = avec effet rétroactif. Elle prive la règle d’effet pour le futur et
le passé. Elle disparait de l’ordre juridique belge, comme si elle n’avait jamais existée.

b) Principes de droit transitoire

Ex : enfant nait sous la loi 1. Des obligations et des droits réciproques se poursuivent entre
l’adoptant et l’adopté a encore de l’effet lors de la création de la loi 2. Quid de la loi à
suivre ?

a. L’effet immédiat de la loi nouvelle : principe et nuances

Principe : C. civ., art. 1er  elle a un effet immédiat pour le futur

Cass., 2 janvier 2017, S.15.0018.F : « une loi nouvelle s’applique non seulement aux
situations qui naissent à partir de son entrée en vigueur mais aussi aux effets futurs des
situations nées sous le régime de la loi antérieure qui se produisent ou se prolongent sous
l’empire de la loi nouvelle, pour autant que cette application ne porte pas atteinte à des
droits déjà irrévocablement fixés. »

Exceptions à ce principe

- Exception facultative :

L’auteur de la norme 2 peut renoncer à l’effet immédiat de la loi en utilisant une disposition
transitoire disant que les situations juridiques de la loi 1 s’appliqueront. La loi 2 peut prévoir
que l’ensemble de cette situation juridique sera régit par la loi 1.
- Exception de droit :

Va s’imposer sans besoin de disposition expresse (dans le domaine des contrats). L’ancienne
loi demeure applicable. À cette exception de droit, il y a une exception à l’exception.

La Cour de Cassation affirme que ces exceptions visent l’hypothèse où la nouvelle loi prévoit
expressément qu’elle s’applique aux contrats déjà en cours ou qui est d’ordre public.

b. L’absence d’effet rétroactif de la loi : principes et nuance

Une norme ayant un effet rétroactif s’applique à des situations juridiques qui se sont
produites avant l’entrée en vigueur de la nouvelle loi (s’appliquer à une situation passée)

Principe :

C. civ., art. 1er prévoit l’interdiction d’effet rétroactif

Le Code civil étant une loi (= rang législatif), rien n’empêche qu’une autre loi déroge à ce
principe de rétroactivité et de prévoir sa propre rétroactivité

Nuances :

- Sauf si cette interdiction est verrouillée par des normes supérieures à la loi le
législateur ne pourrait pas déroger à cette loi

2 exemples :
- Interdiction absolue de la rétroactivité en droit pénal (droit pénal < C° + Traités). Les
crimes commis avant l’entrée de la nouvelle norme sont jugés sur base des règles qui
étaient en vigueur à ce moment là
- Interdiction relative (interférence sur l’issue d’un procès civil en cours < art. 6 CEDH).
Cet article consacre les garanties d’un procès équitable. La CEDH va regarder avec
suspicion toute loi rétroactive qui aurait pour but ou effet d’influencer sur l’issue du
procès civil en cours mais le législateur peut tenter de justifier cette loi rétroactive au
avec une argumentation solide. Si bien argumenté, cette rétroactivité pourrait être
applicable. La CEDH a une interprétation très stricte, peu nombreux sont les cas où
elle accepte cette rétroactivité.

Quid des lois interprétatives ?

Const., art. 84 le législateur interprète la loi quand elle a des interprétation différentes.

Une loi peut être interprété de manières divergentes en temps 1. En temps 2, le législateur
adopte une loi interprétative qui est censée venir préciser le sens que la loi 1 a toujours eu.
 La loi interprétative qui intervient en temps 2 présente un effet rétroactif puisqu’elle
est censée conférer à la loi 1 le sens qu’elle a eu depuis le départ.
 La loi interprétative contient un caractère rétroactif qui est pourtant contraire au
principe de l’interdiction de la rétroactivité des lois qui est consacré par C. civ., art. 1 er

Puisque la possibilité d’adopter une loi interprétative est consacrée par la Constitution elle-
même (C° art. 84) pour les lois fédérales et C° art. 133 pour les décrets
 La Constitution déroge à ce principe, ce procédé est expressément autorisé
 La Constitution va faire la chasse des lois interprétatives (distingue les vraies des
fausses). La C° va regarder dans les travaux préparatoires de la loi interprétative pour
voir si elle interprète effectivement la première loi et si les travaux préparatoires sont
conciliables avec l’interprétation ou si le législateur essaye de faire passer une fausse
loi interprétative

B. Les conflits de loi dans l’espace – le droit international privé

 une situation qui se passe à un même moment. Un second type de conflit (d’ordre spatial)
survient lorsqu’une même situation se trouve régie par une loi (au sens matériel) belge et
par une loi (toujours au sens matériel) étrangère.

Des règles de rattachement interviennent dans ce type de conflit et qui désigneront soit la
loi nationale soit la loi internationale (ne fournissent pas elles-mêmes la solution à la
situation).

Ces règles de rattachement sont contenues dans le Code de droit international privé (
trouve son origine dans l’ordre juridique belge, c’est une loi). L’adjectif international = s’agit
d’une situation qui se rattache potentiellement à différents ordres juridiques.
 Son objet est international, pas sa source

C. Les conflits verticaux et les conflits horizontaux

a) Un conflit horizontal est toujours un conflit vertical

a. Conflit d’ordre vertical

2 normes logés à deux étages différents de la pyramide normative prétendent régir une
même situation.

Ex : loi et un arrêté royal en divergence. Une méta règle va permettre de désigner la norme
qui va triompher la solution se trouve dans la hiérarchie des normes
 La loi l’emporte sur l’arrêté
b. Conflit d’ordre horizontal

Ex : la situation de notre État fédéral, la loi ou le décret sont sur un même rang hiérarchique

En droit belge il existe le principe de l’exclusivité des compétences : pour une matière, on a
un seul législateur compétent. Il faut donc aller voir dans les règles répartitrices de
compétences qui bénéficie de la compétence en la matière.
Ces règles sont logées dans la C° ou dans les lois spéciales prises en vertus de la C° (C° art.
127)

Les méta règles sont aller chercher les règles répartitrices de compétences qui elles-mêmes
sont logés dans des normes hiérarchiquement supérieurs

Un conflit horizontal est toujours un conflit vertical, tout se ramène à une question de
hiérarchie des normes.

b) Classification des mécanismes visant à garantir la hiérarchie des normes

Différents procédés et mécanismes :

c) Le respect, par les normes ayant valeurs de loi, des normes qui leur sont
supérieures

L’auteur des lois doit être distingué des organes de contrôle des tiers qui vont pouvoir
exercer à l’égard de ces lois une vérification de leurs compatibilités par rapport aux normes
hiérarchiquement supérieures

a. Le contrôle préventif (avant l’adoption) de la section du contentieux administratif

 Vérifier que le texte législatif en projet a été adopté par le bon auteur (répartition des
compétences) et vérifier que le texte en projet respecte les normes hiérarchiquement
supérieures.

b. Contrôle curatif de la Cour constitutionnelle

La Cour constitutionnelle est la juridiction qui veille au respect des droits fondamentaux
consacrés par la Constitution et des règles répartitrices de compétences par les différents
législateurs en Belgique.

b.1. Historique du contrôle de constitutionalité des normes ayant valeur de loi en


Belgique. De la dénégation originaire à la Cour constitutionnelle

La Constitution de 1831 avait prévu qu’une norme de rang infralégislatif soit contraire à une
norme supérieure + une sanction : refus d’application par les Cours et tribunaux (C° art. 159)
Ce contrôle pouvait être exercé par les juges du pouvoir judiciaire ?

La Constitution de 1831 ne dit pas qui est compétent pour vérifier la conformité des lois à la
Constitution au niveau d’éventuels organes juridictionnelles.

Au départ, il était considéré qu’il appartenait au législateur d’apprécier si le texte de loi qu’il
envisageait d’adopter était ou n’était pas conforme aux dispositions de la Constitution.

Culte de la loi, inviolabilité de la loi en 1831 qui pense inimaginable que le législateur adopte
une loi non conforme. Aucun contrôle n’avait donc été prévu.

Premier tempérament dans un arrêt de la Cour de cassation :

Cass. Waleffe, 20 avril 1950 : obligation d’interprétation conforme =

Une loi pourrait se prêter à plusieurs interprétations et suite à cette obligation le juge doit
retenir QUE l’interprétation qui se concilie le mieux avec la Constitution.

Le juge judiciaire doit quand même vérifier la conformité par rapport à la Constitution. La
constitutionalité de la loi va donc être garantie puisque le rôle du juge va être d’identifier
quelle est l’interprétation de la loi qui est la plus conforme à la Constitution
 d’où le fait qu’on parle uniquement de tempérament

Un véritable tournant suite à un autre arrêt de la Cour de cassation :

Cass., Le Compte, 3 mai 1974 : contrôle de constitutionnalité larvé =

Dans cet arrêt qui intervient après Le Ski du 27 mai 1971, la Cour de cassation opère à un
contrôle de conformité d’une loi par rapport à un trait international (le pas est franchi par
rapport aux traités)

Quid de la Constitution ?

Le procureur Van Meersch invite la Cour de cassation à franchir le pas au niveau de la


Constitution. Cependant, la Cour ne va pas aller si loin.
 La Cour va vérifier dans cet arrêt la compatibilité d’une loi de pouvoir spéciaux par
rapport à l’article 105 de la Constitution
 Émoi au parlement et marche arrière des Cours et tribunaux

Retour en 1970 : Fédéralisation de l’État belge et besoin d’un arbitre des compétences :

Question : quel est le législateur compétent au final ?


1970 : idée de confier cette compétence à une section du CE créée avec pouvoir du dernier
mot aux chambres législatives – « mi- juridictionnel ; mi- politique » créé sur papier mais ne
fonctionnera jamais concrètement

1980 : création des Régions (à côté des communautés). Il y a donc nécessité d’avoir cet
arbitre de compétences, elle se fait de plus en plus présente.

 Avènement de la Cour d’arbitrage (= CC), contrôle de constitutionnalité centralisé confié


à une juridiction unique, avec un système d’essence juridictionnelle (cf. composition de la CC
pour la dimension politique)
 création de la Cour d’arbitrage sur le papier (C° art. 142)

1983 : loi du 28 juin 1983


 Elle organise le fonctionnement de la Cour d’arbitrage

1984 : installation de la Cour d’arbitrage

1985 : premiers arrêts

1980-1988 : répartition des compétences (était uniquement en charge des répartitions des
compétences)

1988-1989 : C° 10, 11, 24 confiés à la CC, qui doit faire respecter le principe d’égalité et non-
discrimination et la liberté d’enseignements.

Loi spéciale du 6 janvier 1989 relative à la CC (chasse la loi du 28 juin 1983)

2003 : titre II, 170, 172, 191 (via LS)


 Extension des compétences de la CC à tout le titre II qui englobe les articles 10, 11 et 24
de la C° et aux articles 170, 172 et 191 de la C°

2007 : Cour d’arbitrage devient la CC (= plus seulement en charge d’arbitrer des conflits de
compétences mais aussi d’autres dispositions de la C°)

2014 : 143 C° (via LS) + modification 142 C°

 Extension constante de ses missions mais toujours pas une « CC complète » à ce jour

b.2. La Cour constitutionnelle

Siège de la matière

Dans l’article 142 de la C° et dans la LS du 6 janvier1989 (adoptée à la majorité prévue par C°


art. 4, dernier alinéa)

L’alinéa 2 identifie un certain nombres de règles de contrôles confiés à la garde de la CC.


L’alinéa 5 prévoit qu’une LS peut confier à la CC d’autres dispositions que celles visées par
l’art. 142. Les conflits visés à l’art. 141 = conflits qui portent sur la répartition des
compétences

Statut et composition de la Cour

Elle ne fait pas partie du pouvoir judiciaire ni d’un autre des trois grands pouvoirs constitués
 Elle intervient à côté

La Cour est composée de 12 juges qui doit observer un nombre de conditions fixées par les
art. 31 et 34 de la loi spéciale relative à la CC. Double règle de parité + d’autres critères :

- Parité linguistique (art. 31)


- Parité professionnelle (art. 34 §1 et §2)  dimension politique : soit des juristes soit
des parlementaires ont droit à ce statut (moitié de chaque catégorie).
- Juges de sexe différents (art. 34, §5)
- + référendaires (art. 35 à 39 LSCC) qui vont venir assister les juges, les aider à rédiger
des projets d’arrêts (max 24)

À l’heure actuelle, dans la Belgique nous avons uniquement des juges masculins du côté
francophone (du côté néerlandophone 4 femmes juges). Au niveau référendaire, il y a
davantage de femmes (du côté francophone 4 femmes vs 6 hommes et du côté
néerlandophone 4 femmes vs 6 hommes.
 Pour devenir référendaire à la CC, il faut avoir réussi un examen oral et écrit

Pour être juge à la CC, il faut avoir été nommé par le roi sur une liste qui est présenté
successivement par la Chambre et le Sénat après avoir été adopté à la majorité des 2/3
 Nomination politique qui contraste avec le mode de désignation des référendaires.

b.3. La compétence de la Cour constitutionnelle


Les règles contrôlées sont les lois, les décrets et les règles visés à l’article 134 de la C°. Cet
article vise les lois prises en exécution de l’article 39 qui concerne les 3 régions (flamande,
wallonne et bruxelloise). Les régions flamande et wallonne adoptent des décrets qui ont
force de loi tandis que la région bruxelloise adopte des ordonnances qui sont un peu au-
dessus.
 Lois, décrets et ordonnances = règles contrôlées.
Les lois d’assentiment d’un traité international sont aussi contrôlées par la CC. Si la CC
censure un acte législatif donnant assentiment à un traité mais qu’il a déjà été ratifié par la
Belgique, le traité ne peut plus être appliqué en Belgique, bien qu’elle soit tenue par celui-ci
vis-à-vis des autres États adhérents problématique.
 Problème grave de responsabilité (et de crédibilité) internationales de la Belgique.

Deux aménagements sont prévus :


- Délai de recours en annulation est raccourci de 6 mois à 60 jours (pas très efficace).
- La CC ne peut pas se prononcer par question préjudicielle sur les lois, décrets ou
ordonnances portant assentiment aux traités les plus importants dans l’ordre
juridique belge : les traités constituant de l’Union européenne et la Convention
européenne des droits de l’Homme + ses protocoles additionnels ratifiés par la
Belgique.
 Le législateur spécial a consacré la primauté des traités visés sur la Constitution belge

Les règles de contrôle (ou normes de références) sont établies par la C° ou en vertu de celle-
ci pour déterminer les compétences de l’État, des Communautés et des Régions (allusion à
C° art. 142) + articles du titre II et les articles 170, 172 et 191 de la C° + C° art. 143, §1 er.

Les droits fondamentaux consacrés par le titre II de la C° sont confiés à la garde de la CC et


aussi parfois combiné devant la Cour avec un droit fondamental équivalent consacré par un
traité international ou avec PGD.
 Méthode combinatoire

Ce contrôle combiné est possible si on passe par une disposition confiée à la CC.
 Il faut un point d’ancrage dans les règles de contrôle de la CC
b.4. La mise en œuvre de la justice constitutionnelle

Deux manières de saisine de la CC :


- par le biais de recours en annulation
- par le biais de question préjudicielle

Le recours en annulation

- A pour caractéristique d’être direct (on ne va pas passer par d’autres juridictions)
- Contrôle abstrait car exercé indépendamment de l’existence d’un litige pendant ou
devant une autre juridiction. On fait un procès contre un acte législatif parce qu’on
considère qu’il viole une disposition confiée à la garde de la C°.
- Contrôle rapide car ne peut que être introduit dans un délai raccourci

Qui peut introduire un recours en annulation ?

Réponse dans l’article 2 de la LS du 6 janvier 1989 :


- Pouvoir exécutif
- Toute personne physique ou morale (au contraire des autorités publics visés au 1°) et
doivent justifier d’un intérêt
- Pouvoir législatif
Le délai pour introduire un recours se trouve à l’article 3 de la LS du 6 janvier 1989 :

Il est de 6 mois à dater de la publication au Moniteur belge (sauf pour un traité qui reçoit
l’assentiment délai de 60 jours).

La demande de suspension (= accessoire éventuel du recours en annulation) ANNEXE 6

Il est facultatif. On introduit une demande de suspension lorsqu’on ne peut pas se permettre
d’attendre l’aboutissement du recours en annulation.

Les conditions pour une demande de suspension sont évoqués à l’article 19-21 de la LS du 6
janvier 1989

Les arrêts

Un recours en annulation introduit va se sanctionner par un arrêt qui va :

- Accueillir le recours et qui sera donc un arrêt d’annulation qui sera erga omnes et qui
opère en effet rétroactif

Compte tenu des effets que cet arrêt d’annulation peut avoir, art. 8 de la LS relative à
la CC confère à la CC une prérogative exorbitante. La CC peut décider de moduler les
effets dans le temps des arrêts qu’elle rend (= la Cour peut décider si elle annule
définitivement les effets des dispositions annulées ou elle peut les maintenir
provisoirement dans le délai qu’elle veut pour éviter un vide juridique). ANNEXE 5
- Ne pas accueillir le recours arrêt de rejet
- La Cour peut privilégier une interprétation conciliante = il y a plusieurs
interprétations et une d’entre elles est conforme à la C° et va donc être privilégiée
par la CC dans le cadre d’un arrêt de rejet. Le discours est double :
o Selon une première interprétation de la norme querellée, celle-ci viole la
norme de référence visée par le recours et devrait être annulée
o Selon une autre interprétation possible, celle-ci ne viole pas la norme de
référence et ne doit pas être annulée elle rejette le recours en annulation

Les conséquences d’un arrêt d’annulation sur des conséquences qui ont déjà été tranché par
un autre juge ou sur des arrêtés d’exécution qui avaient déjà été prises en vertu de la loi
annulée :

Une procédure en rétraction est possible et est couverte par la LS relative à la CC :


- Dans les 6 mois du prononcé de l’arrêt de la CC, la cause peut être ramenée devant le
juge pénal qui avait rendu une décision sur base d’une loi qui avait été annulée pour
autant que sa décision de justice soit passée en force de chose jugée (art. 10)
- Idem pour les juges civiles (art. 16)
- Idem lorsque la décision a été rendue par la SCACE (art. 17)

Si c’est un Arrêté royal pris sur base de la loi annulée ?

Une fois annulé, cet Arrêté royal n’a plus de fondement légal.

Art. 18 de la LS relative à la CC : la possibilité pour les actes et règlements des diverses


autorités administratives suite à une annulation qui servait pour fondement, de faire l’objet
d’un recours administratif à leur encontre dans les 6 mois à dater de la publication.

Les questions préjudicielles

 Va naître dans le cadre d’un recours interdit devant le Conseil d’État ou devant les Cours
et tribunaux judiciaires.

- À l’occasion du litige saisi, se pose une question de la conformité de la loi/décret ou


ordonnance par rapport à une disposition dont la CC assure la garde que ces juges
s’apprêtent à appliquer pour résoudre le litige qui leur est soumis.
- Le juge met le litige sur pause le temps de recevoir la réponse de la CC. Une fois que
la Cour aura donné sa réponse, le juge pourra continué le litige qu’il avait mis en
standby en tenant compte de la réponse de la CC.

Ses caractéristiques sont :


- Recours concret car la question se pose dans le cas d’un litige devant le CE ou les
cours et tribunaux la question de constitutionnalité se pose à ce moment.
- La question préjudicielle est un recours qui intervient de manière indirecte car le
requérant ne va pas directement aller à la CC. C’est étant chez un autre juge, à
l’occasion du litige actuel que l’un des partis (souvent les avocats) demande au juge
judiciaire ou au CE de poser une question préjudicielle à la CC.
 Cette question est posée par une juridiction (le CE ou le juge judiciaire) à la CC

- Pour la QP, il n’y a aucun délai à observer (≠ recours d’annulation)

Pour les QP, les règles de contrôles et les règles contrôlées sont les mêmes que les recours
en annulation art. 26 de la LS relative à la CC

Nouvelle notion à introduire : le concours de droits fondamentaux

Hypothèse où un même droit fondamental est à la fois consacré par une disposition de la C°
et par une disposition d’un Traité International.

Ex : respect au droit de la vie privée. Ce droit est consacré par :


- L’art. 22 de la C°
- L’art. 8 de la CEDH
 concours de droit fondamentaux.

Depuis l’arrêt Leski (1971), tout juge belge peut écarter une loi qui serait contraire à une
disposition internationale directement applicable.

L’obligation de poser une question préjudicielle diffère selon qu’on est en présence ou pas
d’un concours de droit fondamental.

Art. 26, §2 et §3 de la LS sur la CC règle l’hypothèse où on est pas en présence d’un concours
de droit fondamentaux.
 En rouge, ce qui est normalement obligé sauf à propos de certaines exceptions (1, 2,
3 valent pour toute juridiction). La quatrième dispense vaut uniquement pour
certaines juridictions si la L-D-O ne viole pas une règle de contrôle ou lorsque la
réponse à la question préjudicielle n’est pas indispensable pour la résolution du litige.

Art. 26, §4 de la LS règle l’hypothèse où on est en présence d’un concours de droit


fondamentaux.

 En rouge hypothèse d’un concours de droit fondamentaux


o Le principe est rappelé obligatoire pour la juridiction de poser la question
préjudicielle
 Cette obligation ne s’appliquent pas dans 1°/ 2°/ 3°/ 4°

 Contrôle « centralisé » de constitutionnalité des lois, décrets et ordonnances et


contrôle de constitutionnalité « diffus » de ces actes. Les Cours et les tribunaux
peuvent contrôler la constitutionnalité dans le cadre d’un concours de droit
fondamentaux, mais ne peuvent jamais affirmer la constitutionnalité (qui reste le
monopole de la CC).

Dispositif : que constate la CC ?

1. Si violation, la CC estime que l’inconstitutionnalité de la norme est présente dans la L-


D-O depuis qu’elle existe
 MAIS la CC n’annule pas ! La L-D-O a le statut de « zombie juridique »

2. Lorsque la CC rend sur question préjudicielle un arrêt de violation, il y a un nouveau


délai de six mois qui se rouvre pour permettre l’introduction d’un recours en
annulation (art. 4 LS sur la CC)

3. Non violation en mobilisant une interprétation conciliante

Effets de la décision préjudicielle (art. 28 de la LS sur la CC)

d) Le respect, par les normes de niveau réglementaires des normes qui


leurs sont supérieurs

a. Le contrôle préventif exercé par la SLCE sur les normes de niveau réglementaire
émanant de l’exécutif fédéral et des exécutifs des collectivités fédérées
LCCE art. 3 :

 L’avis n’est pas juridiquement contraignant

LCCE art. 3 bis : pour les arrêtés de pouvoirs spéciaux, on exclut l’urgence, tous les arrêtés de
pouvoirs spéciaux doivent passer devant la SLCE.

b. Le contrôle curatif : le recours en annulation (éventuellement doublé d’une demande


de sursis à exécution) devant la SCACE

 Élargissement des règles contrôlées par rapport à la SLCE

L’art. 14 LCCE explique les conditions pour le contentieux :


- Types d’actes : actes administratifs à caractère normatif ou pas
- Auteurs : collectivités politiques fédérales/fédérées + décentralisées
- Objet du contrôle : voir art. 14 LCCE
- Normes de contrôle : loi et normes hiérarchiquement supérieures

Exemples pour objet de contrôle qui peuvent donner lieu à un recours en annulation :
1) Hypothèse où la SLCE aurait dû être consultée en vertu de l’art. 3 LCCE et ne l’aurait
pas été
2) L’auteur de l’acte a excédé ses pouvoirs, problème de légalité
3) Détournement de pouvoir

Titulaire de ceux qui peuvent introduire un recours en annulation devant la SACE à l’art. 19 :
toute personne physique ou morale qui justifie d’un intérêt

Délai : 60 jours pour introduire le recours en annulation

 La SCACE va soit rejeter le recours soit annuler l’acte administratif déféré à sa censure

Effets de l’annulation : lorsque la SCACE annule cet acte, il opère avec autorité erga omnes et
avec effet rétroactif (comme si l’acte n’avait jamais existé)
 LCCE reconnaissent la possibilité de moduler les effets dans le temps (définitif = dans
le passé/maintenir = dans le futur) des arrêts en annulation qu’il prononce

Recours en suspension possible devant la SCACE qu’on appelle le sursis à exécution (LCCE,
art. 17, §1). C’est également l’accessoire du recours en annulation devant la SCACE (comme
pour la CC). Il faut qu’il y ait une urgence et des moyens sérieux pour que le recours en
suspension soit introduit.

c. L’exception d’illégalité (C° art. 159)

L’interprétation jurisprudentielle a élargi le champ d’application de cet article.

- Juridiction concernées : toutes les juridictions


- Actes contrôlés : actes administratifs unilatéraux à caractère normatif ou pas
- Auteurs : collectivités politiques fédérale/fédérées + décentralisées
- Normes de contrôle : loi et normes hiérarchiquement supérieures
- Pas de délai
- On contrôle la légalité (conformité par rapport aux normes supérieures
- Sanction est le refus d’application pas d’annulation (= « zombie juridique » ANNEXE 8)

Chapitre II : l’ordre juridique international

Le droit international regroupe les règles qui sont élaborées dans l’enceinte internationale
qui trouvent leurs origines au sein de l’ordre juridique international.

 Est parfois aussi qualifié de droit international public VS le droit international privé (sa
source est principalement national, il régit les relations entre les personnes privées).
 Le droit international public régit les relations entre les États (et à sa source le droit
international)

Le droit international comprend aussi les organisations internationales qui coexistent au sein
de l’ordre juridique international.

Une certaine tension caractérise l’ordre juridique international. D’un côté, les États soucieux
de conserver leur souveraineté externe (= indépendance) et de l’autre, les États qui disent
qu’une interdépendance est nécessaire pour régler un certain nombre de questions qui
dépassent certaines frontières étatiques (ex : politique migratoire)
Section 1 : Les sources formelles du droit international

Il n’y a pas de constituant ou de législateur international capable d’adopter des actes


juridiques unilatéraux qui vont s’imposer aux États entre eux. Ce sont les États eux-mêmes
qui vont être à l’origine des règles de droit international (= le droit international dépend du
consentement des États). La principale source de droit international sont les traités (=
conventions que les États concluent entre eux).

Il existe deux sortes de sources formelles du droit international :


- Une source formelle écrite (ex : les traités)
- Une sources formelles non écrites (ex : coutume second plan dans le droit belge)

A. Les actes visés par l’article 38 du Statut de la Cour internationale de


Justice

Ces sources ne se trouvent pas dans une Constitution. Le catalogue de sources formelles de
droit international est dans l’article 38 du Statut de la Cour internationale de Justice.

a) Les sources majeures

a.1. Les traités ou conventions internationales


Un traité est comme un contrat = un accord de volonté conclu entre deux ou plusieurs sujets
du droit international en vue de produire des effets juridiques obligatoires.

Les sujets sont les États ou les organisations internationales qui sont créés par les États (=
personnes morales de droit public).

Les traités reçoivent différentes dénominations : Charte, Pacte, Statut, Convention… la


dénomination importe peu, pour autant que derrière celle-ci on vise la réalité juridique qui
correspond à la définition du traité.
 Tous les traités au sens de l’art. 38 du Statut de la Cour internationale de Justice

Classification :

- En fonction du nombre de parties : traité bilatéral = implique deux sujets de droits.


Traité multilatéral = implique plusieurs sujets de droit.

- En fonction de l’objet :
o Traités-contrats : sont les plus proches des contrats au sein de l’ordre
juridique interne (= contrat de vente) traité par lequel les parties
contractantes vont se reconnaitre es droits et obligations mutuelles, ex :
traité de paix

o Traités-lois : conclu entre des sujets, l’objet est de reconnaitre des


prérogatives à des parties qui sont extérieures au contrat (d’où la qualification
qui fait penser à un caractère unilatéral qui va s’associer à la nature juridique
du traité), ex : traités fondamentaux où le peuple bénéficie de ces
prérogatives faites entre les États en étant extérieur au contrat.

o Traités-institutions : ont pour objet de créer une organisation internationale

La procédure d’élaboration des traités

Il faut d’abord regarder les conditions fixées par le DI + les compléter par les dispositions
fixées par le droit national.

En droit international (Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités)

Cette Convention a été adoptée par la Belgique le 10 juin 1992 (ANNEXE 10)
Champ d’application de cette Convention : art. 1 et art. 2, §1 a).
1. Les traités sont négociés par les différents représentants des États (= diplomates)
2. Lorsque mis d’accord sur le texte censé devenir le traité, vient la signature. Elle
conclut les négociations en authentifiant le texte issu de ces négociations.

Au moment où les représentants signent ce traité, ils ne sont pas liés juridiquement à
ce traité (signature ≠ valeur obligatoire). L’État peut toujours faire marche arrière par
après. La signature détermine le lieu et la date du traité.

3. Suite à la ratification, l’État donne son engagement à être lié par le Traité
engagement devient définitif, l’État ne peut plus faire marche arrière.

L’existence de ces deux étapes permet aux États de vérifier si les diplomates sont
restés dans ce qui avait été convenu.

4. Possibilité de réserves au moment de la signature ou de la ratification. La réserve est


définie par l’art. 2, §1 d) de la Convention de Vienne
 C’est un acte unilatéral qui émane de l’État et qui lui permet de moduler les
engagements qu’il va souscrire dans le cadre du Traité en excluant ou en limitant
l’effet de certaines dispositions du traité.

Ces réserves sont souvent acceptées tant qu’elles ne portent pas atteinte à l’objet et
au but du traite (= la réserve peut porter sur des éléments accessoires).

5. L’entrée en vigueur est souvent fixée par le traité à la fin de celui-ci (art. 24, §1 de la
Convention de Vienne)
L’article 24 §2 de la Convention de Vienne prévoit que si les parties n’ont pas prévu
de disposition, alors le traité entre en vigueur dès que le consentement à être lié par
le traité a été établi pour tous les États ayant participé à la négociations.
 Si le traité ne dispose pas de clause à propos de son entrée en vigueur = il entrera en
vigueur au moment où tous les États qui ont négocié le traité l’auront ratifié.

Dans la Convention de Vienne, voir article 84.

6. Le traité entre en vigueur avant l’enregistrement et la publication. L’art. 80 de la


Convention de Vienne : après l’entrée en vigueur, les traités sont enregistrés et
publiés (inspiré de l’art. 102 de la Charte des Nations Unies + une sanction si la
publication et l’enregistrement ne se fait pas après l’entrée en vigueur).
7. L’adhésion = hypothèse où certains États viennent se lier par après au Traité (si un de
ses articles le prévoit) acte par lequel un État tiers devient parti d’un Traité

Ex : art. 83 de la Convention de Vienne sur le droit des traités

En droit interne (C° art. 167)

L’autorité compétente est désignée par l’article 167 pour conclure des traités = pouvoir
exécutif qui va désigner les représentants de l’État belge (= vont négocier les traités
internationaux le pouvoir exécutif (incarné par le roi ou les gouvernements fédérés) ratifie
les traités internationaux.

Le deuxième acteur est le pouvoir législatif = la Chambre des représentants (fédérale) ou les
parlements fédérés.

- L’assentiment du/des pouvoirs législatifs compétents

Le pouvoir exécutif conclut les traités mais il n’est pas compétent pour le faire seul. Le
législateur (= Chambre des représentants) intervient et approuve le Traité avec sa légitimité.
 Par l’assentiment, la Chambre des représentants ou les parlements fédérés donnent leur
accord au Traité afin que celui-ci fasse partie de l’ordre juridique interne.

Sans l’assentiment, le traité ne rentre pas dans l’ordre juridique belge et est inapplicable. Il
reste cependant valable et la Belgique est tenu de le respecter mais ne produira pas d’effets
au sein de l’ordre juridique interne (pour ça il faut l’assentiment)

 L’assentiment est une loi purement formelle qui a pour unique rôle de donner
l’autorisation au Traité de rentrer dans l’ordre juridique belge

Effet des traités

En droit international, les États sont liés par les traités qu’ils ont ratifié.

En droit interne, pour qu’un traité puisse produire des effets il faut :
1. Que la procédure d’élaboration du traité en droit international ait abouti (traité
rentré en vigueur dans l’ordre juridique international
2. Que le traité ait reçu l’assentiment dans l’ordre juridique belge
3. Que la loi d’assentiment et le traité soit publié au Moniteur belge

 Si les trois conditions sont réunies, le traité constituera une norme obligatoire en droit
belge. Il fera partie du droit objectif du droit belge au même titre qu’une loi

a.2. La coutume

 Règle de droit non écrite, pratique répétée pendant une certaine durée (élément objectif)
et qui est tenu pour juridiquement contraignante (élément subjectif)
En droit belge, il n’y a presque plus de coutume. À l’inverse, en droit international, la
coutume est beaucoup plus utilisée (a ensuite été codifiée en traités). L’importance de la
coutume a diminué à mesure que l’importance des traités a augmenté.
 La coutume reste une source majeure (Convention de Vienne était à la base une
coutume)

b) Les sources complémentaires

 Moindre importance

b.1. Les principes généraux du droit (Statut de la Cour internationale de justice,


art. 38, §1 c))

 Interviennent quand la Cour internationale de justice constate qu’il n’y a pas de traité ou
de coutume existant qui puisse trancher le conflit
Question dans le DI : quand on parle de PGD reconnus par les « Nations civilisées », vise-
t’ont :
- Uniquement des principes existants dans les ordres juridiques nationaux = communs
- Des PGD du DI indépendamment des ordres juridiques nationaux

b.2. L’équité (= ex aequo et bono)

 Invoqué pour faire obstacle à l’application d’une règle juridique qui se révèle injuste dans
un cas déterminé

Deux possibilités en DI :
- Soit les parties à un traité autorisent expressément le juge à statuer en équité s’il n’y
a pas de traité/coutume/PGD
- Soit les parties à un traité identifie l’équité comme étant la source de droit à la place
d’un éventuel traité/coutume/PGD (l’équité est un subsitut)

L’équité sert aussi à interpréter les règles de droit

c) Sources auxiliaires

 Sources qui vont aider le juge à découvrir la manière dont il doit trancher le différend. Il
va pouvoir identifier les sources formelles majeures ou complémentaires qui sont
applicables

c.1. La jurisprudence

Comme en droit belge, le DI ne connait pas la règle du précédent obligatoire (= juge de la CIJ
n’est pas lié à d’anciennes décisions rendues à propos d’un sujet similaire, il peut l’utiliser
comme appui).
c.2. La doctrine

Le juge la consulte bien qu’elle soit une source informelle (est une source documentaire)

B. Les actes hors nomenclature (hors de la liste de l’art. 38 du statut de la


CIJ)

a) Actes juridiques unilatéraux

 Émanent des États ou des organisations internationales (ex : reconnaissance

b) Le soft law : catégorie juridique ?

 Normes émanant d’instruments dépourvues de force obligatoire (plein dans le DI)

Section 2 : la hiérarchie des normes au sein de du droit international

A. La primauté du Ius Cogens

Il n’y a pas de répartition de compétences entre le traité et la coutume. En principe ils ont
la même autorité sans rapport hiérarchique entre eux.

Au sommet de la pyramide normative du DI se trouve les normes du Ius Cogens


supérieures aux autres normes.

Définition du Ius Cogens dans l’article 53 de la Convention de Vienne des traités

Le ius cogens s’impose à tous les États sans exception, indépendamment de leur
consentement à être liés par ces normes limite à la souveraineté externe des États
Ex : interdiction de la torture ou de l’esclavage

L’article 38 du statut de la CIJ n’aborde pas le ius cogens. C’est parce que les normes du ius
cogens ne sont pas une nouvelle source du droit mais une qualité impérative de certaines
normes qui sont contenues dans des traités ou des coutumes.
 Les normes du ius cogens balisent les sources formelles listées par l’article 38 du
statut de la CIJ. Ces normes sont si importantes que la Communauté internationale
les reconnait comme étant hiérarchiquement supérieures aux autres.
Si on considère qu’un traité est contraire à une norme de ius cogens, la contestation est
envoyée à la CIJ (art. 66, a), Convention de Vienne)
 L’action en nullité est réservée aux parties (≠ droit interne)

Section 3 : les organisations internationales

 Personnes morales de droit public créés par un traité constitutif (= traité-institution) en


vue de remplir certains fins et dotés d’organes.
Chaque organisation internationale donne naissance à un ordre juridique interétatique
(partiel) qui va présenter un degré d’autonomie plus ou moins poussé selon les
organisations.
 Sont auprès des États les principaux sujets de droit internationale

Les organisations internationales ont une personnalité juridique limitée. Elle est
fonctionnelle car elle accompli les tâches qui rentrent dans les fonctions qui ont été confiés à
l’organisation internationale par les États
 Vs les États qui disposent en principe d’une personnalité juridique illimitée

Les organisations internationales ont plusieurs critères :


- Géographique : organisations mondiales/universelles (ONU) ou régionales (UE)
- Objet : généraux (aspects globaux des relations internationales) et organisations
spécialisées (organisations, culturelles, économiques…)
- Finalité : coopération (Organisation Mondiale du Commerce, OMC) ou d’intégration

Examen de trois organisations internationales particulières

Section 1 : l’organisation des Nations Unies (ONU)

 Créé par la Charte des Nations-Unies après la deuxième guerre mondiale par 51 pays.
Aujourd’hui, c’est la plus grande organisation internationale et rassemble 193 pays.

Les États sont à l’origine du « Traité-Institution », le traité fondateur qui a mis l’organisation
mondiale sur pied.

Les Nation Unies ont un certains nombres d’organes : le Conseil de sécurité, l’Assemblée
générale, le Secrétaire général et la Cour Internationale de Justice.
 L’essentiel sont basés à New-York et la CIJ est à La Haye
A. Origine et finalité

Les buts sont dans la Charte des NU, art. 1.


 Principal objectif : maintien de la paix et de la sécurité internationale par la coopération

Art. 2 de la Charte énonce certains principes qui guident l’action des NU


- Principe d’égalité souveraine de tous ses Membres (en droit) : le petit État Monaco =
grand État USA
- Principe de la prohibition du recours à la force sauf autorisation éventuelle du Conseil
de sécurité
- Principe de la prohibition de toute ingérence dans les affaires intérieures d’un État
par les NU

Pour atteindre les objectifs, plusieurs traités ont été élaborés sous l’ordre des NU
 À la demande des États, l’ONU a préparé le texte de traité internationaux qui ont été
soumis à la ratification des États

Pour maintenir la paix, dans certains cas, les casques bleus peuvent être envoyés en
autorisant le recours à la force

B. Les organes de l’ONU

a) Le Conseil de sécurité

La composition est fixée par l’art. 23 de la Charte.


Il comporte 15 membres : 5 membres permanents (Chine, France, Russie, Royaume-Unis et
États-Unis) + 10 membres non permanents élus par l’Assemblée générale pour de 2 ans.
Les missions du Conseil de sécurité est limité par l’art. 24 de la Charte : maintien de la paix et
sécurité internationale. Pour cela, le Conseil a deux options :

- Une réglée par le Chapitre VI : le CS invite les États à régler un différend ; engager
une enquête ; formuler des recommandations pas de pouvoir contraignant
- Une réglée par le Chapitre VII : le CS a un pouvoir décisionnel limité lui permet
d’adopter des actes juridiques unilatéraux juridiquement contraignants.

b) L’Assemblée générale

 Organe délibérant où sont représentés tous les membres des Nations Unies.

Selon les articles 9 et 18 de la Charte des NU, chaque État membre dispose d’une voix (=
minimum 1 représentant)

Les fonctions sont fixées par la Charte, art. 10 et S. : en règle générale, pas compétente pour
adopter des actes juridiques unilatéraux contraignants à l’instar des États. L’Assemblée
générale intervient uniquement par le biais de recommandations, de résolutions ( soft
law)
 Grande faiblesse de l’appareil des NU pas d’équivalent d’un pouvoir législatif

c) Le Secrétaire général

 Figure emblématique de l’ONU (actuellement : Antonio Guterres)

La nomination est fixée par la Charte à l’article 97 : nominé par l’Assemblée générale sur
recommandation du Conseil de sécurité

Il contribue au maintien de la paix en attirant l’attention du CS sur d’éventuels conflits, est


médiateur, intervient dans la presse pour représenter…

d) Cour internationale de justice

La composition est fixé par le Statut de la CIJ art. 2 et s. : 15 juges élus par le Conseil de
sécurité et l’Assemblée générale pour une durée de 9 ans.

Une des missions principales de la CIJ est de régler les différends portés devant elle en
appliquant les règles de droit international (art. 38).

3 chose sur la CIJ sur la compétence contentieuse :


1. Elle n’est que saisie par les États (pas de particulier). Les litiges opposent
uniquement des États (Statut de la CIJ, art. 34 et s.)
2. Juridiction pas obligatoire : pour pouvoir se prononcer dans le cadre d’un différend
qui oppose les États, elle doit avoir reçu leur accord (Statut de la CIJ, art. 36)
 Les États doivent avoir accepté pour être attrait devant la CIJ
3. Une fois la compétence de la CIJ acquise à l’égard des États, les arrêts qu’elle rend
sont obligatoires (Statut de la CIJ, art. 59)
La compétence consultative : la CIJ peut être consultée par des organes ou des institution de
l’ONU qui viennent lui adresser une question sous l’angle du droit international. Lorsqu’elle
est saisie, la Cour rend des avis (= dépourvus de force obligatoire, Statut de la CIJ art. 65)

Section 2 : le Conseil de l’Europe

= grande Europe. Il a été créé par le Statut de Londres du 5 mai 1949 et rassemble 47 États
membres.

Les organes sont basés à Strasbourg et sont : le Comité des ministres et l’Assemblée
consultative. Cette organisation ne produit que des normes du Soft Law.

A. Origine et finalité

Les buts se trouvent à l’article 1 er dans le Statut du Conseil de l’Europe : réaliser une union
plus étroite entre ses membres.

Tout État peut devenir membre du Conseil de l’Europe à condition de reconnaitre le principe
de la « prééminence du droit » et le principe en vertu duquel toute personne placée sous sa
juridiction joui des droits de l'homme et des libertés fondamentales.

B. Les organes du Conseil de l’Europe

a) Le Comité des ministres

Sa composition est réglée par l’article 14 du Statut du Conseil de l’Europe : ministres des
affaires étrangères de chaque État membre du Conseil de l’Europe (Belgique : Sophie
Wilmès)

Son rôle est décrit à l’article 15 du Statut du Conseil de l’Europe fait du soft law
b) L’Assemblée consultative (en pratique : Assemblée parlementaire)
≠ Équivalent du parlement belge car celle-ci ne s’exprime que sur base du soft law.

Sa composition est fixée par l’article 25 du Statut du Conseil de l’Europe : composée de


membres élus ou désignés par les Parlements nationaux.

Son rôle (art. 23 a) du Statut du Conseil de l’Europe) recommandations (= pouvoir


décisionnel très limité car c’est du soft law) = pas de pouvoir normatif

C. Convention européenne des droits de l’homme (et ses protocoles)

 Ne pas confondre le Statut du Conseil de l’Europe et la Convention européenne de


sauvegarde des droits de l’homme et des libertés fondamentales (= traité). Le traité
fondateur du Conseil de l’Europe est le Statut de Londres.
 Pour être membre du Conseil de l’Europe, un État doit obligatoirement ratifier cette
convention.

a) La Convention européenne des droits de l’homme (et ses protocoles)

 Consacre des droits civils et politiques de la première génération (exigeant une abstention
de la part des États.

Cette Convention européenne a été confiée à la garde de la Cour européenne des droits de
l’homme (+ l’instaure).

b) La Cour européenne des droits de l’homme

 Basée à Strasbourg, est l’organe juridictionnel mis en place par la Convention


européenne des droits de l’homme pour assurer la garde des droits fondamentaux
consacrés par la Convention européenne des droits de l’homme.

La CEDH est une juridiction obligatoire : tout acte lié par la Convention européenne des
droits de l’homme est d’office soumis au contrôle de la CEDH.

La CEDH peut être saisie par un État ou un particulier dans les 6 mois à compter de la
décision de l’instance nationale qui a statué en dernier ressort.

Les décisions (= arrêts) rendus par la CEDH sont obligatoires mais la Cour ne peut pas elle-
même annuler les lois, décisions ou pratiques nationales
 Travail de la CC ou de la SCACE.

La Convention a une effectivité sans pareil à laquelle aucun autre instrument de protection
des droits de l’homme ne peut prétendre (surtout comparé aux autres instruments onusiens
qui ne sont pas aussi contraignants ANNEXE 7)
Section 3 : l’Union européenne

= petite Europe, organisation d’intégration (les deux autres = organisations de coopération


internationale), 27 États membres depuis le Brexit.

Sa pénétration dans l’ordre juridique belge est plus forte qu’avec le Conseil de l’Europe. Dû à
un transfert de plusieurs compétences étatiques, elle substitue aux États dans l’exercice de
certaines fonctions.
 A des pouvoirs normatifs, administratifs et juridictionnels propres

A. Origine et finalité

a) Étapes de la construction européenne

Le mouvement européen commence au lendemain de la guerre mondiale. En 1951, 6 États


européens (Belgique, France, Luxembourg, Italie, Allemagne et Pays-Bas) ont commencé le
CECA, instauré par le traité de Paris du 18 avril 1951. Cette organisation avait une durée de
vie de 50 ans n’existe plus aujourd’hui.

Par après, ces États ont mis sur pied la CEEA instaurée par le Traité Euratom du 25 mars
1957 et la CEE instaurée par le Traité de Rome du 25 mars 1957. La CEE met en place le
« marché commun »  avancée économique plus générale que la CEEA.

a. L’Union européenne et le système des piliers

Le traité du Maastricht du 7 février met en place une nouvelle architecture institutionnelle.


Ce traité crée l’Union européenne ayant trois piliers :

- La Communauté européenne (contient la CECA, CEEA et CEE). On confie des


compétences qui vont au-delà du secteur économique à la CE pilier originaire

La CE est la seule à avoir reçue la personnalité juridique avec le traité de Maastricht.


Ce pilier va obéir à une logique supranationale (= au-dessus de l’ordre juridique
nationale)  se caractérise par une perte de souveraineté matérielle dans le chef des
États.

- La PESC (Politique étrangère et de sécurité commune) : protège les valeurs


communes de l’Union, promeut la coopération internationale + développement des
droits de l’homme, de la démocratie et de l’État de droit
- La JAI (Justice affaires intérieures) : coopération judiciaire et policière, politique
d’immigration, coopération douanière

 Les deux autres non pas la personnalité juridique et n’obéissent pas à une logique
supranationale mais une méthode intergouvernementale : les décisions sont prises à
l’unanimité les États ne subissent aucune perte de souveraineté

Le Traité de Maastricht de 1992 modifie le Traité de Rome de 1957 (TCEE) et institue l’Union
européenne par le Traité sur l’Union européenne
 Deux traités qui existent, TCE (Traité sur communauté européenne) originaire de
Rome et modifié par le traité de Maastricht + TUE instauré par le traité de Maastricht
en 1992
Le Traité d’Amsterdam du 2 octobre 1997 vient modifier la JAI et elle va se réduire à la
Coopération Policière et Judiciaire en matière pénale (JAI « CPJP »)
 Le surplus de matière va dans le premier pilier (CE)

Le Traité de Nice du 26 février 2001 adopte le texte qui visibilise les droits fondamentaux
applicables au sein des ordres juridiques européens dans une Charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne
 Cette Charte a été proclamée au sommet de Nice le 7 décembre 2000 mais n’avait
pas de valeur juridiquement contraignante (= soft law)

b. De l’abandon du projet constitutionnel à l’entrée en vigueur du Traité de Lisbonne :


la fin des piliers et la Communauté européenne entièrement absorbée dans l’Union
européenne

Le Traité de Lisbonne du 13 décembre 2007 (en vigueur le 1er décembre 2009) chamboule
l’architecture institutionnel de l’Union européenne.
 Supprime le système des piliers, l’Union européenne est plus que la seule à avoir la
personnalité juridique (TUE, art. 47)

Ce Traité fait que la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne reçoit enfin une
valeur juridiquement contraignante (soft law hard law).

Aujourd’hui, le Traité qui tient lieu du fondement de l’Union européenne est constitué de 3
textes : TFUE (Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne), TUE (Traité sur l’Union
européenne) et la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne.

b.1. Les objectifs de l’Union européenne

À la base, une vocation économique et par après, l’élargissement de ses compétences au


profit d’un projet intégrateur très ambitieux qui touche des secteurs diversifiés.

Les objectifs généraux se trouvent à l’article 3, §3 du TUE

b.2. Les spécificités de l’Union vs aux autres formes d’organisations internationales

D’un point de vue matériel, les spécificités conduisent à distinguer le droit international
classique du droit européen et le qualifier de droit « supranational ».
 Les États ont transféré à l’Union un certain nombre de « droits régaliens », constitutifs de
leur souveraineté matérielle.

Quelques points particuliers :

- La généralité du projet intégrateur de l’Union européenne : l’Union européenne


s’intéresse à beaucoup plus de sujets que juste l’économie (ex : agriculture,
transport, lutte contre les discriminations…)

- Le type de projet intégrateur de l’Union européenne : un corps politique pour rendre


les liens entre les peuples plus étroits

- Le degré d’intégration réalisé par UE : même si les États jouissent encore de la


souveraineté formelle, ils ont perdu (au profit de l’Union) de larges pans de leur
souveraineté matérielle (ex : « battre monnaie »).

L’Union européenne se distingue aussi du point de vue institutionnel :

- Appareil institutionnel de l’UE : deux particularités que les organes des autres
organisations internationales n’ont pas :
o Plusieurs institutions sont composées de personnalités indépendantes des
États et n’agissent pas comme leurs représentants (ex : Commission et CJ). Le
parlement européen est élu au suffrage universel depuis la fin des années 70
et supposé représenter les peuples, pas les États d’Europe
o CJ : est une juridiction obligatoire (≠ CIJ de l’ONU) les États membres de
l’Europe sont passibles de la juridiction de la Cour => tout État peut la saisir
ou être attrait devant elle

- Procédures d’élaboration de la norme européenne : le droit dérivé européen observe


la procédure législative ordinaire (= Conseil des ministres et Parlement européen). À
la différence du droit international classique, l’unanimité se voit remplacée par une
majorité simple ou qualifiée loin du principe de l’égalité souveraine des États

- L’effet du droit européen et l’obligation d’évincer la norme de droit interne qui lui est
contraire : la jurisprudence de la CJ procure à la primauté et à l’effet du droit
européen une effectivité inconnue en droit international classique. La CJ décide aussi
de la place que le droit européen doit avoir au sein des ordres juridiques nationaux

B. Les institutions de l’Union européenne

L’art. 13 TUE identifie les institutions de l’Union européenne

a) Le Conseil (TUE art. 16)

 Art. 16 §2 TUE : est composé d’un représentant de chaque État membre


 Fait de ministres nationaux de chaque pays qui vont être identifié en fonction de
domaines politiques traités pas de membre fixe, change en fonction de la matière

Art. 16 §1 : ses deux compétences sont intervenir dans la fonction législative et au niveau
budgétaire.
 Pas confondre le Conseil (des ministres) avec le Conseil européen !!

b) Le Conseil européen (TUE, art. 15)

 Pas confondre avec le Conseil de l’Europe (organisation internationale qui diffère de


l’Union européenne) ou le Conseil (autre institution de l’UE), parfois appelé Sommet
européen

TUE, art. 15 §2 : composé de chefs d’États ou de gouvernement des États membres (ex :
Macron) sous la présidence de Charles Michel pas des ministres

Les fonctions sont de nature politique pas de fonction législative (TUE, art. 15 §1)

c) La Commission (TUE, art. 17)

 Logique supranationale car la Commission est composée de membres qui sont des
personnalités indépendantes par rapport aux États dont ils émanent (TUE, art. 17 §4)
 Composé d’un ressortissant de chaque État. Ce mandat est de 5 ans et les membres
sont choisis pour leur compétence générale et leur engagement européen.

Sa compétence est le monopole de l’initiative législative, seule elle peut élaborer des
propositions législatives (TUE, art. 17 §2)
 Seule à avoir l’initiative législative

TUE, art. 17 §1 : la Commission intervient dans le cadre de la surveillance de l’application du


droit de l’Union sous le contrôle de la CJ européenne

d) Le Parlement européen (TUE, art. 14)

 Siège à Strasbourg + différentes commissions parlementaires à Bruxelles (faciliter les


interactions)

Sa composition est déterminée par le TUE, art. 14 §2 et §3 : le Parlement européen compte


des membres élus au suffrage universel. Il est représenté par 750 députés + le président (21
pour la Belgique pour un mandat de cinq ans).

Ses compétences sont décrites à l’art. 14 TUE §1 : avec le Conseil, la fonction législative et
budgétaire. Sinon, le Parlement européen a moins d’attributions que les Parlements
nationaux des différents États membres.
 Parlement européen n’a pas un droit à l’initiative (-> Commission européenne)

e) La Cour de justice (TUE, art. 19)


 Au Luxembourg et recouvre : la Cour de justice, le Tribunal et des tribunaux spécialisés.
- La Cour de justice est composée d’un juge par État membre (TUE, art. 19 §2)
- Le Tribunal : juridiction de première instance de droit commun de l’UE
- (Tribunaux spécialisés : art. 257 TFUE)

C. Les sources formelles du droit de l’Union européenne

a) Les sources formelles écrites

a. Le droit primaire

 Est composé de :
- Traités consolidés (traités de base + traités de révision) : TUE & TFUE
- La Charte des droits fondamentaux
- Des traités d’adhésion

Face au droit primaire nous sommes face à des normes conventionnelles du droit
international (= contrats faits avec le consentement des États et qui peuvent être modifiés à
l’unanimité)
 TUE, art. 1
o Confirme que les deux traités ont la même valeur juridique

TUE, art. 6 §1 : la Charte des droits fondamentaux a le même valeur juridique que les traités

(les traités sont des actes juridiques bilatéraux ou multilatéraux)

b. Le droit dérivé

 Droit qui trouve sa base dans le droit primaire (soit les traités, Charte des droits
fondamentaux ou traités d’adhésion)
 Point d’ancrage dans le droit primaire nécessaire

b.1. Actes conventionnels

 Actes qui requièrent le consentement des partis à l’adoption d’un acte juridique
bilatéral/multilatéral

TFUE, art. 216 : les accords conclus lient les institutions de l’Union et les États membres

b.2. Actes unilatéraux

!! TFUE, art. 288 catalogue des sources du droit dérivé de l’Union européenne + énumère
les différentes règles de droit que les institutions de l’UE peuvent adopter dans les
conditions fixées par les traités européens.
 Le règlement (Annexe 12) est l’instrument le plus efficace et le plus complet dans
l’institution de l’Union
 Directives (Annexe 14): cherche un droit commun pour les membres tout en gardant les
spécificités nationales. Les États ont un délai de transposition
 La directive (ANNEXE 16)peut s’adresser à des catégories de destinataires précis

 TFUE, art. 16 n’est pas exclusif, le traité consacre aussi des actes atypiques (livres blancs)

b) Les sources formelles non écrites : les principes généraux de droit

Dans TUE, art. 6 §3 : les PGD pallient certaines lacunes de l’ordre juridique européen

D. La hiérarchie des normes au sein du droit européen

 Seul les règlements, directives et décisions sont repris dans les actes de droit dérivé
unilatéraux
o Ne sont pas ordonnées hiérarchiquement entre elles
 La dénomination d’un acte ne détermine pas sa place dans la
hiérarchie des normes
o D’un point de vue hiérarchique, la distinction entre actes législatifs et non
législatifs sont l’essentiel des cas susceptibles de se présenter
 Le traité de Lisbonne ne consacre pas de hiérarchie entre ces actes
o Hiérarchie matérielle : entre les actes généraux (hiérarchiquement
supérieurs) et actes individuels

a) Les actes législatifs

 Ont une certaine procédure d’élaboration et implique trois acteurs : la Commission qui
initie le processus, le Parlement européen et le Conseil (TFUE, art. 289 §3)
Procédure législative ordinaire = Parlement européen et Conseil sont sur un pied d’égalité
dans le processus d’élaboration d’une directive, règlement ou décision (ANNEXES 12).

Procédure législative spéciale = Parlement européen et Conseil ne sont pas sur un pied
d’égalité

b) Les actes non-législatifs

 adoptés d’une autre manière que la procédure législative

a. Actes non-législatifs mettant directement en œuvre le traité

 Directement pris sur base d’une disposition du traité mais pas au terme d’une procédure
législative (ANNEXE 16)
 ≈ pouvoir réglementaire autonome du roi

b. Actes délégués (TFUE, art. 290)

 acte législatif délégué à un acteur de l’Union (= Commission européenne) la possibilité de


modifier/compléter certains éléments non essentiels d’un acte législatif
 ≈ pouvoir spéciaux C° 105

c. Actes d’exécution (TFUE, art. 291)

 Les États membres/Commission (quand besoin de l’exécution uniforme) peuvent mettre


en œuvre des actes juridiquement contraignants dans le cadre de l’UE

E. Les contrôles juridictionnels et le maintien de la hiérarchie des normes


a) Les recours dirigés contre les actes des institutions européennes

a. Le recours en annulation

TFUE art. 263 & 264 :


- 264 : possibilité de moduler les effets d’un arrêt rendu en recours en annulation
+ 277 : forme d’exception d’illégalité (à la manière de l’art. 159 C°)
o Si le délai pour introduire un recours en annulation est expiré

L’art. 263 permet aux personnes physiques (actuellement, ne peuvent pas introduire un
recours en annulation contre un acte législatif) de se prévaloir sur fondement de l’art. 277
TFUE, dans le cadre d’un litige, de l’illégalité d’un acte s’il contrarie une disposition de droit
primaire
 Le juge peut écarter l’application de l’acte de droit dérivé qui apparait comme
contraire à la norme de droit primaire n’annule pas l’acte en question (≈ C° 159)

b. Le recours en carence

TFUE, art. 265 : met en cause l’abstention/la carence d’une institution européenne (alors
qu’elle aurait dû agir suite à une imposition du droit primaire)

 Recevable si l’institution a été invitée à agir et si dans un délai de deux mois cette
institution reste en défaut d’agir=> alors seulement ce recours peut être introduit

Si la carence est constatée par la Cour de justice de l’UE, elle va rendre un arrêt en carence
et va obliger l’institution défaillante à adopter les mesures qu’elle aurait dû avoir adopté
(mais ne le fait jamais elle-même)

b) Recours dirigés contre les États membres en raison de leur manquement


a. Recours en constatation de manquement

TFUE, art. 258 : pour l’initier, la Commission doit préalablement prendre contact avec l’État
pour lui donner une dernière chance

Art. 260 : si la Cour constate que l’État aurait dû intervenir ou qu’il a adopté une
jurisprudence qui est en contradiction avec le droit européen, la Cour de justice va constater
le manquement
 Sanction
 L’État va devoir prendre les mesures dans l’arrêt de la Cour. Si elles ne sont pas
prises, la Commission peut imposer le montant de la somme forfaitaire ou de
l’astreinte à payer par l’État membre
 La CJ de l’UE ne va pas annuler les actes juridiques contraires au droit européen

c) Les renvois préjudiciels en appréciation de validité ou en interprétation

Le mécanisme de la QP devant la CJ de l’UE a inspiré celui devant la CC

TFUE, art. 267 : une juridiction internationale peut adresser une QP à la CJ de l’UE :
- Elle peut porter sur l’interprétation des traités (= droit primaire)
- Sur la validité et l’interprétation des actes pris par les institutions, organes ou
organismes de l’Union (= droit dérivé)

Le juge national peut (dans certains cas doit) poser une question à la CJ de l’UE d’une
demande préjudicielle en interprétation ou en appréciation de la validité de la règle en
question dans le cadre d’un litige

Ce mécanisme permet d’assurer une certaine unification de l’interprétation du droit


européen car c’est la CJ qui va donner l’interprétation + permet aux particuliers de conteste
la validité d’un acte législatif européen au regard du droit primaire (ne peut pas le faire via
un recours en annulation)

Récapitulatif :
Les rapports entre ordres juridiques

3 façons de concevoir les rapports qui se tissent entre ordres juridiques distincts :

- Monisme juridique

 S’appuie sur l’existence d’un seul ordre juridique unique qui contient un certain nombre
d’espèces à l’intérieur d’un même genre
 Les ordres juridiques internes et l’ordre juridique international ne sont que des sous-
ensembles de l’ordre juridiques global et hiérarchisé

Les normes de droit international et de droit interne s’adressent aux mêmes destinataires

- Dualisme juridique

L’ordre juridique international et l’ordre juridique interne sont séparés par une « cloison »
 sont distincts pas de communication possible entre les deux

Les destinataires sont différents. Les règles de l’ordre juridique interne vont s’adresser aux
particuliers. Les règles de l’ordre juridique international s’adressent aux États.

- Pluralisme juridique

Pluralité d’ordres qui coexistent avec des rapports de dialogues, coordinations et


d’interpénétration
 Le pluralisme juridique se base sur la conception dualiste mais la dépasse car il
décloisonne les ordres juridiques pour entrer en interaction à la manière d’un réseau
o Ordres juridiques à l’écoute des uns et des autres

Pluralité de points de vue différents à prendre en compte


Dans un cerceau, il peut être adopté une conception des rapports entre ordres juridiques
plus moniste ou plus dualiste.

L’immédiateté d’application

Section 1 : position du problème : de quoi s’agit-il ? Que vise-t-on ?

 Règle juridique internationale qui pourrait être appliquée (= produire des effets) au sein
d’un ordre juridique interne déterminé indépendamment de la moindre formalité/réception

Quand une norme est adoptée au sein de l’ordre juridique international, y a-t’il des
conditions pour que cette norme soit appliquée après la ratification de l’ordre interne ? deux
possibilités :
- S’il y a des conditions ne sera pas immédiatement applicable
- Si le traité peut produire des effets sans faire l’objet d’une mesure d’introduction ou
réception est immédiatement applicable

Le point de vue du droit international classique

 Ordre juridique international (pas le droit européen)

Le DIC ne se prononce pas sur les formalités d’introduction qu’un traité adopté dans l’ordre
juridique international doit avoir ou pas pour produire des effets dans l’ordre juridique
interne
 Point de vue DIC = relève de la souveraineté des États partis à un traité

Point de vue du droit européen

- Droit primaire

Le droit européen s’oppose à la conception strictement dualiste des rapports entre ordres
juridiques européens et nationaux ( ne s’exprime pas pour le reste)

- Droit dérivé

L’UE dit que ces actes de droit dérivé sont immédiatement applicables ils font partis des
ordres juridiques nationaux et des droits objectifs de ces OJN

Le point de vue des États

 distinguer les États ayant une conception dualiste stricte et les États ayant une forme de
monisme juridique (= dualisme juridique atténué)

- États pratiquant conception dualiste stricte (ex : Grande-Bretagne)


Le traité doit faire l’objet d’une mesure de réception dans l’ordre juridique interne qui a
pour effet de lui faire perdre sa qualité de traité (= descend au même niveau que toute autre
loi) afin de faire effet dans cet ordre juridique.
 Modalité de réception très forte

- États pratiquant une forme de monisme juridique (ex : Belgique)

Le traité doit faire l’objet d’une loi d’assentiment (C° art. 167) lui donne la possibilité de
produire des effets dans l’ordre juridique belge.
 Quand même une loi d’assentiment obligatoire

Il est question de monisme juridique puisqu’une fois ce traité assenti, il va produire des
effets en tant que traité dans l’ordre juridique interne (≠conception dualiste stricte).

Conclusion de cette 1ère question : à quelles conditions une norme internationale fait partie
du droit objectif national
 Est-ce que cette norme de droit objectif confère ou non un droit subjectif

Effet direct (= applicabilité directe)

Une disposition est directement applicable si elle confère un droit subjectif à ses
destinataires. Le particulier va directement pouvoir invoquer la norme internationale devant
le juge sans attendre l’adoption d’une norme interne pour :
- Obtenir la reconnaissance du droit subjectif qu’elle consacre
- Écarter la norme interne qui apparait contraire à la norme internationale

CEDH, art. 8 §2 prévoit que l’autorité publique ne peut pas porte atteinte à ce droit sauf si
elle respecte un certain nombre de conditions
 L’État doit s’abstenir pas de marge d’appréciation droit subjectif reconnu au
titulaire du droit au respect de la vie privée et familiale effet direct

Charte sociale européenne révisée, art. 11 consacre le droit à la protection et à la santé


 Marge d’appréciation pour chaque État art. 11 CSE ne confère pas un droit
subjectif pas directement applicable

Quand se pose cette question ?


 Face à une norme juridiquement contraignante (droit objectif) qui a été introduite
dans un ordre juridique national fait partie du droit objectif national confère ou
non un droit subjectif à ses destinataires ?

A qui se pose-t-elle ?
 Juge national pose la question de l’effet direct quand un particulier vient le voir

En quels termes et sur quels critères se pose cette question ?


 Le juge va voir si en faisant droit (de la disposition internationale) de la prétention du
particulier, il risque ou non d’empiéter sur le terrain du législateur ou de l’exécutif.
o Séparation des pouvoirs !!
Section 2 : les différents points de vue

Le point de vue du droit international classique

 La question ne se pose en principe pas de l’effet direct des dispositions des traités car
selon le DIC, la seule chose qui compte c’est que l’État satisfasse les engagements qu’il a
souscrit

Le point de vue du droit européen

Via les QP, la CJ de l’UE peut s’exprimer par rapport à une question que l’ordre juridique
interne exprimerait le juge européen dispose d’un levier très fort

- Droit primaire

CJ s’est exprimée sur le caractère de l’effet directe dans l’arrêt Van Gend & Loos, 5 février
1963 (ANNEXE 18)

- Droit dérivé

 Règlements en principe directement applicables. Les directives sont dépourvues


d’applicabilité directe.

 Règlement directement applicable et immédiatement applicable.


 Directive est immédiatement applicable mais pas directement applicable (= ne confie
pas de droit subjectif)

Point de vue des États

Le juge national ne peut pas invoquer des dispositions de son droit interne comme justifiant
la non-exécution d’un traité (Convention de Vienne, art. 27). S’il dit qu’une norme n’est pas
directement applicable, il ne respecte pas son engagement au droit international.

La primauté

Quand une norme de droit international dit blanc et qu’une norme de droit national dit noir,
qui l’emporte ?
Section 2 : les différents points de vue

Point de vue du droit international classique

(1) Termes du conflit

Disposition de droit international et de l’autre côté la disposition de droit interne

(2) Solution apportée

Le DIC prime sur le droit international sur le droit interne

(3) La source/le fondement de la solution

Convention de Vienne, art. 27

(4) Les conséquences qui en découlent

Chaque État décide souverainement comment faire droit à cette primauté de DIC
 Conception du DIC = conception dualiste

Point de vue du droit européen

(1) Termes du conflit

Disposition de droit européen vs disposition nationale

(2) Solution apportée

Primauté du droit européen sur le droit national

(3) Source/fondement de la solution

 Ne se trouve pas dans les traités mais bien dans la jurisprudence

Les arrêts Costa c. Enel, 15 juillet 1964 ; Internationale Handelsgesellschaft, 17 décembre


1970 et Simmenthal, 9 mars 1978

(4) Conséquences qui en découlent

Dans l’arrêt Costa c. Enel (1964). En plus de dire qu’il prime le droit national, il établit les
conséquences de cette primauté :

« … Le droit né d’un traité issu d’une source autonome ne pouvant, en raison de sa nature
spécifique originale se voir judiciairement opposer un texte interne quel qu’il soit sans
perdre son caractère communautaire et sans que soit mise en cause la base juridique de la
Communauté (UE) elle-même … »
 Obligation pour un juge national d’écarter toute règle de droit interne qui serait
contraire au droit européen

En vertu de cette jurisprudence, le juge national a l’obligation d’évincer toute règle de droit
national contraire au droit européen. Contrairement à la primauté internationale classique,
la primauté européenne est fondée sur une vision moniste des rapports entre le droit
européen et les droits nationaux. Ensemble, ils forment un ordre juridique hiérarchisé, au
sommet duquel trône le droit européen.
 Depuis l’arrêt Poplawski, cette jurisprudence constante a été remise en question et
risquera de poser problème

Point de vue des États

Les États ne reconnaissent pas inconditionnellement la primauté du droit international et


européen.

- Les États pratiquant un dualisme strict (ex : Grande-Bretagne)

Un traité ne peut être appliqué qu’après avoir été transformé par une loi en une norme de
droit interne la question de la hiérarchie entre normes internationales et nationales ne se
pose pas : le traité devient lui-même une loi (= même niveau)

Le traité devenant une loi comme les autres, il peut être modifié ou abrogé par toute loi
postérieure : la loi postérieure l’emporte sur la loi antérieure
 Pas besoin de situer le traité dans la pyramide des normes hiérarchiques

- Les États pratiquant une certaine forme de monisme juridique/dualisme atténué (ex :
Belgique)

 Admettent qu’un traité s’applique en droit interne en tant que tel. La loi d’assentiment
conditionne l’applicabilité du traité en droit interne ne lui fait pas perdre sa qualité de norme
internationale.
 La question du rang occupé par ce traité dans la hiérarchie des normes internes

(1) Termes du conflit

Traité vs norme de droit interne

(2) Solution apportée

Variable : peu importe la voie (constitutionnelle ou jurisprudentielle), son contenu varie d’un
État à l’autre. Rares sont les États qui acceptent sans aucune condition la primauté du droit
international sur leur Constitution. Plusieurs pays ont une limite à cette primauté (
réserves de constitutionnalité) ≠ réserves qui peuvent être émises par les États dans le
processus d’élaboration d’un traité
 Réserves de constitutionnalité : élément essentiel du droit constitutionnel qui fait
obstacle au principe de la primauté du traité. Suite à des éléments fondateurs d’un
ordre national, le droit constitutionnel prime.

(3) Source/fondement de la solution

Constitution ou jurisprudence : dépend des États

(4) Conséquences qui en découlent

Éventuel engagement de la responsabilité internationale : si une norme étatique contrarie la


primauté du droit international, elle ne pourra pas être annulée par le juge international. Par
contre, l’État qui en est l’auteur risque d’engager sa responsabilité sur le plan international.

En Belgique

(1) Source/fondement de la solution

La jurisprudence : la Constitution belge ne dit rien sur la question de la primauté. En dépit de


l’absence d’habilitation constitutionnelle, la jurisprudence a tranché.

(2) Tendance générale : tendance à la primauté du droit international

Sous réserve de la CC, la Belgique admet de manière inconditionnelle la primauté du droit


international ( sentiment national belge peu affirmé ?).
 Se démarque des autres États qui émettent certaines réserves pour préserver un
minimum la suprématie de leur Constitution

Première distinction : conflit traité-loi ou conflit traité – Constitution

a. Le conflit traité-loi : l’arrêt Le Ski du 27 mai 1971

La question du conflit entre un traité directement applicable et une loi a été résolue en 1971
à la faveur du premier par l’arrêt.
 Le Ski Cet arrêt apporte la réponse à cette question de primauté.

ANNEXE 22  distinguer les conclusions générales de l’arrêt lui-même

(1) Termes du conflit

traité – loi

(2) Solution apportée

Primauté de la disposition internationale directement applicable : la Cour de cassation a


déclaré dans cet arrêt qu’en cas de conflit entre un traité directement applicable et une loi,
c’est le traité qui prime.
Une disposition internationale directement applicable (aussi celle issues d’actes de droit
dérivé) prime en principe toute norme et acte individuel hiérarchiquement inférieure à la loi

b. Le conflit Traité – Constitution

b.1. La controverse doctrinale

Parmi la doctrine, certains auteurs d’inspiration moniste, plaident en faveur de la primauté


du droit international sur la Constitution.

D’autres, d’inspiration dualiste, se fondent sur C° art. 195 pour défendre la primauté de la
Constitution de celle-ci sur les traités une loi portant assentiment à un traité (incompatible
avec la C°) est adoptée à la majorité simple alors que la Constitution ne peut être modifiée
que conformément à l’article 195 C°, fixant à deux tiers le quorum de présence et de vote
 On ne peut pas admettre qu’un traité puisse modifier la Constitution sous peine de
voir la procédure fixée par l’art. 195 tenue en échec par une simple loi d’assentiment

b.2. divergences jurisprudentielles

- Position de la Cour de cassation

 Moniste, conclut à la primauté du droit international et du droit de l’UE, primaire et


dérivé sur la Constitution

(1) Termes du conflit

Traité ou droit dérivé par rapport à la Constitution

(2) Solution apportée

Primauté des traités et du droit européen dérivé sur la Constitution

(3) Source/fondement de la solution

Jurisprudentiel : se dégage de trois arrêts au moins (ANNEXE 23)


(4) Conséquences qui en découlent

Écartement de la disposition constitutionnelle contraire

- Position du Conseil d’État

 Retient la primauté du droit européen sur la Constitution (C° art. 34)

o Section du contentieux administratif

 Dans l’arrêt Orfinger du 5 novembre 1996 (ANNEXE 24)

(1) Termes du conflit

Disposition du droit européen tel quel interprété par CJUE contre la Constitution

(2) Solution apportée

 Primauté du droit européen dérivé : ( le CE (toutes sections) consacre une solution


proche de la Cour de cassation)

(3) Source/fondement de la solution

Jurisprudence Orfinger et C° art. 34

Contrairement à la Cour de cassation, il fonde cette solution sur C° art. 34 qui déroge à C°
art. 33.
 Elle autorise un traité ou une loi à transférer à une organisation internationale
l’exercice de compétences que la Constitution ou des lois prises en vertu de celle-ci
confient aux organes de l’État, des Communautés ou des Régions.
o Art. 34 valide les transferts de compétences opérés au profit des
Communautés européennes, tout en étant ouvert à d’autres développements
de l’ordre juridique international.

 Discutable car détourné de ce qui motiva le constituant d’adopter cet article.


o Il reste quand même le point d’accroche le plus plausible dans la Constitution
dans le cadre de l’approche dualiste pratiquée par le CE

(4) Les conséquences qui en découlent

La disposition européenne tient lieu de norme de référence pour réaliser le contrôle de


conformité = la disposition européenne prime

o Section de législation du CE

 Position similaire à celle de la SCACE


- Position de la Cour constitutionnelle

 Est la seule parmi les organes de contrôle belges à ne pas traduire servilement la
primauté revendiquée par le droit international.

Dans une perspective dualiste, la CC reconnait (dans les limites de ce que lui permet la loi
spéciale) la primauté de la Constitution sur les traités et une primauté « conditionnelle » du
droit dérivé de l’Union européenne sur la Constitution

(1) Termes du conflit

Traité/Constitution

(2) Solution apportée

Distinction en fonction du type de saisine : sur recours en annulation ou sur question


préjudicielle

Sur recours en annulation : primauté de la Constitution

(3) La source/fondement de la solution

 LSCC, art. 3 §2 : habilite la Cour à contrôler (dans le cadre d’un recours en annulation) la
conformité d’une L-D-O portant assentiment à un traité aux dispositions constitutionnelles
dont elle assure le respect. La Cour va nécessairement contrôler la compatibilité du contenu
du traité lui-même avec la Constitution. En cas de conflit, elle fera prévaloir la seconde sur le
premier.

(4) Conséquences qui en découlent

Délai raccourci pour éviter qu’une loi d’assentiment ne se fasse annuler alors que la Belgique
aurait déjà ratifié le traité sur lequel elle porte.

Sur question préjudicielle : primauté de la Constitution (sauf certains cas)

(1) Source/fondement de la solution

Jurisprudentiel + LSCC art. 26 §1 bis : vu qu’il n’y a pas de délai imposé pour saisir la CC d’une
question préjudicielle, la Cour pourrait se prononcer sur la constitutionnalité d’une L-D-O
portant assentiment à un traité liant déjà l’État
 Inconvénient n’a pas empêché la CC de se déclarer compétente pour examiner sur
QP la constitutionnalité d’une loi portant assentiment à un traité international
En 2003, le législateur spécial est intervenu pour remédier aux plus graves difficultés que
pourrait occasionner la mise en œuvre de cette jurisprudence.
 La loi spéciale du 9 mars 2003 modifiant la loi spéciale du 6 janvier 1989 exclut que la
Cour puisse (par QP) se prononcer sur la constitutionnalité des actes législatifs
portant assentiment à un traité constituant de l’UE, à la Convention européenne des
droits de l’Homme ou à l’un de ses protocoles additionnels (art. 26 §1 bis de cette LS)

(2) Conséquences qui en découlent

De cette modification et de ses travaux préparatoires, le législateur spécial a voulu que la


Constitution prime de par cet article. Il ne sera plus possible à l’avenir que la CC puisse
exprimer le point de vue contraire dans le cadre d’un renvoi préjudiciel

(1) Termes du conflit

Droit européen dérivé (règlement ou directive)/Constitution

(2) Solution apportée

Primauté du droit européen dérivé (sous réserve) : la CC s’est progressivement orientée vers
la reconnaissance de la primauté du droit dérivé de l’UE sur la Constitution

Elle ajoute cependant une réserve mystérieuse, faute d’explication supplémentaire ( ANNEXE
25)

Elle y parle d’ « atteinte discriminatoire à l’identité nationale inhérente aux structures


fondamentales, politiques et constitutionnelles ou aux valeurs fondamentales de la
protection que la Constitution confère aux sujets de droit »
 Qu’est-ce donc ? La CC ne dit rien

INTRODUCTION À LA FONCTION DE JUGER ET AU DROIT JUDICIAIRE

Juger = trancher des litiges/contestations par application de règles de droit, au moyen de


décisions revêtues d’une autorité spécifique et au terme d’une procédure particulière (en
raison des organes devant lesquels elle se déroule).

Belgique : juger n’est pas monolithique (-> pas confié à une seule institution, plusieurs
acteurs juridique interviennent). Par contre, le pouvoir judiciaire est monolithique.
Les trois fonctions de la puissance publique

1. Fonction de réglementer (normative) : établit le droit grâce à des règles générales et


abstraites

2. Fonction d’administrer (ou administrative/gouvernementale) : établit l’ordre (sens


large), au moyen d’actes à portée individuelle

3. Fonction de juger/juridictionnelle : rétablit l’ordre en tranchant des


litiges/contestations par application de règles de droit, au moyen de décisions
revêtues d’une autorité spécifique et au terme d’une procédure particulière.

Les trois pouvoirs

Les trois pouvoirs que la Constitution belge distingue (niveau de l’État fédéral) :

1. Pouvoir législatif (Chambre des Représentants, Sénat + le Roi): C° art. 36


2. Pouvoir exécutif (Roi agissant sous contreseing ministériel) : C° art. 37
3. Pouvoir judiciaire (Cours et tribunaux) : C° art. 40

La fédéralisation de la Belgique a démembré la fonction législative et exécutive (1970, 1980,


1993, 2001 et 2014) -> créé des Communautés et des Régions qui peuvent faire la loi elles-
mêmes (= des normes ayant valeur de loi = niveau 3 de la pyramide législative)
 Décrets et ordonnances

De là est né un pouvoir législatif communautaire et un pouvoir législatif régional, exercé par


l’assemblée élue correspondante (parlement, communauté, région). La fonction exécutive
s’est aussi vue démembrée suite à la fédéralisation de l’État : les gouvernements des
communautés et régions, les collèges de commission communautaire exercent une fonction
exécutive dans les matières communautaires et régionales (≈ Roi et sa fonction exécutive
dans les matières fédérales).

La fonction de juger n’a pas été démembrée (il n’y a pas un corps d’institutions de la fonction
de juger au niveau des communautés et au niveau des régions).

Les Cours et tribunaux sont des organes de l’autorité fédérale qui appliquent les décrets
communautaires et régionaux dans les litiges qu’ils tranchent.

Depuis la sixième réforme de l’État, quelques compétences ont été données aux
communautés et régions (en matière pénale et d’élaboration de directives de politique
criminelle…).

Les institutions judiciaires portent quand même des traces de fédéralisme et de divisions
linguistiques dans leur fonctionnement (bien qu’elles restent pratiquement inchangées
depuis la création de l’État belge), ex : autre langue utilisée à Ostende qu’à Bruxelles. Il y a
aussi des différences au niveau de l’organisation du parquet ou des juridictions à Bruxelles +
composition de la Cour de cassation avec la parité des juges.
L’absence de correspondance parfaite entre « pouvoirs » et « fonctions »

Le système institutionnel belge repose sur le principe de la séparation des pouvoirs (-> PGD à
valeur constitutionnelle). Rien dans la Constitution belge n’affirme directement ce principe
(il se retrouve dans plusieurs textes législatifs constitutionnels qui donnent ce PGD à valeur
constitutionnelle).

Il y a aussi une certaine souplesse dans ce principe (ex : loi de naturalisation, C° art. 9-> le
pouvoir législatif qui normalement est uniquement dédié à la création de norme, va exercer
une fonction administrative). La fonction exécutive prend part à la fonction normative en
adoptant des arrêtés royaux à portée réglementaire (= généraux et abstraits)
 Le Roi est le chef du Pouvoir exécutif (C° art. 37) + troisième branche du Pouvoir
législatif (C° art. 36)

L’exercice de la fonction de juger

Les Cours et tribunaux n’ont pas le pouvoir de fonctionner indépendamment-> ont besoin
d’intervention d’organes extérieurs à eux-mêmes fonctionner de manière générale ou dans
un cas particulier.

Ex : le pouvoir judiciaire ne sélectionne par les juges (ils sont nommés par le Roi sur
présentation du Conseil supérieur de la justice qui ne fait pas partie du pouvoir judiciaire).
 Exécution des arrêts et tribunaux (C° art. 40)

Parfois, une assemblée va devoir intervenir pour poser un acte d’autorisation permettant
que la justice pénale s’exerce à l’encontre de plusieurs personnes.

- Si c’est une juridiction judiciaire-> voir si réglé par un article situé entre 144 et 149 C°
- Dans le cas contraire-> article 160 C°

En Belgique, le Pouvoir judiciaire n’est pas investi de l’ensemble de la fonction de juger. La


Constitution belge autorise que certains organes appartenant au Pouvoir législatif exerce
une fonction de juger. Quels sont les cas ?

1. Contentieux électoral (C° art. 48) : c’est à la Chambre des Représentants de vérifier si
les membres satisfont les conditions d’éligibilités.
 Art. 48 va à l’encontre du principe « on ne peut pas être juge dans sa propre cause » (
impératif car il faut juger de manière impartiale).

2. La Cour des Comptes : fonction d’être un collatéral du parlement dans la vérification


des comptes de l’État (vérifie que les dépenses ne dépassent pas les recettes). Elle a
aussi une fonction de juge disciplinaire des comptables publics.

Il est possible d’exercer un pourvoi en cassation contre l’arrêt d’une décision de la


Cour des Comptes. Si la Cour de cassation casse la décision du juge disciplinaire des
comptables publics, elle renverra l’affaire devant une commission ad hoc, formée au
sein de la Chambre des Représentants (députés désignés qui seront juges), en
jugeant sans recours ultérieurs, selon les formalités établies par la Cour des Comptes
 Loi du 29 octobre 1846 relative à l’organisation de la Cour des Comptes, art. 13bis

3. Autres institutions qui n’appartiennent pas au pouvoir judiciaire, qui ne sont pas des
Cours et tribunaux (sens de art. 40 C°) qui peuvent juger :

a. Juridictions administratives (C° art. 161) : la loi fédérale peut établir une
juridiction administrative qui ne sera pas une juridiction judiciaire
 Conseil du contentieux des étrangers : compétente sur l’accès du
territoire, séjour ou qualité de reconnaissance de réfugié politique

b. Section du contentieux administratif du CE (surface de contentieux beaucoup


plus large qui n’est pas une juridiction judiciaire)
 Contentieux de « l’excès de pouvoir » : se prononce sur les recours en
annulation et les demandes de sursis à exécution des « actes et
règlements » (LCCE, art. 14 et 17)
 Des diverses autorités administratives
 Des assemblées législatives et de leurs organes (LCCE, art. 14
§2)
 Fonction : juge qui tranche (LCCE, art. 14). Il peut aussi être le juge
d’appel et vérifie si la juridiction administrative a bien appliqué le droit
(LCCE, art. 16)
 Joue la fonction de Cour de cassation pour les juridictions
administratives-> contrôle si les juges administratifs qui statuent en
dernier ressort ont bien appliqué la loi (LCCE, art. 14, §2). Recours en
cassation soumis à une procédure d’admission préalable (LCCE, art.
20)
 Compétence de statuer sur la suspension de tout ou en partie de la
dotation publique d’un parti politique qui propage des idées contraires
à la Convention européenne des droits de l’homme (« partis politiques
liberticides »)
-> Loi du 4 juillet 1989 relative à la limitation et au contrôle des
dépenses électorales, art. 15ter

c. Cour constitutionnelle (C°, art. 142) : juridiction qui tranche des litiges par
application de règles de droit en vigueur, est hors pouvoir judiciaire car
rattachée à aucun pouvoir judiciaire. Elle vérifie la compatibilité des lois,
décrets, ordonnances avec les règles (visés à C° art. 134).
d. Arbitrage (C. jud., art. 1676) : la puissance publique repose sur des individus
privés-> privatisation de l’œuvre de jugement. Est utilisé lorsqu’un litige qui
normalement relevait de la compétence des Cours/tribunaux est confié à un
ou plusieurs juges privés (souvent des avocats)désignés par les parties eux-
mêmes. Celui-ci n’a lieu que quand les parties se sont mises d’accord avant.

Il n’intervient que lorsqu’il est permis de transiger (pas dans toutes les
matières comme l’ordre public). L’arbitre statuera en application des règles
de droit, sauf si les parties lui autorisent à appliquer autre chose tel que
l’équité.

e. Les juridictions internationales peuvent aussi être des juges qui ne font pas
partie du Pouvoir judiciaire de l’ordre juridique interne

Les attributions du Pouvoir judiciaire en matière de fonction de juger : lignes de


démarcation constitutionnelles

Les attributions du Pouvoir judiciaire se situent principalement dans le cadre du contentieux


des droits subjectifs (= contentieux subjectif), C° art. 144 et 145

Différence contentieux subjectif et contentieux objectif

- Contentieux subjectif : porte sur la protection à reconnaitre des droits subjectifs.


o Déclaratif : reconnaitre un droit subjectif qui est déjà là, mais était un peu
dans le brouillard-> la décision va déclarer le droit subjectif.
Ex : je me fais renversée par un cycliste alors que j’étais sur le trottoir. Je vais
aller voir le juge pour qu’il me déclare mon droit subjectif (il a été contesté
mais le juge ne me constitue pas un nouveau droit subjectif).

o Constitutif : constitue des situations nouvelles


Ex : jugement qui prononce un divorce (-> constitue une nouvelle situation
avec de nouveaux droits subjectifs)
 Contentieux subjectif est sur la pyramide judiciaire

- Contentieux objectif : procès qui fait acte pour déterminer si un acte accompli est
bien conforme au droit objectif (déterminer cette conformité).
 Contentieux objectif est sur le droit lui-même et se situe dans la CC ou la Cour de
cass.

L’art. 144 C° confère aux Cours/tribunaux de l’ordre judiciaire un quasi-monopole dans le


contentieux des droits subjectifs (civils).

Avant 2014, il n’y avait que le juge du pouvoir judiciaire qui était compétent pour cela

Après 2014, par souci de procédure, l’alinéa 2 a été rajouté. Le justiciable ne doit plus saisir
deux fois (dans le cadre de deux litiges différents), d’abord le juge administratif (contentieux
de la légalité) puis le juge judiciaire (contentieux de l’indemnisation).
 Pour l’instant, la brèche n’a que été utilisée par le législateur pour insérer l’art. 11bis
LCCE.
Jusqu’en 2014, le CE ne pouvait octroyer une somme d’argent en guise de réparation-> le
contentieux de la responsabilité civile portait sur la réparation des droits subjectifs civils et
seul les Cours/tribunaux pouvaient le reconnaitre, pas le CE.

L’art. 145 C° confère aux Cours/tribunaux la compétence de trancher les litiges ayant comme
objet un droit subjectif politique (compétence de principe, il peut y avoir des exceptions)
Ex : contentieux des élections locales échappent au Pouvoir judiciaire (en première instance
du côté flamand, ce n’est pas une juridiction judiciaire et en appel ce sera le CE qui n’est pas
une juridiction judiciaire non plus).

Pour les élections législatives, c’est la Constitution elle-même qui donne le monopole à la
Chambre des Représentants pour le contentieux de la validité des élections à la Chambre des
Représentants (C° art. 48).

Le Pouvoir judiciaire peut se voir confier d’autres contentieux de droits subjectifs (objectifs) :

- Contentieux pénal : conformité d’un acte commis par un délinquant au droit objectif
 Pouvoir judiciaire (C° art. 12-> inexplicite)

- Exception d’illégalité (C° art. 159) : application d’un arrêté ou règlement qui ne serait
pas conforme à une loi dans le cadre d’un litige. S’il n’est pas conforme, il ne faut pas
l’appliquer (les Cours et tribunaux sont compétents pour le faire)

- Dispositions législatives particulières dans le Code judiciaire peuvent confier au


Pouvoir judiciaire la compétence de se prononcer sur la légalité de certains actes
administratifs
 Cette compétence est donc soustraite du CE (C. jud., art. 601ter)

Dans la réalité, il est assez difficile de déterminer si on a affaire à un contentieux objectif ou


un contentieux subjectif (surtout entre un particulier et une autorité administrative ayant
adopté un acte prétendument illégal).

Ex : étranger est autorisé à séjourner sur le territoire belge. Quand il se rend à la commune
de Schaerbeek pour s’inscrire au registre de la population, on le lui refuse
 Il s’agit d’un acte administratif totalement illégal (de la commune de Schaerbeek)
o Qui est compétent dans cette histoire ?

Bien qu’il s’agisse d’un acte administratif, l’enjeu est un droit subjectif
 Le CE n’est pas compétent pour les droits subjectifs

La Cour de cassation et le CE estiment qu’il faut appliquer la théorie de « l’enjeu véritable et


direct du litige »
 Si l’enjeu est la protection d’un droit subjectif = Cours/tribunaux
 Si l’enjeu est autre = CE

Deux critères pour déterminer quand l’enjeu est dû à la protection d’un droit subjectif :

1. Examiner le petitum (ce qui est demandé) : la Cour de cass. Estime qu’un droit
subjectif est en jeu seulement quand une personne (administré) est en droit d’exiger
d’une autre personne (l’administration) un comportement déterminé sans qu’une
personne (l’administration) n’ait de marge d’appréciation (que le droit objectif
détermine).

Si l’administration a un pouvoir discrétionnaire, alors il n’y a pas de droit subjectif.

2. Examiner la causa petendi (le fondement juridique de ce qui est demandé) : le


problème doit résider dans le fait que l’administration n’a pas exécuté son devoir que
lui impose la règle de droit. L’illégalité dont se plaint doit avoir pour fondement la
méconnaissance de ce texte de droit objectif qui disait à l’administration ce qu’elle
devait faire. Le problème doit résider dans la méconnaissance de ce texte de droit
objectif.

 Si ces deux conditions sont réunies, alors l’enjeu véritable est la protection dû à un
droit subjectif-> les Cours/tribunaux sont compétents

Suite de l’exemple : l’étranger va chez le CE mais ce n’est pas la bonne juridiction. La


commune de Schaerbeek veut que le CE se déclare incompétent, ce qu’il ne fait pas (et
statue même sur la matière en disant qu’il doit trancher le litige).
 La commune introduit un pourvoir en cassation contre l’arrêt du CE pour le faire
sanctionner. La Cour de cass. applique la théorie de l’enjeu véritable et direct du
litige.
 Résultat : la méconnaissance du texte du 15 décembre 1980 (et du droit subjectif qui
en découle) disait qu’il fallait être inscrit
o Les Cours/tribunaux étaient compétents en la matière et la Cour de cassation
casse l’arrêt du CE

Distinction entre droit subjectif civil et droit subjectif politique

 S’il est civil-> le quasi-monopole des Cours et tribunaux


 S’il est politique-> législateur a une marge plus large en accordant des exceptions

Comment faire la distinction entre les deux ?

- La doctrine : la C° ne les définit pas, donc c’est au législateur de le faire (il donne du
contenu à ces notions)
o Critère organique : toutes les fois où le législateur avait confié le contentieux
portant sur tel droit subjectif à une juridiction qui n’est pas judiciaire-> il avait
considéré que c’était un contentieux portant sur un droit subjectif politique
o Définition d’un droit subjectif politique : droit subjectif dont le contentieux a
été confié par le législateur à une juridiction qui n’est pas judiciaire
 Théorie pas satisfaisante car aboutit à donner au législateur le soin de déterminer lui-
même quel est le contenu des obligations que lui impose la constitution.

Le critère utilisé aujourd’hui est le critère matériel : législateur doit respecter des
classifications mais le constituant ne donne aucun indice. Parfois la CC a donné quelques
précisions en répondant à des questions préjudicielles ([ANNEXE 77]).
Certains auteurs disent qu’il est possible de définir de manière abstraite la catégorie des
droits politiques. Ex de droits subjectifs politiques : ius sufragii (le droit de vote et
d’éligibilité), ius tributi (droit de payer des impôts), ius honorum et ius militae (droit d’être
nommé aux emplois civils et militaires)
 Ensemble des droits qui permettent de participer à l’exercice de la souveraineté

Les droits de l’état providence sont aussi considérés politiques (lié au partage des recherches
redistribuées. Ex : droit aux allocations de chômage, droit à une pension de vieillesse…

Les droits civils tombent dans le régime de C° art. 144. Ils découlent du Code civil, des
relations familiales, des contrats…

Le constituant (= Cour de cassation) se prononce sur les attributions du Pouvoir judiciaire : C°


art. 158. Présente depuis 1831, elle concernait la situation où le Pouvoir exécutif cherchait à
soustraire un litige au Pouvoir judiciaire où il était partie. Il vise maintenant à régler les
conflits d’attribution entre les juridictions administratives et judiciaires.

Tout ce que le législateur a fait avec cet article c’était de le mettre en œuvre dans l’art. 33 et
34 LCCE
 Lorsque le CE se déclare compétent pour régler un litige et une cour ou un tribunal
aussi, c’est à la Cour de cassation de décider qui est compétent

Le CE est-il compétent pour statuer sur la privation de dotation publique d’un parti
politique ?
 Selon le Vlaams Belang, pour un parti politique, le fait de recevoir des subdivisions de
l’autorité publique est un droit subjectif civil (C° art. 144)
o La CC affirme que ce n’est pas un droit subjectif civil ([ANNEXE 78]).

L’objet du droit judiciaire privé

Objet : comporter l’ensemble des règles qui régissent les règles de la fonction de juger
exercé par les Cours/tribunaux de l’ordre judiciaire statuant en matière civile

1. Qui est le juge ?


- Les règles d’organisation d’institutions judiciaires : elles définissent le statut des
acteurs judiciaires-> l’organisation du Pouvoir judiciaire

2. Quels sont ses pouvoirs ?


- Les règles de compétence au sens large
o Les règles d’attribution : qui juge quoi ? (C° art. 144 = droit subjectif civil/C°
art. 145 = au droit subjectif politique/ C° art. 12)
o Les règles de compétence au sens strict : règles qui déterminent comment la
fonction de juger va se partager entre les différentes juridictions judiciaires

3. Comment est rendue la décision de justice ?


- Les règles de procédure
o Les conditions du droit d’action : droit subjectif de saisir un juge d’une
prétention
- L’instance : l’intervalle de temps entre le moment où on saisit un juge d’une
prétention au moment où le juge va statuer sur la prétention
- Les voies de recours : voie de droit pour permettre quand c’est possible une nouvelle
décision

4. Comment la décision est exécutée ?


- Un ensemble de règles (= les saisies de voies d’exécution) définissent la manière dont
l’exécution forcée d’une décision peut être obtenue

 Il faut encore rajouter celles qui concernent le règlement collectif des dettes, la
médiation et l’arbitrage

Les sources du droit judiciaire (sens formelle)

Les sources nationales

- La Constitution : règles d’organisation de compétences et de procédures (C° art. 12,


13, chapitre 6 du titre III, 144 à 159)
- Code judiciaire : lois, l’exercice de la justice civile par les cours et tribunaux judiciaires

C. jud., art. 2 montre qu’il a pour vocation à s'appliquer aux procédures autres que civiles
menées devant les cours et tribunaux de l'ordre judiciaire (procédures pénales, procédures
disciplinaires), mais aussi aux procédures menées devant des juridictions « non judiciaires »
(juridictions administratives...). Le CE n’est en principe pas applicable à la procédure menée
devant lui (cet article l’envisage).

Vocation contrecarrée car :


1. Le Code judiciaire ne s’applique pas aux procédures réglées par des dispositions
particulières non expressément abrogées (ex : Cour de cassation ou Cour des
comptes)

2. Par des principes généraux applicables même en l’absence de texte et incompatibles


avec lui. Ex : principe relatif à l’autorité de la chose jugée (autorité de chose jugée
erga omnes) et à la charge de la preuve (respect de la présomption d’innocence) ->
obstacle à ce que le Code judiciaire s’applique dans le cadre de la procédure pénale

- Les lois particulières comportent des règles de droit judiciaire (ex : action en
cessation de discrimination-> débouche rapidement sur l’ordre de cessation d’une
telle pratique discriminatoire)

- Les PGD : règles non-écrites qui laissent une trace dans le système juridique (ex :
principe que nul peut être juge et partie dans le même procès, principe de
l’indépendance et de l’impartialité du juge)
- Décrets et ordonnances ?-> à priori, les Communautés et Régions sont
incompétentes pour édicter des règles de droit judiciaire privé

Pourraient-elles adopter des décrets/ordonnances contenant des modifications des


règles communes fédérales sur l’organisation de la juridiction ou sur sa compétence ?
 Non, dans la répartition des compétences, la compétence de l’organisation des cours
et tribunaux est réservée à l’État fédéral et est une compétence résiduelle
o Mais elles peuvent le faire grâce aux « pouvoirs implicites », donné par l’art.
10 de la loi spéciale de réformes institutionnelles du 8 août 1980
 Pouvoir d’un peu déborder dans les compétences fédérales pour bien
exercer les compétences des Communautés et Régions que quand
c’est nécessaire !
 Ex : immeuble inoccupé pour le démolir et construire autre chose = spéculation
immobilière
o Les Régions luttent contre cela en créant une taxe sur les logements
inoccupés pour le propriétaire. Le problème est que le législateur a prévu quel
juge serait compétent en cas de contestation
 Dire que tel juge sera compétent de tel lieu = régler du droit judiciaire
 Le fait que la Région dise que c’est le tribunal de 1 ère instance qui doit
s’occuper de l’affaire ne change rien, car elle ne fait que confirmer la
solution de base
 Par contre, le fait que la Région prévoit tel juge de tel lieu est une
dérogation (normalement, le juge du bureau de perception fiscale est
compétent pour le faire

Les sources « extra » nationales

- Droit de l’Union européenne : conventions pour faciliter la matière judiciaire et


faciliter la coopération des pays

L’art. 6 de la CEDH ne s’applique pas à tous les litiges dans les juridictions belges. Il ne
s’applique qu’à certains procès : contestation sur ses droits et obligations de
caractère civil ou au bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre
elle.
o Le sens national de « civil » et « pénal » n’est pas la même au niveau
européen et national

 Contestation sur ses droits et obligations de caractère civil, sens EU : tout le


contentieux des matières classiques de droit privé : droit des obligations, droit de
l’entreprise, droit familial, droit de la responsabilité civile, droit commercial…
o Exclut son application au contentieux fiscal, contentieux électoral ou
contentieux du séjour et de l’éloignement des étrangers ([ANNEXE 81]).

 Bien-fondé de toute accusation en matière pénale dirigée contre elle, sens EU :


recouvre le droit pénal et les sanctions administratives
Hardcore du droit public : les litiges qui se situent au cœur de l’exercice de la puissance
publique (Quand la Cour a affaire à cela, l’art. 6 ne s’applique pas)
 Ex : droit électoral, droit de voter, droit d’être élu…

- Instruments de protection des droits de l’Homme : traités où les pays ont signé des
règles qu’ils doivent respecter

Il existe deux techniques qui vont permettre à la CC (litiges de droit interne) d’appliquer les
garanties de l’art. 6 alors qu’il ne s’applique pas :

1. Les PGD : l’art. 6 est la copie d’un PGD applicable à toute la fonction de juger. Ils
s’appliquent à tous les juges en Belgique,
 Via les PGD on exporte la garantie de l’art. 6
o Changement de sources formelles

2. Théorie de l’ensemble de la vie sociale : quand la CC interprète des dispositions du


titre II C°, elle s’inspire des garanties énoncées par le droit international des droits de
l’Homme correspondante dans la CEDH.

C° art. 13 : principe du juge naturel : quand le système judiciaire a décrété que tel
litige devait être tranché par un type de juge, rien n’y fera obstacle.
o Pour que cette loi soit effective, le juge naturel doit statuer selon les règles du
procès équitable (-> art. 6 CEDH)

Le juge

L’indépendance et l’impartialité du juge est très important (voir l’arrêt spaghetti [ANNEXE
82]).

La garantie institutionnelle vise à protéger l’indépendance des juridictions qui composent le


Pouvoir judiciaire (C° art. 146) :
1. Les juridictions ne peuvent être créé qu’en vertu d’une loi
2. Il ne peut jamais être créé de commissions ni de tribunaux extraordinaires
3. La Constitution créé déjà elle-même les juridictions

1. Le Pouvoir exécutif (Roi) ne pourra jamais créer une juridiction lui-même et exercer
les pouvoirs confiés à ces mêmes juridictions par la Constitution.
 C° art. 105 prévoit que la loi peut déléguer au Pouvoir exécutif le non-essentiel

Le législateur ne pourrait pas confier des choses essentielles à la juridiction elle-même


 La juridiction ne peut pas régler elle-même ce que le législateur ne règle pas
o Elle peut régler des choses non-essentielles

La garantie de la légalité réside aussi dans la CEDH art. 6 (« chacun a le droit que sa cause
soit portée devant un tribunal indépendant établi par la loi ») (voir [ANNEXE 83])
2. Le deuxième alinéa vise les pratiques de l’ancien régime (l’idée de pouvoir créer une
juridiction juste pour un litige pour après la faire disparaitre) -> la Constitution
l’interdit.
 Les juridictions sont créer de manière indéterminée et ayant une compétence large
o Ce serait contraire au principe de légalité
o Cette garantie doit être lue avec C° art. 13 (+ C° art. 10 et 11)

Question au CE : une juridiction micro-spécialisée peut être crée ?


 Oui, ce n’est pas contraire à C° art. 146 car la somme des litiges est générale et
abstraite

3. Théorie « numerus clausus »


 La Constitution elle-même crée les juridictions judiciaires
 Cette garantie limite le pouvoir de création que le législateur tient de C° art. 146
o = Si la constitution a créé une juridiction, il est interdit à la loi de la supprimer.
Pour la supprimer, il faut réviser la Constitution

La Constitution a créé : toutes les juridictions (Cour de cassation C° art. 147 et ainsi de suite)
Certains disent que seules les juridictions créées par la Constitution peuvent exister
 Une qui ne serait pas créé par la Constitution ne peut pas être dénommée juridiction
du pouvoir judiciaire et ne pourrait pas statuer dans les contestations portant sur les
droits et obligations portant sur la matière civile
o Il ne pourront pas confier à cette juridiction pas crée par la Constitution les
pouvoirs judiciaires en application de la C°

La Constitution établit une « numerus clausus », elle crée tous les types de juridictions qui
pourraient exister et un type supplémentaire ne pourrait pas exister par une simple loi (il
faudrait une révision consitutionnelle)
 Point de vue que le CE a adopté

Le Brussels international business court n’est pas affirmée par la Constitution. Peut-elle être
crée. Par une simple loi ?
 Le CE constate que ce n’est qu’une variété de tribunaux de commerce (déjà créés par
la C°) mais la BIBC n’a jamais vu le jour
o CE précise qu’on ne pourra pas créer de nouvelle juridiction

Avec cette loi, on peut faire varier le nombre de juridictions qui ont été créés par la C°. Pour
certaines juridictions, la C° ne fixe pas un certain nombre (ex : tribunaux de police…).

Le point de vue du législateur : on peut aussi créer de nouveaux tribunaux à condition qu’ils
respectent le « cadre » des juridictions judiciaires créés par la C° (la C° ne fait à aucun
moment référence au tribunal de la famille mais comme il est une section du tribunal de
première instance, le numerus clausus est respecté.

Principes gouvernant la répartition des compétences entre les différentes juridictions


- La multiplicité des juridictions judiciaires (différents types, différents lieux)

 Ils ont calqué ça sur les provinces


o Permet une meilleure mobilité des magistrats qui sont nommés dans un
arrondissement judiciaire bien déterminé (interdit de déplacer un juge)

- Répartition des compétences « matérielles » et « territoriales » entre juridictions


judiciaires principales
o Ces 2 règles de compétences déterminent qui fait quoi

Matérielles : désigne les types de litiges pouvant être soumis aux diverses catégories de
juridictions judiciaires
 Les règles de compétence d’attribution sont définies par le Code judiciaire art. 9

Il existe 4 critères :
1. D’objet : beaucoup de dispositions dans le Code judiciaire va déterminer la
compétence des juges/types de juridictions (ex : C. jud., art. 569 décrit les
compétences du tribunal de première instance)

2. Valeur : l’enjeu du litige peut déterminer la compétence (ex : C. jud., art. 590)

3. Qualité des parties : C. jud., art. 573

4. Critère de l’urgence : C. jud., art. 584

Statuer en référer : procédure rapide portée devant le tribunal de 1 ère instance pour
obtenir au provisoire, en cas d’urgence, le prononcé de mesures nécessaire à la
préservation de droit. Elle pourra être contredite-> cette décision n’a pas l’autorité
pleine et entière

Territoriales : définie par C. jud., art. 10


S’il y a un litige concernant la question des compétences, le tribunal d’arrondissement s’en
occupe (C. jud., art. 74).
Les magistrats

Différents types de magistrats

Magistrats assis : tranchent les litiges par application de règles de droit au moyen de
décision
o Magistrats non professionnels : associés occasionnellement à l’exercice de la
justice
o Jury d’assise (matière pénale) : citoyens tirés au sort pour exercer l’activité de
juger au sein des cours d’assises
 Les juges sociaux sont nommés par le Roi (C. jud., art. 198)
 Les candidats à la nomination pour les postes de juges sociaux
et conseillers sociaux sont présentés par les organisations
représentatives des travailleurs et des employeurs (C. jud., art.
203).
 Ils sont nommés pour un terme de trois ans

Magistrats debout : du Ministère public (en matière pénale, c’est la partie poursuivante)

Pour accéder à la magistrature professionnelle, 4 conditions :


- Condition de nationalité
- Condition d’âge
- Condition de formation (master en droit)
- Certification de l’aptitude (au choix)
o Stage judiciaire (via un concours), pour ceux ayant au moins deux années
d’expérience
o Examen d’aptitude professionnel (accès direct, pour les personnes plus
expérimentées)
o Oral d’évaluation (pour des avocats, expérience de 15 ans quota maximum de
12%)
Rôle du Conseil supérieur de la Justice

 Est un organe constitutionnel hors du Pouvoir judiciaire. C’est un organe de liaison


entre les différents pouvoirs dans la Constitution

Le Roi nomme les magistrats (C° art. 151, §4) -> « politisation » des nominations.

Il est composé de 44 membres :

- 22 membres FR/22 membres NL


- Chacun des deux collèges se composent de magistrats et de non-magistrats
- Catégorie des 11 non-magistrats : 4 hommes/7 femmes
- Le Sénat les nomme à la majorité des 2/3

Le Conseil supérieur de la Justice se divise en différentes commissions :

2 types :
- Commission de nominations : 4 magistrats/4 non magistrats de chaque groupe
linguistique
- Commission de désignation : idem
Son rôle est expliqué dans C° art. 151, § 3

Exemple :
Une place est vacante dans la magistrature :
- Toute une série de personnes qui répondent aux conditions se présentent pour le
poste
- Les candidatures sont scrutés par les commissions de nomination/désignation
- Les commissions vont faire une liste d’un candidat pour le Roi en indiquant le plus
apte pour le poste
- Les Roi peut dire oui ou non, mais il doit motiver sa décision
S’il refuse :
- Dossier revient au Conseil supérieur de Justice
- Elle refait sa liste et propose quelqu’un d’autre (ou RE propose la même personne)

Statut de la magistrature assise

Définition de l’indépendance : suppose que l’instance concernée exerce ses fonctions


juridictionnelles en toute autonomie, sans être soumise à aucun lien hiérarchique ou de
subordination (aussi protégée d’interventions ou de pressions extérieures susceptibles de
porter atteinte à l’indépendance de jugement).

L’indépendance est aussi un état d’esprit qui dénote l’imperméabilité du juge envers toute
pression extérieure en tant qu’attribut de son intégrité morale qu’un ensemble de
dispositions institutionnelles et fonctionnelles.

La Belgique consacre l’indépendance des juges assis dans C° art. 151 § 1.


Elle le garantit via 4 règles écrites :

1. Irrévocabilité (juges professionnels) C° art. 152, al. 1 et 2

 Il ne peut pas se voir retirer sa place par celui qui la lui a donné

Pour mettre un terme à sa carrière de juge, il faut un jugement issu d’une juridiction
judiciaire.

2. Inamovibilité C° art. 152, al. 3

 Pour éviter que la menace de le déplacer exerce une pression sur lui

3. Fixation des traitements (juge assis/debout) C° art. 154

4. Incompatibilité C° art. 155

 Complément logique portée par C° art. 154


o C. jud., art. 293 : fonctions que le juge ne pourra endosser même
gratuitement
 Cependant ils peuvent donner cours

L’impartialité est garantie par la CEDH. C’est l’absence de parti pris, la juste distance entre ce
qu’il y a d’un côté et ce qu’il doit juger de l’autre.

Il existe deux démarches :

- La démarche objective : déterminer si la juridiction présente suffisamment de


garanties pour exclure tout doute légitime à l'égard de sa partialité supposée

Illustration de la démarche objective :


o Cas des cumuls de fonction : dans une même procédure on retrouve un juge à
deux fonctions différentes
 Si un juge a déjà statué dans un procès, a-t’il révélé son idée de manière à ce qu’il
soit plus impartiale pour statuer dans la suite d’un procès
o L’impartialité voudrait qu’il donne son opinion qu’au terme de l’échange
argumenté entre parties
o Juge commissaire qui doit juger le business plan : [ANNEXE 86]
o Le juge n’est plus impartial quand il s’autorise des déclarations dénigrantes
[ANNEXE 85]

- La démarche subjective : rechercher les convictions personnelles d’un juge dans une
affaire déterminée

En Belgique, il n’y a pas de disposition qui assure l’impartialité des juges : c’est un PGD qui se
déduit de trois articles
- C. jud., art. 292
- C. jud., art. 648
- C. jud., art. 828

Contrairement en France (arrêt Morel), la Belgique refuse qu’un juge soit acteur deux fois
dans un procès : C. jud., art. 292.

Récusation : hypothèse où le juge, en raison d’une situation bien particulière qui


compromettra son impartialité sera considérée par le C. jud., ne devant pas statuer dans une
affaire déterminée (C. jud., art. 828).
 Si le juge le constate lui-même, il peut se déporter lui-même

Disposition qui concerne le dessaisissement : C. jud., art. 648


 Le dessaisissement est mené devant la Cour de cassation

Exemples de mise en œuvre d’impartialité par les juridictions belges :

1. Tribunal de police (juge généraliste de tous les accidents de la circulation)

Le juge du tribunal de police peut statuer sur l’action publique dirigée contre le
contrevenant et sur l’action récursoire de l’assureur contre ce dernier ( [ANNEXE 87])
2. Le juge qui statue avant que les parties ont pu débattre ([ANNEXE 88])

Juge qui s’était prononcé sur le fait que toutes personnes ayant demandé des d’aide sociale
de la part du CPAS n’y avaient pas droit-> s’est prononcé sans entendre d’argumentation
3. Demande de récusation formée contre la totalité des conseillers à la Cour de
cassation dans une affaire ([Annexe 88ter])

Concerne un litige contre un litige où l’archevêque de Malines-Bruxelles était partie. L’autre


partie trouvait que la Cour n’était plus impartial pour juger cet archevêque.

Statut particulier de la magistrature debout

- N’ont pas le même statut d’indépendance que les magistrats assis (indépendance
relative) : C° art. 151, §1.
- Ministère public est associé à l’œuvre de juger mais aussi à l’activité
gouvernementale devant les juridictions

C° art. 151, §1 :
- Ministre peut ordonner une poursuite (que des injonctions positives, pas négatives)
- Directives contraignantes de politique criminelle (injonctions collectives sur avis du
collège des procureurs généraux et elles sont contraignantes pour tous les membres
du ministère public (à nouveau, que positif).

Les magistrats debout sont révocables (C. jud., art. 143), nommés par le Roi (C° art. 153)

Principe de l’unité du ministère public (organisation hiérarchique du ministère public) : C.


jud., art. 143, §2-> pyramide hiérarchique de pouvoirs (celui tout en haut peut demander
des injonctions à ceux plus bas)

Le ministère public est surtout connu en matière pénale : il exerce l’action publique au nom
de la société (C. jud., art. 138) + rôle en matière civile dans l’exercice de justice civile (C. jud.,
art. 138bis). Le ministère public a trois compétences :

1. Action

Possibilité de saisir lui-même la juridiction civile d’une demande d’introduire lui-même une
action devant la juridiction ou d’introduire un recours contre une décision rendue par une
juridiction. Il fonctionne dans deux cas :

- Loi qui a prévu que le ministère public avait un droit d’action (C. jud., art. 138bis, §2)
- L’ordre public requière l’intervention du ministère public (C. jud., art. 138bis)

2. Avis

Le ministère public va émettre son opinion en fait et en droit sur une cause à telle juridiction
civile (que dans les matières prévues par C. jud., art. 764 et 765)
3. Réquisition

Procéder à des mesures d’instructions d’un dossier (ex : demander à un organisme de


sécurité sociale de produire un document dans un litige de sécurité sociale : C. jud., art.
138ter
Les contrôles exercés sur l’exercice de la justice

Bien que les juridictions doivent être indépendantes et impartiales, il n’y a pas d’absence
totale de responsabilités. Il y a deux types de contrôles :

- Contrôles internes : exercés à l’intérieur du pouvoir judiciaire (PDV de


l’indépendance, ce sont ceux qui sont les moins problématiques)
o Contrôle des exercices de voies de recours : contre une décision qui est
rendue en 1ère instance il peut être introduit un appel devant une autre
juridiction qui rejugera (voir si le 1er juge a bien appliqué la loi)
o Contrôle du droit de la responsabilité civile : l’État est astreint aux règles de la
responsabilité civile : quand il commet une faute au sens de C. civ., art. 1382,
il doit le réparer ([ANNEXE 89]) = fonction de juger : quand une faute a été
commise par un juge lors d’un jugement illégal, alors l’État peut être
condamné à indemniser, par un autre juge judiciaire sur base de C. civ., art.
1382.

- Contrôles externes :
o Contrôle des juridictions internationales : compatibilité avec le droit
international (droit international des droits de l'Homme consacrant le droit au
procès équitable) des décisions de justice rendues en Belgique.
o Contrôle exercé par le Conseil supérieur de la Justice (C° art. 151, §3)

Procès

L’action et la demande

- L’action : droit processuel d’obtenir du juge une décision sur le fondement d’une
prétention
- Demande : acte par lequel le demandeur saisit un juge pour qu’il se prononce sur le
bien-fondé de la demande

Conditions de l’action (C. jud., art. 17-18)

- L’intérêt : il faut qu’on en tire un avantage matériel ou moral, effectif et non


théorique (en matière de droit judiciaire, il résidera dans le droit subjectif) : C. jud.,
art. 17
o Doit être né et actuel (C. jud., art. 18) : au moment où le droit est exercé,
l’intérêt doit exister.
o Al 2 : quand un droit est gravement menacé, on peut saisir un juge avant
2 voies pour diminuer la lenteur de la justice :
1. Obtenir un jugement avant dire-droit (C. jud., art. 19, al. 3)
 Va mettre le litige en attente (ne va pas le résoudre)

2. Référer : possibilité d’aller devant le président du tribunal de 1 ère instance qui va


statuer en urgence avant de saisir un juge de fond

L’intérêt doit être direct et personnel propre au demandeur. Ceci exclut :


- Action populaire : faire respecter la légalité sans intérêt personnel (seul objet est la
défense de l’intérêt général). Très peu de dérogations d’amplitude très réduite, ex :
loi du 2 août 1911 sur la conservation de la beauté des paysages
- Action d’intérêt collectif : personne morale tente à défendre un intérêt collectif
autour duquel elle s’est formée (= son objet social).
o Exclu par le C. jud., car une personne morale ne peut que défendre ses
propres droits ([ANNEXE 90])

Il n’en reste que ce principe du droit d’action vient du Code judiciaire-> est une loi donc le
législateur peut y déroger avec une autre loi. Le législateur a introduit plusieurs exceptions :

Un litige : l’ASBL défense des enfants international Belgique dénonce le traitement inhumain
des enfants en séjour irrégulier/non-accompagnés (-> contraire à la CEDH)
 Le juge judiciaire déclare que c’est une action d’intérêt collectif, ça ne défend pas les
droits propres patrimoniaux et il n’y a pas d’exception sur ce cas
o C. jud., art. 17/18 qui interdisent une action collective créent une
discrimination entre les associations qui n’ont pas ce droit d’action collectif et
celles qui par exception du législateur ont obtenu un droit d’action d’intérêt
collectif ?
 En effet, le législateur doit revoir ça (l’a fait en 2018)

La ligue des droits de l’homme en avait marre d’attendre et a introduit un procès contre
l’État. Ce procès n’a jamais abouti car c’était juste un moyen de pression
 A marché, le législateur a vite modifié l’art. 17 en 2018
o A permis l’action devant le président du tribunal de 1 ère instance FR de
Bruxelles statuant en référé à propos des mesures covid

- Capacité (= de jouissance et d’exercice). Dans certains cas, des groupements de fait


peuvent aussi en bénéficier dans des domaines particuliers (ex : syndicats)
o Un mineur ou une personne sous régime de protection doit se faire
représenter pour mener un droit d’action

- Qualité : titre juridique en vertu duquel une personne est investie du pouvoir de
soumettre un litige à une juridiction. Est parfois :
o Condition d’existence du droit d’action (actions réservées à certaines
personnes auxquelles la loi a attribué le pouvoir d’agir, ex : C. civ., art. 318,
§1)
o Condition d’exercice du droit d’action : quand le plaideur met en œuvre les
droits d’autrui, il doit prouver qu’il est juridiquement qualifié pour le faire
(ex : le curateur d’une faillite va exercer les actions de l’entreprise en faillite)

Différents types de demandes

2 grands types :
- Demande d’introduction d’instance : ouvre le procès (C. jud., art. 12)
- Demande d’incidente : « greffent » sur un procès en cours (C. jud., art. 13)

Rôle du juge dans l’instance civile

Juge n’intervient que sur demande

 Absence de pouvoir d’initiative (sauf le juge du tribunal de l’entreprise lors d’une


faillite : C. dr. Écon., art. XX.32)
o Si une entreprise en faillite n’agit pas et ni son créancier, c’est problématique

Une fois saisi, le juge est obligé de statuer (déni de justice est interdit par C. jud., art. 5)
- S’il y a une insuffisance de la loi, elle peut être comblée par des PGD
o Cet article en reconnait l’existence

Si le juge ne veut pas statuer, il y a la procédure de dessaisissement.

Il doit statuer dans un délai raisonnable (CEDH art. 6)


- Dépend de la complexité de la procédure

Il doit respecter le principe dispositif (« procès est la chose des parties »)


 Le juge ne peut pas modifier l’objet ou la cause de la demande (que si on le lui a
demandé). Il peut le faire dans :
o Astreintes : condamnation au paiement d’une somme d’argent pour
l’hypothèse où la décision qui est rendue ne serait pas exécutée (ex : État
belge condamné pour les mesures anti-covid)
 L’astreinte est toujours demandée par une partie, ce n’est jamais
l’initiative du juge. Si on lui demande, le juge peut proposer une
astreinte supérieure à celle demandée
 Le juge ne peut sortir du complexe factuel qui forme le soutien de la demande
(cause) et a l’interdiction de statuer sur base de « faits acquis en science
personnelle »
o Faits doivent être régulièrement soumis par les parties
o Statuer sur base de « faits acquis en science personnelle » doit être usé de
manière raisonnable ([ANNEXE 94], [ANNEXE 95])

Son attitude dépend du caractère accusatoire ou inquisitoire de la procédure :


- Inquisitoire : rôle actif du juge, il a des possibilités d’initiatives pour instruire le
dossier et administrer la preuve
- Accusatoire : rôle passif du juge, ne prend pas les initiatives (-> relève des parties)
Procédure civile belge est accusatoire, la procédure pénale est inquisitoire
 Quelques procédures inquisitoires dans des matières civiles
o Pour accélérer le cours du procès civil

Interdiction de prononcer des arrêts de règlements C. jud., art. 6


 « arrêts de règlements » renvoie aux figures de l’ancien régime des parlements qui
faisaient la loi à la place du législateur.
o Ex : Cour d’appel qui devait statuer sur une demande d’interdire le roi
d’adopter un arrêté royal (cela dépassait ses compétences)
 Cet article n’empêche pas au juge d’interpréter pour rendre la loi
 Cherche à empêcher que la jurisprudence acquière une véritable autorité de droit
o Ex : Cour de cass., a eu une décision rendue par un juge d’appel qui avait
motivé sa décision en interprétant la loi du 29 mars 1962 avec un arrêt de la
Cour de cass.
 Ses arrêts n’ont pas de portée normative (contraire à C. jud., art. 6)
o Ex : un juge décide d’une certaine manière car il se base sur ce qu’un autre
juge a décidé

Garanties de la procédure équitable

Principe du contradictoire

 Dans l’arrêt Morel c France ([Annexe 98]) consacré par CEDH art. 6

Principe de l’égalité des armes : conditions qui ne la placent pas dans une situation de net
désavantage par rapport à son adversaire (aussi consacré par CEDH art. 6)
 Proche du principe du contradictoire
o Pas facile à différencier

2 critiques envers le principe du contradictoire :


- Interdiction de statuer sur base de faits acquis en science personnelle
- Institution d’une voie de recours spécifique au profit de la partie qui a été jugée par
défaut (= sans avoir comparu ni conclu/pas s’expliquer) : l’opposition

Publicité des audiences

Le fait de pouvoir être vu et entendu par tout le monde fait que le juge sera encore plus
impartial (la presse peut relayer s’il commet une erreur)
 La publicité est consacrée par CEDH art. 6 + C° art. 148
o Art. 148 consacre la publicité que pour les litiges portés devant les cours et
tribunaux (-> ne s’applique pas au CE sauf si la loi les concernant l’a prévu)
 Art. 6 CEDH peut être usé pour d’autres juridictions (ex : matière d’urbanisme ou
d’autorisation d’excéder une activité économique peut échapper aux cours/tribunaux
de l’ordre judiciaires) -> contradiction, que faire ?
o Arrêt Leski : quand une norme interne est contraire à une norme externe, on
utilise la norme externe (ici, CEDH art. 6)
 Art. 6 prévoit la publicité avec 6 exceptions
 art. 148 prévoit la publicité avec 2 exceptions

La difficulté de la portée distincte devrait se trancher à l’aide de l’art. 53 de la CEDH : le


principe de subsidiarité (ou le principe de la clause de faveur)
 Aucune dispositions de la CEDH ne peut être interprétée de manière à mettre en
cause une protection nationale plus forte
o Si la C° nationale protège mieux, il faut appliquer cette dernière
 Entre art. 6 et art. 148, qui est la plus favorable ?
 Art. 148-> consacre un droit à la publicité avec moins
d’exceptions (= au plus le droit est protégé)
Jugement

L’œuvre de juger est entourée de garanties qui se rattachent aux procès équitables. 2 :

1. Motivation (C° art. 149)

 Selon la Cour de cass., c’est un PGD (= s’applique à la décision de justice au sens


large)
 Si la décision est incohérente ou absente-> Cour de cass.

Le juge doit énoncer les réponses et les exposer = motivation formelle


Le raisonnement doit être complet et non contradictoire pour répondre à cette exigence
- CEDH art. 6 ne l’explicite pas mais dit que inhérent à la notion de « procès équitable »

Motiver est important car :


- Force le juge à bien réfléchir sa réflexion
- L’énoncé des motifs de la décision est utile pour apprécier l’utilité ou pas de faire un
recours contre celle-ci

2. Prononcé en audience publique (C° art. 149)

La décision de justice ne doit pas être secrète. Jusqu’en 2019, le jugement devait être lu
intégralement en public-> inconvénient
- Une lecture partielle suffit qui comprend le dispositif (car lire 2100 pages en public,
c’est sa mère de long)

Cet article s’applique aux litiges portés devant les cours/tribunaux (pour les autres,
seulement si la loi l’a prévu).

Le prononcé en audience publique est aussi prescrit par CEDH art. 6 (la décision doit être
publique) mais il y a certaines exceptions :
- Le cas où la publicité de la décision aurait des conséquences néfastes (enfant battu…)

3. Jugement

 Décisions qui adviennent à la fin d’une procédure


 Décisions de justice en général

Plusieurs manières de classer un jugement :

- Selon l’auteur :

- Dans les tribunaux : jugements


- Dans les cours : arrêts
- Les décisions des juges uniques qui ne sont pas des juridictions à eux seuls (ex :
président du tribunal de 1ère instance statuant en référé) : ordonnances
- Produit de l’arbitrage : sentences

- Selon le contenu :

Les jugements définitifs (C. jud., art. 19) : jugement par lequel le juge dit tout le droit qu’il a à
dire (il y a quand même des voies de recours possibles par après)

Jugements avant dire droit (C. jud., art. 19, al. 3) : ordonne une mesure préalable pour
instruire la cause ou aménager provisoirement (portant sur une urgence)

- Selon la procédure :
Procédure contradictoire : chacun des parties expose son point de vue

Procédure par défaut : une partie n’a pas comparu ni n’a pu s’expliquer (elle est donc jugée
par défaut) mais elle peut utiliser une voie de recours qui se nomme « l’opposition ».

Procédure sur requête unilatérale : qu’une seule partie (= demandeur en justice), le Code
judiciaire les édicte. Ex : quand c’est urgent (ex : magazine a des photos nues d’une star qui
vont être publiées) -> la partie adverse pourra se greffer au procès par une demande
d’incidence en intervention OU user un recours « la tierce opposition ».

- Selon l’autorité de chose jugée :

Les décisions de justice ont une autorité particulière pour que ce sur quoi le juge s’est
prononcé ne soit pas remis en cause
 Le juge est là pour le retour de la paix sociale

L’autorité de chose jugée ne s’attache qu’aux jugements définitifs (jugements par lesquels le
juge épuise sa juridiction : C. jud., art. 24). Elle s’oppose aux :
- Jugements avant dire droit : pas d’autorité de choses jugées pleines et entières
(possèdent quand même une valeur contraignante)
- Ordonnances en référé : pas d’autorité de choses jugées pleines et entières (possède
valeur contraignante)

Conditions de l’autorité de chose jugée :

L’autorité des choses jugées : impossibilité de remettre en cause quelque chose. Quoi donc ?

C. jud., art. 23 : triple identité qui confirme le périmètre de chose jugée


- Chose demandée doit être la même
Ex : un créancier après avoir obtenu un jugement de condamnation portant sur un
capital, peut introduire une nouvelle demande pour obtenir la condamnation du
paiement des intérêts-> la chose demandée n’est pas la même

- Identité de cause (= complexe factuel qui se trouve à la base de la demande)


Ex : un créancier ne peut pas refaire un procès avec la même cause contre le même
parti alors qu’il y a déjà eu un procès
- Identité des parties : la décision ne lie que les parties présentes au procès (la décision
ne peut pas être utilisée contre une partie qui n’y était pas présente)
o Il est possible de refaire un procès avec la même cause et chose demandée
contre une autre partie

Effets attachés à l’autorité de la chose jugée :

- Effet négatif : une fois que le juge a statué de manière définitive sur une demande, il
ne peut plus connaitre à nouveau de ce qu’il a tranché (= la même demande ne peut
plus être réitérée devant le même juge (C. jud., art. 25)). 4 voies de recours pour
ressaisir le même juge que ce sur quoi il a déjà statué :
o L’opposition : ouverte à la partie jugée en dernier ressort par défaut (C. jud.,
art. 1047 et 1067)
o Tierce opposition : quand le juge cause un dommage à un tiers comme les
décisions rendues sur requête unilatérale (C. jud., art. 1122)
o Requête civile (C. jud., art. 1132)

- Effet positif : ce qu’un juge exprime est censé dire la vérité et ne pourra pas être
remis en cause devant le même ou un autre juge (-> ne doit pas être remise en
cause)

Si le juge se rend compte que la demande formulée devant lui a déjà été devant un
autre juge et que la partie ne dit rien, il ne pourra pas utiliser l’exception de chose
jugée :
o Si c’est le même juge, il doit d’office utiliser l’exception de chose jugée
o Si c’est un autre juge, il ne la soulève pas d’office

- La valeur contraignante (= aptitude à l’exécution forcée) : pour assurer que la


décision sera exécutée. Ils usent de la contrainte sur les biens.

La décision rendue par le juge n’a pas elle-même la valeur contraignante-> il faut
donc l’intervention du Pouvoir exécutif (C° art. 40), faite par l’apposition sur la
décision de la formule exécutoire par le greffier de la juridiction (change à chaque
Roi)

Toutes les décisions sont revêtues de cette valeur contraignante (C. jud., art. 28)

o Relativité de la chose jugée (= décision de justice est individuelle). Exceptions :


 En matière d’état des personnes (C. civ., art. 331decies)

Les décisions rendues par le juge pénal sur l'action publique ont
également autorité de chose jugée erga omnes, sous réserve
cependant du respect du principe de l'égalité des armes garanti par
CEDH art. 6

Les voies de recours


L’autorité de chose jugée emporte une présomption de vérité légale qui peut être renversée
par des voies de recours
 Moyen d'obtenir une nouvelle décision dans un litige déjà jugé en tout ou en partie

2 types de voies de recours :


- Ordinaires (C. jud., art. 21) : peut être utilisée dans des cas très larges
o Opposition : voie de rétraction soumise au juge qui a rendu la décision pour
lui demander de la réexaminer afin de la rapporter (C. jud., art. 1047)
 Pour les parties jugées par défaut (se passe devant le même juge)
o L’appel (C. jud., art. 616) : voie de recours par laquelle la partie qui s’estime
lésée par un jugement en sollicite la reformation par une juridiction
supérieure
 Peut être usé contre toutes les décisions possibles rendues en 1 ère
instance. Exceptions : C. jud., art. 617

- Extraordinaires (C. jud., art. 21, al. 2) : ne peuvent être utilisées que de manière plus
rare et que quand les voies de recours ordinaires ont été épuisées
o Pourvoir en cassation (C. jud., art. 608) : quel que soit l’enjeu, si rendu en
dernier ressort-> vérifier si les décisions respectent bien la loi
o Tierce-opposition (C. jud., art. 1122): obtenue pas parti à l’instance peut
remettre en cause la décision prise qui nuit à ses intérêts. Se fait dans un délai
de 30 ans (si on ne savait pas qu’elle avait lieu) et de 3 mois si on savait
qu’elle avait lieu)
o Prise à partie (C. jud., art. 1140) : recours devant la Cour de cass., dans des
conditions spécifiques énumérées à l’article précité
o Requête civile (C. jud., art. 1133) : portée devant le même juge ayant porté la
décision dans des cas graves (ex : personne a menti, n’a pas remis une pièce à
conviction qu’elle avait en sa possession), peut être exprimé 6 mois après q la
décision ait été rendue.
o Rétractation (LS du 6 janvier 1989 sur la CC) : quand la CC annule une
disposition (avec effet rétroactif), les jugements qui avaient été rendus sur sa
base peuvent se faire rétracter (en matière civile, pénale et contentieux
administratif)

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