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Filière sciences juridiques et politiques

Licence droit privé

Semestre 5

DROIT PENAL GENERAL ET PROCEDURE PENALE

Cours de Babacar NIANG


Docteur en droit, Enseignant-chercheur
à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD)

Année académique 2016-2017


Cours de droit pénal général et de procédure pénale 2016-2017 Par Babacar NIANG

SÉQUENCE 1 : PROCEDURE PENALE


Durée : en semaine (par défaut 1 semaine par séquence)

Objectifs spécifiques :

 Savoir définir la procédure pénale et connaître ses objectifs


 Connaître les différentes phases de la procédure pénale
 Savoir distinguer l’enquête préliminaire de l’enquête de flagrance
 Connaître les pouvoirs des enquêteurs
 Connaître les principes régissant la preuve pénale
 Comprendre la notion d’action publique
 Connaître les caractéristiques du ministère public
 Connaître les conditions de mise en mouvement de l’action publique
 Connaître les prérogatives du ministère public dans l’exercice de l’action publique
 Savoir distinguer l’action publique de l’action civile
 Connaître les conditions d’exercice de l’action civile
 Connaître les causes d’extinction de l’action civile et de l’action publique

Deuxième partie – Procédure pénale

Sommaire

Deuxième partie : Procédure pénale

Première sous-partie : La phase non juridictionnelle de la procédure pénale

Titre I – Le déroulement de l’enquête

Chapitre 1 : Enquête préliminaire et enquête de flagrance

Section 1- La mise en œuvre de l’enquête préliminaire et de l’enquête de


flagrance
§ 1. – L’enquête de flagrance
A. Les conditions
B. Les caractéristiques
1. Des pouvoirs de coercition plus importants
2. Limitation de la durée de l’enquête de flagrance
§ 2. – L’enquête préliminaire

Section 2- Les pouvoirs des enquêteurs


§ 1. – Pouvoir de porter atteinte à la liberté d’aller et venir des personnes
§ 2. – Pouvoir de porter atteinte aux autres libertés individuelles

Section 3- Le contrôle du déroulement de l’enquête

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Chapitre 2 : Les règles qui gouvernent la preuve pénale

Section 1 - Charge de la preuve


§ 1. – Signification de la présomption d’innocence
§ 2. – Portée de la présomption d’innocence

Section 2 – Modes de preuve

Section 3 – Loyauté de la preuve

TITRE II – L’ISSUE DE L’ENQUETE

Chapitre 1 : L’action publique

Section préliminaire : Présentation du ministère public


§. 1- : Les caractéristiques du ministère public
A) Subordination hiérarchique
B) L’indivisibilité
C) L’indépendance, l’autonomie du parquet
D) L’irrécusabilité
E) L’irresponsabilité
§. 2- : Le rôle du Ministère public
A) Les attributions non pénales
B) Les attributions pénales

Section 1 – La mise en mouvement de l’action publique


§. 1- Présentation générale de l’action publique
A) Objectif de l’action publique
B) Les caractères de l’action publique
C) La distinction mise en mouvement / exercice de l’action publique
§. 2- : Les sujets de l’action publique
A) Les demandeurs à l’action publique
B) Les défendeurs à l’action publique

Section 2 : Les conditions de mise en mouvement de l’action publique par


le parquet
§. 1- : L’examen de la légalité des poursuites
A) La commission d’une infraction
B) L’absence d’obstacle procédural à la poursuite
C) L’absence de cause d’extinction de l’action publique
D) L’absence d’immunité
§. 2- : L’examen de l’opportunité des poursuites

Section 3 : Les choix du Parquet


§.- 1 : Le classement sans suite
§ 2. - : L’alternative aux poursuites : La médiation pénale
§. 3 - : Les poursuites : la mise en mouvement de l’action publique
A) La saisine du tribunal
1. La citation directe
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2. Le flagrant délit
3. Le réquisitoire introductif

Chapitre 2 : L’action civile

Section 1 – Les parties à l’action civile


§. 1- : Les demandeurs à l’action civile
Paragraphe 2 : Les défendeurs à l’action civile
1. L’auteur de l’infraction
2. Les héritiers en cas de décès
3. Les personnes civilement responsables
4. L’assureur

Section 2 – L’exercice de l’action civile


§. 1- : L’exercice de l’action civile devant les tribunaux civils
A- L’autorité de la chose jugée du pénal sur le civil
B- Le criminel tient le civil en état
§. 2- : L’exercice de l’action civile devant les tribunaux répressifs
A- L’intervention
B- L’action

Section 3 – L’extinction de l’action civile


§. 1- : La prescription
§. 2- : L’extinction par la satisfaction de la victime
§. 3- : Le désistement

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DEUXIEME PARTIE : PROCEDURE PENALE

Qu’est ce que la procédure pénale ? Il s’agit de l’ensemble des règles relatives à


la préparation, au déroulement ainsi qu’aux conséquences du procès pénal qui
tend principalement au prononcé d’une peine contre l’auteur de l’infraction et
accessoirement à la réparation des dommages subis par la victime.

La procédure pénale poursuit 4 objectifs, elle se déroule sous 5 phases et se


caractérise par 3 niveaux d’analyses.

Les 4 objectifs de la procédure pénale sont :

1. La répression qui a lieu par l’application du droit pénal qui est par nature un
droit punitif. Cet objectif de répression est contenu dans l’action publique
sur laquelle doit se prononcer une juridiction pénale.
2. La réparation en ce sens que le plus souvent une infraction cause un
dommage à une victime. Cela entraîne la réparation du dommage par le
biais d’une mise en mouvement de l’action civile devant le juge répressif et
une application des règles du droit civil. Toutefois, la réparation d’un
dommage peut se faire sans procès.
3. La prévention qui découle de l’application du droit pénal. Punir certes pour
sanctionner mais aussi, d’une part, pour éviter la récidive et, d’autre part,
punir pour servir d’exemplarité.
Par ailleurs, certaines règles de procédure pénale contiennent en elles-
mêmes un objectif de prévention. Exemple : les règles de la détention
provisoire.
4. La médiation qui participe à la prévention et à la réparation, et qui est
critiquée par certains qui considèrent que ce n’est pas le rôle de la justice.

La procédure pénale se déroule sous 5 phases :

1. L’enquête de police judiciaire


2. La décision sur la mise en mouvement de l’action publique
3. L’instruction préparatoire
4. Le jugement
5. L’exécution de la peine

La procédure pénale se caractérise par 3 niveaux d’analyses :

1. Le niveau des principes qui gouvernent la matière. La procédure pénale


doit concilier 2 objectifs contradictoires : le respect des libertés
individuelles et l’efficacité de la répression. Pour aboutir à ce résultat, la
procédure pénale doit respecter certains principes contre l’arbitraire à
savoir le principe de la présomption d’innocence, le principe des droits de
la défense, le principe de la proportionnalité, le principe de la célérité, le
principe de la séparation des fonctions de justice, le principe de la liberté et
de la loyauté de la preuve, le principe de la légalité, le principe du respect
des droits de la victime.

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2. Le niveau des règles qui mettent en œuvre les principes. La loi pénale de
forme est évolutive et on note diverses lois de procédure dont la loi de
2014 qui vise à moderniser notre procédure pénale.
3. Le niveau de la pratique judiciaire, de l’application des normes par les
cours et tribunaux. Ce niveau est assez contingent des problèmes de
moyens des méthodes applicables, de la politique pénale mise en œuvre,
des imprimés, de l’informatisation du système.

Le cours prendra une approche pragmatique qui repose sur la distinction entre la
phase non juridictionnelle (première sous-partie) de la phase juridictionnelle
(deuxième sous-partie). Dans ces deux phases, l’étude des actes de procédure
sera privilégiée par rapport à l’étude des acteurs de la procédure.

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PREMIERE SOUS-PARTIE : LA PHASE NON JURIDICTIONNELLE DE


LA PROCEDURE PENALE

La phase non juridictionnelle de la procédure pénale se caractérise par la mise en


œuvre d’une enquête policière en vue de réunir les éléments de preuve (Titre 1).
L’issue de l’enquête donne lieu à une éventuelle mise en mouvement de l’action
publique ou de l’action civile (Titre 2).

TITRE I – LE DEROULEMENT DE L’ENQUETE

Une enquête policière peut se dérouler selon deux modalités qui reposent sur un
régime précis (Chapitre 1). Le but de l’enquête est certes d’identifier les suspects
mais aussi d’établir la commission d’une infraction et les circonstances de celle-ci
selon les règles qui régissent l’administration de la preuve en matière pénale
(Chapitre 2).

CHAPITRE I : ENQUETE PRELIMINAIRE ET ENQUETE DE


FLAGRANCE

L’enquête préliminaire et l’enquête de flagrance sont mises en œuvre en fonction


de la réunion de conditions précises (Section 1) et elles entraînent l’attribution de
pouvoirs spécifiques aux enquêteurs (Section 2) qui agissent sous le contrôle des
magistrats du parquet (Section 3).

Section 1- La mise en œuvre de l’enquête préliminaire et de l’enquête de


flagrance

Si l’enquête préliminaire apparaît comme le régime de droit commun (§.2),


l’enquête de flagrance est un régime dérogatoire (§.1).

§ 1. – L’enquête de flagrance

La notion de flagrance est posée à l’article 61 de la Constitution et permet


d’arrêter un membre de l’Assemblée nationale sans autorisation préalable en cas
de commission d’un crime ou d’un délit flagrant.

Les conditions de la flagrance sont énoncées à l’article 45 du CPP (A) et ce type


d’enquête présente certaines caractéristiques spécifiques (B).

A. Les conditions

Il ressort de l’article 45 du CPP que l’enquête de flagrance n’est applicable qu’en


matière délictuelle ou criminelle. Elle est exclue en matière contraventionnelle.

En outre, l’enquête de flagrance peut être mise en œuvre dans 4 situations :

- lorsqu’un crime ou un délit est entrain de se commettre ou


- lorsqu’un crime ou un délit vient juste de se commettre
- lorsque dans un temps voisin à un crime ou un délit, une personne est
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poursuivie par la clameur publique ou qu’il est trouvé en possession


d’objets ou présente des traces ou indices en rapport avec ces faits.
- lorsque le chef d’une maison requiert le procureur de la République ou un
officier de la police judiciaire en vue de constater un crime ou un délit
même s’il a eu lieu en dehors des circonstances précédentes.

En dehors de cette dernière hypothèse qui résulte d’une assimilation, l’enquête


de flagrance suppose qu’il y ait des éléments qui laissent penser qu’un crime ou
un délit vient de se commettre ou est entrain de se commettre. Il faut des
éléments objectivement constatables. La notion de flagrance peut s’appliquer s’il
s’agit d’une infraction continue.

B. Les caractéristiques

L’enquête de flagrance se caractérise par deux éléments : un renforcement des


pouvoirs de coercition (1) et une limitation de la durée de l’enquête (2).

1. Des pouvoirs de coercition plus importants

L’enquête de flagrance entraîne une atteinte aux libertés individuelles sans


autorisation ni accord préalable. Elle donne à toute personne le pouvoir
d’interpeller un suspect et de le présenter à l’officier de police judiciaire (art. 65
CPP), et elle attribue à la police le pouvoir de perquisitionner le domicile d’un
particulier sans son consentement (Art. 48 CPP), de différer le droit à l’assistance
d’un avocat en garde à vue à la première heure du renouvellement de la mesure.

Le renforcement du pouvoir de coercition se justifie par deux points : d’une part,


on considère que les preuves sont fraîches, donc il est nécessaire d’en profiter et
de les cueillir rapidement, d’autre part, on considère que si le fait est flagrant, il y
a une certaine évidence de culpabilité et un moindre risque d’erreur judiciaire en
raison de l’idée d’attraper le suspect la main dans le sac.

2. Limitation de la durée de l’enquête de flagrance

Le code de procédure pénale ne prévoit pas une durée fixe pour l’exercice des
pouvoirs de coercition rattachés à l’enquête de flagrance. Toutefois, il importe de
relever que la notion de flagrance perd son sens en cas de discontinuité dans le
temps des actes et opérations d’enquête et lorsque s’écoule un délai raisonnable.

Il serait en effet déraisonnable de considérer que l’atteinte aux libertés peut avoir
lieu sans limitation dans le temps et de manière continue.

En France, le législateur est intervenu pour limiter la durée de l’enquête de


flagrance à 8 jours lorsqu’elle est ininterrompue dans le temps. Ce délai peut être
prorogé dans certains cas par le procureur de la République, mais seulement en
cas de crime ou de délit grave, par exemple, trafic de stupéfiants, corruption.

Passé le délai légal ou un certain délai raisonnable, l’enquête de flagrance


bascule sous forme d’enquête préliminaire (§.2).

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§ 2. – L’enquête préliminaire

L’enquête préliminaire est prévue aux articles 67 et suivants du CPP. Elle a lieu si
les conditions de l’enquête de flagrance ne sont pas réunies ou si cette dernière
est convertie en enquête préliminaire, puisque ce type d’enquête est le droit
commun. Il y a enquête préliminaire lorsqu’une infraction est cachée ou connue
tardivement.

L’enquête préliminaire se caractérise par l’absence d’un pouvoir de coercition et


toute perquisition ou saisie de pièces suppose au préalable l’autorisation du
suspect (art. 68 CPP).

Cependant, les deux types d’enquête présentent des caractéristiques communes


à savoir :

- Le caractère écrit de l’enquête,


- Le caractère non contradictoire de l’enquête,
- Le caractère secret de l’enquête.

A ces caractéristiques communes, s’ajoutent des attributions identiques


reconnues aux enquêteurs (Section II)

Section 2- Les pouvoirs des enquêteurs

Les enquêteurs ont le pouvoir de procéder à un certain nombre de constatations.


Entrent dans cette catégorie, la réception des plaintes, le pouvoir de procéder à
des constatations matérielles, le pouvoir d’auditionner le mis en cause et les
témoins, de faire des réquisitions aux fins d’examens techniques.

Ils ont également le pouvoir de porter atteinte à la liberté d’aller et venir (§.1), et
de porter atteinte aux autres libertés individuelles (§.2).

§ 1. – Pouvoir de porter atteinte à la liberté d’aller et venir des personnes

Cette prérogative se traduit, d’une part, par le pouvoir d’interpeller un suspect et,
d’autre part, le pouvoir d’un officier de police judiciaire de placer en garde à vue
un suspect. L’interpellation est le pouvoir d’appréhender une personne libre de
ses mouvements. Il est accordé à tout citoyen en matière de flagrance. Ce
pouvoir d’interpellation est un devoir pour un officier de police judiciaire. Ce
dernier dispose en outre de la faculté de placer en garde à vue tout suspect.

La garde à vue est une mesure d’enquête prévue à l’article 55 du CPP. C’est la
possibilité offerte à la police judiciaire de retenir dans les locaux de la police ou
de la gendarmerie une personne à la disposition des enquêteurs pour pouvoir
procéder à son audition. Le placement en garde à vue relève de la compétence
d’un officier de police judiciaire. Il n’est envisageable que « lorsqu’il existe contre
une personne des indices graves et concordants, de nature à motiver son
inculpation ».

Le procureur de la République doit être immédiatement informé de tout


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placement en garde à vue. Il peut se prononcer sur la légalité d’une garde à vue
et non sur l’opportunité de celle-ci. La personne retenue doit être informée des
motifs de son placement en garde à vue.

La durée de la garde à vue de droit commun est de 48 heures. Cette durée peut
être prolongée de 48 heures supplémentaires, si nécessaire, uniquement sur
autorisation écrite du procureur de la République, de son délégué ou du juge
d’instruction. Cependant, pour certaines infractions graves, par exemple, en
matière de terrorisme, la durée de la garde à vue est de 96 heures et ce délai
peut être prorogé de deux nouveaux délais de 96 heures chacun pour atteindre
au total douze (12) jours. La prorogation a lieu sur autorisation du juge
d’instruction ou du procureur de la République si le juge d’instruction n’est pas
saisi (art. 677-28 du CPP issue de la loi 2016-30 du 8 novembre 2016).

L’issue de la garde à vue peut être soit un déferrement devant le parquet, soit la
remise en liberté.

A Dakar, il existe en pratique une voie intermédiaire appelée « retour de


parquet » qui consiste à envoyer, après la fin de la garde à vue, le mis en cause
dans les locaux du Commissariat central en vue d’y être maintenu en dehors du
délai légal maximum de la garde à vue de droit commun.

Il est tenu par les enquêteurs un registre de garde à vue (art. 55 CPP) qui doit
mentionner le jour et l’heure du placement en garde à vue, les motifs de ce
placement, la durée des interrogatoires, la durée des repos, ainsi que le jour et
l’heure à partir desquels la personne a soit été libérée, soit conduite devant le
magistrat compétent (art. 57 CPP).

Les droits de la personne gardée à vue lui sont notifiés uniquement en cas de
prolongation de la mesure et ils sont les suivants :

- Le droit d’être informée sur les motifs de la prorogation de la mesure,


- Le droit d’être examinée par un médecin
- Le droit de constituer un avocat.

Concernant l’assistance d’un avocat, l’article 5 du Règlement n°05/CM/UEMOA


relatif à l’harmonisation des règles régissant la profession d’avocat dans l’espace
UEMOA prévoit l’assistance d’un avocat dès l’interpellation, durant l’enquête
préliminaire, dans les locaux de la police, de la gendarmerie ou devant le parquet.

La jurisprudence en déduit que cette prérogative ne s’applique pas en matière


d’enquête de flagrance où l’assistance d’un avocat reste régie par l’article 55 du
CPP (CA de Dakar, arrêt n°249 du 22 septembre 2015, affaire Thione Seck). Elle
est admise à partir de la 48ème heure de garde à vue.

La loi n° 2016-30 du 8 novembre 2016 modifiant la loi n° 65-61 du 21 juillet 1965


portant code de procédure pénale, énonce dans l’exposé des motifs qu’ « en vue
de renforcer les droits de la défense, il a paru nécessaire d’admettre la présence
de l’avocat dès l’interpellation ».

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Cependant, cette déclaration initiale de volonté du législateur s’aperçoit


difficilement dans le texte final qui est actuellement en vigueur. En effet, l’article
premier de cette nouvelle loi précise que l’article 55 de la loi n° 65-61 du 21 juillet
1965 est abrogé, et remplacé par les nouvelles dispositions. Or celles-ci
reprennent mot pour mot l’ancien article 55, alinéas 7, 8 et 9 qui disposent
successivement que « Le délai prévu à l’alinéa 2 du présent article peut être
prorogé d’un nouveau délai de 48 heures par autorisation du procureur de la
République, de son délégué ou du juge d’instruction, confirmé par écrit.

Les délais prévus au présent article sont doublés en ce qui concerne les crimes
et délits contre la sûreté de l’Etat ; ils sont également doublés pour tous les
crimes et délits en période d’état de siège, d’état d’urgence ou d’application de
l’article 52 de la Constitution sans que ces deux causes de doublement puissent
se cumuler.

En cas de prolongation de la garde à vue, l’officier de police judiciaire informe la


personne gardée à vue des motifs de la prorogation en lui donnant connaissance
des dispositions de l’article 56 du présent code ».

La loi nouvelle précise simplement à l’alinéa 10 de l’article 55 du code de


procédure pénale que « l’officier de police judiciaire informe la personne
interpellée de son droit de constituer conseil parmi les avocats inscrits au tableau
ou admis en stage ».

Force est de constater que cette disposition se situe parmi les droits à notifier
après la prorogation de la garde à vue. Ainsi, le législateur a remplacé
simplement les termes « la personne gardée à vue » par les vocables « la
personne interpellée ».

Or, dans le projet de loi initial, l’alinéa 10 de l’article 55 précisait que « l’officier de
police judiciaire notifie à la personne gardée à vue, dès la prise de la mesure, son
droit de constituer conseil parmi les avocats inscrits au tableau ou admis en
stage ».

La suppression de la notification du droit de constituer avocat « dès le début de la


garde à vue » est un recul assez regrettable. Cela enlève à la réforme de la garde
à vue de droit commun du 8 novembre 2016, son intérêt en ce sens que le texte
publié n’est pas assez précis.

La sanction prévue en cas de non respect des règles de la procédure de garde à


vue est la nullité des actes de procédure dont la garde à vue a été le support.

Il existe des pouvoirs de coercition à l’égard des témoins. Il peut être porté
atteinte à la liberté d’aller et de venir des témoins pendant la durée maximale de
24 heures prévue à l’article 55 alinéa 1, au titre du contrôle d’identité et de
l’audition des témoins.

§ 2. – Pouvoir de porter atteinte aux autres libertés individuelles

Il s’agit principalement du pouvoir de perquisitionner le domicile du suspect sans


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son autorisation en matière d’enquête de flagrance, et avec son autorisation en


matière préliminaire.

La perquisition sans autorisation préalable en matière de flagrance doit être


effectuée par un officier de police judiciaire.

Les perquisitions de droit commun doivent avoir lieu entre 5h00 et 21h00 (art. 51
CPP), en présence de l’intéressé ou de témoins.

En matière de terrorisme, les perquisitions peuvent être effectuées de jour


comme de nuit, à toutes heures, sans le consentement de la personne au
domicile de laquelle elles ont lieu, sur autorisation du juge saisi (art. 677-26 du
CPP).

Les perquisitions donnent lieu à la saisie d’objets, de documents ou de biens


utiles à la manifestation de la vérité, qui doivent être inventoriés dans un procès-
verbal et placés sous scellés.

Section 3- Le contrôle du déroulement de l’enquête

Le procureur de la République dirige les activités des enquêteurs dans le ressort


de sa juridiction. Ces derniers ont l’obligation de lui rendre compte. Ils l’informent
sans délai des crimes et délits flagrants constatés, et les opérations d’une
enquête préliminaire sont sous la surveillance du Procureur général.
Le procureur de la République est informé du placement en garde à vue d’une
personne à peine de nullité, il reçoit la transmission de la procédure.

Le procureur peut intervenir en vue d’étendre les prérogatives des enquêteurs.


Extension de la compétence territoriale, prolongation de la garde à vue etc.

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CHAPITRE II : LES REGLES QUI GOUVERNENT LA PREUVE


PENALE

La preuve pénale est régie par le principe de la liberté. Elle s’applique aussi bien
à la partie à laquelle s’impose la charge de la preuve, qu’à celle qui se défend
(Section 1). La liberté implique le choix de modes de preuve en vue de faire
établir la vérité judiciaire (Section 2). Cependant, la liberté n’exclut pas la loyauté
dans l’obtention des éléments de preuve et elle s’accommode à l’exercice de
l’intime conviction du juge (Section 3).

Section 1 - Charge de la preuve

La charge de la preuve est intimement liée à la présomption d’innocence. Il


convient d’en préciser la signification (§.1) et d’en apprécier la portée (§.2).

§ 1. – Signification de la présomption d’innocence

« Tout homme étant présumé innocent jusqu’à ce qu’il ait été déclaré coupable,
s’il est jugé indispensable de l’arrêter, toute rigueur qui ne serait pas nécessaire
pour s’assurer de sa personne doit être sévèrement réprimée par la loi » énonce
l’article 9 de la déclaration des droits de l’Homme et du Citoyen de 1789.

La présomption d’innocence a une double signification. Elle signifie d’abord que


l’on doit présumer innocente toute personne accusée d’une infraction tant que sa
culpabilité n’a pas été reconnue par un jugement irrévocable. Ensuite, la
présomption d’innocence régit les rapports entre le mis en cause et les juges qui
ne doivent pas le condamner sans avoir reçu les preuves de sa culpabilité.

A ce titre, la présomption d’innocence implique que la charge de la preuve


incombe au demandeur à l’action, c'est-à-dire au ministère public. Il appartient au
procureur de la République d’apporter la preuve, au delà d’un doute raisonnable,
de l’élément matériel et la preuve de l’élément moral de chaque infraction qu’il
entend faire réprimer devant la juridiction répressive.

Ainsi, la présomption d’innocence se traduit par le droit pour chaque personne de


ne pas contribuer à sa propre incrimination, le droit au silence et le droit à une
décision juridictionnelle établissant ou non sa culpabilité.

§ 2. – Portée de la présomption d’innocence

La présomption d’innocence est un principe fondamental. Cependant, la


présomption d’innocence n’est pas un principe absolu. La loi prévoit des
présomptions de culpabilité en matière d’infractions douanières et en matière
d’enrichissement illicite.

La présomption de culpabilité entraîne un renversement de la charge de la


preuve. Dans ce cas, il appartient à la personne mise en cause d’apporter la
preuve par tous moyens de l’inexistence de l’élément matériel et de l’élément
moral de l’infraction. A défaut, la culpabilité sera établie.

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De manière générale, une atteinte à la présomption d’innocence doit être palliée


par un renforcement des droits de la défense.

Section 2 – Modes de preuve

Une infraction peut être établie par tout mode de preuve. En effet, en matière
pénale, la preuve est libre. En contrepartie, le juge n’est tenu par aucun mode de
preuve, il décide d’après son intime conviction (Art. 414 du CPP) en fonction des
éléments qui ont été discutés lors des débats en audience.

Les modes de preuves légalement admissibles sont les présomptions ou indice,


la preuve littérale qui englobe les constatations de faits, la preuve par témoignage
et la preuve par aveu.

Les présomptions ou indices sont des faits objectifs qui rendent vraisemblable
une action ou une omission. Il s’agit de moyens de preuves secondaires. C’est le
cas de l’accusé que l’on voit fuir dans une caméra de vidéosurveillance.

La loi peut prévoir des présomptions légales absolues ou relatives en établissant


plus ou moins la force probante des indices.

Sur la preuve littérale, il convient de préciser qu’en matière pénale l’écrit peut être
soit le corps du délit (diffamation), soit la preuve du délit (la lettre révélant la
participation), soit le constat du délit (procès-verbal).

Concernant le témoignage, il convient de préciser le principe selon lequel toute


personne peut être témoin, sauf disposition contraire de la loi. Il y a des
incapacités (enfants à bas âge), des incompatibilités et des indignités.

S’agissant de la preuve par aveu, elle a été longtemps considérée comme « la


reine des preuves ». « La religion de l’aveu » est toujours appréciée par la police
et ce moyen de preuve est souvent à l’origine de bavures policières. L’aveu est
provoqué ou extorqué par un interrogatoire qui peut être musclé.

Section 3 – Loyauté de la preuve

Au principe de la liberté de la preuve, il existe une limite, le respect du principe de


la loyauté. Ce principe a pour objet d’interdire à celui qui administre la preuve
l’utilisation de procédés déloyaux, de ruses, de stratagèmes. Il s’agit d’une
garantie d’un droit à un procès équitable.

Le principe de la loyauté de la preuve pose la problématique des provocations


policières, notamment en matière de vente de chanvre indien. En effet, la
provocation à la commission d’une infraction par un agent de l’autorité publique
ou par son intermédiaire porte atteinte au principe de la loyauté.

S’agissant des moyens de preuves produits par les particuliers, le juge ne peut
les écarter même lorsqu’elles ont été obtenues de manière déloyale. Le juge doit
simplement en apprécier la valeur probante après exercice de son intime
conviction.
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TITRE II – L’ISSUE DE L’ENQUETE

L’issue de l’enquête dérive éventuellement sur la mise en mouvement de l’action


publique (Chapitre 1) ou de l’action civile (Chapitre 2).

CHAPITRE 1 : L’ACTION PUBLIQUE

Pour comprendre le déclenchement et l’exercice de l’action publique, il n’est pas


sans intérêt de marquer un arrêt préalable sur la présentation du ministère public
(section préliminaire) avant de s’intéresser à la mise en mouvement de l’action
publique (section 1), aux conditions de cette mise en mouvement (section 2) et
aux choix du parquet dans l’exercice de l’action publique (section 3).

Section préliminaire : Présentation du ministère public

Les membres du ministère public et les juges sont des magistrats. Cependant, le
ministère public présente des caractéristiques qui le détachent des juges (§.1).
Ses attributions sont larges et assez critiquables (§.2).

§. 1- : Les caractéristiques du ministère public

Le ministère public se caractérise par sa hiérarchisation (A), son indivisibilité (B),


son autonomie par rapport à la juridiction ou à la partie civile (C), son
irrécusabilité (D) et son irresponsabilité (E).

A) Subordination hiérarchique

Le ministère public est hiérarchisé. Ainsi, les magistrats du parquet sont


subordonnés hiérarchiquement les uns aux autres.

En outre, l’ensemble des magistrats du parquet sont placés sous l’autorité du


Garde des Sceaux, Ministre de la justice.

Il en résulte que le Garde des Sceaux, Ministre de la justice peut adresser des
instructions d’action publique. Il peut ainsi dénoncer des infractions dont il a
connaissance et demander au Procureur général d’engager des poursuites.
(Article 28 CPP).

B) L’indivisibilité

Au sein d’un même parquet, chacun des membres du ministère public peut
remplacer un autre membre à l’occasion d’un procès. Ils forment un ensemble
indivisible. Tous les substituts du Procureur de la République ont les mêmes
pouvoirs que le Procureur de la République lui-même. Un substitut peut prendre
des initiatives, celles-ci vont engager le parquet.

C) L’indépendance, l’autonomie du parquet

Le parquet est totalement autonome vis-à-vis des juridictions. Les juges du siège
ne peuvent adresser d’injonctions au parquet. De la même manière, le parquet
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n’est pas tenu de répondre aux demandes de la partie civile.

D) L’irrécusabilité

Contrairement aux magistrats du siège, ceux du parquet ne peuvent être récusés,


c'est-à-dire écartés du procès. En effet, c’est le magistrat du siège qui va rendre
une décision et non le parquet. Par ailleurs la présence de ce dernier est
obligatoire dans la mesure où il exerce l’action publique.

E) L’irresponsabilité

La responsabilité du ministère public ne peut être engagée vis-à-vis des


particuliers. En principe, même en cas de poursuites contre un innocent, sa
responsabilité ne saurait être engagée en raison des erreurs qu’il aurait pu
commettre dans ses réquisitions.

§. 2- : Le rôle du Ministère public

Le ministère public bénéficie d’attributions de nature non-pénale d’une part (A), et


pénale d’autre part (B).

A) Les attributions non pénales

Le code de la famille prévoit la possibilité pour le procureur de la République de


déclarer une naissance qui n’aurait pas été constatée à l’état civil.

En matière commerciale, le ministère public représente les intérêts de la société


devant les tribunaux en matière de redressement ou liquidation judiciaire.

Le ministère public surveille également les professions judiciaires.

B) Les attributions pénales

Le procureur de la République dirige l’enquête.

Il appartient également au ministère public de mettre en mouvement et d’exercer


l’action publique. C’est son rôle primordial.

Section 1 – La mise en mouvement de l’action publique

Une présentation générale de l’action publique (§.1) et de ses sujets (§.2)


s’impose à titre liminaire.

§. 1- Présentation générale de l’action publique

A) Objectif de l’action publique

Selon l’article 1 du CPP, « l’action publique pour l’application des peines est mise
en mouvement et exercée par les magistrats ou les fonctionnaires auxquels elle
est confiée par la loi.
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Cette action peut aussi être mise en mouvement par la partie lésée, dans les
conditions déterminées par le présent code. »

B) Les caractères de l’action publique

C’est une action de droit public et non de droit privé. Ainsi, l’exercice de l’action
publique n’est pas à la disposition du ministère public. Il ne peut renoncer à
l’exercice de l’action publique car il l’exerce au nom de la société.

C) La distinction mise en mouvement / exercice de l’action publique

La mise en mouvement est le point de départ de l’action publique, c’est la


décision du parquet de porter une affaire devant le magistrat du siège, le saisir
pour qu’il statue.

Lorsque le parquet décide de mettre en mouvement l’action publique en


saisissant la juridiction, cette saisine est irrévocable.

A partir de la mise en mouvement de l’action publique, il appartient au ministère


public de l’exercer en accomplissant les différents actes de procédure, et en
prenant des réquisitions à l’audience.

L’exercice de l’action publique est un monopole du ministère public alors que la


mise en mouvement de l’action publique peut être effectuée par la victime.

§. 2- : Les sujets de l’action publique

Les sujets de l’action publique sont les demandeurs (A) et les défendeurs (B).

A) Les demandeurs à l’action publique

Selon l’article 1 du CPP, l’action publique peut être mise en mouvement et


exercée par « les magistrats ou les fonctionnaires auxquels elle est confiée par la
loi ».

Il s’agit tout d’abord des magistrats du ministère public.

Ensuite, parmi les fonctionnaires à qui la loi offre cette prérogative, ceux de la
douane, des eaux et forêts et les contributions indirectes. Contrairement au
ministère public, ces administrations ont le pouvoir de conclure des transactions
avant l’engagement des poursuites, pendant le jugement, ou après la
condamnation.

Enfin, la victime d’une infraction peut prendre l’initiative d’exercer l’action


publique.

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B) Les défendeurs à l’action publique

En principe, il s’agira de l’auteur ou du complice présumé de l’infraction.

Il peut s’agir d’une personne physique, ou d’une personne morale lorsque sa


responsabilité est prévue par la loi au titre de l’infraction présumée commise.

Section 2 : Les conditions de mise en mouvement de l’action publique par


le parquet

La mise en mouvement de l’action publique peut être soumise à deux régimes : la


légalité des poursuites et l’opportunité des poursuites. Dans le premier cas, le
ministère public se voit contraint à une poursuite systématique de toutes les
infractions dont il a connaissance, alors que dans le second cas, celui de
l’opportunité des poursuites, le système appliqué au Sénégal, le procureur de la
République a le pouvoir discrétionnaire de n’engager des poursuites que pour
certains dossiers, selon la politique pénale qu’il a la charge d’appliquer.
Cependant, l’exercice de cette prérogative n’est pas arbitraire et doit reposer sur
une légalité préalable des poursuites (§. 1-).

§. 1- : L’examen de la légalité des poursuites

Avant de mettre en mouvement l’action publique, le ministère public doit s’assurer


de la légalité des poursuites en examinant certains critères.

A) La commission d’une infraction

Le ministère public doit s’assurer que les faits litigieux sont effectivement
constitutifs d’une infraction. C’est le principe de la nécessité d’une qualification
pénale.

B) L’absence d’obstacle procédural à la poursuite

Le ministère public doit s’assurer qu’il n’existe pas de circonstances susceptibles


de constituer un obstacle procédural à toutes poursuites.

En principe, règle exceptionnelle, il est possible de poursuivre même si la victime


ne le souhaite pas. Cependant, pour certaines infractions qui portent atteinte à la
vie privée, une plainte préalable est nécessaire. Exemple : la diffamation

Lorsqu’une autorisation est nécessaire, le ministère public doit s’assurer qu’elle a


effectivement été accordée. C’est le cas lorsqu’il veut poursuivre un membre du
Parlement.

Autre circonstance qui constituerait un obstacle à la procédure, l’existence de


faits justificatifs ou causes de non imputabilité.

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C) L’absence de cause d’extinction de l’action publique

Le ministère public doit s’assurer que l’action publique n’est pas éteinte. Les
causes d’extinction de l’action publique sont énumérées à l’article 6 du CPP

- La mort du prévenu : l’action publique ne peut être mise en mouvement.


Dans l’hypothèse où elle serait déjà en cours, elle est éteinte. Cependant,
lorsqu’il y a des complices ou coauteurs, l’action publique se poursuit.

- La prescription : selon l’article 7 du CPP, l’action publique en matière de


crime, se prescrit par 10 dix ans à compter du jour où le crime a été
commis s’il n’a été fait aucun acte d’instruction ou de poursuite. S’il en a
été effectué, elle ne se prescrit qu’après 10 années révolues à compter du
dernier acte. Il existe des délais de prescription dérogatoires comme, par
exemple, en matière de terrorisme (30 ans).

Ces distinctions s’appliquent aux délits et contraventions.

Selon l’article 8 du CPP, en matière de délit l’action publique se prescrit par


3 ans et en matière de détournement de deniers publics (art. 152 et 153 du
CP) et de blanchiment de capitaux (loi n°2004-09 du 06 février 2004) par 7
ans.

Enfin selon l’article 9 du CPP, le délai de prescription est d’une année pour
les contraventions.

Il conviendra de noter que la prescription peut être suspendue par tout


obstacle de droit ou de fait empêchant l’exercice de l’action publique

- L’amnistie : l’action publique est éteinte mais l’action civile se poursuit dans
la mesure où il demeure un dommage pour lequel la victime peut solliciter
une réparation devant les juridictions civiles, sauf dans l’hypothèse où la
juridiction répressive a été saisie avant la loi d’amnistie.

- L’abrogation de la loi : lorsque la loi qui prévoit et réprime une infraction fait
l’objet d’une abrogation, les faits poursuivis ne sont plus constitutifs d’une
infraction. L’élément légal de l’infraction disparait, par conséquent l’action
publique est éteinte.

- L’autorité de la chose jugée : l’action publique ne peut s’exercer pour des


faits ayant déjà fait l’objet d’une décision de justice. Cette cause
d’extinction renvoie à la règle non bis in idem.

- La transaction : la loi prévoit la possibilité de transiger et ainsi éteindre


l’action publique

- Le retrait de la plainte, lorsqu’elle est nécessaire à l’exercice des


poursuites
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D) L’absence d’immunité

Il existe plusieurs sortes d’immunité:

- Politique : le chef de l’Etat bénéficie d’une immunité sauf cas de haute


trahison.
Les parlementaires bénéficient également d’une immunité politique.

- Judiciaire : cette immunité permet aux différentes parties au procès (avocat


ou autres), de s’exprimer en toute liberté sans risquer des poursuites pour
diffamation.

- Familiale : cette immunité est prévue par le code pénal. En effet, les
infractions commises à l’encontre d’un membre de sa famille ne peuvent
être poursuivies. Cependant l’immunité ne concerne que deux catégories
d’infractions : le vol ou assimilés et le recel

- Diplomatique ou consulaire : elle est prévue par certaines conventions et


concerne toutes les infractions commises par un membre de la diplomatie
ou un accrédité. L’objectif est d’assurer la fluidité des relations
internationales. Cependant il peut arriver que cette immunité soit levée.

§. 2- : L’examen de l’opportunité des poursuites

L’article 32 du CPP laisse au Procureur de la République le choix de poursuivre


ou de ne pas poursuivre.

La règle de l’opportunité des poursuites présente un avantage de souplesse dans


l’application de la loi. Après avoir constaté la commission d’une infraction et
l’absence d’obstacles juridiques aux poursuites, le Procureur peut s’interroger sur
l’opportunité d’engager des poursuites ou pas. La loi ne lui impose pas d’agir. Il
pourra tenir compte des capacités de traitement des juridictions.

La règle de l’opportunité des poursuites comporte cependant des inconvénients.


En effet, elle implique l’existence d’un aléa sur le point de savoir si des poursuites
seront engagées. Il s’agit d’une atteinte au principe de l’égalité, dans la mesure
où il y a une inégalité de traitement des délinquants. Le critère d’opportunité ou
d’inopportunité peut également être critiquable, car peut résulter de
considérations purement subjectives.

Section 3 : Les choix du Parquet

En sa qualité de partie prééminente à l’action publique, le Parquet bénéficie de


plusieurs prérogatives, aussi bien lorsqu’il décide d’exercer des poursuites, que
lorsqu’il juge ces dernières inopportunes.

§.- 1 : Le classement sans suite

Le choix de ne pas poursuivre se manifeste par une décision de classement sans


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suite, mais qui ne revêt pas l’autorité de la chose jugée.

La décision de classement sans suite peut être prise parce que les conditions
permettant d’exercer des poursuites ne sont pas réunies, parce que l’auteur de
l’infraction n’est pas identifié, ou en raison de circonstances particulières qui
peuvent être liées soit à l’infraction même, soit à son auteur.

L’alinéa 7 de l’article 32 du CPP prévoit que le Procureur qui prend une décision
de classement sans suite doit adresser au plaignant un avis de cette décision
dans les 8 jours. L’avis doit mentionner que le plaignant peut mettre en
mouvement l’action publique en se constituant partie civile, s’il le souhaite.

Le classement sans suite n’est pas une décision juridictionnelle, car n’est pas
rendue par une juridiction. Elle n’est pas contradictoire et ne peut faire l’objet d’un
appel.

Le classement sans suite peut faire l’objet d’un recours hiérarchique auprès du
Procureur général près la Cour d’appel ou du Ministère de la justice. Le Procureur
de la République peut revenir sur sa décision de classement sans suite tant que
la prescription n’est pas intervenue.

§ 2. - : L’alternative aux poursuites : La médiation pénale

La médiation pénale est une alternative aux poursuites, issue de la loi n°99-88 du
3 septembre 1999. Elle est prévue à l’article 32 du code de procédure pénale qui
dispose que « (…) Le Procureur de la République peut, préalablement à la
décision sur l’action publique, et avec l’accord des parties, soumettre l’affaire à la
médiation pénale s’il apparait qu’une telle mesure est susceptible d’assurer la
réparation du dommage causé à la victime, mettre fin au trouble résultant de
l’infraction, et contribuer au reclassement de l’auteur (…) »

Il résulte de la lecture de cet alinéa que la médiation pénale est soumise à trois
conditions:
- D’abord la médiation pénale doit permettre d’assurer la réparation du
dommage causé à la victime,
- Ensuite la médiation pénale doit mettre fin au trouble résultant de
l’infraction,
- Enfin la médiation pénale doit contribuer au reclassement de l’auteur

La médiation pénale doit être effectuée par le Procureur de la République lui-


même. Cependant, ce-dernier peut déléguer ses pouvoirs à un médiateur pénal,
qui est soumis au secret professionnel et à une obligation de neutralité.

Les parties doivent s’accorder sur le recours à la médiation pénale, mais


également sur la solution du litige qui ne doit pas être contraire à l’ordre public ou
aux bonnes mœurs. Il appartient au médiateur pénal de s’assurer du respect des
engagements pris lors de la médiation.

Lorsque le médiateur pénal est saisi, la tentative de médiation doit se tenir dans
les 15 jours. Le procès-verbal de l’accord et le rapport dressés par le médiateur
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pénal sont transmis au Procureur de la République.

Lorsque la tentative de médiation pénale échoue, le médiateur pénal adresse


également un rapport au Procureur de la République, qui appréciera l’opportunité
d’engager des poursuites ou de classer l’affaire sans suite.

En cas de classement sans suite, le plaignant doit en être avisé par le Procureur
de la République dans le délai de 8 jours, et être informé qu’il peut mettre en
mouvement l’action publique en se constituant partie civile.

§. 3 - : Les poursuites : la mise en mouvement de l’action publique

Le Procureur de la République bénéficie de trois possibilités au choix.

A) La saisine du tribunal

1. La citation directe

Par ce procédé, l’auteur de l’infraction est cité à comparaitre à la requête du


ministère public, devant une juridiction, par acte d’huissier de justice. En pratique,
l’huissier va trouver le présumé auteur de l’infraction, et l’informer de sa
convocation devant une juridiction précise, à une date et heure précises.

La citation directe doit contenir certaines mentions obligatoires : la date et le lieu


de la convocation, l’identité du requérant et du destinataire, les faits à l’origine
des poursuites et les textes qui les sanctionnent.

2. Le flagrant délit

L’infraction poursuivie doit avoir été réalisée de manière flagrante.

Selon l’article 45 du CPP, « est qualifié crime ou délit flagrant, le crime ou le délit
qui se commet actuellement, ou qui vient de se commettre. Il y a aussi crime ou
délit flagrant lorsque, dans un temps très voisin de l’action, la personne
soupçonnée et poursuivie par la clameur publique, ou est trouvée en possession
d’objets, ou présente des traces ou indices laissant penser qu’elle a participé au
crime ou au délit.
Est assimilé crime ou délit flagrant tout crime ou délit qui, même non commis
dans les circonstances prévues à l’alinéa précédent, a été commis dans une
maison dont le chef requiert le Procureur de la République ou un officier de la
police judiciaire de le constater ».

C’est une procédure rapide de mise en mouvement de l’action publique qui ne


peut être effectuée que par le Procureur de la République ou son délégué.

Selon les termes de l’article 63 alinéa 1 du CPP, cette procédure de flagrant délit
s’applique aux délits flagrants, lorsque les faits sont punis d’une peine
d’emprisonnement et si le juge d’instruction n’est pas saisi.

En conséquence, la procédure de flagrant délit ne peut s’appliquer aux crimes et


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contraventions.

Elle est également exclue par le dernier alinéa du même article pour les délits de
presse et politiques, ou lorsque son application est exclue par une loi spéciale.

Toujours selon l’article 63 du CPP, la procédure du flagrant délit est applicable


lorsqu’il « existe contre une personne des indices graves et concordants de
nature à motiver son inculpation pour infraction correctionnelle, lorsque ladite
personne reconnait devant ce magistrat avoir commis les faits constitutifs du délit
considéré ».

Lorsque le délit est commis de manière flagrante, si le Procureur de la


République choisit d’appliquer la procédure du flagrant délit, il ne doit interroger la
personne poursuivie qu’en présence de son avocat. Si ce dernier ne peut être
contacté ou ne peut se déplacer, cette formalité est considérée comme
accomplie.

Le procureur, après avoir interrogé la personne poursuivie, et éventuellement son


avocat, peut la placer sous mandat de dépôt motivé.

3. Le réquisitoire introductif

C’est l’acte par lequel le Procureur de la République saisit le Juge d’instruction en


lui demandant d’ouvrir une information. Les poursuites sont déclenchées par ledit
réquisitoire.

Selon l’article 71 du CPP, le juge d’instruction ne peut ouvrir une information que
suite à un réquisitoire du Procureur de la République, même s’il s’agit d’un crime
ou délit flagrant.

En cas de plainte avec constitution de partie civile, le juge d’instruction va


ordonner sa communication au Procureur de la République ou à son délégué,
pour qu’il prenne ses réquisitions, sauf si le président du tribunal d’instance a été
saisi d’office lorsqu’il n’existe pas de délégué du Procureur dans cette juridiction.
(Article 77 CP).

L’instruction préparatoire est obligatoire pour les crimes. Elle est facultative pour
les délits, sauf dispositions spéciales, et peut avoir lieu en matière de
contravention. (Article 70 CPP).

Le réquisitoire doit comporter des mentions obligatoires. Le réquisitoire peut


désigner nommément la personne poursuivie, ou être pris contre X lorsqu’elle
n’est pas identifiée.

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CHAPITRE 2 : L’ACTION CIVILE

L’exercice de l’action civile permet à la victime d’une infraction d’obtenir


réparation de son préjudice par des dommages et intérêts. L’action civile peut
être exercée devant les tribunaux civils ou répressifs.

Lorsque l’action civile est exercée devant les tribunaux répressifs, elle peut
permettre à la victime de mettre en mouvement l’action publique en l’absence
d’initiative du parquet, et même malgré son opposition.

Section 1 – Les parties à l’action civile

Elles sont de deux catégories : les demandeurs (§.1) et les défendeurs (§.2).

§. 1- : Les demandeurs à l’action civile

Selon l’alinéa 1 de l’article 2 du CPP, « l’action civile en réparation de dommage


causé par toute infraction appartient à tous ceux qui ont personnellement souffert
du dommage directement causé par l’infraction ».

Ainsi, le demandeur à l’action civile est la victime directe d’une infraction ou ses
ayants droit. Certaines conditions sont nécessaires à l’exercice de l’action civile.

Le préjudice doit répondre à différents critères :

- Le préjudice doit être certain : le caractère certain du préjudice découle de


l’article 2 du CPP dans la mesure où il prévoit que l’action civile est ouverte
aux personnes qui ont « souffert du dommage directement causé par
l’infraction ». Il s’agit donc d’un dommage effectif, et non éventuel.

- Le préjudice doit résulter d’une infraction : le préjudice a été causé par une
infraction

- Le préjudice doit être direct : il faut que le dommage ait été causé
directement par l’infraction et non indirectement. Exemple : le préjudice lié
à la perte d’un être cher

- Le préjudice doit être personnel : cette notion de préjudice personnel est


liée à celle de préjudice direct. La victime visée par l’article 2 est celle qui
subit personnellement l’infraction et le préjudice qui en résulte.

Depuis l’arrêt de la chambre criminelle de la cour de cassation française en


date du 9 février 1989, les proches de la victime d’une infraction peuvent
exercer une action civile devant les tribunaux répressifs. La Cour a retenu
que « les proches de la victime d'une infraction de blessures involontaires
sont recevables à rapporter la preuve d'un dommage dont ils ont
personnellement souffert et découlant directement des faits objet de la
poursuite ». Cass. crim., 9 février 1989, pourvoi n° 87-81359.

Les ayants droit de la victime bénéficient du pouvoir d’exercer l’action civile.


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Ces ayants droit sont d’abord les héritiers de la victime. Ils exercent une action
héréditaire si la victime est décédée suite à l’infraction. A contrario, si la victime
est décédée pendant la commission de l’infraction, l’action des héritiers est
personnelle car ils auront subi un préjudice personnel.

Les autres ayants droit sont les créanciers de la victime, ou toute personne à qui
elle aurait cédé ses droits. Le droit pénal exclue l’action civile des créanciers, par
contre elle est admise en droit civil par le biais de techniques telles que la
subrogation, la cession de créance, la délégation, ou l’action oblique.

Paragraphe 2 : Les défendeurs à l’action civile

Plusieurs catégories de personnes peuvent être défendeurs à l’action publique.

1. L’auteur de l’infraction

C’est la personne qui a commis l’infraction, ainsi que ses éventuels complices ou
coauteurs.

2. Les héritiers en cas de décès

Même si le décès de l’auteur de l’infraction éteint l’action publique, l’action civile


peut subsister.

En effet, les héritiers de l’auteur de l’infraction peuvent se voir tenus de réparer


les dommages causés, s’ils acceptent la succession.

3. Les personnes civilement responsables

C’est le principe de la responsabilité du fait d’autrui. Ainsi, les parents peuvent


être responsables des dommages causés par leur enfant, les maîtres, artisans ou
commettants du fait de leurs préposés,

4. L’assureur

L’assureur n’est pas tenu de réparer le dommage en raison de sa responsabilité


civile, mais parce qu’il est lié par un contrat à l’auteur de l’infraction. L’assureur
sera partie à la procédure pour que la décision lui soit opposable.

Section 2 – L’exercice de l’action civile

Selon les articles 3 et 4 du CPP, la victime peut choisir d’exercer l’action civile
soit devant les juridictions civiles (§. 1), soit devant les juridictions pénales (§. 2).

§. 1- : L’exercice de l’action civile devant les tribunaux civils

Lorsque l’action civile est exercée devant les juridictions civiles simultanément à
une procédure au pénal ou postérieurement, la procédure au pénal influe sur
celle au civil.
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A- L’autorité de la chose jugée du pénal sur le civil

La décision de la juridiction civile ne doit pas être contradictoire à celle de la


juridiction pénale. Le juge pénal bénéficie de davantage de moyens
d’investigation pour rechercher la vérité.

Ainsi, si le juge pénal prononce une condamnation, le juge civil sera tenu
d’apprécier le préjudice et d’en fixer l’indemnisation.

Si le juge pénal prononce une relaxe ou un acquittement, le juge civil ne pourra


pas allouer de dommages et intérêts. Cependant, le juge civil pourra réparer le
préjudice en donnant des dommages et intérêts sur un autre fondement que la
faute pénale.

B- Le criminel tient le civil en état

Cette règle est prévue par l’alinéa 2 de l’article 4 du CPP : « il est sursis au
jugement de cette action exercée devant la juridiction civile, tant qu’il n’a pas été
prononcé définitivement sur l’action publique, lorsque celle-ci a été mise en
mouvement ».

Ainsi, la procédure civile est gelée dans l’attente de l’issue de la procédure


pénale. Le juge civil ne peut se prononcer avant de prendre connaissance de la
décision du juge pénal. Cela se justifie par la règle de l’autorité de la chose jugée
du pénal sur le civil.

Le sursis à statuer s’impose au juge et est d’ordre public. Il permet d’éviter que la
décision du juge civil ne soit en contradiction avec celle du juge pénal.

§. 2- : L’exercice de l’action civile devant les tribunaux répressifs

Exercer l’action civile devant le juge pénal comporte un intérêt pour la victime en
ce qu’il lui permet de profiter des avantages de la procédure pénale, un système
efficace de recherches de preuves.

La victime peut agir soit par la voie de l’intervention, soit par la voie de l’action.

A- L’intervention

C’est l’hypothèse où des poursuites ont déjà été engagées par le parquet. La
victime se joint à l’action pour demander des dommages et intérêts en réparation
de son préjudice, en se constituant partie civile.

L’intervention de la victime ne doit pas être tardive. Elle peut intervenir pendant
l’instruction, pendant l’audience (article 405 du CPP), et au plus tard avant les
réquisitions du ministère public sur le fond (article 408 du CPP).

En conséquence, la victime ne peut se constituer partie civile qu’en première


instance.
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B- L’action

La victime qui agit par voie d’action, le fait par la citation directe ou par la plainte
avec constitution de partie civile.

- La citation directe : lorsque la citation directe émane de la victime de


l’infraction, cette dernière cite à comparaître par voie d’huissier, l’auteur de
l’infraction devant une juridiction. En pratique, l’huissier va trouver le
prévenu et l’informer de sa convocation devant une juridiction précise, à
une date et heure précises.

La citation directe doit mentionner obligatoirement la date et le lieu de la


convocation, l’identité du requérant et du destinataire, les faits à l’origine
des poursuites et les textes qui les sanctionnent.

- La plainte avec constitution de partie civile : elle est prévue par les articles
76 et suivants du CPP.

Selon l’article 76 alinéa 1 du CPP, « toute personne qui se prétend lésée


par un crime ou un délit peut, en portant plainte devant le juge d’instruction,
se constituer partie civile, soit en comparaissant personnellement ou par
ministère d’avocat, soit par lettre ».

Ainsi, la plainte avec constitution de partie civile s’effectue devant le juge


d’instruction et doit préciser le montant des dommages et intérêts sollicités.
Ladite plainte sera en outre transmise au Procureur de la République aux
fins de réquisitions, sauf exception.

L’article 79 du CPP précise que « la partie civile qui met en mouvement l’action
publique doit, si elle n’a pas obtenu l’assistance judiciaire, et sous peine de non
recevabilité de sa plainte, consigner au greffe la somme présumée nécessaire
pour les faits de la procédure. Cette somme est fixée par ordonnance ».

Cette somme correspond au montant de la consignation que devra verser la


partie civile qui ne bénéficie pas de l’assistance judiciaire.

Que la victime agisse par voie de citation ou par voie de plainte avec constitution
de partie civile, elle devient partie au procès suite à son action. Elle doit être
informée de tous les actes de la procédure et ne peut être entendue qu’en
présence de son avocat.

Cependant, si une décision de relaxe ou d’acquittement est prise, elle peut


éventuellement faire l’objet d’une condamnation pour dénonciation calomnieuse,
ou à payer des dommages et intérêts.

Section 3 – L’extinction de l’action civile

L’action civile se prescrit soit par l’usure du temps (§.1), soit par la satisfaction
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(§.2) ou la renonciation de la victime (§.3).

§. 1- : La prescription

L’action civile est un accessoire de l’action publique. En conséquence, selon


l’article 10 du CPP, la prescription de l’action publique entraine celle de l’action
civile.

L’alinéa 2 précise que « lorsqu’il a été définitivement statué sur l’action publique,
et si une condamnation pénale a été prononcée, l’action civile se prescrit par dix
ans ».

Les règles relatives à la suspension ou l’interruption de la prescription de l’action


civile sont identiques à celles de l’action publique.

§. 2- : L’extinction par la satisfaction de la victime

Il s’agit d’un procédé qui emporte satisfaction de la victime par le versement


d’une indemnité.

C’est l’hypothèse où la victime reçoit un paiement qui la satisfait. La victime n’a


en conséquence plus d’intérêt à exercer l’action civile. Il peut s’agir de remise de
dette, ou de transaction.

§. 3- : Le désistement

La victime peut renoncer à exercer l’action civile en retirant sa plainte et/ou en ne


réclamant plus de dommages et intérêts en réparation de son préjudice.

Le désistement n’est soumis à aucune condition de forme. Il doit cependant


intervenir avant le prononcé d’un jugement.

Lorsque la victime renonce à l’exercice d’une voie de recours qui lui est offerte,
on parle d’acquiescement. C’est une forme de désistement qui éteint l’action
civile.

Lorsque l’action civile est éteinte à cause de la satisfaction ou du désistement de


la victime, l’extinction est absolue. Elle s’applique à l’instance en cours devant les
tribunaux répressifs.

L’article 413 du CPP dispose que le désistement de la partie civile ne met pas
obstacle à l’action civile devant la juridiction compétente.

En outre, il conviendra de préciser que les causes d’extinction propres à l’action


civile sont sans incidence sur l’action publique. Le ministère public peut maintenir
ses poursuites, sauf en cas de retrait de la plainte lorsqu’elle constitue une
condition obligatoire à l’exercice de poursuites.

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Tests de Connaissances 10 :

Question 1 : Distinguez droit pénal et procédure pénale

Question 2 : Quels sont les objectifs d’une enquête policière ?

Question 3 : Qu’est-ce que l’enquête de flagrance ?

Question 4 : Les règles de la procédure pénale permettent-elles à un citoyen lambda de


procéder à l’arrestation d’un autre individu ? Si la réponse est positive, donnez-en les
conditions. Si la réponse est négative, dites pourquoi.

Question 5 : Qu’est-ce que l’enquête préliminaire ?

Question 6 : Distinguez enquête de flagrance et enquête préliminaire.

Question 7 : Quelle est, légalement, la durée maximale d’une garde à vue ?

Question 8 : Quelles sont les différentes suites envisageables au terme d’une garde à
vue ?

Question 9 : Les règles relatives à l’assistance d’un avocat dans l’enquête de flagrance et
dans l’enquête préliminaire sont-elles identiques ? Expliquez.

Question 10 : Quelles sont les règles applicables à la perquisition ?

Question 11 : La preuve pénale est-elle soumise à des restrictions ? Expliquez.

Question 12 : Définissez et distinguez présomption d’innocence et présomption de


culpabilité.

Question 13 : Qu’est-ce que la loyauté de la preuve ?

Question 14 : Quelles sont les caractéristiques du ministère public ?

Question 15 : Quel est le rôle du ministère public ?

Question 16 : Distinguez mise en mouvement et exercice de l’action publique.

Question 17 : Qui peut mettre en mouvement l’action publique ? L’exercer ?

Question 18 : Quelles sont les causes d’extinction de l’action publique ?

Question 19 : Que pensez-vous de la règle de l’opportunité des poursuites ?

Question 20 : Quelles sont les différentes prérogatives offertes au Parquet dans l’exercice
de l’action publique ? Détaillez.

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Question 21 : La procédure de flagrant délit s’applique t-elle à toutes les infractions ?

Question 22 : Quelles sont les conditions d’exercice de l’action civile ?

Question 23 : Dans quelle mesure la procédure au pénal influe t-elle sur la procédure au
civil ?

Question 24 : Dans le cadre de l’exercice de l’action civile devant les tribunaux


répressifs, à quel (s) stades (s) de la procédure l’intervention de la partie civile peut-elle
intervenir ?

Question 25 : Quels sont les « moyens d’action » de la partie civile dans l’exercice de
l’action civile ?

Exercices de Travaux Dirigés

Exercice 1 : Dissertation

Sujet : La mise en mouvement de l’action civile devant une juridiction pénale

Exercice 2 :

Sujet : L’enquête policière

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