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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Introduction générale
1. Définition et objectifs poursuivis
RAPPEL :
Définition Droit pénal matériel = Règles de
Procédure pénale : Ensemble des règles relatives à la recherche des fond (principes, infractions et
infractions, de leurs auteurs et au jugement de ceux-ci peines)
→ Une fois qu’on a une infraction (élément moral, légal et matériel), on
Procédure pénale (ou droit pénal
va essayer d’identifier l’auteur de l’infraction et ensuite on va poser
formel) = Règles qui assurent la
une certains nombres de devoirs (but ultime : juger devant les
mise en œuvre, l’application du
tribunaux pour appliquer une peines) droit pénal
→ On va aller un peu à la pèche des infractions
→ La procédure pénale se retrouve au quotidien !

MAIS la majorité des infractions n’arrivent pas au stade du jugement, car il y a un certain nombres de portes de
sortie
→ CSS, transaction pénale, médiation pénale
→ Seulement une minorités de dossiers se retrouvent devant les juridictions

La procédure pénale répond aux questions :


→ Qui peut poursuivre ?
→ Comment poursuivre ? (règles relatives à l’information, l’instruction, le jugement et l’exécution des
peines)
→ Qui peut être poursuivi, pour quelles raisons, à quelles conditions ?
→ Devant quelle juridiction ? (organisation judiciaire, compétence, fonctionnement des juridictions)
→ Avec quelles garanties procédurales ?
→ Quelles sont les voies de recours ?

2 grands objectifs en tension

Objectif 1° : Intérêt collectif Objectif 2° : Intérêt individuel


◊ Application effective de la loi pénale + recherche ◊ Respect des droits fondamentaux
de la vérité judiciaire ◊ On veut garantir les droits fondamentaux des
◊ On veut lutter efficacement contre la criminalité, justiciables : présomption d’innocence,
rechercher auteurs d’infractions, les poursuivre respect de la vie privée, droit au procès
et les juger, avec rapidité et certitude équitable, ...

Ces 2 objectifs sont régulièrement en tension et il y a donc une recherche d’équilibre entre ce double impératif
→ Assez difficile mais c’est nécessaire dans Etat démocratique !
→ De temps en temps l’état va un peu trop loin, et des associations interviennent (ex : la ligue des droit
humains, les barreaux francophones/néerlandophone) et alors l’état doit faire marche arrière

Ex: détention préventive


→ C’est une atteinte à la liberté individuelle et au droit au respect de la vie privé et une atteinte à
l’interdiction de traitement inhumain et dégradant
→ MAIS en meme temps on estime, que cette détention dans certaines conditions est nécessaires pour
protéger la société et pour assurer l’application du droit pénale et du bon déroulement de l’enquête
→ On l’utilise souvent quand le juge d’instruction estime qu’il y a un risque de fuite, un risque de
disparition de peine

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Ex : prélèvement ADN
→ C’est aussi une atteint, pourtant c’est considéré comme nécessaire et indispensable

Ex : méthode particulière de recherches


→ Peuvent porter atteintes au DF MAIS elles sont quand meme considérées comme indispensable
→ Ex : infiltration

2. Principes directeurs de la procédure pénale


Il y a une séries de DF, des principes qui traversent tout le procès pénal

2.1. Procédure accusatoire v. inquisitoire


Accusatoire = Procédure publique (le public peut avoir accès au dossier), orale et contradictoire (chaque partie
au procès a le droit de disputer de tous les éléments qui sont mis sur la table
→ ✓ : garantir les droits de la défense (notamment via le principe du contradictoire
→ ✗ : peut nuire au bon déroulement de l’enquête pénale et à la présomption innocence (si tout est porté
à la connaissance du public, la présomption d’innocence peut être atteinte)

Inquisitoire = Procédure secrète (les acteurs ne doivent pas se justifier de l’avancement du dossier), écrite et
unilatérale (il ne faut pas soumettre chaque élément à l’autre partie
→ ✓ : garantir bon déroulement de l’enquête pénale et présomption innocence
→ ✗ : peut nuire aux droits de la défense

Et la procédure belge ? C’est mixte !


Phase préliminaire = proche du modèle inquisitoire
→ secret d’information et d’instruction, audiences des juridiction d’instruction à huis clos
→ Phase essentiellement unilatérale (pas de contradiction)
→ MAIS de plus en plus marquée par des accents accusatoire : on autorise aux parties d’avoir accès au
dossier d’instruction et d’information (sous certaines conditions)
o On peut leur refuser, mais les parties ont un droit de recours contre cette décision

Phase de jugement = proche du modèle accusatoire


→ publicité des débats, prononciation des jugements en audience publique
→ MAIS il y a de temps en temps des exceptions
o Le huis clos
o Les audiences vont de plus en vite, car il y en a de plus en plus, donc on réduit cette temporalité
orale : le juge a tendance à statuer sur les pièces du dossier constitué durant la phase
préliminaire (donc pas beaucoup de débat)
→ La cour d’assises préserve toujours cet aspect oral

2.2. Principes d’impartialité, d’indépendance et de séparation des fonctions de justice


répressive
Le procès équitable
Essentiel par rapport aux principes directeurs
→ C’est une notion relativement large et rassemble plusieurs DF
→ Les garanties du procès équitable sont inscrites à l’art 6 ConvEDH :
o §1er : droit au procès équitable
o §2 : présomption d’innocence
o §3 : droits de la défense

Rappel : la notion de droit pénal est plus large au niveau EU qu’au niveau des droits internes
→ BUT : pouvoir appliquer les garanties de cet article

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L’impartialité, l’indépendante et la séparation des fonctions de justice répressives sont des exigences qui font
partie des garanties participant au procès équitable
→ art. 6.1 ConvEDH, art. 14 PIDCP, art. 47 Charte droits fondamentaux UE

Indépendance des autorités judiciaires


Principes fondamental qui fonde tout état démocratiques
→ Ca découle du principe de séparation des pouvoirs

C° art. 151, §1er :


« Les juges sont indépendants dans l’exercice de leurs compétences juridictionnelles »

BUT : le statut constitutionnel et légal du juge doit le prémunir contre lespressions extérieures (des parties
politiques, des parties, de la presse

Comment :
→ le mode de désignation des magistrats est exempt de toute pression politique
o Le Conseil supérieur de la justice fait passer les examens du magistrat, et sur base de ces exams,
il fait une proposition au ministre de la justice (qui peut refuser, mais avec une forte motivation)
→ La durée du mandat : le mandat d’un juge, c’est à vie (jusqu’à l’âge légal de la pension)
o Si on le nomme uniquement pour 2 ans et pour ensuite être soumis à évolution, il peut y avoir
des pression qui seront exercées pour garder ce magistrat ou pour ne pas le garder en fonction
de la composition politique du moment
→ etc.

Impartialité du juge
= Absence de préjugé ou de parti pris dans chef du juge / juridiction
→ Càd d’une manière générale, ou précise et particulière (dans une affaire), le juge doit présenter ces
garanties d’impartialité qui font qu’il va aborder l’affaire sans préjugé et sans parti pris

Il y a une présomption d’impartialité : Le juge est présumé être impartie jusqu’a preuve du contraire
→ Possibilité de demander la recuser un juge ou de dessaisir une juridiction

Garanties prévues par le Code judiciaire :

→ Interdiction du cumul des fonctions judiciaires


o Si un juge va connaitre d’une affaire en tant que président ou membre d’une juridiction
d’instruction qui va renvoyer devant la chambre correctionnelle, il ne faudrait pas que ce juge
qui a fait partie de la chambre des accusation, soit après juge du tribunal de police ou au tribunal
correctionnel qui va juger de cette affaire
o En gros: interdiction de connaitre de la meme affaire dans des fonctions différentes
→ Incompatibilités
→ Causes de récusation
→ Dessaisissement pour cause de suspicion légitime,
→ Interdiction d’être juge et partie dans une même cause
→ …
Distinction entre 2 types d’impartialités :
→ objective (in abstracto) : une juridiction dans son ensemble présente les garanties d’impartialité
→ subjective (in concreto) : l’impartialité du juge dans une affaire particulière
o Donc pas de degrés de parentalité avec la personne jugée ou la victime de l’infraction
o = toutes les incompatibilités dans le chef du juge

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!!! L’impartialité ne s’impose pas au parquet!!


→ Très important
→ Le parquet peut prendre fait et cause pour une des parties, il peut prendre parti en faveur de la victime
ou inversement, car il n’est pas tenu par ses garanties
→ MAIS il a une obligation de loyauté dans les poursuite, les dossiers qu’il applique
Cass., 14 octobre 1996 : arrêt « Connerotte » ou « Spaghetti » :
« Attendu que l’impartialité des juges est une règle fondamentale de l’organisation judiciaire ; qu’elle constitue,
avec le principe de l’indépendance des juges à l’égard des autres Pouvoirs, le fondement même non seulement des
dispositions constitutionnelles qui règlent l’existence du Pouvoir judiciaire, mais de tout Etat démocratique ; que les
justiciables y trouvent la garantie que les juges appliqueront la loi de manière égale »
« Attendu que la condition essentielle de l’impartialité du juge d’instruction est son indépendance totale à l’égard des
parties, en manière telle qu’il ne puisse s’exposer au soupçon de partialité dans l’instruction des faits, que ce soit à
charge ou à décharge ; que le juge d’instruction ne cesse à aucun moment d’être un juge ne pouvant susciter dans
l’esprit des parties ou dans l’opinion générale une apparence de partialité ; qu’aucune circonstance, fût-elle
exceptionnelle, ne le dispense de ce devoir »
« Que le juge d’instruction qui a été reçu par une partie à ses frais ou qui a agréé d’elle des présents, et a manifesté de
la sorte sa sympathie à l’égard de cette partie, se met dans l’impossibilité d’instruire la cause de celle-ci sans susciter
chez les autres parties, notamment les inculpés, et les tiers une suspicion quant à son aptitude à remplir sa mission
d’une manière objective et impartiale ».

Cass., 24 avril 2002


« Attendu que le tribunal correctionnel, qui confirme les peines infligées au demandeur par le premier juge, était
composé notamment du président F. M., lequel avait précédemment connu de la cause, pour avoir, en qualité de
président de la chambre du conseil, renvoyé le demandeur à la juridiction de jugement ; Attendu que le tribunal
correctionnel ainsi composé n’offrait pas les garanties d’un tribunal impartial imposées par les dispositions
précitées ».

Séparations des fonctions de justice répressive


Pour éviter abus de pouvoir, on va confier à des organes des fonctions différentes de (traduction en matière
pénale de la séparation des pouvoirs) :
→ Poursuites => ministère public
→ Instruction => juge d’instruction (appréciation par juridictions d’instruction)
→ Jugement => juridictions de jugement (« juges du fond »)

Important : puisque le but est de séparer, il y a une interdiction d’empiéter sur les attributions des uns et des
autres:
→ Les Juridictions et le MP jouissent d’une indépendance l’un vis-à-vis de l’autre
→ Le cumul des fonctions judiciaires dans chef d’une même personne est interdit (sauf exceptions
prévues par la loi)
→ Une décision rendue par un juge qui a précédemment connu de la cause dans l’exercice d’une autre
fonction judiciaire est nulle

2.3. Présomption d’innocence et droit au silence


Présomption d’innocence

« Toute personne accusée d’une infraction est présumée innocente jusqu’à ce que
sa culpabilité ait été légalement établie»
CEDH art 6.2 ; Chart EU art 48.1 ; PIDCP art 14.2

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La Présomption d’innocence implique 2 conséquences:


1° - Au stade préliminaire du procès pénal :
→ Le suspect a un droit au silence (droit de se taire dans toutes les langues), droit d’adopter une attitude
passive
→ La détention préventive ne peut pas être utilisée pour exercer une répression immédiate
o Le juge d’instruction ne peut pas dire qu’il va mettre en prison simplement parce qu’il est
persuadé de la culpabilité

2° - Au niveau de l’administration de la preuve :


→ La charge de la preuve incombe à la partie poursuivante
o On ne doit pas prouver qu’on est innocent, il faut prouver que l’autre est coupable
→ Le doute profite à l’accusé : A partir du moment ou le juge à un doute sur la cuplabilitén il doit aquiter

Cass., 23 novembre 2006 : « L’arrêt constate que, dans une lettre adressée au procureur du Roi à Liège pour l’informer
de l’état du dossier, le magistrat dont la récusation est demandée a écrit : « l’auteur présumé nie toujours les faits ».
Telle qu’elle est consacrée par l’article 6.2. de la CEDH, la présomption d’innocence impose que toute personne
accusée d’une infraction soit présumée innocente jusqu’à ce que sa culpabilité soit légalement établie ; elle s’oppose
à ce qu’une personne soupçonnée de faits faisant l’objet d’une instruction judiciaire soit présumée en être
l’auteur ».

Cass., 23 mars 2016 : « Le respect de la présomption d’innocence interdit au juge de se prononcer prématurément
sur la culpabilité́de la personne poursuivie, mais ne l’empêche pas de considérer avant le jugement de la cause que
les faits reprochés à cette personne constituent une infraction, pour autant qu’il ne les déclare pas établis dans son
chef ».

Cass., 3 octobre 2012 (conséquences tirées par rapport à quelqu’un qui s’est tu dans toutes les langues) :
« La présomption d'innocence n'empêche pas le juge de prendre en considération, lors de la détermination du taux de
la peine, tous les éléments propres à la personne du prévenu qui sont régulièrement recueillis et qui ont été soumis à
la contradiction des parties, tels ceux qui sont relatifs à sa situation financière ou à la manière dont il acquiert ou
dépense ses revenus. »
« Lorsque les charges sont écrasantes pour la personne poursuivie, le juge qui tire du silence ou des explications
insatisfaisantes de celle-ci des conclusions défavorables au titre de présomptions de l'homme, ne méconnaît ni
les droits de la défense ni la présomption d'innocence ».

Cour. eur. D.H., 21 septembre 2006, Pandy c. Belgique


Requérant a toujours nié les faits et se comparait à Dreyfus ; lors d’une audience publique de la chambre du conseil, il
reprend cette comparaison et le juge d’instruction lui rétorque qu’il devrait plutôt se comparer à Landru ou au docteur
Petiot. Quatre quotidiens belges reprennent l’échange. Demande de récusation, rejetée par cour d’appel.
« Les propos du juge d’instruction peuvent être considérés comme accidentels et secondaires dans le cadre d’une
instruction complexe qui s’est déroulée sans heurts et que le requérant a lui-même saluée. La Cour considère
cependant que ceux-ci n’en restent pas moins sujets à critique sous l’angle du principe de la présomption d’innocence
dès lors qu’ils consistaient à assimiler le requérant à des tueurs en série connus et reconnus. Indépendamment du
fait de savoir si les propos en cause répondaient à une provocation de la part du requérant, ceux-ci ne sont pas
admissibles dans le chef d’un magistrat instructeur, chargé en droit belge d’instruire tant à charge qu’à décharge, ce
qui justifie un examen plus rigoureux. La Cour estime, par conséquent, que les propos litigieux peuvent, dans les
circonstances de l’espèce, être assimilés à une déclaration de culpabilité qui, d’une part, incitait le public à croire en
celle-ci et, de l’autre, préjugeait de l’appréciation des faits par les juges compétents » (§§ 45 et 46).

Droit au silence
La jp de la CourEDH a considéré que le droit au silence était compris dans le droit au procès équitable (art. 6.1
CEDH)

Traduction belge :(on y reviendra)


Art. 14.3.g PIDCP
« Toute personne accusée d’une infraction pénale a droit (…) à ne pas être forcée de témoigner contre elle-même ou 5
de s’avouer coupable »
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Audition d’une personne : Art. 47bis, §1er, C.i.cr.


Audition d’un suspect : Art. 47bis, §2, C.i.cr

2.4. Respect des droits de la défense


Sources (droit qui implique plusieurs choses) :
→ Art. 6.3 CEDH
→ Art. 14, §3 PIDCP
→ Art. 48.2 Charte UE

Cour. eur . D.H., 27 novembre 2008, Salduz c. Turquie


Personne auditionnée par la police, sans la présence d’un avocat, mais elle avait fait des déclarations de culpabilité et c’est
ce qui est reprochée et ça a donné lieu à la loi Sadluz qui depuis lors a été reformée
« En résumé, même si le requérant a eu l'occasion de contester les preuves à charge, son procès en première instance
puis en appel, l'impossibilité pour lui de se faire assister par un avocat alors qu'il se trouvait en garde vue a
irrémédiablement nuit à ses droits de la défense ».

Cour. eur. D.H., 2 juin 2005, Goktepe, c. Belgique


Droit de la défense dans son aspect contradictoire : droit de chaque parti de pouvoir disputer de tous les éléments mis à
charge
« Du fait du refus de la cour de poser des questions individualisées sur les circonstances aggravantes, le jury ne
pouvait se prononcer sur celles-ci qu’à l’égard de tous les accusés. Or, une réponse affirmative aux questions posées à
cet égard entraînait une aggravation automatique et substantielle des peines encourues. La question de l'implication
personnelle du requérant, qui a toujours nié avoir porté les coups ayant conduit au décès de la victime, était donc
déterminante pour l'exercice de ses droits de la défense (§ 28). Le fait qu'une juridiction n'ait pas égard à des
arguments portant sur un point essentiel et entraînant des conséquences aussi sévères doit passer pour incompatible
avec l’article 6 de la Convention (§ 29).

Triple conséquence concernant la violation droits de la défense


→ 1° : Irrecevabilité des poursuites (le juge ne va pas se prononcer sur l’affaire)
→ 2° : Écartement de l’élément obtenu en violant les droits de la défense ainsi que tous les éléments
obtenus ensuite et qui sont la conséquences de l’élément vicié dès le départ
o Le juge déclare l’affaire recevable mais écarte l’élément

Cass., 27 novembre 2012


« Les droits de la défense et le droit à un procès équitable sont, en principe, violés lorsqu’un suspect fait des
déclarations au cours d’une audition par la police ou par le juge d’instruction ou lors de la reconstitution, sans avoir la
possibilité d’être assisté d’un avocat.
De cette circonstance ne résulte pas automatiquement l'impossibilité définitive d'examiner de manière équitable
la cause d'un suspect, ensuite prévenu ou accusé. Lorsque le juge n'utilise pas les déclarations à titre de preuve
déterminante, (…), le caractère équitable du procès reste garanti ».

→ 3° : Cet éléments est considéré comme sans incidence s’il a été remédié à la violation des droits de la
défense dans la suite de la procédure

2.5. Droit à un procès équitable


Art. 6.1 : La Cour fait une appréciation « globale » s’il y a atteinte au procès équitable
→ Seule l’atteinte irrémédiable au procès équitable entraîne l’irrecevabilité des poursuites
→ On va avoir égard a diff règlements et la CourEDH a identifié un certain nombre d’éléments qu’il faut
prendre en compte dans leur globalité
→ On examine l’affaire dans son ensemble!

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Cour eur. D.H., 13 septembre 2016, Ibrahim et autres c. Royaume Uni
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein
« Un procès pénal impliquant en général une interaction complexe de différents aspects de la procédure pénale, il est
souvent artificiel de chercher à catégoriser une affaire pour dire sous l’angle de quel droit particulier découlant de
l’article 6 elle doit être examinée
Lorsque la procédure est examinée dans son ensemble de manière à mesurer les conséquences de lacunes
procédurales survenues au stade de l’enquête sur l’équité globale du procès pénal, les facteurs non limitatifs énumérés
ci-dessous, qui découlent de la jurisprudence de la Cour, doivent être pris en compte s’il y a lieu :
a) la vulnérabilité particulière du requérant, par exemple en raison de son âge ou de ses capacités mentales ;
b) le dispositif légal encadrant la procédure antérieure à la phase de jugement et l’admissibilité des preuves au
cours de cette phase, ainsi que le respect ou non de ce dispositif, étant entendu que, quand s’applique une
règle dite d’exclusion, il est très peu vraisemblable que la procédure dans son ensemble soit jugée inéquitable ;
c) la possibilité ou non pour le requérant de contester l’authenticité des preuves recueillies et de s’opposer à leur
production ;
d) la qualité des preuves et l’existence ou non de doutes quant à leur fiabilité ou à leur exactitude compte tenu des
circonstances dans lesquelles elles ont été obtenues ainsi que du degré et de la nature de toute contrainte qui
aurait été exercée ;
e) lorsque les preuves ont été recueillies illégalement, l’illégalité en question et, si celle-ci procède de la violation
d’un autre article de la Convention, la nature de la violation constatée ;
f) s’il s’agit d’une déposition, la nature de celle-ci et le point de savoir s’il y a eu prompte rétractation ou
rectification ;
g) l’utilisation faite des preuves, et en particulier le point de savoir si elles sont une partie intégrante ou
importante des pièces à charge sur lesquelles s’est fondée la condamnation, ainsi que la force des autres
éléments du dossier ;
h) le point de savoir si la culpabilité a été appréciée par des magistrats professionnels ou par des jurés et, dans ce
dernier cas, la teneur des instructions qui auraient été données au jury ;
i) l’importance de l’intérêt public à enquêter sur l’infraction particulière en cause et à en sanctionner l’auteur ;
j) l’existence dans le droit et la pratique internes d’autres garanties procédurales ».

Quand invoquer une violation du droit à un procès équitable?


→ Dès que possible, mais pas de manière prématurée
o Pq le plus rapidement possible? Car il y a une possibilité pour la juridiction saisie de constater
que l’irrégularité commise entraine, d’ores et déjà, la violation irrémédiable du droit au procès
équitable sans devoir attendre le jugement de fond
→ MAIS la violation du droit au procès équitable est subordonnée au constat que la culpabilité soit établie
o Si notre culpabilité n’est pas établie, on ne peut pas l’invoquer DONC c’est pour ça qu’il ne faut
pas l’invoquer de façon prématurée

Illustration : Cour eur . D.H., Simons c. Belgique, décision d’irrecevabilité du 28 août 2012
→ Absence d’avocat lors de la garde à vue, lors de la 1ère audition à la police et lors de l’interrogatoire du
JI
→ Décision de la Cour : requête prématurée car:
o La conformité d’un procès aux principes fixés à l’art 6 Conv doit en principe être examinée sur
la base de l’ensemble du procès
o Un accusé ne peut se dire victime d’une violation de son droit à un procès équitable en l’absence
de déclaration de culpabilité et de condamnation

Cour eur. D.H., Simons c. Belgique, décision d’irrecevabilité, 28 août 2012 : « Selon la Cour, prise sous l’angle de l’article 6
§§ 1 et 3 c) de la Convention, la requête est en tout état de cause prématurée. Elle constate en effet que la procédure
interne est pendante au stade de l’instruction. Or, d’une part, la conformité d’un procès aux principes fixés à l’article 6
de la Convention doit en principe être examinée sur la base de l’ensemble du procès (…). D’autre part, un « accusé » ne
peut se dire victime d’une violation de son droit à un procès équitable en l’absence de déclaration de culpabilité et de
condamnation (…) »

Cour eur. D.H., Bouglame c. Belgique, décision d’irrecevabilité, 2 mars 2010 : « la Cour rappelle qu'il est de jurisprudence
constante qu'à la suite d'un acquittement ou de l'annulation d'une condamnation, le requérant ne peut pas être
considéré comme « victime » des droits garantis par l'article 6 de la Convention »
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2.6. Publicité des débats devant la juridiction de jugement


Sources :
→ CEDH art. 6.1
→ Traduction en droit interne : C° art. 148 : « Les audiences des tribunaux sont publiques, à moins que
cette publicité ne soit dangereuse pour l’ordre ou les mœurs ; et, dans ce cas, le tribunal le déclare par
jugement (…) »

Le huit clos
Il est toujours possible de décréter le huit clos pour une partie ou la totalité des débats : mais à caractère
exceptionnel!

C’est possible dans une série d’hypothèse


→ Dans l’intérêt de la moralité
→ Dans l’intérêt de l’ordre public ou de la sécurité nationale
→ Lorsque les intérêts des mineurs ou la protection de la vie privée des parties au procès l’exigent ;
→ Dans la mesure jugée strictement nécessaire pour le tribunal lorsque, dans des circonstances spéciales,
la publicité serait de nature à porter atteinte aux intérêts de la justice.

Actualité : Normalement, il n’y a pas de huit clos devant la cour d’assises MAIS on a eu un précédent il n’y a pas
si longtemps : le président de la Cour d’assise a déclaré un huis clos ce qui a été fort critiqué (puisque le
principe de la cour d’assises c’est que tout soit oral)

Prononciation du jugement
C° art. 149 :
→ Ancien texte : « Tout jugement est motivé. Il est prononcé en audience publique »
o On peut bien avoir un jugement en huis clos MAIS il doit toujours être prononcé en audience
publique
→ Nouveau texte : « Tout jugement est motivé. Il est rendu public selon les modalités fixées par la loi. En
matière pénale, son dispositif est prononcé en audience publique ».

Il y a eu une modification constitutionnelle du 22 avril 2019 + art. 346 C.i.cr. modifié par la loi du 5 mai 2019
modifiant le Code d’instruction criminelle et le Code judiciaire en ce qui concerne la publication des jugements
et des arrêts
→ L’entrée en vigueur fixée à une date déterminée par arrêté royal et au plus tard le 1er septembre 2022
→ DONC, pour le moment, le juge doit lire son jugement dans son entièreté

A partir de l’entrée en vigueur : il y aura la faculté pour le juge de se limiter à lire le dispositif de la décision (=
conclusion avec toutes les peines)
→ Pas une obligation!
→ Pourquoi : lire tout un jugement prend beaucoup de temps (parfois presque 1h)
→ MAIS en meme temps lire le jugement c’est aussi rendre la justice publiquement : c’est un peu dommage
du coup, car le grand public doit comprendre comment la justice est donnée

2.7. Délai raisonnable


= Délai endéans lequel l’action publique exercée à charge d’une personne doit être jugée (on vise l’ensemble de
la procédure)

Sources : CEDH Art. 6.1, PICDP 14.3.c) et Charte UE art 47

Art. 6.1. CEDH : « Toute personne a droit à ce que sa cause soit entendue (…) dans un délai raisonnable »

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Le délai raisonnable doit être apprécié in concreto sur l’ensemble de la procédure et pas seulement sur une
phase
→ MAIS il se peut qu’on constate déjà au cour de la phase préliminaire que le délai raisonnable a été
dépassé, sans attendre la phase de jugement
o On peut déjà invoquer durant la phase préliminaire MAIS attention de ne pas faire de manière
prématurée, car si on le fait une fois, on ne pourra pas le faire une seconde fois

Pourquoi ça a été mis en place ?


→ Épargner à l’inculpé de trop longues incertitudes sur son sort
o Ne pas laisser planer une épée de Damoclès au-dessus de sa tête
o Soucis de sécurité juridique
→ Volonté de ne pas prolonger les souffrances d’une personne poursuivie mais présumée innocente
o Il y a la détention préventive et si on traine trop dans un dossier on peut y rester longtemps
→ Danger de dépérissement des preuves et atteinte aux droits de la défense
o Au plus le temps s’écoule, au moins on a de chance de trouver des preuves
o Pareil au niveau des témoignage, si on attend trop c’est bof, la personne peut mourir ou oublier
des détails

À partir de quand ?
→ Dès le moment où une personne est suspectée du chef d’infractions faisant l’objet de l’action publique,
càd dès que cette personne se trouve dans l’obligation de fait de se défendre

Comment : Appréciation in concreto par les juridictions de jugement (sauf exceptions) en fonction de différents
facteurs tels que :
→ La complexité de l’affaire (un meurtre prendra plus de temps qu’une détention de cannabis)
→ Le comportement du prévenu et des autorités
o Le prévenu peut participer au délai assez long :
▪ au moins il dit, au moins il aide et au plus ça prendra du temps (meme s’il a le droit
d’avoir une position passive)
▪ Prendre des mesures dilatoires afin d’attendre le délai de la prescription publique
• Ex: ne pas reconnaitre la compétence du tribunal
• Ex : Il peut changer plusieurs fois d’avocat (qui demandera à reporter l’affaire
car il n’a pas encore totalement connaissance du dossier)
→ L’enjeu de la procédure

Conséquences du dépassement du délai raisonnable


Les conséquences se retrouvent à 3 niveaux :
1° : Administration de la preuve est devenue impossible
→ Très rare
→ Ex: disparation des preuves ou témoins clef qui est décédé
→ Conséquence : Acquittement

2° : Droits de la défense :
→ les preuves sont présentes mais difficiles à avoir (témoins qui est devenu vieux)
→ La défense n’est pas en mesure de se défendre par rapport aux preuves qui ne sont plus aussi pertinentes
→ Conséquence : irrecevabilité des poursuites
o le juge ne peut pas connaitre du fond de l’affaire

3° : Sanction pénale
→ Majorité des cas
→ Conséquence : Le juge déclare une simple déclaration de culpabilité ou une peine inférieure au minimum
légal (art. 21ter TPCPP)
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Cass., 17 octobre 2001 : « Attendu que, lorsqu’il constate régulièrement que le délai raisonnable a été dépassé sans que
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cette circonstance ait eu d’influence sur l’administration de la preuve ou sur l’exercice des droits de la défense, le juge
peut soit prononcer la condamnation par simple déclaration de culpabilité ou prononcer une peine inférieure à la peine
minimale prévue par la loi, conformément à l’article 21ter du titre préliminaire du Code de procédure pénale (...) ».

2.8. Motivation des décisions judiciaires et droit à un double degré de juridiction


Motivation des décisions judiciaires
Sources :
→ CEDH art. 6.1 (jurisprudence CEDH)
→ C° art 149 : « Tout jugement est motivé (…) »
→ + Cicr Art. 195: Obligation spéciale en matière correctionnelle (Renvoi au cours de droit pénal)

Droit à un double degrés de juridiction


= Possibilité d’exercer un recours contre une décision rendue en première instance
→ Principe MAIS il y a un certain nombre d’exceptions (d’abord reconnues par le PIDCP)

Art. 14.5 PIDCP : réserve formulée par la Belgique lors de la ratification :


→ Quant au paragraphe 5, il ne s’appliquera pas aux personnes qui, en vertu de la loi belge, sont déclarées
coupables ou condamnées en seconde instance, ou qui, en vertu de la loi belge, sont directement
déférées à une juridiction supérieure telle que la Cour de cassation, la cour d’appel, la cour d’assises
→ On vise le jugement des ministres et les arrêts de la cour d’assises

Art. 2 du 7e protocole additionnel à la CEDH : ratifié par la Belgique le 13 avril 2012 mais reserves

1.Toute personne déclarée coupable d’une infraction pénale par un tribunal a le droit de faire examiner par une
juridiction supérieure la déclaration de culpabilité ou la condamnation. L’exercice de ce droit, y compris les motifs
pour lesquels il peut être exercé, sont régis par la loi.

2. Ce droit peut faire l’objet d’exceptions pour des infractions mineures telles qu’elles sont définies par la loi ou
lorsque l’intéressé a été jugé en première instance par la plus haute juridiction ou a été déclaré coupable et condamné
à la suite d’un recours contre son acquittement

→ On retrouve les exceptions autorisées dans le rapport explicatif du Conseil Europe (la Belgique n’est pas
la seule à avoir émis ces réserves) : « 20. Lorsque l’intéressé a été jugé en première instance par la plus
haute juridiction, par exemple à cause de son rang (ministre, juge ou autre titulaire d’une haute
charge), ou en raison de la nature de l’infraction »

Conclusion : oui c’est un droit mais un peu vidé de sa substance

2.9. Droit à la liberté individuelle


Sources :
→ PIDCP art 9
→ Charte UE art 6
→ CEDH art 5 (Article important dans le cas de la phase préliminaire)
o Art. 5.1. CEDH : reprend le principe
o Art. 5.2. à 5.5 CEDH = garanties pour la personne privée de liberté :
▪ Droit d’être informée dans le plus court délai et dans une langue qu’elle comprend, des
raisons de son arrestation et de toute accusation portée contre elle ;
▪ Droit d’être traduite aussitôt devant un juge ;
▪ Droit d’être jugée dans un délai raisonnable ou d’être libérée pendant la procédure ;
▪ Droit d’introduire un recours devant un tribunal afin qu’il statue à bref délai sur la
légalité de sa détention ;
▪ Droit à une réparation en cas d’arrestation ou de détention contraire aux règles reprises
ci-dessus

10
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Traduction en droit belge : C° art 12


→ révision de la C° du 24 octobre 2017 : avant, le délai maximal pendant lequel on pouvait priver quelqu’un
de sa liberté avant l’intervention d’un juge d’instruction était de 24h
→ Cette modification a eu lieu pendant la période d’attentat terroriste
o Idée d’instaurer un délai de 72h juste pour les infraction terroriste
o MAIS au final on a fait marche arrière et on a donné 48h pour tous : ca a donc contaminé tout le
droit pénal

2.10. Droit au respect de la vie privée et familiale


Sources :
→ C° belge :
o Art. 22 : protection vie privée et familiale
o Art. 15 : protection du domicile
o Art. 29 : protection de correspondance
→ Art. 8 CEDH, art. 7 Charte UE

CEDH art. 8.2:


« Il ne peut y avoir ingérence d’une autorité publique dans l’exercice de ce droit que pour autant que cette ingérence
est prévue par la loi et qu’elle constitue une mesure qui, dans une société démocratique, est nécessaire à la sécurité
nationale, à la sûreté publique, au bien-être économique du pays, à la défense de l’ordre et à la prévention des
infractions pénales, à la protection de la santé ou de la morale, ou à la protection des droits et libertés d’autrui »

C’est un droit relatif : des ingérences autorisées à certaines conditions


→ Principe de légalité : ingérence prévue par la loi
→ Principe de finalité : ingérence doit être nécessaire par rapport aux buts légitimes poursuivis
→ Principe de proportionnalité : ingérence nécessaire

Cass, 2 mars 2005 : « Attendu que les juges d’appel n’ont pas violé l’article 8 de la Convention de sauvegarde des droits
de l’homme et des libertés fondamentales en décidant qu’aucune ingérence de l’autorité publique dans le droit au
respect de la vie privée ne saurait résulter de la circonstance qu’un employeur a installé, dans son magasin, un
dispositif de vidéosurveillance visant la caisse enregistreuse au moyen de laquelle un de ses employés commettrait
des infractions à son préjudice ».

Anvers, 25 juin 2014 : La paternité peut être établie en justice sur la base de la preuve de relations sexuelles, du refus
de se soumettre à un test ADN et de la suggestion faite à la mère par le père présumé de se faire avorter, en
conjonction avec d'autres éléments. Des présomptions graves, précises et concordantes peuvent effectivement
conduire, au regard de leur cohérence et de leur ensemble, à la preuve de la paternité d’un enfant. Le droit au respect
2.11. Droit à l’égalité de traitement et à la non-discrimination
de la vie privée et familiale du père présumé ne peut être invoqué pour empêcher l'établissement judiciaire de la
Sources :
paternité
→ CEDH art. 14
→ Charte UE art. 21 et 22,
→ C° art. 10 et 11

C’est un droit qui est beaucoup évoqué dans le cadre des recours devant la CC°
→ On observe une application croissante en procédure pénale sous l’impulsion de la CC°
→ Souvent elle constate la violation de ces articles 10 et 11

C.C., 15 janvier 2017, n°6/2017 : « L’art. 21bis du C.i.cr. (…) viole les articles 10 et 11 de la Constitution en ce qu’il ne
prévoit pas de recours devant un juge indépendant et impartial contre le refus ou l’absence de décision du
ministère public quant à une demande d’accès à un dossier à l’information formulée par la personne soupçonnée ».

11
C.C., 15 décembre 2011, n °193/2011 et 22 décembre 2011, n°199/2011 : « L'article 56, alinéa 2, du Code pénal, lu en
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein
combinaison avec l'article 25 du même Code, avec l'article 216novies du Code d'instruction criminelle et avec l'article
2, alinéas 1er et 3, de la loi du 4 octobre 1867 sur les circonstances atténuantes, viole les articles 10 et 11 de la
Constitution, mais uniquement dans la mesure où il autorise la condamnation de l'inculpé renvoyé au tribunal
correctionnel du chef d'un crime correctionnalisé commis moins de cinq ans après qu'il a subi ou prescrit une peine
d'emprisonnement d'au moins un an, à une peine supérieure à celle qui peut être prononcée à l’égard de
l'inculpé renvoyé du chef du même crime commis dans cette même circonstance à la cour d'assises ayant constaté
l'existence de circonstances atténuantes »

3. Sources du droit de la procédure pénale


Constitution

Traités internationaux
1° : CEDH, PIDCP, Charte Droits fondamentaux, Convention relative aux droits de l'enfant, …
→ Ex : délai raisonnable, procès équitable, présomption d’innocence, publicité des jugements, droit à la
liberté individuelle, droit au respect de la vie privée, …

2° : Droit de l’Union européenne


→ Droit de l’UE constitutionnel
o Charte des droits fondamentaux de l’U
→ Droit pénal (au sens strict) de l’UE
o Décisions cadres:
▪ ex. sur le mandat d’arrêt européen, sur le trafic de drogue
o Directives (depuis le Traité de Lisbonne, 1 er déc. 2009):
▪ ex. droits des victimes, droit à l’assistance d’un avocat,...
o Conventions:
▪ Ex : Convention de l’UE relative à l’entraide judiciaire en matière pénale (2000)
o Jurisprudence de la Cour de Justice de l’UE (=CJUE)
▪ Rend de plus en plus d’arrêt en matière pénale

3° : Conseil de l’Europe
→ Convention européenne des droits de l’homme (CEDH)
→ Conventions (par ex. extradition, entraide pénale, cybercriminalité)

4° : Autres conventions internationales (OCDE, ONU,...)

Code d'instruction criminelle (1808: encore plus vieux que le CP) et Titre préliminaire du Code de procédure
pénale (1878)
+ Lois modificatives du Code d'instruction criminelle
→ Lois qui ont moidifié les articles dans le CICr ou le TPCPP
→ Ex : loi du 12 mars 1998 dite loi Franchimont, lois des 13 août 2011 et 21 novembre 2016 dites lois
Salduz (l’audition des personnes privées de liberté), loi du 5 février 2016 dite pot-pourri II,…

+ Lois complémentaires
→ En dehors du CiCr et TPCCP MAIS contiennent des principes très important
→ Ex : loi sur les circonstances atténuantes, loi sur la détention préventive, loi sur la fonction de police, loi
relative au mandat d’arrêt,…

Code judiciaire

Article 2 :
« Les règles énoncées dans le présent code s'appliquent à toutes les procédures, sauf lorsqu'elles celles-ci sont régies
par des dispositions légales non expressément abrogées ou par des principes de droit dont l'application n'est pas
compatible avec celle des dispositions dudit code ».

12
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Le CJ c’est le droit commun de la procédure pénale


→ Exemples : organisation ministère public, interdiction du cumul des fonctions judiciaires,
incompatibilités, causes récusation, dessaisissement pour cause de suspicion légitime,…

MAIS à un caractère supplétif : il ne s’applique que s’il n’y a aucune autre règles qui vient y déroger (or on en a
pleins) → Du coup, les règles du CJ ne règlent plus grand-chose concrètement

4. Application dans le temps et dans l’espace


Application dans le temps
Les règles de proc pénales sont dites d’application immédiates : elles s’appliquent aux infractions commises
avant leur entrée en vigueur et non encore jugées définitivement ou prescrites
→ grosse différence avec le DP !

CJ art. 3 :
« Les lois d'organisation judiciaire, de compétence et de procédure sont applicables aux procès en cours, sans
dessaisissement cependant de la juridiction qui, à son degré, en avait été valablement saisie et sauf les exceptions
prévues par la loi »

Pourquoi ?
Ces lois sont présumées être établies dans intérêt de l’individu et de la société
→ MAAAIS ce n’est pas toujours vrai, il y a de nombreuses lois qui sont défavorables
→ Ex : allongement délai de prescription (infra) :
o tant que l’action publique est non prescrite, la prescription est soumise aux lois successives qui
en modifient le délai

ex : loi du 14 novembre 2019, entrée en vigueur le 30 décembre 2019 :


→ prévoit imprescriptibilité des crimes sexuels commis sur mineurs
→ Dorénavant tous les crimes commis sur mineurs sont imprescriptible (or avant c’était juste un délai assez
long) ET ça s’applique aux procès non définitivement jugé mais si les faits ont été commis avant le 30
décembre 2019

Exception
La règle de l’application immédiate ne peut aboutir à dessaisir la juridiction valablement saisie

Ex issu de la crise sanitaire :


→ Loi du 20 mai 2020 (art. 13) (entrée en vigueur le 30 mai 2020) : prévoit la compétence du tribunal de
police pour connaître des infractions covid-19
o à savoir les infractions visées à l’article 187 de la loi du 15 mai 2007 dans la mesure où cela
concerne le non-respect des mesures prévues par les arrêtés ministériels pris en application de
l’article 182 de la même loi (= arrêtés qui prévoient les infractions covid-19)
→ Le tribunal de police devient compétent pour toutes les infractions covid-19, même celles commises
avant le 30 mai 2020 sauf si le tribunal correctionnel (jusqu’alors compétent) était déjà valablement
saisi

Application dans l’espace


Voir cour de Droit pénal (pas matière d’exam)

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

5. Phases et acteurs du procès pénal (schéma)

suspect = terme
générique

CrEDH : accusé =
terme générique
On ne pourra plus l’avoir à l’examen, mais c’est très important de le garder en tête
→ Attention de ne pas confondre les phases! Il faut lire ce schéma en forme d’entonnoir

Définition des incriminations : Réglementation des peines


DROIT DE L’EXECUTION DES
DROIT PENAL =>infractions qui seront et mesures pouvant être
PEINES ET MESURES
recherchées par parquet infligées par juges du fond

Phase préliminaire - phase Phase de jugement, Phase d’exécution de la


d’enquête (presentencing) décisionnelle (sentencing) décision (post-sentencing)

première exécution de la peine / mesure


information instruction recours
instance prononcée
DROIT DE LA multiples
PROCEDURE (parquet, administration
PENALE juges et
pénitentiaire, chambres de
parquet juridictions juridictions de jugement
l’application des peines et
(aide police) d’instruction « juges du fond »
chambres de protection sociale
(aide police)
des TAP, commissions de
probation, …)

« prévenu » « condamné »
« suspect » « inculpé »
« accusé » (cour assises) « interné »

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Partie I – les actions (publiques et civiles)


1. Distinction entre l’action publique et l’action civile
L’infraction fait naître 2 types d’actions :
◊ L’action publique : objet principal du procès
o La commission d’une infraction donne naissance à l'action publique qui va être exercée par le
ministère public et qui tend à l’application des sanctions prévues par la loi.
o Art. 1er TPCPP
o Exercée par le ministère public essentiellement qui constitue un dossier dans le but de la soumettre
au tribunal en vue d’appliquer les sanctions

◊ L’action civile: objet accessoire du procès


o Lorsqu’elle crée un dommage, l’infraction peut donner naissance à l’action civile qui va être
exercée par la victime ou ses ayants droits et qui vise à la réparation du préjudice subi
o Art. 3 et 4 TPCPP

ACTION PUBLIQUE ACTION CIVILE

Source infraction dommage

Procès pénal = objet principal = objet accessoire


application des peines (meme si boites
But indemnisation
de sorties)
Caractère ordre public ordre privé : les parties pourront négocier

Exercée par… ministère public (exceptions) Victime ou ses ayants-droits


juridictions pénales
ou civiles (grande particularité!)
Devant… juridictions pénales Les juridictions civiles vont uniquement
connaitre de l’action civile qui résulte de
l’action publique

Interférences entre les deux actions


Normalement ces deux actions sont indépendantes l’une de l’autre MAIS il y a des interférences :

Interférences de l’action civile sur l’action publique :


→ possibilité pour la victime (toujours possible, c’est son choix exclusif) de porter son action devant la
juridiction pénale saisie de l’action publique
→ possibilité pour la victime de mettre l’action publique en mouvement
o Non pas d’exercer l’action publique (prérogative exclusive du MP)
o Càd :
▪ Constitution de partie civil entre les mains d’un juge d’instruction
▪ Citer directement l’auteur présumé d’une infraction devant le tribunal de
police/correctionnel (assez rare)

15
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Interférences de l’action publique sur l’action civile : étant donné que l’action civile est l’accessoire de l’action
publique, il y a 2 conséquences
→ le criminel tient le civil en état : à partir du moment où le juge pénal est saisi de l’action publique, rien
ne peut se passer à propos de l’action civile
o Le juge pénal/civil doit atteindre les résultats finaux concernant l’issue de l’action publique
o Assez logique : si le juge décide d’acquitter la personne poursuivie, logiquement le juge ne peut
pas se prononcer sur l’action civile qui résulte de l’infraction
o Le juge civil doit atteindre l’issue de procès pénal
→ autorité de la chose jugée au répressif sur le procès civil (avec nuances)
o Le juge civil qui serait saisi d’une action civile, doit tenir pour acquis ce qui a été décidé par le
juge répressif : il ne peut pas remettre en cause ce qui a été décidé auparavant (lié à l’autre
adage)

2. L’action publique
2.1. Les sujets de l’action publique
a) Les sujets actifs
Qui peut exercer l’action publique ?
→ Le ministère public (quasi-monopole dans l’exercice de l’action publique, 99,9% des cas)
o MAIS il n’a pas le monopole absolu !
→ + Certaines administrations publiques peuvent exercer l’action publique
o Ex : en matière de finances
→ + La partie civile dans une certaine mesure : elle peut mettre en mouvement l’action publique

Le ministère public
On le nomme : Ministère public – Parquet – procureur – substitut – avocat général – magistrature debout (car
quand il prend son réquisitoire, il se lève)

Il fait quoi : c’est la partie poursuivante


→ Il intente les poursuites
→ Il réclame la peine : Ce n’est pas lui qui décide de la peine, MAIS il peut donner des indications

Base légale : CJ art 138


→ le MP exerce l’action publique selon les modalités déterminées par la loi

Statut spécifique d’OPJ (=Officier de Police Judiciaire)


→ Qualité octroyée à certains fonctionnaires de police qui leur permet d’exercer certaines fonctions
spécifiques comme le mandat de perquisition
→ Il peut lui-même poser toutes les actes d’enquêtes MAIS il n’est jamais sur le terrain (ils travaillent en
chambre)
→ Il ne le fait donc que dans des dossiers très importants
o Homicide, incendie criminel

L’organisation du MP
Parquet fédéral : exerce l’action publique devant les différentes juridictions pénales sur tout le territoire de la
Belgique
→ art. 143 §3, 144ter et 144quater CJ
→ MAIS uniquement dans les cas et selon les modalités déterminés par la loi : ce sont de infractions d’une
certaine gravité et qui présente une dimension internationale
→ Permet une action plus efficace contre des infractions qui dépassent la compétence des parquets locaux
: crimes DIH, traite des êtres humains, terrorisme, criminalité organisée, blanchiment…

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

+ Parquet national de la sécurité routière : compétence nationale pour traiter les différents litiges concernant
les faits de roulage
→ nouveau (loi du 23 décembre 2021 introduisant le parquet de la sécurité routière)
→ Fonctionne comme le parquet fédéral (mais s’occupe juste des faits de roulages, sinon meme
compétence nationale sur tout le territoire)
→ Objectifs :
o Capacité de réaction rapide et uniforme en cas d’incident dans une étape du processus
automatisé,
o Cohérence dans la gestion des contestations introduites par les justiciables;
o Allègement d’une partie conséquente du travail des sections de police lié aux dossiers
d’infractions de type « perceptions immédiates » afin de leur permettre de se concentrer sur les
infractions plus graves .
→ Il va être composé de 45 membres : c’est bcp

Conseil des procureurs du Roi


→ art. 150bis CJ ; loi du 22 décembre 1998
→ Ensemble des 14 procureurs du Roi (arrondissements judiciaires)
→ Rend des avis au collège des procureurs généraux sur l’harmonisation et l’application uniforme des
dispositions et sur toute question en rapport avec missions MP

Collège des procureurs généraux


→ art. 143bis CJ ; loi du 4 mars 1997
→ Ensemble des 5 procureurs généraux (ressorts des cours d’appel de Bruxelles, Gand, Anvers, Liège, Mons)
→ Chargé de la coordination de l’action des 5 parquets généraux, du parquet fédéral et des parquets
d’instance
→ Adopte des directives de politique criminelle et circulaires (« COL ») ; institue des réseaux d’expertise
→ Il est placé sous l’autorité du ministre de la Justice

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Statut du MP
Il a un statut hybride : il fait partie du pouvoir exécutif, mais participe à l’administration de la justice
→ C’est une question qui fait encore couler beaucoup d’encre

Il est caractérisé par 4 traits


1° : Unité
→ Le MP constitue un corps hiérarchisé soumis à la hiérarchie de ses supérieurs
→ MAIS « La plume est serve mais la parole est libre »:
o La phase préliminaire st caractérisé par son caractère écrit
o Le MP ne peut pas détourner de ce qui a été dit dans le dossier MAIS oralement, à l’audience, il
peut s’en détacher

2° : Indivisibilité
→ Le MP n’agit pas en son nom mais au nom de la société, du parquet (« mon office »)
→ Ce qui implique que les membres du MP peuvent se suppléer, se succéder dans une même cause : ce
ne sera pas nécessairement le meme substitut du procureur du roi qui sera à l’audience (>< juge qui doit
connaitre de la cause du début jusqu’à la fin ; s’il est malade, on repose le dossier)

3° : Irrécusabilité
→ Le MP est partie principale au procès pénal (au côté de la partie civile et de l’accusé, qui sont tous
supposé être placé sur un pied d’égalité), il ne peut être récusée (><juge qui peut être récusé)
→ Pour ça que certains veulent que le MP ne plaident pas à côté du juge, mais en bas avec le prévenu

4° : Indépendance
→ Indépendance totale vis-à-vis des cours et tribunaux (séparation des pouvoirs)
o Le MP décide indépendamment d’engager des poursuites
o Pas d’injonctions ou de censure de la part des juges
→ MAIS indépendance relative vis-à-vis du pouvoir exécutif (= ministre de la justice)

Indépendance relative vis-à-vis du pouvoir exécutif


Un droit d’injonction positive du ministre (négative)

Art. 151, §1er C° :


« (…) le ministère public est indépendant dans l’exercice des recherches et poursuites individuelles, sans préjudice du
droit du Ministre compétent d’ordonner des poursuites et d’arrêter des directives contraignantes de politique
criminelle, y compris en matière de politique de recherche et de poursuite »

C’est une injonction positive : le ministre peut enjoindre le parquet de poursuivre un dossier (=situation d’un
classement sans suite)
→ MAIS pas d’injonction négative

Le collège des procureurs généraux sous l’autorité du ministre

Art. 143bis CJ:


« Les procureurs généraux près les cours d'appel forment ensemble un collège, appelé collège des procureurs généraux,
qui est placé sous l'autorité du ministre de la Justice. »

Ça reste des procureurs du roi qui sont soumis à l’autorité du ministre de la justice (lien hiérarchique très fort)

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Des directives de politique criminelle

Art. 143quater CJ :
« Le ministre de la Justice arrête les directives de politique criminelle, y compris en matière de politique de recherche et
de poursuite après avoir pris l'avis du collège des procureurs généraux. Ces directives sont contraignantes pour tous
les membres du ministère public. Les procureurs généraux près les cours d'appel veillent à l'exécution de ces directives
au sein de leur ressort. »

Les circulaires ne s’imposent qu’au ministère et à la police (><juge)

Rôle du MP
C’est la partie poursuivante, partie demanderesse au procès pénal

MAIS le MP est porteur de tous les intérêts de la société et non des seuls intérêts de la répression
→ Le MP doit donc être objectif et requérir sans parti pris
→ MAIS il n’est pas caractérisé par un pouvoir d’indépendance et d’impartialité (><juge) : il peut se
montrer partial dans un dossier
o Défendant la société civile, il sera plus du côté de la victime

Il a une position privilégiée à tous les stades du procès


→ Il est aidé par la police pour mener l’enquête (><prévenu à la partie civile)
→ Pendant l’instruction, le secret de l’instruction vaut de manière relative pour le MP et le MP peut requérir
du juge d’instruction tout devoir/toute mesure utile (pouvoir de requisition à l’encontre du juge
d’instruction)
→ Durant l’audience
o La présence du MP à l’audience est requise : il n’y a pas de jugement par défaut à l’encontre du
MP
o Place du MP à l’audience : sur l’estrade à côté du juge

b) Les sujets passifs


Contre qui l’action publique peut-elle être exercée ?
→ L’auteur de l’infraction (personne physique ou morale) = acteur principal
o Suspect (information), inculpé (instruction), prévenu (jugement sauf assise), accusé (cour
d’assise)
o Principe de la personnalité des peines : seul l’auteur de l’infraction peut être condamné
→ La personne civilement responsable (parent, employeur, …)
o Elle devra supporter les frais de l’action publique (et éventuels dommages et intérêts) et
o Ne pourra pas être condamnée à une peine (car personnalité des peines)
o MAIS exceptions : elle pourra parfois être condamnée à une amende (ex : art. 67 loi circulation
routière)
→ Les parties intervenant volontairement
o dans certains cas, juge répressif peut prononcer condamnation, sanction ou mesure à l’égard
d’un tiers
o ex : La confiscation ou encore la fermeture d’établissement
o art. 5 TPCPP: le Tiers doit alors être appelé à l’audience pour se défendre

19
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

2.2. L’exercice de l’action publique

a) La décision de poursuivre
Poursuite d’office
→ Il n’a pas besoin de plainte ou d’autorisation (SAUF exceptions)

L’examen de la légalité des poursuites se fait avec 2 questions:


1° : Y a-t-il une infraction?
→ Éléments constitutifs, cause de justification, preuves (classement sans suite pour des raisons technique)
→ si non, ça ne sert à rien d’aller plus loin

2° : Le suspect est-il identifié et culpabilité?


→ Examen de la recevabilité des poursuites
o prescription action publique, compétence, immunités, …
→ Examen de l’opportunité des poursuites
o Il n’y pas d’obligation de poursuivre en droit belge >< autres systèmes avec l’égalité des
poursuites où le procureur du roi est obligé de poursuivre si l’infraction est établie
o Il est donc possible de tenir compte de certains critères : préjudice faible, un mobile honorable;
un inconvénient pratique/technique (ex: pas suffisamment de moyens, ce qui est de plus en plus
récurent)

L’opportunité des poursuites

Art 28quater, § 1er Cicr. :


« Compte tenu des directives de politique criminelle définies en vertu de l'article 143quater du Code judiciaire, le
procureur du Roi juge de l'opportunité des poursuites. Il indique le motif des décisions de classement sans suite qu'il
prend en la matière »

Cass., 24 janvier 2001 : Attendu qu’en règle, il appartient au procureur du Roi de décider s’il y a lieu d’engager des
poursuites pénales ; qu’en raison de l’indépendance du ministère public, le juge pénal ne peut apprécier la décision
du procureur du Roi relative aux poursuites ou lui donner des ordres à cet égard ».

MAIS 4 limites à ce pouvoir d’opportunité :


→ 1 – il doit respecter les directives générales de politique criminelle et les circulaires
→ 2 – il y a un droit d’injonction positive du PG et du ministre Justice
→ 3 – lorsqu’il y a mise en mouvement par la victime elle-même (infra)
o Si la victime n’est pas contente avec un CSS (le CSS étant toujours provisoire)
→ 4 – Depuis un certain nombre d’années, possibilité d’injonction de l’assemblée générale de la Cour
d’appel (un peu anecdotique)
o Ca a été fort critiqué: la cour d’appel (=pouvoir judiciaire) qui donne un ordre au MP (=pouvoir
exécutif)
o Donc problème avec l’indépendance totale du juge et du MP

b) Mode d’exercice
Lorsque le MP décide de poursuivre, il a 2 options
→ Mettre en mouvement = saisir un juge
o dès que l’action publique est intentée, elle appartient au pouvoir judiciaire et le MP n’a plus la
maîtrise
o plus de CSS possible, MAIS le MP peut toujours proposer une transaction pénale, procédure
médiation et mesures, reconnaissance culpabilité : infra)
→ Ne pas mettre en mouvement

20
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Modes d’exercice :
→ Saisine d’un juge d’instruction
→ Saisine de la juridiction de jugement : il peut saisir
o Tribunal de 1ère instance
o Tribunal correctionnel
o Tribunal de police
o Tribunal de la jeunesse
o Cour d’assises (il ne peut pas la saisir lui-même, il faut passer par la chambre du conseil)

c) Obstacles à l’exercice de l’action publique


Il se peut que, quand le MP procède à ces diffèrent examens, il se rende compte qu’il y a certains obstacles
→ = circonstances, de fait ou de droit, qui empêchent provisoirement (>< définitivement = causes
d’extinction de l’action publique) ou qui conditionnent l’exercice de l’action publique (ex : nécessité
d’avoir une plainte préalable de la victime)
→ dès le début de la procédure ou au cours de celle-ci

On retrouve 4 obstacles temporaires :

[1. Les immunités et autres protections (pas étudier)


Il ne pourra meme pas statuer : il déclare l’action publique irrecevable
→ Immunité du Roi (pas sa famille) pendant son règne (C° art 88)
→ Poursuite contre les membres des gouvernements
→ Poursuite contre les parlementaires
→ Immunités diplomatiques, consulaires et internationales

[2. Nécessité de la plainte préalable de la personne lésée

Art. 2 TPCPP :
« Lorsque la loi subordonne l'exercice de l'action publique à la plainte de la partie lésée, le désistement de cette
partie, avant tout acte de poursuite, arrête la procédure»

Ex: art. 442/1, § 3 CP: « Le délit (le squat) vise au paragraphe 1er ne pourra être poursuivi que sur la plainte d'une
personne possédant un titre ou un droit sur le bien concerné »

[3. Dénonciation préalable de l’autorité


→ Notamment dans des cas de compétence extraterritoriale

[4. Questions préjudicielles (art. 15 TPCPP)


→ Ex : question préjudicielle posée à la CC ou à la CJUE

d) Les promesses relatives à l’exercice de l’action publique


Loi du 22 juillet 2018 « repentis » (art 216/1 et s. Cicr)
= les personnes poursuivies ou condamnées pénalement qui font le choix de collaborer avec la justice en
dénonçant d’autres délinquants pour en tirer des avantages de nature pénale

Mémorandum entre le MP et la personne concernée :


→ Quels faits vont faire l’objet de révélations ?
→ Pour quel avantage ? (réduction peine, décision ou avis favorable dans cadre modalités d’exécution de
la peine ou facilités en matière de placement ou transfèrement lors de la détention)
→ Si réduction de peine : la promesse du parquet doit alors être homologuée par une juridiction
d’instruction ou de jugement

21
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Il y a 3 conditions pour recourir aux repentis :


→ Principe de nécessité : les nécessités de l’enquête l’exigent
→ Principe de subsidiarité : les autres moyens d’enquête sont insuffisants
→ Principe de proportionnalité : les mesures qui concernent des infractions spécifiques (liste art. 90ter,
§§2-4 Cicr)

Pourquoi ce dispositif a été mis en place ?


→ il existe depuis longtemps en Italie contre la mafia
→ L’idée est de lutter contre des gros dossiers de criminalités organisés et de terrorisme

2.3. Les causes d’irrecevabilité de l’action publique


Irrecevabilité de l’action publique = sanction de circonstances qui empêchent la poursuite de la procédure
pénale
→ C’est la question de la recevabilité : puis-je entrer ?
→ ≠ Compétence : suis-je à la bonne porte ?
→ ≠ Fondement de l’action : ai-je raison ?

Les causes d’irrecevabilité peuvent avoir un fondement légal ou jp

On retrouve différentes causes :


→ absence de plainte si la plainte exigée pour poursuivre,
→ existence d’un obstacle temporaire (poursuite d’un parlementaire sans autorisation de la Chambre en
dehors du flagrant délit, action publique déjà éteinte (par ex par prescription), …

Dans ce chapitre, on va étudier :


→ Atteinte irrémédiable au droit à un procès équitable
→ Provocation policière
→ Poursuites pénales et administratives concernant les infractions fiscales + autres causes : pas étudier
→ Autres causes

Atteinte irrémédiable au droit à un procès équitable


On entend le procès équitable dans son ensemble (donc un peu une catégorie fourre-tout)
→ Lorsque l’enquête gravement déloyale, violation irréparable des droits de la défense, …
→ Ex : le dépassement délai raisonnable rend l’exercice droits de la défense impossible => poursuites
irrecevables

Conséquences :
→ Possibilité d’acquittement
→ irrecevabilité des poursuites,
→ le juge ordonne une déclaration de culpabilité (sans peine ou avec peine en dessous du minimum légal)

La provocation judicaire
Art. 30 TPCPP (loi 27 décembre 2005) : il y a une interdiction de provoquer les infractions
→ La police est instituée pour lutter contre la délinquance et pas pour créer la délinquance !
→ La police a un rôle réactif et non proactif
→ Avant c’était une cause jp mais depuis 2005 c’est devenu une cause d’irrecevabilité de l’action publique

22
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

On ne considère pas cela comme de la provocation :


→ si l’infiltration policière est licite (elle est autorisée dans le cadre de méthode de recherche particulière)
o Ex : un policier qui se fait passer pour un acheteur dans le cas d’un trafic de drogue ou d’arme
▪ Au moment de la passation du marché, la personne sera arrêtée en flagrant délit
→ Si la résolution criminelle (dans le chef du suspect) existait avant intervention police et que la police
s’est bornée à créer l’occasion en laissant à tout moment la possibilité de mettre fin à l’exécution du
dessein criminel
o Ex: si la police place ordinateur visible dans véhicule
o Assez controversé : La police va créer des situations qui sont quand meme une forme de
provocation
o On a une jp volatile à ce sujet

PAS DE LA PROVOCATION
Cass. 17 mars 2010 : « Par une appréciation en fait, les juges d'appel ont considéré qu'en plaçant dans la rue un
véhicule fermé dans lequel se trouvait, visible pour les passants, une mallette contenant un ordinateur portable, la
police n'a fait que reproduire, sans aucun excès, une scène banale de la vie quotidienne que le demandeur aurait
pu rencontrer si un particulier avait quitté son véhicule en stationnement en y laissant ainsi un objet du même genre.
L'arrêt relève encore que le demandeur s'est résolu à commettre le vol après qu'un tiers, ayant observé le véhicule, lui
a offert la possibilité d'écouler le butin, qu'il a toujours pu conserver son libre arbitre, qu'il aurait pu sur place
renoncer à son projet, mais que c'est manifestement attiré par un gain facile qu'il a décidé, sous l'instigation directe
de ce tiers et non de la police, de voler l'objet et mener cette entreprise à son terme. Par ces considérations, les juges
d'appel ont pu légalement décider que l'initiative de la police ne relevait pas de la provocation, sans devoir pour le
surplus examiner si ce procédé aurait dû être autorisé par un magistrat ».

PROVOCATION
Liège (18e ch.) 16 septembre 2011: « La provocation policière est établie dès lors que les policiers ont suscité ou
renforcé l'intention délictueuse du prévenu poursuivi du chef de recel d'un véhicule volé en encourageant un tiers à
se montrer intéressé par l'acquisition de ce véhicule dont le prix avantageux ne laissait aucun doute sur l'origine
frauduleuse »

Autres causes
Cause d’excuse de la parenté en cas de vol (art. 462 CP)
→ On avait vu une jp qui disait que dans ce cas-là, le juge ne peut pas se prononcer sur la culpabilité et
qu’il devait d’emblée déclarer l’action publique irrecevable (><autre causes d’excuse absolutoire)
→ Si le juge déclare l’action publique irrecevable, on ne peut pas non plus se prononcer sur l’action civile

Violation du secret professionnel :

Liège, 25 mai 2009 : « La preuve recueillie grâce à la violation du secret professionnel étant en principe sans valeur
et la révélation de faits punissables dont le patient est l'auteur ou le complice étant, sauf si l'état de nécessité la
justifie, interdite, il y a lieu de constater que les poursuites sont irrecevables, la preuve obtenue viciant l'intégralité
des actes d'instruction et de poursuites ».

23
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

2.4. L’extinction de l’action publique


Ce sont les conséquences définitives : on ne peut plus jamais intenter l’action
1| Le décès de la personne physique ou la dissolution de la personne morale

Personnes physiques

Art. 20 TPCPP : « L'action publique s‘éteint par la mort de l'inculpé »

L’action publique ne peut plus être intentée, ni poursuivie (si le suspect décède en cours d’instance)
→ L’action publique est donc irrecevable

Les héritiers ne sont pas poursuivis ni condamnés (personnalité des peines)


→ >< action civile : elle peut être exercée contre les héritiers du suspect decedé

Personnes morales
Art. 20 TPCPP : « L'action publique s'éteint par la clôture de la liquidation, la dissolution judiciaire ou la dissolution sans
liquidation lorsqu'il s'agit d'une personne morale »
« L'action publique pourra encore être exercée ultérieurement, si la mise en liquidation, la dissolution judiciaire ou la
dissolution sans liquidation a eu pour but d'échapper aux poursuites ou si la personne morale a été inculpée par le
juge d'instruction conformément à l'article 61bis, a été renvoyée par la juridiction d'instruction ou a été directement
citée sur le fond avant la perte de la personnalité juridique »

Le 2ème alinéa a été rajouté plus tard pour éviter qu’une société se mette volontairement en faillite pour
échapper à des poursuite pénales
2| La prescription

Notion et caractère
Prescription : cause d’extinction de l’action publique liée à l’écoulement du temps
Base légale : art. 21 à 29 TPCPP

Raison d’être :
→ tranquillité publique : ne pas laisser trainer une épée de Damoclès au-dessus de la tête du suspect
éternellement
→ risque d’erreur judiciaire : avec l’écoulement du temps, les preuves risque de se détériorer voire de
disparaitre

Caractères :
→ d’ordre public = elle opère de plein droit
o Elle doit obligatoirement être soulevée devant la juridiction
o Si l’avocat n’y pense pas, le juge doit la soulever d’office
o Donc elle peut être utilisée pour la première fois à n’importe quel moment (meme devant la cour
d’appel)
→ caractère réel
o Elle s’attache à l’infraction : elle est donc applicable à tout le monde dans le dossier
→ général : elle vaut pour toutes les infractions (art. 28, 29),
o sous réserve de 2 exceptions (art. 21bis TPCPP) :
▪ DIH (crime génocide, crime contre l’humanité, crimes de guerre)
▪ Certaines infractions sexuelles sur mineurs qui sont dorénavant imprescriptible

Délai, point de départ du délai, calcul du délai


Dans le droit communs, il y a différents délais : de 20 ans, de 15, de 10, de 5, de 1 ans et de 6 mois
→ Avant c’était très facile, mnt un peu moins
→ On retrouve tout aux articles 21 et 21 bis TPCC
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

La prescription de l’action publique se calcule in concreto :


→ Donc dans un premier temps on ne peut pas la calculer puisqu’on ne sait jamais ce qui va se passer au
cours du procès pénal (on peut passer d’un crime à un délit)

Nature des infractions


Délai
=> déterminée par la peine in concreto sauf exceptions
Crimes DIH + certaines infractions sexuelles graves sur mineurs :
− voyeurisme (371/1), attentat à la pudeur et viol (372-377), grooming (377quater),
corruption jeunesse et prostitution (379-380), diffusion de matériel
pédopornographique (383bis), mutilations génitales féminines (409), traite à des
fins d’exploitation sexuelle + tentative (433quinquies, §1er, al.1er, 1°)
Imprescriptibles
Avant réforme 2019 = délai de 20 ans + le point départ du délai à partir de 18 ans (si on
a commis les faits à 17ans, le délai commencait à 18ans)
− On est dans de la procédure pénale DONC c’est d’application immediate : meme
si le crime a été commis avant, le juge a tout le temps pour traiter du dossier (SAUF
si le dossier a déjà été prescrit)
Crimes punissables de la réclusion à perpétuité (correctionnalisés ou non) 20 ans

Certains crimes graves commis sur mineurs (correctionnalisés ou non) :


− attentat contre héritier couronne (102, al. 2), incendie volontaire dans l’intention
20 ans
de favoriser l’ennemi (122), infractions terroristes (138, §1er), meurtre (393),
torture sur personne faible ou ayant entrainé la mort (417ter) + lois particulières
Certaines crimes graves commis sur majeurs (correctionnalisés ou non) :
15 ans
− même liste que case précédente + art. 376, al. 1
Autres crimes non correctionnalisés
10 ans
− Crimes correctionnalisés mais punissables de plus de 20 ans de réclusion
Délits et crimes correctionnalisés (autres que ceux visés ci-dessus)
- La majorité des infractions qui vont être soumises au tribunal correctionel et au
tribunal de police sont des délits ou des crimes correctionanlisé (=délit) 5 ans
- Donc la majorité des ifnractions vont se prescrir par 5 ans puisque les autres
catégories sont plus rares)
Délits contraventionnalisés 1 an
Contraventions 6 mois
Ex : roulage : 2
! Certaines lois particulières fixent délai sans tenir compte nature infractions ! ans en règle
générale

Délai dans le temps :


Les lois de procédure pénales sont d’application immédiates (voir début)
→ Les délai s’appliquent aux infractions commises avant leur entrée en vigueur et non encore jugées
définitivement ou prescrites
→ Le tableau vise donc les délais actuellement applicable

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Exemple : la loi du 24 décembre 1993 porte le délai de prescription des délits et des crimes correctionnalisés de
3 à 5 ans (entrée en vigueur le 31/12/1993)
→ Il faut toujours tenir compte de la date d’entrée en vigueur !

Point de départ du délai


→ Règle générale : le point de départ du délai est le jour de l’infraction (art. 23 TP CPP)
→ Pour les infractions instantanées c’est donc facile

Difficultés application :
→ infractions continues :
o jour où l’acte délictueux prend fin
→ infractions d’habitude :
o jour du dernier fait (si délai écoulé entre différents actes pas égal au délai prescription)
→ infraction collective (concours idéal) :
o Le jour du dernier fait procédant de la même intention délictueuse (si délai écoulé entre
différents actes pas égal au délai prescription)
▪ Pour ca qu’on va bcp utiliser le concours idéal : permet de « repêcher » des infractions
qui aurait été prescrite

Cass., 5 février 2003 : « Attendu que, concernant une infraction collective, le délai de prescription de l’action publique
court à partir du dernier fait procédant de la même intention »

→ concours matériel :
o appréciation différente pour chaque infraction

prescriptions en cas de concours

2003 2005 2009 2011


Vol simple Vol avec violences Détention Stupéfiants Condamnation
(correctionnalisé)
2 ans 4 ans 2 ans
Délit = 5 ans Crime (correctionnalisé) = 5 ans Délit = 5 ans
Donc prescription = 2008 Donc prescription = 2010 Donc prescription =
2014

Calcul du délai
→ 23 TP CPP : le jour où l’infraction a été commise est compté dans le délai de prescription
→ Calcul de quantième à veille de quantième
→ Exemple : délit commis le 15 juillet 2016, délai prescription (= 5 ans) expire, sauf interruption ou
suspension, le 14 juillet 2021 à minuit

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Le délai de prescription s’apprécie définitivement le jour du jugement!


→ Le délai peut changer en cours de route (à cause d’une qualification, dénaturation, entrée en vigueur
d’une nouvelle loi)
→ Le délai de prescription se calcule sur la base la peine appliquée (in concreto) et non sur la peine
applicable (in abstracto)

Cass., 23 décembre 1998 : « Attendu que le délai de prescription dépend de la nature de l'infraction qui se détermine
non d'après la peine applicable mais d'après la peine appliquée »

Petite précision : s’il y a admission de circonstances atténuantes, ça ne change pas le délai pour 3 lignes du tableau
Art. 21, dernier alinéa TPCPP: « Les délais de prescription de l'action publique fixes à l'alinéa 1er, 1° et 2°, ainsi que pour
les autres crimes punissables de plus de vingt ans de réclusion, ne sont cependant pas affectes par la réduction ou la
modification de la peine en raison de circonstances atténuantes »

Illustration : l’affaire Riga


Quelqu’un qui a un grand domaine privé dans le BW et qui en a marre car bcp de jeunes viennent sur son domaine
et il voit un jour une bande de jeunes qui s’amusent dans son parc donc il prend sa carabine dans la voiture et
tire : une des balles arrive dans le visage d’un des jeunes qui meurt à l’hôpital

Parquet = qualifie les faits de coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans intention de la donner
(réclusion de 5 à 10 ans = Crime)
→ Délai de prescription si crime non correctionnalisé : 10ans
→ Délai de prescription si crime correctionnalisé : 5 ans

Partie civile
→ L’avocate de la famille demande une requalification
o Pour avoir un plus long délai de prescriptions
o ET parce que Monsieur Riga était un bon chasseur, donc en visant la tête du jeune, il savait ce
qu’il faisait
→ Meurtre ou Homicide volontaire (Réclusion 20 à 30 ans) – crime non correctionnalisables
o Délai de prescription : 15ans (commis sur un majeur)
→ Voire Assassinat (réclusion à perpétuité) – crime non correctionnalisable
o Délai de prescription : 20ans
o On laisse tomber, car il n’y avait pas préméditation

DONC poursuites devant la Cour d’assises


→ Elle va requalifier les faits : CA: Coups et blessures volontaires ayant entrainé la mort sans la donner :
o Le délai de prescription retombe à 10ans

Condamnation:
→ Admission de circonstances atténuantes = 5 ans d’emprisonnement dont 4 ans ferme
→ C’est la peine concrète, celle prononcée par le juge qui détermine au final la nature de l’infraction : peine
correctionnelle – donc crime correctionnalisé – délai de prescription de 5ans

Interruption
Cette matière est super compliqué, car le délai initial peut être…
→ Interrompu : par un acte qui va engendrer un nouveau délai
→ Suspendu: période pendant lequel le délai va être mis sur pause

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Interruption = bouton « replay », le compteur est remis à zéro


→ Dans 99,9%, il y a aura interrompions : tous les actes posés au cours du procès pénal sont interruptif
→ Art. 22 TP CPP
→ La prescription est interrompue par tout acte d’instruction ou de poursuite accompli dans le délai
originaire (conditions importante!!)
→ >< suspension qui est une période
→ Actes interruptif vs non interruptifs

Actes non-interruptifs :
→ Un Acte accompli par un inculpé ou un prévenu
o Le prévenu ne peut jamais porté un acte qui lui porte préjudice
→ Les actes semblant rencontrer les conditions d’actes interruptifs mais qui sont considérés comme non
interruptifs par jurisprudence

Acte interruptif : 4 conditions


→ Acte d’instruction ou de poursuite
o Acte instruction : acte émanant d’une autorité qualifiée à cet effet et ayant pour objet de
recueillir les preuves ou de mettre la cause en état d’être jugée
▪ Pas que les actes posés par le juge d’instruction : aussi par police, MP ou la juridiction
jugement
o Acte poursuite : acte émanant d’une autorité qualifiée à cet effet et tendant à l’introduction ou
à l’exercice de l’action publique
→ Accompli par autorité qualifiée
→ Régulier
→ Accompli dans délai originaire prescription
o en l’absence de cause de suspension, maximum délai prescription possible est donc le double
du délai originaire
o exception : art. 25, al. 2 TP CPP : pas pour les courtes prescriptions inférieures à 6 mois : prise
en compte actes interruptifs posés après délai originaire, sans prolongation possible au-delà
d’1 an

Suspension
Suspension = bouton « pause », compteur provisoirement à l’arrêt, période pendant laquelle la prescription ne
court pas
→ Art. 24 TP CPP
→ ≠ interruption qui est un acte

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Pour des causes


→ Légales : Prescription suspendue lorsque la loi le prévoit
→ Prévue par la jp : lorsqu’il existe un obstacle légal à l’introduction ou à l’exercice de l’action publique

Causes légales :
3 causes prévues à l’art. 24 TPCPP
→ 1° : Pendant le traitement d’une exception d’incompétence, d’irrecevabilité ou de nullité soulevée
devant la juridiction de jugement par l’inculpé, la partie civile ou par la personne civilement responsable
o sauf si l’exception est fondée ou que décision sur exception jointe au fond
→ 2° : Si demande d’inculpé d’accomplir des devoirs d’instruction complémentaires au moment du
règlement de procédure devant la chambre du conseil
→ 3° : Pendant le traitement d’une opposition formée par le prévenu si l’opposition est déclarée irrecevable
ou non avenue (depuis l’acte d’opposition jusqu’à la décision la constatant irrecevable ou non avenue)

Causes prévues par les lois particulières :


→ Proposition de transaction pénale ou de procédure de médiation et mesures
→ Suspension du prononcé de la condamnation
→ Action en cessation en matière de protection de l’environnement ou de discrimination
→ Demande d’autorisation en cas de poursuites à charge d’un ministre
o Si quelqu’un dépose une constitution de partie civile à l’encontre d’un ministre, ça prend du
temps, donc on devra suspendre
o Le juge d’instruction va devoir se dessaisir puisque c’est une compétence exclusive de la Cour
d’appel et c’est le procureur général qui doit intenter des poursuites
o Dooonc vraiment long
→ Renvoi préjudiciel à la C.C. ou la CJUE
→ Demande de renvoi pour changement de langue
o C’est un droit du prévenu d’être jugé dans la langue de notre choix
→ Suspension dans le cadre de la lutte contre la propagation du coronavirus

Causes reconnues par la jurisprudence :


Reconnus comme causes de suspension :
→ Délai extraordinaire d’opposition
→ Instance en cassation
→ Procédure en règlement de juges
→ Inviolabilité parlementaire
→ …

Pas reconnus comme causes de suspension :


→ Maladie du prévenu
→ Délibération du juge
→ Séjour du prévenu à l’étranger
o Ça avait déjà été sollicité mais ça n’a pas été retenu
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Effets : Extinction de l’action publique à l’égard de tous les auteurs, coauteurs, complices car prescription =
caractère réel (//interruption)
MAIS pas d’effet sur l’action civile portée devant les juridictions pénales avant la prescription de l’action publique
→ L’action civile ne peut jamais être prescrite avant l’action publique

Application
1° : Quelle est la date des faits ? Trancher la question de droit transitoire. Les faits se situent-ils avant ou après
la date charnière des législations successives ?

2° : Identifier le délai applicable et le point de départ.


→ Sur base de la nature de l’infraction
→ Mais attention parfois quelques exceptions

3° : Calculer le délai primaire, en savoir l’échéance (quelle est la date limite pour tenir compte des actes
interruptifs)

4° : Identifier s’il y a une cause de suspension, qui pourrait prolonger le délai primaire
→ Ça pourrait rajouter quelques mois

5° : Identifier une cause d’interruption endéans le délai primaire (si suspension intervenue, le délai primaire sera
plus long)
→ Trouver le dernier acte interruptif

6° : Identifier une cause de suspension endéans le délai secondaire.

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

3| La chose jugée (principe ne bis ibidem)


Base légale :
→ art. 14.7 PIDCP, art. 4 Protocole n°7 à la CEDH, art. 50 Charte UE

Notion :
→ Nul ne peut être poursuivi une 2ème fois pour des faits ayant donné lieu à un jugement définitif
→ Ça comprend tant l’acquittement, condamnation, ou suspension du prononcé tant que suspension pas
révoquée ordre public

Conditions :
→ Une décision du juge pénal coulée en force de chose jugée, qui statue au fond sur les poursuites
o Autorité de chose jugée (CJ art 24) : dès son prononcé, la décision a autorité de chose jugée,
faisant obstacle à la réitération de la demande et subsistant tant que décision pas infirmée
o Force de chose jugée (CJ art 28) : décision qui n’est plus susceptible d’appel ou d’opposition ni
de pourvoi en cassation
→ Identité de personnes
→ Identité de faits (indépendamment de la qualification)

Effets des décisions des juridictions étrangères :


→ Le principe non bis in idem est applicable uniquement en Belgique, il ne concerne pas les décisions
étrangères
→ MAIS exceptions :
o Compétence extraterritoriale des juridictions belges : art. 13 TPCPP
o Compétence territoriale des juridictions belges : art. 54 CAAS (accords de Schengen)

4| La transaction pénale
Base légale : art 216bis Cicr

Transaction pénale : procédure par laquelle le MP propose à l’auteur présumé d’une infraction d’éteindre
l’action publique moyennant le paiement d’une somme d’argent
→ Ce n’est pas une sanction administrative (consiste aussi a payer une somme d’argent), ni une amende
pénale (qui est décidée par un juge)

Elle intervient au cours de l’information, au stade du parquet


→ La transaction est facultative (jamais obligatoire) et unilatérale (dépend de l’initiative du MP)
→ MAIS rien n’empêche le prévenu de le demander au MP

Objectif : faire l’économie d’un procès pénal


→ C’est une alternative aux poursuites : permet d’éviter un procès pénal

Conditions :
1° : Le fait ne paraît pas de nature (càd qu’on applique les circonstances atténuantes) à devoir être puni d’un
emprisonnement correctionnel principal de plus de 2 ans ou d’une peine plus lourde, en ce compris la
confiscation

2° : Appréciation in concreto, après application des circonstances atténuantes


→ Donc c’est possible pour des infractions dont la peine ne dépasse pas 15 à 20 ans de réclusion (CP art 80)

3° : Le fait ne comporte pas d’atteinte grave à l’intégrité physique


→ Pas pour vol avec violence, par pour les infractions sexuelles, …
→ L’intégrité psychique/morale n’est pas visée

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

4° : Payement d’une somme d’argent :


→ Qui n’est pas supérieure au maximum de l’amende prescrite par la loi majorée des décimes additionnels
o Ex : en matière de stupéfiant on peut aller jusqu’à 100 000€ donc le parquet pourrait aller jusqu’à
proposer à titre de transaction une somme de 100 000€
→ Qui doit être proportionnelle à la gravité de l’infraction

5° : Le dommage résultant de l’infraction (ou que la partie non contestée du dommage) doit être entièrement
réparé
→ Si la personne accepte la transaction et accepte de réparer le dommage, c’est qu’il y a une présomption
irréfragable de la faute civile dans le chef de l’auteur
→ ONC le prévenu ne pourra plus contester l’action civile

2 conditions supplémentaires si ça concerne des infractions fiscales ou sociales ayant permis d’éluder des impôts
ou des cotisations sociales :
→ Accord de l’administration fiscale ou sociale
o A été fort critiqué
→ Un paiement préalable du montant des impôts ou des cotisations éludés
o Ce serait trop facile de dire que je ne paye pas mes impôts mais ma transaction

A tous les stades ?


A un moment, la transaction était possible à tous les stades de la procédure tant qu’aucun jugement ou arrêt
définitif n’a été rendu au pénal
→ Meme à la toute fin, le parquet peut encore proposer une transaction pénale
→ Ça a été fort critiqué :
o Pour éviter le sentiment que l’on peut acheter l’effacement d’une condamnation pénale
o Est-ce que tout le monde est égal ? Certains peuvent « acheter » leu crimes, d’autres non

MAIS : C.C., 2 juin 2016, n° 83/2016 : « L’article 216bis, § 2, du Code d’instruction criminelle viole les articles 10 et 11 de la
Constitution, combinés avec le droit à un procès équitable et avec le principe de l’indépendance du juge (…) en ce qu’il
habilite le ministère public à mettre fin à l’action publique par la voie d’une transaction pénale, après l’engagement
de l’action publique, sans qu’existe un contrôle juridictionnel effectif ».

Suite à cela, il y a une procédure spécifique si le juge est déjà saisi de la cause (introduite par loi 18 mars 2018)
→ il faut que cette proposition de transaction soit homologuée par le juge saisi de la cause après vérification
conditions légales, caractère libre et éclairé consentement et caractère proportionné transaction (art
216bis, §2)

Conséquences
L’exécution de la transaction dans les délais entraîne l’extinction de l’action publique

Si le contrevenant refuse l’offre ou ne paie pas dans les conditions fixées :


→ Le MP recouvre sa liberté d’appréciation
→ S’il y a procédure judiciaire en cours, elle se poursuit simplement
→ Pour ça, cause de suspension

Une procédure transactionnelle simplifiée a été prévue en matière de roulage :


→ Transaction pénale immédiate : perception immédiate de la somme
o Le policier constate l’infraction et propose immédiatement de payer une somme
→ Ca participe au déplacement du processus décisionnel
o Le justiciable a de moins en moins de contact avec le juge
→ art. 65 loi 16 mars 1968 relative à la police de la circulation routière
o Projet « Crossborder » (Exposé pol. Ministre J): la justice doit être efficace et efficiente
→ Nouvelle circulaire pour permettre une transaction pénale illégale au vol de bicyclette
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

5| La procédure de médiation et mesures (anciennement « médiation pénale »)


Base légale : art. 216ter Cicr

Médiation pénale : extinction de l’action publique moyennant l’exécution de mesures et le respect des
conditions
→ La réforme loi 18 mars 2018 a modifié la notion en « procédure de médiation et mesures »
→ Procédure par laquelle le MP propose à l’auteur présumé d’une infraction d’éteindre l’action publique
moyennant le respect d’une ou plusieurs conditions ou mesures

La médiation est facultative et unilatérale (dépend de l’initiative du MP)

Objectif : éviter la lourdeur d’un procès pénal

Conditions
→ Le fait ne paraît pas de nature à devoir être puni d’un emprisonnement correctionnel principal de plus
de 2 ans ou d’une peine plus lourde, en ce compris la confiscation
o Appréciation in concreto, après application des circonstances atténuantes
o donc possible pour infractions dont la peine ne dépasse pas 15 à 20 ans de réclusion (CP art 80)
o Donc elle a un champ d’application ultra large et pourtant c’est a peine appliqué
→ L’auteur présumé s’engage à payer les frais d’analyse ou d’expertise et abandonne les objets passibles
de confiscation
→ L’auteur présumé marque son accord sur l’application de la procédure et accepte les mesures et
conditions :

5 conditions (peuvent se cumuler) :


2 qui concernent les victimes
→ Reconnaissance par le suspect de sa responsabilité civile et indemnisation ou réparation de la fraction
non contestée du dommage : toujours obligatoire
→ Médiation entre le suspect et la victime sur indemnisation ou réparation et sur modalités

3 qui concernent l’auteur présumé :


→ Traitement médical ou autre thérapie adéquate
→ Travail d’intérêt général de 120 heures max
o Seul endroit où on parle encore de travail d’intérêt général (><si imposé par un juge on parle de
peine de travail autonome)
→ Formation de 120 heures max

Conséquences
Si accord : le parquet le transmet aux maisons de justice pour un suivi

Il y a eu une modification de la loi : la médiation est possible à tous les stades de la procédure tant qu’aucun
jugement ou arrêt définitif n’a été rendu au pénal
→ MAIS règles spécifiques à respecter si la mesure est proposée alors qu’un juge est déjà saisi de la cause
(introduite par loi 18 mars 2018) : homologation par le juge saisi de la cause après vérification des
conditions légales, caractère libre et éclairé du consentement et caractère proportionné des mesures
proposées (art. 216ter, §6)

Exécution de la médiation entraîne extinction action publique

Si échec de la médiation :
→ Le MP recouvre sa liberté d’appréciation
→ S’il y a procédure judiciaire en cours, elle se poursuit

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

6| L’amnistie
La loi d’amnistie :
→ interdit l’exercice de poursuites pénales par rapport à certaines infractions qu’elle détermine
→ efface les condamnations déjà prononcées pour un type d’infractions qu’elle détermine
→ Plus à titre anecdotique

7| L’abrogation de la loi pénale


La loi pénale est en principe abrogée par effet d’une disposition légale nouvelle : abrogation explicite
(dispositions « abrogatoires ») ou implicite
→ Application de l’art 2 al 2 CP

8| Les sanctions administratives


Elles font des infractions des, « Infractions mixtes » prévues par certaines lois
→ Soit sanction administrative soit sanction pénale
→ Ce sont, en principe, des voies administratives subsidiaire à la voie pénale (MP indique sa position à
l’administration)

Ex : loi du 24 juin 2013 « SAC » (sanctions administratives communales)


→ Possibilité pour les communes de sanctionner administrativement certaines infractions à leurs
règlements ou ordonnances mais aussi certaines infractions du Code pénal que MP n’entend pas
poursuivre
→ Le pénal est toujours prioritaire
→ On ne peut pas avoir les deux : application du principe ne bis in idem :
o c’est donc eu cause d’extinction si le parquet décide de poursuivre

ex : Infractions mixtes prévues pour les infractions covid-19 entre le 7 avril et 30 juin 2020 (mais priorité aux
communes, sauf en cas de récidive ou de concours)
→ A partir du 30 juin, les infractions covid sont des infractions pénales

9| La transaction émanant de certaines administrations publiques


La loi permet dans certaines matières à certaines administrations publiques de proposer des transactions ayant
un effet extinctif de l’action publique

Par ex dans les matières suivantes :


→ Douanes et accises
→ Urbanisme et aménagement du territoire
→ Santé publique
→ Réglementation économique
→ Pratiques de commerce

10| L’action civile sui generis exercée devant les juridictions du travail
(pas étudier)

11| Le désistement de la partie civile dans les délits sur plainte

La partie civile peut se désister de son action et y renoncer mais ça ne changera rien (principe de l’opportunité
des poursuivre)

MAIS si c’est un délit sur plainte, alors l’action publique est éteinte, si le désistement se fait avant tout acte de
poursuite (donc au stade de l’information)
→ Art 2 TPCPP

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

3. L’action civile
3.1. Les sujets de l’action civile
a) Les sujets actifs
Qui peut exercer l’action civile ?

Art. 3 TPCPP : « L’action pour la réparation du dommage causé par une infraction appartient à ceux qui ont
souffert de ce dommage »
→ La victime (personne physique ou morale)
→ Les héritiers de la victime
→ Les créanciers de la victime
→ Les tiers subrogés dans les droits de la victime

Un intérêt à agir en justice a été reconnu à certains groupements


→ Action d’intérêt collectif (CJ art. 17)
→ Ex: Ligue des DH

b) Les sujets passifs


Contre qui l’action civile peut-elle être exercée ?
→ L’auteur de l’infraction ou ses héritiers (≠ action publique)
→ Les civilement responsables (parents, employeurs, …)

On peut avoir l’intervention d’un tiers


→ prévue par la loi
→ La loi autorise le juge répressif à prononcer une condamnation ou une mesure à l’égard d’un tiers

3.2. Les droits de la victime et l’exercice de l’action civile


a) 3 statuts
Victime (au sens large) ≠ Personne lésée ≠ Partie civile
→ Ces différents statuts octroient des droits différents

Victime
TPCPP art. 3bis
→ Droit à un traitement correct et consciencieux
→ Droit d’informations à tous les stades du procès pénal:
o service d’aide aux victimes, maisons justice ;
o Des modalités de constitution de la partie civile ;
o Des modalités de la déclaration de personne lésée.

C.i.cr. : Dispositions qui obligent le MP a informer les victimes de la fixation de la cause devant le tribunal
correctionnel

Loi 17 mai 2006 statut juridique externe + loi 5 mai 2014 relative à l’internement => pas étudier
→ Droits victimes dans le cadre de l’exécution des peines privatives de liberté

Personne lésée
notion créée suite à la réforme Franchimont
TPCPP art 5bis : modalité : un déclaration est à compléter en personne (par la victime ou ses ayant droit) ou via
un avocat
→ C’est un formulaire qu’on reçoit à la police, au secrétariat du parquet compétent, service d’accueil des
victimes. La police doit informer toute personne et lui donner le formulaire que la personne peut remplir
sur place et qui sera joint au procès pénal
→ Ce formulaire permet d’avoir un certain nombre de droit
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Droits de la personne lésée :


→ droit d’être assistée ou représentée par avocat
→ droit de faire joindre au dossier tout document qu’elle estime utile
→ droit d’être informée du CSS et de son motif, de la mise à l’instruction, des actes de fixation devant les
juridictions d’instruction et de jugement
o A tous les stades du procès, la victime va être informé des actes posée à l’égard de l’auteur
présumé
o Avant l’art 5bis, il n’y avait aucune obligation
o Permet donc à la partie de se constituer partie civile pour réclamer le CSS, mais pour ça il faut
qu’elle en soit au préalable informée
→ Droit de consultation dossier + d’en demander une copie

Partie civile
Pour réclamer dommage devant juge pénal, il faut se constituer partie civile !!!
→ Le simple fait de se déclarer victime ou personne lésée octroie certain droits mais ne donne pas le droit
de réclamer des dommages et intérêts devant le juge
→ Cette déclaration peut se faire à tous les stades du procès pénale : devant le juge d’instruction, les
juridictions d’instruction ou les juridictions de jugement

Le fait d’être partie civile octroie un certain nombre de droits assez important
→ à partir du moment où la victime se constitue partie civile, elle est considéré comme partie au procès
pénal (au meme titre que le prévenu et que le parquet)

Droits
→ Pendant l’instruction : accès au dossier, demande devoirs complémentaires, contrôle bon déroulement
instruction après un an, …
→ Clôture de l’instruction : accès au dossier, devoirs complémentaires, …
→ Stade du jugement : accès au dossier, juge l’informe au sujet de l’exécution des peines ou de
l’exécution de la mesure d’internement, possibilité exercice voies de recours, …
→ Respect des droits de la défense

3 statuts → VICTIME (plaignant) PERSONNE LESEE PARTIE CIVILE

Police Police Juge+ Juridictions d’instruction


Lieu
Parquet Parquet Juridictions de jugement

Avocat
Partie au procès pénal
Traitement correct Jonction documents au dossier
Droits Réparation dommage au pénal
Informations Information suites dossier
Droits = au prévenu et inculpé
Demande accès et copie dossier

b) Médiations réparatrices
C’est une modalité particulière
→ >< médiation et mesure dans l’action publique
→ Introduite par la loi du 22 juin 2005 : aux art 553 – 555 Cicr

36
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Art. 3ter TPCPP


→ Elle a lieu en parallèle au procès pénal : c’est la possibilité pour la victime de recourir à la médiation pour
tout type d’infraction et à tous les stades de la procédure pénale traditionnelle
→ Les parties peuvent transiger sur l’action publique et trouver un accord ensemble
→ Si l’accord est transmis par les parties au juge, il le mentionne dans le jugement et peut en tenir compte
pour la fixation de la peine

Art. 195, al 5 Cicr : +art. 163, al. 5 Cicr pour tribunal police
« Si des éléments de la médiation sont portés à la connaissance du juge conformément à l'article 555, § 1er, il en est
fait mention dans le jugement. Le juge peut en tenir compte et le mentionne, le cas échéant, dans le jugement » (

Ce n’est pas bcp utilisé au niveau du procès pénal MAIS elle a un poids important au niveau de l’exécution de la
peine privative de liberté
→ Quand le condamné demande une modalité de sortie, il passera devant le TAP et celui-ci regardera une
condition fondamentale : est ce qu’il a réparer le dommage à la victime? (
→ optique de la « justice restauratrice »

Médiation et mesures Médiation réparatrice


Art. 553-555 C.i.cr.
Base légale Art. 216ter C.i.cr.
Art. 3ter TPCPP

Initiative Procureur du Roi Parties au procès

Champ d’application 2 ans in concreto Toutes les infractions

Conséquences Extinction action publique Appréciation du juge

c) L’exercice de l’action civile


Ici on s’attache simplement à ce 3ème statut pour voir comment l’action civile peut obtenir des dommages
1| Option de la victime

Art. 4 TPCPP:
« L'action civile peut être poursuivie en même temps et devant les mêmes juges que l'action publique
Elle peut aussi l'être séparément; dans ce cas, l'exercice en est suspendu tant qu'il n'a pas été prononcé définitivement
sur l'action publique, intentée avant ou pendant la poursuite de l'action civile ».

La victime a donc 2 choix:


→ Soit porter son action devant la juridiction civile
→ Soit porter son action devant la juridiction pénale

Pas les deux ! Il faut Choisir !


→ mais le choix n’est pas irrévocable : Si la victime commence a intenté l’action civile pendant le procès
pénal mais qu’elle se rend compte que c’est trop traumatisant, elle peut décider de l’exercice devant la
juridiction civile

Action civile devant les juridictions civiles


Le criminel tient le civil en état (art. 4 TPCPP) :
→ l’exercice de l’action civile est suspendu tant qu’il n’est pas prononcé définitivement sur l’action
publique intentée avant ou pendant la poursuite action civile, pour autant qu’il existe un risque de
contradiction entre les décisions du juge pénal et du juge civil et sans préjudice des exceptions prévues
par la loi
37
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Autorité de chose jugée au répressif sur le procès civil :


→ le juge civil ne peut pas remettre en cause ce qui a été jugé définitivement par juge pénal
→ Si le prévenu a été acquitté, le juge civil ne peut pas décider de le condamner
→ Au départ : autorité erga omnes MAIS ça a été contesté par Cour cassation car ça a été considéré comme
une violation du droit au procès équitable
→ Aujourd’hui, il n’y a plus de caractère absolu : ça ne vaut que pour ce qui a été décidé sur un point
tranché de façon contradictoire entre les parties et constitue un fondement nécessaire de la décision

Cass., 2 novembre 2001 : « Attendu que l’autorité de la chose jugée au pénal ne fait pas obstacle à ce que, lors d’un
procès civil ultérieur, une partie ait la possibilité de contester les éléments déduits du procès pénal, lorsqu’elle
n’était pas partie à l’instance pénale ou dans la mesure où elle n’a pu librement y faire valoir ses intérêts »
On peut remettre en cause certains éléments mais pas le procès pénal

Action civile devant les juridictions répressives


= l’action civile portée devant même juge et en même temps qu’action pénale
→ L’action civile aura un caractère accessoire

MAIS le Juge DOIT réserver d’office des intérêts civils (art. 4, al. 2 TPCPP) :
→ si la cause n’est pas en état d’être jugée sur les intérêts civils
→ même en l’absence de constitution de partie civile
o possibilité de faire revenir l’affaire sur requête, sans frais, devant le juge pénal pour statuer sur
les intérêts civils
▪ donc pas en même temps ! ≠ Art. 4TPCPP
▪ l’al 2 a été inséré plus tard que l’al 1er et donc cet al 1er est un peu faux mnt : il dit « en
meme temps » mais il peut aussi le faire après

Donc la partie civile peut à n’importe quel moment revenir devant le juge pénal pour faire valoir ses intérêts civils
→ On peut faire déposer une requête (sans frais c’est gratuit)
→ A n’importe quel moment? Jusqu’à la prescription de l’action civile

Art. 4, al. 2 Titre préliminaire :


« Le juge saisi de l'action publique réserve d'office les intérêts civils, même en l'absence de constitution de partie
civile, si la cause n'est pas en état d'être jugée quant à ces intérêts

Sans préjudice de son droit de saisir la juridiction civile conformément aux articles 1034bis à 1034sexies du Code
judiciaire, toute personne lésée par l'infraction peut ensuite obtenir sans frais que la juridiction qui a statué sur
l'action publique statue sur les intérêts civils, sur requête déposée au greffe en autant d'exemplaires qu'il y a de parties
en cause. Cette requête vaut constitution de partie civile »

Conséquences du caractère accessoire de l’action civile :


Le dommage doit trouver son origine dans la commission de l’infraction : il faut avoir un lien de causalité
entre l’infraction et le dommage (il va statuer sur le dommage qui résulte de la commission d’une infraction)

L’action publique doit être valablement portée devant la juridiction répressive


→ Donc le juge pénal ne connait pas de l’action civile si action publique éteinte, s’il déclare la prévention
non établie ou si elle se déclare incompétente pour connaître de l’action publique.

2| Constitution de la partie civile


Il y a 2 modes de constitution de partie civile

Par action (mise en mouvement de partie civile)


La victime met en mouvement l’action publique
→ Elle ne peut pas exercer l’action publique (c’est une prérogative du parquer)
38
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Elle peut le faire de 2 manières :


1° : Via une constitution de partie civile entre les mains du juge d’instruction = « plainte avec constitution de
partie civile »
→ Pas possible pour toutes les infractions : pas pour les contravention (on ne va pas embêter le juge
d’instruction avec des petits trucs comme ça)

Art. 63 Cicr :
« Toute personne qui se prétendra lésée par un crime ou délit pourra en rendre plainte et se constituer partie civile
devant le juge d'instruction compétent ».

2° : Via une citation directe devant tribunal de police ou tribunal correctionnel


→ Elle cite directement l’auteur présumé de l’infraction devant les juridictions
→ pas les pour crimes, les délits politiques et de presse :
o parce que c’est de la compétence de la cour d’assise et qu’une victime ne peut pas citer
directement la cour d’assise, il faut passer par chambre de mises en accusation
o De plus bcp de crimes sont correctionnalisé donc ils seront déféré au tribunal correctionnel or la
victime ne pourra pas elle-même admettre des circonstances atténuantes donc la victime ne
peut pas citer directement un crime devant le tribunal correctionnel

Il y a donc des frais pour les deux + un risque de condamnation à l’indemnité de procédure (infra)

Par intervention (greffe)


La victime va venir greffer son action civile sur l’action publique qui a déjà été intenté par le parquet

Possible à tous les stades du procès pénal (juge et juridictions d’instruction) et devant toutes les juridictions de
jugement, jusqu’à la clôture des débats devant juge du fond statuant en premier ressort (pas pour la 1ère x en
appel)
→ MAIS à condition que l’action publique a déjà été exercé par le parquet
o La mise à l’instruction du dossier
o La citation directe
→ La victime ne peut juste pas se constituer partie civile en appel!

Art. 64, al. 2 Cicr :


« Dans les matières du ressort de la police correctionnelle, la partie lésée pourra s'adresser directement au tribunal
correctionnel » (+ Art. 145, 182 et 183 Cicr)

Art. 67 Cicr :
« Les plaignants pourront se porter partie civile en tout état de cause jusqu'à la clôture des débats »
Une fois que le juge prend l’affaire en délibéré, on ne peut plus rien faire

C’est toujours possible de le faire après : mais procédure de la requête art. 4 TPCPP

Pas de frais puisque ce n’est pas la victime qui met l’action publique en mouvement
→ sauf si elle fait seule un appel contre non-lieu/acquittement et succombe

Constitution de partie civile par action Constitution de partie civile par intervention

Constitution de PC entre les mains du juge


En même temps que l’action publique
d’instruction
Après l’action publique
Citation directe

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

3| Frais de l’action publique

Art 162 Cicr :


« Tout jugement de condamnation rendu contre le prévenu et les personnes civilement responsables de l'infraction, les
condamnera aux frais, même envers la partie publique.
La partie civile qui succombera pourra être condamnée à tout ou partie des frais envers l'Etat et envers le prévenu. Elle
pourra être condamnée à tout ou partie des frais exposés par l'Etat et par le prévenu en cas de citation directe ou
lorsqu'une instruction a été ouverte suite à la constitution de partie civile. Cela concerne les frais exposés après la
constitution de partie civile ou après la citation directe. Les frais seront liquidés par l'ordonnance ou par le jugement et
comprennent la contribution visée à l'article 4, § 3, de la loi du 19 mars 2017 instituant un fonds budgétaire relatif à l'aide
juridique de deuxième ligne ».

C’est une possibilité pour le juge de condamner à des frais si la partie civile perd, pas une obligation!

Ça veut dire quoi perdre ? Si les juridictions prononcent un non-lieu, un acquittement


→ Dans ce cas la si c’est la partie civile qui a mis en mouvement l’action civile, elle pourra être condamnée
aux frais

Il y a donc toujours un risque quand c’est la partie civile qui met en mouvement l’action civile

Aide financière (Retenir l’existence de ce fonds, pas étudier les conditions et la procédure)
Loi du 1er août 1985 portant des mesures fiscales et autres
→ crée le Fonds spécial pour l’aide aux victimes d’actes intentionnels de violence et aux sauveteurs
occasionnels (art. 28 à 41)
→ Fonds alimenté par une contribution de 200 euros (25 euros x 8 - décimes additionnels) prononcée par
le juge à charge de chaque condamné criminel et correctionnel (art. 29)
→ Pour la personne qui a subi le préjudice physique ou psychique important résultant directement d’un
acte intentionnel de violence commis en BEL peut demander aide à ce fonds en déposant requête auprès
d’une commission (conditions)

Une petite nouveauté : les audiences de la commission qui donnait des demandes introduites par les victimes
sont dorénavant publiques (Loi du 28 novembre 2021)
4| Indemnités de procédure
= intervention forfaitaire dans les frais et honoraires de l’avocat de la partie adverse (prévenu-civilement
responsable vs partie civile)
Art. 162bis C.i.cr. :
Tout jugement de condamnation rendu contre le prévenu et les personnes civilement responsables de l'infraction les
condamnera envers la partie civile à l'indemnité de procédure visée à l'article 1022 du Code judiciaire.
La partie civile qui aura lancé une citation directe ou qui a greffé une action distincte sur une citation directe lancée
par une autre partie civile, ou qui, en l'absence de tout recours du ministère public, du prévenu ou du civilement
responsable, aura interjeté appel et qui succombera, pourra être condamnée envers le prévenu ainsi qu'envers le
civilement responsable à l'indemnité visée à l'article 1022 du Code judiciaire. L'indemnité sera liquidée par le jugement.

Art. 128, al. 2 C.i.cr. :


Si la chambre du conseil est d'avis que le fait ne présente ni crime, ni délit, ni contravention, ou qu'il n'existe aucune
charge contre l'inculpé, elle déclare qu'il n'y a pas lieu à poursuivre. (=> « non-lieu »)
Dans ce cas, si l'instruction a été ouverte par constitution de partie civile entre les mains du juge d'instruction, la partie
civile est condamnée envers l'inculpé à l'indemnité visée à l'article 1022 du Code judiciaire.

Les conséquences pour la partie civile sont différentes selon que la constitution ait eu lieu par action ou par
intervention
→ Il vaut mieux toujours conseiller d’attendre de voir comment le parquet réagit pour ensuite pouvoir se
greffer
40
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

3.3. L’extinction de l’action civile


Désistement
→ Art. 5 Titre Préliminaire : « La renonciation à l'action civile n'arrête pas l'exercice de l'action publique »
sauf désistement de la partie lésée avant tout acte de poursuite dans les délits sur plainte.
→ Nuance avec les délits sur plainte : le parquet ne peut poursuivre que s’il y a une plainte préalable de la
victime
o Que dans ce cas-là, si la victime retire sa plainte, alors les poursuites sont arrêtées

Transaction : Les parties peuvent trouver un accord entre elles, et si c’est le cas alors l’action s’éteind

Prescription : règles de procédure civile (en général 5 ans), mais jamais avant l’action publique
→ Règle spécifique à l’action civile
→ Art. 26 Titre Préliminaire : « L'action civile résultant d'une infraction se prescrit selon les règles du Code
civil ou des lois particulières qui sont applicables à l'action en dommages et intérêts. Toutefois, celle-ci
ne peut se prescrire avant l'action publique

Chose jugée (CJ)

Partie II – la phase préliminaire du procès


pénal
1. Les acteurs de la phase préliminaires du procès pénal
1.1. Police (locale-fédérale)
Fonctions en uniforme : agent de police ; agent de sécurisation ; inspecteur de police (INP) ; inspecteur principal
(INPP) ; commissaire

Bien distinguer 2 missions (pas toujours évident):


→ de police administrative = maintien de l’ordre public
o Notamment dans le cadre de manifestation, de procès à haut risque
o sous l’autorité du bourgmestre
→ de police judiciaire = recherche les infractions, trouver les auteurs, rassembler les preuves
o sous l’autorité du ministère public et du juge d’instruction
o On s’intéresse principalement à ça, mais on se penchera aussi parfois sur la police administrative

Le service intégré (police intégrée) est structuré en 2 niveaux :


→ police locale
o établie au niveau des 185 « zones de police » (qui sont uni- ou pluricommunales)
→ police fédérale
o police spécialisée et supra locale : exerce ces missions sur l’ensemble du territoire

Officiers de police judiciaire (OPJ) : certains fonctionnaires de police se voient reconnaître cette qualité qui leur
permet de poser certains actes judiciaires
→ Fonction très importantes en procédure pénale
→ Ex : un mandat de perquisition qui est livré par un juge d’instruction → seul l’officier de police judiciaire
pourra superviser l’opération
→ Seul lui peut aussi prélever de l’ADN sur quelqu’un
→ Le parquet est revêtu de la qualité de OPJ : le parquet peut poser des actes qui relèvent de la police
judiciaire, mais il le fait rarement car la plupart du temps, le parquet travaille dans son bureau, mais il se
déplacera pour des infractions assez graves
41
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Missions de la police judiciaire (non exhaustif):


→ Enregistrer les plaintes des victimes d’infractions,
→ Constater directement les infractions (état de flagrance)
→ Recueillir les informations de tiers ou témoins concernant l’existence d’infractions
→ Découvrir les infractions suite à des recherches effectuées d’initiative
o Les fonctionnaires de police sont tenus (obligation!) d’informer le procureur du Roi de l’existence
d’un crime ou d’un délit en rédigeant un procès-verbal (art. 29 Cicr)
o La police ne peut pas décider de mettre une infraction sur le côté (MAIS dans les faits, la police
ferme souvent les yeux)

MAIS nuances : On permet à la police pour un certain nombre d’infraction peu grave de rédiger un procès-verbal
simplifié (PVS) qui reprend moins de mention et qui n’est pas adressé systématiquement au parquet :
→ La police fait un listing de ces PVS et l’envoie au parquet tous les 15 jours ou tous les mois
→ certains contentieux peuvent être traités de façon autonome sans passer par le parquet (art. 28bis, §1er,
al. 2 C.i.cr.) : traitement policier autonome (TPA) ou enquête policière d’office (EPO)
o Pour ne pas encombrer le parquet avec des trucs pas trop grave
→ Ex : détention de cannabis pour un usage privé
o Circulaire n° COL 8/2005 du Collège des Procureurs généraux près les Cours d’appel sur l’enquête
policière d’office (EPO) et le procès-verbal simplifié (PVS)
o Le parquet peut faire éventuellement des recherches après avoir reçu le listing
→ En gros : pour certains contentieux qu’on considère comme peu grave, on va laisser la police gérer le
dossier, a tout le moins dans un premier temps

Comités
Deux comités de contrôle ont été créés en 1991 :
→ Comité P : chargé du contrôle des services de police
→ Comité R : chargé du contrôle des services de renseignements

Ces comités disposent d’un service spécifique d’enquête (et ses membres du service ont qualité d’OPJ)

1.2. Ministère public


= Ministère public – Parquet – procureur – substitut – avocat général – magistrature debout

Partie au procès :
→ partie poursuivante : pied d’égalité avec la victime et le prévenu
o intente poursuites & réclame peine
→ Art. 138 CJ : le MP exerce l’action publique selon les modalités déterminées par la loi
→ Il a le statut d’OPJ

1.3. Juge et juridictions d’instruction


Juge d’instruction
= Juge du tribunal de 1ère instance, désigné pour une durée limitée mais renouvelable (pas de statut OPJ)
→ Il avait ce statut d’OPJ mais on lui a retiré pour d’avantage insister sur son indépendance et son
impartialité

Double fonction : fonctions juridictionnelles (juge qui va siéger devant la chambre du conseil) + fonctions
d’investigation (mène l’enquête appelée « instruction »)
→ Il a donc statut hybride (juge et enquêteur) : Problématique car il est le seul à pouvoir poser des actes
qui portent atteintes aux droits et libertés fondamentales (mandat de perquisition, les écoutes
téléphoniques, …)
→ la commission de réforme souhaite le remplacer par un juge de l’enquête à qui est confié exclusivement
un rôle juridictionnel (On n’aurait plus d’instruction et plus que de l’information)
42
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Pas partie à l’action


→ indépendant et impartial
→ rôle est d’instruire à charge et à décharge en tenant la balance égale entre l’accusation et la défense

Peut faire usage de la contrainte et/ou porter atteinte aux droits individuels

Juridiction d’instruction
Chambre du conseil (CC): 1ère instance
Chambre du tribunal correctionnel, composée d’un juge unique et siégeant en principe à huis clos
→ Pourquoi en principe : la chambre du conseil peut aussi déjà décider sans renvoyer le dossier devant les
juridiction d’instruction :
o D’interner
o De suspendre le prononcer
o Sans ces 2 cas-là, la chambre statue comme une juridiction de jugement et donc elle doit
statuer en audience publique

Présence à l’audience : greffier, ministère public et juge d’instruction

Rôle :
→ contrôle de la détention préventive : quand on délivre un mandat d’arrêt, un contrôle doit être opéré
assez régulièrement (voir plus tard)
→ règlement de procédure : une fois que l’instruction est terminée, c’est la chambre qui va décider du sort

Chambre des mises en accusation (CMA) : en appel


Chambre de la cour d’appel, composée de 3 juges (1 président, 2 conseillers) et siégeant en principe à huis clos

→ A nouveau, en principe pour les meme raisons

Présence à l’audience : greffier, MP mais pas de juge d’instruction

Rôle :
→ appel des ordonnances du juge d’instruction
→ appel des ordonnances rendues par la CC en matière de détention préventive
→ appel des ordonnances rendues par la CC règlement procédure + renvoi aux assises
→ contrôle de la régularité de la procédure et du bon déroulement de l’instruction
→ Elle est la gardienne du bon déroulement de l’instruction

43
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

1.4. Maisons de justice


En fédération Wallonie-Bruxelles, il y a 13 maisons de justice, où travaillent les assistants de justice (probation
officer)

Ces assistants vont suivre les personnes qui se voient infliger un certain nombre de conditions (ces conditions
peuvent intervenir à plusieurs stades
→ on verra qu’à la fin de l’information le Arquet peut classer sans suite et il peut imposer un certain nbr de
conditions
→ Le juge d’instruction peut délivrer un mandat d’arrêt mais aussi laisser la personne en liberté moyennent
une série de condition (libération sous condition)
→ Le juge d’instruction peut aussi décider de laisser la personne en liberté mais de mettre sous bracelet
électronique
→ Etc.. A tous les states du procès pénal

Missions des maisons de justice en lien avec autorités judiciaires : informer + faire le suivi de décisions
→ = travail social en justice, sous mandat judicaire (aide/contrôle

2. Les caractéristiques de la phase préliminaire du procès


pénal
La phase préliminaire est de nature unilatérale, secrète et écrite

Caractère écrit
→ Les actes d’enquête sont consignés par écrit
→ Pièces du dossier répressif
→ Pratiquement tout est consigné par écrit

Caractère unilatéral
→ Le magistrat conduit l’enquête seul : il ne doit pas tenir compte demandes des parties
→ MAIS il y a certaines exception (tant au stade de l’information que de l’instruction) : possibilité pour les
parties de demander à consulter le dossier et de demander à lever certaines pièces du dossier
o Franchimont : droits inculpé et partie civile

Secret (relatif) de l’information et de l’instruction


→ Objectifs (rappel) :
o efficacité enquête
o protection présomption innocence
→ Exceptions
o Le prévenu peut avoir une copie audition
o Le prévenu peut demander l’accès au dossier
o Possibilité de communication avec les médias (dans le chef du MP et des avocats et de la partie
civile ou du prévenu inculpé MAIS jamais dans le chef d’un juge)

3. L’information préliminaire
3.1. Définition et schéma
Entrée dans le système de la justice pénale
Comment une infraction est-elle portée à la connaissance du ministère public / juge d’instruction ?

1° : Le procès-verbal est dressé par la police et il est obligatoirement transmis au parquet


→ Il peut s’agir de : plainte de la victime, flagrant délit, dénonciation, renseignements, …

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

2° : Ministère public
→ ouvre un dossier = l’enquête est appelée « information »
→ ou il confie le dossier au juge d’instruction qui mènera l’enquête appelée « instruction »

2°bis : le ministère public doit obligatoirement confié le dossier au juge d’instruction quand
→ il s’agit d’un crime non correctionnalisables (puisque d’office à la cour d’assise et seulement la chambre
de mise en accusation peut la saisir)
o En plus ce constituent des crimes graves, donc d’office le parquet met à l’instruction
→ Pour des devoirs d’enquêtes qui sont spécifiques à l’instruction
o Ex: Des qu’il y a mandat

3° : Juge d’instruction
→ Requis par le ministère public pour ouvrir un dossier = enquête appelée « instruction »
→ Constitution de partie civile entre les mains du juge d’instruction: on peut directement porter plainte
devant le juge d’instruction

Informations – instructions
Moyens d’enquête :
→ Ex : audition des suspects, des témoins, fouilles, visite domiciliaire, perquisition, analyse ADN, etc.
→ pendant l’information = actes d’information
→ pendant l’instruction = actes d’instruction

Le MP ne peut pas poser tous les actes d’enquête ; certains ne peuvent être posés que par le juge d’instruction
→ ex : mettre le dossier à l’instruction
→ MAIS possibilité de faire une « mini-instruction » : possibilité pour le ministère public de demander un
acte d’instruction sans mettre le dossier à l’instruction

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Définition
Information
1° : C.i.cr art. 28bis, §1er

Art. 28bis § 1er C.i.cr. :


« L'information est l'ensemble des actes destinés à rechercher les infractions, leurs auteurs et les preuves, et à
rassembler les éléments utiles à l'exercice de l'action publique. L'information est conduite sous la direction et l'autorité
du procureur du Roi compétent. Il en assume la responsabilité »

On va essayer de réunir un maximum de preuve


→ But ultime : soumettre au cours et tribunaux un dossier le plus fourni possible
→ Parfois on va estimer que ce n’est pas assez grave et classer sans suite

= enquête menée par le procureur du Roi


→ Ensemble des actes de recherche des infractions, de leurs auteurs et des preuves, utiles à l’exercice de
l’action publique
→ constitution du dossier pénal

Le procureur du roi assume la responsabilité : rôle important surtout que l’information est la forme d’enquête
la plus courante (tout passe par l’information)

2° : C.i.cr art. 28bis, §3

Art. 28bis §3 C.i.cr. :


« Sauf les exceptions prévues par la loi, les actes d'information ne peuvent comporter aucun acte de contrainte ni porter
atteinte aux libertés et aux droits individuels. Ces actes peuvent toutefois comprendre la saisie des choses citées aux
articles 35 et 35ter. Le procureur du Roi veille à la légalité des moyens de preuve ainsi qu'à la loyauté avec laquelle ils
sont rassemblés ».

Actes d’information = actes d’enquête effectués par MP, n’impliquant pas recours à la contrainte, atteinte aux
libertés et aux droits individuels (sauf exceptions qui sont assez nombreuses et qui ont tendance à se multiplier)

Le MP veille à la légalité des moyens de preuve et à la loyauté avec laquelle ils sont rassemblés

3.2. Recherche proactive


Recherche proactive >< recherche réactive (réaction face au constat de l’existence d’une infraction)

Normalement la police ne travaille que de manière réactive : elle réagit face à la réalisation d’une infraction
→ MAIS depuis un certain nbr d’années on va accepter des recherches proactive : on va essayer
d’empêcher la commission d’infraction future mais on ne l’autorise qu’a certaines conditions:
o C’est une enquête concernant des infractions non encore commises ou commises mais non
encore connues
o Il faut une autorisation écrite et préalable du MP
o Concerne un champ d’application limité (liste infractions ; organisation crim.)
Art. 28bis, §2 C.i.cr. :
« L'information s'étend à l'enquête proactive. Celle-ci, dans le but de permettre la poursuite d'auteurs d'infractions,
consiste en la recherche, la collecte, l'enregistrement et le traitement de données et d'informations sur la base d'une
suspicion raisonnable que des faits punissables vont être commis ou ont été commis mais ne sont pas encore connus,
et qui sont ou seraient commis dans le cadre d'une organisation criminelle, telle que définie par la loi, ou constituent ou
constitueraient un crime ou un délit tel que visé à l'article 90ter, §§ 2, 3 et 4. Pour entamer une enquête proactive,
l'autorisation écrite et préalable du procureur du Roi, de l'auditeur du travail, ou du procureur fédéral, dans le cadre de
leur compétence respective, est requise, sans préjudice du respect des dispositions légales spécifiques réglant les
méthodes particulières de recherche et autres méthodes »

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

3.3. Compétence territoriale du parquet


Compétence territoriale procureur du Roi
→ Cicr art. 23, al. 2 et 44duodecies
→ Lieu de l’infraction (la plupart du temps) ; résidence de l’inculpé (notamment en matière d’usage de
drogue) ; lieu où l’inculpé est trouvé
→ Mais le parquet peut faire procéder à des actes d’information hors de son arrondissement s’il en avise
le PR de cet arrondissement
→ S’il veut poser des actes à l’étranger, il doit lancer une commission rogatoire soit européenne soit
internationale

Compétence territoriale parquet fédéral


→ Art. 144bis C.jud.
→ Tout le territoire national
→ Idem pour le futur parquet national de la sécurité routière (Loi du 23 décembre 2021 introduisant le
parquet de la sécurité routière)

3.4. Politique criminelle


Voir : les actions

3.5. Actes de police judiciaire et d’information


a) Généralités
Actes d’information
→ recherche de l’existence et preuves des infractions + auteurs
→ Le juge d’instruction ne recherche par les infractions, c’est à charge du juge d’instruction d’identifier les
auteurs et de trouver les preuves (il ne va pas à la pêche aux infractions)

Qui pose les actes d’information ?


→ Les agents police judiciaire, les officiers police judiciaire (OPJ) et le procureur du Roi éventuellement (la
loi réserve certains actes à OPJ ou PR)

Pas d’actes de contrainte sauf exceptions (art. 28bis, §3 C.i.cr.)


→ Les exceptions se multiplient : flagrance, arrestation, saisies, méthodes particulières de recherche, …

On mobilisent 2 lois ici :


→ loi du 5 août 1992 sur la fonction de police = LFP
→ loi du 20 juillet 1990 relative à la détention préventive = loi DP

b) La notion de flagrant délit et ses conséquences


Notion

art. 41 C.i.cr. :
« Le délit qui se commet actuellement, ou qui vient de se commettre, est un flagrant délit.
Sera aussi réputé flagrant délit, le cas où l'inculpé est poursuivi par la clameur publique, et celui où l'inculpé est trouvé
saisi d'effets, armes, instruments ou papiers faisant présumer qu'il est auteur ou complice, pourvu que ce soit dans un
temps voisin du délit »

Ce n’est pas évident de déterminer la temporalité de la flagrance : La jp considère que c’est dans les 24h après
l’infraction qu’on est dans un état de flagrance

→ 24h = durée d’une arrestation judiciaire (garde à vue)


→ MAIS ce ‘n’est plus le délai actuel, on est passé à 48h
→ Avant on calquer la flagrance sur le délai maximum de l’arrestation judicaire, donc on peut se demander
si ça a encore du sens actuellement
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Ces état de flagrance vont autoriser le procureur du roi à poser un certain nombre d’action qui ne sont
normalement pas de compétence

Assimilation :

art. 46 C.i.cr. :
« Les attributions faites ci-dessus au procureur du Roi pour les cas de flagrant délit auront lieu aussi toutes les fois que,
s'agissant d'un crime ou d'un délit, même non flagrant, commis dans l'intérieur d'une maison, le procureur du Roi
sera requis de le constater :
1° par le chef de cette maison;
2° par la victime de l'infraction, lorsque l'infraction, dont il s'agit, est visée aux articles 398 à 405 du Code pénal et que
l'auteur présumé de l'infraction est l'époux de la victime ou la personne avec laquelle elle cohabite et entretient une
relation affective et sexuelle durable » (=violence conjugale)

On va assimiler à la flagrance un certain nombre de situations : dans ces situation, le procureur peut poser tous
les actes qu’il peut poser en état de flagrances

→ Ex : tout ce qui est relatif à la violence conjugale est assimilé à la fragrance

Flagrant crime => flagrant délit

Que passa si flagrant délit ?


→ Dérogation au droit commun de la procédure
→ OPJ et/ou ministère public disposent de pouvoirs étendus
o ils peuvent accomplir certains actes d’instruction ;
o ils ont moins de conditions à respecter pour poursuites membres gouvernement /
parlementaires, …)

Raison du pouvoirs plus étendus lorsqu’il flagrance ?


→ nécessité d’une intervention rapide pour éviter que preuves disparaissent
→ risque réduit de poursuites arbitraires lors d’un état de flagrance

c) Les procès-verbaux
Rappel : caractère écrit de la phase préliminaire
→ Tous les renseignements obtenus, les constats établis, les devoirs accomplis, etc. doivent être consignés
par écrit !

Il n’y a pas de formalité particulière concernant la forme des PV ou ce qui doit y être consigné
→ Certains renseignement sont logiquement indispensables

Force probante
Le PV a 3 types de Force probante (force qu’on accorde à un acte en matière de preuve) :

1° : PV qui valent comme simple renseignement (majorité)


→ Pas une force probante plus élevée qu’un autre document (qu’un aveu, qu’un témoignage)
→ Ce n’est pas parce que c’est dressé par la police que ça vaut plus au niveau de la preuve
→ On peut donc utiliser n’importe quel moyen pour contrer ce qui à être dit dans le PV

2° : PV faisant foi jusqu’à preuve du contraire


→ Très rare
→ Vous devez prouver le contraire de ce qui y est consigné (un peu compliqué)
→ Ex : dans un contentieux en matière de roulage (le flash d’un excès de vitesse)
o Il faut prouver que ce n’est pas nous qui étions au volant OU qu’il était impossible pour nous
d’être à cet endroit précis (preuve qu’on était autre part)

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

3° : PV faisant foi jusqu’à inscription en faux


→ Rarissime
→ Il faut apporter la preuve que ce qui y est consigné par des agents, est faux : il faut prouver qu’ils ont
commis un faux
→ MAIS pour ça il faut lancer un procédure d’inscription de faux (assez lourd à faire)

Pouvoir d’appréciation
Il n’y a pas de pouvoir d’appréciation dans le chef de celui qui fait un PV : obligation de transmission
Art. 40, 1er, LFP:
« Les plaintes et dénonciations faites aux membres du cadre opérationnel, de même que les renseignements qu'ils ont
obtenus et les constatations qu'ils ont faites au sujet d'infractions, ainsi que les constations faites par les membres du
cadre administratif et logistique visés à l'article 118 de la loi du 7 décembre 1998 organisant un service de police intégré,
structuré à deux niveaux, lorsqu'ils sont habilités à dresser des procès-verbaux, font l'objet de procès-verbaux qui sont
transmis à l'autorité judiciaire compétente.
Les procès-verbaux sont établis sous forme matérialisée ou dématérialisée ».

Exception :
→ PV simplifiés qui font l’objet d’un listing et puis envoyer chaque mois
→ Traitement policier autonome

Art 28ter, §2, art. 29 Cicr: Transmission à l’autorité judiciaire compétente

d) Les descentes et prélèvements sur les lieux


Autre acte qui peut être accomplis par le parquet : les descentes sur les lieux pour opérer un certain nombre de
prélèvements
→ Une fois que le prélèvement est effectué, il est envoyé aux Services de police fédérale qui font appel à
des laboratoires de police technique et scientifique (LPTS) pour rechercher les indices sur les lieux des
faits : empreintes digitales, cheveux, tissus, éléments balistiques, prélèvement de taches de sang, etc.
→ Ils peuvent eu meme procéder à des prélèvement MAIS la plupart du temps surtout pour des crimes
assez grave, ils font appel à des laboratoires
→ sciences de la criminalistique ; sciences forensiques

e) L’audition des personnes


Auditions = transcription, par des fonctionnaires de police, le parquet ou des magistrats, dans un PV des
déclarations faites par la personne auditionnée
→ La personne auditionnée ce n’est pas uniquement le suspect mais aussi les témoins, la victime, des tiers
→ Il y a des règles différents qui s’appliquent en fonction du statut de la personne auditionnée

il faut distinguer le témoignage au sens strict et au sens large


→ Temoignage au sens large : des témoins de l’infraction qui vont être auditionnée par la police sans
formalités particulière (Sens qu’on utilise ici)
→ Témoignage au sens strict : lorsqu’on fait prêter serment au témoin et dans ce cas-là, il doit être
auditionné obligatoirement par le juge d’instruction

Objectif = obtenir la version la plus objective des faits dans l’optique de la manifestation de la vérité

L’audition doit être mené en conformité avec les principes de légalité et de loyauté de l’administration de la
preuve ce qui exclut donc
→ Des questions trop suggestives
→ Des manœuvres visant à faire pression sur la personne entendue
→ Des violences physiques
→ etc.

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Evolution
Cette matière a connu une évolution législative importante

1° : Loi Franchimont (1998, apres l’affaire Dutroux) :


→ garanties pour renforcer la fiabilité PV d’audition
→ permettre le contrôle par l’intéressé du contenu de sa déclaration
→ Elle a autorisé la délivrance d’une copie gratuite du procès-verbal d’audition
o On peut directement aller avec chez notre avocat et donc bcp plus facile de préparer la défense

2° : Arrêt Salduz c. Turquie du 27 novembre 2008 de la


Cour européenne des droits de l’Homme (gd ch)
→ La Turquie est condamnée
o car la personne auditionnée comme
suspect l’a été sans la présence de son
avocat
o au cours de cette audition, elle a fait des
aveux ou elle reconnaissait sa culpabilité,
elle s’auto-incriminait
o les déclarations de Salduz ont été
utilisées par les juridiction pour le
condmane
→ Suite à cet arrêt, bcp d’état ont dû changer leurs
législations
o Loi du 13 août 2011 (« loi Salduz »)
o Loi du 21 novembre 2016 (« loi Salduz
bis ») suite à la transposition de la
directive européenne du 22 octobre 2013
sur l’accès à un avocat en matière pénale

Dispositions légales
Art. 47bis Cicr (article de base) :
→ §1er : audition d’une personne à laquelle aucune infraction n’est imputée
→ §2 et § 3 : audition d’un suspect
→ §4 : audition d’une personne privée de liberté → loi sur la détention préventive
→ §5 : déclaration écrite des droits est remise avant la première audition
o Disponibles en 52 langues sur le site du SPF Justice
→ §6 : celui qui contient l’énonciation des différents droits pour toutes les auditions

Art. 70bis Cicr :


→ Les dispositions prévues à l'article 47bis sont applicables aux interrogatoires effectués dans le cadre de
l'instruction.

Art. 28quinquies, §2 et 57, §2 Cicr(dispositions sur le caractère secret) :


→ Droit à obtenir une copie gratuite du texte de son audition

4 catégorie d’auditions
Salduz I - art. 47bis C.i.cr., §1er
= Audition de « toute personne »
→ Des personnes auxquelles aucune infraction n’est imputée (donc surtout victime ou témoins)

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

La personne est informée succinctement des faits + il lui est communiqué :


→ Qu’elle ne peut être contrainte de s’accuser elle-même ;
→ Que ses déclarations peuvent être utilisées comme preuve en justice ;
→ Qu’elle peut demander que toutes les questions qui lui sont posées et les réponses qu’elle donne soient
actées dans les termes utilisés ;
→ Qu’elle peut demander qu’il soit procédé à un acte d’information ou une audition déterminés ;
→ Qu’elle peut utiliser les documents en sa possession, sans que cela puisse entraîner le report de
l’interrogatoire, et qu’elle peut, lors de l’interrogatoire ou ultérieurement, demander que ces documents
soient joints au PV d’audition ou au dossier.
→ Consignation de tous ces éléments dans un PV (+heure du début et de fin audition: car le temps court,
le délai d’arrestation judiciaire est de 48h, donc dans ce délai il faut faire bcp de choses er surtout quand
la personne est auditionnée, on va voir que quelqu’un qui est auditionné comme victime,/témoin
endosse une autre qualité plus tard)
→ Droit d’obtenir une copie gratuite de son audition (sauf exceptions)
→ Assistance de l’avocat lors de l’audition possible MAIS la personne doit en prendre l’initiative, il n’y a pas
de droit à la concertation préalable confidentielle (art. 47bis, § 6, 7)

Salduz II et III - art. 47bis C.i.cr., §§2-3


Salduz II = Audition d’un suspect pour une infraction non punissable d’une peine privative de liberté
→ Infractions uniquement punie d’une amende (donc s’applique assez rarement)

Salduz III : Audition d’un suspect pour une infraction punissable d’une peine privative de liberté, mais non privée
de liberté
→ Ne fait pas l’objet d’une arrestation judiciaire

Point commun des deux : pour les personnes non privées de liberté au sujet d’infractions qui peuvent leur être
imputées (suspects)

Communications idem Salduz I + la personne est informée


→ qu’elle va être auditionnée en qualité de suspect
→ qu’elle a le choix de faire une déclaration, de répondre aux questions qui lui sont posées ou de se taire
→ qu’elle n’est pas privée de sa liberté (droit d’aller et de venir)
o Puisqu’on n’est pas dans le cas d’une arrestation judiciaire

MAIS les droits varient


→ Salduz II : assistance d’un avocat lors de l’audition possible mais la personne doit en prendre l’initiative,
et il n’y a pas de droit à la concertation préalable confidentielle
→ Salduz III : droit à la concertation préalable confidentielle avec l’avocat et à l’assistance de l’avocat lors
de l’audition
o Normal puisqu’on suspecte qu’on a commis quelque chose qui pourrait nous mettre en prison

Le droit à la concertation préalable a une application différentes selon (pas connaitre) :


→ l’audition a lieu sur convocation écrite
o alors la personne est présumée avoir déjà eu concertation confidentielle préalable ; si on vient
sans avocat, il y a une présomption de renonciation
→ l’audition n’a pas lieu sur convocation écrite
o Quand on est auditionné sur le champs
o report possible une fois ; sauf si renonciation
→ renonciation à ce droit de consultation : par écrit
→ dispositions spéciales pour les mineurs
o On ne peut pas renoncer à l’assistance avocat ; pas présumé s’être concerté confidentiellement
avec avocat
51
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Salduz IV - art 47bis, §4, C.i.cr.


= Audition d’un suspect pour une infraction punissable d’une peine privative de liberté et privé de liberté
(arrestation judicaire

renvoie à la loi sur la détention préventive : articles 2bis, 16 et 24bis/1 de la loi DP


→ 2bis : audition à la police
→ 16, § 2 : interrogatoire juge d’instruction
→ 24bis/1 : auditions effectuées pendant la période de maintien de la détention préventive

Art 2bis de la loi relative à la détention préventive


§2 : droit à la concertation préalable avec l’avocat
→ Les autorités doivent (véritable obligations) de contacter l’avocat choisi par la personne ou la
permanence organisée par l’OBFG/OVB, ou le bâtonnier ou son délégué
o démarches active des autorité
→ La concertation confidentielle préalable « peut » être tenue par téléphone
o Assez rare mais ça arrive et c’est problématique par rapport aux respect des droits
→ durée de la concertation confidentielle = 30 minutes + possibilité de prolongation dans cas exceptionnels
→ La concertation confidentielle préalable doit avoir lieu dans un délai de 2h après contact avec l’avocat
ou la permanence
o si l’avocat n’est pas arrivé sur place, on rebascule dans l’entretien téléphonique et puis l’audition
commence

§3 / § 6 : renonciation pour la personne majeure (possibilité – et plus obligation! – d’entretien téléphonique avec
un avocat au préalable :
→ Un peu dangereux : risque d’abus (qui a été dénoncé par plusieurs associations) et d’expression pour
que la personne renonce à ce droit

§ 3 : enregistrement audio filmé de la première audition, si possible


→ on encourage de plus en plus l’enregistrement) de l’audition pour être sure que la transcription dans le
PV soit conforme à ce que dit la personne)

§4 : interprète

§5 : interruption de 15 minutes en vue d’une concertation confidentielle supplémentaire (soit si révélation


nouvelles infractions, soit une fois par audition)
→ Si des nouvelles déclarations sont faites et qu’il s’incrimine, on peut appuyer sur le bouton replay avant
de continuer : je sens que si je réponds a cette question, je suis susceptible de m’auto-incriminer

§ 7 : information d’un tiers


§ 8 : assistance médicale
§ 9 : dérogation exceptionnelle au droit d’accès à un avocat

Intervention Intervention de la personne


Catégorie
↓ Qualité de la personne auditionnée des autorités auditionnée en ce qui concerne
judiciaires l’assistance de l’avocat
Personne à laquelle aucune La personne doit elle-même prendre
I Passive
infraction n’est imputée l’initiative de contacter un avocat
Suspect non privé de liberté,
La personne doit elle-même prendre
entendu au sujet d’infractions non
II Passive l’initiative de contacter un avocat + elle
punissables de peines privatives de
reçoit une déclaration de ses droits
liberté

52
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

La personne reçoit une convocation


Suspect non privé de liberté,
écrite contenant la communication du
entendu au sujet d’infractions
III Active modérée droit d’accès-assistance à un avocat
punissables de peines privatives de
mais doit prendre elle-même l’initiative
liberté
de contacter un avocat.
Usage de l’application Salduzweb du
IV Suspect privé de liberté Proactive barreau afin de s’assurer effectivement
du droit d’accès-assistance à un avocat

L’avocat
L’assistance d’un avocat doit permettre le contrôle :
→ Du respect du droit de la personne interrogée de ne pas s’accuser elle-même, ainsi que de sa liberté de
choisir de faire une déclaration, de répondre aux questions qui lui sont posées ou de se taire (droit au
silence) : L’avocat pourrait conseiller à son client de se taire
→ Du traitement réservé à la personne interrogée durant l’audition, en particulier de l’exercice manifeste
de pressions ou contraintes illicites
→ De la notification des droits de la défense et de la régularité de l’audition
o Il faut à chaque fois que la personne soit informée de ses droits avant l’audition
o Si violation des droits, l’avocat peut le faire mentionner sur la feuille d’audition

Que peut faire l’avocat:


→ L’avocat peut demander à ce qu’il soit procédé à tel acte d’information ou à telle audition.
→ Il peut demander des clarifications sur les questions posées
→ Il peut formuler des observations sur l’enquête et l’audition
→ MAIS il ne lui est toutefois pas permis de répondre à la place du suspect ou d’entraver le déroulement
de l’audition
o Il peut conseiller à son client de se taire mais pas répondre à sa place

Sanctions face à la méconnaissance du droit à l’assistance de l’avocat ?


S’il n’y a pas de sanction, alors le droit n’est pas effectif
→ Les déclarations sont inutilisables pour fonder une condamnation (art. 47bis, §6, 9)
o Ca ne peut pas être utiliser pour condamner quelqu’un
→ Irrégularité de la privation liberté ? Pas nécessairement (infra, détention préventive)
→ Violation du procès équitable ?
o Il faut faire une appréciation globale donc la méconnaissance du droit à l’assistance de l’avocat
n’entraîne pas nécessairement l’impossibilité d’examiner la cause de manière équitable (supra,
introduction)
o On ne fait pas le focus sur un élément du procès pénal : c’est après avoir regardé l’ensemble du
procès qu’on peut examiner la violation du procès équitable
o Ce n’est pas parce qu’on a violé ce droit qu’on a forcément violé le droit au procès équitable
o Seule l’atteinte irrémédiable au procès équitable entraîne l’irrecevabilité des poursuites

Cour eur. D.H., 13 septembre 2016, Ibrahim et autres c. Royaume Uni: « Un procès pénal impliquant en général une interaction
complexe de différents aspects de la procédure pénale, il est souvent artificiel de chercher à catégoriser une affaire pour dire
sous l’angle de quel droit particulier découlant de l’article 6 elle doit être examinée ».

Etude de jurisprudence CEDH article (6 § 3 c)/ 2016


La Cour a indiqué qu’un suspect doit, dès qu’il est privé de liberté, pouvoir bénéficier de l’assistance d’un avocat
indépendamment des interrogatoires qu’il subit. Néanmoins, il semble qu’elle n’ait pas conclu à la violation du droit à un
procès équitable dans le cas où le suspect n’avait pas accès à un avocat dès son arrestation mais n’avait toutefois pas été
interrogé, puisque n’avait alors été recueilli aucun élément qui puisse ensuite être utilisé à charge à l’encontre du suspect
durant le procès. Si la Cour a déjà constaté des violations du droit au procès équitable en cas d’absence d’avocat et de silence
53
pendant l’interrogatoire, elle a conclu ainsi, semblerait-t-il, lorsque le droit national faisait obstacle de façon systématique à la
présence d’un conseil ou qu’il permettait de tirer du silence du suspect des conclusions jouant en sa défaveur.
Cour eur. D.H., Arrêt Salduz c. Turquie, 27 novembre 2008
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein
§54. La Cour souligne l’importance du stade de l’enquête pour la préparation du procès, dans la mesure où les preuves
obtenues durant cette phase déterminent le cadre dans lequel l’infraction imputée sera examinée au procès.
Parallèlement, un accusé se trouve souvent dans une situation particulièrement vulnérable à ce stade de la procédure, effet
qui se trouve amplifié par le fait que la législation en matière de procédure pénale tend à devenir de plus en plus complexe,
notamment en ce qui concerne les règles régissant la collecte et l’utilisation des preuves. Dans la plupart des cas, cette
vulnérabilité particulière ne peut être compensée de manière adéquate que par l’assistance d’un avocat, dont la tâche
consiste notamment à faire en sorte que soit respecté le droit de tout accusé de ne pas s’incriminer lui-même. (...). Un
prompt accès à un avocat fait partie des garanties procédurales auxquelles la Cour prête une attention
particulière lorsqu’elle examine la question de savoir si une procédure a ou non anéanti la substance même du droit de ne
pas contribuer à sa propre incrimination. La Cour prend également note à cet égard des nombreuses recommandations
du Comité européen pour la prévention de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants soulignant
que le droit de tout détenu à l’obtention de conseils juridiques constitue une garantie fondamentale contre les mauvais
traitements.

Toute exception à la jouissance de ce droit doit être clairement circonscrite et son application strictement limitée dans le
temps. Ces principes revêtent une importance particulière dans le cas des infractions graves, car c’est face aux peines les
plus lourdes que le droit à un procès équitable doit être assuré au plus haut degré possible par les sociétés démocratiques.

§55. Dans ces conditions, la Cour estime que, pour que le droit à un procès équitable consacré par l’article 6 § 1 demeure
suffisamment « concret et effectif », il faut, en règle générale, que l’accès à un avocat soit consenti dès le premier
interrogatoire d’un suspect par la police, sauf à démontrer, à la lumière des circonstances particulières de l’espèce, qu’il
existe des raisons impérieuses de restreindre ce droit. Même lorsque des raisons impérieuses peuvent exceptionnellement
justifier le refus de l’accès à un avocat, pareille restriction – quelle que soit sa justification – ne doit pas indûment préjudicier
aux droits découlant pour l’accusé de l’article 6.

Il est en principe porté une atteinte irrémédiable aux droits de la défense lorsque des déclarations incriminantes faites
lors d’un interrogatoire de police subi sans assistance possible d’un avocat sont utilisées pour fonder une
condamnation.

Cass., 27 novembre 2012: « Les droits de la défense et le droit à un procès équitable sont, en principe, violés lorsqu’un
suspect fait des déclarations au cours d’une audition par la police ou par le juge d’instruction ou lors de la
reconstitution, sans avoir la possibilité d’être assisté d’un avocat.
De cette circonstance ne résulte pas automatiquement l'impossibilité définitive d'examiner de manière équitable la
cause d'un suspect, ensuite prévenu ou accusé. Lorsque le juge n'utilise pas les déclarations à titre de preuve
déterminante, (…), le caractère équitable du procès reste garanti ».

La CCass vient au fur et à mesure rajouter des infos :


→ Le juge peut fonder la condamnation en tenant compte d’autres éléments de preuve
→ Si j’ai d’autres preuves, alors je peux quand meme utiliser ces déclarations auto incriminantes puisque
ce ne sera pas le seul élément interdit
→ Ca montre donc à la police qu’on peut auditionner la personne sans avocat, on verra ce que le juge en
ferra par la suite, donc autant le faire

Cas particulier d’audition


Audition des mineurs d’âge et des majeurs vulnérables témoins (assimilé aux mineurs) ou des victimes de
certaines infractions (notamment d’agression sexuelles)
→ Accompagnement par une personne de confiance (art. 91bis Cicr)
→ Enregistrement audiovisuel de l’audition obligatoire ou facultatif selon les cas (art. 92 et s. Cicr)
→ Règles spécifiques pour délivrance copie texte audition (art. 28quinquies, §2 et 57, §2 Cicr)

Audition à distance au moyen de médias audiovisuels


→ Témoin protégé, témoin-expert à l’étranger… (art. 112 et 112bis Cicr)

Enregistrement audio(visuel)
→ Possible pour toute audition, après avertissement (art. 112ter Cicr)

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Polygraphe
→ technique d’interrogatoire qui consiste en l’enregistrement des modifications d’une série de fonctions
corporelles
o Détecteur mensonges
→ Instauré par la loi du 4 février 2020 modifiant le C.i.cr. en ce qui concerne l’utilisation du polygraphe :
insertion de art. 112dudodecies C.i.cr. (avant : circulaire PG)
→ on ne doit pas auditionner la personne SAUF si la personne fait des aveux au court de ce test
o Si elle fait des aveux, elle est considérée comme un suspect et donc on doit appliquer toute la
législation Salduz III ou IV (en fonction de s’il y a une arrestation judiciaire)
→ Comme c’est considéré comme une technique particulière il faut un policier qui a suivi une formation
spéciale

Art. 112duodecies, § 1er, C.i.cr. :


« Le test polygraphique est une technique particulière d'interrogatoire policier faisant l'objet d'un enregistrement
audiovisuel et permettant de vérifier la véracité de déclarations, au travers d'une procédure psychophysiologique, grâce
à l'enregistrement de paramètres physiologiques sous la forme de graphiques ».

Audition des personnes repenties


→ Déclaration prévue dans mémorandum supra : PPT actions, supra
→ Preuve que si corroborée par d’autres éléments de preuve

Confrontation
Il y a plusieurs formes de confrontation (art. 62, §§2-3 C.i.cr.)
→ On voit ça bcp dans les séries

1° : Audition durant laquelle plusieurs personnes sont appelées à répondre aux questions tour à tour
→ Idée de confrontation des versions et voir s’il y a des contradictions

2° : Séance d’identification derrière vitre sans tain pour reconnaître une personne parmi d’autres
→ = « line up »

3° : Séance d’identification sur la base de photos ou vidéo


→ = « panel photos »

f) Les contrôles d’identité


Base légale : art. 34 LFP

Plusieurs situations où les contrôles d’identité sont possible :

→ Des personnes privées de sa liberté


→ De personnes qui ont commis un fait passible d’une sanction administrative ou pénale
→ Des personnes à l’égard de qui il existe des motifs de croire qu’elle est recherchée, a tenté de commettre
ou se prépare à commettre une infraction, ou pourrait troubler ou a troublé l’ordre public
→ Des personnes qui désirent pénétrer dans un lieu où l’ordre public est menacé
→ Pour assurer respect des dispositions légales relatives à l’accès au territoire, au séjour, à l’établissement
et à l’éloignement des étrangers

On ne peut jamais retenir quelqu’un plus de 12 heures pour vérifier son identité !

On mélange un peu la police administrative et la police judiciaire


→ Pas toujours évident de savoir si c’est dans le cadre d’une police administrative ou d’une police juridicier
mais on peut tout de meme faire une certaine classification

55
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Police administrative (§§2-3) Police judiciaire (§1)


privation de liberté
troubles de l’ordre public
commission d’une infraction
lieux faisant l’objet de menaces
(+ tentative et suspicion)
Maintien de la sécurité publique
personne recherchée (mandat d’arrêt, mandat d’amené, condamnation par
respect de la loi sur les étrangers
défaut)

g) La fouille des personnes


Base légale: art. 28 LFP qui distingue 3 catégories de fouilles
→ §1er : Fouille de sécurité (police administrative)
→ §2 : Fouille judiciaire (police judiciaire)
→ §3 : Fouille à corps avant de mettre une personne en cellule (police administrative ou judiciaire)
→ §4 : Dans le cadre d’un transport international (police administrative)

Il est important de distinguer les différents types de fouilles de l’exploration corporelle, ce sont 2 actes différents!
→ L’exploration corporelle est assimilée à un expertise et elle ne peut être effectuée que par un médecin
(car on touche au corps de la personne et c’est une atteinte à l’intégrité physique)
o Ex : sur une victime d’une agression sexuelles, on va faire une exploration sexuelle pour trouver
des preuves
→ La fouille ne peut jamais impliquer un contact physique!
o La police ne peut jamais nous toucher quand elle procède à une fouille : on accepte juste la
palpation

Qui Quoi Quand


• Personne arrêté administrativement
• Palpation corps/vêtements + ou judiciairement
contrôle de bagage • Si motifs raisonnables de croire que
• Pas plus d’1 h la personne soumise à un contrôle
• Dans certains cas, ça doit être par la d’identité porte une arme ou objet
FOUILLE DE Police
police, du même sexe de la dangereux
SECURITE administrative
personne fouillée et sous la • Personnes qui participent à un
responsabilité d’un OPA (officier de rassemblent public présentant une
police administrative) menace réelle pour l’ordre public
• Personnes accèdent à des lieux où
l’ordre public est menacé
• Pas de contact physique (≠
exploration corporelle)
• Responsabilité d’un OPJ
• Personnes faisant l’objet d’une
• Pas plus de 6h
arrestation judiciaire
• On peut demander dans le cadre de
• SI indices que la personne détient sur
FOUILLE Police cette fouille, que la personne se
elle des pièces à conviction ou
JUDICAIRE judiciaire déshabille (toujours devant une
éléments de preuve d’un crime ou
personne du meme sexe) ou que
délit
l’on fasse des genoux-flexions (voir
si la personne ne cache pas dans
son anatomie des objet suspects)
MAIS sans toucher!!

56
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

• = fouille avant mise en cellule


• Régulièrement appliquer dans les prisons et a donné lieu à un certain nombre
de jp qui ont trouvé que c’était inc° de fouille systématique les détenus
Police - La jp a donc dit que ce n’était possible que dans les cas prévus par la loi
FOUILLE À
administrative - Ca ne peut pas avoi run caractère systématique
CORPS
ou judiciaire • Possibilité de demander :
- Le déshabillage complet en présence police même sexe personne fouillée
- La réalisation de genoux-flexions
• Sous responsabilité OPA ou OPJ

Cass., 27 octobre 1987 : « La fouille consiste à examiner une personne pour vérifier si des objets ne sont pas
dissimulés dans ou sous ses vêtements. L'exploration corporelle visée par l'art. 25 de la loi du 20 avril 1874 relative à
la détention préventive est une expertise ordonnée en vue d'explorer les parties intimes du corps »

h) L’arrestation d’une personne

C° art 12 :
« Hors le cas de flagrant délit, nul ne peut être arrêté qu'en vertu d'une ordonnance motivée du juge qui doit être signifiée au
plus tard dans les quarante-huit heures de la privation de liberté et ne peut emporter qu'une mise en détention préventive »

Cet article dit qu’on a le droit de nous arrêter sans contrôle d’un juge pendant max 48h
→ Si on veut continuer de nous priver de liberté au-delà de 48h, il faut l’intervention d’un mandat d’arrêt
→ Avant c’était max 24h (dans le contexte terroriste)
o L’idée était d’aller jusque 72h uniquement pour les infractions terroristes
o Finalement on a coupé la poire en deux : 48h pour tout
→ La liberté est un droit fondamental => intervention pouvoir judiciaire

Le délai de 48h débute au moment où la personne est privée de sa liberté d’aller et venir – ou si arrestation par
un particulier, au moment de la dénonciation à la police (art. 36 LFP ; art. 1 et 2 loi DP)

Qui ?
Arrestation judiciaire (Max 48h): art. 1 et 2 loi DP :
→ Personnes à l’égard de qui il existe des indices sérieux de culpabilité relatifs à un crime ou à un délit /
flagrant délit-crime.

Arrestation administrative (Max 12h): art. 31 LFP :


→ Dans l'exercice de leurs missions de police administrative et sans préjudice des compétences
expressément prévues dans des lois de police spéciale, les fonctionnaires de police peuvent en cas
d'absolue nécessité procéder à l'arrestation administrative
o 1° d'une personne qui fait obstacle à l'accomplissement de leur mission d'assurer la liberté de la
circulation;
o 2° d'une personne qui perturbe effectivement la tranquillité publique
o 3° d'une personne à l'égard de laquelle il existe des motifs raisonnables de croire, en fonction de
son comportement, d'indices matériels ou des circonstances, qu'elle se prépare à commettre
une infraction qui met gravement en danger la tranquillité ou la sécurité publiques, et afin de
l'empêcher de commettre une telle infraction;
o 4° d'une personne qui commet une infraction qui met gravement en danger la tranquillité ou la
sécurité publiques, afin de faire cesser cette infraction.
o Dans les cas prévus à l'article 22, alinéa 2, les fonctionnaires de police peuvent procéder à
l'arrestation administrative des personnes qui perturbent la tranquillité publique et les éloigner
des lieux de l'attroupement.

57
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

On peut cumuler les deux? Si on bascule de l’arrestation administrative à l’arrestation judicaire?


→ C’est max 48h, on ne peut pas aller au-delà : si on bascule, il faut déduire le délai déjà écoulé (art 32 LFP)

ARRESTATION ADMINISTRATIVE ARRESTATION JUDICIAIRE

Art. 31 à 33septies LFP Art. 1, 2, 2bis loi DP


Temps nécessaire et max 12h (sauf
Temps nécessaire et max 48h (sauf exceptions)
exceptions)
Flagrance :
• particuliers : informe police / fonctionnaires de police
qui va informer l’OPJ
- C’est à partir du moment où l’on informe la
police que le délai commence à courir
Par des fonctionnaires de police : art. 31 • OPJ procède à l’arrestation et informe le PR (ou JI si
Information à l’OPA qui informe bourgmestre instruction ouverte)
Hors flagrance : uniquement sur ordre du PR ou JI si le JI saisi
• On n’a plus besoin de donner des pouvoirs
dérogatoires à la police
• Ex: quelqu’un qui porte plainte contre x et arrive à
identifier l’auteur de l’infraction,

PV => heure précise privation liberté effective avec


Inscription dans registre privations de liberté
circonstances, communications et décisions magistrat

Droits de la personne faisant l’objet d’une


arrestation administrative : art. 33ter à Art. 2bis : SALDUZ IV (supra) (concertation confidentielle
33sexies (informations, info personne préalable, assistance avocat, info personne confiance,
confiance, assistance médicale, eau-repas, assistance médicale)
sanitaire)

i) Le recours à la force, aux menottes et aux armes à feu


Dans certaines conditions, la police à le droit de:

1° - art. 37 LFP : recours à la force


→ raisonnable, proportionné à l’objectif poursuivi, objectif légitime + avertissement si n’empêche pas
efficacité

2° - art. 37bis LFP : usage des menottes


→ S’il y a un recours à la force
→ lors du transfèrement, de l’extraction et de la surveillance des détenus
→ lors de la surveillance d’une personne arrêtée administrativement ou judiciairement si c’est nécessaire
au vu circonstances
→ Art. 38 LFP : usage des armes à feu
→ Pour les situations ultimes, qui sont limitativement énumérées
→ L’avertissement doit précéder l’usage d’une arme à feu, sauf si légitime défense ou si cela rend l’usage
inopérant
→ Conditions de proportionnalité, subsidiarité et légitimité

58
Affaire « Mawda » : Corr. Hainaut (div. Mons) n° 306/2021, 12 février 2021 :
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein
« Il peut en premier lieu être accepté que le fonctionnaire de police avait sorti son arme par la fenêtre afin de tirer sur
les pneus de la camionnette et non sur les occupants. Il peut aussi être admis qu’il est possible que le fonctionnaire de
police ait tiré le coup de feu par accident. Un expert balistique a en effet confirmé qu’il est bel et bien réaliste que, s’il
avait le doigt sur la détente, le fonctionnaire de police ait tiré un coup de feu par accident en réaction à l’écart réalisé
par la voiture de police suite à un mouvement brusque de la camionnette. Dans le même temps, il peut être considéré
que tirer, ou assurément viser avec une arme chargée dans un véhicule en mouvement, ne témoigne pas d’une
prudence ou d’une précaution suffisante. Pour en juger de la sorte, la législation sur la fonction de police, qui donne
des directives sur l’usage de la violence, est prise en compte. La violence, dont l’usage d’armes à feu, doit en
effet satisfaire aux principe de subsidiarité et de proportionnalité. Le principe de subsidiarité requiert que l’usage
de la violence soit l’ultime moyen, autrement dit que toutes les alternatives aient été épuisées. Le principe de
proportionnalité exige que les conséquences de l’usage de la violence soient proportionnelles aux risques que
l’infraction engendre. Ces deux principes n’ont pas été respectés en l'espèce. On avait ainsi d’autres moyens à
disposition pour arrêter la camionnette, comme les barrages, l’usage de l’arme à feu ne pouvant être réputé
subsidiaire. En outre, comme le tribunal l’a considéré, le risque d’un éventuel usage de l’arme à feu était
particulièrement élevé tant pour les occupants de la camionnette que pour les autres usagers de la route. Le
fonctionnaire de police aurait également dû avoir conscience du risque de ricochet (un balle qui ricoche). En outre,
force est de constater que l’usage d’armes à feu pour arrêter des véhicules en mouvement n’est pas enseigné au cours
de la formation policière et que cela aurait justement dû inciter le fonctionnaire de police à redoubler de prudence ».

j) La fouille des véhicules


Art. 29 LFP : fouille véhicule ou autre moyen de transport se trouvant dans lieux accessibles au public
→ Si le conducteur refuse contrôle conformité véhicule
→ S’il y a des motifs raisonnables de croire que véhicule a servi, sert ou pourrait servir à :
o Commettre infraction
o Abriter ou transporter personnes recherchées ou voulant se soustraire à contrôle identité
o Entreposer ou transporter des objets dangereux pour l’ordre public, des pièces à conviction ou
des éléments preuve infraction

Remarque : Si le véhicule est utilisé comme un logement, il faut une visite domiciliaire, voire perquisition !

k) L’interception du courrier
Principe – C° art 29/ CEDH art 8 : secret et inviolabilité des lettres (courrier postal) (art. 29 Constitution, 8 CEDH)

Compétence du PR : art. 46ter et art. 88sexies, al. 2 Cicr


→ pour intercepter et, le cas échéant, saisir (sinon rendre)
o le courrier provenant de, destiné à, ou concernant, une personne suspectée d’une infraction
punissable d’au moins un an d’emprisonnement
→ Il ne peut pas pour l’ouvrir et en prendre connaissance, sauf en cas de flagrance
o hors flagrance → compétence JI (art. 88sexies Cicr)

l) Les visites domiciliaires et perquisitions


Principe – C° art 15 : inviolabilité du domicile

Notion de domicile : acception large, (art. 8 CEDH)


→ Domicile avec dépendance, maison, appartement, caravane, chambre hôpital, chambre d’hôtel (arrêt de
la CCass qui disait entre les lignes que ça bénéficiait des mêmes protection à condition que la personne
y installe sa vie privée), locaux professionnels, tente dans les festivals,…

Pour pénétrer dans domicile : nécessité d’un mandat de perquisition qui relève de la seule compétence du juge
d’instruction
→ Mais exceptions : interprétation stricte !
o Il y a énormément de situation où la police peut procéder à des visites domiciliaires et procéder
à des fouilles administratives

59
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

À quel moment ?
→ Loi du 7 juin 1969 fixant le temps pendant lequel il ne peut être procédé à des perquisitions ou des visites
domiciliaires
→ Entre 21h et 5h du matin SAUF exceptions

Exceptions
Exceptions prévues dans :
→ C.i.cr.
→ Loi du 7 juin 1969 fixant le temps pendant lequel il ne peut être procédé à des perquisitions ou des visites
domiciliaires
C.A., 16 décembre 1998, n°140/98 : « L'intervention du juge d'instruction, magistrat impartial et indépendant, apparaît comme
une garantie essentielle du respect des conditions auxquelles est subordonnée une atteinte à l'inviolabilité du domicile,
garantie par l'article 15 de la Constitution et par l'article 8.1 de la Convention européenne des droits de l'homme. Dans
certaines matières particulières, le législateur a cependant dérogé à cette règle. De telles dérogations ne peuvent qu'être
exceptionnelles et elles doivent être justifiées par des raisons propres aux infractions qu'elles concernent » (§ B.1. et B.2.)

1° : En cas de flagrance et assimilation (à tout moment)


→ Au domicile de l’inculpé (art. 36 C.i.cr.)
→ Sur les lieux du crime ou du délit (art. 32 C.i.cr.)

2° : En cas de consentement écrit et préalable de la personne qui a la jouissance effective du lieu (à tout
moment)
→ Loi 7 juin 1969
→ il faut le consement de tous les colocs, s’il y en a

3° : En cas de réquisition écrite et préalable du chef de maison pour constater un délit ou un crime OU en cas
de réquisition par la victime de violence conjugale (à tout moment)
→ Quand nous-même on fait appel à la police
→ Art. 46 C.i.cr

4° : En cas d’appel venant des lieux (à tout moment)


→ Put importe si c’est chez nous ou ailleurs : quand on appelle la police, elle peut rentrer
→ Loi 7 juin 1969

5° : Incendies, inondations, catastrophes, menaces graves pour l’intégrité des personnes, soit avec
consentement personne, soit si danger (= caractère extrêmement grave et imminent qui menace vie ou intégrité
physique de personnes et ne peut être écarté d’autre façon)
→ à tout moment
→ art. 27 LFP (qui parle de Fouille administrative)
o A servit de base aux CG des infractions covid-19 : possibilité pour la police d’entrer chez nous pour
le non-respect des règles sanitaires

6° : Dans les lieux accessibles au public, immeubles abandonnés (à tout moment)


→ art. 26 LFP
→ Si c’est accessibles au public, ça ne bénéficie pas de la protection des domiciles privés

7° : Contrôle visuel discret (point suivant)


→ Frome de visite particulière

8° : Exceptions prévues par les lois particulières


→ Ex : art. 6bis loi 24 février 1921 stupéfiants : locaux servant à la fabrication, conservation, entreposage,
… stupéfiants ; locaux usage stupéfiants en présence mineurs (à tout moment)

60
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

m) Le contrôle visuel discret


= Pénétrer, à tout moment, dans un endroit privé sans le consentement et à l’insu de son occupant, pour
→ inspecter les lieux
→ ouvrir les objets fermés qui s’y trouvent (sauf systèmes informatiques), éventuellement emporter et
rapporter ces objets
→ y découvrir des preuves
→ y placer un dispositif technique qui permettra ultérieurement d'observer ces lieux à distance
o art. 46quinquies C.i.cr. (PR) ; art. 89ter C.i.cr. (JI)

En principe, subordonné à l’autorisation du juge d’instruction (art. 89ter C.i.cr)


→ MAIS art. 46quinquies Cicr introduit par loi 27.12.2005 : autorisation du PR pour lieux privés qui ne
constituent manifestement pas un domicile, une dépendance de domicile, ni des locaux professionnels
ou la résidence d’un avocat ou d’un médecin (ex : hangars, box de garage, remises, …)

Conditions :
→ indications précises présence preuves ou personnes suspectes
→ proportionnalité (liste infractions : 90ter ou infractions commises dans cadre organisation criminelle)
→ subsidiarité : autres moyens insuffisants

n) Les saisies
Saisie = mesure conservatoire, provisoire et facultative de la compétence du PR ou du JI, visant à soustraire un
bien à la libre disposition de son propriétaire ou de son possesseur et de le placer sous le contrôle des autorités
judiciaires en vue de son utilisation devant les juridictions ou de sa confiscation

Bases légales
→ PR : art. 35, 35bis, 35ter C.i.cr
→ JI : art. 35, 35bis, 35ter, 89 C.i.cr

Quels biens saisir ?


→ Tout ce qui paraît saisissable (choses visées à l’art. 42 CP)
→ Tout ce qui peut servir à manifester la vérité : les pièces à conviction et à décharge : art. 35 C.i.cr

Art. 42 CP :
« La confiscation spéciale s'applique :
1° Aux choses formant l'objet de l'infraction et à celles qui ont servi ou qui ont été destinées à la
commettre, quand la propriété en appartient au condamné;
2° Aux choses qui ont été produites par l'infraction.
3° Aux avantages patrimoniaux tirés directement de l'infraction, aux biens et valeurs qui leur ont été
substitués et aux revenus de ces avantages investis ».

SAISIE
CONFISCATION

Peine accessoire, définitive, facultative ou


Mesures conservatoire, provisoire et facultative
obligatoire

Compétence PR et JI (stade enquête préliminaire) Compétence juridictions (stade jugement)

Choses confiscables et pièces à conviction (art. 35


Choses confiscables (art. 42 et s. CP)
C.i.cr.)

61
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Sort ultérieur de la saisie (avant confiscation) :


→ référé pénal
o art. 28sexies (information) et 61quater C.i.cr. (instruction)
o toute personne lésée par un acte d’information relatif à ses biens peut demander la cessation
par requête motivée auprès du PR qui doit statuer dans les 15 jours
▪ si refus ou absence décision : recours possible devant CMA (infra, instruction)
→ aliénation du bien saisi ou restitution de celui-ci moyennant paiement d’une somme d’argent
o art. 28octies et 61sexies C.i.cr.
o Pour les avoirs patrimoniaux remplaçables et de valeur aisément déterminable, dont la
conservation peut entraîner dépréciation, dommage ou frais disproportionnés
o recours devant CMA
o à certaines conditions : mise à la disposition de la police de biens saisis (art. 17 loi 4 février 2018)
→ destruction conservatoire des biens saisis par PR
o art. 28novies Cicr
o Pour des raisons de coût ou de danger grave pour la sécurité publique ou la santé publique,
recours possible devant CMA

o) L’intervention différée
Base légale: Art. 40bis C.i.cr.

Intervention différé : Possibilité pour le PR de demander aux services de police de différer l’interpellation des
auteurs présumés d’infractions et la saisie des objets de l’infraction ou des biens en lien direct avec l’infraction
en vue d’identifier d’autres auteurs

Autorisation écrite et motivée PR

p) La récolte de données concernant les avoirs et transactions à caractère financier


= Le PR peut demander aux institutions financières toutes les informations relatives aux produits, services et
transactions de nature financière et aux valeurs virtuelles concernant les personnes suspectées d’avoir
commis une infraction punissable d’au moins un an d’emprisonnement
→ Demande au « point de contact central de la Banque Nationale de Belgique »
→ Demande d’observation des transactions bancaires pendant 2 mois max

Base légale : art. 46quater C.i.cr.

Possibilité d’un gel provisoire des comptes, coffres et instruments financiers pendant 5 jours
→ si circonstances graves et exceptionnelles et seulement pour certaines infractions

q) Télécommunications
Il y a 3 actes à différencier :
→ Identification d’un utilisateur d’un service de communication électronique
→ Repérage/localisation des communications électroniques
→ Interceptions des communications électroniques = « écoutes »

Identification de l’utilisation d’un service de communication électronique


Base légale : Art. 46bis C.i.cr.

= Le PR a le pouvoir de requérir l’opérateur d’un réseau de communications électroniques pour identifier


l’utilisateur à partir d'un numéro de téléphone ou d’une adresse mail
→ On peut aller max 6 mois en arrière pour infractions < à 1 an

Autorisation écrite et motivée PR SAUF extrême urgence (OPJ)

62
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Repérage et localisation des télécommunications


Repérer ou localiser l’origine ou la destination des communications électroniques
→ Rétrozoller : identification des numéros entrants et sortants à partir d’un téléphone surveillé
→ Zoller : localisation d’un appel en cours

Base légale : Art. 88bis C.i.cr


→ que par le JI (puisque que c’est particulièrement intrusif): ordonnance motivée

MAIS parfois possible par le PR :


→ si flagrance pour infractions visées à l’art. 90ter C.i.cr. => confirmation par JI dans les 24h
o sans confirmation par JI tant que flagrance perdure pour certaines infractions (terroristes,
prises otage, …)
→ dans les 72h de la découverte d’une infraction terroriste
→ hors flagrance si c’est sollicité par le plaignant dans le cadre d’une plainte pour fraude ou harcèlement
électronique si c’est nécessaire pour établir l’infraction

Interception/écoutes des communications


Base légale : Art. 90ter C.i.cr.
→ Que par le JI

MAIS parfois, compétence PR si :


→ Flagrance pour infraction terroriste, prise otage, détention illégale ou extorsion
→ Dans les 72h suivant la découverte d’une infraction terroriste
→ auquel cas, respect conditions (infra, instruction)

r) L’exploration corporelle
Base légale : art. 90 Cicr

Exploration corporelle : visite du corps ou de certaines parties du corps que l’on a l’habitude de couvrir par
pudeur
→ >< fouille judiciaire qui permet une palpation
→ Acte médical effectué par médecin légiste = expertise

Cass., 27 octobre 1987: « La fouille consiste à examiner une personne pour vérifier si des objets ne sont pas dissimulés dans ou
sous ses vêtements. L'exploration corporelle (…) est une expertise ordonnée en vue d'explorer les parties intimes du corps »

Que par le JI, sauf exceptions PR si:


→ Flagrance
→ Consentement écrit et préalable de la personne majeure concernée

« SAS » : set d’agression sexuelle : utilisé après faits de mœurs (préconise exploration corporelle)

s) Les prélèvements sanguins


Base légale : Art. 44bis C.i.cr.

Prélèvements sanguins : Acte médical (donc fait par un médecin) en vue de déterminer le taux d’alcoolémie ou
état ivresse de l’auteur ou de la victime
→ Du ressort du JI ou par le PR en cas de flagrance

Le refus de s’y soumettre n’est pas punissable, SAUF en matière de roulage


→ Si la personne n’y consent pas, on ne peut pas la contraindre

63
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

t) Les prélèvements et l’identification par analyse ADN


Base légale : art. 44ter à sexies C.i.cr

Le PR peut demander à un laboratoire agréé par AR (INCC, Eurofins, labo ULG ou labo KULeuven)
→ D’établir un profil d’ADN de traces découvertes, et le cas échéant, comparer les profils ADN découverts
dans traces,
o On peut avoi plusieurs profil en fonction des traces sur le lieu du crime
→ De comparer un profil ADN de traces découvertes avec un profil ADN prélevé sur un suspect s’il y a des
indices de culpabilité (si âgé au moins 16 ans + si a donné consentement éclairé écrit )
→ De comparer le profil ADN de traces découvertes avec un profil ADN prélevé sur des personnes d’au
moins 16 ans non suspectes ou sur des membres famille de personne disparue SI consentement éclairé
écrit

Dans les deux premiers cas : le labo communique les profils ADN au gestionnaire des banques nationales de
données ADN de l’INCC pour enregistrer et établir une comparaison avec les profils déjà enregistrés

Remarque :
→ Seul le JI peut utiliser la contrainte
→ Consiste en quoi ? Frottis buccal, prélèvement des bulbes pileux ou prise de sang
→ Effectué par un OPJ ou un médecin (médecin uniquement compétent pour prise de sang)
→ La personne mineure doit être accompagnée

u) Les expertises et les avis de personnes spécialisées


Le PR ne peut pas ordonner d’expertises au sens strict du terme MAIS 2 exceptions :
→ Flagrance : désignation d’expert qui prête serment (infra actes d’instruction) : art. 43 et 44 C.i.cr.
→ Expertise psychiatrique médicolégale en vue de l’internement (art. 5 loi 5 mai 2014)

Le PR peut prendre des avis de personnes intervenant comme experts


→ Avis au dossier mais ce n’est pas une expertise, et la personne ne prête pas le serment requis pour expert
et son rapport

v) Le rapport d’information succinct, l’enquête sociale et la médiation


Médiation
Le MP donne l’information de la médiation réparatrice (art. 553, §2 C.i.cr. et art. 3ter C.i.cr.) :
→ voir, action civile (p. )
→ >< médiation pénale où les parties peuvent s’arranger entre elles sur un accord sur les dommages et
intérêts

Rapport d’information succinct – enquête sociel


Des enquêtes sociales / rapports d’information succinct peuvent être demandés par le PR (ou JI) aux maisons de
justice (supra)
→ Quand un sursis ou une suspension probatoire est envisagé
o Art. 2 loi 1964 suspension, sursis, probation
o Si faits de mœurs et mesure probatoire envisagée, il y a une nécessité d’avoir un avis d’un service
spécialisé dans la guidance ou le traitement des délinquants sexuels : art. 9bis, al. 1er
→ Quand une peine alternative est envisagée
o PSE : art. 37ter, §3 Code pénal
o PTA : 37sexies, §2 Code pénal
o PPA

64
Art 2 loi 1964 :
Q2 – Procédure
§1er. En vue de l'application éventuelle des articles 1erbis, 3 et 8, le juge d'instruction pénale
peut faire | Anna
procéder parSonnenschein
la section du
service des maisons de justice du SPF Justice de l'arrondissement judiciaire du lieu de résidence l'inculpé avant la clôture
de son instruction à un rapport d'information succinct, pour autant que l'inculpé n'ait pas encouru antérieurement de
condamnation à un emprisonnement principal de plus de douze mois.
En l'absence de saisine d'un juge d'instruction, le ministère public peut faire procéder par la section du Service des
maisons de Justice du SPF Justice de l'arrondissement judiciaire du lieu de résidence du prévenu, avant la saisine de la
juridiction de jugement, à un rapport d'information succinct pour autant que le prévenu n'ait pas encouru antérieurement
de condamnation à un emprisonnement principal de plus de douze mois.
§ 2. En vue de l'application éventuelle des articles 1erbis, 3 et 8, le ministère public, le juge d'instruction, les juridictions
d'instructions et les juridictions de jugement à l'exception des cours d'assises peuvent faire procéder par la section du
service des maisons de justice du SPF Justice de l'arrondissement judiciaire du lieu de résidence du délinquant, d'office ou
à la requête du délinquant, en lieu et place du rapport d'information succinct ou en complément à celui-ci, à une enquête
sociale sur son comportement et son milieu.
§ 3. Le Roi précise les règles relatives à l'enquête sociale et au rapport d'information succinct. = arrêté royal du 7 juin 2000
déterminant les principes généraux en matière d'usage de l'enquête sociale et du rapport d'information succinct dans les
matières pénales

Définitions
Arrêté royal du 7 juin 2000 :
→ Art. 2 : Le rapport d'information succinct est un rapport dans lequel l'assistant de justice répond et fait
un rapport uniquement en fonction de la demande spécifique de l'autorité mandante sur la faisabilité
d'un travail d'intérêt général, une formation ou une autre mesure spécifique.
→ Art. 3 : Une enquête sociale est une enquête par laquelle l'assistant de justice replace, en collaboration
avec l'inculpé, les faits dans un large contexte psycho-social en vue de proposer une mesure
individualisée dirigée vers l'avenir et la réparation

w) Les méthodes particulières de recherche


Base légale : art. 47ter à 47undecies C.i.cr.

Saga judiciaire (on y a été par couches successives) : depuis la nuit des temps, la police en utilise mais ces
méthodes n’étaient pas légalisées ce qui posait un problème face à l’art 8 CEDH
→ Loi du 6 janvier 2003 concernant les méthodes particulières de recherche et quelques autre méthodes
d’enquête (en partie annulée par un arrêt de CA du 21 décembre 2004)
o Loi adoptée en 2003 pour apporter de la transparence, sécurité juridique => principe légalité
(car MPR utilisées auparavant mais réglementation que par circulaires)
o Depuis, évolution législative :
→ Loi du 27 décembre 2005 portant des modifications diverses au Code d'instruction criminelle et au
Code judiciaire en vue d'améliorer les modes d'investigation dans la lutte contre le terrorisme et la
criminalité grave et organisée (en partie annulée par l’arrêt de la CC du 19 juillet 2007)
→ Loi du 16 janvier 2009 modifiant les articles 189ter, 235ter, 335bis et 416 du Code d'instruction
criminelle
→ Loi du 25 décembre 2016 portant des modifications diverses au Code d'instruction criminelle et au
Code pénal, en vue d'améliorer les méthodes particulières de recherche et certaines mesures
d'enquête concernant Internet, les communications électroniques et les télécommunications et créant
une banque de données des empreintes vocales.
→ Loi du 22 juillet 2018 modifiant le Code d'instruction criminelle et le titre préliminaire du Code
d'instruction criminelle en vue d'introduire la méthode particulière de recherche d'infiltration civile

65
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Définition :
art. 47ter C.i.cr : Énumération des MPR
→ Observation, infiltration, infiltration civile et recours aux indicateurs

Ces méthodes sont mises en œuvre, dans le cadre d'une information ou d'une instruction, par les services de
police désignés par le ministre de la Justice, sous le contrôle du ministère public et sans préjudice des articles
28bis, §§ 1er et 2, 55 et 56, § 1er, et 56bis, en vue de poursuivre les auteurs d'infractions, de rechercher, de
collecter, d'enregistrer et de traiter des données et des informations sur la base d'indices sérieux que des faits
punissables vont être commis ou ont déjà été commis, qu'ils soient connus ou non

Compétence commune du PR / JI mais rôle prépondérant du PR qui exécute les MPR même si décidées par JI

Remarque
Interdiction de la provocation policière :
→ Art. 47quater annulé puis le législateur en a fait une cause générale d’irrecevabilité de l’action publique
(art. 30 TPCPP : supra, action publique)
→ >< d’autres méthodes licites

Interdiction explicite de commettre des infractions


→ Art. 47quinquies, §1er et art. 47novies/1, §3 C.i.cr.

Art. 47quinquies, §1er : Sans préjudice des dispositions du § 2, il est interdit au fonctionnaire de police chargé d'exécuter
des méthodes particulières de recherche de commettre des infractions dans le cadre de sa mission

→ MAIS exceptions (=cause d’excuse absolutoire) : art. 47quinquies, §2 et art. 47novies/1, §3 Cicr
o Si c’est dans le cadre de la mission
o Avec accord exprès du PR
o Infractions absolument nécessaires pour réussite mission ou sécurité personnes
▪ Bruler un feu rouge, port de faux nom
o Respect du principe de proportionnalité (les infractions ne peuvent pas être plus graves que les
infractions pour lesquelles les MPR sont mises en œuvre)
o Les policiers bénéfices alors d’une cause d’excuse absolutoire

L’observation systématique
Base légale : art. 47sexies et 47septies Cicr

Dans 4 hypothèses :
→ Observation de plus de 5 jours
→ Observation dans le cadre de laquelle des moyens techniques sont utilisés
→ Observation revêtant un caractère international
→ Observation exécutée par des unités spécialisées de la police fédérale

Conditions :
→ Autorisation du PR, pour max 3 mois (renouvelable)
→ Principes de nécessité et de subsidiarité
→ Principe de proportionnalité :
o si moyens techniques utilisés, uniquement pour des infractions punissables de 1 an
d’emprisonnement au moins
o Si moyens techniques permettent d’avoir une vue dans le domicile ou dans un local
professionnel d’un avocat ou d’un médecin : compétence du JI et pour certaines infractions
(liste art. 90ter C.i.cr. ou organisation criminelle) (art. 56bis, al. 2 C.i.cr.) (infra : actes
d’instruction)

66
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Formes :
→ Rapport complet versé au dossier confidentiel
→ PV édulcoré joint au dossier de la procédure au plus tard après fin mesure

MÉTHODE AUTORISATION ? POUR QUELLES INFRACTIONS ?

Obs. non systématique / Toutes

Obs. systématique sans moyens Toutes mais nécessité / subsidiarité


PR (ou JI)
techniques (art. 47sexies, § 2, al. 1)

Obs. systématique
+ proportionnalité
avec moyens techniques
PR (ou JI) + infractions ≥ 1 an
mais sans vue dans domicile ou
(art. 47sexies, § 2, al. 2)
local prof. médecin/avocat
Obs. systématique
+ liste infractions (90ter + organisation
avec moyens techniques
JI criminelle)
et vue dans domicile ou local
(art. 56bis, al. 2)
prof. médecin/avocat

L’infiltration policière
Base légale : art. 47octies et 47novies Cicr

Fonctionnaire police = infiltrant


→ sous une identité fictive, il entretien de relations durables avec une ou plusieurs personnes soupçonnées
de commettre des infractions
o Infractions commises dans le cadre d’une organisation criminelle ou visées à l’art 90ter, §§2 à 4

Conditions
→ Autorisation du PR pour max 3 mois (renouvelable)
→ Principes de nécessité et subsidiarité
Formes
→ Rapport complet versé au dossier confidentiel
→ PV édulcoré joint au dossier de la procédure au plus tard après fin mesure

≠ infiltration Internet

L’infiltration civile
Base : art. 47novies/1 à 47novies/3 C.i.cr.

Majeur non-fonctionnaire de police = infiltrant civil


→ sous une identité fictive, entretien de relations durables avec une ou plusieurs personnes soupçonnées
de commettre des infractions
o Pour les infractions terroristes, ou infractions visées à l’art. 90ter, §§2 à 4 et commises dans le
cadre d’une organisation criminelle
o Qui? Tout particulier mais particulièrement les personnes du service de renseignement

Conditions :
→ Autorisation du PR pour max 3 mois (renouvelable) après l’accord du procureur fédéral
→ Principes de nécessité et de subsidiarité

67
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

o Principe de subsidiarité : on est face à des mesures exceptionnelles donc il faut privilégier les
moyens d’enquêtes classique et c’est seulement si ces moyens ne suffisent pas qu’on se tournes
vers l’infiltration civile
o MAIS dans la pratique, on est venu relativiser la portée de ces principes

Bxl (Ch. Mises en acc.), 9 novembre 2005 : « Que le principe de subsidiarité ne suppose toutefois pas qu’il soit
nécessaire d’essayer les méthodes classiques avant de pouvoir utiliser les méthodes particulières de recherche »
Il suffit pour le PR de dire qu’il n’y a arrivera pas avec les méthodes classiques et c’est bon

Formes
→ Rapport complet versé au dossier confidentiel
→ PV édulcoré joint au dossier de la procédure au plus tard après fin mesure
→ Preuves obtenues via infiltration civile : exigence de corroboration

>< infiltration policière : ce n’est pas un policier qui va intervenir

Le recours aux indicateurs


Base légale : art. 47decies Cicr

= Fonctionnaire police (= « fonctionnaire de contact ») entretient des contacts réguliers avec une personne (=
indicateur) qui est en relation étroite avec une ou plusieurs personnes soupçonnées de commettre des
infractions et qui lui fournit des informations à cet égard
→ Pour toutes les infractions (problématique)

Principe subsidiarité : problématique

Procédures de contrôle à 3 niveaux : parquet, gestionnaire local et gestionnaire national


→ Gestionnaire national des indicateurs au sein de la direction générale de la police judiciaire de la police
fédérale et gestionnaires locaux des indicateurs au sein de chaque direction judiciaire déconcentrée (qui
font rapport au moins tous les trois mois, respectivement au procureur fédéral et au procureur du Roi
de l’arrondissement)

Si les renseignements fournis par les indicateurs révèlent des indications d’infraction, il faut faire un rapport au
PR qui décide s’il en dresse un PV
→ Possibilité d’autoriser un indicateur à commettre des infractions (art. 47decies, §7), annulée par CC°

Commun à toutes
Pour toutes les MPR (et aussi pour infiltration Internet) : il faut que le parquet tienne un dossier séparé et
confidentiel
→ accès réservé Confidentiel car c’est réservé au PR et JI (+ dans cadre contrôle ci-dessous)
o Personne d’autres n’en avait accès en plus des parties
o Avant le JI n’en avait pas accès donc on a changé la loi qui reste toujours problématique

Contrôle légalité : art. 235ter, §§2-3 CiCr


→ CMA contrôle à la clôture de l’information régularité observation & infiltration policière et civile
o Accès au dossier mais pas en faire mention dans arrêt
→ CMA entend les parties (personnes que MP entend citer directement)
→ CMA peut entendre OPJ qui a dirigé opérations hors présence partie
→ Infiltration civile : contrôle trimestriel par CMA jusque fin recours à celle-ci (art. 235quinquies C.i.cr.)
→ Contrôle des dossiers classés sans suite par le PG et le Collège PG (art. 47undecies C.i.cr.)
o Forcément, il n’y a aucun contrôle, l’information est arrêtée
o On a introduit un contrôle des dossiers classés sans suite

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

x) L’infiltration Internet
Base légale : art. 46sexies Cicr
Infiltration internet : Fonctionnaires de police entretenant, sous identité fictive ou non, des contacts sur Internet
avec une ou plusieurs personnes soupçonnées de commettre des infractions

Conditions
→ autorisation PR subordonnée à des principes de subsidiarité et proportionnalité (infractions ≥ 1 an)
→ durée max. de 3 mois renouvelable

Remarque :
→ pas applicable à l’interaction personnelle sur Internet qui n’a pour finalité directe qu’une vérification
ciblée ou une arrestation sans utilisation d’identité fictive crédible
→ enregistrement de tous les contacts entretenus
→ le dossier est uniquement confidentiel s’il est fait appel à un expert civil ou que le PR autorise la
commission d’infractions
→ contrôle par la CMA avant de procéder à la citation directe (art. 235ter Cicr.)

y) Divers
On ne peut pas être exhaustif et il y a aussi d’autres choses :
→ Usage de toutes autres sources d’informations ou mesures d’investigation non contraignantes
→ Respect du principe de légalité de preuve et loyauté de l’administration preuve

Exemples :
→ Avis par voie de presse (« appel à témoins »)
→ Banque de données nationales de la police intégrée
→ Extrait de casier judiciaire
o Pourquoi il en aurait besoin ? pour mettre dans le dossier et pour établir une récidive
→ S’adresser à la direction immatriculation véhicule (DIV)
→ Demandes de renseignements aux administrations publiques
→ Prise de connaissance des données d’enregistrement des voyageurs chez les fournisseur hébergement
→ Mécanismes coopérations policière et judiciaire (EUROPOL, INTERPOL, SIS, …)
o SIS : système d’information Schengen

3.6. Mini-instruction
Notion : possibilité pour le PR (dans le cadre de l’information) de solliciter du JI l’accomplissement d’un acte
d’instruction déterminé sans pour autant mettre le dossier à l’instruction
→ Art. 28septies Cicr
→ Instaurée en 1998 : avant ça, si le parquet voulait faire accomplir un acte d’instruction par le JI, il devait
renvoyer le dossier à l’instruction (mais quand le procurer du Roi mets à l’instruction, il se sépare du
dossier) MAIS l’instruction c’est aussi encombrer le JI avec certains dossiers :
o peut-être que le Parquet a quasi fini et il manque juste un détail
o Pour éviter de surcharger le JI où, en soit, on n’a pas vraiment besoin d’instruction

Champ d’application : Tous les actes d’instruction sauf (car porte atteinte à la vie privée ou sont des contraintes):
→ mandat d’arrêt,
→ témoignage anonyme complet,
→ interceptions de communications non accessibles au public ou données système informatique
→ observation avec moyens techniques afin d’avoir une vue dans un domicile ou local professionnel d’un
avocat ou d’un médecin,
→ contrôle visuel discret dans mêmes lieux,
→ perquisition (exception supprimée par loi PP II puis rétablie suite à l’arrêt du 21 décembre 2017

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C.C., 21 décembre 2017, n° 148/2017:
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein
B.22.1 : « La perquisition, l’écoute et l’enregistrement des communications privées, l’observation effectuée à l’aide de
moyens techniques afin d’avoir une vue dans une habitation et le contrôle visuel discret sont des mesures
comparables en ce qui concerne l’ingérence dans le droit au respect de la vie privée qu’elles occasionnent »

B.22.4 : « En raison de la gravité de l’ingérence dans le droit au respect de la vie privée et de l’inviolabilité du domicile
qu’elle implique, la perquisition ne peut, en l’état actuel de la règlementation en matière de procédure pénale,
être autorisée que dans le cadre d’une instruction, au cours de laquelle les personnes intéressées disposent d’un droit
organisé de demander un accès au dossier et des actes d’instruction supplémentaires et au cours de laquelle la
chambre des mises en accusation peut exercer un contrôle quant à la régularité de la procédure. En incluant la
perquisition, en l’état actuel de la règlementation en matière de procédure pénale, dans le champ d’application de la
mini-instruction, sans prévoir des garanties supplémentaires pour protéger les droits de la défense, la disposition
attaquée porte une atteinte discriminatoire au droit au respect de la vie privée et au droit à l’inviolabilité du domicile »

Le juge instruction peut :


→ Refuser d’accomplir l’acte sollicité
o MAIS appel possible du parquet devant CMA
→ Accomplir l’acte et
o renvoyer le dossier au parquet
o évoquer le dossier, auquel cas une instruction est ouverte
▪ pas de recours possible pour le parquet

3.7. Accès au dossier


Art. 21bis Cicr / COL 06/2018, version 16 janvier 2020

Matière qui a beaucoup bougé


→ Avant on avait un souci d’égalité car il y avait bcp plus de droit si on passait par l’instruction
→ La CC° a en parti annulé certaines dispositions
→ On a donc introduit et modifié l’art 21bis

Les personnes directement intéressées (inculpé, personne à l’égard de laquelle l’action publique est engagée
dans le cadre de l’instruction, personne soupçonnée, partie civilement responsable, partie civile, personne qui a
fait déclaration personne lésée, …) peuvent demander au ministère public ou au juge d’instruction de consulter
le dossier ou d’en obtenir copie
→ Consultation dossier papier ou ConsultOnline (le dossier devra être scanné) selon les cas
→ Possibilité de scan/photos du dossier depuis 29 juin 2019

Procédure formalisée
→ suite à l’arrêt C.C. n°6/2017 du 18 mars 2018
→ Modification de l’art 21bis pour formaliser la procédure (vu qu’il y avait une discriination par rapport aux
droits)
→ Que pour les crimes et délits
→ Il y a un délai de réponse maximum du parquet (4 mois à partir de l’enregistrement de la requête, 1 mois
après première autorisation accordée par JI si dossier avec mini-instruction)
→ Droit d’appel devant CMA

3.8. Fin de l’information


Clôture de l’action Suspension provisoire de Entrée dans la phase
Instruction
publique l’action publique de jugement

Classement sans suite (on peut


Médiation et toujours ressortir le dossier) Convocation par procès-
« Réquisitoire de mise à
mesures - Sans conditions verbal
l’instruction »
Transaction pénale - Avec conditions (« probation Citation directe
prétorienne »)
70
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Classement san suite


Classement sans suite (CSS) = décision du ministère public de temporairement ne pas poursuivre
→ CSS = décision provisoire ! (la poursuite reste possible tant que l’action publique n’est pas éteinte)

Obligation de motivation ! Le motif du CSS doit être indiqué :

→ Motifs de technique juridique


o auteur introuvable, inconnu ou décédé, pas assez d’indices de culpabilité, prescription, …
→ motifs d’opportunité
o poursuites possibles mais non opportunes

Obligation d’information de personne lésée (art. 5bis, §3 C.i.cr.)

Possibilité d’imposer des conditions = probation prétorienne


→ utilisation importante en comparaison avec médiation MAIS les conséquences sont totalement
différentes !

La victime peut “contrer” le CSS par 2 possibilités :


→ citation directe devant les juridictions de jugement
→ constitution de partie civile entre les mains du juge d’instruction

Entonnoir de la justice pénale

71
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Exercice de l’action publique


Ouverture instruction : infra

Réquisitoire mise à l’instruction par PR : art. 61 C.i.cr.

Constitution partie civile entre mains JI : art. 63 C.i.cr.

Citation directe
Citation directe devant juridiction de jugement
→ Art. 145 et 182 C.i.cr.
→ Citation => exploit d’huissier
o Toujours devant un huissier ! (c’est donc payant)
o Contraventions
o Délits
o Crimes que MP décide de correctionnaliser par application art. 2 loi du 4 octobre 1987 sur les
circonstances atténuantes (seul le MP (≠ partie civile) peut procéder à la correctionnalisation des
crimes au stade de l’information)

4. L’instruction
Rappel :

4.1. Définition de l’instruction, mission du juge d’instruction et schéma


Phase préliminaire : 3 possibilités s’il y a une mise en mouvement de l’action publique par le MP

72
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Instruction : enquête menée par le JI


→ art. 55 Cicr
→ >< information !!! Ici, le JI est saisi d’un fait infractionnel connu
o le JI n’a pas la mission de rechercher des infractions
→ But ultime: faire un dossier le plus complet
→ Elle est conduite sous la direction et l'autorité du juge d'instruction
→ Fait partie de la phase préliminaire qui caractérisée par un caractère secret, unilatéral et écrit MAIS
exceptions (quand meme pas mal)
o Secret instruction et exceptions : art. 57 C.i.cr.
Art. 55 Cicr: Art. 28 §1er Cicr:
« L'instruction est l'ensemble des actes qui ont pour objet de « L'information est l'ensemble des actes destinés à
rechercher les auteurs d'infractions, de rassembler les rechercher les infractions, leurs auteurs et les preuves,
preuves et de prendre les mesures destinées à permettre aux et à rassembler les éléments utiles à l'exercice de
juridictions de statuer en connaissance de cause. » l'action publique ».
Cicr art 56 :
→ Aspect d’investigation (il ne doit pas rechercher les infractions mais quand meme rechercher les auteurs)
et aspect juridictionnel (double casquette)
o statut hybride qui prête le flanc a la critique car il est un peu juge et parti
o
→ Le JI a une mission de police judiciaire :
o le JI peut poser lui-même actes relevant de la police judiciaire, de l’information et de l’instruction
(MAIS il n’a pas la qualité d’officier PJ >< PR )
→ JI peut requérir des services de police (dans le cadre de sa fonction d’investigation)
→ JI est instruit à charge et à décharge + veille à la légalité des moyens de preuve et la loyauté avec laquelle
ils sont rassemblés
→ Indépendance et impartialité
o Rappel jurisprudence spaghetti - JI Connerotte (supra, PPT introduction)
→ Pouvoir de contrainte, et il peut porter atteinte aux libertés et droits individuels (art. 56 C.i.cr.)
o >< information (mais exceptions, notamment si flagrance)
73
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Compétences du JI :
→ Matérielle
o crimes (seul à connaître des crimes non correctionnalisables : nécessaire de passer par
l’instruction pour saisir la cour d’assises)
o délits
o contraventions
▪ On ne va embêter le juge avec ca
▪ SAUF si connexes à crimes ou délits (art. 227 C.i.cr.)
o (pour info : terrorisme : juges spécialisés : art. 79 C.jud.)
→ personnelle
o toute personne soupçonnée d’un crime ou délit
o exceptions :
▪ Immunités (un memebres de la cour d’appel occupera les fonctions du JI), privilège
juridiction
▪ règles particulières pour les mineurs (pas étudier)
→ territoriale
o art. 62bis C.i.cr.
o Saisine : lieu de l’infraction résidence de l’inculpé OU le lieu où l’inculpé est trouvé
▪ Mais JI spécialisé terrorisme : tout le territoire (art. 62bis, al. 4, C.i.cr.)
o Exécution devoirs enquête : Il peut demander de poser des actes en dehors de son
arrondissement mais il doit prévenir PR (= « commission rogatoire » : infra)

4.2. Ouverture de l’instruction


Principe : pas d’auto-saisine

MAIS 2 exceptions :
→ auto-saisine si flagrance : art. 59 Cicr (pas en pratique)
→ auto-saisine en cas de mini-instruction : art. 28septies Cicr

Principaux modes de saisine :


→ Saisine par le parquet (réquisitoire de mise à l’instruction) : art. 61 Cicr
o pas de forme spéciale (ça pourrait meme être fait oralement), mais l’écrit est recommandé +
qualification des faits
→ Saisine par la victime : constitution de partie civile entre les mains du JI : art. 63 Cicr (=constitution
par voie d’action)
o JI : PV de constitution de partie civile, communiqué au PR
o Rappel : si le JI déjà saisi de l’affaire, la victime peut se constituer partie civile par voie
d’intervention (supra, PPT actions)
o Il faut obligatoirement un écrit et la victime doit avoir intérêt à agir

Saisines ponctuelles du JI sans ouverture d’une instruction :


→ Dans le cadre d’une mini-instruction (il peut accomplir l’acte sollicité par le parquet sans ouvrir une
instruction)
→ art. 28septies Cicr

pour info :
→ audition du témoin anonyme à la demande de la juridiction de fond (art. 189bis et 294, al. 2 Cicr)
→ interception de communications dans le cadre de l’enquête particulière sur les avantages patrimoniaux
(art. 524bis, §5 Cicr)

74
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Rappel : mini-instruction : art. 28septies C.i.cr. :


Le procureur du Roi peut requérir du juge d'instruction l'accomplissement d'un acte d'instruction pour lequel
seul le juge d'instruction est compétent,

SAUF
→ du mandat d'arrêt tel qu'il est prévu par l'article 16 de la loi du 20 juillet 1990 relative à la détention
préventive,
→ du témoignage anonyme complet tel qu'il est prévu à l'article 86bis,
→ de la mesure de surveillance telle qu'elle est prévue par l'article 90ter (interceptions de communications
non accessibles au public ou données système informatiques)
→ [1 et des actes d'instruction tels qu'ils sont prévus aux articles 56bis, alinéa 2 (observation avec moyens
techniques afin d’avoir vue dans un domicile ou local professionnel d’un avocat ou d’un médecin), et 89ter
(contrôle visuel discret dans mêmes lieux),]1
→ « ainsi que de la perquisition » (!!! : par son arrêt n° 148/2017 du 21-12-2017, la Cour constitutionnelle
a annulé l'article 63,1° de la loi du 5 février 2016 qui remplace les mots « des actes d'instruction tels qu'ils
sont prévus aux articles 56bis, alinéa 2, et 89ter ainsi que de la perquisition », par « « des actes
d'instruction tels qu'ils sont prévus aux articles 56bis, alinéa 2, et 89ter » (éléments en italique) sans
qu'une instruction soit ouverte.

Après l'exécution de l'acte d'instruction accompli par le juge d'instruction, celui-ci décide s'il renvoie le dossier
au procureur du Roi qui est responsable de la poursuite de l'information ou si, au contraire, il continue lui-même
l'enquête (…). Cette décision n'est susceptible d'aucun recours.

Etendue et conséquences de la saisine :


L’étendue de la saisine est déterminée par le RMI ou l’acte CPC (constitution partie civile)
→ MAIS le JI n’est pas lié par la qualification des faits données par le PR dans son réquisitoire de la mise à
l’instruction
→ Au cours de l’enquête, le JI peut se rendre compte qu’il y a d’autres faits commis, des circonstances
aggravantes, … et requalifier les faits et il a une obligation de le faire correctement

Saisine réelle (in rem) et non personnelle (in personam)


→ Si requalification, il doit en avertir le PR car pas d’auto-saisine possible du JI meme pour les faits qu’il
découvre au cours de son enquête
→ Pouvoirs d’investigation limités aux faits dont le JI a valablement été saisi, mais pouvoir d’inculper tous
les auteurs, coauteurs ou complices même non cités dans l’acte de saisine

Il est tenu d’aviser le parquet de l’existence de nouveaux faits découverts dans le cadre de son instruction
→ si instruit faits dont il n’a pas été valablement saisis = excès pouvoir
→ Sanction actes => à apprécier à l’aune des critères Antigoon (infra)

Il est tenu d’instruire


→ Obligation
→ Peut poser problème : on peut avoir constitution parti civile pour de broutilles mais peu importe, le JI
doit statuer (meme si ca ne prend que 5 mins pour dire « je ne suis pas compètent »)
→ Seul cas où il pourrait se dessaisir lui-même => renvoi vers JI compétent (art. 69 C.i.cr.)

Il prive le PR de son pouvoir d’investigation propre (art. 28quater, al. 3 Cicr)


→ Enquête parallèle

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

4.3. Actes d’instruction


a) Généralités
Pouvoirs importants du JI ! Le JI peut poser lui-même des actes relevant de la police judiciaire, de l’information
et de l’instruction
→ Tous les actes information étudiés → le JI peut les poser
→ En pratique, le JI délègue à la police puisqu’il travaille dans son bureau

b) Interrogatoire inculpé
But : Obtenir des explications de l’inculpé sur les faits + infos

Pas une obligation légale ni un droit de l’inculpé d’être entendu SAUF dans le cadre détention préventive (art.
16 et 22 loi DP) et pour le prélèvement d’ADN (art. 90undecies, §1er, Cicr)
→ OR possibilité pour partie civile : Toute victime qui se constitue partie civile, peut être entendue, sur
simple demande, au moins 1x par le JI chargé de l'affaire (art. 63 al. 2 Cicr)

Comparution : suite à une invitation, un mandat d’arrêt ou un mandat d’amener (infra)

Droits de l’inculpé
→ Application des règles de l’audition prévues à l’art. 47bis Cicr (art. 70bis Cicr)
→ On est dans Salduz IV DONC
o Droit à l’assistance d’un avocat (art. 2bis, 16, 22, 24 loi DP ou 47bis, §2, 1et §3 Cicr)
o Droit de se concerter de manière confidentielle
→ Délivrance d’une copie de l’audition (art. 57, §2 Cicr)
→ Droit au silence donc pas d’audition sous serment
o S’il prête serment, il sera peut être obligé de s’auto-incriminer

c) Inculpation
Art. 61bis Cicr :
→ Le juge d'instruction procède (donc bien une obligation!) à l'inculpation de toute personne contre
laquelle existent des indices sérieux de culpabilité. Cette inculpation est faite lors d'un interrogatoire ou
par notification à l'intéressé.
→ + Bénéficie des mêmes droits que l'inculpé toute personne à l'égard de laquelle l'action publique est
engagée dans le cadre de l'instruction.

Inculpation : lors d’un interrogatoire ou par notification à l’intéressé


→ Le JI considère qu’il a suffisamment d’indice de culpabilité
→ Le JI doit qualifier les faits (cette qualification est toujours provisoire)

La « personne à l’égard de laquelle l’action publique est engagée » a les mêmes droits que l’inculpé
→ Le JI ne peut pas se saisir lui-même (soit pas le PR soit par la partie civile via une constitution de partie
civile)
o Le parquet/ victime peut désigner un certaines nbr de personnes et nomme ainsi des personnes
o Le JI qui procède à l’interrogatoire et peut faire une audition de toutes ces personnes et va peut
être juste inculpé l’une de ces personne
o MAIS vu qu’elles ont été désignée nominativement, elles vont être assimilée à l’inculpé ce qui
est important, puisqu’ils bénéficieront des meme droits que lui
→ Personne visée nominativement comme suspect ou auteur présumé, par MP dans réquisitions ou par
partie civile dans sa constitution

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

d) Audition témoins (pas suspect ni partie civile)


Base légale : Art. 71 à 86quinquies Cicr + art. 47bis, 57§2 et 91bis Cicr

TEMOIGNAGE DEVANT LE JI TEMOIGNAGE DEVANT LA POLICE

Témoignage au sens strict du terme Témoignage au sens large du terme


Prestation de serment : « je jure de dire toute la vérité, rien que la
Pas de prestation de serment
vérité » (art. 75) (sauf si âgé moins 15 ans : art. 79)
Obligation de comparaître et de répondre aux questions → sinon
amende (art. 80 C.i.cr.)
et/ou mandat amener (infra)
Exceptions :
Pas d’obligation comparaître et pas de
− droit au silence s’il y a un risque de s’auto incriminer ET DONC il
n’est pas obligé de dire toute la vérité sanctions si on ne répond pas à la
− Possibilité de révéler le secret professionnel : art. 458 C.pén. convocation
o Comme on est entendu sous serment, on a le droit de lever
ce secret pour révéler des secrets normales couvert par le
secret
- Pas une obligation!! Juste une possibilité
Utilisation de la contrainte : mandat amener Pas possible utiliser contrainte

Anonymat partiel ou total peut être octroyé Pas possible octroyer anonymat

Nécessité d’acter les données relatives à l’identité du témoin, MAIS dérogations:


1° : Anonymat partiel qui peut prendre deux formes :
→ omission de données d’identité dans le PV d’audition (art. 75bis)
o C’est souvent l’adresse du domicile que l’on omet
o condition : s’il y a un risque de préjudice grave pour le témoin ou qqn de son entourage
→ indication de l’adresse de service à la place du domicile (art. 75ter)
o pas de condition
o Souvent pour les policiers entendus en tant que témoins

2° : Anonymat complet (art. 86bis à 86quinquies) : l’identité du témoin est entièrement secrète
→ conditions stricte (puisque ça porte atteinte à la crédibilité du jugement aux droits de la défense)
o menace (appréciée de manière subjective dans le cas d’un particulier, objective dans le cas d’un
fonctionnaire de police)
o subsidiarité
o proportionnalité (liste limitative d’infractions : 90ter ; organisation criminelle)
→ décision du juge d’instruction après avoir pris connaissance de l’identité complète du témoin et avoir
contrôlé sa fiabilité
→ aucun recours contre cette ordonnance
→ L’audition doit quand meme se faire dans le respect du contradictoire mais en prenant toutes les
mesures nécessaires pour tenir secrète l’identité du témoin
o Comment faire : Des question communiquées au préalables
o Le témoin va être dans une pièce avec le JI et dans une autre pièce se trouve l’inculpé, l’avocat
etc
o Le JI doit faire en sorte que l’anonymat soit respecté et c’est le JI qui va poser des questions
→ Le bénéfice de l’anonymat est conservé devant le juge du fond (art. 189bis et 294 C.i.cr.) et jusqu’a la
fin du procès
77
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

→ régime doublement dérogatoire en ce qui concerne la force probante (art. 86quinquies + 189bis, al. 3 et
326, al. 3 Cicr) (infra)
o On ne peut jamais condamner quelqu'un uniquement sur base d’un témoignage anonyme
complet
o Ca ne peut être qu’une preuve corroborante

e) Descente sur les lieux


Base légale : Art. 62 Cicr

Descente sur les lieux : Le JI descend sur les lieux avec un greffier et le PR
→ Pour Assister aux premières constatations
→ MAIS il peut aussi procéder à une reconstitution
o En présence du suspect, de la partie civile et des avocats
o L’inculpé à droit à l’assistance de son avocat
▪ MEME règles applicables en matière d’audition

f) Perquisition
Principe de base : Inviolabilité du domicile : supra, PPT info
Base légale: Art. 89bis Cicr
→ Le JI peut procéder personnellement à la perquisition (pas besoin de mandat) ou désigner à cet effet un
OPJ via un mandat de perquisition

Motivation du mandat!
→ Principe de spécialité : il ne s’agit pas de délivrer un mandat de manière générale, il faut indiquer tel
appartement, chez telle personne, pour quelle infraction et ce qu’on cherche
→ MAIS il est toujours possible qu’au moment de la perquisition l’OPJ découvre des indices d’une autres
infractions

Dans le cas de la découverte d’indices d’autres infractions :


→ Dans le cadre d’une perquisition régulière : on est dans le cas de la flagrance qui permet la visite
domiciliée, donc elle doit dresser un PV qu’elle renvoie au MP (pas JI car il est saisi de faits précis, des
faits infractionnels connus) (art. 29 C.i.cr.)
→ Hors du cadre d’une perquisition – irrégularité :
o On découvre alors des preuves irrégulière et il faut appliquer la jurisprudence Antigoon (infra)

Remarque supplémentaires :
→ Pas de perquisition entre 21h et 5h sauf exception (art. 1 loi 7 juin 1969) : supra, PPT info
→ La perquisition ne peut pas se faire via une mini-instruction
Cass., 27 mai 2020: « Les parties communes d’un immeuble à appartements multiples ne font pas partie du domicile,
au sens de l’article 15 de la Constitution, des personnes qui occupent un appartement dans cet immeuble »
Conséquence: ce n’est pas protégé par l’art 15, on considère que c’est un lieu ouvert à tout le monde et donc pas besoin de
perquisition (=visite domiciliaire)

Cass., 11 janvier 2006:


« L'exigence de motivation d'une ordonnance de perquisition est remplie par l'indication du délit visé ainsi que du
lieu et de l'objet de la perquisition; s'il n'est pas nécessaire de rédiger un exposé détaillé des faits ni même de spécifier
les choses à rechercher, il faut cependant que l'officier de police judiciaire chargé d'effectuer le devoir dispose des
éléments nécessaires pour lui permettre de savoir sur quelle infraction porte l'instruction et quelles sont les recherches
et saisies utiles auxquelles il peut procéder à cet égard sans sortir des limites de l'instruction judiciaire et de sa
délégation.
Pour qu'une ordonnance de perquisition soit régulièrement motivée, les indications qu'elle contient doivent permettre
à la personne visée par la perquisition de disposer d'une information suffisante sur les poursuites se trouvant à
l'origine de l'opération, pour lui permettre d'en contrôler la légalité.
Lorsqu'une ordonnance de perquisition est régulièrement motivée, elle ne cesse pas de l'être du seul fait que, tout en78
l'exécutant dans les limites circonscrites par le mandat, les agents verbalisateurs découvrent des indices relatifs à
d'autres infractions que celles ayant justifié la visite ».
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

g) Contrôle visuel discret dans domicile


Base légale : art. 46quinquies, §1er Cicr
→ Voir section sur l’information

Que par le JI si ça porte sur un domicile-dépendances ou sur des locaux professionnels d’un avocat/médecin
→ si l’avocat-médecine est soupçonné ou si lieu est occupé par un tiers
→ si infraction visée à l’art. 90ter, §§2-4 ou dans cadre organisation criminelle
→ + prévenir bâtonnier ou ordre médecins (art. 56bis, al. 3 et 4 C.i.cr.)

Uniquement par le JI si introduction dans un système informatique pour installer, réparer ou retirer moyen
technique nécessaire pour observation si porte sur ces mêmes lieux (art. 89ter, §1er C.i.cr.)

h) Recours aux méthodes particulières de recherche


Observations systématiques ou infiltrations (policières et civiles) : mêmes conditions que pour l’information
→ exécutées par le parquet

Remarques :
→ Le JI a accès au dossier confidentiel mais il est tenu par secret DONC il ne peut pas en faire état
→ Contrôle de légalité par CMA
o Devra être opée sur tout dossier pour lesquels on a utilisé les méthodes particulières de
recherches
→ Compétence exclusive du JI
o Observations avec moyens techniques afin d’avoir une vue dans (pas « sur ») domicile ou
dépendance, ou dans résidence/local professionnel avocat ou médecin :
→ conditions de fond et de forme applicables à toute observation (art. 47sexies et 47septies C.i.cr.) +
autorisation JI et liste limitation d’infractions (art. 90ter, §§ 2 à 4 C.i.cr. ou organisation criminelle) (art.
56bis, al. 2 C.i.cr.) ; règles particulières à l’égard avocat/médecin (art. 56bis, al. 3 C.i.cr.)

i) Ouverture et prise de connaissance du courrier


Principe : secret et inviolabilité lettres (supra, info)
Base légale : Art. 88sexies, §1er C.i.cr.

Compétence
→ commune du PR – JI pour intercepter et saisir courrier (art. 46ter C.i.cr.)
→ exclusive JI pour ouvrir et prendre connaissance courrier (sauf flagrance : PR)
o Proportionnalité : que si indices sérieux infraction punissable peine emprisonnement
correctionnel principal d’un an au moins

j) Saisies et référé pénal


Saisies : compétence commune PR et JI
→ art. 35 et 89 C.i.cr.
→ supra info

Référé pénal :
→ infra, droits des parties

k) Mesures provisoires à l’égard de personnes morales


Base légale : art. 91 C.i.cr.
Mesures :
→ Suspension procédure dissolution ou liquidation personne morale
→ Interdiction transactions patrimoniales spécifiques susceptibles d’entraîner insolvabilité personne
morale
→ Dépôt de cautionnement
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

l) Mandat d’amener
Base légale : art. 3 à 15 loi DP

Mandat d’amener : Injonction du JI d’amener, par la contrainte, devant lui un suspect ou un témoin récalcitrant
afin de l’interroger
→ = titre de privation de liberté
→ MA pour suspect, durée max = 48h (art. 3)
→ MA pour témoin, durée max = 24h (art. 12)

m) Mandat d’arrêt
Base légale : art. 16 loi DP
→ Infra cours détention préventive

n) Exploration corporelle
Base légale : Art. 90bis Cicr

Exploration corporelle : Mesure visant à visiter certaines parties du corps


→ ≠ fouille corporelle
→ Acte médical effectué par médecin légiste, expertise
→ Compétence exclusive JI, sauf flagrance ou consentement personne majeure
→ Supra info

o) Prélèvement et identification par analyse ADN


Base légale : Art. 90undecies et 90duodecies Cicr

Compétence exclusive du JI pour prélèvement ADN :


→ sous la contrainte
→ sur un mineur de moins de seize ans

Conditions :
→ Suspect ou non suspect présentant un lien direct avec instruction
→ Infraction punissable de 5 ans d’emprisonnement au moins

Procédure :
→ Audition préalable de l’intéressé + info sur circonstances affaire et utilisation profil ADN
→ Le JI désigne expert pour établir le profil ADN et le cas échéant, le comparer avec le profil ADN traces
découvertes + banque données
→ Ordonnance motivée du JI

Il y a 2 techniques de prélèvement :
→ Frottis buccal ou prélèvement bulbes pileux => OPJ
→ Prélèvement de sang => médecin

p) Autopsie
Base légale : art. 44 C.i.cr.

Remarques :
→ Compétence du JI sauf flagrance
→ En cas de mort violente ou dont cause est inconnue ou suspecte : désignation médecin légiste afin de
déterminer les causes de la mort et l’état du cadavre (= expertise => infra)
→ Droit des proches à voir le corps du défunt (depuis 1998)

q) Expertise
Base légale : Art. 43 Cicr
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Expertise : pour éclairer les juridictions sur les éléments techniques n’apparaissant pas du dossier ou
nécessitant examen plus approfondi par personne qualifiée :
→ Compétence JI sauf flagrance

Exemples :
→ Exploration corporelle
→ Autopsie
→ Expertise en écriture
→ Expertise en incendie
→ Expertise en balistique
→ Expertise en automobile
→ Expertise comptable
→ Expertise en informatique
→ Examen médical
→ Examen psychologique
→ Expertise génétique (ADN)
→ Expertise psychiatrique (en vue internement notamment)

Remarques :
→ Le choix de l’expert se fait par réquisitoire écrit et daté, délimitant la mission
o Depuis loi 1er décembre 2016 : on ne peut prendre que des experts inscrits au registre national
des experts judiciaires (art. 555/6 CJ)
o SAUF exceptions (art. 555/15 CJ) :
▪ urgence,
▪ si pas d’expert avec expertise nécessaire dans registre, etc. (prestation serment)
→ Indépendance de l’expert par rapport au JI
→ Expert soumis au secret professionnel
→ Expert exécute lui-même mission : mission personnelle
→ ! Expert n’est pas le juge : il ne dit pas le droit !
→ Valeur probante = avis (infra)
o Ça n’a pas une valeur probante particulière, ça vaut comme simple renseignement

Les modalités d’exécution de l’expertise ne sont pas précisées dans C.i.cr., il n’y a pas de réglementation générale
(mais particulière pour différents actes : exploration corporelle, analyse ADN, …)
→ Unilatérale et secrète mais possibilité contradiction (! internement !)
→ Est-ce que l’expertise est contradictoire? Est-ce que toutes les parties peuvent prendre connaissance
de ce rapport? Non pas nécessairement à ce stade SAUF
o en droit civil
o Le JI peut décider déjà à ce stade d’accorder un certain caractère contradictoire
→ Idée de représenter la présomption d’innocence en sachant que ce rapport d’expertise sera accessible
durant la phase de jugement

r) Repérage et localisation des communications électroniques


Il y a 3 actes à différencier :
→ 1° : Identification d’un utilisateur d’un service de communication électronique (cf supra information)
→ 2° : Repérage/localisation origine ou destination des communications électroniques
o Rétrozoller : identification des numéros entrants et sortants à partir d’un téléphone surveillé
o Zoller : localisation d’un appel en cours
→ 3° : Interceptions des communications électroniques = « écoutes téléphoniques »

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Repérage et localisation des télécommunications


Base légale : Art. 88bis C.i.cr. : que par JI :

Rappel : par le PR dans 3 situations (supra information) :


→ si flagrance pour les infractions visées à l’art. 90ter C.i.cr. : confirmation par JI dans les 24h (sans
confirmation par JI tant que flagrance perdure pour certaines infractions : terroristes, prises otage, …)
→ dans les 72h de la découverte d’une infraction terroriste
→ hors flagrance si sollicité par plaignant dans cadre plainte pour fraude ou harcèlement électronique si
nécessaire pour établir infraction

Ordonnance motivée JI par rapport aux conditions


→ Nécessaire pour la manifestation de la vérité
→ Indices sérieux infraction punissable d’au moins 1 an d’emprisonnement

Zoller, rétrozoller

→ Règles particulières pour un avocat/médecin


→ C’est limité dans le temps (car ça coute super cher et c’est intrusif)
o Pour le futur : que pour deux mois (renouvelable)
o Pour le passé : 6 à 12 mois selon la gravité infraction
→ arrêt CC° n°57/2021 du 22 avril 2021 (voir en dessous)
o L’absence de loi pose problème face au respect de l’art 8 ConvEDH
o Donc par la suite, on l’a légalisé
o 2 lois par rapport à la conservation des données (dont une annulées récemment)
o La cour de justice et la CC° ne critique pas la conservation des données MAIS il faut le faire à
certaines conditions et pas pour toutes les infractions
▪ On ne peut pas avoir une conservation généralisé

C.C. n° 57/2021, 22 avril 2021:


La Cour annule les articles 2, b), 3 à 11 et 14 de la loi du 29 mai 2016 « relative à la collecte et à la conservation des
données dans le secteur des communications électroniques », en ce qu’elle prévoit la conservation généralisée et
indifférenciée des données d’identification, d’accès, de connexion et de communication, par les opérateurs et
fournisseurs de services de communications électroniques, pour violation de l’article 15, paragraphe 1, de la directive
2002/58/CE du Parlement européen et du Conseil du 12 juillet 2002 concernant le traitement des données à caractère
personnel et la protection de la vie privée dans le secteur des communications électroniques
Si la CJUE admet, à titre d’exceptions, diverses mesures législatives, c’est à la condition que des règles claires et
précises garantissent le respect des conditions matérielles et procédurales afférentes à la conservation des
données et que les intéressés disposent de garanties effectives contre les risques d’abus. La Cour constate que la
loi attaquée repose sur une obligation de conservation généralisée et indifférenciée de l’ensemble des données visées
à l’article 126, § 3, de la loi du 13 juin 2005 et qu’elle poursuit des objectifs plus larges que la lutte contre la criminalité
grave ou le risque d’atteinte à la sécurité publique

s) Interception, prise de connaissance, exploration et enregistrement de communications


non accessibles au public ou des données d’un système informatique
Mesure la plus intrusive!

Principe : on ne peut pas écouter une conversation privé à l’insu de son destinateur (c’est punissable!)
→ En principe pénalement punissables (art. 259bis et 314bis CP)

MAIS le JI peut autoriser ces écoutes téléphonique à certaines conditions


→ Base légale : Art. 90ter à 90decies Cicr

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Interceptions visées :
→ Télécommunications privées pendant leur transmission (pendant que l’appel est en cours qu’on écoute!)
→ Interceptées par des non-participants et sans leur consentement
→ Avec des moyens techniques
o Ils peuvent être posés dans une voiture, dans une cellule de prison,
o Ils peut être posé à diffèrent endroit
o En principe pénalement punissables (art. 259bis et 314bis CP)

On assimile à ces écoute la recherche secrète dans un système informatique (≠ 39bis et 88ter C.i.cr.)
→ En principe pénalement punissable (art. 550bis CP : accès illicite à un système informatique)

Conditions :
→ Principes de nécessité et de subsidiarité (art. 90ter, §1er, al. 1er)
o Subsidiarité = On ne peut y avoir accès que si les autres moyen d’enquêtes ne suffisent pas
o Mais on a tendance à relativiser le respect de ces principes
→ Principe proportionnalité : liste limitative d’infractions (art. 90ter, §§2 à 4)
→ Peut concerner des personnes ou des lieux (art. 90ter, §1er, al. 3)
o Conditions particulières pour un avocat/médecin (art. 90octies)
→ Durée : max 1 mois MAIS renouvelable jusqu’à 6 mois (art. 90quinquies) ;
o Après 6 mois, une nouvelle mesure doit être prise
→ L’ordonnance doit être motivée + monter qu’on a respecté conditions de forme
o mentions prescrites à peine de nullité (art. 90quater, §1er C.i.cr.) : la loi du 5 février 2016
supprime la sanction de nullité lorsque certaines mentions font défaut dans l’ordonnance du
juge d’instruction
o Problématique : s’il n’y pas de sanction prévue en cas de non-respect de ces conditions, il n’y a
pas d’effectivité
o Ce n’est pas une nullité automatique! Donc les acteurs judiciaires qui vont se pencher sur cette
ordonnance irrégulière devront se pencher sur la question de son maintien

Déroulement :
→ Exécution de la mesure par un OPJ obligatoirement:
o Il fait un rapport tous les 5 jours (art. 90quater, §3) : il fait un petit résumé
→ Enregistrement intégral et transcription des passages jugés pertinents (les passages qui chargent la
personne mais aussi ceux qui le déchargent)
o pour le reste : indication des sujets abordés et données d’identification des moyens de
communication en cause ; sélection définitive opérée par JI (art. 90sexies, §§1er et 2)
→ Les parties y ont accès? OUI
o ce n’est pas un dossier secret
o Les parties peuvent
▪ consulter une copie de la totalité de l’enregistrement donc les passages important ont
été restraint MAIS ils peuvent aussi
▪ demander tous les autres passages qui n’ont pas forcément été retranscrit
▪ demander à ce que certains passages soit retranscrit (art. 90septies)
→ Possibilité de jonction différée des pièces au dossier de la procédure (art. 90sexies, §4)
t) Commissions rogatoires
Pour des actes à accomplir hors de l’arrondissement : le JI fait appel au collègue de l’arrondissement qu’il
mandate (art. 90 Cicr)

Pour les actes à accomplir à l’étranger


→ Instruments d’entraide judiciaire internationale : « commission rogatoire internationale »
→ UE : décision d’enquête européenne
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

4.4. Droits des parties et contrôle de l’instruction


Il faut bien distinguer les droits du MP (qui a bcp de droits) des autres parties!

a) Droits du MP
Le ministère public bénéfice d’une position privilégiée malgré qu’il ne soit plus le chef du dossier
→ Accès au dossier tout le temps en toutes circonstances (art. 61 Cicr)
o Pas de secret de l’instruction à son égard
→ Pouvoir général de réquisition (art. 61 Cicr) : puisque ce n’est plus lui le chef d’enquête, il doit demander
l’autorisation au juge d’instruction de faire poser un acte
o Mais le JI peut ne pas être d’accord et donc le PR peut introduire un recours contre la CMA
→ Appel des décisions du JI devant CMA
o exceptions :
▪ Mandat d’arret delivré par le JI ou non et ordonnances mainlevée du mandat d’arret =>
• infra détention préventive, art. 17 et 25 loi DP ;
▪ décision du JI d’une évocation si mini-instruction, art. 28septies,
▪ octroi de l’anonymat partiel-complet à un témoin 75bis et 86bis Cicr
→ Contrôle de la longueur des instructions à la demande PG: un an après le premier réquisitoire (art. 136bis
Cicr)
→ Si la CMA est saisie, elle peut d’office demander le contrôle de la régularité de la procédure (art. 235bis,
§2 Cicr) : infra
→ Exécution ordonnances du JI (art. 28 Cicr)

b) Droits de l’inculpé (+ personne assimilé) et de la partie civile


Droit de demander l’accès au dossier (61ter C.i.cr.)
= la « personne directement intéressée » (art. 21bis C.i.cr.) peut demander au JI consulter dossier ou en obtenir
copie
→ Au cours de l’instruction!!
→ Ce n’est qu’une demande, pas un accès automatique

Art. 21bis Cicr : « (…) il est statué sur la demande de la personne directement intéressée de consulter le dossier ou d'en
obtenir copie par le juge d'instruction (…) Est considérée comme personne directement intéressée : l'inculpé, la
personne à l'égard de laquelle l'action publique est engagée dans le cadre de l'instruction, la personne soupçonnée, la
partie civilement responsable, la partie civile, celui qui a fait une déclaration de personne lésée »

Déroulement :
→ requête au greffe du TPI au plus tôt 1 mois après l’engagement de l’action publique ; copie communiquée
au PR
→ décision du JI dans le mois (pour lui permettre d’avoir le temps de travailler sur le dossier)
o octroi l’accès au dossier qui peut être total ou partiel
▪ Ex : vous pouvez avoir accès à tout sauf aux retranscription des écoutes téléphoniques
o Refus l’accès au dossier MAIS avec des motifs limitativement énumérés
→ Appel possible pour requérant et PR devant la CMA
→ Devant la CMA :
o procédure sans débats (même si CMA peut entendre les parties séparément),
o arrêt rendu dans les 15 jours,
o pas de nouvelle demande peut être introduite avant 3 mois à compter jour décision portant sur
le même objet (Pour permettre au JI de travailler)

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Droit de demander l’accomplissement devoirs complémentaires (61quinquies C.i.cr.)


Qui ?
→ Inculpé, partie civile et personne à l’égard de laquelle l’action publique est engagée dans cadre
instruction

Comment ?
→ Requête motivée au greffe TPI, décrivant précisément acte instruction sollicité + copie au PR
→ Décision du JI rendue dans le mois (8 jours si DP)
→ Motifs de refus limitativement énumérés
→ Appel possible pour requérant et PR devant CMA (même procédure référé pénal)
→ Pas de nouvelle demande avec le même objet avant 3 mois après la décision portant sur le même objet

Exemple
→ Demander la retranscription de certaines parties de l’écoute téléphonique
→ Demander un zoller
o On me soupçonne d’avoir à tel endroit à tel moment mais j’affirme que je n’y étais pas
o Or puisqu'il y a des bornes, on doit pouvoir dire si j’étais présent ou non
o Donc on peut demander un zoller pour démontrer notre localisation
→ Demander une expertise ADN

Introduire un référé pénal (61quater C.i.cr.) (infra)


Base légale : art. 28sexies (information) et 61quater Cicr(instruction)

Référé pénal : toute personne lésée par un acte information relatif à ses biens peut demander la cessation par
requête motivée auprès JI

Le JI statue dans les 15 jours :


→ levée totale, partielle ou assortie de conditions
→ refus : motifs refus limitativement énumérés
o si refus ou absence de décision (+15 jours) : on peut faire un appel devant la CMA

Délai 3 mois avant d’introduire une nouvelle requête ayant le même objet à compter dernière décision portant
sur le même objet

Acte d’instruction
Accès au dossier Référé pénal
complémentaire

Base légale Art.61ter (instruction) Art. 61quater (instruction) Art.61quinquies (instruction)

Introduction Requête motivée


Requête motivée Requête motivée
demande (après min. 1 mois)

Délai pour
1 mois 15 jours 1 mois (8 jours si DP)
statuer

Délai d’appel
8 jours 15 jours 15 jours
c/ décision

Délai d’appel 8 jours après 1 mois et 15 8 jours après période de 30 8 jours après 1 mois et 15 jours (ou
si pas décision jours à dater de la requête jours à dater de la requête après 23 jours) à dater de la requête

dans les 15 jours dans les 15 jours dans les 15 jours


Décision CMA
pas de débats parties entendues parties entendues
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Recours devant la chambre des mises en accusation


Contrôle longueur instruction : si l’instruction n’est pas clôturée après une année, elle peut saisir la CMA (art.
136 C.i.cr.)

Si CMA saisie, il y a une demande de contrôle de régularité procédure (art. 235bis, §2 C.i.cr.) : infra

c) contrôle par la chambre de mise en accusation


CMA (chambre au sein de la Cour d’appel) = organe de contrôle interne de l’instruction, gardienne de
l’instruction, de son avancement et de sa qualité

Il y a 3 types de contrôles :
→ Contrôle du bon déroulement de l’instruction
→ Contrôle de la régularité de l’instruction
→ Contrôle de la régularité du MPR (méthode particulière de recherche) d’observation et d’infiltration (y
compris l’infiltration Internet ssi un dossier confidentiel a été ouvert)
o Une MPR ne fait pas l’objet d’un contrôle: le recours aux indicateurs

Art. 235ter, § 1er Cicr : « La chambre des mises en accusation est chargée de contrôler de la mise en œuvre des méthodes
particulières de recherche d'observation et d'infiltration et l'application de la mesure visée à l'article 46sexies si un
dossier confidentiel a été ouvert dans ce cadre »

Contrôle du bon déroulement de l’instruction


Quand ?
→ d’office à tout moment (art. 136, al. 1)
→ à l’initiative du procureur général à tout moment (art. 136bis, al. 2)
→ à l’initiative de l’inculpé ou de la partie civile pour les instructions non clôturées après 1 an (art 136 al 2)

Que peut décider la CMA ? (art. 235 et 236) :


→ étendre l’instruction à de nouveaux faits ou à des nouvelles personnes
→ décharger le JI (ex: s’il n’a rien fait pendant un ans) et en nommer un autre ou meme prendre elle-même
l’instruction en mains

Procédure ?
→ art. 136, al. 2 et 136bis : audition du PG
o CMA peut en outre entendre le JI (hors présence parties) et les parties
→ C’est quelque chose de spécifique à la CMA et il y a eu un arrêt de la CC° à l’initiative de l’inculpé ou de
la partie civile pour les instructions non clôturées après 1 an (art. 136, al. 2)
o La cour lui a donné raison
o Depuis cet arrêt, un suspect dans le cadre d’une information après un 1, peut s’adresser à la CMA
et demander un contrôle du déroulement de l’information sur base de l’art 136 al 2 qui
normalement ne s’applique qu’à l’instruction

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Contrôle de régularité de l’instruction


Quand ?
→ chaque fois qu’elle est saisie du dossier (art. 235bis, §2)
o Peut être saisie par les parties ou par le PG à tout moment et par le PR
o Meme si elle est saisie pour une raison, elle peut faire ce contrôle
→ à l’initiative du PG à tout moment (art. 136bis, al. 2)
→ lors du règlement de la procédure en matière criminelle ou en cas d’appel d’une ordonnance de la
chambre conseil réglant procédure (art. 235bis, §1) : infra

Que peut décider la CMA ?

→ Elle peut prononcer une nullité et faire retirer du dossier les pièces annulées (art. 235bis, § 6)
→ Elle doit appliquer la jurisprudence « Antigoon » qui est désormais légalement consacrée à l’art. 32
TPCPP en matière d’admissibilité de la preuve illégale
o Le PR a intérêt à avoir un dossier impeccable sinon les avocats vont sauter sur les irrégularités
o intérêt à « purger » un dossier d’un certain nombre d’irregularité

Procédure
→ procédure contradictoire (art. 235bis, §§ 3 et 4)
→ pourvoi en cassation immédiat (art. 420, alinéa 2)
o supprimé par la loi du 5 février 2016 pour essayer de décharger la CCass
o On peut donc seulement introduire un pouvoir après le jugement des juridictions de fond!

Contrôle de régularité des MPR d’observation et d’infiltration


y compris infiltration Internet ssi dossier confidentiel (supra : information)

Quand ?
→ Obligatoirement à la clôture de l’instruction (art. 235ter, §1er, al. 3 ; pour rappel => aussi à la clôture de
l’information) et chaque trimestre pour infiltration civile (art. 235quinquies, §1er)
→ Facultativement durant l’instruction, à la demande du juge d’instruction ou du parquet, ou d’office (art.
235quater, § 1er)
o Mais rare

Que peut décider la CMA ?


→ Renvoi à l’art. 235bis, § 6

Procédure ?
→ Accès au dossier confidentiel
→ Parties entendues séparément
→ Pourvoi en cassation immédiat (art. 235ter, §6 et art. 420 al. 2 Cicr)
o il faut attendre l’arrêt définitif

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

5. La clôture de l’instruction
5.1. Procédure de clôture de l’instruction et schéma

Clôture de l’instruction (art. 127 C.i.cr.) :


Ordonnance de soit-communiqué doit être communiquée au ministère public

Le PR peut alors :
→ adresser au JI des réquisitions complémentaires s’il estime que l’instruction n’est pas complète
o Si le juge d’instruction a une ordonnance contraire le procureur du roi va devant la chambre des
mises en accusation
→ prendre des réquisitions en vue de règlement procédure s’il estime l’instruction complète
o Procédure qui se passe devant les juridictions d’instruction qui décideront du sort
→ si MPR d’observation-infiltration
o réquisition en vue du contrôle de légalité par la CMA avant saisir chambre conseil (supra)

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Vocabulaire :
→ Parquet qui donne le dossier au JI = réquisitoire de mise à l’instruction (ouverture de l‘instruction)
→ JI qui donne le dossier au parquet = ordonnance de soit-communiqué (clôture de l’instruction)

Audience en règlement de procédure devant la chambre du conseil :


audience « gare de triage » : elle va orienter le dossier de différentes manière

La chambre conseil fixe la date d’audience au moins 15 jours avant (3 jours si Détention privative)
→ Les parties doivent pouvoir prendre possession du dossier pour pouvoir se défendre !

Inculpé, partie civile et personne lésée : possibilité de prendre connaissance et d’avoir une copie de l’entièreté
dossier (art. 127, §2 C.i.cr)
→ droit d’accès automatique >< art. 61ter C.i.cr

Inculpé et partie civile (personne lésée) : possibilité de demander l’accomplissement de devoirs


complémentaires endéans le même délai (art. 127, §3 C.i.cr.)
→ peuvent être demandé au cours de l’instruction et à la fin
o procédure suspendue si c’est une demande de l’inculpé (prescription action publique suspendue
pour max 1 an: art. 24, al. 3 TPCPP : supra)
o Pour éviter des manœuvres dilatoires càd que l’inculpé va multiplier des demandes pour arriver
au délai de prescription
o Si demander par le procureur du roi , on ne suspend pas la procédure car dans son chef, il n’y a
pas de manœuvre dilatoire
o après l’exécution devoirs, le dossier est à nouveau fixé devant chambre du conseil

Audience et règlement de procédure devant CC


Le déroulé :
→ Rapport par le JI de son instruction
→ Réquisitions par le MP
o « je voudrais qu’il soit poursuivie devant le tribunal correctionnel »
o Il peut prononcer un non-lieu
→ La partie civile, l’inculpé et leurs conseils sont entendus
o La victime peut encore se constituer partie civile à ce stade y compris pour la première fois
▪ Elle peut le faire à tous les stades du procès pénal!
▪ Constitution civile par action ou par intervention ? forcément par intervention dans ce
cas puisque l’instruction a été ouverte

L’audience est toujours à huis clos et sans entendre les témoins ou des experts ET la décision n’est pas prononcée
en audience publique (sauf exceptions)

Contrôle de régularité de la procédure (art. 131, §1re Cicr)


→ Les Pièces déclarées nulles sont retirées du dossier
→ Application de la jurisprudence Antigoon (infra)

5.2. Ordonnances de la chambre du conseil


Quelles sont les types d’ordonnances que la chambre du conseil pour adopter
→ ! Une ordonnance = une décision différente pour les différents inculpés !
→ On peut avoir plusieurs inculpés MAIS on aura une décision différente pour tous les différents inculpés

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

1° : Sursis à statuer
→ SI instruction non complète
→ Renvoi au PR
o Si d’accord avec cette ordonnance: réq. complém. au JI
▪ si JI ordonnance contraire => PR appel CMA
o Si pas d’accord : recours devant CMA ou PR

2° : Non-lieu
→ SI absence de charges suffisantes :
→ MAIS le PR peut demander la réouverture de l’instruction si des charges nouvelles apparaissent dans le
dossier (art. 246 et suiv. Cicr)
o Assez rare et uniquement par le PR
→ Quand prononcer un non lieu?
o On n’a pas identifié le présumé auteur de l’infraction
▪ MAIS si par la suite, on arrive à l’identifier alors le parquet pourra réouvrir l’instruction
o Si prescription de l’action publique

4° : Ordonnance homologuant la transaction pénale ou la convention médiation


→ Dans l’hypothèse où cette transaction/médiation a eu lieu après l’exercice de l’action publique (mais
assez rare)

3° : Renvoi
→ si charges suffisantes : on est au stade de l’instruction, donc il suffira de constater qu’il y a des charges
et (non des preuves!) suffisantes
→ pas d’obligation de motivation mais il y a une obligation de qualification faits ET de répondre aux
conclusions des parties
→ Si on ne dépose pas les conclusions écrites, la CC n’a aucune obligation de motivation et ne va pas
répondre à nos conclusions si on ne les donne pas
o devant tribunal de police (Infraction de roulage)
o devant tribunal correctionnel
o devant la chambre spécifique du tribunal de la jeunesse pour délits ou crimes
correctionnalisables qui ont donné lieu à dessaisissement
o si crimes non-correctionnalisables ou non-correctionnalisés (mais ca n’arrive jamais):
▪ Transmission des pièces au procureur général par le PR en vue renvoi en cour assises via
la chambre des mises en accusation qui, elle seule, peut renvoyer le dossier devant la
cour d’assise

A propos de la notion de charges suffisantes :

Bruxelles (ch. mis. acc.), 4 décembre 2000 :


« Attendu qu’à la différence des juridictions de jugement qui statuent sur la culpabilité en fonction de preuves
légalement obtenues (…), les juridictions d’instruction se bornent à vérifier s’il existe des ‘indices assez graves’ d’un
fait qualifié crime par la loi pour que la mise en accusation soit prononcée (…), qu’il en est ainsi lorsque la probabilité
d’une condamnation de l’inculpé par la juridiction de jugement d’un tel fait qualifié crime par la loi existe ou, en tout
cas, n’est pas à exclure ; qu’une présomption de culpabilité suffit ; Qu’à ce stade, la notion de doute n’a pas la même
portée que devant la juridiction de jugement ; que si le doute profite à l’accusé et doit entraîner son acquittement du
chef d’une prévention mises à sa charge, le doute suffit pour constituer des charges suffisantes justifiant un renvoi
de l’inculpé devant une juridiction de jugement qui aura pour mission de tenter de l’éclaircir ».

Cass., 27 juin 2007 :


« La Cour constate que les éléments de l'instruction sont inaptes à créer la vraisemblance d'une condamnation
pénale de J.-C. L. et de V. C. par le juge du fond, que ce soit sur la base des qualifications retenues par les parties
poursuivantes ou sur la base de toute autre qualification attribuée aux faits dénoncés ».
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

4° : Décisions définitives = la Chambre du conseil statue comme une juridiction jugement dans 2 cas
→ Internement
o Idée : si on a déjà tous les éléments dans le dossier que pour interner une personne, à quoi ça
sert de transférer devant de juridictions de jugement si on a déjà assez d’infos pour le faire
o Art. 9 et 13 loi du 5 mai 2014 relative à l’internement
→ Suspension du prononcé de la condamnation si la publicité des débats peut provoquer le déclassement
de l’inculpé ou compromettre son reclassement (art. 3, al. 2, loi du 29 juin 1964)
o idée : ne pas soumettre le dossier aux juridictions de jugement qui sont publiques et qu’il y a un
risque de condamnation (donc risque de casier judiciaire et problème au niveau du de la
réinsertion sociale)
o Débats (l’audience) à huis clos, MAIS prononcé de la décision en audience publique

5.3. Recours des ordonnances de la chambre du conseil


OPPOSITION ?
NOPE : On estime qu’il n’y a pas de défaut possible
→ ALORS QUE l’inculpé n’est pas spécialement détenu, donc il pourrait ne pas être présent
o Masi c’est ça l’idée
→ sauf si la CC statue comme juridiction de jugement

APPEL
OUI, devant la chambre de mise en accusation (CMA)
→ = chambre de la cour d’appel, siégeant en principe à huis clos
→ composée de 3 juges : 1 président, 2 conseillers
→ présence à l’audience :
o avocat général (MP)
o greffier
o juge d’instruction

Par qui ?
1° : Ministère public et partie civile
→ contre toutes les ordonnances si intérêt

2° : Inculpé : les possibilités pour l’inculpé d’interjeter l’appel ont été fortement réduites, il peut uniquement
→ s’il soulève une exception d’incompétence
→ s’il s’est prévalu, dans des conclusions écrites devant chambre conseil, d’une irrégularité, omission ou
cause de nullité affectant un acte d’instruction ou l’obtention d’une preuve
→ s’il peut invoquer une irrégularité, omission ou cause de nullité affectant l'ordonnance de renvoi
→ s’il peut invoquer une cause d'irrecevabilité ou d'extinction de l'action publique (le moyen doit avoir été
invoqué par conclusions écrites devant la chambre du conseil, à moins que la cause n’ait été acquise
qu’après les débats devant la chambre du conseil)
→ DONC il ne peut pas interjeter appel à l’encontre
o des ordonnances de renvoi
▪ Assez contestables puisqu'il y a quand meme un intérêt à agir
▪ Il y a eu un pourvoi en cassation contre ca et la cour a considéré que l’inculpé n’avait pas
d’intérêt à agit
o D’un non-lieu
▪ Plutôt dans son intérêt, on dirait MAIS s’il sait qu’il est innocent, il a intérêt à être
poursuivi devant les JJ pour être acquitté (qui est définitif ><non-lieu)
▪ La aussi, la CC° a considéré que ça ne faisait pas de discrimination maaais c’est discutable

+ possibilité d’appel contre les ordonnances prononçant l’internement ou la suspension du prononcé

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Délai d’appel :
→ 15 jours (24 h pour tous si un des inculpés est détenu) à dater du jour du prononcé de l’ordonnance
→ Vraiment court

Procédure devant CMA réglant la procédure :


→ Audition du PG, partie civile, inculpé et leurs conseils
→ Huis-clos
→ Unanimité de la cour en cas de réformation défavorable à l’inculpé (art. 211bis C.i.cr.)
→ Vérification si l’instruction est complète
o Si elle considère que l’instruction est incomplète, elle peut directement prescrire des mesures
nécessaires pour la compléter (>< CC)
→ Elle doit opérer à chaque fois un contrôle de régularité procédure (art. 235bis C.i.cr., supra)

Arrêts de la CMA réglant la procédure :


→ Non-lieu
→ Homologation transaction pénale – convention de médiation
→ Arrêt de plus ample informé
o Meme chose que l’ordonnance de sursis à statuer
o Elle veut plus d’information
→ Renvoi
o devant le tribunal de police ou correctionnel
o devant la chambre de dessaisissement du tribunal de la jeunesse
o devant la cour d’assises
→ Décision définitive comme juridiction de jugement :
o Internement
o suspension du prononcé de la condamnation

5.4. Recours en cassation


Règle : pas de pourvoi en cassation
→ Normalement, il n’y a pas de pourvoi : il faut attendre la décision définitive
→ On ne peut faire un pourvoi QUE
o Après la décision définitive (sauf si la juridiction de jugement a prononcé un internement ou la
suspension du prononcé)
o Si la CMA constate la prescription de l’action publique

MAIS problème : parfois on doit attendre longtemps avant de pouvoir soulever une irrégularité

6. La détention préventive

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

6.1. Le droit commun de la détention préventive


Détention préventive = détention avant jugement
→ Il y a la présomption innocence DONC c’est une mesure exceptionnelle !
→ Rappel : recherche d’équilibre entre
o le respect de la présomption d’innocence
o la liberté individuelle et la protection de la sécurité publique et les nécessités enquête pénale

Intervention indispensable du pouvoir judiciaire


→ il faut un mandat d’arrêt délivré par JI
→ MAIS il y a un contrôle de la détention préventive par les juridictions d’instruction
o On va contrôler la nécessité de la DP

Régime de mesures alternatives


→ Part importante qui est en DP

Il y a une indemnisation si la détention préventive illégale ou inopérante


→ Possibilité d’avoir des dommages et intérêts dans ce cas

Art. 30 CP :
« Toute détention subie avant que la condamnation soit devenue irrévocable, par suite de l'infraction qui donne lieu à
cette condamnation, à l'exception de la condamnation par simple déclaration de culpabilité, sera imputée sur la durée
des peines emportant privation de la liberté restant à courir »

a) Dispositions applicables
On retrouve :
→ CEDH Art. 5 (droits, délai raisonnable)
→ CEDH AER 6
o L’art 6 c’est le procès équitable qui se réfère de matière d’ «Accusation en matière pénale » MAIS
ici on est dans l’instruction
→ PIDCP Art. 9 et 10
→ Charte droits fondamentaux Art. 6
→ C° art. 12 (délai maximal de 48 heures de l’arrestation judicaire)
o Modifié LE 21 juillet 2017
→ Loi du 20 juillet 1990 – Loi détention préventive
o Modifiée par de nombreuses lois (notamment loi du 5 février 2016 dite pot-pourri II)
→ Loi du 13 mars 1973 (permet de solliciter une indemnisation en cas de détention illégale ou inopérante)

b) Conditions de fond
|1| La DP ne peut être utilisée comme peine anticipée ou moyen de contrainte
→ Pour faire par exemple avouer l’inculpé-détenu

|2| il faut l’existence d’indices sérieux de culpabilité

|3| Seuil minimal de la peine pouvant être encourue = 1 an d’emprisonnement (peine in abstracto)

|4| Si les faits ne dépassent pas 15 ans de réclusion (et nécessaire pour la sécurité juridique), le juge doit
démontrer l’exitance d’un de ces risques : risque de récidive, risque de fuite, risque de collusion ou risque
de disparition de preuves

|5| Absence d’alternative


→ Le juge doit d’abord voir s’il n’y a pas une alternative
→ C’est dans ce sens-là que ça fonctionne

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

|6| Respect du délai raisonnable


→ Dès la phase d’instruction!
→ Normalement le dépassement du délai s’apprécie devant les JJ (car il faut voir la cause dans son
ensemble)MAIS on pourrait déjà considérer au stade de l’instruction que l’enquête a été trop longue et
qu’il ne faut pas attendre que l’affaire soit devant les JJ

c) Schéma délais et contrôles détention préventive

d) Arrestation judiciaire
Arrestation judiciaire :
→ = Privation de liberté d’une personne surprise
o en flagrance (par particuliers, agents, PR ou JI) ou,
o en dehors de la flagrance, mais à l’égard de laquelle il existe des indices sérieux culpabilité
(uniquement le PR ou JI)
→ ><détention privative
→ >< Arrestation administrative (qui est de 12h)

Privation de liberté hors intervention d’un juge d’instruction (« garde à vue ») = max 48 heures
→ Au-delà des 48h, intervention obligatoire du JI ! (car il faut la délivrance d’un mandat d’arrêt)
→ Base légale :
o C° art 12
o Loi du 20 juillet 1990 détention préventive
▪ Art. 1er : flagrant délit (peut être dénoncé par tout particulier)
▪ Art. 2 : hors flagrant délit

Arrestation judiciaire : voir partie sur l’information

Flagrance : voir partie sur l’information

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

e) Mandat d’amener
Mandat d’amener (voir plus haut)
→ art. 3 à 15 loi DP
→ = Injonction du JI aux agents de police d’amener, par la contrainte, devant lui un suspect ou un témoin
récalcitrant (n’a pas répondu aux convocation du JI) afin de l’interroger
o = titre de privation de liberté (au meme titre que le mandat d’arrêt)
o durée max d’un MA pour un suspect, = 48h (art. 3)
o durée max d’un MA pour témoin = 24h (art. 12)

Conditions:
→ Des indices sérieux de culpabilité
→ Il doit être motivé
→ Il doit être signifié au moment de l’arrestation ou sans retard indu
→ Le procès-verbal dressé indique notamment l’heure précise privation liberté

La personne faisant objet mandat d’amener bénéfice des mêmes droits que la personne faisant l’objet d’une
arrestation judiciaire (art. 2bis loi DP)

f) Mandat d’arrêt
Mandat d’arrêt
→ = Ordonnance rendue par le juge d’instruction qui permet de priver de liberté un suspect pour une durée
maximale de 5 jours pouvant ultérieurement être prolongée par la chambre du conseil
→ mandat d’arrêt max 5 jours >< Arrestation judiciaire max 48h
o Endéans ces 5 jours, il faut absolument un contrôle de la Chambre du conseil
→ Il y a des conditions de fonds et de formes

Caractériels :
→ Compétence exclusive et discrétionnaire du JI
o Il n’est jamais obligé de délivrer un mandat d’arrêt! (il PEUT le faire)
o Car on essaye d’encourager le JI à trouver des alternative
o Discrétionnaire : il peut refuser!
→ toujours facultatif : JI tenu d’instruire mais pas de délivrer MA!
o « Le juge d’instruction peut décerner un mandat d’arrêt » (art. 16, §1er Loi DP)

RMI :
→ Il peut demander tous les devoirs qu’on a vu ET de délivrer un mandat d’arrêt
→ Pas de mini instruction pour le mandat d’arrêt!

Décision du JI relative au MA : aucun recours possible du PR quelle que soit sa décision: s’il a décidé de
→ ne pas délivrer MA (ordonnance contraire) : art. 17 loi DP
→ délivrer MA (mais ordonnance valable 5 jours) : art. 19, §1er, art. 21, §1er loi DP
→ mainlevée MA à tout moment : art. 25 loi DP
o Il peut le décider à tout moment après l’avoir délivré, de le lever
o Idée de multiplier les possibilités de le lever
o Raison de la levée?
▪ L’inculpé dit : j’ai une famille, un travail et donc l’avocat ou les familles peuvent apporter
les documents donnant suffisamment de garanties que la personne peut être remise en
liberté
▪ Le JI donne parfois rapidement un mandat d’arrêt car il reçoit le dossier 4 heure avant la
fin du délai
95
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Possibilité d’un MA par défaut (art. 34 loi DP)


→ Quand : Inculpé fugitif, latitant ou recherché internationalement
o Quand on n’a pas la personne entre les mains
→ Mêmes conditions (sauf en ce qui concerne l’interrogatoire de l’inculpé)

Conditions de fond
1°: Principe général
→ Présomption d’innocence : le MA ne peut pas être utilisé comme application anticipée d’une peine
→ Droit au silence : le MA ne peut pas être utilisé comme moyen de contrainte

art. 16, §1er, al. 3 Loi DP « Cette mesure ne peut être prise dans le but d'exercer une répression immédiate ou toute
autre forme de contrainte »

La violation de ces principes vicie, de façon irréversible, le titre de détention (pas de possibilité pour les
juridictions d’instruction d’y remédier) et
→ implique la remise en liberté de l’inculpé (mais difficile d’apporter la preuve)
→ Problème : c’est difficile d’en apporter la preuve

RAPPEL (voir intro): la Présomption d’innocence a des conséquences


→ au stade préliminaire du procès pénal : façon pour les autorités judiciaires de traiter le suspect,
l’inculpé
→ au stade du jugement : la charge de la preuve incombe à la partie poursuivante + doute profite à
l’accusé

Cass., 10 février 2021 :


Contexte de l’affaire : Le mandat d’arrêt querellé indiquait que la mise en liberté sous conditions ou détention sous
SE n’étaient pas indiquées « a fortiori au regard du manque apparent de collaboration du demandeur »
« L’interdiction du recours à la détention préventive comme moyen de contrainte est la conséquence du droit au
silence reconnu à tout inculpé, lequel découle lui-même de l’obligation, à laquelle sont tenues les autorités judiciaires,
de respecter la présomption d’innocence de ce dernier. La méconnaissance de cette interdiction affecte une condition
de fond du titre de détention et non seulement sa formulation, de sorte que les juridictions d’instruction ne sont pas
habilitées à y apporter remède ».

2°: Existence d’indices sérieux de culpabilité

art. 16, §5, Loi DP


« Le mandat d'arrêt contient l'énonciation du fait pour lequel il est décerné, mentionne la disposition législative qui
prévoit que ce fait est un crime ou un délit et constate l'existence d'indices sérieux de culpabilité »

3°: Le seuil minimum de la peine (in abstracto)

art. 16, §1er, Loi DP


« En cas d'absolue nécessité pour la sécurité publique seulement, et si le fait est de nature à entraîner pour l'inculpé un
emprisonnement correctionnel principal d'un an ou une peine plus grave, le juge d'instruction peut décerner un
mandat d'arrêt »

4° : conditions particulières si faits passibles de moins de 15 ans de réclusion


Sauf si infractions terroristes + 5 ans

art. 16, §1er, al 4 Loi DP


« Si le maximum de la peine applicable ne dépasse pas quinze ans de réclusion, le mandat ne peut être décerné que
s'il existe de sérieuses raisons de craindre que l'inculpé, s'il était laissé en liberté, commette de nouveaux crimes ou
délits, se soustraie à l'action de la justice, tente de faire disparaître des preuves ou entre en collusion avec des
tiers »
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

5° : Absolue nécessité pour la sécurité publique


→ La DP est une mesure exceptionnelle !

Cass., 13 mars 1991: « Lorsque le fait est punissable d'une peine qui dépasse quinze ans de travaux forcés, la
juridiction d'instruction qui, en mentionnant les circonstances de fait de la cause et celles liées à la personnalité de
l'inculpé, constate l'absolue nécessité, pour la sécurité publique, du maintien de la détention préventive n'est pas
tenue de répondre aux conclusions de l'inculpé qui contestent les risques de récidive, de fuite, de disparition des
preuves ou de collusion avec des tiers. Il n'est pas interdit aux juridictions d'instruction de faire référence à la paix
publique et à la conscience sociale pour apprécier l'absolue nécessité, pour la sécurité publique, du maintien de la
détention préventive. Les juridictions d'instruction statuant sur le maintien de la détention préventive n'ont pas à se
prononcer sur la preuve d'un élément constitutif de l'infraction mais sur l'existence d'indices sérieux de culpabilité ».

Conditions de forme
1° : Interrogatoire préalable inculpé sur les faits
→ il y a 2 interrogatoires distincts, bien qu’ils se tiennent en même temps.

SAUF : Possibilité de fournir un mandat d’arrêt par défaut, quand le suspect est introuvable.

art. 16, § 2, al. 1er Loi DP :


« Sauf si l'inculpé est fugitif ou latitant, le juge d'instruction doit, avant de décerner un mandat d'arrêt, interroger
l'inculpé sur les faits qui sont à la base de l'inculpation et qui peuvent donner lieu à la délivrance d'un mandat d'arrêt, et
entendre ses observations. A défaut de cet interrogatoire, l'inculpé est mis en liberté »

Formalité substantielle prescrite à peine de nullité!!!

Cass., 5 août 2003 : « L'audition de l'inculpé par le juge d'instruction, avant qu'il ne décerne un mandat d'arrêt,
constitue une condition de forme substantielle relative aux droits de la défense de sorte qu'elle doit avoir lieu, en
principe, dans une langue que l'inculpé comprend (Art. 16, § 2, L. du 20 juillet 1990 relative à la détention préventive) »

2° : Assistance d’un avocat


→ Seul l’inculpé majeur peut renoncer à ce droit et ce par écrit.
→ Salduz IV, on est dans l’arrestation judiciaire.

art. 16, § 2, al. 2 Loi DP :


« L'inculpé a le droit à être assisté de son avocat lors de l'interrogatoire. Seul l'inculpé majeur peut renoncer
volontairement et de manière réfléchie à ce droit (...) L'avocat peut formuler des observations conformément à
l'article 47bis, § 6, 7), du Code d'instruction criminelle »

3° : Droits durant l’interrogatoire


→ Droit garantis à toute personne entendue + à ceux garantis en SALDUZ IV (art. 47bis C.i.cr. + 2bis loi DP)

4° : Interrogatoire préalable inculpé sur le mandat d’arrêt:


→ Pas obligatoire, mais en général le JI interroge sur les deux en même temps.

art. 16, § 2, al. 5 Loi DP :


«
Le juge d'instruction doit également informer l'inculpé de la possibilité qu'un mandat d'arrêt soit décerné à son
encontre, et l'entendre en ses observations à ce sujet et, le cas échéant, en celles de son avocat »

5° : Motivation et mentions du mandat d’arrêt


→ Les faits + qualifications + indices sérieux de culpabilité
→ Critères : 1 an d’emprisonnement min. et si le fait n’est pas punissable d’une réclusion de plus de
15ans : risque de récidive, risque de fuite, risque de collusion ou risque de disparation de preuve.

art. 16, § 5 DP :
« Le mandat d'arrêt contient l'énonciation du fait pour lequel il est décerné, mentionne la disposition législative qui
prévoit que ce fait est un crime ou un délit et constate l'existence d'indices sérieux de culpabilité. Le juge y mentionne
97
les circonstances de fait de la cause et celles liées à la personnalité de l'inculpé qui justifient la détention préventive eu
égard aux critères prévus par le § 1er. 9. À défaut de ces informations, l'inculpé est mis en liberté »
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

6° : Délai
→ Signification du MA au plus tard dans les 48 heures à partir de la privation de liberté, sinon remise en
liberté inculpé
→ Formalité substantielle prescrite à peine de nullité!!!

art. 18 : « A défaut de signification régulière dans le délai légal, l'inculpé est mis en liberté »

Absence de recours contre les décisions du JI (art 17 loi DP)


Le mandat d’arrêt n’est pas obligatoire pour le JI !
→ JI n’est pas tenu de suivre les réquisitions PR tendant à la délivrance MA (toujours facultatif)
→ Si ordonnance contraire du JI, pas de recours du PR + pas de recours possible de l’inculpé mis sous les
liens d’un mandat d’arrêt.
→ MA est immédiatement exécuté (pas d’appel, ni de pourvoi), mais sa validité est limitée à 5 jours.
→ Le JI peut libérer l’inculpé avec ou sans conditions ainsi que décider de l’exécution de la détention sous
surveillance électronique à tout moment de l’instruction.
o Il peut assortir cette mise en liberté de conditions.
o >< possibilité de décider que le MA se passe sous surveillance électronique

Mandat d’arrêt sous surveillance électronique


Le MA s’exécute au sein d’un établissement pénitentiaire MAIS depuis 1er janvier 2014 (entrée en vigueur loi du
27 décembre 2012), elle peut s’exécuter sous surveillance électronique

Art. 16, § 1er, AL. 2 Loi DP :


« Le juge d'instruction décide également si ce mandat d'arrêt doit être exécuté soit dans une prison, soit par une
détention sous surveillance électronique. L'exécution de la détention sous surveillance électronique, qui implique la
présence permanente de l'intéressé à une adresse déterminée, exception faite des déplacements autorisés, a lieu
conformément aux modalités fixées par le Roi »

Ca reste un Mandat d’arrêt, on ne parle pas de libération !


→ C’est juste que plutôt que cela s’exécute en prison, cela s’exécutera sous SE, c’est une détention à
domicile : donc très strictes sur les déplacements autorisés car ils sont en gros pas autorisés
o ><modalité d’exécution de la peine
→ SAUF pour se rendre à un interrogatoire ou une audition ; force majeure et urgence médicale. Mais à
part ses exceptions, elles ne peut pas sortir.
→ On peut même lui interdire d’aller dans la cave ou le jardin

g) Droit de la personne détenue de communiquer


Base légale : Art. 20 loi DP

Après interrogatoire, droit de l’inculpé de communiquer librement avec avocat : pas de restriction possible !

Possibilité pour le JI d’interdire la communication avec d’autres personnes que l’avocat, il prend alors une
ordonnance de « mise au secret » de max 72h.
→ Ex. des personnes qui sont arrêtées en même temps, pour éviter le risque de collusion avec des tiers.

Possibilité d’ordonner que l’inculpé détenu en prison (peut aller au-delà des 72h)
→ soit maintenu à l’écart d’autres inculpés,
→ ne puisse avoir de contacts avec certaines personnes extérieures à la prison si sérieuses raisons craindre
disparition preuves ou collusion avec tiers (contact avec personnes extérieures, pour éviter le risque de
collusion et disparition des preuves)

98
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Si inculpé détenu est sous SE :


→ possibilité interdire visite de certaines personnes, ou correspondance, communication téléphonique ou
électronique avec ces personnes

+ Recours possible de l’inculpé


→ requête devant chambre du conseil pour demander modifications ou levée restrictions

h) Mandat d’arrêt décerné contre l’inculpé laissé ou remis en liberté pour le même fait
Base légale : Art. 28 loi DP

« Laissé en liberté » : arrestation judiciaire, mais le JI le laisse en liberté (pas de mandat d’arrêt)
« Remis en liberté » : mandat d’arrêt remis par le JI, qui a été levé et donc remis en liberté

Il y 3 hypothèses où l’inculpé laissé ou remis en liberté peut faire objet d’un MA pour le même fait :
→ inculpé ne se présente pas à un acte de procédure
→ circonstances nouvelles et graves
→ inculpé ne respecte pas le MA sous SE ou les mesures alternatives (libérations sous conditions ou sous
caution, dia suivante)

i) Libération sous conditions ou sous caution


Base légale : Art. 35 loi DP

Libération sous conditions ou sous caution : uniquement possible dans les cas où la détention sous MA est
permise (min. 1 an d’emprisonnement et si moins de 15ans de réclusion avec les risques vu supra).
→ Si les conditions relatives au MA ne sont pas réunies = pas de libération sous conditions possible
o Ex : si max 6mois d’emprisonnement max, pas possible
→ ≠ Détention sous surveillance électronique (= Mandat d’arrêt)
→ Vise à éviter le recours au MA (alternative à la détention préventive) ; pour diminuer la surpopulation
pénitentiaire.

Mais Constat : l’alternative n’a pas conduit à une diminution du recours au MA

Libération sous caution


= Libération subordonnée au paiement préalable et intégral d’un cautionnement
→ Montant fixé par le juge selon les capacités financières de l’inculpé : l’idée c’est évidemment qu’il y ait
une perte financière réelle pour l’inculpé. Donc s’il se soustrait à la justice (ex. fuite à l’étranger), il ne va
pas récupérer sa caution
→ Mise en liberté à partir du moment où caution est intégralement payée (≠ libération sous conditions :
immédiate en espérant qu’il respecte les conditions imposées dans le futur)

La caution est restituée par juge du fond si l’inculpé s’est présenté à tous les actes de la procédure et pour
exécution jugement, sinon attribution à l’Etat
→ On va s’assurer que l’inculpé ne disparaisse pas durant la procédure, mais aussi durant le jugement du
fonds, s’il disparaît, elle revient à l’État.

Libération sous conditions (≠ libération conditionnelle)


Quelles conditions ? Pas d’énumération dans la loi DONC laissées à la discrétion du juge.

→ Conditions négatives/de surveillance : interdictions


o Interdiction de quitter le territoire, interdiction de se rendre dans certains endroits, d’entrer en
contact avec certaines personnes, …
o Ex : interdiction de fréquenter les débits de boissons
→ Conditions positives/de guidance : obligations
o Obligation d’informer le juge de ses déplacements, de suivre une thérapie, etc.
99
Cass., 1er octobre 2019 :
« Le juge qui ordonne la libération d’un inculpé en lui imposant de respecterQ2 – Procédure pénaleconditions,
une ou plusieurs | Anna Sonnenschein
apprécie
souverainement en fait quelles conditions sont nécessaires eu égard aux raisons énoncées à l’article 16, § 1er, al. 4, de
la loi du 20 juillet 1990 relative à la détention préventive, sans néanmoins pouvoir imposer de conditions qui sont en
principe contraires aux dispositions conventionnelles supranationales ayant un effet direct dans l’ordre juridique
interne ou en principe contraires à la Constitution, aux lois nationales ou aux principes généraux du droit, sauf
lorsqu’il en motive l’absolue nécessité ».
« toute restriction de la liberté individuelle doit avoir un fondement en droit national, dans lequel tant les critères
d’application de la mesure restreignant la liberté que le contenu de ces mesures sont suffisamment clairs et précis
pour être prévisibles ; l’arrêt attaqué considère seulement que le risque de récidive et de collusion peut être neutralisé
par l’imposition d’un couvre-feu, alors qu’aucune pièce à laquelle la Cour peut avoir égard ne révèle en quoi une telle
condition serait à même de neutraliser ce risque ; la condition imposée restreint le droit fondamental à la liberté de
circulation garanti par la Convention, sans que les juges d’appel n’aient motivé spécialement l’absolue nécessité d’une
telle restriction »
En l’espèce, condition = interdiction de quitter son domicile entre 19 heures et 7 heures du matin, sauf pour se rendre
au travail

Mais le juge doit respecter les droits fondamentaux !!

j) Contrôle du maintien de la détention préventive


Qui
Chambre du conseil (CC)
→ chambre du tribunal correctionnel, composée d’un juge unique et siégeant en principe à huis clos
(présence aussi à l’audience : greffier, procureur du Roi et juge d’instruction)
→ contrôle la régularité du MA + la nécessité du maintien détention préventive
o possibilité de siéger en prison

Chambre des mises en accusation (CMA)


→ chambre de la cour d’appel, composée d’un président et de 2 conseillers et siégeant en principe à huis
clos (présence aussi à l’audience : greffier, avocat général, juge d’instruction)
→ s’occupe des appels des ordonnances de la CC en matière de détention préventive
o de possibilité siéger en prison

Délai
La loi ne prévoit pas de durée maximale de la DP (sous réserve du respect du délai raisonnable, art. 5 CEDH
(phase préliminaire))

Le MA délivré par le JI

→ la validité du MA délivré par JI est de maximum 5 jours ;


→ Chambre du conseil doit statuer dans les 5 jours de la signification du MA pour décider du maintien ou
non inculpé en détention préventive (art. 21, § 1er loi DP)
→ Prescrite à peine de nullité : A défaut, l’inculpé est remis en liberté
→ Attention ! On peut vite tomber dans un we, donc il faut être très attentif et il faudra le faire 3 jours près
le mandat d’arrêt car le lundi suivant c’est trop tard.

Le MA délivré par la CC
→ Contrôle à intervalles régulier par chambre du conseil
→ dans les 5 jours de la délivrance du mandat d’arrêt : première ordonnance valable pour un mois
→ seconde ordonnance valable pour un mois
→ troisième ordonnance + suivantes : valables pour deux mois
→ ! si la CC ne statue pas endéans délais fixés = remise en liberté inculpé
o toutes ces formalités sont prescrites à peine de nullité et l’inculpé est remis en liberté

100
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

MA, ordonnance CC ou arrêt CMA = titre de privation de liberté

Donc à partir de la 3ème ordonnance, l’ordonnance forme un titre de privation de liberté pour deux mois

Consultation du dossier
Consultation de l’entièreté du dossier (le cas échéant sous forme électronique) : pas de restriction possible (//
fin de l’instruction)
→ Première comparution :
o dernier jour ouvrable avant l »audience
→ Comparutions ultérieures :
o 2 jours avant l’audience

Audiences à la chambre du conseil


Audience à huis clos
→ Après six mois de DP si max peine ne dépasse pas 15 ans de réclusion, ou après 1 ans de DP dans cas
contraire, l’inculpé peut demander la publicité des débats, c’est un droit qui est peu mobilisé par les
inculpé

Possibilité de siéger en prison

Déroulement de l’audience :
→ Rapport oral du JI
→ Réquisitions du MP
→ Plaidoirie de la défense
o (en général) il y a une comparution personnelle de l’inculpé ou une représentation par l’avocat
(sauf si comparution personnelle ordonnée), donc il comparaît sauf s’il refuse.
o S’il ne veut pas sortir de sa cellule, la CC statue par défaut, pas d’opposition possible
→ ! Partie civile ! : C’est la différence avec quand la juridiction d’instructions statue à l’issue de l’instruction

Particularité de la première audience :


Contrôle de régularité du MA
→ certaines irrégularités peuvent être couvertes, d’autres entraînent nullité MA (formalités prescrites à
peine de nullité) ; pas motivé, pas d’interrogatoire préalable, pas
→ Si pas prescrit à peine de nullité, laissé à l’appréciation de la CC, elle peut couvrir des nullités (pas
prescrite à peine de nullité) ou décide d’annuler.

Contrôle de nécessité du maintien DP eu égard aux critères de mise sous mandat d’arrêt prévus à l’article 16, §
1er loi DP
→ Décisions :
o maintien DP, en prison ou sous SE
o maintien libération sous conditions
o libération (simple ou sous conditions)

Audiences suivantes:
Uniquement un contrôle sur la nécessité du maintien de la DP eu égard des critères de l’article 5
→ Min. 1 an d’emprisonnement ; les faits peuvent être requalifiés, si ce n’est plus 1 an d’emprisonnement
il faut lever le mandat d’arrêt
→ Motivation vis-à-vis des 4 autres critères si la peine est punie de moins de 15ans de réclusion.
101
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Remarques :
→ Si maintien DP ou libération sous conditions, il faut motiver la décision avec les circonstances de fait de
la cause + la personnalité de l’inculpé
→ Pas obligation motivation (art. 149 Constitution) mais obligation répondre aux conclusions des parties
→ Juridictions instruction peuvent modifier qualification des faits
→ Ordonnance signifiée dans les 24h en faisant mention et possibilité pour l’inculpé d’interjeter un droit
d’appel et délai

Appel devant la Chambre des mises en accusation


Ordonnances chambre conseil : l’inculpé et le MP peuvent faire appel devant CMA
→ Appel MP = effet suspensif
→ maintien l’inculpé en DP max 15 jours après déclaration appel

Délai : 24h
→ Pour MP : à compter jour décision
→ Pour inculpé : à compter signification ordonnance

Forme appel :
→ Déclaration au greffe ou par déclaration inculpé au directeur de la prison

Accès au dossier CMA 48h avant audience (= usage)

Contrôle de la CMA :
→ Régularité ordonnance chambre du conseil
→ Contrôle maintien DP
→ Contrôle régularité procédure instruction (art. 235bis, §2, supra, ppt instruction), dès qu’elle est saisie,
quel que soit le motif de la saisie, elle opère un contrôle sur la régularité de la procédure d’instruction.

Si la situation de l’inculpé s’est aggravée (libération => DP) : la décision DOIT être rendue à l’unanimité

Arrêt de la CMA = titre privation liberté, même durée que l’ordonnance

Cassation
Pour tous les arrêts maintenant la Détention Préventive ou qui modifient les conditions de la libération sous
conditions : possibilité pourvoi en cassation immédiat par l’inculpé ou le MP (art. 31, §2 loi DP)

Délai : 24h à compter signification décision à l’inculpé


→ Pas suspensif, donc l’inculpé reste en détention jusqu’à la décision en cassation (max 15 jours après
pourvoi)

On ne parle pas ici des parties civiles

k) Interrogatoire récapitulatif
Sur requête de l’inculpé ou du conseil, le JI doit convoquer l’inculpé 10 jours avant la comparution en chambre
du conseil pour un interrogatoire récapitulatif (art. 22, al. 3 loi DP)
→ Demande pour être libéré à la prochaine audience ou tout de suite

l) règlement de procédure
Art. 26, § 3 loi DP :
Lorsque, en réglant la procédure, la chambre du conseil renvoie l'inculpé devant le tribunal correctionnel ou devant le
tribunal de police en raison d'un fait sur lequel est fondée la détention préventive et qui est légalement passible d'une
peine d'emprisonnement supérieure à la durée de la détention préventive déjà subie, elle peut mettre l'inculpé en liberté
ou décider, par une ordonnance séparée et motivée conformément à l'art. 16, §§ 1 et 5, premier et deuxième alinéas,
que l'inculpé restera en détention, ou qu'il sera mis en liberté en lui imposant de respecter une ou plusieurs conditions,
comme il est prévu à l'art. 35.
Si l’inculpé se trouve en détention sous surveillance électronique, la chambre du conseil peut, par décision motivée, 102
maintenir la détention préventive sous surveillance électronique.
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Annulé par la CC°. (arrêt 148/2017) « en ce qu’il ne permet pas à la CC statuant au stade du règlement de la
procédure, d’accorder à l’inculpé qui exécute la détention préventive en prison de bénéficier de la détention
préventive sous SE »

Clôture de l’instruction => fin de la comparution mensuelle/bimestrielle

Au moment règlement procédure :


→ Remise en liberté de plein droit (sous réserve appel MP)
o Si ordonnance de non-lieu
o Si renvoi devant tribunal police (sauf exceptions)
o Si renvoi devant tribunal correctionnel pour fait punissable d’une peine d’emprisonnement
inférieure à un an
o Si renvoi devant tribunal police/correctionnel pour fait passible d’une peine dont maximum est
inférieur à la DP déjà subie
→ Dans les autres cas = Maintien facultatif DP
o Ordonnance de renvoi + ordonnance séparée et motivée décidant qu’inculpé reste en DP ou
libération sous conditions
o Si inculpé en DP sous SE, possibilité maintien SE ou ordonner SE pour première fois
o Si inculpé en libération sous conditions, possibilité retrait ou maintien conditions mais pas
possible en prévoir nouvelles
o Si crime non correctionnalisables ou non correctionnalisé => « ordonnance de prise de corps » +
PR transmet pièces PG pour saisir CMA

Recours
→ Seul MP peut interjeter appel contre mise en liberté inculpé dans 24h
→ Aucun droit d’appel pour inculpé, mais requête mise en liberté peut être adressée à juridiction jugement

m) Détention préventive durant la phase de jugement

n) Obligations de la personne mise en liberté provisoire

103
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Phase jugement : on ne parle plus d’inculpé mais de prévenu ou d’accusé

La requête en liberté
Il n’y a plus de comparution mensuelle-bimestrielle MAIS possibilité de demander la fin de la DP en déposant
une requête de mise en liberté (art. 27 loi DP)
→ Particulier : c’est toujours les dispositions de la loi sur la détention préventive qui s’appliquent
→ Une fois que l’intéressé a déposé cette recette, c’est la Juridiction de jugement qui va statuer sur requête
dans les 5 jours en « chambre du conseil » (car c’est une chambre du tribunal correctionnel qui va statuer
à huis clos )
o On parle de chambre de conseil : petite salle à l’arrière du tribunal qui n’est pas accessible aux
différentes parties

Si rejet de la requête de remise en liberté : possibilité d’appel devant juridiction d’appel


→ Possibilité de faire une nouvelle requête MAIS pas avant l’expiration délai d’un mois à compter du rejet
de cette requête

Si acception : Si le prévenu est laissé ou remis en liberté ne se présente pas à un acte de la procédure, s’il y a des
circonstances nouvelles et graves le justifiant ou s’il y a un non-respect conditions de la mise en liberté, il y a une
possibilité pour la juridiction de jugement de décerner un MA
→ Assez rare!

Sort du prévenu lors du prononcé du jugement


1° : remise en liberté de plein droit si
→ Le prévenu-accusé est acquitté
→ condamnation à une simple déclaration de culpabilité
→ suspension du prononcé de la condamnation
→ condamnation avec sursis total pour peine emprisonnement ou sursis pour ce qui excède la DP déjà subie
o La JJ va prononcer le sursis mais uniquement pour ce qui excède la DP pour couvrir la DP
o Ex : la personne a fait 1 ans de DP, condamnée à 2 ans avec sursis de 1
▪ Donc 1 ans ont déjà été fait
→ condamnation à une amende, PSE, PTA, PPA
→ condamnation à peine privative liberté sans sursis mais la DP déjà subie égale ou excède la durée de cet
emprisonnement

2° : maintien en prison:
→ Le prévenu-accusé est condamné à peine privative liberté qui excède détention déjà subie
→ tant que la décision n’est pas définitive, il conserve le statut de détenu préventif avec la possibilité de
déposer une requête de mise en liberté !

L’arrestation immédiate
Arrestation immédiate (AI) : quand la juridiction de jugement condamne un prévenu-accusé (art 33 loi DP)
→ qui comparaît libre (pas sous les liens d’un MA : soit il n’y en a jamais eu, soit il y en a eu un mais qu’il a
été libéré)
o Autre hypothèse : la personne est libre mais elle fait défaut
→ à une peine d’emprisonnement principal de minium 3 ans ou à peine plus grave, sans sursis,
o MAIS si infraction terroriste ou sexuelle : le seuil est de min 1 an
→ elle peut (faculté!) ordonner une AI si il y a
o une crainte de soustraction à l’exécution de la peine (=risque de fuite)
▪ Si la personne n’a pas de domicile
▪ Ou si la personne ne s’est pas présentée : donc bien évidement risque de soustraction
o Ou une crainte de commission de nouveaux crimes – délits (= risque de récidive ajouté par la
loi du 29 novembre 2019)
104
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

→ sur réquisition du MP uniquement


o Le MP doit le demander à l’audience (c’est une décision lourde de conséquence donc il faut que
le prévenu puisse se défendre)
→ suite au prononcé d’une peine => débat distinct sur AI, condamné et conseil entendus

Si l’arrestation immédiate n’est pas prononcée, la personne retourne chez elle et reçoit un billet d’écrou pour
exécuter la peine d’emprisonnement à laquelle elle a été condamnée

AI = mesure de DP
→ appel, opposition mais requête mise en liberté
→ Car il n’y a pas de décision définitive donc la personne a toujours le statut de détenu préventif

Critique
Il y a eu un recours devant la CC° à l’encontre de la loi du 29 novembre 2019 qui rajoute le risque de récidive sur
base de la violation des article 10 et 11 C°
→ Au motif d’une discrimination entre ceux qui se voient délivrer un mandat d’arrêt (il faut présenter un
danger pour la sécurité publique et il faut minium 1 ans d’emprisonnement in abstracto et il faut
rencontrer les 4 risques)
o Il y a un certain nombre de critère pour délivrer un mandat d’arrêt
o OR ici, il n’y a pas tout ca

La Cour a rejetée le recours sou réserve de 2 interprétations

C.C. n° 86/2021, 10 juin 2021 : Le recours en annulation de l’article 2 de la loi du 29 novembre 2019 « modifiant la loi du
20 juillet 1990 relative à la détention préventive en ce qui concerne l’arrestation immédiate » est rejeté, sous réserve
des interprétations mentionnées en B.11.6 et B.12.5.

B.11.6. « L’absence d’une exigence selon laquelle l’arrestation immédiate doit être absolument nécessaire pour la
sécurité publique n’enlève rien au fait qu’une privation de liberté n’est justifiée que lorsque d’autres mesures, moins
sévères, ont été prises, envisagées et jugées insuffisantes pour protéger l’intérêt public. Il découle en effet de
l’article 5 de la Convention européenne des droits de l’homme que toute privation de liberté, qu’elle résulte d’un
mandat d’arrêt décerné par le juge d’instruction ou d’une arrestation immédiate imposée par la juridiction de
jugement, doit être nécessaire pour la sécurité́publique (CEDH, 31 octobre 2013, Perica Oreb c. Croatie, § 112).

interprétation 1° : d’office quand il y a une privation de liberté, celle-ci doit être justifié comme nécessaire
→ C’est sous-entendu

B.12.5. L’article 33, § 2, alinéa 1er, in fine, de la loi du 20 juillet 1990 prévoit également que la décision d’ordonner
l’arrestation immédiate « doit préciser les circonstances de la cause motivant spécialement cette crainte [de fuite ou de
récidive] ». Une obligation de motivation particulière est donc applicable à l’arrestation immédiate, par analogie à ce
qui s’applique au mandat d’arrêt en vertu de l’article 16, § 1er, de cette loi (Doc. parl., Sénat, 1988-1989, n° 658/1, p. 19)

L’obligation de motiver l’ordre d’arrestation immédiate en s’appuyant sur les circonstances de l’affaire implique qu’il ne
suffit pas de se limiter au fait que la peine prononcée excède le seuil minimal précité. La seule référence aux
antécédents judiciaires du prévenu ou de l’accusé ne suffit pas non plus (...). Il y a toujours lieu d’établir le lien avec la
situation actuelle et de tenir compte de toutes les circonstances et des caractéristiques individuelles de l’intéressé (...) »

Interprétation 2° : obligation de motivation particulière par rapport à ce risque de fuite et de récidive et la cour
dit que la simple prise en compte des antécédents ne suffit pas

DONC pas de discrimination MAIS ça doit être motivé et il faut justifier que ça engendrerait un danger au regard
de la sécurité publique

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

6.2. L’indemnisation en cas de détention illégale ou inopérante


Base légale : Loi du 13 mars 1973 ; art. 5 CEDH

Détention illégale :
= quand on ne respecte pas les conditions (à n’importe quel stade de la procédure)

art. 27
→ droit indemnisation complète, entièreté dommage, dommage moral compris
→ établir faute (illégalité détention), dommage + lien causal entre faute et dommage
→ action portée devant juridictions ordinaires et dirigée contre Etat belge (ministre Justice)

Détention inopérante
= la détention est légale mais au final la personne est acquittée, la DP n’était pas justifiée
→ ex : il y a eu prescription de l’action publique ou pas assez d’élément pour la condamner

En pratique, il y a plus de détentions inopérantes puisqu’il y a un grand nombre de contrôles pour eviter les
détentions illégales
→ Donc le plus souvent les demandes d’indemnisation portent sur des détention inopérantes

art. 28-29
→ Conditions de demande
o Durée DP doit être supérieure à 8 jours
o DP ne peut avoir été provoquée par comportement personne détenue (déclarations
mensongères, contradictoires ou fluctuantes, possession suspecte de sommes d’argent,
fréquentations douteuses, …)
o Une des 3 hypothèses : avoir été mis hors cause, avoir bénéficié d’une ordonnance ou d’un arrêt
de non-lieu, avoir été arrêté ou maintenu en DP après extinction action publique par prescription
→ Indemnité : montant fixé en équité
→ Procédure
o À défaut de pouvoir intenter recours devant juridictions ordinaires, requête adressée au ministre
Justice qui statue dans les six mois
o Si indemnité refusée par ministre, si montant insuffisant ou si ministre ne répond pas dans délai
six mois, demandeur peut former recours devant commission ad hoc

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Partie III – le jugement


1. Les juridictions de jugement
Juridiction de jugement :
→ mission de connaître du fond de l’affaire
(« juges du fond ») sur la base du dossier
d’information ou d’instruction et des débats à
l’audience
→ BUT:
o Déclarer la(les) prévention(s)
établie(s) ou non
o Si prévention(s) établie(s) : prononcer
les peine(s) ou mesure(s) et statuer
sur les intérêts civils le cas échéant

1.1. Organisation judiciaire


Règles de procédure pénale DONC rétroactivité :
application immédiate !

Tribunal de police
Au moins 1 par arrondissement judiciaire

Composition : Juge unique + MP + Greffier

Tribunal correctionnel
13 : 1 par arrondissement judiciaire dont 2 à Bruxelles (FR-NDLS), comprend plusieurs chambres, dont certaines
spécialisées (ex : droit pénal social)

Composition :
→ Juge unique + MP + Greffier
→ SAUF 3 juges pour :
o Les appels des jugements tribunal police,
o Les crimes punissables de plus 20 ans réclusion qui ont été correctionnalisés, affaires connexes
à ces deux situations + sur décision président TPI (complexité, intérêt affaire…) (art 91 et 92 CJ)

107
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Tribunal de la jeunesse
1 par arrondissement judiciaire

Composition :
→ Plusieurs chambres, composées d’un juge unique (juge de la jeunesse) + une chambre spécifique, de
dessaisissement (3 juges: 1 juge tribunal correctionnel et 2 ayant suivi une formation spécifique pour
devenir juge de la jeunesse)
→ + MP + Greffier

Cour d’assises
1 par province + 2 à Bruxelles (FR-NDLS)
→ Pas une juridiction permanente: que par sessions
→ Mais la CA de Bruxelles est toujours en session

Composition :
→ 1 président + 2 assesseurs + 12 jurés, citoyens tirés au sort
→ + MP + Greffier

Cour d’appel – chambre correctionnelle


5 cours d’appel : contiennent des chambres correctionnelles et une chambre de la jeunesse

Composition :
→ juges : 1 président + 2 conseillers SAUF si
o pour la chambre de la jeunesse
o dessaisissement (1 juge)
o action civile seule (1 juge)
▪ Jugement de première instance et possibilité qu’il n’y ait que la participe civile qui
interjette appel uniquement sur l’action civile
o jugement des ministres (assemblée générale CA) ;
→ + MP + Greffier

1.2. Compétence
Compétence : aptitude légale d’une juridiction à connaître d’une cause
→ Compétence matérielle ou d’attribution : fondée sur la nature des faits (crime, délit, contravention)
→ Compétence personnelle : fondée sur la qualité du prévenu (exception)
o Compétence exceptionnelle
o MAIS elle l’emporte sur la compétence matérielle (elle a la priorité)
→ Compétence territoriale : fondée sur le ressort territorial de la juridiction (lieu infraction, résidence
suspect ou lieu où il a été trouvé)

Les règles de compétences sont des règles d’ordre public!

Jugement en premier et/ou dernier ressort


→ On a toujours droit à deux voies de juridiction
→ MAIS exceptions :
o cour d’assise qui juge en premier et dernier ressort
o Les ministres sont jugés en premier et derniers ressort

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Tribunal de police
Compètent pour:
→ Les contraventions
o Assez rare
o SAUF stupéfiants (art. 137 C.i.cr.)
→ Les contentieux de roulage (art. 138 C.i.cr.)
o Le plus important
o Le plus souvent ce sont des délits
→ Les délits en matière d’assurance obligatoire en responsabilité
→ Les délits contraventionnalisés (loi 4 octobre 1867 sur les circonstances atténuantes)

Tribunal correctionnel
Compètent pour :

→ Les délits sauf exceptions (ex : roulage, délits politiques et de presse sauf ceux inspirés par le racisme et
la xénophobie ) – Art. 179 Cicr
→ Les crimes correctionnalisés (loi 4 octobre 1867)
→ Les contraventions connexes à un délit
o Si un délits et des petites contraventions, on va les soumettre au TC
→ Les contraventions ou délits d’audience (art. 181 Cicr)
o Ex : quelqu’un qui commence à injure le juge (assez critiqué car le juge peut décider de
directement agir contre l’infraction maaais ca équivaut à se saisir lui-même or il ne peut pas)
→ L’appel au tribunal de police (art. 174, al. 1er Cicr)
→ Les contraventions visés à l’art. 2ter loi 24 février 1921 (Art. 137, al. 2 Cicr)

Cour d’assises
Compétente pour:
→ Les crimes
o sauf s’ils sont correctionnalisés
o sauf exceptions (ministres, militaires en temps de guerre et mineurs)
▪ Le mineur peut été poursuivi devant la cour d’assise si dessaisissement d’un crime non
correctionnalisables
▪ MAIS rare
→ Les délits politiques et de presse sauf racisme / xénophobie
→ Les délits et contraventions connexes à un crime
→ Les délits commis à l’audience

Cour d’appel – chambre correctionnelle


Compétence matérielle pour :
→ Les appels du jugements du tribunal correctionnel rendus en 1er ressort

Compétence personnelle pour :


→ Les délits ou crimes correctionnalisés commis par des magistrats ou assimilés (art. 479 Cicr)
→ Les infractions commises par des ministres et membres du gouvernement (art. 103 et 125 C°)
→ Les appels des décisions du tribunal de la jeunesse

Tribunal de la jeunesse
Compétence personnelle pour:
→ Les faits qualifiés infractions commis par des mineurs d’âge
o sauf 36bis (roulage => mais exceptions), 57bis (dessaisissement) loi 8 avril 1965

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Prorogations de compétence en raison de la connexité ou de l’indivisibilité


Notions :
→ Connexité = la prorogation de compétence facultative
o On va étendre la compétence d’un tribunal à d’autres prévenu
o En raison d’un lien qui existe entre deux ou plusieurs infractions dont une bonne administration
de la justice commande qu’elles soient jugées ensemble et par un même juge (cf. énonciation
non limitative art. 227 C.i.cr.)
o On va faire en sorte que plusieurs affaires soient jugée par un meme juge
o Sous l’autorité du procureur du roi
o Ex : en cas de participation criminelle
→ Indivisibilité = la prorogation de compétence obligatoire
o En raison d’un lien qui existe entre plusieurs infractions constituées par un même acte matériel
(infraction complexe)

Prorogation de compétence :
→ Matérielle : La juridiction compétente pour connaître des faits les plus graves connaîtra de l’ensemble
des infractions
→ Territoriale : Pas de règle de priorité ; concertation entre parquets
→ Personnelle :
o En principe, la juridiction compétente pour juger le titulaire d’un privilège de juridiction
connaîtra de l’ensemble des faits
o Ex : un ministre est poursuivi, il ira devant la cour d’appel : toutes les personnes qui ont participé
à cette infraction meme sans la qualité de magistrat iront également devant la cour d’appel
o >< en matière de jeunesse : poursuites disjointes

2. Le déroulement du procès pénal


2.1. Notions générales
Voir : introduction générale

Phase de jugement = publique, orale et contradictoire


→ Publicité
o Exception : on peut prononcer le huis clos MAIS le jugement sera toujours prononcé en
audience publique
o Sauf devant la Cour d’assise
→ Oralité
→ Contradiction
→ Assistance de l’avocat
→ Délai raisonnable
→ Médiation réparatrice
o ><médiation pénale : entre le MP et le prévenu et on transige sur l’action publique
o Médiation réparatrice : entre la partie civile et le prévenu et on transige sur une réparation en
dommages et intérêts (donc sur l’action civile)

2.1. La preuve
Il y a 3 questions qui doivent être examinées :
→ Charge preuve
→ Recevabilité preuves
→ Appréciation preuves

110
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

a) Charge de la preuve = qui doit prouver ?


Rôle de la partie poursuivante
Qui est le plus souvent le MP, ou Partie civile qui (puisque possibilité de mettre en mouvement l’action publique)
Présomption d’innocence
→ Preuve des éléments constitutifs de l’infraction + inexactitude des causes de justification ou d’excuse
non dépourvues de toute crédibilité (cf. cours pénal)
→ Elle doit renverser ces causes de justification/excuse
→ Atténuations : exemples
o Loi de roulage, art. 67bis loi roulage
▪ Présomption réfragable de culpabilité dans le cas d’excès de vitesse qui sont rapporté
par des radars
▪ C’est nous qui devons apporter la preuve du contraire
o CP art. 43quater en matière de confiscation (répartition charge preuve)

Rôle du prévenu
Peut se cantonner dans une attitude strictement passive s’il le souhaite (droit au silence), puisqu’il a une
présomption d’innocence
Le doute lui profite : S’il y a un moindre doute sur la culpabilité, alors ca doit lui profiter

Rôle du juge
Il doit y contribuer activement – mais de façon impartiale et contradictoire – à la manifestation de la vérité

b) Admissibilité/Recevabilité de la preuve = quels sont les modes de preuve qui peuvent


être pris en compte ?
Principe = Liberté de la preuve = Admission de tout élément de preuve
→ Exception : art. 86quinquies C.i.cr. (Témoignage anonyme complet)
→ Car sinon on ne respecte par le principe du contradictoire
→ Ce témoignage ne peut pas suffire à condamner quelqu’un, il faut d’autres éléments de preuves

Exceptions
1°: exclusion de la preuve non soumise à la contradiction des débats
→ Toutes les preuves doivent être soumises aux autres parties afin de pouvoir les contester et à défaut,
on viole le principe du contradictoire

MAIS il ne faut pas tout soumettre au principe du contradictoire


→ Les règles d’expériences communes ou de la notoriété communes ne doivent pas être soumis ! Puisqu’il
sont connus de tout le monde, il ne faut pas qu’ils soient notifiés
→ Ex de fait de notoriété publique : le 23 décembre il fait toujours noir à 20h

Exemple : affaire Prison


→ Un militaire est dans sa voiture avec ses deux enfants et il tombe dans la Meuse : il arrive à sortir du
véhicule mais pas ses deux enfants
→ C’est un militaire à l’époque donc on le poursuit devant les juridictions militaires
→ On va le condamner en mettant dans la motivation du jugement que l’expertise, l’autopsie des corps a
démontré la présence de méthanol dans le corps des enfants (c’est une substance mortelle)
o La cour militaire lui reproche donc un empoissonnement
o MAIS cela n’avait pas été discuté pendant les débats : le juge est venu avec un nouvel élément
donc les parties n’avaient pas pu discuter de cet élément ALORS que c’est sur base de ça que le
juge le condamne
→ Sur cette base, il introduit un pourvoi en cassation et la cour va casser la décision de la cour militaire et
au final il sera acquitté

111
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Cass, 26 juin 2002 (Affaire Pirson): « Attendu que si le juge répressif peut asseoir sa conviction sur des faits généraux
notoires ou sur des règles d'expérience commune, il ne peut se fonder sur des éléments de fait qui n'ont pas été
soumis à la contradiction des parties et dont il a acquis la connaissance en dehors de l'audience »

Cass., 17 mars 2020: « Un fait de notoriété publique relève, par sa nature, des débats et est donc toujours soumis à
contradiction ; aucune disposition ni quelque principe général du droit que ce soit ne requièrent qu’un fait admis par le
juge soit étayé sur le plan scientifique, médico-légal ou technique »

2° : Exclusion de la preuve des déclarations d’un suspect faites en violation du droit à l’assistance d’un avocat
On a déjà vu toutes les règles relatives à l’assistance d’un avocat lors de l’audition
→ Si le prévenu ne bénéficie pas de l’assistance à un avocat et qu’il faut des déclarations incriminantes et
que le juge prend en compte ses déclarations pour assoir la culpabilité, c’est une violation
→ DONC ces déclarations doivent être écartées si elles fondent la culpabilité

Si elles ne fondent pas la culpabilité, elles peuvent être acceptées !

Cass., 27 novembre 2012: « Les droits de la défense et le droit à un procès équitable sont, en principe, violés lorsqu’un
suspect fait des déclarations au cours d’une audition par la police ou par le juge d’instruction ou lors de la
reconstitution, sans avoir la possibilité d’être assisté d’un avocat.

De cette circonstance ne résulte pas automatiquement l'impossibilité définitive d'examiner de manière équitable la
cause d'un suspect, ensuite prévenu ou accusé. Lorsque le juge n'utilise pas les déclarations à titre de preuve
déterminante, (…), le caractère équitable du procès reste garanti ».

3°: Exclusion de la preuve illégale ou irrégulière?


Le juge doit exclure les preuves illégales?

Preuve illégale/irrégulière : lorsqu’on commet des infractions en recueillant des preuves


→ Ex : Violation de la vie privée, on utilise des moyens déloyaux, …

Enseignement classique : Exclusion de toute preuve illégale

MAIS revirement de la CCass : nouvelle jurisprudence « Antigone » en 2003 (consacrée légalement par l’article
32 TPCPP) :
→ L’obtention irrégulière d’un élément de preuve n’entraîne pas ipso facto son exclusion
→ Obligation pour les juridictions de procéder au test « Antigoon »
→ Mnt toute preuves illégales peuvent être retenues par un juge

Test « Antigone » = le juge pénal ne peut écarter une preuve illicite que dans 3 hypothèses :
[1. la règle de forme est prescrite à peine de nullité méconnue
→ Le juge doit quand meme respecter le prescrit légal
→ Problème : ces règles sont très rares (sauf en matière de DP)
→ Ex : le MA n’est pas motivé, pas signifié dans les 48h…
o MAIS le MA ne concerne pas la preuve donc si le MA est illégal ca n’a aucune incidence sur la
preuve

[2. L’irrégularité commise a entaché la fiabilité de la preuve


→ Si le juge est face à une preuve qui n’est pas fiable ou crédible, alors c’est logique qu’il ne la prendra
pas en compte
→ Ca relève davantage de l’appréciation de la force probante de la preuve que de son admissibilité
→ Arrive rarement

112
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

[3. L’usage de la preuve compromet le droit à un procès équitable


→ Appréciation souveraine par le juge du fond
→ Ex : provocation policière, torture ou traitements inhumains (CEDH art 3) et dégradants, interrogatoire
de police sans assistance possible d’un avocat
→ Dans ce cas le juge doit exclure la preuve et ca arrive plus souvent

Cour eur. D.H., 5 novembre 2020: L’interdiction de la torture et des peines ou traitements inhumains ou dégradants au
titre de l’article 3 de la Convention (= droit absolu) constitue une valeur fondamentale dans les sociétés démocratiques.
Cette interdiction présente un caractère absolu et ne souffre aucune dérogation. Cette protection est reconnue à
toute personne, que les mauvais traitements aient été administrés par un fonctionnaire ou par un particulier. La règle
voulant que l’admission comme preuves de déclarations obtenues par des actes de torture ou d’autres mauvais
traitements contraires à l’article 3 de la Convention prive d’équité l’ensemble de la procédure s’applique également
aux preuves obtenues d’un tiers au moyen de mauvais traitements infligés par des particuliers »

Ce n’est pas uniquement la torture de la part des policiers mais aussi de la part de particuliers
→ Jp assez constante de la CourEDH

L’usage de la preuve compromettrait le droit à un procès équitable : comment apprécier l’« équité » » ?
→ La jurisprudence a dégagé des sous-critères et affiné ces 3 hypothèse car c’est assez complique à
appliquer pour les juges
o Mais ca pose quand meme énormément de problèmes

3.1 : Caractère (non) intentionnel de l’illicéité commise


→ Est-ce que les policiers ont fait exprès?
→ MAIS l’intentionnalité ne doit pas nécessairement conduire le juge à exclure la preuve

Cass. 31 octobre 2006: « La circonstance que l'autorité chargée de la recherche, de l'instruction ou de la poursuite des
infractions a intentionnellement commis un acte illicite pour obtenir des preuves ne doit pas nécessairement inciter
le juge à exclure ces preuves »

Ca devient très délicat : ca donne un mauvais message aux policiers dans le recueil de la preuve
→ ce n’est pas graave si vous recueillez la preuve de manière illégale puisque de toute manière il pourrait
retenir la preuve malgré son caractère illicite

3.2 : Balance entre irrégularité et gravité infraction !


→ Le juge doit faire un calcul d’intérêt
→ Extrêmement problématique : on est dans des considérations particulièrement subjectives
→ Si on est face à une infraction très grave, bha du coup tout est permis DONC méga bof

Cass. 30 avril 2014: « L’équilibre des droits entre les parties n’épuise pas la notion de procès équitable dès lors que
l’idéal de justice en est également une composante. Il en résulte que le poids de l’intérêt public à la poursuite d’une
infraction et au jugement de ses auteurs peut être pris en considération et mis en balance avec l’intérêt de l’individu
à ce que les preuves à sa charge soient recueillies régulièrement »

3.3 : L’irrégularité ne concerne pas tous éléments de l’infraction


→ par opposition aux cas où preuve illicite établirait par elle-même la culpabilité
→ Soit on n’a qu’une preuve dans le dossier et celle-ci est illicite: alors le juge devra être méga prudent
→ Si on a différents éléments de preuve et qu’un seul est irrégulier, il va l’écarter dès le départ en ne
prenant en compte que les autres

113
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

3.4 : Balance entre l’irrégularité et le droit protégé


→ A nouveau ca dépend de la valeur du droit protégé
→ On fait une distinction entre droit absolu et relatif : il ne pourra jamais déroger aux droits absolus
→ Donc le juge gardera souvent des preuves illégales qui portent atteinte à des droits relatifs

La jurisprudence Antigone a été légalement consacrée : Par la loi du 24 octobre 2013


L’article n’exclut pas les sous-
Article 32 TPCPP:
critères qui ont été dégagés
« La nullité d'un élément de preuve obtenu irrégulièrement n'est décidée que si :
par la jurisprudence
- le respect des conditions formelles concernées est prescrit à peine de nullité, ou;
Problématique : ça crée de - l'irrégularité commise a entaché la fiabilité de la preuve, ou;
l’insécurité juridique - l'usage de la preuve est contraire au droit à un procès équitable ».
→ On ne sait jamais ce
que le juge va accepter ou non vu que c’est une appréciation souveraine de sa part

Conséquences pour l’exclusion de la preuve illicite ?


→ La preuve est écartée des débats ET le ne peut pas se fonder sur cette preuve illicite
→ Si on a qu’un élément de preuve et que celui-ci a dû être écartée alors le juge doit déclarer l’irrecevabilité
des poursuites

Cass., 16 décembre 2020: « Il résulte de l’article 32 du titre préliminaire du Code de procédure pénale que la
conséquence de l’irrégularité d’un élément de preuve n’est pas l’irrecevabilité des poursuites, mais, lorsque cette
irrégularité est légalement constatée par le juge du fond, la mise à l’écart de l’élément de preuve illégal.
L’irrecevabilité de l’action publique ou de son exercice constitue la sanction de circonstances qui empêchent d’intenter
ou de continuer les poursuites pénales dans le respect du droit à un procès équitable ; l’irrecevabilité de cette action ne
se confond dès lors pas avec l’irrégularité ou la nullité de l’acte accompli dans le cours de son exercice ou qui en est à
l’origine, le juge du fond appréciant en fait les conséquences que les irrégularités qu’il dit avoir constatées ont eues sur
la manière dont le droit à un procès équitable du prévenu peut encore, ou non, s’exercer

Cass., 29 janvier 2020: « La protection de la vie privée prévue par l’article 8 de la Convention de sauvegarde des droits
de l’homme et des libertés fondamentales s’étend aux communications privées en telle sorte que l’usage d’une
communication privée enregistrée à l’insu des autres intervenants à laquelle on intervient soi-même peut constituer
une violation de la disposition précitée ; il appartient au juge d’apprécier si l’usage est autorisé et d’en décider sur la
base des éléments de fait de la cause, compte tenu des attentes raisonnables, quant au respect de la vie privée, qu’ont
pu avoir les intervenants, eu égard notamment au contenu et aux circonstances dans lesquelles la conversation a eu
lieu ; à cette fin, le juge peut prendre également en compte l’objectif poursuivi par l’utilisation de l’enregistrement
ainsi que la qualité des participants et celle du destinataire de l’enregistrement »

DONC toutes les portes sont ouvertes : Peu importe si c’est une violation de l’art 8, le juge peut prendre en compte cet
élément de preuve

Cass., 24 mars 2020: « L’obtention d’éléments probants au mépris du droit au respect de la vie privée ou du droit à
la protection des données à caractère personnel n’entraîne pas toujours la méconnaissance du droit à un procès
équitable ; en vertu de l’article 32 du titre préliminaire du Code de procédure pénale, les irrégularités par lesquelles
aucune condition formelle prescrite à peine de nullité n’est enfreinte et qui ne satisfont pas davantage aux conditions
qui y sont énoncées ne sont pas déclarées nulles ni écartées des débats ; cette règle s’applique à toutes les irrégularités,
et ce, qu’elles impliquent ou non une violation d’un droit garanti par la Constitution ou par une convention »

→ S’il y a violation du procès équitable, le juge doit d’office écarter la preuve

114
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

c) Appréciation de la preuve = quelle force probante accorder aux différents modes de


preuve ?
Libre appréciation et culpabilité établie au-delà de tout doute raisonnable

Cass., 14 octobre 2003 : « Attendu que le juge pénal apprécie librement la valeur probante des éléments qui lui sont
régulièrement soumis ».

Cass., 17 mars 2020: « Lorsque la loi n’établit pas de mode spécial de preuve, le juge pénal apprécie souverainement
la valeur probante des éléments qui lui sont régulièrement soumis et que les parties ont pu contredire ; dans ce cadre,
il peut tenir compte de toutes les présomptions de fait qui suscitent dans son chef l’intime conviction de la culpabilité
du prévenu ; lorsque le juge considère sur ce fondement que les faits d’une prévention sont établis, il ne méconnaît
pas la présomption d’innocence ».

Sauf exceptions, il n’y a pas de hiérarchie entre les différents moyens de preuve
→ Mais dans la pratique, le juge va apporter un poids plus ou moins important aux preuves qui lui sont
soumises

Exceptions : certains PV valent jusqu’à inscription de faux ou jusqu’à preuve du contraire


→ Est-ce que le juge ne doit tenir compte que de ce qui est relaté dans le PV et ignoré le reste? Non
→ La plupart des PV dressé par la police valent à titre de simple renseignement (pas de force probante
particulière) : ça ne vaut pas plus qu’un autre mode de preuve
→ MAIS exceptions
o Les PV qui valent jusqu’à preuve du contrat
▪ Ex: PV en matière de roulage, de constat d’excès de vitesse
o Les PV qui valent jusqu’à inscription de faux
▪ Le juge doit tenir compte de ce qui est consigné dans le PV : c’est au prévenu de prouver
que l’officier a fait un faux en consignant des éléments dans le PV
▪ Donc le prévenu doit introduire une procédure en faux (qui est assez lourde, mais c’est
le seul moyen)

Réglementation relative à certains modes de preuve au stade du jugement


Éléments recueillis dans la phase d’enquête préliminaire
→ La plupart du temps le juge se base là-dessus
→ But de l’information et instruction : retrouver les auteurs et recueillir tous les éléments de preuves
nécessaires à la manifestions de la vérité

Aveu (pas de valeur probante particulière)


→ On ne dit pas que si le prévenu avoue les faits, que le juge peut s’arrêter la
→ Parfois le juge acquitte un prévenu qui a fait des aveux de culpabilité car le juge considère que les autres
éléments de preuve suffisent à prononcer l’acquittement

Audition de témoins
→ Le droit de (faire) interroger des témoins à l’audience, n’est pas absolu
→ Les juges ont le plus en plus tendance de ne pas accepter l’audience de témoins car il faut aller vite
→ Contrainte (par le JI) et serment
→ Anonymat partiel et complet

Expertise
→ Sur base d’une liste + nécessité de serment
→ Contradiction
→ Simple valeur d’avis ! MAIS dans la pratique, les juges accordent une importance très importante aux
expertises
115
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Méthodes particulières de recherche


Descente sur les lieux
Renseignements

2.2. La saisine de la juridiction


a) Mode de saisine
Citation directe
Émane de la partie civile et du MP (+ certaines administrations publiques)
→ Mode de saisine la plus fréquente

Pour citer l’auteur présumé devant les juridictions, il ne faut pas passer par le JI : on va directement au tribunal
correctionnel
→ Donc il faut indiquer les circonstances atténuantes dedans si on est face à un crime ! Puisque ça va au
tribunal correctionnel

Quel type d’infractions la victime peut viser dans la citation directe ?

→ Elle ne peut pas admettre de circonstances atténuantes DONC elle ne peut pas citer pour un crime
o Elle ne peut lancer des citations directes pour les crimes

Qu’il s’agissent de la partie civile ou de MP, il faut passer par un huissier de justice

Délai : min 10 jours entre la citation directe et le moment où la personne comparait

Convocation par procès-verbal


= procédure accélérée
→ Sorte de citation directe mais en accéléré
→ Introduit en 1994 : a ce moment il y a une idée de diversifier la palette des peines mais aussi de lutter
contre le sentiment d’impunité

Pour les personnes qui sont arrêtées en état de flagrance


→ ca implique donc une arrestation judicaire
→ la personne va directement comparaitre devant le MP
→ Le MP va l’auditionner et après il va lui remettre une convocation à comparaitre

Accéléré ? Les délais de comparution sont accélérés par rapport à la citation directe
→ On ne passe pas par un huissier de justice

Convocation en vue de comparution immédiate


On confond souvent avec la procédure en accélérée

Procédure mise en place par le ministre de la Justice : il voulait disposer d’une procédure pour très vite pouvoir
traduire des personnes qui commettraient des infractions
→ Implique d’office la remise d’un mandat d’arrêt et suite à celui-ci, on faisait comparaitre l’intéressé dans
les 24h de l’arrestation
→ Claquée sur une procuré qu’on peut trouver en France

La cour C° a supprimer les articles relatifs à cette saisine MAIS le législateur n’a jamais répare ca : on en parle
incorpore car c’est inscrit dans le code d’instruction criminelle MAIS elle reste inapplicable!

Décision de renvoi par la juridiction d’instruction


Ordonnance de renvoi par la chambre du conseil ou la CMA : ces deux juridictions d’instruction vont renvoyer
devant
→ Le tribunal de police :Pas pour une contravention mais pour des délits
→ Le tribunal correctionnel : Pour les crimes correctionalisés (compétence matérielle)
116
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Comparution volontaire
= alors qu’il n’y a pas eu de convocation, la personne va accepter de comparaitre devant un juge et d’être jugée
par celui-ci
→ Consentement prévenu à être jugé en l’absence d’un mode de saisine régulier

Ça peut arriver dans plusieurs hypothèses


→ Il y a eu une citation directe, un exploit d’un huissier MAIS par à la bonne adresse
o L’intéressé en prend connaissance par un voisin par exemple
o Le juge va donc demander « est ce que vous être d’accord de comparaitre volontairement meme
si la citation n’a pas été valablement signifiée ? »
→ Entre le moment ou le MP a lancé la citation directe et la personne va comparaitre, le MP va sortir un
autre dossier
o Oui la citation était pour coup et et blessures mais entre temps, on a un nouveau dossier donc
le MP demande s’il peut le greffer
o Le prévenu peut ne pas être d’accord (puisqu’ils n’ont pas pu préparer leur défense) et donc
l’audience sera reportée pour préparer la défense
→ L’individu est cité à comparaitre pour vol simple, et le juge envisage de requalifier les faits en vols avec
violence
o Or le prévenu a été cite pour vol simple DONC il faut lui donner le temps de préparer la défense,
mais le prévenu peut aussi accepter directement de comparaitre pour vol avec violence

Voie de recours après décision de fond


Si on interjette l’appel à l’encontre d’un tribunal de police dans les délais légaux, ça va saisir le tribunal
correctionnels

Saisine d’office
Exceptions à la règle qui dit que le juge ne se commet pas d’office
→ Pour toutes les infractions commises à l’audience

Arrêt de règlement de juges


Bcp plus rare qu’avant
Du ressort de la CCass et arrive quand on a un conflit de compétence : soit plusieurs juridictions qui se déclarent
compétente soit aucune
→ Arrive rarement MAIS ça peut arriver notamment en cas de correctionnalisation des crimes

Ex : Le dossier arrive devant le tribunal correctionnel et il peut dire que la correctionnalisation s’est mal opérée
→ Circonstances atténuantes car pas d’antécédant or le juge constante un casier juridique DONC la
correctionnalisation a été mal faite
→ Le tribunal correctionnel va donc dire qu’il n’est pas compètent
→ C’est donc renvoyé à la cour de Ccass et c’est elle qui décide
→ L'arrêt de règlement du juge va valablement saisir la juridiction désignée

Arrivait très souvent avant, mais arrive moins mnt puisqu'on permet au tribunal correctionnel d’admettre des
circ atténuantes et donc il peut s’auto-saisir

Remise de la convention de reconnaissance préalable de culpabilité

Cass.,14 octobre 2020: « Un jugement doit être tenu pour inexistant lorsque le tribunal a condamné un prévenu sans
que l’action publique ait été mise en mouvement à sa charge »

Cas d’espèce : l’huissier de justice avait renoncé à signifier la citation au prévenu car il considérait les délais trop courts
→ Le tribunal avait rendu un jugement par défaut du coup
→ En l’espèce, l’huissier instrumentant avait renoncé à signifier la citation directe au prévenu en raison de délais
trop courts ; mais, nonobstant cette absence de citation, le tribunal de police avait rendu un jugement par
défaut à l’égard du prévenu non cité 117
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

b) Effet de saisine
La juridiction est toujours saisie de faits infractionnels et de personnes
→ Elle ne peut pas statuer sur d’autres faits ou d’autres personnes (pas d’auto-saisine, sauf comparution
volontaire)
→ Elle est tenue de statuer et de (re)qualifier les faits
o Meme si elle considère que c’est inutile ou un jugement d’abandonné de droit (pas assez
d’éléments)
o Elle peut se déclarer incompétentes, ou déclarer un jugement d’irrecevabilité (immunité du
prévenu, prescription)
o Obligation de qualifier et de requalifier les faits ! C’est le juge qui va donner la qualification finale
→ Il faut donner accès au dossier par les parties
o Pour respecter les droits de la défense

2.3. La comparution à l’audience, les conclusions, l’instruction d’audience et les débats


a) Comparution du prévenu
Principe
Le prévenu a le droit
→ de comparaître en personne (pour toutes les juridictions)
o Droit qui fait parti du procès équitable
→ d’être représenté par avocat (que devant tribunal de police, correctionnel ou cour d’appel)
o Donc pas possible en cour d’assise et le tribunal de la jeunesse : le prévenu doit être présent, il
ne peut pas juste être représenté

Cass., 3 juin 2020: « Les articles 6.3, c, de la Convention de sauvegarde des droits de l’homme et des libertés
fondamentales, 14.3, d, du Pacte international relatif aux droits civils et politiques, et 41 de la Charte des droits
fondamentaux de l’Union européenne, ainsi que le principe général du droit relatif au respect des droits de la défense,
consacrent le droit, pour toute personne dont la cause doit être examinée par un juge, de comparaître à l’audience,
d’être entendue et de se défendre en personne devant lui ».

Corollaire du principe
La procédure est considérée comme
→ Contradictoire si le prévenu et/ou l’avocat est présent et
→ Par défaut si prévenu et/ou avocat absent
o Important : le jugement par défaut donne droit à l’opposition

Exception
Possibilité pour la juridiction d’ordonner la comparution du prévenu en personne
→ Souvent si l’avocat se présente seul, le juge va dire qu’elle veut voir la personne
o Car le pénal est un droit assez dur donc souvent la juridiction demande la comparution
personnellement
→ Sauf durant la période où il y a avait toutes les grevés dans les prisons donc c’était complique pour les
personnes d’être transférées

Sanctions si le prévenu ne fait pas droit à la décision :


→ Jugement par défaut réputé contradictoire
o Uniquement si le tribunal a ordonné la comparution en personne du prévenu et que prévenu ne
comparaît pas (ni en personne ni en avocat) après avoir comparu à l’audience d’introduction
o Le prévenu ne pourra pas faire opposition à ce jugement, car il est réputé de manière
contradictoire donc le prévenu est privé du droit de recours
o
118
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

→ mandat d’amener
o Injonction à comparaitre
o Si le prévenu ne comparaît pas en personne à l’audience à laquelle l’affaire a été remise suite à
une ordonnance de comparution personnelle
o Assez rare, mais peut se passer dans des dossiers particulièrement importants

Résumé des hypothèses de comparution du prévenu :


1° : la personne ne se présente pas à l’audience d’introduction pour le prévenu
→ jugement par défaut

2° : le prévenu se présente en personne à l’audience d’introduction, ou son avocat se présente seul et tribunal
s’en satisfait, ou prévenu + avocat,
→ jugement contradictoire

3°: seul l’avocat se présente à l’audience d’introduction mais le tribunal souhaite la présence du prévenu
→ ordonnance de comparution personnelle et remise audience, ensuite à l’audience de remise :
o prévenu comparaît en personne : jugement contradictoire
o seul l’avocat comparaît : jugement contradictoire ou délivrance mandat d’amener
o ni prévenu ni avocat ne se présentent : jugement par défaut réputé contradictoire (opposition)
ou délivrance mandat d’amener

b) Comparution des parties


Partie civile :
→ Parties civiles, civilement responsables : droit de comparaître en personne ou par avocat
o Souvent la partie civile ne souhaite pas être présente (victimisation secondaire)
→ Exception : le juge peut ordonner la comparution en personne
o Bcp plus rare par rapport à l’action civile
→ Défaut de comparaître : jugement par défaut
o Uniquement sur l’action civile! Pas sur l’action publique

La personne a droit à un interprète :


→ Obligatoire et gratuit
→ Prescrit à peine de nullité (Pas beaucoup de formes prescrites à nullités, mais ici il y en a une)

c) Audience d’introduction
1°: Remise de l’affaire, mise en continuation
« le rôle » = Le juge organise l’audience du jour
→ Il peut mettre un certain nombre d’affaire en continuation

Situation où le juge ne va pas prendre une affaire :


→ En général elle est presque toujours remise pour la première audience
→ Et on donne toujours priorité pour les prévenus qui sont détenus
→ Hypothèses
o L’avocat demande aussi souvent une remise pour assurer la défense de son client
o L’avocat arrive en retard ou est vacances
o Si une des parties déposent des conclusions, il est obligé d’y faire droit et fait alors un
calendrier de dépôt de conclusion et de dates à laquelle la date va être plaidée = on va
remettre pour permettre aux parties de se défendre

119
Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

2°: Conclusions :
pas obligatoires (mais intérêt que juge doit y répondre)

Elles sont écrites


→ Avantage : le juge est obligé de répondre!

Dans le chef du MP on ne parle pas de conclusion mais de réquisition orale ou ecrite


→ Donc ce qui s’impose au conclusion s’impose aussi au MP

Dépôt et communication des conclusions : art. 152 Cicr


→ Calendrier pour dépôt des conclusions
→ Si une des parties (y compris le MP) souhaitent conclure, elle doivent le demander à l’audience
d’introduction (c’est un droit) et le juge fixe alors le calendrier des audiences et les délais pour
communiquer les conclusions aux parties (pour respect contradictoire)
→ + dépôt au greffe des conclusions pour que le juge puisse en prendre connaissance

/!\ obligation de respecter délais


→ Si on ne respecte et qu'on dépose les conclusion de manière tardive, elles seront écartée d’office : le
juge ne doit pas obligatoirement en prendre connaissance (sauf si cas de force majeure of course)
→ Mais toujours possibilité de plaider oralement!

Structure des conclusions imposé par le CJ


→ MAIS il n’y a pas de sanction en cas de non-respect

3°: Débats sur la culpabilité et la peine !


On fait les 2 débat d’un coup!! (><droit anglo-saxon)
→ Seul devant la cour d’assise où on voit un scission des débat sur la culpabilité et la peine

Instruction d’audience (éventuel interprète)


→ Interrogatoire du prévenu (la présence du prévenu est donc indispensable)
→ Audition des témoins et/ou experts

Les débats (normalement dans cet ordre)


→ Plaidoirie de la partie civile
→ Réquisitoire du ministère public
→ Pas nécessairement écrites sauf pour certaines formes de confiscation (voir dia suivante)
▫ Plaidoirie de la défense

Les Débats peuvent se dérouler sur une audience ou plusieurs audiences !


→ C’est toujours la défense qui a la parole en dernier lieu!

Délibéré (réouverture éventuelle des débats)


→ Plus personne ne peut rien dire et plus aucune pièce ne peut être déposée
→ SAUF si réouverture des débats
o Très très rare et seulement pour des faits particulièrement important
o Ex : on a un nouveau témoins fondamental

Prononcé de la décision en audience publique (lecture du jugement dans son intégralité)


→ En général c’est 1 mois plus tard
→ Il peut le prononcer le jour meme mais en général c’est au cours d’une audience ultérieure
→ UNIQUEMENT si le prévenu fait défaut lors de l’instruction d’audience que ce sera prononcé par
défaut

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Mais il y a la loi du 5 mai 2019 permettant au juge de ne lire que dispositif du jugement (entrée en vigueur
reportée au 1er septembre 2022)
→ Puisque ça peut prendre du temps de prononcer tout le jugement

Le procès-verbal d’audience est rédigé par le greffier (obligatoire!)


→ Ne reprend pas toutes les minutes du procès, don c’est à nous de demander, si on considère une chose
importe, que ce soit consigner
→ Meme s’il n’y a pas de procès-verbal, le jugement n’est pas frappé de nullité

Cass., 18 mai 2021: « À l’exception de l’article 43bis, alinéa 1er, du Code pénal, qui prévoit une réquisition écrite du
ministère public pour la confiscation des avantages patrimoniaux visés à l’article 42, 3°, Code pénal, aucune
disposition légale ou principe général du droit ne subordonne la confiscation d’un bien à une réquisition expresse du
ministère public ou à un avertissement par le juge. Tout prévenu sait quelles peines le juge peut ou doit infliger en
cas de déclaration de culpabilité en vertu de la loi et doit en tenir compte dans la conduite de sa défense »

Estime que le prévenu, en préparant sa défense, doit s’attendre à ce que le PR demande l’application des peines et des
mesures prévues par la loi

2.4. La procédure de reconnaissance préalable de culpabilité


Procédure facultative initiée par le PR
→ Inspiré par le plea bargaining

Champ d’application :
→ Il faut que le fait ne paraît pas être de nature à être puni de plus de 5 ans emprisonnement
(appréciation in concreto) sauf exceptions
→ Donc très large

Si aveu culpabilité, on fait une négociation sur la peine :


→ Le PR peut proposer des peines inférieures ou une peine avec sursis ou suspension du prononcé

Possible pendant l’information et tant qu’aucun jugement définitif n’a été rendu au pénal (donc possible durant
toutes les phases du procès pénal)

La convention signée vaut de citation à comparaître

Procédure à respecter (// médiation-transaction), la convention doit être soumise au juge :


→ Le juge va vérifier les conditions : « s'il est satisfait à l'ensemble des conditions, si l'accord a été conclu
de manière libre et éclairée et correspond à la réalité des faits et à leur qualification juridique et si les
peines proposées par le procureur du Roi sont proportionnelles à la gravité des faits, à la personnalité
du prévenu et à sa volonté de réparer le dommage éventuel »
→ Quand meme un contrôle qui est opéré

Le juge
→ décide alors d’homologuer la convention et statue sur action civile
→ refuse homologation et dossier renvoyé au PR, affaire attribuée à autre chambre tribunal
o Ca ne peut pas être du meme juge qui connaisse du dossier

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

2.5. Le jugement
Espèces de jugement
→ contradictoire vs par défaut
→ Définitif (jugement ou le juge statue sur l’action publique et civile et est revenu de l’autorité de chose
jugée) vs avant dire droit (pas définitif ; ordonne la tenue d’une enquête sociale ou ordonne l’audition
d’un témoins/expert)

Contenu et motivation des jugements


Sur la culpabilité
Réponse aux conclusions éventuelles des parties

À défaut de conclusions :
→ au départ : si le juge a noté le texte légal applicable + les éléments constitutifs de l’infraction → alors
c’était ok
→ Depuis Cass., 8 juin 2011 : le juge doit aussi indiquer les principales raisons pour lesquelles la
prévention a été déclarée établie

Cass., 8 juin 2011 : « Le droit à un procès équitable garanti par l’article 6.1 Conv. eur. D.H. implique que la décision
rendue sur l’action publique, même en l’absence de conclusions, mette en avant les considérations ayant convaincu le
juge correctionnel de la culpabilité ou de l’innocence du prévenu et qu’elle indique au moins les principales raisons
pour lesquelles la prévention a été déclarée établie ou non »

Sur la peine (renvoi au cours de droit pénal)

Art. 163, al. 2 et 195, al 2 et 4 Cicr + Motivation spéciale pour certaines peines ou mesures (pour les peines
alternatives, notamment quand il refuse de les accordées)

En outre, il y a différents types de condamnations :

→ condamnation aux frais de justice (=frais de procédure) : art. 162 Cicr


o Tout ce qui est expertise
o L’huissier de justice
→ à l’indemnité forfaitaire aux frais de gestion de la Justice
o Indemnité qui est fixe
→ au fonds spécial d’aide aux victimes : art. 29, al. 2 loi 1er août 1985
→ au fonds budgétaire relatif à l’aide juridique de deuxième ligne (sauf si en bénéficie)
o Pour financer les avocats pro deo
→ à l’indemnité de procédure : art. 162bis Cicr
o Peut être imposée à la partie civile si elle perd le procès (si elle s’est constituée partie civile par
actions)
▪ Si c’est par intervention, elle ne devra pas cette indemnité qui sera à charge de l’état
o Si le prévenu est condamné, ce sera à sa charge

Effets des jugements


Il a autorité de chose jugée (≠ force de chose jugée) une fois qu’il est rendu
→ MAIS pas encore en force de chose jugée
→ Force de chose jugée quand les délai pour faire appel ou opposition sont dépassé

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Il est exécutoire seulement après l’écoulement des délais ou exercice voies de recours le cas échéant sauf :
→ Jugements déclarés exécutoires par provision
o Le juge peut le déclarer pour une partie du jugement
o Possible que pour les jugements sur l’action civile (ex: un jugement qui statue sur l’action civile
en partie, alors il peut déjà décider que cette partie soit exécutoire par provision) ou les
jugements sur l’action publique autres que ceux portant sur la condamnation ou
l’acquittement
→ Maintien en détention préventive ou arrestation immédiate
o La personne reste donc sous les liens du mandats d’arrêt et reste en détention préventive
pendant tout le temps de l’exercice des délais de voies de recours
o Car tant qu’elle n’a pas exercé ses voies de recours, la décision n’a pas de force jugée et donc
on ne peut pas encore exécuter le jugement
o Note: La durée détention préventive sera imputée sur durée de la peine (art. 30 CP)
o Arrestation immédiate prononcée par le juge lors du jugement
▪ Si risque de soustraction et risque de récidive
▪ QUE pour la personne qui est en liberté sinon la personne est toujours sous le mien du
mandat d’arrêt et y reste

Jugement sur l’action civile


→ Dans un meme jugement, le juge statue sur l’action publique et civile
→ MAIS le juge est obligé de réservé à statuer sur les intérêts civil et donc il peut toujours connaitre du
meme dossier uniquement sur l’action civile après s’st prononcé sur l’action publique

Enquête pénale d’exécution (après le jugement)


→ Introduite en 2014 (l'impulsion vient du droit européen)
o Le législateur a adopté cette loi qui permet au PR de mettre en œuvre des moyens d’enquête
(ca peut aller loin!) pour éviter cette forme d’impunité vis-à-vis des peines patrimoniales
→ Idée de donner des moyens d’enquêtes au PR pour pouvoir exécuter valablement toutes les peines
patrimoniales (=confiscation, amende, tous les frais de justice)
→ Jusqu’il y a peu, si la personne ne payait pas, on n’avait pas bcp de moyens de procéder au
recouvrement de ces peines

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Partie IV – les voies de recours


Important de bien retenir les délais et les points de départ

Voies de recours : Procédures que la loi ouvre aux parties (parfois aussi aux tiers) en vue d’obtenir une nouvelle
décision dans une cause sur laquelle une juridiction a déjà statué

Distinction entre :
→ Voies de recours ordinaires = Opposition, appel
→ Voies de recours extraordinaires = Cassation, révision, rétractation, réouverture procédure

1. L’opposition
Opposition
→ voie de recours ordinaire concernant les décisions rendues par défaut, et dont le but est de ramener la
cause devant le même juge pour obtenir cette fois une décision contradictoire
→ voie de recours ordinaire de rétractation

Décisions susceptible d’opposition


Toutes celles rendues par défaut
→ = La personne n’a pas comparu en personne ou par son avocat ou n’a pas pu ou pas voulu présenter ses
moyens de défense (le moment clef est donc l’instruction d’audience!

SAUF :
→ Les simples mesures d’ordre
→ Les défauts réputés contradictoires
o Quand je le juge ordonne la comparution personnelle du prévenu mais que le prévenu n’est pas
présent
→ Les décision des juridictions d’instruction sauf si elles statuent comme juridictions de jugement
o Càd quand elle prononce un internement et suspension du prononcé
→ Les décisions ordonnant l’arrestation immédiate du prévenu
→ Les défauts rendus sur une 1ère opposition (opposition sur opposition ne vaut)

Personnes pouvant faire opposition


Toute partie défaillante…
→ Le prévenu, le civilement responsable, la partie civile
→ MAIS jamais le MP puisqu’il toujours présent à l’audience donc il ne peut jamais faire défaut

…qui a intérêt à former opposition


→ acquittement pour prévenu

Formes
Il faut une signification par exploit de l’huissier justice aux parties contre qui l’opposition est formée
→ Il faut bien viser l’action contre laquelle on forme l’opposition : On peut très bien être d’accord sur le
jugement rendu en action civile mais pas d’accord sur l’action publique (ou inversement)
→ On n’est pas obligé de former opposition sur l’ensemble du jugement, mais on peut
→ Si action publique : formé contre le MP
→ Si action civile : formé contre la partie civile

Déclaration au greffe de la prison pour les détenus, mais uniquement en ce qui concerne l’action publique

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Délais
Art. 187, §1er Cicr + application art. 52 et 53 CJ

Délai ordinaire : 15 jours à compter du lendemain de la signification du jugement par défaut


→ 15 jours = délai max

Délai extraordinaire (uniquement pour le prévenu) :


→ Si la signification du jugement par défaut n’est pas faite en parlant à la personne du prévenu => 15 jours
après le lendemain qui suit le jour où il aura eu connaissance de la signification ou, s’il n’a pas
connaissance, jusqu’à expiration de la peine (pénal) (=prescription de la peine) ou exécution du jugement
(civil)
o Comment il peut prendre connaissance? Via son avocat par exemple
o C’est au MP de prouver que le prévenu a pris connaissance de la signification (ce qui n’est pas
facile à prouver)
→ Pour les condamnés détenus à l’étranger : 15 jours à dater de la remise aux autorités belges ou de la
remise en liberté à l’étranger

Effets
Effet suspensif
→ Pendant le délai ordinaire d’opposition, entre le moment où l’opposition formée et celui où il est statué
sur la recevabilité : l’exécution du jugement par défaut sera suspendue
→ SAUF pour les mesures relatives à la DP ; arrestation immédiate (= personne reste en prison)
o Ca ne suspend jamais les mesures relatives à la DP
o Donc la personne mise sous mandat d’arrêt au moment ou le jugement est prononcée reste donc
en prison! (puisque le jugement n’est pas encore exécutoire)

Effet extinctif
→ L’opposition recevable anéantit le jugement par défaut, dans les limites de l’acte d’opposition

Effet dévolutif
→ L’opposition recevable oblige le juge qui a rendu décision par défaut à examiner à nouveau la cause,
dans les limites de l’acte d’opposition

2 remarques
→ Le juge ne pourra jamais nuire à l’opposant = effet relatif !
o Si l’intéressé était condamné par défaut à 1 d’emprisonnement, le juge qui rend un nouveau
jugement sur opposition ne peut pas le condamner à 2 ans d’emprisonnement
o Ca ne peut pas être défavorable
→ Avec toutefois possibilité de constitution de partie civile
o On fait comme si on remettait les conteurs à 0
o >< appel
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Procédure et décision sur opposition


L’acte d’opposition vaut citation à la première audience suivant l’expiration du délai 15 jours

Il y a différents cas de figure par rapport à la procédure et à la décision qui peuvent être rendue sur l’opposition
→ (nombreux changements avec loi pot-pourri II) :

1° : L’opposant ne comparait pas en personne ou par avocat (= il fait défaut deux fois)
= Opposition déclarée non avenue

Plus possible de faire une nouvelle opposition : adage « opposition sur opposition ne vaut » (art. 187, §8 Cicr)
→ Peu importe les motifs ! Peu importe ce qu’il invoque (pas pris connaissance, en vacances, …)
→ SAUF si une force majeure justifie l’absence : C.C. 21 décembre 2017

Mais toujours possibilité d’interjeter appel à l’encontre d’une décision rendue par défaut !

2° : L’opposant comparait en personne ou par avocat


Examen de la recevabilité : Irrecevabilité si
→ L’opposition est signifiée sans respecter les formes et délais (sauf force majeure)
→ Le jugement attaqué n’est pas rendu par défaut
→ L’opposant a au préalable interjeté un appel recevable contre la même décision
o Meme si la décision a été rendue par défaut, la personne peut très bien faire appel
o Donc le plus judicieux est de d’abord faire opposition et puis appel (ce qui donne deux chances)
puisque s’il fait l’inverse, il ne pourra pas faire d’opposition après l’appel

Examen du caractère avenu ou non


→ L’opposition est recevable mais non avenue si le défaut originel est injustifié = si le prévenu avait
connaissance de la citation dans la procédure initiale et qu’il n’y avait pas force majeure ou cause
d’excuse légitime
→ Si on ne peut pas apporter une preuve de notre absence, alors on ne peut pas faire opposition et celle-
ci est déclarée non avenue

Voir pp !!

La CC° a dit que meme si l’intéressé ne peut pas invoquer un cas de force majeure, il peut invoquer une excuse
légitime s’il apparait qu’il n’a jamais renoncé à son droit de comparaitre
C’est ok s’il n’y a pas une volonté délibérée de ne pas se présenter (laissé à l’appréciation des cours et tribunaux)

Examen du fondement
→ Si l’opposition est déclarée recevable et avenue : le jugement par défaut est annulé et juge prend
nouvelle décision après examen du fondement
→ Opposition non fondée : le juge prend nouvelle décision qui confirme le jugement par défaut
→ Opposition fondée : juge prend nouvelle décision qui réforme le jugement par défaut (sans jamais
pouvoir nuire au prévenu = on ne peut pas aggraver la peine)
o En pratique, la peine est souvent diminuée, les juges étant plus « gentils » quand la personne
comparait et qu’elle peut s’exprimer

Remarque : l’examen de recevabilité et du fondement se fait en une seule audience ou en plusieurs audiences

Recours
Quel que soit la décision finale (fondée, non fondée, …) :
→ Appel
→ Cassation (si la juridiction a statué en dernier ressort)

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

2. L’appel
Appel : Voie de recours ordinaire qui porte une décision rendue en premier ressort à la censure d’une juridiction
supérieure
→ Voie de recours ordinaire de réformation (Règle du double degré de juridiction)

Décisions pouvant faire l’objet d’un appel


Toutes les décisions rendues en premier ressort, contradictoires & par défaut, définitives & avant dire droit
SAUF :
→ Les simples mesures d’ordre (la mise en continuation de l’affaire)
→ Les décisions rendues par une juridiction statuant en premier et dernier ressort
o cour assises
o cour d’appel à l’égard des personnes titulaires du privilège de juridiction
o tribunal de l’application des peines (ce qui a été fort contesté)
▪ SEUL un pourvoi en cassation est possible

Personnes pouvant faire opposition


Toute partie au procès en premier ressort
→ Prévenu, civilement responsable, partie civile
→ Le MP près de la juridiction qui doit connaitre de l’appel MAIS PR et auditeurs du travail pour les
jugements 1ère instance trib police ou trib correct

Ayant intérêt à agir

Note : Pas de constitution de partie civile pour la 1ère fois en appel ≠ opposition !!

Formes
Personnes à la cause :
→ Déclaration d’appel au greffe du tribunal qui a rendu le jugement attaqué
→ Requête indiquant les griefs à remettre au même greffe ou à celui de la juridiction où l’appel est porté
→ Pour les détenus et internés, il faut fait sa déclaration aux greffes de l’établissement pénitentiaire

MP près de la juridiction qui doit connaître de l’appel


→ Il doit aussi respecter les formes
→ + Signification au prévenu (et partie civilement responsable)

Délais
Délai ordinaire : 30 jours
→ A compter du prononcé du jugement contradictoire
→ à compter de la signification du jugement par défaut

Avant le délai d’appel était aussi de 15 jours : pourquoi on est passé à 30? Car maintenant on ne peut pas juste
aller au greffes et qu’on doit en plus développer des arguments donc ça prend plus de temps

Exceptions :
En cas d’appel du prévenu, il y a 10 jours supplémentaires pour appel subséquent (car il suit l’appel du prévenu)
de la partie civile ou du MP d’instance
→ quand le prévenu interjette appel sur l’action publique, le MP a tendance a suivre l’appel du prévenu,
donc il va venir se greffer et former un appel subséquent CAR sur le seul appel du prévenu, la Cour
d’appel ne peut pas aggraver la peine
→ Sauf que si le prévenu interjette appel le dernier jour possible, le MP peut être pris de cour du coup on
lui donne un délai supplémentaire de 10 jours pour réagir
→ + idem pour le prévenu si c’est un appel du MP entre le 20 et 30e jour du délai d’appel (C.C. 96/2019)
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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

40 jours pour l’appel du MP près de la juridiction d’appel

Effets
Suspensif
→ pendant le délai appel, entre le moment où l’appel est formé et la décision de la juridiction d’appel,
l’exécution du jugement est suspendue
o sauf ce qui concerne DP, arrestation immédiate
o sauf exécution provisoire

Dévolutif
→ Le juge appel est saisi dans limites de l’acte d’appel et des griefs invoqués dans la requête
o MAIS il peut soulever d’office des moyens d’ordre public portant sur formalités substantielle,
prescrites à peine de nullité, sur sa compétence, sur prescription des faits
o même si la question de culpabilité n’est pas visée : s’il y a un élément nouveau, la cour d’appel
peut … (C.C., arrêts 185/2019 et 189/2019)
▪ dire que les faits sont non établis : Elle peut acquitter le prévenu là où il avait été
condamné
▪ qualifier faits et dire s’ils sont établis ou non
→ chaque partie interjette appel dans son propre intérêt uniquement
o Prévenu => action publique et/ou civile
o MP => action publique
o Partie civile => limité à ses intérêts

Procédure et décision sur opposition


Pratiquement les meme règles vues avant
Déroulement de la procédure :
→ Convocation des parties // 1ère instance
→ Composition de la juridiction : supra
→ Évocation : pas étudier
→ Déroulement procédure // 1ère instance
→ Demande nouvelle

Décisions sur appel :


Recevabilité ; Compétence ; Au fond
→ Si c’est recevable la cour d’appel connaitra du fond

Décision :
→ décision avant dire droit
→ confirmation
→ émendation : Elle confirme la décision sous réserve d’un petit changement (MAIS rare)
o Ex : taux de la peine
→ réformation (si aggravation situation prévenu : unanimité) = effet relatif de l’appel
o MAIS si seul le prévenu interjette appel, pas de possibilité d’aggraver la peine (mais assez rare)
o Donc la plupart du temps, la CA est en mesure d’aggraver la peine en appel MAIS si elle aggrave
la situation des prévenues elles doit le faire à l’unanimité des juges (3 juges)
o Aggraver =
▪ ex: passer d’une peine de travail à une peine de prison
▪ Ex : prolonger la durée du sursis

Si la décision est rendue par défaut : la personne peut former opposition


→ On peut donc multiplier les recours

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Concours appel/opposition
Lorsque le jugement est rendu en premier ressort et par défaut et que les 2 voies de recours sont exercées
Il y a 2 hypothèses :
→ Les 2 voies de recours sont exercées par la même partie :
o simultanément : on prend en compte l’opposition seule si elle est recevable
o Successivement : seul le premier recours exercé si recevable
→ Les 2 voies de recours sont exercées par deux parties différentes :
o L’opposition déclarée recevable entraînera le dessaisissement de la juridiction d’appel saisie
dans l’intervalle (et même de la décision d’appel qui serait déjà intervenue)
o On peut voir que c’est parfois un peu compliqué

3. Le recours en cassation
Cassation : Voie de recours extraordinaire qui soumet à la Cour de cassation les décisions rendues en dernier
ressort considérées comme prises en violation des formes substantielles ou prescrites à peine de nullité ou en
violation de la lo
→ Ne connaît pas du fond des affaires
→ Pas un troisième degré de juridiction ou second appel!

Décisions pouvant faire l’objet d’un pourvoi


Toute décision judiciaire rendue en dernier ressort

Mais :

→ Décisions rendues en dernier ressort par défaut : le pourvoi n’est recevable qu’après l’expiration délai
ordinaire d’opposition
→ Décisions préparatoires et d’instruction : le pourvoi possible n’est recevable qu’après la décision
définitive sauf quelques exceptions :
o Arrêt CMA maintenant la détention préventive
o Arrêt CMA de non-lieu pour le MP et la partie civile
o Arrêt CMA de renvoi aux assises
→ Pourvoi sur pourvoi ne vaut !
→ Le pourvoi prématuré est irrecevable, donc ça ne sert à rien de le faire directement
o Et c’est une voie de recours extraordinaires donc il faut bien viser les moyens

Personnes pouvant faire opposition


Toute partie au procès pénal qui subit un grief suite à l’irrégularité ou illégalité de la décision attaquée
→ Prévenu, civilement responsable, partie civile,
→ MP près la juridiction qui a rendu la décision attaquée

Formes
Déclaration (pas besoin de motiver) par le MP ou l’avocat (avocat titulaire de l’attestation de formation cassation
en matière pénale SAUF DP) au greffe de la juridiction qui a rendu la décision attaquée ou au directeur de
l’établissement pour un détenu préventif
→ Relativement nouveau

Signification aux parties contre lesquelles le pourvoi est dirigé


→ pour l’inculpé, prévenu ou accusé c’est uniquement s’il se pourvoit sur le plan civil

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Délais
Pour la déclaration: 15 jours à dater :
→ Du prononcé de la décision attaquée rendue contradictoirement
→ Du lendemain de l’expiration du délai ordinaire d’opposition (pour autant qu’il n’y a pas d’opposition
formée) si la décision attaquée est rendue par défaut

Pour la signification: mêmes délais que pour le dépôt du mémoire

Les moyens
Moyens : griefs de forme ET griefs de fond

Moyens : forme et présentation


Présentation des moyens dans un mémoire signé par le MP ou l’avocat (formation)
→ dépôt du mémoire par le demandeur au greffe de la CCass au plus tard 2 mois après déclaration de
pourvoi et au moins 15 jours avant audience

Mémoire en réponse du défendeur déposé au moins 8 jours avant audience

Preuve de l’envoi du recommandé (sauf pour l’inculpé, prévenu ou accusé s’il se pourvoit sur plan pénal) à
déposer au greffe de la Cour de cassation dans les mêmes délais

Moyens soulevés d’office sur le pourvoi dirigé contre la décision rendue sur l’action publique
→ Pas sur l’action civile

Moyens irrecevables
Il y a différentes possibilités de rejeter les moyens (pas tout retenir)
→ Moyens de fait
→ Violation de formes non substantielles, non prescrites à peine de nullité
→ Défaut de pertinence
→ Défaut de précision
→ Moyen nouveau OR il faut au préalable déjà avoir soulever ces moyens auparavant
→ Absence d’intérêt à agir
o Ex : la personne à été acquittée
→ Règle de la peine légalement justifiée

Moyen irrecevable par défaut d’intérêt car, même si fondé, la peine aurait été identique
→ Hypothèses visées :
o Il y a une peine unique pour plusieurs préventions
o Illégalité portant sur la qualification ou des circonstances aggravantes
→ Exception : Inapplicable s’il ressort de la décision que le juge a choisi la peine en tenant compte de tous
les faits ou spécifiquement au regard de l’infraction sur laquelle porte le moyen
Effets
Effet suspensif
→ sauf DP ou décisions déclarées exécutoires par provision

Effet dévolutif ou relatif


→ limité par la qualité de la partie qui se pourvoit et termes du pourvoi
→ moyens d’office

Examen du pourvoi
Procédure accélérée en cas de pourvoi manifestement non recevable ou non fondé
→ ordonnance de non-admission

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Q2 – Procédure pénale | Anna Sonnenschein

Procédure de droit commun : audience de la chambre à 5 juges


→ rapport du conseiller-rapporteur
→ conclusions de l’avocat général près la cassation (amicus curiae ; parfois publiées)
→ Plaidoiries: ce n’est pas une juridiction devant laquelle on plaide bcp mais la possibilité est la

Décision de la CCass
La CCass peut déclarer :
→ Ordonnance de non-admission (procédure accélérée)
→ Arrêt avant dire droit
o ex : question préjudicielle à C.C. ou C.J.U.E.
→ Arrêt constatant le désistement ou le défaut d’objet
→ Arrêt de rejet
o Pourvoi irrecevable, moyens irrecevables ; moyens non fondés ; théorie de la peine légalement
justifiée
→ Arrêt de cassation, totale ou partielle, avec ou sans renvoi

Le renvoi se fait à une juridiction de même rang ou à la même juridiction autrement composée
→ Pouvoirs de la juridiction de renvoi : elle doit se conformer à la décision de la CCass
→ Possibilité de former un pourvoi contre la décision de la juridiction de renvoi, sauf si la décision est
conforme à l’arrêt de la CCass

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